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Bois bien plus que tu ne dois

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Mar 6 Nov - 19:25
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Tic, tac, faisait la vieille horloge au-dessus du bar. C'était un drôle d'endroit où mettre une pendule de ce genre, pensa Charles. Il l'observait comme si elle représentait la dernière chose digne d'intérêt de ce monde. Comme d'habitude, il était seul au bar. Il venait seul, repartait seul. Ce soir, il avait pris la sage décision de ne pas sortir pour boire, histoire d'être en état de suivre son cours de huit heures, le lendemain, et bien entendu, avant dix heures il était venu se percher sur son tabouret. Le manque n'est pas une vieille blague entre alcooliques ; il existait réellement, torturait l'estomac, retournait le ventre, donnait des palpitations et des sueurs froides. De plus, il était déprimé. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Il avait pris un livre, vieille habitude (Le Parfum de Süskind. Etrangement, Grenouille lui faisait penser à Henry. Ce n'était pas du tout une bonne chose) mais ne lui avait même pas adressé un regard, se contentant de vider consciencieusement sa carte bleue, buvant verre sur verre.

La femme du bar en pinçait pour lui. Il avait le chic pour les serveuses, il le savait. Il lui avait servi un des sourirs dont il avait le secret et elle ne cessait de lui tourner autour depuis deux bonnes heures. Elle l'appelait "mon chou" et lui offrait parfois un verre au milieu de l'océan qu'il commandait. "Quel âge tu as, mon chou ? Je t'ai pris pour ces petits puceaux de Cambridge qu'ont même pas l'âge d'acheter une bière." Au début, il faisait l'effort de répondre une phrase, désormais il haussait les épaules en guise de réponse. Cela semblait lui suffit. Elle essuyait ses verres avec fureur, ses seins énormes posés négligemment sur le comptoir. "Qu'est-ce que tu lis ? Un intellectuel, hein ? Tu ne ressembles pas aux jeunes de Blackwell." "Je ne suis pas d'ici." "Ah bon ? D'où viens-tu ?" "De Virginie." "Ah bon."

Elle ne cessait de dire ah bon comme si c'était une réponse tout à faire acceptable. Charles commençait à tanguer sur son tabouret. Encore une soirée d'ennui terrible. Encore une mauvaise soirée.
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Sam 10 Nov - 21:44
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Lorsque le soir était venu après sa journée de travail, Kyle n’avait pas songé une seule seconde qu’il terminerait dans un bar. Après tout, il n’était qu’un de ces merveilleux « puceaux de Cambridge » sans même sembler s’en rendre compte. La journée s’était écoulée de bien morne manière, et il n’avait pas eu la motivation de traîner sa carcasse près de Blackwell pour y revoir sa sœur. Depuis l’étrange soirée à laquelle il avait mis les pieds pour en repartir tout aussi vite, Violet s’était rappelé son existence. Il n’était pas persuadé pour autant que cela fut une bonne chose, avec du recul. Il revoyait encore cette horreur sur son visage, et ce n’était pas un souvenir qui l’enthousiasmait. Il ne pensait pas lui faire peur. Il ne pensait pas la révulser à ce point, mais il n’avait pas la main sur le cours du temps, à son grand malheur. En somme, le jeune homme avait toutes les raisons du monde de vouloir se changer les idées.

