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Shadows settle on the place, that you left. (feat. Elijah)

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Mer 2 Jan - 14:41
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Shadows settle on the place, that you left. Our minds are troubled by the emptiness. Destroy the middle, it's a waste of time. From the perfect start to the finish line. Alec & Elijah

Shadows settle on the place, that you left.

Assis en boule sur son lit aux draps défaits, Alec pleurait à chaudes larmes. Incapable de s’arrêter depuis une heure, il avait les mains qui camouflaient sa bouche et sa joue droite meurtries. Pendant des semaines, des camarades s’étaient amusés à le harceler pour nulle autre raison qu’il était différent aux yeux de la société. Et quelle société ! Si c’est ça la société, j’veux pas en faire partie ! Qu’ils crèvent tous ! Quand les mots n’avaient plus suffi, le groupe désobligeant était passé aux gestes. L’attendant au coin de la rue qui donnait sur l’école, et sachant qu’il rentrerait non accompagné chez lui à cette heure-ci, les jeunes abrutis l’avaient attendu patiemment, se confortant les uns les autres dans l’immondice de ce qu’ils avaient prévu de faire subir au jeune écossais. Alec marchait d’un pas vif, inconscient du traquenard qui l’attendait inévitablement. Il avait relevé les yeux pour voir soudain le groupe l’encercler. C’était une fin d’après-midi au mois de décembre et le soleil s’était déjà couché. Les insultes fusaient dans plusieurs langues, Alec avait été bousculé, puis frappé. Tombé à terre, deux des plus malintentionnés s’étaient acharnés encore le temps de quelques coups de pieds. Quand ils eurent décidé qu’il avait eu son compte, les lâches s’étaient éloignés en riant, sans doute prêts à aller fêter leur victoire sans gloire dans un café ou un bar du coin. La bouche en sang, Alec avait dû prendre quelques minutes supplémentaires pour retrouver son souffle. Personne n’était venu à son secours. Personne ne les avait vu. Il s’était relevé avec difficulté et avait pris le premier bus pour rentrer chez lui, sursautant à chaque bruit, et en cachant ses sanglots le mieux qu’il l’avait pu. Arrivé dans la demeure encore vide, Alec avait composé le numéro de téléphone de son meilleur ami, marmonné quelques mots expliquant. Il n’avait pas eu à prier Elijah pour que celui-ci ne décide de venir lui tenir compagnie et le réconforter : celui-ci s’était exclamé qu’il arrivait tout de suite.

La porte de la chambre s’ouvrit timidement, laissant un grand blond inquiet pénétrer dans l’intimité d’Alec et fermer la porte derrière lui. Grommelant une insulte en allemand, le jeune Holtz vint le rejoindre sur le lit et le prendre dans ses bras pour tenter de faire cesser ses pleurs. Il obligea ensuite Alec à montrer l’étendu des dégâts. Il aurait pu être blessé bien plus gravement. Elijah s’excusa pour aller chercher de quoi le désinfecter et faire diminuer l’hématome dans la salle de bain et la cuisine. De retour dans la chambre, il soigna Alec qui avait cessé de pleurer et le regardait droit dans les yeux. Les siens brillaient dans la lumière provenant de sa table de chevet. Il n’avait plus dit mot, mais son regard valait tous les remerciements et la reconnaissance du monde.

***

« Je ne sais pas… J’suis même pas sûr que la police le sache vraiment. Ils ne me disent pas tout. », expliqua-t-il, un sourire triste aux lèvres.

Pour la première fois depuis son arrivée, il venait de repenser à Arthur. Chassant rapidement son nom de son esprit, déjà prêt à imploser, le jeune homme le remercia pour le compliment, un sourire entendu aux lèvres. Par le passé, les deux jeunes hommes avaient partagé bien plus que des parties d’échec, de football ou des journées au skate-park. Il fut un temps où personne ne connaissait mieux Eli’ qu’Alec, et réciproquement. C’est agréable, songeait-il. Pendant une seconde, c’était comme si rien n’avait jamais changé : il était toujours Alec, et lui Elijah. La question du grand blond lui rappela malgré elle qu’il n’en était rien, et que beaucoup de choses avaient changé. Peut-être trop. Pourtant, il semblait à l’étudiant qu’ils pouvaient se retrouver, s’ils continuaient à chercher ensemble. Alec prit une grande inspiration, détourna le regard une demi-seconde avant de reporter son attention sur lui et de lui répondre du mieux qu’il le pouvait :
 
« Ça va faire quatre ans. Je suis resté quelques semaines à l’hôpital. D’abord c’était physique et puis… après c’était surtout pour le… soutien moral, on va dire. Après, on peut dire que ça a été un sacré bordel », se remémora-t-il.
 
