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Bois bien plus que tu ne dois

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Dim 25 Nov - 21:50
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Les sirènes? Son camarade avait vraiment l'art de tout ramener à l'histoire, la Grèce, et il ne savait quoi encore. Kyle voyait mal en quoi des sirènes pouvaient se rapporter à des pensées intrusives, mais il se contenta d'attendre une suite qui ne vint jamais.
Le rapport entre les deux faits était si flou que peut-être même Charles ne le voyait plus une fois ses mots énoncés. Cela n'empêcha pas le plus jeune de réfléchir à la question, durant les longues secondes qui séparèrent cette simple phrase de la suivante. Les sirènes... Il ne voyait qu'une fille rousse, dans toute sa navrante culture, ou des mythes vagues, aussi vagues que la raison pour laquelle il avait décidé de prêter main forte à un alcoolique anonyme au milieu de la nuit. Lorsqu'il se focalisa de nouveau, il ne vit pas une jolie rouquine en quête de liberté, mais un blond brisé qui ne rêvait que d'une corde. Il lâcha un soupir, appuya son dos contre le dossier du canapé. Il les voyait. Ces larmes latentes, qui ne demandaient qu'à venir mourir elles aussi d'une chute trop longue le long de ce visage fin. Un reste de fierté les contenait encore, mais le point de rupture semblait toujours plus proche.

-J'ai rien à te donner pour t'assommer jusqu'à demain. Mais je peux veiller avec toi. Tes voix contre mon silence.

Il ne s'excusa pas, ne sembla même pas désolé de savoir que Charles risquait une énième nuit blanche à se faire hanter par ce bazar qui habitait sa tête. Il scruta un instant le mur, lui aussi, mais rien ne retint tant son attention que son camarade lui-même qui semblait faner toujours un peu plus, à chaque minute qui s'écoulait. Comme pour offrir un maigre rempart au corps frêle, il hissa la couverture sur ses épaules tremblantes, d'un geste soigneux. Il ne pouvait pas faire beaucoup mieux en l'état actuel. Juste le réchauffer, éviter de le laisser seul dans la tourmente. S'il perdait son compagnon de discussion désormais favoris, il l'aurait bien mauvaise. Il ne serait jamais celui qui pourrait lui offrir des discours vibrants sur la vie et son sens, la beauté du monde et sa place dans ce dernier. Au moins pouvait-il le laisser cracher son venin sans ciller. Contempler ses yeux déjà morts sans broncher ou sentir sa propre joie de vivre absorbée.

-Tu pleures.

C'était un constat. Physiquement, peut-être pas. Mais au fond, c'était d'une évidence à crever les yeux. Et Kyle n'était ni aveugle, ni du type à oublier sa franchise.

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Dim 25 Nov - 22:18
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Il ramenait tout à l'histoire et la mythologie parce que son imaginaire était fait de cela. Ses principales occupations de ces dernières années avaient tourné autour des épopées d'Homère et des contes d'Offenbach. La Grèce était un peu son terrain de jeu. Il connaissait les mythes comme les autres connaissaient les histoires d'enfants que leur mère leur racontait.

L'idée de veiller avec Kyle ne lui déplaisait pas. Bien qu'il ne soit au fond qu'un total inconnu, il aurait préféré le savoir au fond de son lit à roupiller comme un bienheureux, mais peut-être que son monologue intérieur à lui le prévenait du sommeil aussi. Il ne pouvait deviner ce qui se passait derrière ces yeux clairs si expressifs contre leur gré.

- C'est gentil. Ne te force pas si tu as sommeil.

Il s'enfonça dans le canapé et ramena ses jambes contre son torse dans un signe de vulnérabilité qu'il n'aurait pas osé arborer d'ordinaire. Après tout, ce type ne semblait pas lui vouloir du mal et il se surprenait à penser qu'ils étaient plus proches qu'ils ne le pensaient. Ils n'avaient pas de connexion ou une autre de ces choses stupides que les adolescentes utilisaient pour donner une raison à leur fréquentation, mais leurs passés se recoupaient sans même qu'ils n'aient besoin d'en parler. Le sang sur les mains qui pue à des kilomètres, entre autre. Et le désordre mental. Rien que le fait que Kyle ne lui sorte pas des phrases bâteau préventives du suicide en disait très long sur lui-même, peut-être même sans qu'il ne s'en rende compte.

