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Sam 1 Déc - 12:17
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Les premiers rayons du matin s'engouffraient par la fenêtre, dont il n'avait pas baissé les volets dans l'optique de leur veillée. Le jour mettrait en revanche encore un bon moment avant de se lever, mais cela avait été étonnement aisé de ne pas fermer l'œil. Comme si le fait de travailler toute la journée ne lui permettait pas de se dépenser suffisamment pour avoir ensuite une nuit de sommeil complète. Il resta immobile, observant Charles et ses mimiques qu'il ne semblait pas remarquer, ses changements d'expression infimes, et la façon qu'avait son torse de se soulever, erratique, sous la couverture. Quelques secondes, ses pensées se perdirent. Menaces, stress, et tensions faisaient vite dérailler, par le passé, bien des gens. Surtout à un jeune âge. En avait-il connu, des crises pareilles? Il ne se souvenait pas, mais ce n'était désormais plus important, ne l'avait même jamais été. Pour peu, si Grenouille n'était pas encore apte à parler et bouger, il l'aurait pensé en pleine angoisse, qui lui broierait la poitrine et la trachée, comme pour achever ses misères sans véritablement le faire.

-Ça m'arrive sûrement moins souvent qu'à toi, si tu veux mon avis. Une fois... Deux tout au plus. Je préfère savoir ce que je fais, répondit-il avec calme, ses yeux rivés sur lui.

La voix de l'aîné déraillait, il ne pouvait passer à côté de ce détail. Ses mains tremblaient, attirant le regard froid du plus jeune. Kyle quitta alors ses coussins, se redressant d'un geste souple, sembla un instant réfléchir. Il avait relâché la peluche qui trônait désormais sur l'accoudoir, glissa une main contre l'épaule de son compagnon, avant qu'elle ne fasse son chemin jusqu'à son poignet, et la main qui tenait la cigarette. Il lui semblait que cette dernière allait tomber, et les doigts qu'il tenait étaient gelés. Comble de l'ironie, par ailleurs, s'ils se faisaient flamber ici, immolés sur ce canapé, à la manière d'une Rome de bas étage.

-Respire, princesse. Écoute ma voix, plutôt, elle est tellement plus intéressante.

Il roula des yeux, mais son visage restait de marbre. Il n'était jamais débordant de compassion. Tout au plus, il voulait éviter que l'autre ne fasse une attaque dans les secondes à venir. Il n'était pas très au fait de ce qu'il fallait faire dans ces situations, mais à en voir la façon dont il était recroquevillé, c'était déjà surprenant que de l'air parvint à passer alimenter ce corps frêle. Alors le Caligula du matin vint chercher le regard de son camarade, relevant son menton de sa main libre. Il était parti bien loin. Inutile de même chercher à savoir ce qu'il pouvait entendre, finalement.

-Tu devrais t'allonger. Ce serait peut-être mieux. T'es à l'abri, ici, en plus. Même si les voix sont chiantes.
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Sam 1 Déc - 12:54
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Moins souvent qu'à lui, cela ne paraissait pas impensable. La plupart du temps, quand il s'extirpe pour quelques temps de son ivresse adorée, son esprit lui faisait l'effet d'une immense toile vide sur lequel on s'amuserait à faire des ombres chinoises. Il ne vivait peut être pas dans un état de confusion permanent, mais on n'en était pas loin. Il avait essayé tout un tas de truc pour tenter de se recentrer, mais son cerveau gallopait toujours comme un cheval fou, quand il n'était pas totalement anesthésié. Il avait oublié ce que c'était, de vivre une vie normale.

- Oui, la nécessité de garder le contrôle, dit Charles à mi-voix, sans réaliser à quel point sa remarque était pertinente.

Sa cigarette n'était même pas allumée et il sembla oublier son existence presque dès le moment où il la lâcha du regard. La tête entre les mains, les yeux clos, il respirait lentement, avec une concentration toute particulière. Il sentit la main de Kyle, à défaut de la voir, et l'accepta sans rien dire. Il n'y avait rien à dire. Il ne pouvait rien dire. Sa voix semblait avoir perdu toute résonnance et flottait, fragile et pâle, dans l'atmosphère du salon. Il écoutait la voix de l'autre comme les apôtres écoutaient les paroles du seigneur, se raccrochant à son timbre comme le dernier élément de réalité qui le maintenait hors de toute psychose. Puis il ouvrit les yeux grand, posant en face de lui un regard hanté et pitoyable, qu'il se détestera d'avoir montré au grand jour dans quelques heures. Là, il était en roue libre. Au bord de la panique.

