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Bois bien plus que tu ne dois

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Sam 17 Nov - 17:51
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Même quand toute sa réflexion se faisait balayer par l'alcool et la fatigue, il lui restait des citations à tour de bras. Il n'était jamais arrivé au niveau de Henry (il connaissait par coeur des pages et des pages de Dante en italien et citait des passages de Mme Bovary quand ils allaient à la campagne) mais sa mémoire était très bonne. Bon, plus trop maintenant, il lui arrivait de perdre des jours entiers dans les limbes de son esprit, mais ce n'était pas pire que quand il se shootait. Le crack était plus efficace que tout le reste quand il s'agissait d'oublier.

Charles avait déjà détaché son regard de celui de l'inconnu. Leurs yeux s'étaient croisés avec une certaine intensité, et si le jeune homme en était troublé, il n'affichait qu'un détachement exemplaire et se replongea dans la contemplation des motifs de bois sur le comptoir. Quatre minutes sur un verre, il devait fatiguer.

- On en revient toujours à la même chose alors. La recherche et la fascination morbide de la douleur. On met un bel acteur dépravé sur un écran et on remplit les salles. Les tragédiens de l'Antiquité avaient très bien compris ça. (Il leva le regard, rêveur, la voix fluette et lointaine) J'aime le cinéma en noir et blanc. Ca a un charme certain.

Avait-il eu droit lui aussi droit à l'abandon fraternel ? À l'entendre, on entendait bien le sous-entendu. Charles haussa les épaules en pensant à Camilla. Ils avaient cette connexion qu'ont parfois les jumeaux et ne s'étaient jamais quitté avant le "rock bottom hitting" de Charles, où il a débloqué, disjoncté, et où son cerveau malade l'avait rendu menaçant, violent, haineux. Elle avait fuit. Après les évènements et la mort d'Henry, elle était revenu avec un courage admirable. Elle l'encouragea et l'aida à rester sobre pour plusieurs mois, et quand il est retombé dans la boisson avec encore plus de ferveur qu'avant, elle n'avait pas supporté. Il était parti et elle ne l'avait pas retenu.

Charles intercepta le regard de l'inconnu, y lut une incompréhension flagrante et se rendit compte avec horreur qu'il avait parlé à voix haute. Il baissa les yeux et se frotta le visage de ses mains, dépité. Quel déchet il faisait.

- Hum, c'est Le Parfum de Süskind. Classique allemand. L'histoire d'un tueur en série, génie olfactif, être humain répugnant. Je ne suis qu'au début encore.

Il jura contre lui-même. Quel idiot. Il ne maîtrisait rien du tout, et certainement pas l'Enfer. Il le subissait, au maximum.
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Sam 17 Nov - 23:42
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Un tragédien en herbe, lecteur détruit, âme en peine et amateur de cinéma en noir et blanc, l’inconnu avait toute la panoplie du littéraire en plein mal-être, et cela manqua de tirer un nouveau sourire du blond. Pour peu, la situation deviendrait presque comique, mais elle était bien loin de l’être, d’un point de vue purement humain. Il en venait néanmoins à se demander s’il n’allait pas devoir faire un détour par quelques pans d’Histoire et de Lettres afin de simplement comprendre la moitié des références que pouvait bien faire son compagnon d’un soir. C’était une idée qu’il caressait avec une touche de paresse. Non, il n’aurait sûrement pas la volonté nécessaire à ouvrir de tels livres, mais se surprit à penser qu’avec une voix pareille, même rendue lourde par l’alcool, il pouvait bien écouter bien des récits, aussi anciens furent-ils. Il allait lui répondre, ouvrit même la bouche pour le faire, mais fut interrompu lorsque l’autre jeune homme laissa s’écouler une belle litanie de paroles qui n’avaient de sens que pour lui, et pour une oreille un peu trop attentive telle que la sienne. Il n’y comprit pas grand-chose, en effet, si ce n’était le fait que ce gars là était dérangé, plus encore qu’il ne le pensait. Et cela suffisait à séduire ses pulsions, celles qui le poussaient à s’approcher des choses étranges, de ce qui détonnait du décor, à danser au bord des falaises. La curiosité tue le chat, nul doute là-dessus, et c’était en connaissance de cause qu’il cherchait toujours de quoi le détourner de son ennui. Il avait une forme de perfection sous les yeux, en ces termes.