Il accepta avec un signe de tête imperceptible la couverture, même si désormais il ne tremblait plus autant. Il était presque aussi immobile qu'une statue de marbre, planté au milieu de ce salon inconnu à côté de cet inconnu, le regard impersonnel, le visage las. On aurait pu l'oublier là, passer devant sans le remarquer. Oui, il pleurait. Quelque chose qui s'apparentait à une larme coula sur la joue que Kyle ne voyait pas.

- Je sais. Ça ne m'arrive pas souvent. Ce n'est pas désagréable.

Il jouait la franchise sans honte. Charles ne semblait pas être atteint par les complexes de masculinité de la plèbe des garçons de cette génération.
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Lun 26 Nov - 16:55
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Roupiller en sachant que quelqu'un était chez lui était déjà une idée qui dépassait le plus jeune, d'autant plus si son invité imprévu passait sa nuit blanche dans un état aussi lamentable. Il ne désirait pas particulièrement se réveiller avec, au matin, un véritable cadavre trônant sur le tapis. Puisqu'ils étaient partis pour demeurer longtemps assis, là, calé dans les coussins à attendre que le jour succède à la nuit, Kyle entreprit de s'installer plus confortablement. Il était chez lui, à l'aise, aussi manqua-t-il de s'affaler sans classe, prit à peine le soin de s'appuyer sur un coude pour voir son camarade. La peluche trônait fièrement à ses côtés, tout comme la couverture tentait de protéger Charles d'une quelconque agression extérieure. Futile bouclier.

-Comme si tu pouvais me forcer à quoi que ce soit, lâcha-t-il avec un soupçon de malice, la voix plus douce et calme, moins portée sur la provocation comme elle avait pu l'être au bar.

Il détailla des yeux la posture de son Grenouille, étonné de voir qu'il pouvait avoir l'air plus misérable encore, avec ses jambes repliées et ses yeux éteints. Charles n'était déjà pas le plus grand, le plus imposant des hommes, mais Kyle avait la sensation qu'il aurait suffit d'une bourrasque pour lui briser les os. Qu'il pouvait disparaître dans le canapé s'il se recroquevillait davantage. Pour sa part, il était serein. La pièce était d'un calme reposant, sans toutefois vibrer du silence qui l'agaçait tant. Il ne vit pas la première larme, pas plus qu'il ne ressentit un quelconque changement chez l'aîné, mais ses paroles lui firent doucement secouer la tête.

-J'imagine. J'ignore depuis quand ça ne m'est pas arrivé. (Une petite pause. Non, il avait beau chercher, il lui semblait que ses souvenirs étaient d'une confusion sans nom.) C'est bien, si ça te soulage.

Sa voix fut un peu traînante sur le dernier mot, alors qu'il semblait trouver fascinant de s'amuser avec un fil qui dépassait de la couverture. Nouvelle phase de distraction. Il lui arrivait, frustré, d'aller flirter avec les bords des falaises. Il se sentait mieux ensuite. Peut-être que pleurer faisait le même effet. Il ne savait plus. Mais ses yeux redevinrent bien vite alertes, alors qu'il tendant le bras vers les biscuits cruellement ignorés. Gourmandise ou faim réelle, cela revenait au même, car il ne se fit pas prier pour en croquer un, avant de faire mine de le tendre vers son camarade, et le paquet éventré avec, dans une question muette. La faim vient en mangeant, avait-il envie de dire.
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Lun 26 Nov - 17:34
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Il n'était pas en mesure de lui forcer la main à quoi que ce soit, en effet. Charles esquissa un sourire et détacha son regard du mure pour jeter un regard à son compagnon. Il était serein, calé bien profondément au milieu des coussins et des peluches, avec l'allure d'un jeune monarque sanguinaire sur le point de décapiter sa victime. Enfin, il n'y avait pas de brasier ardent dans son regard, Kyle lui faisait juste penser à un très jeune Caligula, qui n'aurait pas encore nommé son cheval ministre.

