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Shadows settle on the place, that you left. (feat. Elijah)

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Sam 29 Déc - 12:28
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Shadows settle on the place, that you left. Our minds are troubled by the emptiness. Destroy the middle, it's a waste of time. From the perfect start to the finish line. Alec & Elijah

Shadows settle on the place, that you left.

Épuisé sans raison particulière autre que celle de survivre à chaque instant, le grand et fin étudiant s’allongea sur le lit double qui meublait son nouvel appartement. Sur le dos, les mains croisées sur sa poitrine, il ne parvint toutefois pas à trouver le sommeil immédiatement. Ses yeux scrutaient le plafond à la recherche de réponses sur cette immense toile vierge où il pouvait aisément projeter ses pensées. Rien d’autre que le vide, comme depuis quatre ans. Comme depuis ce jour damné. Mercredi, dix-huit heures – Alec s’était assuré de mémoriser le rendez-vous qu’il s’était lui-même fixé. Il lui avait fallu quelques semaines pour s’ajuster, se trouver un logement et trouver le courage. L’inconnu n’avait pas fait tout ce trajet pour reculer aujourd’hui. La confrontation aurait lieu après son cours. Il prendrait le prétexte de vouloir s’inscrire dans cette option et demanderait la permission au professeur juste pour voir. Pour deviner sa surprise, ou son absence de réaction peut-être. Douze ans les séparaient à présent et chaque fois qu’il y songeait, Alec avait la sensation d’être dangereusement penché dans le vide. Peu importait sa réaction, il en était venu à la conclusion qu’elle le blesserait inévitablement. Il déplaça douloureusement son corps sur le coté pour essayer de trouver suffisamment de paix intérieure et fermer les yeux. Il lui faudrait toutes ses forces pour ne pas lui cracher au visage, ou possiblement pour ne pas s’effondrer dans ses bras. Les minutes défilèrent d’abord, et s’évanouirent pour laisser place au repos provisoire de l’esprit.

La lumière s’était dangereusement évanouie lorsqu’il cligna des yeux et émergea. Un rapide coup d’œil au réveil qui trônait fièrement sur sa table de chevet en métal lui confirma ses craintes : Alec serait en retard s’il ne se levait pas maintenant, et qu’il ne franchissait pas la porte d’entrée dans les deux minutes qui suivraient. Ce délai effaça toute hésitation potentielle et le tira du lit en un rien de temps. Il se précipita dans le couloir, puis dans l’entrée, enfila son manteau noir en coton, jeta un coup d’œil réprobateur au miroir accroché à côté de la porte d’entrée – ses cheveux devraient accepter d’être domptés par le vent – avant de franchir celle-ci. La fraicheur du temps le glaça quelque peu avant qu’il ne puisse s’engouffrer dans le bus. Son sang frappait contre ses tempes, un mal de tête le gouvernait petit peu à petit peu. Qu’allait-il lui dire ? Par quoi commencerait-il ? Allait-il se taire et changer d’avis ? Mentir ? On lui aurait sûrement conseillé de faire marche arrière. Il n’aurait pas écouté.

Dix-sept heures cinquante-cinq : Alec pressa le pas pour entrer dans le bâtiment et atteindre la porte attenante à la salle de cinéma de l’académie Blackwell. Cinquante-huit. Le jeune homme grogna en silence. Avoir de l’avance était justement ce qu’il avait voulu éviter à tout prix. Mais la chance lui sourit lorsque les élèves furent libérés une minute en avance. Le nouveau venu laissa déferler la foule d’étudiants inscrits dans cette option avant de pénétrer dans les lieux encore sombres. Il s’approcha doucement du bureau du professeur, sur lequel une lumière était allumée.

Blond, grand, Elijah avait changé. Douze ans l’avaient marqué. Il était toujours aussi séduisant, si ce n’était plus, et son corps s’était élargi de muscles que l’on pouvait deviner par sa carrure. Alec fut frappé par cette image et ralentit le pas. Voulait-il vraiment détruire sa sérénité ? Son sang bouillonnait dans ses veines. Il avait chaud de colère, de fascination, d’incompréhension.

« Professeur Holtz ? », il s’était annoncé pour ne pas le faire sursauter. Dans sa voix, il n’avait pu contenir une once d’ironie.

« Pardonnez-moi. Je ne voulais pas vous déranger. Mon inscription à l’académie vient d’être acceptée, et j’aurais voulu me renseigner sur cette option. », il mentait, le regard fixé sur son visage, à la recherche de la moindre expression, de la moindre réaction. Le reconnaîtrait-il ? Sa mâchoire se serra un peu plus lorsqu’il réalisa qu’il avait raison : peu importe, elle le blesserait.

« Vous êtes bien le professeur Holtz ? », il voulait répéter son nom de famille, comme pour se garantir la véracité de la situation. Il ne rêvait pas.


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Dim 30 Déc - 12:47
Elijah Holtz
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2019 venait à peine de débuter et je n’avais pas la moindre notion des surprises que celle-ci introduirait pour le pire comme le meilleur. À l’instar de ma carrière professionnelle, mon couple était désormais stable et ne pouvait que se solidifier. Je ne me faisais donc aucun souci de ce côté-là. Mais qu’en était-il des aléas de la vie ? La part d’ombre qui me trottait incessamment en tête concernait mon projet : celui de retourner à mes racines l’espace d’une semaine. L’Allemagne. Le voyage était prévu pour les mois à venir. Inutile de préciser à quel point cela était à la fois risqué et angoissant mais tourner la page nécessitait des sacrifices. Je ne pouvais m’en sortir que libéré. Théoriquement. S’il me restait encore du temps pour travailler sur moi-même d’ici-là, je ne soupçonnais pas que mon passé me rattraperait prématurément en me réveillant à l’aube de cette froide journée de janvier. Le choc ne subviendrait qu’une dizaine d’heures plus tard alors que j’accomplissais mon rituel traditionnel : entretien de la barbe, douche, séchage et ainsi de suite. Mon allure devait être irréprochable pour la rentrée, question de principe. Reprenons sur de bonnes bases ! Aucun doute que je retrouverais Teddy dans notre lieu de rendez-vous habituel même si nous ne nous partagerions pas notre module en commun aujourd’hui. Je serais l’unique capitaine à bord cette fois-ci. Parfait pour éviter toute tentation me direz-vous alors que l’amoureux transit que je dissimulais à peine en était tout aussi frustré que soulagé. Il y a fort à parier que bientôt je devrai consulter pour schizophrénie.

Remettre les pieds dans la salle de cours à l’odeur si caractéristique que nous partagions habituellement et revoir tous ses visages familiers me procura un plaisir presque insoupçonné. L’éloignement avait été bref, pourtant je saisissais enfin l’ampleur de mon affection vis-à-vis de mes étudiants. Tous n’étaient pas exactement ce que je qualifierais de « crème de la crème » que ce soit au niveau de leurs résultats ni même de leur personnalité respective mais cela rendait leur groupe d’autant plus attachant. À chacun ses lacunes. C’est ce qui définit un humain après tout n’est-ce pas ? Les heures défilèrent pendant lesquelles je me renseignais sur l’avancée de chacun, écoutant des maquettes et répondant aux questions majoritairement pertinentes. Bien sûr, certains moins courageux stagnaient et n’avaient pour ainsi dire rien fait au cours du break hivernal. Difficile de leur en vouloir alors qu’il s’agissait d’une période supposée magique et familiale. Je conservais mes commentaires acides pour la prochaine fois en cas de récidive. Les « Il y a encore le temps » n’étaient malheureusement pas inconnus à Blackwell et plus d’un regretteraient d’avoir choisi cela pour credo.

