Soirée d'Halloween

A présent que la performance de Graziella et le caca vert était fini, j'attendais impatiemment que d'autres personnes prennent le relais. Il y eut d'autres essais, mais rien de très fun. Les gens n'osent pas. Ils n'osent jamais. Agacé, j'attendis la fin d'une des performances pour monter sur la scène, m'emparant du micro en ayant jamais été aussi prêt de toute ma vie. « Je savais que ce jour viendrai... » pensais-je en choisissant la chanson que j'allais interpréter.

Spoiler:

La musique commença à retentir à travers la pièce et je voyais bien aux têtes des invités ceux qui connaissaient et ceux qui étaient paumés. « Let's go to the mall everybody! Go! » lançais-je dans le micro avec un grand sourire tout en faisant signe à la première personne que mon regard croisa. « C'mon Jessica » chantais-je en faisant un saut sur le côté, puis « C'mon Tori » en en faisant un autre « let's go to the mall you won't be sorry ». J'enchaînais ensuite le reste de la chanson tout en dansant, connaissant la chorégraphie par cœur -merci Just Dance-. Je n'en avais que faire de me ridiculiser ou quoi, partant du principe que c'est en me lâchant que les invités se lâcheraient également. Et cela ne rata pas puisque la majorité tenta d'imiter mes mouvements, et ceux qui ne comprenaient rien dansaient tout simplement ou sautaient sur place en criant.

« Everybody come and play throw every last care away tet's go to the mall... Today. »

Je tournoyais sur moi-même tandis que la chanson prenait fin. Cela avait été bien plus physique que je ne l'avais imaginé, je pouvais sentir la sueur perler sur mon front. « Merciiii ! » criais-je à mon public avant de descendre de scène. Ce petit karaoke m'avait changé les idées, j'en avais bien besoin. Je crevais de chaud sous mon manteau en fourrure, mais je ne pouvais pas l'enlever étant donné que je n'avais rien en dessous et j'avais la flemme de remonter mettre un t-shirt. « Qui est partant pour un 5 minutes au paradis ? » lançais-je finalement à quelques personnes, dont Graziella, qui n'avait pas raté une miette de ma performance.

J'étais très très très en retard. En général quand j'arrivais en retard, c'était parce que... Non, je n'arrivais jamais en retard. Tant pis, il y avait du monde, j'allais faire comme si j'étais là depuis le début. Comme ça, quand les gens me demanderaient pourquoi je n'étais pas venue plus tôt, je les ferais culpabiliser en disant que c'était juste qu'ils ne m'avaient pas remarqué. A tous les coups, ils allaient être mortifiés et partir avec une fausse excuse et un sourire gêné. Un vrai bonheur.

Au départ, Warren et moi avions prévu de mettre des costumes sur le même thème, on avait hésité sur Zelda. Sauf que finalement, on y était allé séparément. D'une part parce qu'il mourrait d'envie d'être libre pour Max, enfin j'avais supposé. Et d'autre part, justement, quand il avait commencé à dire qu'il ne valait mieux pas faire ça au risque qu'on nous prenne pour un couple, j'avais vite enchaîné en disant que c'était mieux qu'on y aille chacun de notre côté. Je ne savais même pas s'il était venu, finalement. Et je m'en fichais. Enfin, vous savez, c'est ce qu'on dit. J'étais donc venue déguisée en Jafar. Ce héros incompris. J'avais pas de maquillage donc je n'avais pas pu faire la barbiche, enfin j'avais essayé mais ça n'avait pas été très convaincant. Mais c'était pas trop mal côté costume.

Je plissai les yeux pour voir des têtes que je connaissais. C'était pas évident avec les costumes. Non, c'était pas évident sans lunettes. J'étais à court de lentilles de contact, et dans la précipitation, j'avais laissé mes lunettes dans ma chambre. Je pouvais me déplacer, mais reconnaître les têtes, c'était autre chose. Si ça se trouve, je n'étais même pas dans la bonne maison.

Heureusement, je fus vite rassurée quand quelqu'un m'interpella. C'était un gars du cours de numérique. Tout sourire avec son déguisement très original de fantôme, il vint à ma rencontre.

"Eh Brooke ! Bah, tu viens d'arriver, comment ça se fait ?"

Un sourire démoniaque commença à se dessiner sur mon visage. J'allais pouvoir mettre mon plan à exécution. Mais quelque chose attira notre attention, une voix... Plus ou moins harmonieuse... C'était Tyler. Médusée, je m'approchai de la performance. C'était étrangement entraînant. Oui, en fait, ce n'était pas si mal, niveau... talent. Mais ça, il ne le saura jamais. Quand on fait trop de compliments aux gens ils arrêtent de progresser. Et il en avait quand même encore besoin.