- C'est vrai. On est chez toi, après tout, vieux.

Il tenta de deviner son âge. Tout pour faire abstraction aux chuchotements désagréables qui tournaient autour de lui. Peut-être proche de la vingtaine, ou un petit peu plus jeune. Il était robsute, dans la fleur de l'âge, sûr de lui, tranquille avec sa peluche et son regard vif. Etrangement, apaisant. C'était ça, le mot qu'il cherchait. Charles l'observa jouer avec son fil. Il fit durer le silence. Il n'en exitait plus, pour lui, du silence, mais même faire semblant calmait ses nerfs. Il l'écouta, la tête légèrement penchée, le regard flou. Il accepta le biscuit avec une certaine reconnaissance, croquant dedant avec une grande prudence qui ne manquait jamais de faire hausser un sourcil aux observateurs extérieurs. Un peu de carburant pour sa machine humanoïde, voilà qui ne ferait pas de mal. Il tourna brusquement la tête vers la droite, le temps d'une seconde ou deux (pss, toi, oui toi, ta mère a encore fait brûler la maison), se redressa sur un coude sans pour autant bouger de sa position. Il revint fixer son regard sur le mur d'en face, stoïque.

- Tu sais, fit-il,sur le ton de la conversation, il y a quelques temps je ne pouvait plus manger que ce dont je connaissais la provenance. Pas de plats cuisinés par quelqu'un d'autre, rien du tout. Je pensais qu'on essayait de m'empoisonner, ou quelque chose dans ce genre. Je ne sais pas exactement pourquoi je réagissais comme ça. L'esprit humain est étrange, tu ne trouves pas ?

Drôle de sujet de conversation, encore une fois, mais c'était mieux que d'imaginer que feu sa mère faisait brûler sa baraque.
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Lun 26 Nov - 18:04
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Oh, s'il l'avait entendu penser, il aurait sans doute eu besoin d'un cours complet sur Caligula et ses folies pour apprécier -ou rejeter- la comparaison. Mais quel monarque il faisait, dans son studio, à récupérer les gens perdus dans les bars avec tant de bonté. Rien à gouverner, rien à dominer, si ce n'était des mémoires qui tentaient d'être enfouies par les années. Un éclat amusé s'empara un instant de ses prunelles, alors qu'il continuait son manège, enroulant ce fil autour de son doigt pour ensuite le dérouler, sans plus sembler y prêter attention.

-J'ai l'air si vieux que ça? Mon coeur se meurt. C'est sans doute toi, l'ancêtre dans cette pièce.

Il ne s'était jamais suffisamment soucié des gens pour être doué dans le fait de leur donner un âge. Tête penchée, air appliqué alors que le silence reprenait place, il se plia lui aussi à l'exercice. Entre la pâleur de sa peau, ses cernes et la lueur déjà usée dans ses yeux, Charles était fatigué, plus vieux. Sa silhouette mince, malingre, le rajeunissait autant qu'elle le rendait impossible à cerner. Alors Kyle ne se cassa pas davantage la tête. À quoi bon. Grenouille était ce qu'il était, en quoi importait le fait de savoir s'il avait vingt, trente, cent ans? À l'échelle d'un tueur, personne n'a vécu. Cinq années, parties en fumée, un esprit un peu trop échauffé, et le plus jeune avait le sentiment d'avoir déjà vu plus que bien des naïfs en ce monde. Il continua de grignoter son biscuit avec une application feinte, satisfait de voir son compagnon en faire de même. S'il nota sa prudence, il ne jugea pas utile de s'y intéresser davantage, et la fatigue devait y jouer. Tant qu'il mangeait, c'était l'essentiel, et grand bien lui en fit: l'explication viendrait d'elle-même, car la chance était avec lui.