D’après les informations météorologiques, le climat glacial risquait de s’intensifier d’ici peu avec des chutes de neige importantes menaçant de rendre les routes impraticables. Autant dire que je ne comptais pas m’attarder sur place outre mesure. J’étais à deux doigts de plier bagage lorsqu’une voix masculine vaguement familière m’arrêta avant que je ne m’élance à la suite des autres. Bon, voyons le bon côté des choses : si je mourais englouti sous une rafale de flocons je saurais qui blâmer. Lorsque je le fixais de mes yeux clairs, une drôle d’impression de déjà-vu me fit frissonner. Aucun son ne sortait de ma gorge. J’étais comme tétanisé, face à ce qui ressemblait à un fantôme depuis longtemps rangé dans un coin mais jamais oublié. Sûrement le remarqua-t-il puisque l’étranger me relança tout en essayant de ne pas se montrer trop insistant. En vérité, je devais avoir une drôle d’expression sur le visage alors que j’étais déchiré entre des émotions contraires. C’était impossible. Le hasard serait trop grand. Sans parler que la personne à qui je songeais ne prétendrait pas ne pas me connaître. Quoique ? Nous ne nous étions pas quittés d’une belle manière. D’aucune d’ailleurs puisque j’avais disparu sans explication. Mais cette façon de prononcer « Holtz », cet accent étranger dont je m’étais tant amusé en l’imitant lamentablement… Étais-je tout simplement en train d’halluciner ? Je détaillais cette tignasse sombre et ce regard bleu pénétrant comme pour essayer d’y lire la réponse à mes interrogations. Retrouver contenance, arrêter de le fixer d’un air aussi ahuri dans le cas où j’avais tort et prendre la parole constituaient le protocole à suivre immédiatement. Je me frottais les yeux pour m’aider à sortir de ma transe.

- Oui, c’est bien moi. Désolé, vous me rappelez… Ça n’a pas d’importance, dis-je en forçant un sourire accueillant. Je faisais forcément fausse route. Déjà, soyez le bienvenu. Ce module est un complément au cours de musique enseigné par un collègue et le mien qui concerne l’étude du cinéma. Suivre les deux n’est pas obligatoire pour y avoir accès cependant et…

Je m’interrompis brusquement dans ma présentation. Faisais-je le bon choix en me comportant de manière si détachée ? Plus je le regardais, plus mon cœur battait la chamade. Il me fallait en avoir le cœur net pour pouvoir être en mesure de dépasser cet état.

- Excusez-moi mais puis-je vous demander votre nom ?
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Dim 30 Déc - 14:47
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Ses yeux le fixaient tels des pieux plantés dans son regard. Alec aurait juré voir un souvenir s’y dessiner. Il l’espérait douloureux et dévorant. Qu’il souffre !, tentait-il se convaincre. Elijah semblait l’avoir reconnu. Ses yeux s’étaient indubitablement arrondis et sa bouche s’était relâchée pour laisser à son corps tout le loisir de se tendre, choqué. Le grand brun n’était pas le seul à dévisager, à épier, à essayer de cerner le moindre centimètre carré de peau. Le professeur en faisait de même avec celui qui s’était déclaré être apprenant. Ses yeux le transperçaient tout autant et le grand brun n’avait pas anticipé l’effet que cela produirait. Déjà tremblant sur ses deux jambes, il ne détourna toutefois pas la prunelle de ses yeux bleu azur. Comme sa réponse se faisait attendre, l’universitaire demanda encore s’il ne s’était pas trompé de salle de cours. L’acidité de son ton le déçut lui-même, lui qui l’avait souhaité toujours plus acerbe. Elijah ouvrit enfin la bouche et commença par s’excuser. La chaire de poule lui monta sur le corps tout entier quand la voix rauque déclara qu’il lui rappelait quelqu’un. « C’est bien moi », avait-il eu le culot de confirmer. Alec aurait pu douter : le grand blond mince et presque adulte d’autrefois avait laissé place à un homme imposant, en apparence sûr de lui, avec une belle barbe qui mettait en valeur sa mâchoire viril. Oui, ils avaient bien changé en douze ans. Mais certaines choses ne trompaient pas, comme son regard, la vulnérabilité qu’il trahissait pour ceux qui savaient l’observer. Son sourire faux fut aussi pathétique que sa tentative de reprendre pied. Le jeune homme humecta ses lèvres, visiblement impatient quand le professeur Holtz s’interrompit de nouveau pour en avoir le cœur net.


« Je crois qu’on sait tous les deux qui je suis, Elijah », sa voix raisonna dans l’espace vide de vidéo projection.

Il ne restait plus personne dans les environs. Tous avaient entendu les informations et s’étaient vraisemblablement précipités chez eux ou dans un endroit où attendre que la tempête passe – douce pathetic fallacy de la tourmente qui grondait dans leurs deux corps retenus. Alec n’avait pas peur qu’il prononce son prénom ici. Pour la première fois depuis plusieurs années, la tête brune se sentait en sécurité. Mieux encore, il avait le sentiment d’être la personne dangereuse dont il aurait fallu se protéger. Mais Elijah, figé dans l’effroi – ou peut-être plus certainement dans le choc de le voir ici – n’avait pas bougé d’un cil. Son regard, maintenant dérangeant, le scrutait toujours, certainement à la recherche de réponses. Alec refuserait de les lui donner, car c’était à lui de les fournir, de s’expliquer, de tenter de s’excuser, d’expier pour les péchés de sa famille.

« Quoi ? Tu ne t’attendais pas à voir un fantôme du passé venir te hanter ? C’est ça ? », grogna-t-il.

La colère lui montait aux oreilles et aux joues, les chauffant et les rougissant de plus en plus à chaque minute qui s’écoulait. Alec serra ses mains tremblantes pour former des poings et regagner contrôle sur son corps qui lui échappait doucement. Des souvenirs venaient également le poursuivre et le déstabiliser un peu plus.

« Tu n’as pas changé », déclara-t-il en laissant planer le doute autour d’eux.

Était-ce un compliment ou plutôt un reproche ? Seules ses lèvres faiblement étirées détenaient la vérité. J’aurais préféré que tu aies changé, songea-t-il. Ça aurait été plus facile.


« Professeur, alors ? Je dois t’avouer que celle-là, je n’l’avais pas vu venir ! »

Il faisait bien sûr référence à son propre père, défunt, qui était professeur et chercheur à l’université. Alec n’avait pas voulu le laisser parler, de peur que son courage ne succombe à la vision douloureuse qui s’imposait à lui. La tristesse menaçait de prendre le dessus à chaque instant, et le jeune homme avait l’impression que la première émotion était celle qui lui permettrait d’aller jusqu’au bout.


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Dim 30 Déc - 16:51
Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
La confusion est un drôle de sentiment tant il mêle perplexité et refus de s’avouer la vérité alors qu’elle est aussi visible que le nez au milieu de la figure. En dépit de cela, je ne pouvais me résoudre à me convaincre que celui qui se tenait devant moi avec des jambes de plus en plus flageolantes n’était autre que le garçon de quinze ans qui avait tant compté pour moi durant les pires années de mon enfance/adolescence. Lorsqu’il prononça mon prénom avec une étrange forme d’animosité, il me fallut me rendre à l’évidence que mon instinct ne m’avait pas joué des tours. Il était bel et bien celui que j’avais embarqué pour mieux zieuter dans les vestiaires des filles, ou encore le gamin à qui je déballais toute mon existence – si ce n’est le plus important finalement. Je ne supportais pas la lueur de rancœur qui faisait briller ses prunelles alors qu’aucun de nous ne semblait décidé à quitter l’autre des yeux. N’y tenant plus, je me mis dos à lui tout en prenant appui sur mon bureau, paumes posées à plat sur la surface froide. « Fantôme du passé. » Oui, c’était exactement ce qu’il était. Il n’aurait pu choisir termes plus appropriés. À nouveau je perdais l’usage de la parole et me barricadait dans le mutisme. Personne ne viendrait à mon secours malgré mes supplications. Mes pensées se dirigèrent vers Teddy mais ce dernier n’était normalement plus dans les horizons. Il n’y avait que moi. Moi et une retrouvaille rancunière qui ne manquerait sûrement pas de me cracher à la figure. Ce que je méritais.