Une nouvelle fois, il laissa planer le silence, regard glacé rivé sur l’autre homme, et il se grattait pensivement le bras tout en maintenant le livre ouvert de sa main libre. Il ne fit aucun commentaire, mais ne quittait pas ce petit sourire trop malin, trop vide, alors qu’il scrutait le fruit de tant de malheurs et de péchés qui se frottait le visage comme un gamin perdu au bord du gouffre. Il releva le menton en l’entendant débiter une esquisse de résumé, et fut surpris de ne pas avoir à feinter l’intérêt. Présenté ainsi, le bouquin avait un côté attirant, qui s’effrita quelque peu pendant qu’il tournait des pages aléatoires. Une moue se peignit sur son visage, légère, enfantine, similaire à celle qu’il offrait à sa sœur lorsqu’elle le délaissait justement pour un de ces ouvrages ennuyeux.

-Ca m’a l’air tout à fait charmant, ton histoire, mais je passerai mon tour pour la lecture… Tu viendras me raconter la fin. Que je sache à quoi les humains répugnants doivent s’attendre pour leur dernière page.


Il le couvait cette fois d’un regard ouvertement moqueur, mais cette moue persistait, demeurait sur ses traits fins. Un tueur en série… Il n’en était pas un, songeait-il alors qu’il effleurait la reliure du livre du bout des doigts, distraitement. Il n’avait frappé qu’une fois, violente, mais n’en était pas moins aussi répugnant que celui que décrivait peut-être ce doux classique allemand. Du moins, c’était l’impression qu’il avait. Le regard de sa sœur, par deux fois, lui avait envoyé cette réalité en plein visage.

-Il va sans doute finir seul, ou mort. Dans un bar, à boire avec des inconnus puisque personne d’autre n’aura voulu de lui. C’est triste. Même si les inconnus peuvent être bien. Comprendre mieux que les autres, que les sœurs, et bien plus vite.

Il fit glisser le livre en sens inverse, nonchalant, sa manche se relevant dans le mouvement. Un beau ballet de vices dévoilés, là où dansaient des marques blanchâtres, fines, pâles sur sa peau laiteuse. Il n’avait jamais recommencé, mais n’avait jamais regretté non plus. Expériences, encore et toujours, la beauté dans le laid, les fleurs qui naissaient du mal. Quel dommage qu’il ait, lui, décidé de faire fleurir des roses écarlates sur des corps innocents, dont le sien, qui fût sa première tentation bien vite oubliée.
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Dim 18 Nov - 3:33
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Blblbl j'aurai bien répondu là mtn tout de suite mais je suis à peu près dans l'état de Chalres donc je vais éviter. Je ne voudrai pas gacher un tel RP de qualité hehehe
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Dim 18 Nov - 14:48
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Il avait l'impression de se prendre des coups de couteau face au silence appuyé de l'autre type du bar. C'était la pire des punitions. Le mépris et une certaine indifférence. Il était si doué pour mettre les pieds dans le plat. Il se frottait encore le visage - c'était un tic nerveux quand il avait bu, un geste mécanique et candide - et priait pour que l'autre brise le silence. D'habitude, il appréciait le silence. Mais là il s'était mis à nu, même pas volontairement. Avait-il dit quelque chose par rapport à Henry ? Les circonstances de sa mort ont une certaine valeur écrites noir sur blanc dans un journal, mais ne recoupent pas vraiment la vraie version des faits. Un coup d'œil à un article lambda et l'enquête se rouvre, et il retrouvera ses anciens camarades de grec ancien au fond d'une cellule.