La prison taillait le visage des gens, c’était un fait. A tout juste dix-huit ans, il était aisé de donner à Kyle une poignée d’années supplémentaires. Cela ne se jouait pas au physique, mais à cette lueur étrange dans ses yeux. L’étincelle de quelqu’un qui, s’il n’a rien vu de la vie autre que des barreaux durant cinq ans, paraît pourtant avoir paradoxalement tout vu. Aucune candeur, aucune innocence ; la sienne était de toute façon enterrée depuis bien longtemps, en compagnie de ceux qu’il avait brisé. C’était donc en ces termes qu’il s’était faufilé sans grand problème dans ce bar, celui qui abriterait la rencontre de la nuit, d’autant qu’il ne commanda guère autre chose que de l’eau gazeuse. Peut-être basculerait-il vers l’alcool, mais rien n’était certain, et pour cause : pour un homme au contrôle tel qu’il l’était, comment se permettre de le perdre ? Son verre à la main, il ne se souciait pas outre mesure de ce qui pouvait se dérouler autour de lui. Il avait sa boisson, ses deux pailles, et du temps à tuer, mais la lassitude le poussa néanmoins à s’attarder davantage sur les alentours. Ce fut dur de ne pas s’attarder sur ces seins qui se promenaient derrière le bar, mais il n’était pas le premier concerné par cette délicate attention, aussi le regard clair du jeune homme se porta-t-il vers la charmante victime des tours de charme de la contestablement charmante dame. Un gars. Il ne se fatigua pas à associer un âge à ce minois. Il se mit à frotter pensivement son pouce contre son index, le silence ponctué des « ah bon », oh combien intelligents, de la serveuse. Ce qui attira davantage son œil fut le fait que cet inconnu portait sur le visage une expression qu’il ne saurait qualifier ; mais Kyle réalisa sans peine qu’il ne devait plus être très frais. S’il l’effleurait, nul doute qu’il pourrait bien tomber de son tabouret. Avec un manque d’expression flagrant, il poussa son verre d’eau vers l’autre, mais ses yeux luisaient désormais d’un certain intérêt. Il y avait moyen de faire… Quelque chose. Il ne savait pas encore quoi, mais nul doute que ce serait mieux que de rester passivement assis à regarder l’heure tourner.

-Un verre d’eau entre chaque verre d’alcool, hm, et peut-être que la prochaine fois tu tiendras jusqu’à minuit…


Il n’y avait pas même de moquerie dans sa voix, qui, plate et lasse, vibrait pourtant d’une certaine excitation aussi déplacée qu’improbable.
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Sam 10 Nov - 22:00
Invité
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Si Charles attendait quelque chose ce soir, ce n'était certainement pas l'arrivée d'un inconnu sur le tabouret d'à-côté, coupant de court les pensées tournoyantes du jeune homme qui n'arrivaient même pas à être dérangées par la conversation ennuyeuse de la serveuse. Elle s'était envolée de l'autre côté du bar, voyant sans doute le nouvel arrivant prendre place, et perdit tout intérêt à essayer de - essayer quoi ? Ramener Charles dans son lit ? Coucher avec un mec aussi bourré ne devrait être un souhait pour personne. Il n'était pas assez saoul pour ignorer le nouvel arrivant et tourna son tabouret dans sa direction d'un coup de talon dans le bar. S'il tenait à peine sur son siège, l'alcool n'avait en rien diminué sa capacité à faire des phrases complètes ; mais cela ne saurait tarder.

Il était indéniablement mignon. Le genre de physique avantageux qui fait se retourner les filles dans la rue. Il avait un air sûr de lui, peu impressionnable, et un regard dur. Les yeux d'acier de Charles, vagues et ternes, rencontrèrent les siens avec paresse. Le jeune homme se mit à faire tourner son verre vide du bout de l'index avec une dextérité assez déconcertante. S'il avait commencé au Bourbon par pur plaisir gustatif, il s'était vite tourné vers la Vodka, moins chère. De toute façon le goût est de moins en moins discernable au fur et à mesure que l'on descend les verres. Il contempla les dires du nouveau venu comme Platon contemplait les dires de Socrate en se promenant dans les jardin de la Grèce.

- Je suis ici depuis suffisamment de temps pour qu'il ne soit pas inconvenant d'être ivre, je pense, dit-il d'une voix faible.

Il avait conscience de l'image qu'il renvoyait de lui. Un type maigre et pâle perché sur un tabouret avec la dégaine d'un jeune vagabond, le visage marqué, courbé comme un vieillard. Dire qu'il était à peine majeur.