Le jeune homme fit la moue, à la fois triste et amusé. Il appréciait cet élan de sympathie, cet effort surhumain que fournissait Elijah pour que les choses reprennent leur place, comme dans un grand puzzle. Mais il était encore étrangement tôt pour lui. Alec parvenait, la plupart du temps, à mettre de côté son histoire, et à oublier suffisamment pour dormir, rire, manger. Il arrivait même à en parler de manière détachée à la police. Mais quelque chose en lui faisait qu’il n’y parvenait pas avec Eli’.
 
Tu ne comprends pas, semblait vouloir dire ses yeux. L’allemand était déterminé à retourner dans son pays natal, pour le « lui » faire visiter. L’universitaire ne pouvait imaginer une réunion heureuse. Il réalisait avec douleur la tâche qu’il lui incombait d’assumer, maintenant qu’il avait fait tout ce trajet. Alec se demanda l’espace d’un instant s’il n’aurait pas mieux valu pour lui que la police l’interroge et l’informe par la même occasion. Il s’était mis tout seul dans cette situation impossible. Et maintenant, lui aussi méritait de connaître la vérité. Ou en tout cas, ce qu’il en savait. Mais son esprit fut momentanément embué par la révélation que lui avait faite Elijah à demi-mots. Le jeune homme était amoureux d’un autre. Quelque chose l’avait piqué, là, dans ses entrailles. Une chose désagréable, presque douloureuse. S’efforçant de se réjouir pour son meilleur ami, Alec ne donna visiblement pas le change.
 
« Je comprends… J’aurais juste voulu être là pour toi quand tu as découvert… tes nouvelles limites. »
 
Lui avait-il avoué en partie. Le temps n’était pas aux déclarations. Celles-ci auraient eu douze ans de retard. Ce n’était ni le lieu, ni l’endroit. Alors pourquoi lorsqu’Elijah avait déclaré qu’il l’apprécierait sans doute avait-il décrété qu’il n’en serait rien ? Qu’il le détesterait à la minute même où son regard se poserait sur l’heureux élu ? Le grand brun laissa un rire conclure cette conversation. Un rire jaune qu’il serait difficile de reconnaître, même pour Elijah. Il avait perdu douze ans de pratique, après tout. Un rire vide.
 
La brutalité s’imposa à eux comme un coup de massue. Se précipitant dans les mots, les entrechoquant, Alec avait usé de ses mains pour lui faire connaître l’abominable vérité. Ce qui suivit termina de l’assommer. Elijah se décomposa, purement et simplement. Physiquement, aussi. Il se laissa glisser hors de son siège, le visage baigné de larmes. Ces larmes étaient sincères, brutales, elles aussi, dans l’effet qu’elles faisaient à Alec. L’étudiant l’attrapa au vol, pleurant avec lui. Il était plus fort de quatre années, et avait suffisamment appréhendé cette douleur sauvage et sans merci.
 
« Je suis désolé… Je suis désolé Elijah… », répétait-il en lui caressant les cheveux de sa main valide.
L’autre était occupé à le retenir. À maintenir son buste hors du sol, et contre lui. Il ne s’attendait pas à cette bombe. Mais à quoi s’attendait-il au juste ? Force était de constater qu’il n’avait pas réfléchi aux conséquences.
 
Dehors, la neige avait fini de recouvrir les vitres, les enfermant dans un cocon d’intimité dont les deux jeunes hommes avaient cruellement besoin pour espérer se reconstruire ensemble.
 