Il observa la moue déçue que l'inconnu peignait sur son visage et se perdit dans la contemplation du mur d'en face. La nervosité s'invitait à la fête sans carton d'entrée et devalisait tous les cocktails. Il se mit à faire danser rapidement ses doigts sur le comptoir.

À l'entendre essayer de deviner la fin, cependant, Charles offrit un sourire honnête et charmant, amusé par ses idées.

- En vérité, on m'a raconté la fin. Le mec produit un parfum auquel personne ne peut résister. Il va dans une décharge, se greffe à un groupe de SDF et se recouvre de ce parfum. Les clochards présents le dévorent et ne laissent que sa chemise.

Grenouille avait une vie assez inhabituelle, sans hésitation. Ce n'était pas une bonne personne. Peut être même un des anti-héros les plus détestables de tous les temps. Charles aimait cela.

Il entrevit l'état du bras de son interlocuteur, et bloqua son regard de manière assez grossière, mais sans aucune mauvaise pensée. Il s'excusa avec un sourire et se passa une main sur le crâne. Il ne savait plus exactement ce qui était réel et ce qui ne l'était pas. Le terrain de bataille que représentait le bras de l'inconnu pouvait être de manière plutot probable une nouvelle hallucination. Il était assez bon pour dénouer le faux de la réalité mais parfois les illusions le prenaient au piège et il se laissait prendre. C'est certainement une mauvaise idée de mélanger ses cachets avec autant d'alcool.
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Dim 18 Nov - 17:11
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Visiblement, il était loin d'avoir trouvé la bonne trame pour clôturer ce roman qu'il venait de rendre au propriétaire, à en voir le sourire qui fleurissait sur les lèvres de ce dernier. Et ce sourire, il était un peu différent de ceux sans teint auxquels Kyle avait eu droit jusque là, et encore un peu plus loin de ceux qu'avait vu la serveuse. C'était bien fait pour elle, soufflait la partie la plus puérile de son esprit. De toute manière, en voyant vers quels sentiers ils se tournaient dans leur discussion, elle devait avoir abandonné toute idée depuis un moment. Plus franc, plus beau, ce sourire il lui fit battre un instant des cils comme pour s'assurer qu'il n'hallucinait pas pour de bon. Un alcoolique qui souriait, c'était supposé être inquiétant au pire, repoussant au mieux, mais décemment pas censé soutenir un pareil charme latent qui ne demandait que la sobriété. Ou alors était-ce ces étoiles floues qui dansaient dans les yeux de celui qui avait consommé plus que de raison, justement, qui en rajoutaient à des atouts déjà bien présents. Le plus jeune n'aurait su répondre à la question, il savait en revanche qu'il ne s'attendait pas à une réaction si positive pour une remarque aussi stupide.

Deviner s'avérait compliqué, et jamais son esprit tortueux n'aurait envisagé de telle fin. Dévoré par des sans-abris à cause d'un parfum, comme une vulgaire gaufre, ou un gâteau sorti du four. Le temps que l'image ne s'imprégnât dans ses pensées, ses lèvres s'étaient déjà étirées plus que de raison, et il se mît cette fois à glousser de façon presque incontrôlable. Ses yeux luisaient, d'un amusement simple, spontané, et il en vint à devoir mordre sa joue dans l'espoir d'amenuiser son rire. Bouffé par des hommes, quelle ironie.

-Au moins, je sais comment je ne veux pas finir, maintenant. Qu'il ne reste qu'une chemise de soit, un comble! Disparu sans laisser de traces, si ça ce n'est pas de la tragédie...


De nouveau, son regard croisa celui insistant de son aîné, et il le suivit sans réfléchir, avisant l'état de son poignet. Il ne réagit pas franchement, encore prit dans ses bulles de rire, et haussa vaguement les épaules à l'excuse muette qui lui fut adressée. En fait, il remonta même sa manche, contempla le carnage, et roula dramatiquement des yeux. Ce n'était rien, pour lui. Un détachement exemplaire, comme s'il était face à des tâches de naissance un rien originales.