Alec « Slender » McArchty n’était pas avare en répliques alors que, de mon côté, je me taisais dans le but d’encaisser la nouvelle. Le décès de mes parents m’aurait laissé bien plus indifférent que la situation à laquelle j’étais confronté. Affreux à dire sûrement mais pouvait-on m’en blâmer ? Les souvenirs m’assaillaient de toutes parts comme ce surnom stupide dont je l’avais baptisé durant sa poussée de croissance. Il semblait ne jamais s’arrêter de grandir, sa silhouette s’étirant chaque semaine un peu plus. Il faisait même partie des croyances locales qu’il finirait par atteindre les deux mètres à ce rythme. Aujourd’hui, je pouvais témoigner que ce n’était pas le cas. Il n’en était pas moins svelte et me battait probablement d’une poignée de centimètres. Marrant comme le futur semble nous fournir qu’un verre à moitié vide. À moitié plein ?

L’ironie du sort fut qu’alors que je rabâchais ces absurdités dans mon crâne, le brun me lança un « Tu n’as pas changé » à l’interprétation aussi douteuse que mystérieuse. Compliment ou reproche ? Allez savoir. S’il n’épiloguait pas sur ce point je n’en saurai sûrement rien. Mon regard perdu dans le vague semblait fixer mon fauteuil vide tandis qu’un flot de pensées incontrôlable martyrisait mes tempes. J’allais exploser, à moins qu’il décide de se taire. Enfin, je perçu une ouverture plus cordiale quand il mentionna mon métier. Je laissais échapper un léger rire ironique. Je savais où il voulait en venir.

- Oui, difficile à croire. Ton père a inconsciemment dû me faire forte impression…, avouais-je d’un ton décousu alors que je le réalisais pour la première fois. Comment va-t-il ?

Je choisis cet instant pour prendre mon courage à deux mains pour lui faire face. Une ombre passa sur son visage. Le verbe « passer » n’étant pas adapté puisque cette dernière semblait s’attarder contre toute logique. Quel était son problème exactement ? Qu’attendait-il de moi ? J’enchaînais rapidement tant que j’en avais encore la force :

- Haïs-moi autant que tu le souhaites. Insulte-moi, rappelle-moi que je suis une merde pour ce que j’ai fait. Vide ton sac. Fais-toi plaisir.

Je marquais une pause, retenant ma respiration. Mais les vagues n’arrivèrent pas suffisamment vite à mon goût, manquant de me fouetter de plein fouet. Ainsi, ce n’était pas à cause d’elle que je sentis l’humidité gagner mes yeux et se déverser sur mes joues à la barbe fraîchement taillée.

- Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu cherches quoi ? Des excuses ? Un punching ball ? Dis-moi ! me surpris-je à crier avec une montée d’impatience qui me brûlait de l’intérieur, souillant mes entrailles.
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Dim 30 Déc - 18:32
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Shadows settle on the place, that you left. Our minds are troubled by the emptiness. Destroy the middle, it's a waste of time. From the perfect start to the finish line. Alec & Elijah

Shadows settle on the place, that you left.

Bras et jambes tremblaient de plus en plus fort, paralysant Alec sur place qui ne pouvait s’empêcher de regarder le dos courbé de celui qui longtemps avait été son meilleur ami. Le grand blond ne pouvait même pas se résoudre à le regarder droit dans les yeux et à faire face à ses remords. L’étudiant se surprit à le haïr plus que de raison. L’espace d’une seconde, il songea à comme il aurait été facile pour lui de le blâmer pour tous les maux de ses parents, cette immonde et infecte famille, pour tout ce qu’il avait subi dans sa vie, pour ses peines, ses pleurs… ses rires aussi, et certains sourires qu’il n’avait réservé qu’à lui. Pourquoi tout cela lui paraissait si dur, maintenant qu’il se trouvait devant lui ? À quelques mètres à peine. Alec aurait pu prendre Elijah dans ses bras. Ou le frapper au visage. Dis quelque chose. Lâche ! Les mots ne traversèrent cependant pas le seuil de ses lèvres. Il en était incapable. Il ne pouvait se résoudre à l’insulter ouvertement, lui qui avait tant compté.

***

« Hey, Slender, attends deux minutes ! » Alec se tourna en direction de celui qui venait de l’appeler par son surnom. Un pseudonyme affectueux frais de quelques semaines à peine. Le garçon de quinze ans à peine ralentit et laissa le sportif le rejoindre.
« Hey ! J’t’ai déjà dit d’arrêter avec ce surnom ridicule. T’es pas censé être en maths toi ? », le réprimanda-t-il, non sans humour. Elijah balaya la question d’un rire sincère et posa sa question.
« Qu’est-ce que tu dirais de passer à la maison tout à l’heure ? Ma mère a fait faire des cookies pour ses amies fortunées et j’me disais que ça pourrait être sympa de discuter. »
 
Loin d’être naïf lorsqu’il s’agissait de lui – c’est en tout cas ce qu’il aimait penser – Alec arqua un sourcil méfiant.
 
« Si c’est une excuse bidon pour me faire faire ton français ou tes maths, sache que je ne ferai rien d’autre que manger. », prévint-il, faisant rire son ami.
« J’voulais juste savoir si t’allais bien… Tu sais, par rapport à tout ce qu’il s’est passé… », Elijah avait finalement avoué.
« Je vais très bien, Eli’. Je n’ai jamais été amoureux de Will, contrairement à ce que ce boulet semblait penser. »
 
Si seulement Elijah avait su. Quelque mois plus tard, ce dernier avait finalement arrêté de l’appeler ainsi. De l’appeler tout court.
 
***

Réalisant soudain l’ironie de la situation, Alec n’avait pu s’empêcher de faire un nouveau commentaire moqueur, sans toutefois réussir à demeurer glacial. Au fond de lui, tout au fond de lui, l’étudiant se réjouissait pour Elijah. C’est alors que le cinéaste saisit l’occasion de parler, enfin. Ce rire, même ironique, il sembla à Alec qu’il aurait pu le reconnaître entre mille. Un léger sourire triste se dessina sur ses lèvres avant de se figer dans l’effroi. Une expression dure, impénétrable avait pris place sur le visage de l’écossais. Alec serra un peu plus fort ses poings, sentant ses yeux se border de larmes. Il les retenait tant bien que mal sans pouvoir ouvrir la bouche. Autrement, des sanglots auraient rapidement déferlé et l’auraient empêché de parler dans tous les cas. Comment va-t-il ? COMMENT VA-T-IL ? En lui, pourtant, tout hurlait. Il voulait crier, le frapper. Les tremblements s’intensifièrent alors qu’il écoutait Elijah. Alec n’avait pas attendu sa permission pour le détester de tout son être. Quel genre d’ami disparaissait du jour au lendemain sans donner de nouvelle ? Le grand brun se rappelait un peu trop vivement de ce jour. Il se rappelait parfaitement de l’angoisse, des peurs, des pleurs aussi. Personne dans la famille du beau blond n’avait daigné répondre à ses appels, ou à ses coups sur la porte d’entrée. Personne ne lui avait rien dit. Alec savait juste qu’il était parti.
 