- Etrange de démarche que de commander un verre d'eau au bar, ajouta-t-il.
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Sam 10 Nov - 22:20
Invité
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Il avait un visage qui n’inspirait sans doute qu’une vague forme de pitié, le visage d’un gars qui boit plus que de raison. Mais Kyle ne ressentait rien, lui, rien d’autre qu’une curiosité un brin obsessionnelle pour tout ce qui pouvait piquer son intérêt ou le distraire de ses longues heures d’ennui, passée à se demander si un jour prochain, son cœur réapprendrait à se contenter de la vie ordinaire et terne des gens tous aussi ternes. Alors il se contenta de pencher la tête, à la manière d’un animal un peu trop téméraire et soucieux de comprendre, tout en buvant une gorgée vague d’eau fraiche. Le verre vide de l’inconnu, vidé, ne le renseignait pas quant à sa consommation, et cela avait l’art de le frustrer modérément. Il apposa à la conversation un silence bref, à croire qu’il éludait ses propos, mais un sourcil finit par s’arquer, et ses lèvres esquissèrent la naissance d’un rictus.

-Un gars qui vient se paumer dans un bar à une heure presque matinale, c’est d’un passionnant… Lâcha-t-il dans un souffle, et sa mine se fit plus calculatrice, plus observatrice encore. Qui viendrait dans un endroit pareil, à une heure pareille ? Décemment pas quelqu’un avec une petite vie bien réglée, encore moins quelqu’un qui avait quelque chose à perdre.

Ses yeux se promenèrent, encore, et s’il n’avait été aussi détaché, d’aucun aurait pu penser qu’il matait ouvertement. Alors il avisa ce livre, qui trainait, mais tant la couverture que le titre ne lui parlèrent guère. Il n’avait jamais été grand féru de lecture, et pourtant sa sœur se promenait avec bien des bouquins entre les mains. Il était de ceux qui préféraient vivre l’action que de l’imaginer. Que ce serait frustrant, que de lire des versets épiques, pour jamais n’en vivre la moindre phrase. Une peine qu’il préférait s’épargner.

-J’ai assez perdu de temps dans ma vie sans en plus devoir m’amuser à en oublier des fragments à cause d’un vulgaire verre de trop. Ou peut-être ne suis-je pas assez désespéré pour ça, à toi d’en décider.

Il ne cessait de tapoter sur le comptoir, et sa jambe tressautait à intervalle régulier. Il n’avait aucune forme d’hyperactivité, mais force était de constater qu’en plus de ne pas apprécier demeurer immobile, il avait tendance à s’agiter lorsqu’il parlait. Une bien singulière forme d’expression qu’était celle de communiquer avec les mains. Car celles-ci ponctuaient plus ou moins chacune de ses phrases.

-T’es un type désespéré, toi, ou simplement un poète perdu dans les abysses du spleen qui le dévore ?


Il souffrait peut-être d’une culture bancale, en plus d’une fibre littéraire presque inexistante, mais l’art oratoire… Ca, c’était sa tasse de thé. Il appréciait cela. Le maniement des mots et des phrases. Pour frapper, blesser, enjôler. Tirer les ficelles d’un grand jeu qu’il adorait.
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Sam 10 Nov - 23:18
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Le type d'en face avait l'air en effet bien agité, à l'opposé du stoïcisme olympien de Charles, dont seules les pupilles se promenaient paresseusement à droite et à gauche avant de retomber sur le regard scrutateur du nouveau venu. Il n'aimait pas inspirer la pitié. C'était une chouette émotion, pourtant. Un intérêt désintéressé pour un autre individu. Tout le monde pourtant s'assurait de la rendre pathétique, sale, presque dégoûtante. Charles haussa les épaules. Passionnant ? Il n'avait jamais considéré ses occupations d'alcoolique endurci passionnantes. Vaguement scandaleuses, oui. Sans plus. Il prit bien gare à ne pas répondre et commanda un autre verre. Il passa au Whisky, lassé du goût détergeant du contenu de ses verres. Il en aurait bien proposé un à ce type, mais s'il se promenait avec un verre d'eau il était peu probable qu'il accepte un verre de Sky.