- Je suis en sécurité nul part, Kyle. Nul part, jamais.

Du moins c'est ce dont il était persuadé. Il devenait presque impossible de démêler le vrai de ce qui se passait dans sa tête, ce qu'il entendait, ce qu'il croyait, tout le reste. Cependant, il optempéra et fit mine de s'allonger, tout en restant aux aguets, d'une certaine manière.

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Sam 1 Déc - 13:41
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Le contrôle. Ce mot flotta jusqu'à ses oreilles sans prendre sens avant qu'il ne se le permettre. Oh, son camarade avait raison: sans cette illusion de contrôle, Kyle nageait dans cette même roue libre que Charles expérimentait sous ses yeux. Il n'aimait pas cela, ne l'avait jamais toléré. Mener le jeu était tellement plus rassurant que d'uniquement le subir, mais encore fallait-il en avoir les moyens. Il acquiesça, en silence, reportait son regard sur ce protégé bien étrange qu'il avait recueilli. Ces grands yeux gris étaient à fendre l'âme, pour quiconque en posséderait une, grands et vides, plus vides que les siens qui ne l'étaient que par façade. S'il avait eu l'occasion d'apercevoir le regard d'une bête piégée, à l'instant même où elle renonce à lutter, il y aurait vu une grande similitude avec cet air qu'arborait l'aîné. Mais cette pensée se perdit tandis que ce dernier daignait s'allonger, ou du moins en faire le geste. Le blond lâcha un soupir, léger, et garda cette main dans la sienne, qui lui semblait brûlante.

-Tu te sens en danger constant... Mais qu'est-ce que tu fuis à ce point? Le monde, les voix, ou toi-même?

Son ton était de nouveau plat, dénué de ressenti, ou alors les masquait-il avec un brio effarant. Il quitta l'air de rien le canapé, trouva refuge sur le tapis pour simplement appuyer son bras sur le meuble. D'un geste machinal, ses doigts glissèrent dans les cheveux en bataille de son compagnon. Ça, il le faisait, autrefois, avec sa sœur. Parfois. Tout en geste, dans leur monde de silence, quand seules les actions comptaient. Ce silence qu'il ne tolérait plus seul, aujourd'hui, brisé par sa propre personne.

-Quoi que ce soit... Ça te fait peur. Je peux rien contre ça, princesse, mais te changer les idées un moment reste dans mes cordes.

L'idée d'abandonner l'autre à ses tourments ne lui traversa même pas la tête. Ç'aurait été si simple. Se lever, dormir jusqu'à s'éveiller, et ne retrouver aucune trace de passage de Charles. Ou retrouver au contraire un corps tragiquement inanimé. C'était, en somme, le même sentiment que lorsque l'on recueillait un moineau transi de froid, pour le veiller. En prendre soin, en douceur, sans savoir s'il passerait la nuit. Avait-il seulement déjà recueilli un moineau, pour affirmer cela? Aucun souvenir. C'était idiot. À la panique, l'angoisse de Grenouille, répondait le calme plat du plus jeune, imperturbable, inébranlable. Paniquer n'améliorerait rien. Jeter de l'huile sur le feu. Mieux valait aller en son sens, apaiser un peu cet esprit emballé.
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Sam 1 Déc - 15:45
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Dans le temps, il avait pu rechercher ce contrôle aussi. La vie s'était arrangée pour qu'il ne le trouve plus, très rapidement. Ses jours avaient pu être rêglés comme du papier à musique, jadis. Lui et sa soeur vivaient une existence des plus tranquilles et rythmée de manière agréable, dans laquelle chaque semaine ressemblait étonnamment beaucoup à la précédente et sans que cela ne crée aucun ennui chez eux. Ils avaient bien vécu dans leur T3 à Hambden, sa disposition étrange, leurs bibelots, les repas chez eux chaque lundi soir avec leurs camarades de fac. Tout cela lui manquait. Ici, tout était anarchique. Il ne savait jamais où donner de la tête et aurait vendu son âme pour revenir dans le temps. Ne pas tout briser. Être une meilleure version de lui-même.