Il sursauta, vaguement, et le geste le fit se redresser un peu. Alerte. Toujours alerte, et cela lui rappela le temps où fermer l'œil devenait difficile en raison de la méfiance. Méfiance de tout, méfiance envers tous, qui partageaient son espace et ses expériences de vies étranges. Son regard suivit celui de Charles, n'y trouva rien, se reporta de nouveau sur lui. Tout était redevenu normal, si normalité il y avait. Qu'avait-il vu, entendu, cela relevait du domaine du silence. La conversation fut reprise, aussi ses épaules se détendirent-elles pour de bon, et plus les secondes s'écoulaient, plus il semblait fondre dans le canapé, paresseux. Alangui, comme une belle œuvre, il piqua un second biscuit, laissa les autres, l'air de rien, dans l'espoir que l'alcoolique s'en charge à sa place.

-L'esprit humain, comme tu dis... Parfois il veut faire, et on ne comprendra jamais pourquoi il a fait, justement, ce qu'il voulait, répondit-il après une seconde de calme, trop appliqué à mâchonner: Il t'enferme où il le désire, accomplit son œuvre, et une fois relâché tu cherches encore à comprendre.

Il jeta un œil à son bras, dont les manches courtes révélaient les traces. Pas si nombreuses, pas si cruelles, dans l'obscurité. Non, décidément, c'était le propre de l'Homme que de se perdre en soit. Il n'en avait même pas eu besoin, de ça. Envie, simple envie, comme il se serait fait tatouer, ou serait allé chercher du pain. Mais il ne devait pas fonctionner comme les autres.

-Ravi de voir que mes biscuits t'ont convaincu. Un point de plus pour moi. D'ici deux semaines, on finira vraiment mariés.
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Mar 27 Nov - 7:53
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Apparemment, il allait enfin avoir une réponse à sa question. L'idée de se faire traiter d'ancêtre l'amusait. D'ordinaire, on commentait surtout sa gueule d'enfant de coeur. À croire que le Whiskey à outrance avait déformé ça, aussi. Il ouvrit les paris contre lui-même. Allez, dix-neuf ans. Sur sa vingtaine, mais certainement pas plus. Charles se gratta l'arrière du crâne de sa main libre, l'autre tenant encore son bout de biscuit, et reconnecta leurs regards. Si le lien ne disparaissait pas, les prunelles de Charles ne braillaient d'aucune lueur animée.

- Assez vieux pour aller dans les bars en toute légalité, moi, dit-il avec mordant. Quel âge tu as, toi, dix-neuf ans ? La serveuse devait être malvoyante pour ne rien t'avoir dit.

Il ne comptait pas vraiment se jeter sur les biscuits restants, son pauvre estomac douloureux criant au meurtre dès qu'il y mettait quelque chose. Au moins ça lui évitera de faire une crise d'hypoglicémie en rentrant sur le campus pour aller à son cours de français. C'est stupide comment boire faisait disparaitre l'appétit. Quand on ne pense plus qu'à la boisson, la nourriture n'avait plus sa place nul part. Mieux, on se mettait à sauter des repas, pour aucune raison valable. Mieux apprécier son verre, atteindre l'ivresse plus vite, il y avait des centaines de raisons et aucune d'elle n'était valable. Depuis qu'il s'était mis à boire (il avait toujours un peu forcé sur la bouteille, mais cette dernière année, depuis les évènements de Hambden, l'avaient envoyé bien profond dans les griffes de l'alcoolisme) il avait perdu près de quinze kilos, si ce n'est plus. Il se souvenait du visage effaré de sa soeur quand elle posait les yeux sur lui. À l'époque, c'était encore pire tant il abordait les réactions et les agissements d'un reclus, un solitaire alcoolisé refusant toute interraction avec le monde extérieur, et surtout avec Henry.

Il lui laissa le temps de mâcher.

- Il y a du vrai. On dit qu'on peut toujours contrôler l'esprit, mais je pense que ce n'est pas vrai. On peut, temporairement, et il y aura toujours un point de culminance où l'esprit nous échappe. Dans l'Antiquité, les Grecs avaient très bien compris ça. Ils s'adonnaient à des fêtes abondantes pendant lesquelles ils perdaient le contrôle de leur moi. Ils savaient entrer et sortir de cet état à leur guise. L'homme civilisé, aujourd'hui, en est incapable.