Il n'était pas difficile d'être moins désespéré que lui. En tout cas, il appréciait le lyrisme de son nouveau compagnon de comptoir. Propre sur lui, droit, il était l'exact opposé du jeune buveur. Il le laissa tirer les ficelles ; peu lui importait le déroulement de la conversation tant qu'il ne révélait rien de dangereux ou de potentiellement stupide pour sa liberté. Il haussa une épaule dans une vieille habitude caractéristique de sa jumelle et lui.

- Certainement un peu de deux. J'ai des choses à oublier. Le verre de trop, je l'attends avec impatience, si tu veux tout savoir.

Un type désespéré, sans aucun doûte. Pourtant, il contourna la question avec habileté. Il prit une gorgée de son verre et le posa avec rudesse sur le comptoir.
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Sam 10 Nov - 23:35
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Whisky, donc, mais il avait comme le sentiment que ce gars là pourrait bien boire de l’alcool à désinfecter pour peu que cela pu l’apaiser. Il termina son propre verre, et finit par se laisser tenter par la même chose que le désespéré du soir. Comme quoi, les apparences étaient trompeuses. Et Kyle n’avait d’un ange que la gueule, et une main qu’il pouvait tendre ne masquait que le couteau derrière son dos. Il avait besoin de se réveiller. Aucune question, aucun âge, la serveuse était tellement occupée à minauder que servir des inconnus au bataillon était le cadet de ses soucis. Mais ne voyait-elle donc pas qu’elle courait après quelque chose d’intangible et d’inatteignable ? Les gens, parfois, étaient incompréhensibles, et ce fut ce qu’il songea en descendant sa première gorgée, les yeux directement plantés dans ces miroirs sans vie qu’étaient ceux de l’alcoolique anonyme, si l’on pouvait très ironiquement le surnommer ainsi. Il haussa les épaules, tressauta à peine lorsque le verre heurta le comptoir. Le son n’avait rien d’agréable, et il roula des yeux comme si ce geste inutile portait atteinte directement à ses principes.

-Qu’à tu donc à oublier qui requiert de se mettre à mal, un meurtre ? Et son ton était bien trop léger pour concorder à un tel sujet : Le verre de trop pourrait bien entraîner le tien, ce s’rait un comble.

Boire pour oublier. Un concept qui le dépassait, comme tant d’autres choses. Lui ne voulait justement pas oublier. Rien, pas une parcelle, pas un éclat de métal ni une euphorie passée. Il avançait sur un territoire inconnu, le territoire des personnes hagardes, des âmes paumées en pleine tempête. Il sirotait sa boisson plus qu’il ne la buvait. Il n’avait pas le palais insensible d’un grand consommateur, la gorge déjà brulée par trop de bouteilles. Trop jeune. De tous les démons du monde, le seul qu’il ne possédait pas était bien celui-ci. Triste palmarès.

-Si tu t’effondres de ce tabouret, on considère ça comme une victoire, ou une défaite, en ces termes ?
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Sam 10 Nov - 23:54
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Il aurait pu parler de n'importe quoi. D'une rupture amoureuse, supposer la mort d'un être cher, la perte de son travail. Pourtant, il décida de mettre le doigt sur la seule et unique chose de vraie. Un meurtre. En fait, plutôt plusieurs. Il n'était directement responsable d'aucun d'eux, et pourtant le rôle qu'il avait joué à chaque fois le mettait aux yeux de la justice au même niveau de responsabilité que le mec derrière la détente. Il cacha avec difficulté sa terreur en l'entendant hasarder l'hypothèse du meurtre, essayant de faire passer sa surprise par une toux due à l'agressivité de l'alcool. Il baissa les yeux, termina son verre d'un trait.