Mais ce n'était pas possible. Il pressa un peu plus fort sa main dans celle, presque douloureusement brûlante, de Kyle.

- Je fuis mes erreurs passées. Je les fuis et en même temps je paye pour tout ce que j'ai fais, dit-il, la tête baissée.

Il acceptait le contact de Kyle tant il semblait découler naturellement de l'instant qu'ils partageaient. Cependant, Charles ne pouvait s'empêcher de remarquer que son coeur, déjà lancé à grande vitesse dans sa cage toraxique, se mit à accélérer encore. Un peu plus et ça allait le tuer. Ou au minimum le faire tourner de l'oeil. Il n'avait pas d'explication pour les caprices de son corps. Peut-être que s'il en prenait un peu plus soin il n'aurait pas en permanence l'impression de basculer dans l'étourdissement. Charles sentit ses nerfs lâcher d'un coup, sans qu'il s'y attende du tout. Il n'était pas un grand pleureur, cependant là il goûta la saveur de ses larmes silencieuses ; de grosses larmes furieuses et désespérées. Il rêvait... d'un tabouret, d'une corde, d'un flingue ou de n'importe quoi qui pourrait lui faire la peau. Il songea à s'excuser à Kyle pour être à ce point plus de l'ordre du déchet que de l'être humain, mais au final si son hôte décidait de le jeter dehors parce qu'il n'en pouvait plus du machin chouinant sur son canapé, il aurait là une opportunité en or. Il avait lâché sa cigarette et n'en avait cure.

- Je suis en train de pêter les plombs, dit-il simplement.
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Sam 1 Déc - 19:03
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Il ne relâcha pas cette main qui se pressait contre sa paume, se contenta d'en caresser le dos, du pouce, d'un geste qui demeurait aussi calme que lui. Sa joue vint s'appuyer mollement sur son bras, et il trouva cette position étrangement confortable. Comme au chevet d'un malade, diraient certains, mais il ne semblait même pas y songer. Il n'avait jamais vécu cela pour s'en rendre compte. Il continua, en toute simplicité, de faire glisser ces mèches trop longues, soyeuses, entre ses doigts, toute émotion ayant déserté son visage. Ses erreurs. La culpabilité rongeait bien des gens. Il regarda, un instant, ce visage émacié qu'il avait tant contemplé. Il y vit étrangement le reflet de l'état dans lequel il aurait dû être. Le reflet de que le monde voulait qu'il soit. Un homme coupable, un homme bouffé par son passé, et pourtant il n'y portait pas une quelconque attention. À l'heure où il purgeait sa peine, pas même il n'y pensait. Et Charles, lui, vivait tout cela d'une manière si différente de la sienne qu'elle l'en laissa vaguement ébranlé.

-Chacun paye à sa manière, j'imagine. Mais nos fuites semblent nous pousser vers Arcadia Bay, écoute, à croire que le destin est moqueur.


Il ne cherchait pas à le ménager, le consoler comme on le ferait avec un enfant égaré. Mais il était là, continuait ces caresses silencieuses, observait les larmes qui commencèrent à rouler sur les joues creusées de son compagnon. Il le trouva touchant. De nouveau, il ne fit pas un commentaire. Il pouvait tout autant n'avoir rien vu, si ce n'était que ses yeux clairs restaient rivés sur ces sillons trempés avec patience. D'un geste irréfléchi, il vint en essuyer un, du revers de l'index, son pouce effleurant une pommette trop marquée par la maigreur. Qu'il pleure, s'il en avait besoin, ce n'était pas de son ressort. Il haussa les épaules, l'air de signaler que cela lui importait peu, alors que ses gestes trahissaient le fait que, peut-être, il s'adaptait malgré lui à l'humeur de son Grenouille. La cigarette au sol y était mieux, finalement, car il doutait qu'une de plus soit en faveur de l'état déjà trop instable du pleureur.

-Faut bien que ça arrive, à un moment ou un autre. (Il se mordit la lèvre, un bref instant, à croire que cela lui évoquait tout autre chose.) Tu peux fuir tant que tu veux, tu vivras avec ton passé jusqu'au bout.