« J’aurais voulu que ça soit faux. Tu n’imagines pas comment je l’ai souhaité. »
 
Lui expliqua-t-il tandis qu’Elijah avait retrouvé un semblant de calme. Il semblait vide, comme endormi, les yeux terriblement ouverts.
 
« Promets-moi que tu n’y retourneras pas tant que la police n’aura pas tiré toute cette histoire au clair… S’il te plaît. »
 
C’était au tour du grand brun d’être à genoux devant le corps quasi inerte de celui qui doucement reprenait sa place dans son cœur.
 
« Je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque chose, à toi aussi. », dit-il la voix brisée.
 
Il le prit dans ses bras, l’étreignant avec autant de force et douceur qu’il en était capable.
 
« Dis quelque chose… S’il te plaît… »

Pourquoi se sentait-il si coupable ?


(c) crackle bones

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Mer 2 Jan - 18:20
Elijah Holtz
Poulet-Spartiate
Elijah Holtz
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Journal perso
Ardoise (dortoirs):
Le mystère planant au-dessus de cette sordide histoire criminelle ne se dissiperait pas de sitôt. Du moins, c’était la conclusion à laquelle j’avais abouti alors qu’Alec me confiait que les forces de l’ordre ne faisaient pas figure de générosité en matière de renseignements. Il ne lui restait plus qu’à improviser et à juger de la situation par lui-même. La police aurait vite-fait de le maintenir enfermer toute sa vie s’il se fiait uniquement à leur jugement. Vieillissant avant-même d’avoir accompli quoique ce soit de formidable. Que ce soit raisonnable ou non, c’était contraire à son épanouissement. Faire son deuil n’est guère facilité par une protection opaque, tenu à distance du monde et de ses aléas. Rien de tel que de se replonger dans le grand bain pour reprendre son existence en main, se rebâtissant une raison de vivre en parallèle. J’étais comblé pour lui, qu’il ait décidé de se dresser contre la voie de ténèbres uniquement constituée de peur et de désespoir. Qu’il soit ici, à Blackwell, témoignait qu’il avait reconstruit la source de sa force. Sans compter de sa volonté d’acier. C’était un très bon début. Évidemment, je ne pouvais être totalement rassuré tant que sa sécurité n’était pas garantie. Sûrement cette pensée me hanterait chaque jour. Mais pouvions-nous être un jour réellement à l’abri ? Parmi les exemples typiques, la maladie ou les accidents pouvaient frapper chaque jour. Différent je vous l’accorde, mais vous voyez où je veux en venir.

J’affichais une moue compatissante. Que pouvais-je ajouter à cela ? J’en savais encore moins que lui ! Tâche ardue donc que de le rassurer. Je ne ferais que témoigner de mon incompétence absolue. Cela finirait obligatoirement par se démêler. Une fois remontées à la source, les autorités mettraient fin à ce calvaire et tout s’achèverait pour le mieux. J’étais impatient de voir cela arriver pour son bien et que justice soit faite. Après quatre ans d’attente lancinante, le brun ne pourrait que dire « Amen ! » à ce désir. Je venais fraîchement de débarquer dans l’univers des études supérieures lorsque ses parents avaient trouvé la mort. Fier de moi, de ma situation, d’être sorti de ses rues infâmes et de jobs non-qualifiés parfois honteux. Je me sentais terriblement égoïste. Mon futur aurait probablement été différent si j’avais été tenu informé de ce qui se déroulait en Allemagne alors que je me réjouissais de ma réussite. Tout du moins l’aurais-je convaincu de me rejoindre au Luxembourg où nous aurions pu vivre ensemble. Fut une époque où nous étions comme deux colocataires. Ou deux frères plus exactement. J’aurais pris soin de lui comme je l’avais toujours fait durant notre adolescence, l’affranchissant de sa peine viscérale sûrement accentuée par la solitude. Être présent pour lui avait été ma mission principale des années durant mais, au moment où il avait eu le plus besoin de moi, j’étais ailleurs. Oui, clairement, je ne l’avais pas protégé. Je m’étais planté en beauté. Cependant, il me fallait relativiser pour ne pas perdre la tête. Aurais-je réagi différemment en quittant la maison, d’autres défis abominables auraient pu frapper à sa porte. Il n’existait pas de décision miracle. Quoiqu’il aurait pu se passer, un élément aurait toujours cloché.