Puis des cris. L’insoutenable avait poussé Elijah à lâcher prise, les larmes aux yeux, et perlant sur les joues. Cette vision atroce termina d’achever les forces du jeune homme qui laissa à son tour apparaître les gouttes salées sur sa peau. Ses jambes allaient céder. Lui tournant le dos à son tour, Alec observa la toile blanche une fraction de secondes avant d’ouvrir la bouche, sec :
 
« Mes parents sont morts Elijah. Ils ont été assassinés il y a quelques années. »
 
Une pause. Un blanc. Des minutes. Mais ça tu ne le savais pas, comment l’aurais-tu su ? Hein ?
 
« Et toi tu… Tu ne sais pas, n’est-ce pas ? Tu ne sais pas pourquoi !? »
 
Il le réalisait aujourd’hui et croyait devenir fou. Bien sûr qu’Elijah ignorait le pourquoi. Évidemment ne savait-il rien ! Le professeur avait pris grand soin de disparaître et de ne prendre ou de ne donner aucune nouvelle. Alec fit volte-face et le fixa droit dans les yeux à travers l’eau qui coulait maintenant sur ses joues sans aucune retenue.

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que t’es parti ? Comme ça ? Sans prévenir ? Tu n’crois pas que j’avais le droit de savoir ? J’croyais qu’on était amis. Que j’étais même plus qu’un simple ami d’école. » 

Il hurlait à présent. C’était une bonne chose que les deux hommes aient été laissés seuls dans l’établissement.


« Qu’est-ce que j’ai été con ! Je t’ai attendu ! Tu te rends compte de ma connerie ? Je … t’ai… attendu ! », répéta-t-il en articulant.


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Dim 30 Déc - 21:38
Elijah Holtz
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À croire que le ciel allait nous tomber sur la tête alors que plusieurs branches, agitées par le vent, venaient sinistrement caresser des vitres donnant sur la salle de cours. Les flocons étaient toujours retenus pour les nuages à l’heure actuelle, mais nul doute que ce n’était plus qu’une question de minutes. Une heure tout au plus. Au train où allaient les choses, se mettre à l’abri chacun chez soi était compromis pour moi comme pour mon interlocuteur. Braver la tempête me terrorisait n’était rien comparé au cauchemar que je vivais éveillé. J’avais la tremblote, un nœud se formait dans le fond de ma gorge et un début de migraine se proclamait lentement mais sûrement. Quelles options se proposaient à moi si ce n’est de choisir la sincérité ? Je lui devais bien ça et même une infinité plus pour m’être enfui comme un voleur de mon pays natal. Tandis que je retrouvais l’usage de mes cordes vocales puis m’exclamais de colère, ce fut au tour d’Alec de me tourner le dos. S’il s’était montré accusateur et sans faille jusqu’ici, je venais malgré moi de trouver une brèche dans son armure. Et celle-ci semblait dangereusement douloureuse à en constater par le tremblement de ses épaules à m’en faire m’évanouir de chagrin. Ce ne fut rien comparé à la révélation qui compromis mon équilibre. Je m’appuyais à nouveau contre le bureau avant de me pincer l’arrêter du nez ? Je tentais maladroitement d’encaisser cinq des minutes les plus dévastatrices de mon existence. D’une voix affaiblie et étranglée, je soupirais :

- Je suis désolé… Je les admirais. L’un comme l’autre. Ils ont toujours été si gentils avec moi…

Est-ce que le volume de mes paroles arriverait à atteindre ses tympans ? Je n’en étais pas persuadé tant elles étaient fluettes. Je n’osais pas lui demander quelles étaient les circonstances de ce drame pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. En outre, je n’avais pas envie de le savoir. Je préférais rester dans le flou. Les savoir victimes d’un meurtrier me donnait déjà la nausée. Je revoyais encore leurs visages souriants et la générosité qui les caractérisait tant. « J’aimerais qu’ils soient mes parents » me souvenais-je avoir un jour confessé à mon interlocuteur alors qu’ils venaient de nous faire envoyer un goûter entre deux entrainements de skateboard. C’était bête, mais ce genre d’intention suffisait à les différencier des miens. Mais tout cela appartenait à une page condamnée à l’oubli désormais. Tout comme Alec n’était plus le garçon parfois empoté que j’avais défendu à plusieurs reprises d’idiots bagarreurs. Au contraire, si l’un était menacé de se prendre un uppercut dans la figure c’était bel et bien moi ce coup-ci.

Mon début de deuil fut abrégé par une nouvelle confrontation avec le brun qui se rebiffait encore. N’importe qui aurait pu penser qu’il avait repris des forces s’il n’était pas trahi par des traînées causées par les larmes lui coulant sur le visage. Le message était reçu. Il ne souhaitait plus se cacher, se replier derrière une hargne sans nom. Il se laissait aller, l’intégralité de la palette émotionnelle à son service. Je croulais sous les questions qui se succédaient sans répit, sans qu’il n’ait le temps de reprendre son souffle entre chaque point d’interrogation audible. La pièce résonnait de ses exclamations à en devenir sourd. Je sentais mon cœur se briser en mille morceaux lorsqu’il avoua m’avoir attendu durant ce qui avait dû être une éternité.

- Rien de ce que je peux dire ne sera en mesure d’excuser ce que j’ai fait. J’en ai parfaitement conscience.

Essayais-je de contourner le sujet pour éviter d’en venir droit au but ? Face à son expression incrédule, je compris qu’il n’existait pas d’échappatoire. Impossible de me défiler. Alec préférerait être enterré vivant sous la neige plutôt que de vider les lieux sans explication. À la vitesse d’un escargot, je m’avançais vers lui, yeux baissés, tout en improvisant mon discours étonnamment vide d’émotion. J’étais comme détaché des mots qui s’extirpaient de ma bouche. Blasé, fatigué de me remémorer ces instants.

- Tu te souviens de comment c’était chez moi ? lui demandais-je rhétoriquement. Un soir, mon père a de nouveau fait des siennes. Mais cette fois-ci j’ai riposté. Dès lors, j’ai su que je n’étais pas en sécurité, qu’il se vengerait d’une manière ou d’une autre si je restais dans les parages. Ne jamais s’en prendre à un homme dangereux ayant du pouvoir à volonté à sa disposition. Bref, j’ai profité de son départ aux urgences pour regrouper quelques affaires et je me suis tiré. Je me suis posé au Luxembourg pendant dix ans. Ça n’a pas été facile. Et ne crois pas une seconde que j’ai cessé de penser à toi car ce n’est pas vrai.

Arrivé à sa hauteur, je tentais de soutenir son regard après l’avoir capté.

- Je ne t’ai rien dit car j’avais peur que cela te mette en position de faiblesse. Ce n’est que récemment que j’ai commencé à me sentir bien, délivré de son ombre. Plus égoïstement, j’aurai été incapable de te faire mes adieux alors que tu te serais tenu face à moi. Je n'aurais pas pu partir. Écrire n’aurait été guère mieux. Plus cruel même. Et c’est ce qui fait de moi un lâche.

Silence. Délicatement, je me saisis de son poing toujours serré. Sa peau était bouillante, reflet du chaos intérieur qui régnait en lui. Je l’approchais de mon visage puis me plongeait dans ses yeux bleus.

- Vas-y. Je le mérite.

Sa tristesse me concernant avait commencé par un coup de trop il y a de cela douze années. N’était-ce pas là un moyen poétique de boucler cette fichue boucle ?
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Lun 31 Déc - 13:23
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Shadows settle on the place, that you left. Our minds are troubled by the emptiness. Destroy the middle, it's a waste of time. From the perfect start to the finish line. Alec & Elijah

Shadows settle on the place, that you left.