Lui, il avait bien tenté de l'oublier en revenant ici, mais un unique regard de sa sœur avait suffit à lui rappeler qu'il n'y échapperait pas. Le rejet lui faisait en revanche bien plus de mal que le poids des souvenirs. À chacun ses problèmes. La philosophie, les phrases complaisantes, il n'y voyait pas grand intérêt. Mieux valait accepter les faits que de vivre dans l'illusion d'une rédemption.
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Sam 1 Déc - 20:25
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C'était surtout de la culpabilité, mais pas que ça. De manière directe et indirecte, trois innocents étaient morts par sa faute. D'abord le fermier lors de cette nuit de transe folle, puis Bunny pour sauver leur liberté, puis Henry. Techniquement, Henry s'était tué tout seul, néanmoins c'était Charles qui avait apporté le flingue dans la chambre d'hôtel. Charles qui avait menacé de le buter, rond comme une queue de pelle et aussi enragé qu'un diable, sans plus aucun discernement. Seigneur, il avait même tiré sur Richard. Il n'en avait gardé aucun souvenir, mais sa soeur le lui avait dit. Il n'avait même pas pris le temps de s'en excuser. Mais il gérait sa culpabilité de manière désastreuse, c'était un fait.

Il cessa de s'agiter, laissant les larmes couler sans y faire attention. On pouvait même croire qu'il ne s'en rendait pas compte.

- Le destin se joue de nous, ouais. Arcadia Bay est un endroit étrange. J'ai l'impression que tout le monde a quelque chose à cacher.

Non, ça c'est ta paranoïa, mon vieux. Il ne faisait pas non plus la différence entre la réalité et sa perception biaisée. Il accepta le haussement d'épaule de Kyle et y répondit d'un regard en biais, établissant un contact de quelques mili-secondes avant de détourner les yeux. Il ne pouvait pas affronter les pensées d'autrui sur sa condition misérable. Ni la pitié, ni le dégout, ni la colère. Voir la réaction des autres avait le don de lui coller la nausée. Il regarda ses mains ; ses doigts tremblaient encore.

- Je ne veux pas vivre avec mon passé. J'ai tenté de l'oublier par tous les moyens. Mais tu peux utiliser n'importe quelle drogue, tu finis toujours par redescendre, et tout revient avec la force d'un trente-cinq tonnes. C'est terriblement douloureux. Le seul moyen que je connaisse c'est la sortie finale. La mort.

Encore une phrase laissée comme en suspend. Kyle devait avoir pris l'habitude, désormais.
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Sam 1 Déc - 20:53
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C'était apaisant pour lui, en un sens, ce geste répété qu'il effectuait. Glisser ses doigts dans les mèches claires, sur une joue creuse, ou le long de cette mâchoire bien dessinée. Il n'y prêtait même plus attention, préférant se concentrer sur ce que pouvait lui dire Charles. Il avait cessé de s'agiter, de lutter contre tout ça, aussi le plus jeune était-il en partie satisfait. Dans ses délires et sa perte, son camarade avait pourtant raison: Arcadia Bay était étrange. Isolée, avec une atmosphère particulière, et ces mots avaient du sens. À son compte, ils étaient déjà trois. Lui, sa sœur, Charles, à cacher des choses dans les placards de la conscience, des cadavres et du sang. Il sentait encore sa main trembler, ne la relâcha donc pas. Il se demandait vraiment si un arrêt cardiaque n'allait pas emporter son protégé de façon fulgurante. Fébrile comme un moineau, naviguant sur des océans de tourmentes. Ce n'était pas la plus aisée des situations, même pour Kyle qui le vivait sans difficulté particulière. La fatigue devait d'autant plus l'aider à tolérer des extrêmes de ce genre. Il n'avait plus l'énergie de lutter, d'élever la voix ou de faire autre chose que se laisser porter au gré du vent.

Il redressa un peu le menton à ses dernières paroles, et ce fut un ricanement léger qui sortit de sa gorge, rauque, et ses doigts s'égarèrent un instant sur la pomme d'Adam apparente de l'aîné, aériens, à peine plus d'une fraction de seconde. Là, sur cette gorge offerte, où les veines pulsaient, vivantes, malgré l'âme morte de leur propriétaire.

-Je te l'ai déjà dit, mais si tu voulais vraiment mourir, tu serais déjà mort. Ma belle gueule n'y aurait rien changé. Tu serais étendu six pieds sous-terre depuis longtemps. Une falaise, un bout de verre, une voiture, n'importe quoi ferait l'affaire dans cette ville. (N'importe qui, soufflait une voix dans sa conscience, alors que son geste se répétait, plus doux, et il remonta sa main dans les cheveux soyeux.) Soit tu es lâche, soit tu ne la désires pas avec tant de force, cette fin anticipée.