- J’aimerais me convaincre que je ne t’aurais été d’aucune aide. Peut-être aurait-ce été le cas. Malheureusement je vais devoir vivre avec ce doute désormais, confessais-je en soupirant. Mais regarde-toi. Tu m’as l’air aussi équilibré que possible au vu des conditions, tu es toujours aussi humain et… Bon, tu as suffisamment d’arguments pour faire tourner les têtes j’imagine !

J’eus un petit rire, symbole de ma fierté fraternelle à son égard. Il aurait pu si mal tourner ! Tomber dans la drogue ou je ne sais quels clichés -que j’avais expérimenté en personne- qui l’aurait anéanti. Peut-être était-ce inconsidéré de le complimenter physiquement mais je n’étais plus à ça près. Je ne pouvais pas nier qu’il était séduisant même si dans mon cas il s’agissait d’un point de vue purement platonique.

- J’ai conscience que c’est abusé de ma part que de te dire ça mais si tu as besoin de parler… Je serai là maintenant. Si tu veux de moi, ajoutais-je couplé à un regard bleu affectueux.

Malgré mes intentions, le sujet se porta sur mon orientation. Autant dire que nous avions du temps à rattraper. Cela faisait chaud au cœur que d’aborder des questions plus personnelles, plus dans le témoignage de confiance que de la pure accusation. J’avais déjà plus d’une blessure dont il me fallait guérir depuis son retour. J’aurais même volontairement hiberné dans un igloo si cela pouvait m’aider à me remettre sur pieds plus aisément. Remarquez, vu la météo agitée ce n’était pas une option à exclure intégralement. Sa phrase me laissa dubitatif, ainsi je fronçais les sourcils.

- Je ne pense pas que tu aurais été passionné plus que ça. Le processus s’est fait à la longue très naturellement. Tu aurais même été déçu de l’absence de rebondissements... Rassure-toi : tu n’as rien manqué.


En l’occurrence, c’était moi qui étais passé à côté de tout. La révélation qu’il fut incapable de prononcer de vive-voix fut pire qu’un coup de massue. Je n’étais pas inconscient mais c’était tout comme. J’étais tout simplement parti, loin. Où ? Partout et nulle part à la fois si cela à un sens. On aurait pu me croire catatonique à condition qu’une noyade par mes larmes ne fut pas à craindre. Et je me mouvais. Sans m’en rendre compte certes mais ça ne changeait pas les faits. Que dire si ce n’est que la sensation du vide est encore plus terrible que la rage ? Tu ignores où tu te trouves, si tu vas un jour pouvoir remonter à la surface. Lorsque je sorti la tête de l’eau, je me retrouvais le visage contre Alec. Je peinais à comprendre l’ampleur de ce complot mis à nu. Des individus aussi bénéfiques ne méritaient pas de disparaître des mains de salauds comme mes parents. C’était… injuste. Mes yeux fixaient vainement le fond de la salle sans même le voir. Ce ne fut que lorsque mon interlocuteur bougea à son tour qu’ils changèrent de discussion pour s’accrocher à son regard. Avais-je le droit de le faire étant donné que mes géniteurs avaient prétendument assassinés les siens ? Est-ce que cela faisait de moi quelqu’un d’insensible, de vulgaire et d’irrespectueux que de me trouver dans la même pièce que lui en sachant leur culpabilité ? Il me ramena à la réalité, quémandant la moindre réaction de ma part.

- Oui, l’Allemagne… Hum…, marmonnais-je, incapable de formuler une phrase complète. Il faut que je sorte.

J’avais besoin d’air. Je me rendis compte que je me trouvais dans ses bras alors qu’il me fallait m’en extirper pour retrouver ma liberté. Comme une flèche, je partis récupérer mes affaires à mon bureau, enfilais en hâte mon manteau puis me précipitais en-dehors du bâtiment. Où comptais-je me rendre exactement ? Chez moi ? Chez Teddy ? À moins qu’aucune destination ne me satisfasse et que je reste à vagabonder des heures dans cette mini-tempête. La marche ne pouvait que m'être bénéfique n'est-ce pas ? J’allais où mes pas me guidaient, traversant la cour, le visage gelé par la température ayant glacé mes larmes salées. La vérité était bien trop difficile à encaisser et je ne savais quoi en faire. Par où commencer ?