Il ne savait pas quelle technique adopter et espérait que le mec était trop occupé à commander son verre pour voir sa réaction. Son cerveau lui hurlait d'enclencher sur une blague, quelque chose de lourd, et peu bancal, pour changer de sujet. Voilà ce qu'il craignait plus que tout au monde que l'on découvre.

Et puis il eut une épiphanie. Il pouvait s'en tirer de manière brillante s'il était suffisamment bon acteur. Seulement, il était trop ivre pour cela. Son verre était déjà terminé. Les verres étaient toujours trop petits, l'alcool jamais assez fort. Il se frotta les yeux. L'inconnu avait de nouveau posé son attention sur lui et il était pris au piège dans ses propres vices, son propre secret. Il se gratta la gorge.

- Je n'ai tué personne.

Ce n'était qu'un demi-mensonge, mais c'était toujours mieux que de rire et de dire "Ouais mec, si tu savais ! Tout ce sang que j'ai sur les mains m'empêche de dormir. Et encore si j'avais buté des étrangers, hein ? Ce serait si simple. Ne soit pas ami avec moi. Fais gaffe à ta vie, mec."

- Je ne sais pas. J'espère rentrer chez moi et accéder à mon lit, quand même. Mais ce ne serait pas une défaite terrible non plus. Peu importe.

Il fit un geste de la main pour signifier que ça n'avait aucune sorte d'importance.
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Dim 11 Nov - 0:14
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La réaction de l’autre ne put échapper au blond, qui ne releva cependant pas. Néanmoins, quiconque de suffisamment attentif aurait pu déceler ce petit sourire qui naissait peu à peu sur ses lèvres. C’était tout de même incroyable. Deux meurtriers, en somme, réunis au même endroit. Et pourtant Kyle ne mettait pas encore le doigt sur ce secret. Il nota simplement que ce sujet était pointilleux, mais cela pouvait tout autant être la surprise d’entendre parler du pire tout de suite. Alors il l’observa dans un silence presque religieux, l’espace de quelques très longues secondes, et son regard se fit acéré et inquisiteur, avant de se détourner. Il n’en tirerait rien à moins de parvenir à lui délier la langue en usant de ses pires vices. L’humain était tout de même fascinant. Le plus coupable des deux ne ressentait pas un souffle de regret, tandis que l’autre se flagellait l’esprit à grands coups. Une complexité écœurante.

-Même moi, j’aurais été plus convaincant en plaidoirie,
susurra-t-il avec un rire dans la voix, mais cette dernière était basse, et pouvait tout autant tomber dans l’oreille d’un sourd.

Il titillait, tapait dans une porte grande ouverte sans en donner l’air, juste pour voir. C’était l’arme des ignorants, après tout. Il n’obtiendrait rien, sans doute, mais la provocation avait parfois du bon. Il en savait quelque chose, et cette unique tournure de phrase laissait entrevoir un tout autre secret, qui lui n’en était pas réellement un. Il avala le fond de son verre, réprima une toux qui attestait que ces bêtises n’étaient pas coutumières pour lui, et pointa négligemment le livre qui trônait, les accusait de n’avoir pas été ouvert de la soirée :

-Alcool et bouquins. Beau mélange. Pas certain que ce soit ça qui t’aides à retourner au lit sans tanguer comme un navire en pleine tempête, en revanche.

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Dim 11 Nov - 0:34
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Effectivement, quelles étaient les chances pour que deux meurtriers se retrouvent au même endroit, au même moment, à partager un verre sans que d'aucune manière leurs pêchés soient reliés ? La seule différence, c'est que l'un avait purgé sa peine et l'autre était encore dans la nature. Le poids de la culpabilité pesait lourd sur les épaules. Certainement pour ça qu'il paraissait aussi voûté. Et aussi parce qu'aucun des meurtres n'était vraiment prémédité. Sauf Bunny. Pauvre Bunny. C'était un sacré enculé, mais il ne méritait pas quand même de trépasser de la sorte.