De nouveau, sa voix avait le froid claquement de l'évidence. Il pensait ce qu'il disait, disait tout ce qu'il pensait. Il en avait vu, des personnes, tenter des choses avec ce qu'elles pouvaient. Tout, absolument tout suffisait lorsqu'on le voulait vraiment. Mais Charles, lui, était encore en vie, quand bien même il ressemblait davantage à un pantin soumis aux caprices de ses travers qu'à un véritable homme.

-Tu n'aimes pas souffrir, mais pourtant c'est ce que tu recherches. Personne ne t'as fait payer, alors tu le fais seul. Peut-être que tu ne pourras mourir que le jour où tu jugeras que tu as assez expié tes erreurs. Mais ce jour-là, s'il arrive, tu ne voudras sans doute plus mourir.

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Dim 2 Déc - 13:56
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Charles avait fermé les yeux. Il y avait quelque chose de terriblement agréable dans les mouvements calmes de Kyle et il s'y laissa prendre sans montrer aucune résistance. Il laissa les voix parler plus fort que Kyle, l'espace d'un instant, fatigué de lutter, exténué. Il ne se concentra plus que sur les gestes de son camarade et sur rien d'autre.

Il sentit sa main s'arrêter. Entrouvrant les yeux, il le vit se marrer doucement. Charles se redressa, passa une main sur son visage. Il entendait les paroles de Kyle mais avait du mal à en saisir le sens. Il hocha la tête. Ce qu'il entendait ne le vexait pas. Après tout, il était un maître de l'auto-apitoyement. Besoin de personne pour lui dire à quel point il était lâche. Cependant, c'était une réponse d'une toute autre sorte qui sortit de sa bouche.

- Je ne peux pas abandonner Camilla.

C'etait vrai ; il n'y avait pas une once d'ironie dans sa voix. Il aimait sa sœur. Plus qu'il n'avait jamais aimé quiconque. Cependant, elle ne le regardait pas du même œil. Oh, certainement qu'elle l'aimait aussi (son dernier appel larmoyant en était la preuve, mais Camilla était bonne actrice - la meilleure. Peut-être faisait-elle cela pour une tierce raison : de l'argent ? La satisfaction de le voir s'abaisser encore devant elle ?) mais pas de la même façon ; plus maintenant. Et pourtant, c'était pour elle qu'il était là.

- T'as sans aucun doute raison. Mais je préfère me flageller plutôt que me laisser partir sans avoir expié mes erreurs.

Il avait failli lâcher quelques informations sensibles à voix haute, une nouvelle fois, et préféra se taire quelques temps, au moins le temps que ses esprits reprennent cohérence. La situation dans laquelle il s'était mise était la maniere la plus rapide de finir en prison. Peut-être qu'il se faisait payer, mais sa conscience n'était pas assez pure pour qu'il s'envoie délibérément en taule.

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Dim 2 Déc - 15:31
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Son camarade quittait de nouveau son calme éphémère pour se redresser et afficher un air, en quelques points, plus distrait encore qu'auparavant. Kyle arqua un sourcil, le laissa faire sans faire mine de le retenir. Il vint un instant appuyer sa joue contre sa main désormais libre, pensif. Camilla. Joli nom, ce fut sa première et inutile réflexion. Camilla, prononcée avec un timbre si sérieux. La raison de toute une lutte contre l'oubli définitif, visiblement, et cela fit s'étirer ses lèvres de façon plutôt cynique. C'était toujours ainsi, il s'agissait de ne pas partir pour ne pas blesser l'entourage, sans se soucier de soit, au demeurant. Ne pas agir, pour éviter le jugement et la déception, pour que rien ne change, jamais. Et à eux deux, ils étaient l'image même de ceux qui avaient agi, et nageaient entre deux eaux, noires et troubles, pour ne pas dire qu'ils y coulaient. Un seul de ses regards suffisait à exprimer tout ce qu'il en pensait, glacé. De Camilla à Violet, tout avait un sens identique, et une fin similaire. La conclusion était là: il était trop tard. Trop tard pour se rattraper, trop tard pour effacer des erreurs trop importantes.