Au moins trente minutes s’étaient écoulées depuis que j’avais vidé les lieux. J’étais frigorifié, tremblant comme une feuille. La neige avait envahi ma chevelure et collait à mes fringues humides. J’ignorais si Alec m’avait suivi ou non, mais il ne m’avait jamais arrêté. Quand l’ultimatum de la vie ou de la mort me parut évident, j’optais pour me faufiler dans un bar du bourg. La chaleur était étouffante à côté. Les yeux bouffis comme jamais, je commandais le premier alcool fort qui me vint à l’esprit puis le bu d’un cul sec avant d’en redemander un. Un second. Un troisième peut-être ? Jamais deux sans trois ! Mon esprit s’embrumait lorsque je me décidais d’envoyer un SMS de détresse à Teddy. Ceci fait, j’en demandais un quatrième. Moi qui m’était refusé de me comporter de la sorte durant des années, cette soirée serait l’exception.
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Mer 2 Jan - 20:05
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Shadows settle on the place, that you left. Our minds are troubled by the emptiness. Destroy the middle, it's a waste of time. From the perfect start to the finish line. Alec & Elijah

Shadows settle on the place, that you left.

Alec jeta sa trousse pleine à craquer sur Elijah qui rêvassait sur son lit en éclatant de rire.

 
« T’es juste insupportable, en fait ! », lui cria-t-il. « Mais envoie-lui un message ! ‘Fais pas chier, je suis sûr qu’elle est déjà folle de toi ! »
 
Étalé de tout son long sur le lit comme s’il s’agissait du sien, le grand blond venait de vanter la beauté « époustouflante » – le garçon de treize ans n’aurait jamais imaginé que son ami puisse avoir autant de vocabulaire – d’une camarade de lycée. Mais celle-ci ne le voyait pas – elle était trop géniale – et faisait mine de ne pas le voir – l’astucieuse. Alec tenta de se concentrer sur le devoir qu’il relisait pour lui. Régulièrement, les jeunes hommes se relisaient l’un l’autre pour éviter tout problème de syntaxe ou de mauvais allemand (une matière où Alec était loin d’exceller). Les autres disciplines étaient dispensées en anglais, une aubaine pour le futur étudiant en lettres qui avait une aversion inexpliquée pour la langue du pays dans lequel il résidait. Il voulut apposer un commentaire dans la marge mais se rendit vite compte que son stylo rouge avait été un dommage collatéral du vol inopiné de trousse.
 
« Tu l’appelles là ? File-moi ma trousse s’te’plaît », demanda-t-il.
 
L’amoureux transit fit mine de ne pas le voir et continua à contempler sa dulcinée imaginée sur le plafond blanc de la chambre de son meilleur ami.
 
« Eli’ ! »
 
En l’absence de toute réaction, Alec se résigna à quitter la chaise sur laquelle il était installé pour aller lui-même la récupérer de l’autre côté du lit. Le mur avait stoppé sa progression, et elle demeurait là, béante, dégoulinante de stylos.
 
« File, s’te plaît. »
 
Elijah fut trop lent à son goût et Alec l’escalada pour atteindre le graal de l’écriture. Il foudroya du regard Elijah qui faisait l’innocent et regagna sa chaise.
 
« Appelle-la, tu me remercieras plus tard. »
 
Elijah se décida enfin. Et tandis qu’il sortait de la chambre, Alec reporta son attention sur la phrase qu’il avait déjà lu trois fois. Lorsqu’il entendit la porte se fermer, le jeune homme abandonna son masque hilare pour retrouver son regard triste. Il ne me verra jamais.
 