Il fut tenté de ne pas relever ses propos, enclencher sur autre chose pour éviter à ce que la conversation ne tourne pas trop en sa défaveur. Il n'était pas assez ivre pour risquer sa liberté, mais tout juste pour que son humeur fasse un looping et qu'il se mette à cogner ce pauvre type. Seulement, sa curiosité était piquée. Ce mec avait vu clair dans son mensonge (pas difficile, mais Charles ne pouvait que s'en vouloir pour sa faiblesse d'esprit) et pourtant il ne s'était pas barré en courant, pas plus qu'il n'avait appelé la police ou haussé un sourcil en riant et en le frappant joyeusement dans le dos. Non, le type avait juste gardé un simili sourire indescriptible et avait fait remarquer son mauvais jeu d'acteur.

- Je ne joue pas très bien la comédie après mon dixième verre, dit-il simplement. Je n'ai tué personne. Pas plus que tu n'as tué toi, en tout cas.

Il ne savait pas ce qu'il avançait. L'autre ne semblait pas vraiment apprécier le contenu de son verre et semblait drôlement inquiet à ce que Charles rejoigne son petit appartement minable à la fin de la soirée. Il rit d'un rire jaune, rendu gras par la boisson.

- Dans le pire des cas je dormirai sous un porche le temps de désaoûler. Le froid me tuera peut être pendant la nuit.

Il n'y avait rien de bien amusant là dedans, et pourtant il riait. Stupide.
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Dim 11 Nov - 19:15
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Il avait sous les yeux l’illustration parfaite de ce pourquoi il ne buvait jamais en excès, ou ne parvenait pas à s’autoriser à franchir un cap de non-retour dans ses consommations. L’homme face à lui était ce qu’on pourrait comparer à une belle loque humaine qui, non moins charmante, semblait susceptible de s’écrouler à la moindre brise qu’opposerait la vie à son passage. Et Kyle n’avait cessé d’observer, de noter, la fatigue sur ces traits, les ravages de l’alcool, et en un sens cela l’amusait. Aucun discernement, aucun filtre de mensonges ne pouvaient résister à cette dizaine de verre qu’évoquait l’inconnu avec tant de détachement, et à cela, le plus jeune eut un souffle amusé. Un dixième verre, un beau chiffre, trop rond et parfait, trop bien sorti pour être réel. Plus ? Moins ? Sans doute avait-il descendu des hectolitres durant sa vie pas bien plus longue que la sienne. L’ancien prisonnier s’appuya sur le comptoir, nonchalant, les yeux mi-clos, mais alerte dans sa posture. Il ne se détendait jamais, ne le quittait jamais vraiment des yeux.

-Oh, mais je n’ai pas besoin d’avoir bu pour ne pas jouer la comédie… Soit, je n’ai tué personne, j’imagine que c’est là tout ce que la décence nous autorise à dire.


Il en vint peu à peu à gratter négligemment son bras, sous sa manche, un son paresseux et régulier, à peine perceptible mais dont la seule existence suffisait à rythmer un peu ses pensées. Ce rire qu’avait l’alcoolique n’était pas avenant, pas attirant pour un sou, affligeant diraient certains, mais Kyle ne broncha pas, son visage toujours de marbre, mais il pencha de nouveau la tête, intrigué.

-Si tu as tant envie de mourir, fais au moins ça d’une façon plus lyrique, le poète. Ce que tu proposes ne fait rêver personne. Seul, sur un porche miteux, quelle merveille.

Il n’avait pas le cœur sur la main, pas même une bribe de compassion qui traînait là-dessous, mais l’autre homme le divertissait. En réalité, il ressentait une brève forme de fascination, envouté peut-être par cet afflux de choses qu’il ne comprenait pas. L’addiction, la déchéance, la culpabilité, incarnés en un seul être face à lui, offert à ses yeux et ses questions qui ne demandaient qu’à savoir plus. Après coup, finalement, il était charmant, à sa manière, à la manière d’un artiste éploré qui afficherait son âme écorchée sur des pages exposées à tous.
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