-Tu ne veux pas l'abandonner, cela veut dire qu'elle non plus ne l'a pas fait? Tu es chanceux, dans ce cas.

C'était bien de l'amertume, là, masquée dans son ton plat. La marque de l'abandon. Chaque jour un peu plus forte, alors qu'elle avait été tenue lointaine durant des années. À chaque journée qu'il passait à épier Blackwell, observer les gens pour ne voir qu'une unique personne sans pouvoir l'approcher, il avait senti que rien n'allait changer en son sens. Il avait osé, et il avait vu. Le renouveau se ferait sans elle, à priori, et il n'avait pas eu le courage d'y retourner. Un autre jour. Dans une autre vie. Ou peut-être nourrissait-il l'espoir qu'elle tournerait d'elle même la page, et viendrait le retrouver. Comme s'il sentait son esprit s'emballer, il se releva, chassant la langueur de ses os et ses muscles pour aller ouvrir la fenêtre. Changer d'air, sentir la brise encore chargée de fraîcheur nocturne lui glacer les jours, cela eut le mérite de le réveiller. De le calmer, en plus d'emporter les effluves de cigarette. Il demeura un instant les yeux rivés sur la rue, vide.

-Pour en venir à vouloir te faire toi même payer, tu dois être un meilleur gars que ce que tu penses. (Un rire, tordu cette fois, avec un accent faux.) Meilleur que moi.

Il se détourna, offrit un regard de nouveau familièrement calme à son Grenouille. Plus ils discutaient, plus ils laissaient échapper de bribes d'un passé confus, et plus Kyle avait la sensation qu'ils étaient étrangement identiques, et à la fois radicalement différents. Il n'y avait qu'à voir leurs états d'esprit contraires, qui s'accordaient pourtant pas mal dans cette situation.

-À quoi elle ressemble? Camilla? Passionnée de tragédie, comme toi?

Curiosité pure. Rien d'autre. Il se demandait si, quelque part, d'autres avaient le même lien que sa sœur et lui entretenaient avec tant d'aisance, avec quiconque. Ce lien qui laissait un immense vide, au fond, sans qu'il ne veuille s'y attarder.
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Dim 2 Déc - 19:31
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L'avait-elle abandonné ? Pire que ça, elle l'avait trahi. Et pourtant il avait fermé les yeux là-dessus. Parce qu'il l'aimait. Il avait été prêt à tout pour elle, de manière assez stupide et irréfléchie. Il l'avait regretté.

- Elle m'a lâchement abandonné, plusieurs fois. Mais je comprends, il n'est pas aisé de vivre avec un alcoolique, un toxicomane. Tu te verrais, vivre avec une loque humaine pendant des mois, des années ? Même moi je ne me supporte pas. Je la pardonne.

Tout était vrai, il ne mentait pas même à un pourcent pour embellir la chose. Il n'y avait rien pour rendre les faits plus agréables ou moins pathétiques. Il n'y avait là que la réalité brute et sincère d'un type à bout de force qui parlait comme on suivrait une chandelle dans le noir. Aveuglément et avec les dernières forces de sa volonté.

Il l'observa se lever, ouvrir la fenêtre, eut tout le loisir de se laisser aller à ses tremblements tant que Kyle avait les yeux rivés sur la rue. Son amertume crevait les yeux, malgré la malvoyance exemplaire de Charles.

- Il n'y a pas d'homme meilleur qu'un autre. Il y a seulement des enculés profonds et des enculés un peu plus appréciables.

Il avait la faculté de voir et de appréhender tout ce qui croisait sa route en noir. C'était son super-pouvoir de sa dépression nerveuse dernière, il faut croire. Il avait un talent tout particulier pour ne voir aucun espoir autour de lui. Mais parler de Camilla ne ravivait aucune ancienne beauté, à moins que ce ne soit ma beauté de la terreur, encore une fois.

- Elle me ressemble beaucoup. Plus vraiment maintenant, mais dans le temps, surtout quand on était enfant, il arrivait aux gens de nous confondre. On a une voix très similaire. On s'habillait pareil. On suivait les mêmes cours de grec ancien à Hampden. On habitait le même appartement.

Elle lui manquait plus qu'il ne se l'avouait, et il n'aurait même pas besoin de le verbaliser tant Kyle devait pouvoir lire dans ses yeux comme un livre ouvert.
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