***

Le calme avant la tempête – qui elle grondait déjà dehors comme un présage funeste. Elijah le complimenta sur son comportement et son évolution. Il enfonça même un énième clou dans son cercueil en s’exclamant qu’il avait suffisamment d’atouts pour faire tourner les têtes. Que voulait-il dire par là ? Son regard chaleureux termina de déboussoler le jeune homme qui cherchait désespérément quelque chose à quoi se raccrocher. Le costaud lui promit même d’être là pour lui s’il lui en donnait de nouveau l’occasion. Tu parles d’une ironie, toi ! La tête lui en tournait. Alec insista et lui spécifia avoir peut-être apprécié d’être à ses côtés pendant la découverte de sa sexualité. Il voulait dire tellement plus qu’il ne l’avait fait. Ces révélations demeureraient possiblement à jamais enterrées sous une large couche de regrets. À quoi bon auraient-elles servi aujourd’hui ? Elijah était pris, et Alec n’était pas venu briser un couple – aussi peu convaincu qu’il était à cette heure-ci – mais pour régler ses comptes avec son meilleur ami disparu.
 
« Oh si… Je pense que j’ai raté beaucoup de choses. », déclara-t-il le plus neutre possible.
 

***

Alec pressait le pas maintenant. Mais Elijah le suivait dans la maison de ses parents, ne lui accordant aucun moment de répit.
 
« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? J’ai couché avec Will’, voilà. Point. Retour à la ligne, nouveau paragraphe. Il n’y a rien à ajouter. », cracha-t-il un peu amer.
 
Le grand brun n’avait pas l’habitude que son meilleur ami s’intéresse ainsi à sa vie amoureuse. Ou plutôt sexuelle, car en ce qui les concernait Will et lui, l’amour n’avait jamais été au tableau pour l’écossais. Elijah s’indigna une nouvelle fois de ne pas avoir été mis au courant au préalable, ce qui poussa Alec à se retourner, furieux.
 
« Mais tu voulais que je te dise quoi ? Hey ! Juste pour te prévenir, j’vais baiser avec un mec de l’internat ? Il te fallait quoi ? Une invitation en plus ? », demanda-t-il un peu plus acide, réalisant qu'il aurait sûrement révoqué instantanément l'invitation de Will au profit de lui.
 
Elijah, comme à son habitude, ne sembla pas le remarquer et continua son plaidoyer, hilare et inquiet à la fois. Will, sans doute blessé dans son orgueil de prépubère, s’était empressé de raconter à qui voulait bien l’entendre qu’Alec s’était fait payer. Ça en dit bien plus long sur lui que sur moi, avait-il décidé. La tête brune n’était plus à ça près.
 
« J’te jure que si tu me demandes mes tarifs pour tes potes, je t’éclate avec le vase moche de ma mère », lui promit-il pour le calmer. « Il était là, j’étais là, j’avais envie. Pour une fois que quelqu’un me trouve attirant, j’vais pas en plus m’excuser. »
 

***

« Quoi ? Où ? Eli’ ! »
 
Foudroyé par la nouvelle, Elijah se dirigeait à présent vers son bureau pour y collecter ses affaires personnelles. Sans un mot, mais accompagné par le bruit assourdissant des branches sur la vitre, le professeur s’éloigna et disparut dans l’entrée. Annihilé à son tour par sa réaction, Alec demeura interdit quelques minutes avant de décider de le suivre. Il ne va quand même pas aller dehors ? Elijah ‘fais pas le con ! Le jeune homme fit quelques pas avant de presser son allure et de finalement se mettre à courir derrière, loin derrière lui. Où diable pensait-il aller comme ça ? Il dut concourir avec le vent et les flocons pour réussir à ouvrir la porte. Dehors, Alec grelota instantanément. Les larmes encore fraiches sur ses joues semblaient givrer tout aussi immédiatement. Mettant sa main en visière pour le retrouver sans prendre de flocons dans les yeux, l’étudiant parvint à deviner sa silhouette. Il l’appela, mais le vent sembla porter sa voix dans la direction opposée. Plusieurs minutes, peut-être une heure passèrent pendant lesquelles l’universitaire crut geler sur place. Mais la colère émergeant de le voir disparaître comme ça, après lui avoir dit qu’il serait là pour lui, le motivait à poursuivre sa traque. De la lumière, un bâtiment. Un bar ?
 
Un rapide coup d’œil sur le comptoir informa Alec qui vit s’avancer le quatrième – donc – shot. Il s’en saisit lorsque le serveur le déposa sur le comptoir.
 