-Faut croire que j'ai besoin de personne pour me bouffer, hm. Je le fais bien tout seul. Y'a des expériences foireuses, dans la vie, et tu dois être le mieux placé pour le comprendre...


Après coup, il trouvait même ça ridicule, mais cela l'avait aidé à un certain point de sa vie à mentir, toujours un peu plus. Mentir sur son mental, mentir sur son état psychologique lors de sa chute, de sa propre déchéance. Un dépressif, un suicidaire, ça n'était pas à blâmer autant qu'un simple homme poussé par des envies étranges. C'était une carte maîtresse, une clef à exploiter, et un atout qu'il avait créé sans le réaliser à l'époque. Il rabattit sa manche d'un geste nonchalant, de nouveau, planta ses yeux clairs sur son camarade.

-C'est parce que t'es complètement à l'ouest, que tu t'es remis à sourire?
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Dim 18 Nov - 17:58
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Le sourire qu'il servait à ce drôle d'inconnu n'avait rien à voir avec les sourires polis qu'il offrait à tout le monde, technique infaillible pour mettre les gens dans sa poche. Ça lui avait sauvé la peau quelques fois.

Il avait perdu le fil du temps alors qu'il suivait le mouvement de la pendule avec tant de concentration depuis le début de la soirée. Il vit qu'il était à peine minuit. Bon Dieu, il était rond comme une queue de pelle, triste et seul. Certainement que l'épuisement se lisait sur son visage. Ses yeux brillaient de la dopamine traître apportée par l'alcool et qui s'empressera vite de disparaître à nouveau dans quelques heures.

Il fut étonné de l'entendre rire et cela ne fit qu'à grandir son propre sourire. Lui qui avait passé presque l'entièreté de la conversation tourné vers le bar, peu entreprenant et le regard fuyant, fit pivoter son tabouret, manquant de s'éclater sur le sol, et posa un coude sur le comptoir.

- Tragique, en effet. Grenouille ne méritait pas beaucoup mieux, de toute façon. C'était un enculé de première. Un psychopathe, de surcroît. Un reclus, laid comme un gorille. Après, c'était un génie. Il avait au moins cela pour lui.

Il regarda avec des yeux vagues l'état du bras de l'inconnu. Plus il le regardait et plus ça avait l'air réel. Quand il remonta sa manche, comme pour observer l'étendu des dégâts, Charles avait encore un doute. Soudain animé d'un courage exemplaire, Charles approcha sa main et frôla du doigt une des traces. Okay, ça c'était réel. Il ne savait pas trop quoi dire.

- J'espère que tu avais bon goût, au moins. C'est une bonne expérience foireuse.

Moi j'ai tué deux de mes plus proches amis, ajouta-t-il pour lui-même. Au lieu de ça, il s'ébouriffa les cheveux.

- Mais je sais ce que tu veux dire. Très bien, même.

Il laissa sa phrase en suspend, très clairement en proie à des souvenirs vifs, des choses qu'on ne pouvait pas exprimer à travers de simples mots, même en mélangeant toutes les langues du monde pour en avoir toutes les subtilités.

Il trouvait très agréable d'avoir les yeux de cet inconnu sur les siens. Il croisa les mains à sa dernière question et, comme pour illustrer ses propos, peut être pour signer son arrêt de mort, commanda un nouveau verre.

- Le manque de sommeil me rend hilare. À moins que je n'entre dans les terres troubles de la psychose, je n'en sais rien. (il riait avec beaucoup de franchise, désormais) C'est bien possible que mon cerveau parte en vrille. J'ai pas mal d'hallucinations, pour être tout à fait honnête.