Je remarquai la présence de Graziella, quand Tyler parla de "5 minutes au paradis". N'étant pas très fêtes de ce genre, j'ignorais de quoi il parlait. Je ne pris pas la peine de dire bonjour, comme j'étais "censée" être là depuis un petit moment.

"C'est quoi, une chanson ?"

Quelques personnes semblaient partantes pour le petit jeu que je venais de proposer. Ce n'était pas un jeu d'alcool, mais cela restait amusant quand même, bien que je le trouvais un peu plus soft que le jeu de la bouteille, par exemple. Si certains avaient l'air de connaître, je réalisais à la tête de d'autres qu'il valait peut-être mieux réexpliquer les règles. C'est alors que je vis les yeux de carpes de Brooke qui, visiblement, n'avait pas l'air de connaître ce jeu -mais était-ce étonnant de la part de la jeune geekette?-. « Wesh Scott tu étais passée où ?! » lui lançais-je en faisant la moue, n'ayant toujours pas réalisé que j'avais affaire à la sœur de Teddy -faut dire qu'ils ne se ressemblaient pas beaucoup, l'un étant empoté et l'autre un peu trop intelligente-.  

« Bon alors je vous explique ! » dis-je en frappant dans mes mains, me mettant en évidence pour que les participants puissent bien m'entendre « On va se mettre en cercle, faire tourner une bouteille au centre et celle-ci va désigner chaque tour deux personnes qui devront s'enfermer pendant 5 minutes dans le placard pour faire...bah, ce qu'ils ont envie de faire à l'intérieur ! ». Rien de bien compliquer quoi.
Attrapant une bouteille vide que je trouvais sur le chemin, on forma un cercle et je pris l'initiative de faire tourner la bouteille. Celle-ci tomba sur Graziella. Rigolant intérieurement, je tournais à nouveau la bouteille pour lui trouver un ou une partenaire. La bouteille désigna...Violet.

« Allez vous deux ! » leur dis-je en les forçant à se lever « Dans le placard ! ». Mes deux amies ne comprirent pas vraiment ce qui était en train de se passer que l'instant d'après, elles étaient enfermées dans le cagibis à côté de l'escalier. La porte étant juste en face du cercle, je pouvais surveiller qu'elles ne s'éclipsent pas. « Je mets le chronomètre ! » annonçais-je ensuite en en mettant un en route sur mon téléphone, puis bu avec le reste du groupe en attendant que le temps soit écoulé.

Je pus discuter quelques minutes avec le caca vert, avant de voir Tyler prendre le micro. Lorsqu'il commença à chanter, un sourire éclaira mon visage. J'avais la référence... Ce qui était assez rare, mais j'avais quand même regardé cette série, bien que ce ne soit pas mon style, d'habitude. Je n'avais pas du tout aimé la fin, comme beaucoup de monde, mais cette chanson était un classique de la série. Enfin... le vrai classique était You Just Got Slapped... J'eus aussitôt envie de la chanter, mais je préférais me retenir. J'applaudissais Tyler en dansant et chantant avec lui et d'autres personnes de la soirée. Je souriais de bon coeur, il savait mettre l'ambiance ce type, quand même ! Puis il proposa un jeu. Je ne savais pas de quoi il s'agissait, et c'est en voyant surgir Brooke - visiblement habillée en un personnage inconnu, mais maléfique - près de moi que j'eus la chance d'avoir quelqu'un pour poser la question à laquelle je pensais, à ma place. Je fis comme si je connaissais bien le jeu en regardant et écoutant Tyler, l'air de rien, puis acceptais d'y participer. J'avais quelques verres d'alcool dans le sang, et la température commençait à monter, aussi j'espérais ne pas passer en premier, voire pas du tout en fait. Je voulais savoir ce que les gens allaient faire, et qui subirait le sort de la bouteille. Sauf qu'une fois avec les participants du jeu, la bouteille me désigna en premier. Je dévisageai la bouteille avec mépris, tout en demeurant outrée de passer la première... jusqu'à ce qu'une autre mauvaise nouvelle ne tombe. Violet. Je portai aussitôt mon regard sur elle. Un regard noir, comme si ce duo était de sa faute. Elle allait me payer ces cinq minutes de ma vie, ratées à tout jamais... et le fait même d'être trop proche de moi. Enfin, je ne me rendis compte de l'étroitesse du cagibis qu'une fois que Tyler nous y enfouit dedans en nous enfermant. J'eus comme premier réflexe, une fois enfermée avec Violet, de donner un coup de poing contre la porte, mais je savais que c'était le jeu. Je fixais un instant la porte avant de me mettre à rire. Un rire mauvais. Je voyais du maquillage vert déjà partir un peu du visage de la blonde.