« Si tu crois que je vais te laisser te bourrer la gueule tout seul », il l’informa. « Cinq autres. Chacun. », commanda-t-il au serveur qui les regardait perdu. « J’suis pas sûr que ce soit une bonne idée Eli’. »
 
Mais le grand blond ne sembla pas s’en inquiéter.
 
« Tu vas parler ou tu préfères me laisser retourner crever de froid dehors ? »
 
Il ne réfléchissait déjà plus, engourdi par le froid, le manque d’hydratation, et le shot tout juste avalé.
 
« Très bien. Cheers ! »

Il trinqua avec un shot tout juste servi, et sans attendre son meilleur ami, l’ingurgita d’une traite.


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Mer 2 Jan - 21:47
Elijah Holtz
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Journal perso
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Je haussais les épaules en réponse à Alec. Celui-ci persistait à croire que ne pas avoir été à mes côtés lors de l’élargissement de mon orientation sexuelle constituait une opportunité manquée. Pourquoi ? M’aurait-il donné des conseils affreusement gênants et inappropriés sur la manière de me comporter en présence masculine ? Je n’en aurais pas eu tellement eu usage en plus. Pas avant d’avoir rencontré mon petit-ami actuel. Et s’il comptait me réciter des textes poétiques ou scientifiques sur les phéromones ou je ne sais quelle connerie… j’aurais pris mes jambes à mon cou avant même qu’il commence. Fuyons la peste ! Bref, je ne pris pas la peine de le contredire. Inutile de le braquer tandis qu’il était si sûr de lui et que nous réussissions enfin à recoller quelques morceaux. Il n’aurait pu m’apporter aucune aide, j’en étais persuadé, en dépit de son expérience confirmée. Oui, quand nous étions encore au lycée, mon interlocuteur s’était confié à moi lors de ses mésaventures amoureuses. Quoique, après réflexion, je n’étais pas convaincu que Cupidon ait eu sa part de responsabilité là-dedans. Je me souvenais d’une fois où le préquel avait frôlé le désastre. J’avais eu un mal de chien à le faire se livrer, honteux. Bien sûr, comme tout ami qui se respecte, manquer cette occasion de le taquiner avec cette histoire était impensable. Je me plaisais à me convaincre que je lui avais apprit l’autodérision. Très utile dans ce monde, sans quoi un individu souffre plus que nécessaire. Étant un sujet tabou, j’avais pris soin de dissimuler son homosexualité à mes parents. Je ne pense pas qu’ils l’aient un jour suspecté vu le peu d’échanges que nous avions en général. Plus simple pour passer certains éléments sous silence. Enfin, nous n’étions pas là pour débattre des romances de nos vies respectives.

La neige tombait sans relâche lorsque je sortis dans le froid, à bout de nerfs. Je n’étais plus ancré dans la réalité, aussi manquais-je plusieurs fois de trébucher en me cognant le pied contre des obstacles. Le sol glissant n’aidant en rien. Mais je n’en avais cure. Les rafales de vent me faisaient claquer des dents, grelottant de haut en bas. Aucun doute : j’avais définitivement les idées rafraîchies ! J’errais dépourvu de but si ce n’est celui de ne pas m’arrêter tant que je pouvais encore tenir. Les mains bleuâtres par la température se faufilant des mes poches de manteau, je pris conscience que je ne pourrais m’aventurer plus loin avant de m’être réchauffé. Je m’arrêtais dans le bar le plus proche. Je détestais noyer mon chagrin dans la boisson mais tout m’y poussait. J’étais abattu, impuissant, gelé et accablé. Je n’avais pas profité du trajet pour réfléchir à la déclaration de mon ancien « frère ». Mon cerveau était trop engourdi pour ça. Ainsi enchaînais-je les shots avant de m’interrompre le temps d’appeler Teddy à l’aide. Peu importait l’état dans lequel il me trouverait. Il aurait honte de moi-même à jeun. Et comment l’en blâmer ? Être la progéniture d’immondices pareil… Ne dit-on pas que le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre ? Rien que la manière dont j’avais traité Alec il y a de cela douze ans en était la preuve. Un bon départ dirons-nous. Je n’y échapperai pas.