Pourtant, il n'était pas skyzophrène, aux dernières nouvelles, et cela lui arrivait parfois. Il souffrait de sa propre imagination, sursautait à chaque pas, voyait des ombres glissantes, des silhouettes longilignes, entendait des bruits particuliers, et croulait sous le poids d'une paranoia aiguë.
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Dim 18 Nov - 18:42
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C'était presque déroutant de l'avoir face à lui, désormais. Kyle avait eu tout le loisir d'admirer son profil, son dos et son expression de gars au bord du gouffre où il se jèterait bien à pieds joints, mais avait une toute nouvelle facette à sa portée. Le regard de l'aîné fuyait moins, brillait plus, et il ne semblait plus chercher à se cacher dans le bois du comptoir. Le blond demeurait tête penchée, esquissa une ombre de sourire amusé en constatant combien le tabouret était instable. Oh, il finirait bien par se ramasser à un moment ou un autre... Et il serait aux premières loges pour voir le spectacle. Mais, paradoxalement, il ne le désirait pas avec autant de force qu'auparavant.

Grenouille... Un nom bien étrange, qui fit se plisser ses yeux d'une bien curieuse façon, alors qu'il le scrutait des pieds à la tête. Grenouille. Amusant. Grenouille il serait, celui-là, jusqu'à ce qu'il lui donne son véritable prénom. Il n'avait rien d'un laideron, loin de là, et même le blond savait reconnaître une beauté lorsqu'il la voyait. Un enculé, psychopathe et reclus, en revanche, il avait comme un doute. Et son sourire se fit étrangement plus naturel, moins crispé, comme en réponse à la franchise du poète détruit qui vacillait sur son comptoir. Il ne put que tressaillir en sentant le toucher curieux à l'intérieur de son poignet, surpris, et une véritable lueur d'étonnement se lisait dans ses prunelles. Il laissa faire, néanmoins, retrouvant peu à peu son expression lasse, détachée, et revint appuyer sa joue contre son bras, reprenant sa position d'énorme chat lascif et paresseux.

-J'sais pas trop. Et tu sauras pas non plus quel goût j'ai, quel dommage, souffla-t-il d'une voix vibrante, malicieuse, et il laissait le poids des mots se charger du reste dans ce cerveau embrumé auquel il parlait.

À minuit passée depuis maintenant quelques minutes, il se sentait serein. Il préférait le soir, de toute manière, la nuit, même si son silence pouvait aisément le rendre dingue. Cette conversation était une aubaine. Une occasion de ne pas rentrer chez lui, retrouver ses peluches et ce silence mort, ce calme terrible qui rongeait sa patience. Un nouveau verre rejoignit les cadavres des derniers, et il leva les yeux au ciel de façon exagérée, l'air de dire que sa provocation avait amené exactement ce qu'il escomptait. Encore un verre, encore un, et peut-être qu'il ne passerait pas la nuit entier. Mais Kyle ne ferait rien. Il ne faisait jamais rien si ce n'était contempler le malheur. Et il y en avait, là, des choses à contempler. D'un point de vue physique comme mental. Puisqu'il ne fuyait plus le contact visuel, ses yeux restèrent dans ceux d'acier, fatigués. Il leur trouva une teinte appréciable. Un éclat métallique.

-La psychose? Fais gaffe aux douches, dans ce cas, tu pourrais regretter l'inverse.


Son commentaire était léger, le ton calme, mais il semblait pensif. Des hallucinations. Amusant qu'il en parle comme de la pluie et du beau temps, mais il n'était plus en état de réfléchir. Plus d'alcool que de sang dans ses veines. Et il en avait connu, d'autres gars, derrière les barreaux, qui voyaient bien des scènes. Des morts revenus à la vie, des fantômes, des reproches, et des regrets. Lui ne souffrait de rien de tout cela, mais comprenait bien le concept.

-Qu'est ce que tu vois, si souvent, des tragédies grecques qui se jouent, se rejouent devant tes yeux? Ou les monstres qu'on craint, dans les placards, quand on est enfants?