Retirant la clef de la serrure, le grand blond s’écarta tout en poussant la porte d’entrée et invita son meilleur ami à l’intérieur. Il pleuvait dehors et leur unique parapluie ne suffirait plus à les maintenir au sec très longtemps. La grande perche brune sourit, déplaçant quelques gouttes d’eau sur son visage, et s’engouffra à l’intérieur de cette belle et imposante bâtisse. Contrairement à son meilleur ami, Alec n’avait que très rarement mis les pieds chez lui. D’ordinaire, les deux lycéens profitaient de la rue, des installations sportives – pour qu’Alec puisse se ridiculiser un peu plus chaque fois – ou se rendaient dans des cafés. Mais Elijah avait toujours facilement proposé qu’ils se rendent chez Alec. L’aîné semblait apprécier sincèrement la présence de Mr et Mrs McArchty. Il s’illuminait encore davantage quand Scott, le père d’Alec, voulait lui parler de sa collection de livres anciens et le traînait dans sa bibliothèque. Le jeune écossais avait toujours pensé que ces livres n’étaient qu’une excuse pour passer du temps avec son paternel. Il faut dire que les relations qu’entretenait Eli’ avec sa famille n’étaient pas toujours très douces. Pénétrant dans le hall, Alec retira son manteau et l’accrocha pour le laisser perler sur le sol. Elijah en fit de même et l’invita à le suivre dans la cuisine. Des cookies !, se rappela-t-il.

 
« Ta mère n’est pas là ? Je devrais peut-être lui dire bonjour. », proposa le jeune homme en voyant son meilleur ami escalader un des comptoirs.
 
Balayant la pièce du regard à la recherche de la moindre photo compromettante du grand et courageux gaillard, Alec s’attarda sur Elijah comme il le faisait parfois avec une douce mélancolie – car il savait que tout cela était impossible. Cette fois, la mélancolie avait laissé place à de l’inquiétude. Ses yeux avaient confirmé quelque chose qu’Alec avait souvent redouté. Sous l’effet de traction, la chemise blanche et quelque peu humide d’Eli’ s’était soulevée alors qu’il tentait d’atteindre la boîte de cookies. Sous sa chemise, la peau encore délicatement bronzée du jeune homme se bombait en nuances de violets, de noir et de jaunes. Un hématome.
 
« Qu’est-ce que t’as, là ? »
 
Alec s’était approché sous le coup de la surprise. Il laissa son meilleur ami descendre du comptoir avant de soulever la chemise de force et d’observer la blessure de plus près.
 
« Eli’, j’déconne pas. Si tu m’dis que t’es tombé, je’ sais même pas ce que je te fais. », le prévint-il.
 

***
 
Des étoiles volaient dans ses yeux, alertant d’un malaise approchant. Mais Alec les ignorait. Elles dansaient parmi les larmes et se faisaient plus floues à chaque tremblement. Celui qui longtemps avait gardé cette place de meilleur ami – même après sa disparition – vacilla et dut se retenir au bureau pour ne pas tomber, écrasé par la nouvelle. Sa propre douleur le poussait à dire des choses atroces, à le frapper de ses plus infects mots. Ils n’auraient peut-être pas dû, justement, se surprit-il à penser lorsqu’Elijah se remémora à haute voix la tendresse des parents d’Alec pour lui. Ce dernier s’en voulut immédiatement. Sa voix douce et étouffée le fit regretter plus encore cette pensée. La mâchoire serrée, les dents fermement apposées les unes sur les autres, le jeune homme expia en rappelant la vérité :
 
« Ils t’apprécient beaucoup. Mon père ne montrait sa bibliothèque qu’aux membres de la famille. »
 
Cette révélation acheva de briser son cœur qui avait cessé de battre cette nuit-là. Très vite, les larmes qui roulaient sur sa peau pâle l’encouragèrent à ne pas le laisser se défiler. Alec entendait les branches et le bruissement des feuilles dehors. Il pouvait presque sentir le vent se lever, et traverser les portes pour concourir avec le chauffage de l’établissement. Mais il s’en fichait. Pire, il n’en avait rien à foutre. Rien n’aurait pu le détourner de son exigence pour la vérité. Car oui, il lui devait bien ça. Pourtant, lui-même ne trouvait pas les mots pour lui annoncer l’atroce ironie. Les questions fusèrent et le touchèrent en vol. Alec devait maintenant cligner plusieurs fois des yeux pour chasser l’eau qui y abondait, incapable de porter ses poings serrés à son visage pour essuyer ses larmes salées d’amertume. Elijah essaya de se dérober, s’excusant platement. Mais devant l’air déterminé et incrédule de l’écossais se ravisa. Il entama une marche lente dans sa direction. Stand your ground, Alec, il s’intima l’ordre de ne pas bouger, de rester fort malgré ses jambes meurtries qui lui réclamaient de plier. Acquiesçant du regard, le jeune homme invita le professeur à continuer. Oui, il se rappelait très bien. L’homme de vingt-six ans avait même imaginé son meilleur ami mort, tombé sous les coups de son père, lorsque celui-ci n’avait pas daigné répondre à ses questions. L’effroi pouvait se voir dans ses yeux. Alec songea à quel point il aurait été fier de l’apprendre toutes ces années auparavant. Mais aujourd’hui, la douleur n’en était que plus grande. Oh… Il s’est vengé… Il s’est bien vengé… réalisait-il amèrement. Un coup de massue. Dix ans ? Pendant dix longues années, Elijah avait été à portée. Il aurait pu prendre le train, demander à son père de l’emmener visiter le pays et revoir son ami. Mais non, celui-ci lui avait retiré tout droit en lui cachant la vérité.
 
« Tu as tort Eli’ », c’était la première fois qu’il réemployait ce surnom. « La chose la plus cruelle que tu aies faite, c’est justement de ne pas m’écrire. J’aurais préféré. Alors ouais. T’es qu’un lâche. Ton père méritait sûrement tout ça. Mais pas moi. Je ne méritais rien de ça, de tout ce qui est arrivé après… Je… »
 
Alec se tut, incapable de continuer. Elijah se trouvait maintenant dangereusement près, beaucoup trop. Ses gardes tombaient une à une. La colère vrombissait contre ses tempes, contre les phalanges serrées de ses poings, contre sa peau toute entière. Et pourtant, elles tombaient devant ce regard déchirant. Je te hais, voulait-il crier. Mais ce fut mentir. Peut-être était-ce là tout ce qu’il méritait, des mensonges ? Un contact, un frôlement, puis une prise plus ferme. Le blond – de quoi, vingt-huit, vingt-neuf ans maintenant – porta le poing ferme de son ex meilleur ami à son propre visage. Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu te fous de moi ? Tu crois vraiment que c’est ce que je veux ? Mais tu ‘comprends rien bordel ! Sa réaction attisait d’autant plus les braises de sa rancune.
 
« Je ne vais pas te frapper, Elijah. Ne compte pas sur moi. »
 
Son ton avait été ferme, sec et tranchant à la fois. Je ne suis pas ton père, semblait-il dire.
« Lâche-moi », lui ordonna-t-il, non sans freiner ses pleurs.
 
Alec se dégagea et partit s’asseoir sur un fauteuil rouge, comme pour admirer le film invisible de leur vie sur grand écran.
 
« Je t’ai détesté, tu sais ? », il marqua une pause, puis reprit en même temps que son souffle : « Alors tu ne les as plus jamais recontactés ? Tu… ne sais pas ce qu’il s’est passé ? »
 
Il devait en avoir le cœur net. Alec était conscient qu’il s’engageait sur une voie tortueuse, semée d’embûches. Comment avouer à quelqu’un que l’on aimait toujours que sa famille avait détruit la sienne de la pire des manières ?