Et pour cause, nous avons essayé, ajouta-t-il sans bouger les lèvres.

- Et pour le mariage, j'attends toujours de voir si ta fortune en vaut la peine.
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Mar 27 Nov - 18:17
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Le lien. Le fameux lien, celui qu’ils ne nommaient pas, que nul autre ne nommerait, tout simplement parce qu’il ne se devait d’exister que dans des histoires plus tragiques, mieux construites que les leurs, si tant est que plus tragique pût voir le jour, à bien y réfléchir. C’était assez étrange, de ressentir toutefois cette sorte d’entente tacite entre eux, sans pourtant voir briller une lueur dans les prunelles du plus âgé. Oh, il en était persuadé, que Charles était plus âgé, et cela se confirma lorsqu’il daigna reprendre parole. Les lèvres de Kyle s’étirèrent en un sourire plus malicieux, plus franc, peut-être en quelques points plus raccordé à son âge que ce rictus suffisant qu’il arborait en permanence. Il laissa planer le suspense, le menton relevé de manière presque imperceptible, tout empereur qu’il était sur son canapé, dans cette ville perdue. Il n’était pas si loin, le Grenouille, et pas si naïf non plus. Il n’avait pas cédé à la tentation de surestimer, et visait avec une justesse que la serveuse n’avait su trouver en étant parfaitement sobre.

-Donc vingt et un, pour toi, j’imagine… Vingt deux? Plus ? Non. T’as pas l’air, sans t’offenser,
lâcha-t-il sans pour autant répondre, d’une humeur moins maussade que son camarade, comme s’il avait de l’énergie pour deux.

Il contempla un instant ses ongles, dans une attitude feinte d’ennui, mais finit par relever les yeux sur son inconnu, haussant les épaules, alors qu’il se remettait à triturer la couverture qui reposait sur ses épaules.

-Tout comme moi, cette brave serveuse n’avait d’yeux que pour toi. Dur dans ces conditions de s’apercevoir que je ne suis majeur que dans quelques pays du monde. Dix-huit. T’étais pas mal.


Il s’en amusait, de ces petites phrases que bien d’autres auraient envoyées en soirée, alcoolisés sûrement, et sans jugeotte aucune. Il était un beau maître des mensonges, un Loki moderne si on le voulait, mais n’en pensait pas moins ce qu’il prononçait. La fascination avait été réelle, d’un côté comme de l’autre, à priori pas pour les mêmes obscures raisons. Tout en continuant de tortiller le morceau de tissu qu’il tenait, à croire que cela avait quelques propriétés magiques, il écouta parler Charles avec un intérêt croissant. Tout cela, il l’ignorait, et l’aîné lui apparaissait comme un puits de savoir alternatif dont il n’avait pas idée jusqu’alors. Comment bien parler, jouer avec les gens, sans un peu de culture ? Sa curiosité concernait tous les sujets, même s’il n’en avait étudié aucun.

-Tu penses qu’on l’a oublié pour toujours, cette maîtrise ? On régresse, dans ce cas,
répondit-il d’un ton plus pensif, plus bas : J’aime bien. Ces histoires, ton Antiquité.

La sienne, pas une autre. Il n’avait toujours que des souvenirs flous de cours d’Histoire ennuyeux à en mourir, et de livres barbants qu’il s’empressait de refermer. Mais celle que dépeignait son compagnon lui parlait davantage. Il se recala, songeur, avant que les derniers mots de Charles ne lui arrachent un rire. Il le gratifia d’un regard doux, de chiot, celui qu’il avait appris à employer durant les dernières semaines, mais il se fendit bien vite pour une simple étincelle moqueuse. Pas de façade, avec lui.

-Parce qu’en plus de ça, tu es vénal ? C’est bien ma chance. Je n’ai que mes mots et mon canapé à t’offrir, la chair et des biscuits, et te voilà à chercher une fortune à piller.