Tragédie. Tragédie, encore et toujours ce mot. Mais il était ciblé, dans son cas. Grenouille le si bien renommé en avait dit tant et pas assez. La tragédie de sa vie pouvait bien en porter le nom.
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Dim 18 Nov - 20:23
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Il était presque certain qu'il allait descendre ce tabouret d'une manière peu conventionnelle dans très peu de temps. Or, Charles était un maître dans l'art de perdre l'équilibre lorsqu'il buvait. Sa diction subsistait étonnamment bien mais il n'était pas surprenant de le voir tituber, se prenant des tables de la BU dans les tibias vers cinq ou six heures de l'après midi.

Grenouille n'était pas vraiment un patronyme très flatteur et Charles aurait froncé bien fort les sourcils en entendant cela, mais en l'occurrence il n'en savait rien et se contentait de sourire au néant, le regard paresseux appuyé contre le bar, jouant avec ses doigts. Un enculé, très certainement, et un reclus aussi, mais le jeune homme n'avait absolument pas la tempe d'un psychopathe. Il était rongé par les remords. Les psychopathes se contentent de repenser à leurs effusions sanguines en s'écumant les lèvres. Charles n'était pas comme ça. Chaque fois qu'il repensait à ses pêchés, il avait la nausée. Il s'était plus ou moins fait à cette idée, maintenant, mais il ne prenait aucun plaisir à ressasser les meurtres, le sang et la beauté du geste, si beauté du geste il y a.

Il entendit un sous-entendu à peine dissimulé dans sa phrase et Charles n'eut comme réponse appropriée qu'un dernier petit sursaut de rire avant de retourner à la case départ, se refermant à nouveau, face au comptoir, les cheveux dans les yeux. Il fallait qu'il se les coupe, la longueur de ses mèches blondes le faisait ressembler 1) un peu trop à Camilla et 2) à un pauvre vagabond qui n'a rien à faire dans une université.

- Tu m'en vois terriblement déçu, alors.

Mais la brèche qui s'était entrouverte venait d'être refermée. Il flottait encore dans l'air le souvenir de l'étrange connexion qui s'était tissée entre eux, l'espace de quelques minutes. Quelle drôle d'idée, de voir des scènes tragiques en boucle passer devant ses yeux.

- Jésus, non. Les hallucinations sont des choses assez ennuyeuses, en vérité. Seulement des silhouettes, des ombres inoffensives. Parfois j'entends de la musique ou des chuchotements. Cela n'a pas d'importantes répercutions. Simplement rend plus difficile de suivre une conversation, parfois.

Terriblement ennuyeux, c'était le mot. Sa vie ressemblait bien à une tragédie, cependant. Ou à un Disney particulièrement violent. Disney NC17. Mais surtout une tragédie, oui. La fin est preecrite et en aucun cas est-elle belle ou agréable. Il ne se donnait pas six mois avant d'abandonner l'école. Ensuite, certainement qu'il ira crêcher sous un pont, relier avec son ancienne vie de clodo, retomber dans la drogue et possiblement mourir d'une overdose, de froid, de malnutrition ou des trois à la fois au bout d'un an, grand maximum.
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Dim 18 Nov - 21:35
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À peine ouvert et sitôt refermé, on pouvait aisément dire de ce Grenouille improvisé qu'il ressemblait en tout point à une girouette émotionnelle. Loin d'agacer le plus jeune, cela en rajoutait à son amusement. Avec son attitude, ses cheveux lui retombant sur le visage, l'alcoolique avait une sacrée dégaine que Kyle ne lui enviait guère, mais il admirait au moins le fait qu'il parvenait à rester charmant malgré tout. Même si l'envie de dégager ces mèches qui barrait la vue de ces yeux embués le démangeait, le lassé qu'il était ne s'embarrassa pas à tenter la chose. Alors il ne broncha pas, demeura statique, tout occupé qu'il était à constater qu'à force de le gratter au travers du tissus, son bras lui envoyait une chaleur qui devait sans conteste signaler une rougeur irritée, là-dessous.

-Ajoute donc la déception à ton beau tableau de chasse, et tu as tout en ligne de mire pour passer une soirée encore plus terrible.