Dehors, les premiers flocons tombaient. Légers et froids, comme les larmes qui roulaient sur leurs joues. Alec essuya ces dernières, voulant mettre un peu d’ordre dans sa tête.


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Mar 1 Jan - 18:06
Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
Oui, les parents de mon interlocuteur m’avait toujours traité tel leur favori. Pas qu’Alec fut un modèle de popularité mais ils m’enveloppaient d’une chaleur si indescriptible que je me sentais plus aimé que jamais en leur présence. Sentiment que mon propre arbre généalogique avait toujours échoué à me transmettre. Souvent, quand je passais la nuit chez eux, j’oubliais que nous ne partagions aucun lien de parenté. Purement de l’affinité. Nous discutions des heures durant au coin du feu, parfois de sujets sensibles et sérieux tels que la politique et la religion ou nous nous livrions à des banalités. Potins, aspirations, farces… Aujourd’hui, alors que je me tenais à Arcadia Bay, je nous revoyais encore assis autour d’une table à jouer à des jeux de société variés. Qu’est-ce que nous rigolions, notamment durant les mimes ! Se tourner en ridicule n’avait jamais fait partie de mes habitudes auparavant puisque considérer comme grossier et indigne de mon rang. Sans parler de cette unité que nous formions. J’adorais lire la confusion sur leurs visages (excepté celui du père) lorsque je ramenais des jeux de plateaux en allemand. Sûrement avait-il tout oublié depuis, mais « Slender » savait dire « dés » et « triche » avant même de savoir saluer dans ma langue natale. Bon ok, j’exagère. Mais pas des masses je vous assure ! Le réveil était dramatiquement brutal dès lors que je remettais les pieds chez moi. Savoir que ce n’était qu’une question de temps avant d’y retourner était source de courage et de joie. C’est ce qui m’empêchait de fuguer ou de me jeter dans un cours d’eau. Du moins, jusqu’à mes 18 ans. La suite effectuait un virage à 180 degrés et j’en affrontais désormais les conséquences avec douze années de retard. La triste vérité que l’écossais me jetait à la figure n’en était que plus douloureuse maintenant que j’étais au courant du meurtre de ceux qui lui avaient donné la vie. Était-ce pour me blesser ou au contraire me mettre du baume au cœur ? Je ne saurais le dire et, au fond de moi, j’étais persuadé qu’Alec était tout aussi indécis.

Lui conter mon histoire. C’est ce que ce dernier attendait de moi avec tant d’impatience, griffes et crocs acérés sortis si elle n’était pas à son goût. Me défiler ne lui convenait pas, m’obligeant à me plier à sa volonté. Je ressemblais à un gosse expliquant la raison de son mauvais comportement à son professeur. Honteux, le nez baissé, les mains remuant dans le vide sans la moindre conviction. Le visage défait, je craignais d’affronter son regard, reflet de son courroux. Pourtant, je ne pus y échapper une fois mon récit achevé. Impossible de prétendre que sa réaction fut contre toute attente. L’étudiant ne partageait pas mon point de vue qu’il jugeait sadique. À croire que c’était un gène qui n’épargnait personne depuis des générations chez les Holtz. Que Diable pouvais-je bien lui répondre ? Je ne comptais pas me chercher des excuses ni le supplier de me pardonner pour mes actes. À tort ou à raison, me tenir à distance était l’unique astuce que j’avais alors trouvé pour le maintenir en sécurité. Pas d’interrogatoires (légaux ou non), de surveillance, etc. J’avais préservé son innocence dans cette affaire. Dans ma hâte de quitter le pays, des erreurs de jugements avaient forcément été commises. Il était possible que celle-ci y soit incluse. Comment pouvais-je le savoir sans réécrire le passé ? Je n’y voyais qu’une alternative, une que je ne connaissais que trop bien alors que je glissais son poing entre mes doigts puis le plaçait à quelques centimètres de ma face. Frappe-moi. Rien de ce que je pourrais déclarer ne parviendrait à le soulager. Autant qu’il se défoule. Il en avait gagné le droit. Je ne riposterai pas. Son « Eli » m’avait d’autant plus remué que les personnes usant de ce surnom étaient rares. Teddy l’adorait. Mais ce n’était pas convenable de penser à lui dans un contexte aussi désespéré.

Une fois n’est pas coutume, Alec ne suivit pas mon raisonnement, m’ordonnant de le lâcher. Je m’exécutais puis restais planté là, pétrifié. Lors de ma dispute avec mon petit-ami, j’avais trouvé les mots pour nous rabibocher. Les gestes aussi. Pourquoi donc étais-je si impuissant ? Peut-être car j’étais en faute cette fois-ci ? Les larmes ne coulaient plus sur mes joues asséchées. Je n’avais même plus la force d’en former apparemment. Mon corps entier me paraissait flasque et sans vie. De gamin à cadavre. À moi seul je représentais le cercle de la vie. Le silence aurait duré une éternité si le jeune homme n’avait pas repris la parole. Un soulagement ? Laissez-moi en douter.

- Et tu en as parfaitement le droit. La question étant… est-ce toujours d’actualité ?
demandais-je faiblement.

Après tout, s’il ne comptait plus jamais s’approcher de moi à quoi bon poursuivre cette conversation ? Tout avait été dit. Nous ne risquions pas de nous faire un Trivial Poursuit dans le quart d’heure à venir comme au bon vieux temps. Je me raclais la gorge en quête de puissance vocale.

- Mes parents ? Non. Pour être franc je ne sais même pas s’ils ont réellement tenté de me retrouver ou s’ils ont préféré prétendre que j’étais mort dans un accident pour justifier l’état de mon père. Une pierre deux coups. Ils sont les derniers à mériter un traitement de faveur de ma part.

Je m’arrêtais le temps de m’installer sur le fauteuil voisin à celui d’Alec, joignant mes mains sur mes genoux tandis que j’arquais le dos. Mes yeux se perdirent dans la contemplation des premiers flocons de neige qui courraient derrière la gigantesque vitre. C’était si beau, si poétique… mais aussi glacial qu’à l’intérieur.

- L’ironie du sort veut que je compte retourner en Allemagne très bientôt. Ne serait-ce que quelques jours, accompagné de quelqu’un qui m’est cher. Lui faire découvrir d’où je viens, la culture du pays… Je n’y ai jamais remis les pieds si ce n’est à la frontière. Mais avec lui à mes côtés, j’espère trouver la force de les confronter. Pour leur dire quoi je n’en sais rien mais je dois clôturer ça pour de bon. Sans violence j’espère.


Le « lui » m’avait glissé des lèvres. Malgré tout, les termes employés demeuraient assez vagues mais il suffisait d’un tantinet de jugeote pour lire entre les lignes. J’avais assez donné pour les regrets ce soir. Tant pis. N’était-il pas là pour en savoir plus me concernant ? Ce qui me fit remarquer que je n’avais pas eu l’occasion de m’intéresser à lui, à celui qu’il était devenu. Je tentais alors de rectifier le tir. M’accorderait-il cette faveur que de se confier à moi ? J'étais préparé à échouer lamentablement.