« Je ne sais pas pourquoi tu t'es donnée la peine de venir, on dirait que tu fais la morte depuis le début de la soirée... personne n'a eu l'air de te remarquer avant maintenant. »

J'étais énervée. Le temps passait lentement et j'avais, en cet instant précis, l'alcool mauvais. Je ne saurais dire pourquoi je n'aimais pas vraiment Violet. C'était un peu une sorte de cobaye, je testais des trucs sur elle des fois. Elle se laissait faire, selon moi, alors je continuais. Puis si elle se rebellait, elle s'en prendrait bien une. On ne m'interromps pas, moi. Agacée par le rapprochement trop... proche entre elle et moi, je sentis sa respiration sur mon visage et mon cou, et je me mis à la pousser pour qu'elle recule, mais c'était un cagibis, et elle semblait déjà avoir touché le fond.

« Oh et fais gaffe où tu mets tes mains, c'est pas parce qu'on est "proches" que tu peux te permettre des trucs ! »

Je n'avais absolument eu aucune pensée malsaine ou perverse en disant ça. Je parlais du simple fait de me toucher. Qu'elle garde ses mains près d'elle et fasse en sorte de contrôler sa respiration, bon sang.

« T'as une langue ou t'es incapable de comprendre l'anglais ? Qu'est-ce-qu'elle a la petite blonde ? Elle a oublié sa langue maternelle ou elle se croit dans Harry Potter avec son accoutrement stupide ? »

Sa présence m'énervait au plus haut point, et je ne savais même pas comment l'expliquer. Peut-être car j'en avais inconsciemment fait une victime et que j'étais une espèce de bourreau avec elle, mais je ne le réalisais pas vraiment. Encore moins là. J'ignorais pourquoi je tournais à l'alcool mauvais mais malheureusement pour Violet, c'était mal parti pour elle. Pour moi aussi. Et il était hors de question de rester cinq minutes entières avec elle. Quoi que je n'avais pas la notion du temps, donc je ne pouvais pas y faire grand chose... Tyler était censé nous dire quand sortir. Mais c'était un jeu stupide. L'endroit étroit et lugubre n'aidait pas à apaiser qui que ce soit, c'était étouffant et énervant. Puis soudain, la blondinette se mit à mettre sa main autour de ma gorge et à me plaquer au mur dans mon dos. Je ne m'y attendis tellement pas que j'ouvris de grands yeux et voulut lui hurler une quelconque insulte, mais rien ne me venait. L'effet de surprise avait trop bien marché. Elle me répondit alors enfin et ce qu'elle me dit me mit presque hors de moi. Presque, car je n'avais eu qu'à cet instant le réflexe de chercher à virer sa main de mon cou. Mais j'admirais l'effort qu'elle y mettait, étrangement. Sale gosse gâtée pourrie et égoïste qui s'ennuie. ça, par contre, ça ne passait pas. Pas du tout. Elle ne savait rien de moi, et même si je réalisais que moi non plus je ne savais rien d'elle, c'était trop tard. Le mal avait été fait des deux côtés et bien qu'elle me lâcha et que je pus sentir la colère dans sa voix et dans son geste, j'eus à peine réalisé qu'elle venait de sortir du placard que je repris ma respiration avant de me précipiter vers elle en l'attrapant par les cheveux pour la retenir en arrière et je la fis se retourner pour lui mettre une bonne gifle en pleine face. J'élevais alors la voix, sans vraiment réaliser ça ou le fait que nous avions attiré l'attention malgré nous.

« C'est la première et la dernière fois que tu me parles comme ça. »

Puis je ne pus me retenir de la pousser de nouveau - sur quelqu'un, je n'avais pas prévu qu'elle rebondirait juste pour mieux revenir vers moi - et je reculais légèrement avant de me mettre à rire, méchamment.

« C'est bien, tu t'es enfin sentie pousser des ailes sorcière, sauf que tu t'en es prise à la mauvaise personne. »

Puis sans trop savoir ce que je faisais, je l'attrapais par les épaules et la secouait avant de me retrouver par terre avec elle, sans doutes après avoir perdu l'équilibre, à cause de l'alcool, ou car quelqu'un nous avait bousculé à son tour. J'entendis déjà quelques personnes lancer des paris sur nous, ce qui m'énerva encore plus. De quoi ils se mêlaient eux ?