L'air de rien, il avait récupéré une paille dans son verre, une sur les deux qui siégeaient fièrement, et sans doute la prison avait-elle effacé bien des traces de bonnes manières puisqu'il alla piquer directement dans le verre voisin. De la provocation, nul doute, mais rien ne le laissait supposer à part son regard moqueur. Il devait être le seul dans toute la ville, si ce n'était plus, à boire de l'alcool à la paille en dehors des cocktails. C'était qu'il avait ses petites habitudes étranges, comme des vestiges d'enfance morte trop tôt, enterrée prématurément, et qui resurgissait dans ses gestes les plus anodins.

-T'es croyant, ou bien? Ne pas user en vain du nom du seigneur, tout ça... Un péché de plus sur la liste, la rédemption se fait attendre.


Il se laissa une seconde pour réfléchir à ces illusions qu'avait le tragédien en herbe. En plus d'être ennuyeuses, elles devaient sans doute lui peser plus qu'il ne voulait l'admettre. En parler à un pur étranger, il fallait le faire, mais Kyle prenait tout ce que l'on lui donnait, chaque bribe de parole, sans donner grand chose en retour. Il claqua sa langue contre son palais, la brûlure de la boisson bien agréable dans sa gorge.

-Quoi que t'en dise, ennuyeux ou non, c'est pas la sensation la plus recherchée au monde que d'avoir le cerveau qui vrille. Mais pour un gars bourré, tu parles bien, j'aimerai bien voir ce que tu donnes en ayant l'esprit clair. Regarde toi, tu tangues encore plus qu'avant, et pourtant tu me captives plus que les gens les plus éclairés de cette foutue ville.
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Dim 18 Nov - 22:11
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Il n'y avait aucun doute que Charles pratiquait l'instabilité psychique avec un très grand talent. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les gens n'en sont généralement pas très ennuyés. La plupart acceptent ses longues périodes de silence pesant, ou au contraire ses excès de joie enfantine.

Il écouta la remarque de son compagnon de boisson en lui jetant un coup d'œil en biais avec un air indéchiffrable peint sur le visage. Alors qu'il parlait, son regard buta sur un détail juste derrière l'épaule gauche du jeune homme. Comment n'avait-il pas pu le voir avant ? Au milieu de la pièce trônait un grand piano à queue. Il n'arrivait pas à croire qu'il soit venu se pinter la gueule tant de fois sans jamais avoir remarqué sa présence. Seigneur, il aurait aimé pouvoir y poser ses mains.

- Aucune soirée n'est une bonne soirée, de toute manière. Déception ou pas ça reste de la merde.

Sur ces paroles emplies de positivisme effronté et de joie frôlant la décadence, il observa l'autre garçon boire dans son verre avec une longue paille grise d'un air détaché et ennuyé. Charles haussa les épaules.

- J'ai grandi dans une famille croyante. Ce sont le genre d'expression que ma sœur et moi avons entendu de la bouche de notre oncle toute notre enfance. Je crois bien que je crois en un Dieu. Mais qui sait lequel. Peut être le véritable est-il Dyonisos lui-même.

Il n'avait pas dit Dyonisos au hasard, mais l'autre ne pouvait rien y savoir. Charles lui retourna la question. Il ne décrochait pas les yeux du piano, démangé par une envie pressante de jouer. La dernière remarque de l'inconnu était assez amusante. Si un esprit aussi embué que le sien arrivait à remplir ses attentes, il n'avait pas dû rencontrer beaucoup de lumières dans sa vie. Charles se passa une main sur le visage. Le cerveau qui part en vrille, ouais. On lui avait dit, de ne pas mélanger les cachets et les bouteilles. Il aimait beaucoup trop s'autodétruire pour écouter les recommendations de son docteur.

- Alors les gens de cette ville doivent être terriblement ennuyeux. Ma conversation n'a rien d'exceptionnelle. Je ne recrache que l'avis que je me suis fait sur des années de lecture et d'étude. Dis-moi, enchaina-t-il sans lui laisser le temps de répondre, crois-tu qu'on puisse jouer à ce piano ?
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