- Et toi ? Tu es vraiment étudiant ou n’était-ce qu’une couverture ?
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Mer 2 Jan - 9:58
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« C’est rien ? Tu te fous de moi là ? », souffla-t-il en colère.
Elijah refusait de lui répondre, et maintenant de le regarder. Le jeune homme pivota sur le côté pour de nouveau lui faire face et le coincer contre le comptoir. Le blondinet ne pouvait plus s’échapper. Il lui faudrait dire la vérité. La douleur et la rancœur qu’il pouvait lire dans ses yeux le terrifiaient encore plus que la brutalité tout juste découverte sur sa peau.
« C’est pas parce que je suis plus jeune que toi, que je suis stupide. C’est quoi ça ? », demanda-t-il pour la dernière fois.
Blessé et honteux, Eli’ avait jeté un coup d’œil sur le côté, comme pour s’assurer qu’ils étaient bien seuls. Il lui avait ensuite demandé de le suivre dans sa chambre, son seul havre de paix dans cette foudroyante demeure.
« Tu aurais dû m’en parler… », murmura-t-il une fois la porte fermée derrière eux.
Fermement posté devant la fenêtre de sa cellule, Elijah ne répondit pas tout de suite. Il cracha ensuite sa rancœur avant de s’excuser, réalisant que son meilleur ami n’y était pour rien. Il ne voulait pas le mettre en danger, lui aussi. Le lycéen s’était toujours comporté en sauveur et avait continuellement tout fait pour le protéger. Jusqu’à rendre les coups à sa place. Jusqu’à mentir, apparemment.
« Est-ce que… ça arrive souvent ? »
Bien que jeune, Alec avait essayé de cacher l’inquiétude dans sa voix. Sans grand succès, peut-être. Lorsque son ami ne répondit pas, l’adolescent en tira lui-même les conclusions.
« Et ta mère ? »
Il regretta aussitôt sa question et, n’y tenant plus, se précipita sur son meilleur ami pour le prendre dans ses bras. Elijah protesta d’abord, puis se laissa aller à l’embrasse.
« Il est hors de question que tu restes là ce soir… Jeux de société, chez moi ? », proposa-t-il comme s’il s’agissait d’une simple soirée, comme ils en faisaient souvent. Peut-être était-ce pour cacher la haine profonde qu’il ressentait pour monsieur Holtz.
 
***
 
La vie avait ce quelque chose d’ironique. En souhaitant le mettre à l’abris, Elijah avait peut-être bien fait tout l’inverse. Évidemment, Alec ignorait la dangerosité des recherches de son propre père défunt. Il ne savait pas que ce dernier s’était rapproché d’un secret de famille, et que ce mystère lui coûterait un jour la vie. Lessivé, l’étudiant s’était assis à la place qu’il occuperait sûrement quelques jours plus tard, mais dans un tout autre contexte. Lui avouer son animosité lui avait coûté plus qu’il ne l’avait anticipé. Pourquoi ? voulait-il comprendre. Il n’y avait pourtant aucune raison de le regretter. Alec se sentait dans son droit. Personne n’aurait pu le lui reprocher, pas même Elijah ! Lorsque celui-ci demanda si l’exécration était toujours valide, le principal concerné se pencha en avant pour prendre sa tête dans ses mains. Une migraine s’installait doucement et menaçait de le foudroyer à tout moment. Soupirant, Alec consentit à répondre :
 
« Je ne sais pas. »
 
Il n’y avait plus aucune raison de mentir aujourd’hui. Pas quand ces mêmes artifices leur avaient tant coûté. Le jeune homme se redressa quelque peu pour écouter Elijah lui avouer sa méconnaissance des faits. L’ironie était trop grande et poussa le jeune homme à rire. Le professeur termina son explication en venant s’asseoir près de lui. Alec ne put tourner la tête sur l’instant, et conserva son regard ancré à l’écran. Ce qu’il entendit ensuite lui glaça le sang. La fournaise qu’il avait alors ressentie s’était éteinte, comme soufflée par le vent glacé d’hiver. Tournant la tête vers Elijah, le jeune homme cherchait les mots pour lui dire la vérité, et se perdit dans son regard.
 
« Je… Non, je reprends mes études. Après qu’on ait été attaqué… Hum… J’ai dû repartir au Royaume-Uni. D’abord, je n’étais pas… en état de me concentrer sur quoi que ce soit. Et puis, on me l’a déconseillé… Mais je me sens mieux, je crois. »
 
Pieux mensonge. On ne se rétablissait jamais vraiment de la mort de ses parents. Et encore moins lorsque celle-ci était violente, déchirante.
 
« Tu ne peux pas retourner en Allemagne, Eli’. Jamais… »
 
Si quelque chose devait lui arriver, Alec n’était pas sûr de le supporter. Seul le diable pouvait savoir ce que son père avait prévu pour lui, s’il parvenait un jour à lui mettre la main dessus. L’universitaire doutait fortement que l’exécution sommaire de ses parents ait suffi à étancher sa soif de revanche.
 
« Attends… ‘lui’ ? »
 
Réalisa-t-il à haute voix. La situation pouvait-elle empirer davantage ? Alec l’avait toujours pensé hétéro. Et celui-ci s’était toujours évertué à le lui prouver. Si l’adolescent de l’époque avait un jour cru leur amour possible, il aurait sûrement tenté de briser leur amitié pour construire quelque chose de plus beau sur les cendres encore fumantes.
 
« Tu veux dire que tu… »
 
Un sourire triste s’étira sur ses lèvres. Rien ne se déroulait comme prévu, absolument rien.
 
« Je ne savais pas. C’est… Je suis content pour toi, Eli’. »
 
C’était faux. Des nœuds s’étaient instantanément formés dans son ventre. La peur de le voir retourner en Allemagne avait fini de l’épuiser. Trop pour la colère, probablement. Cette conversation n’avait aucun sens et peut-être lui aurait-il fallu arrêter d’en chercher pour se lancer.
 
« Elijah… Il faut que je te dise quelque chose. Mais je ne sais pas comment le dire. Je n’avais pas répété cette partie. », lui avoua-t-il. « Tu as l’air heureux. »
 
Après tout ce qu’il lui avait fait subir, Alec ne pouvait même pas imaginer lui faire du mal en retour. Et il savait que cet aveu allait irrémédiablement entacher son bonheur.
 
« Promets-moi que tu ne te mettras pas en danger. »
 
Son regard bleu azur pénétrait le sien, à la recherche de la moindre hésitation.
 
« Je te déteste peut-être, mais je suis le seul à avoir le droit de te tuer », essayait-il de plaisanter pour noyer les trémolos dans sa voix. « Je… Je crois que la police sait qui a tué mes parents... Je crois que je sais qui a essayé de me tuer. »
 
Son regard s’embua de nouveau, mais les larmes s’asséchèrent rapidement, honteuses. Sans réfléchir, Alec posa sa main sur la sienne pour l’aider dans cette terrible révélation. Lui fallait-il lui dire ? Il en était incapable. Il n’y arriverait pas.

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Mer 2 Jan - 13:16
Elijah Holtz
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L’indécision. L’unique réponse que mon interlocuteur avait à me fournir quant aux sentiments qu’il me vouait. Je devais m’en contenter et me persuader que c’était un bon début. S’il me haïssait toujours avec véhémence, dans ce cas je n’aurai plus eu aucune chance de recoller les morceaux. Mais y parviendrons-nous ? Au-delà de tous ces mélodrames, quelle était la garantie que notre amitié n’était pas réduite en poussière ? Avoir roulé notre bosse dans des directions opposées nous avait changé. Est-ce que ces différences ne nous diviseraient pas dorénavant ? Serions-nous en mesure de retrouver une dynamique similaire à celle de notre jeunesse après douze ans d’absence et d’égarement ? Tant d’interrogations auquel seul le temps pourrait répondre et ce, uniquement si Alec acceptait de nous redonner une chance. Ce qui n’était pas gagné d’avance. Je me torturais l’esprit tout autant que je culpabilisais pour l’avoir abandonné comme s’il ne signifiait rien pour moi. Et dire que c’était pour la raison inverse que je m’étais comporté de la sorte. Difficile de tirer du sens à cette situation rocambolesque. J’étais à deux doigts de me noyer dans la confusion lorsqu’un rire m’en extirpa. Enfin… Façon de parler puisque je ne comprenais pas non plus la signification de ce dernier. Comment mon cerveau pouvait-il être à la fois en grève et en surchauffe ? Je vous jure, j’étais à deux doigts de devenir totalement cinglé.