Hors Rp:

Alors que je n'avais aucune idée de ce qui était en train de se passer dans ce placard, je souriais en fixant celui-ci, tout en jubilant à l'idée que deux de mes amies se rencontrent enfin. « Je sens qu'elles vont bien s'entendre ! » me dis-je tout en buvant une énième gorgée de mon gobelet. Certaines personnes autour de la bouteille commencèrent à discuter, mais j'étais bien trop perdu dans mes pensées pour prendre part à la conversation. Mon regard se perdit vers un garçon qu'il ne me semblait pas avoir déjà vu. Perplexe, je fronçais les sourcils en l'observant, me demandant si j'avais pu l'apercevoir quelque part. Son visage était peu commun et sortait de l'ordinaire. Cette différence le rendait mystérieux et charismatique. « Qui peut-il bien être ? » pensais-je en me demandant si je devais aller le voir, au moment où un grand boum s'échappa du cagibis dans lequel était enfermé Violet et Graziella depuis à peine deux minutes. La musique ayant couvert le bruit, seuls ceux étant à proximité de la porte eurent l'occasion de l'entendre. Certains sourirent, se disant que les deux filles étaient en pleine action. Moi, je sentais que quelque chose n'allait pas et un deuxième bruit me poussa à me mettre debout sur mes deux jambes. C'est alors que Violet sortit brusquement du placard, poussant violemment la porte qui claqua fortement contre le mur. Son apparition ne passa pas inaperçus et d'autres invités tournèrent la tête vers elle afin de voir ce qui était en train de se passer.

Le visage rouge, mon amie semblait en colère...Très en colère. Je ne l'avais jamais vu remonter ainsi. J'eus à peine le temps de réaliser ce qui se passait que Graziella sortit à son tour du placard, se jetant telle une furie sur Violet afin de la tirer par les cheveux. Ma mâchoire se décrocha lorsque je compris qu'elles étaient en train de se battre. Cette scène était irréaliste. Complètement sous le choc, je les regardais les deux amazones régler leurs comptes tandis que les gens autour de nous pariaient sur l'une ou l'autre, aucun n'ayant le bon sens de les séparer.

A mon grand soulagement, un garçon s'avança finalement vers le combat, mais ce n'était pas pour y mettre totalement un terme. En effet, il attrapa Graziella et je l'entendis clairement lui faire des menaces, lui interdisant de poser à nouveau ses mains sur Violet. Mes mains se mirent à trembler, je savais que je devais intervenir. Essayant de reprendre mon souffle, je fis un pas en avant...puis le courant se coupa soudainement, plongeant la pièce dans les ténèbres. Coupé d'électricité, la maison n'émettait plus aucune musique, les seuls sons environnants étant nos cris surpris mêlés à la foudre et la pluie à l'extérieur. « Et merde...manquait plus que ça ! » pensais-je alors que certains commençaient déjà à sortir leurs portables pour activer leurs lampes torches. C'était la panique et je savais que ça allait mal finir. L'idée d'appeler mon père et lui révéler que j'avais fait une fête sans sa permission en son absence me terrifiait. Après ça, il ne me ferait plus jamais confiance. Pourtant, il fallait que je le joigne pour lui demander que faire. Par chance -?- le réseau passait très mal. Dans l'incapacité de le contacter, je me devais faire quelque chose pour rétablir le courant. Je m'approchais alors de Graziella et l'attrapa par le poignet « Viens avec moi ! » lui ordonnais-je un peu sèchement « On va aller à la cave essayer de remettre en route le disjoncteur ! ». Sans attendre de réponse de sa part, je l'entraînais déjà vers la porte d'entrée, lâchant au passage un regard plein de colère à l'intention de Violet -mais je ne comptais pas épargner le grizzli à côté de moi-.

M'emparant d'un parapluie près de la porte d'entrée, je m'engageais sous la pluie, suivie de la jeune femme, me dirigeant vers la cave. « Non mais qu'est-ce qui vous a pris de vous battre comme ça ?! » lançais-je finalement à Graziella après un long moment à tenter de prendre sur moi pour ne pas m'énerver. Le choc, puis le stress, avaient laissés place à la colère. J'étais furieux, pas seulement après elles, mais aussi après moi, car la soirée prenait une mauvaise tournure qui me faisait regretter de l'avoir organisée. La lampe torche de mon téléphone activé, je réalisais une fois devant la cave que les deux portes étaient grandes ouvertes. « Bizarre...Papa n'avait pas mis un cadenas ? Il a dû l'enlever...Et c'est sans doute cette tempête qui a ouvert les portes... » conclus-je en faisant signe à Graziella de me suivre dans l'escalier.