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Mar 27 Nov - 20:15
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Contrairement à ce que laissaient transparaître les apparences, Charles était fin observateur. Il se fondait dans les masses et réjouissait les foules. Vous auriez dû le voir en repas de famille ou dans des mariages, autant aimé par Olivia, trois ans que par l'oncle banquier ou la grand mère gâteuse. Il observait et frappait, et toujours droit au but, sans se tromper. Les gens l'aimaient car il savait toujours se mettre à la bonne place, tantôt en retrait tantôt sur le devant de la scène, selon les attentes de la plèbe. Deviner que Kyle n'avait pas l'âge d'être dans un bar n'avait pas été difficile, quoique ce dernier cache son jeu avec une certaine virtuosité.

Le ton jovial de son camarade tranchait avec sa voix à lui, plutôt monotone. Il pouvait parler de tous les sujets du monde qu'on ne trouvera pas une once de passion dans son timbre. Ce n'est pas le cas d'habitude. Cette nuit en est une mauvaise pour la pauvre carcasse de Charles Macaulay.

- Vingt-et-un, tout à fait. À peine majeur. Dans la force de l'âge, je ne m'offenserai pas pour si peu.

Il ne savait plus trop ce qu'il racontait, blâmant la fatigue, mais le sourire de Kyle lui faisait plaisir. Il était enfin vraiment sincère, cela se voyait tout de suite. Il n'en était que plus séduisant, dans un sens. En plus, il n'avait pas tord. Kyle aurait pu avoir douze ans et demi, la serveuse était si déterminée à mettre Charles dans son lit qu'elle ne lui aurait rien dit. Cependant, l'entendre dire qu'il n'avait eu d'yeux que pour lui eu le don de le mettre extrêmement mal à l'aise, alors qu'ils parlaient de se marier en théorie depuis deux heures trente. C'était l'alcool qui disparaissait, ça. Charles n'était pas très à l'aise avec ses penchants sexuels. Ici, en l'occurrence, il se mit à rougir comme un gosse.

Son Antiquité, remarque. Elle n'était la même pour personne quand on commence à s'aventurer dans le mythe. Charles pesa le pour, le contre, hocha la tête comme s'il se parlait à lui-même et repartit dans sa contemplation murale. Il n'était pas très bon avec le contact, même indirect, ce soir. Déprimé et mal à l'aise, mais pas dans le sens qu'on l'entend.

- Eh bien, je ne sais pas. As-tu déjà entendu parler de la pratique des bacchanales par les Grecs de l'antiquité ?

Il contempla la possibilité que Kyle soit un puits d'argent sans fond qu'il aurait occasion d'exploiter. Cela ne l'intéressait guère, même si c'était proposé sur un plateau d'or. Il avait côtoyé pas mal de gens ostentatoirement riches, et l'argent ne transformait pas la pire des enflures en gendre modèle. Il haussa les épaules, encore, de sa vieille manière, seulement d'un côté.

- Vénal comme pas deux. Fais attention ou je risque de t'hypnotiser pour te soutirer le code de ta carte bleue.
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Mar 27 Nov - 21:06
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Il fut plutôt surpris d'avoir trouvé du premier coup, mais il devait cela à l'indication qu'avait donnée son camarade. Jamais l'âge n'aurait été correct s'il n'avait pas précisé sa majorité, d'un ton qui laissait supposer que ce n'était pas un souvenir si ancien. Cela suffit à faire le bonheur futile du plus jeune qui, sans se départir de cette satisfaction frôlant l'arrogance, arqua un sourcil en constatant les rougeurs sur les joues du Grenouille qui ne semblait pourtant plus connaître d'autre expression que la lassitude. Ainsi donc il n'était pas totalement de marbre, ce qui était assez amusant, et Kyle dût claquer sa langue contre son palais, en mordre presque le bout pour ne pas continuer sur sa belle lancée. Non. Ne jamais pousser la chance trop loin, ni même l'embarras plus que nécessaire. C'était un art, une danse lente, qui prenait le temps qu'il lui fallait pour s'exécuter. Il se laissa aller à penser que c'était un tableau plaisant, lorsqu'il n'était pas dû à l'alcool qui embrasait les veines. Cette gêne inexprimée lui fit arborer un air angélique, comme détaché, alors qu'il pesait au contraire tout le poids de ses paroles.