Depuis nos retrouvailles je ne cessais de lui raconter ma vie, me rabaissant à la volée. Mais maintenant qu’il était à ma portée, je n’étais plus en mesure de prétendre que j’étais indifférent à son sort. J’avais si longtemps tenté de l’occulter de ma mémoire en me persuadant qu’il devait avoir une existence exaltante. Peut-être même était-il déjà père avec une carrière stable ? Dans tous les cas, il ne pouvait qu’être heureux. C’était le scénario que je m’étais forcé à bâtir pour soulager ma conscience mais aussi car je priais pour que ce soit la vérité. Ma disparition n’était qu’un bref chapitre, un événement dont il se remettrait en peu de temps pour poursuivre sa course vers le succès. Visiblement, s’il se trouvait dans cette pièce, mes espérances dépassaient la vérité. Je devais les revoir à la baisse. Ainsi lui demandais-je ce qu’il en était dans son statut d’étudiant. Nous avions tant de choses à nous raconter mais, paradoxalement, je doutais que ce soit approprié de ma part que de partir outrancièrement à la pêche aux informations. Ne risquait-il pas de m’envoyer dans la tronche que je n’avais qu’à maintenir le contact ? Ainsi, je n’aurais pas à lui demander. Il aurait marqué un point, me rendant muet de honte au passage. C’est avec soulagement que j’accueillis une réponse toute autre. Il se hasarda même à rétablir un contact visuel.

- Déconseillé ? Pourquoi ça ? Tu crois que les agresseurs sont toujours à ta poursuite ? Car selon moi tu as fait le bon choix. Tu as toujours eu du potentiel, ne le gaspille pas.

Je lui adressais un sourire timide. Non, je n’étais pas en train de lui lécher les bottes pour rentrer dans ses bonnes grâces à nouveau. C’était presque mot pour mot ce que je lui avais répété à maintes reprises lors de ses crises d’angoisse tandis que nous étions encore adolescents. Ce complexe d’infériorité était la conséquence directe à l’intelligence de son père. Avoir une telle figure de savoir en guise de géniteur peut aboutir à une crainte chez les descendants de ne pas être à la hauteur des attentes. Aussi simple que ça. Du moins était-ce mon interprétation d’amateur. Sans parler du fait qu’Alec était régulièrement la cible de moqueries plus ou moins agressives à l’époque. Il n’en faut pas plus pour entacher l’amour-propre.

- Quand est-ce que… ça s’est passé ? demandais-je en préférant éviter une approche frontale. Doit-on rire du fait que je suis parti pour ta sécurité mais que tu reviens vers moi à un moment où tu te penses poursuivi ?

J’arquais un sourcil de dépit. Vraiment, c’était juste étrange cette façon dont le Destin se jouait de nous. Plus que jamais je me sentais telle une marionnette dont le sort reposait entre ses mains. J’avais besoin de la présence rassurante de Teddy, de sa chaleur. L’entendre dire que tout allait bien et que j’allais réussir à surmonter cette énième épreuve. Car oui, les embûches faisaient partie intégrante de mon quotidien. Mais présentement ce n’était pas dans le champ des possibles. Aussi étais-je hésitant à lui parler de ce qui se déroulait. Qu’en penserait-il ? Je risquais une chute vertigineuse dans son estime dans le cas où il ne comprenait pas plus mes actes passés que le brun à mes côtés. Nos projets de voyage menacés, je répliquais un simple :

- C’est gentil de te faire du souci pour moi. Surtout après… Mais j’y tiens vraiment. J’en ai besoin.

Cette discussion était le parfait exemple d’où emmenait une absence de conclusion. Des pleurs, de l’incompréhension, de la rage et des individus brisés. Non, ma décision était irrévocable. Si je voulais être heureux avec mon petit-ami et nous assurer un avenir solide, je ne pouvais pas le tenir à l’écart de mes vingt premières années. Au pire des cas, ma relation avec mes vieux serait tout aussi catastrophique que par le passé -pas que j’avais espoir d’un progrès- mais au moins je lui aurai permis de retracer mes pas en lui faisant visiter le pays. J’étais persuadé qu’il le trouverait charmant. Le musicien avait tant à me donner grâce à sa famille adorable, son enfance nostalgique se traduisant par exemple par une pile de photos frôlant le plafond, etc. Jusqu’ici j’avais toujours été dans l’incapacité de lui rendre la pareille. Je culpabilisais même si c’était débile.

Je me tordais les doigts lorsque le brun releva mon erreur d’inattention. Pourquoi étais-je mal à l’aise qu’il le sache ? Alec n’avait jamais fait preuve d’étroitesse d’esprit en ma compagnie pourtant. Malgré cela, une partie de moi se reprochait de lui avoir révélé de la sorte. Sa réaction m’y conforta tandis qu’il peinait à trouver les mots adéquats. Se prétendre « content » pour moi ne suffisait pas à gommer le choc qu’il n’avait pas su dissimuler sur son visage. J’essayais encore de me justifier. Pourquoi exactement ?

- Que quoi ? Que je suis gay ? Non. Disons que je ne prête plus attention à ce genre de « détail ». Une fois libéré du joug de mes parents j’ai appris à me découvrir, à dépasser les limites qu’on m’avait imposé. Ils n’auraient jamais toléré cela comme tu t’en doutes, rappelais-je en accompagnant ma réflexion d’un sourire amer. Je suis sûr qu’il te plairait. Enfin, je veux dire… que tu l’apprécierais.

Oui, précise Elijah avant de créer encore davantage de malentendu. On pouvait déjà en ramasser à la pelle là… L’espace d’un instant, je nous revis parler des filles du lycée, de mes crushs aussi superficiels qu’immatures. Je lui avais même demandé de l’aide pour me faire remarquer par l’une d’elle en échafaudant un plan à dormir debout. Comme si j’en avais besoin alors que j’étais l’un des gosses les plus populaires (en toute modestie).

La conversation dérivait tellement que la destination finale se floutait un peu plus à chaque parole. Voilà que mon interlocuteur semblait sur le point de me révéler le secret qui pesait sur ses épaules depuis un siècle. Mes lèvres s’étirèrent légèrement à sa blague, trop préoccupé à attendre le moment fatidique qui ferait sûrement l’office d’une bombe vu les airs dramatiques qu’il adoptait. Je ne savais quoi penser alors qu’il tournait autour du pot sans réussir à formuler ses pensées. Mes yeux se posèrent sur sa main qui venait de rejoindre la mienne avec affection et douceur. C’était étrangement similaire au type de contact établit lors de l’annonce du décès d’un proche en salle d’attente d’un hôpital. Sans ce geste, peut-être ne serais-je pas parvenu à saisir son message. Écrire que le sol se dérobait sous mes pieds était bien trop poétique pour décrire ce que je ressentis. La pièce disparue de ma vision alors que chacun de mes sens s’éteignit pour me laisser recroquevillé dans l’obscurité. Lorsque je repris conscience de ce qui m’entourait, j’étais à genoux à sangloter, la tête posée sur les genoux d’Alec. Comment étais-je arrivé là, je n’en avais aucune idée. Cela dura une poignée de minutes, une demi-heure, une heure ou deux. La notion du temps m’échappait tout autant que la situation.

- Tu dois faire erreur… Ils sont horribles mais pas au point de… Pourquoi auraient-ils… ?

Décousu et presque incompréhensible tant ma voix était étouffée par les pleurs.
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