Sérieusement, un karaoké ? Cette fête était d'un ennui...Mais je comprenais pourquoi Nathan avait autant tenu à venir ici. Il y avait du monde. Un peu trop d'ailleurs pour la misérable soirée d'un élève lambda que personne ne connaissait. Je compris alors rapidement les intentions de Nathan : il voulait rappeler à tout le monde -d'une manière ou d'une autre- que seul le Vortex Club savait organiser des fêtes inoubliables. D'un côté, cela m'agaçait de m'être déplacé pour une simple question d'ego, mais d'un autre, je savais que Nathan n'aurait raté pour rien au monde l'occasion de mettre le bazar. « Mais où est-il bon sang ? » me demandais-je en zieutant toutes les deux secondes mon iPhone X, me déplaçant du mieux que je pouvais à travers la maison dans l'espoir de lui mettre la main dessus. Alors que de gros lourds me relookaient, je demandais par message à mon acolyte en quoi il était déguisé, que je puisse le reconnaître facilement. C'est alors qu'il m'envoya une réponse, me demandant de faire une seule chose: « Il y a une cave dehors. J'y ai laissé à l'entrée une batte de base-ball. Descends-y et casse le boîtier électrique qui alimente la maison. On va les plonger dans le noir ces sales rats ! ».

Je levais les yeux au ciel. Voilà qu'il me donnait des ordres à présent, pensant pouvoir m'utiliser aussi facilement qu'il le faisait avec Victoria. Je n'aimais pas avoir à faire le sale boulot, surtout celui des autres. En règle général, c'est moi qui fixait les ordres. Mais bon, j'étais déjà là, autant participer moi aussi à cette vendetta au lieu de rester dans mon coin en ayant l'arrière goût amer de m'être déplacé pour rien.

Sortant discrètement de la maison, je me mis à chercher sous la flotte cette foutu cave qui, apparemment, se trouvait à l'extérieur. « Ces ploucs ne pouvaient pas en avoir une au sec dans leur baraque ? » maugréais-je en trouvant finalement une double trappe contre le mur, dont le cadenas avait été déjà déverrouillé. « Comme c'est mignon, il a pensé à tout ! » marmonnais-je tout en ouvrant en grand les portes qui débouchaient sur un escalier en béton. A vrai dire, je n'étais pas réellement surprise de voir que Nathan m'avait déjà préparé le terrain. Il calculait toujours tout ce garçon, nous n'étions pas amis pour rien.
Comme promis, la fameuse batte de base-ball était en haut de l'escalier. M'en emparant, je la posais sur mon épaule, alluma la lumière puis descendit les marches. Après quelques instants de recherches, j'aperçus enfin le boîtier électrique. « Bon, quand faut y aller... » déclarais-je à haute voix comme si j'avais un public avant de donner plusieurs coups, provoquant des étincelles. Je sus que mon œuvre était achevée que lorsque la lumière se coupa tout à coup. Satisfaite, je tournais alors des talons en souriant, me dirigeant alors vers l'escalier. C'est alors que mon téléphone vibra et je ne pus m'empêcher de le sortir immédiatement. « Bien joué ma poule ! » m'envoya Nathan, ce qui me fit soupirer autant que pouffer. Je me demandais bien quelle idée il avait derrière la tête et ce qu'il manigançait mais, malheureusement pour moi, je ne serais pas là pour le voir de mes propres yeux, ne comptant en effet pas m'attarder plus longtemps en ces lieux.

Alors que je montais quelques marches, j'entendis des voix se rapprocher. « Merde ! » pensais-je avant de détaler le peu que j'avais gravi pour me cacher dans le noir sur le côté. Les voix m'indiquèrent que j'avais affaire à un mec et une fille. Tout deux descendirent dans la cave, éclairée par un téléphone. Retirant doucement mes talons, je montais pieds nus l'escalier, soufflant de soulagement. Bien que j'étais à présent hors de danger et que je pouvais regagner ma voiture tranquillement, je ne pouvais partir sans faire un dernier petit coup. Souriant sournoisement, je refermais les portes de la cave et en bloqua l'entrée avec la batte de base-ball. Je n'étais pas sûre que cela serait suffisamment solide pour empêcher les deux fouineurs de sortir sans recourir à une aide extérieur, mais cela les retiendrait suffisamment longtemps pour que je puisse tirer ma révérence. « Le temps qu'ils se sortent de là, je serai déjà loin ! » me dis-je en remettant mes chaussures avant de me diriger vers ma jaguar, satisfaite et convaincue que j'avais été aussi discrète qu'une souris.