Il laissa mollement retomber son buste après plus franche œillade, vint glisser ses mains derrière sa nuque. Puisque Charles semblait trouver son bonheur dans le mur, lui considéra que le plafond était une bien bonne alternative. Il ne le voyait plus, de fait, mais sentait sa présence sur le canapé. Rompre le contact visuel, en soit, était déjà une belle preuve qu'il s'était détendu. Il ne jugeait plus utile d'avoir à sonder chacun de ses gestes, à supposer qu'il en fasse avec si peu d'entrain. Bacchanales...? Bacchanale. Le mot sonnait de façon si neuve, si spéciale, qu'il se sentit obligé de le laisser rouler sur son palais, perplexe.

-Non, jamais. Qu'est ce que c'est? Bacchanales... Attends, attends, je cherche. C'est grec, antique, et c'est toi qui en parle. Des tragédies? Du... Classique? De la musique peut-être. (Une pause. Un léger souffle, rieur.) En fait j'abandonne. Rends moi moins bête.

Il avait beau creuser, tenter de relier le mot, la sonorité, à quelque chose, il souffrait de trop de lacunes diverses pour ne serait-ce qu'en trouver une origine. Il ponctua les dernières paroles de son camarade d'un grognement léger, fit mine de retomber mollement sur le canapé qui les accueillait. Vénal à souhait, mais quel dommage pour lui, le jeune blond n'avait en poche que le nécessaire à sa glorieuse survie. Ce qui était, en soit, déjà bien suffisant, à bien y réfléchir.

-Tu peux bien voler ma carte, elle te servira pas longtemps. Bien tenté. Ce sera le divorce le plus rapide de l'histoire, conta-t-il avec un ton sévère, surjoué, avant d'ajouter: Eh, m'hypnotiser, d'ailleurs? Que penses-tu de l'option "demander gentiment"? Je sais que je mords, mais tout de même...

Et il était reparti dans tous ses gestes de main splendides. Être expressif ne passait pas forcément rien que par la parole et le visage, après tout.
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Mer 28 Nov - 14:36
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Charles pouffa de rire sans mauvaise arrière pensé. Une bacchanale sous forme de fête musicale était quelque chose de séduisant ; beaucoup trop séduisant à son goût. Heureusement que Henry était mort et enterré, sinon dans deux semaines ils étaient de retour dans la forêt avec des lyres et des flûtes. L'image de son vieil ami en toge étira un sourire triste sur son visage. Enfin ils en avaient fini avec les apparences trompeuses, Kyle et lui. Il y avait un doux parfum d'honnêteté dans l'air et Charles s'en sentait plus détendu. Kyle, lui, était la personnification de la sérénité, toujours dans son rôle de Caligula miniature au milieu des coussins. Charles se mit à caresser distraitement la couverture sur ses épaules.

- Peut-être que tu n'es pas si loin de l'idée avec ta proposition de tragédie... En vérité, ce sont - c'étaient (se reprit-t-il brusquement) - des fêtes mystiques en l'honneur de Dionysos, ou Bacchus pour les romains. L'ivresse y tenait une grande partie, ainsi que les débordements sexuels. Ces événements ont plusieurs sources, mais dans l'idée générale il était question d'atteindre un état supérieur de conscience dans l'espoir d'apercevoir Dionysos.

Il n'était pas surpris que Kyle ne connaisse pas. Ce n'était pas une pratique très répandue ni médiatisée d'aucune manière. Il prit un second biscuit, car sa tête tournait de manière très désagréable, au point qu'il avait l'impression d'avoir fumé beaucoup d'herbe en très peu de temps.

- Je ne sais pas demander gentilment. Et puis, le vice est séduisant. J'aurai bien plus de satisfaction à utiliser ta carte dérobée qu'à t'emprunter vingt dollars de manière ennuyeuse à souhait.

Il se décida de sortir une cigarette de sa poche, batailla avec la couverture un peu plus que nécessaire et, quand il put finalement accéder à ses divins tubes de nicotine, en proposa une à son camarade. Il ne savait pas s'il était permis de fumer à l'intérieur ici.
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