Mes yeux s’humidifiaient, résultat de l’alcool fort que j’ingurgitais. Ma gorge me brûlait à m’en cramer les cordes vocales. Durant un instant je cru que l’étudiant m’arrêterait. Au contraire, il me rejoignit alors même qu’il doutait que ce fut une bonne idée. Faut se décider ! Ainsi donc, celui qui trinquait avec moi m’avait suivi. Le hasard ne pouvait pas être grand.

- Qu’est-ce que tu fais là ? Tu te prends pour Sherlock Holmes ? Tu craignais que je me jette sous un pont ? grommelais-je avant de porter un énième verre à mes lèvres. Par curiosité… Pourquoi m’as-tu raconté ça ? Tu t’attends que je réagisse comment ? Tu me balances une bombe dans la gueule puis tu m’interdis de venger tes vieux. À moins bien sûr que ton but est de me blesser. D’obtenir ta revanche. Dans ce cas… Bingo. Tu as excellé !

Je lui adressais un large sourire, concentré d’ironie, puis fit tinter nos boissons entre elles. Ok, c’était cruel. Mais d’un autre côté… Avais-je réellement tort dans mon raisonnement ? Si celui d’un type alcoolisé a la moindre valeur évidemment. Se rendait-il compte qu’une pierre deux coups il venait de détruire mes deux seules figures parentales ? La biologique étant désormais irrécupérable dans son sadisme et celle que j’aimais tant étant à jamais hors de portée.

- Je n’étais pas prêt à encaisser ça. Tu débarques sans crier gare, règles tes comptes en me réduisant en bouillie au passage et ensuite…

Pause. Je sentais ma voix s’étrangler et l’émotion refaire surface. Je ne niais pas qu’il avait eu raison de mettre à plat nos différents. J’en étais même soulagé si cela nous permettait de renouer un lien affectif solide. Cependant, tout s’était enchaîné trop vite, me dirigeant droit vers le précipice. J’essuyais ma joue gauche dès lors que je sentis une larme y couler. Mes yeux se posèrent sur mon téléphone. Pas de réponse de la part de Teddy. Et s’il ne consultait pas le sien ce soir ou ne pouvait pas venir ? Aurai-je la force nécessaire pour affronter une nuit d’insomnie ? Je tremblais à cette pensée.

- Raconte-moi quelque chose. N’importe quoi, qui puisse m’amuser. Tu as encore fait des siennes chez la gent masculine ?

Tout ce qui me venait à l’esprit. Ne m’en demandez pas trop. Je n’étais même pas persuadé d’être en mesure de me décontracter. Teddy. Juste Teddy. Même embué, il était mon seul repère inébranlable.
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Mer 2 Jan - 22:37
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Shadows settle on the place, that you left. Our minds are troubled by the emptiness. Destroy the middle, it's a waste of time. From the perfect start to the finish line. Alec & Elijah

Shadows settle on the place, that you left.


« T’es sérieux là ? », un rire nerveux s’échappait de sa gorge.

De but en blanc, Elijah venait de lui demander comment il avait pu coucher avec Will’. Le jeune homme résista à sa forte envie de sarcasme et ne lui fit pas un cours de biologie. Le blondinet avait suffisamment joué aux briques qui s’emboîtaient pour qu’il ne lui fasse pas un schéma. La question ne le laissait pour autant pas moins béat. Que répondre à cela ?
 
« Tu veux un dessin ? T’es débile ou quoi ? », voulu-t-il lui faire comprendre.
 
Mais le garçon friqué de bonne famille persista dans sa question qui semblait aussi démente que sincère. Alors Alec abandonna sa position bancale – il était assis sur son lit, les pieds en l’air sur sa tête de lit, et le buste allongé à contre sens pour observer son meilleur ami assis à son bureau – pour lui s’asseoir contre le mur et lui faire face.
 
« Bah j’sais pas, j’le trouvais sexy, c’est tout. Il est bien foutu, sportif, … physiquement intelligent quoi ! »
 
Elijah répondit présent à sa dernière boutade avant de s'exclamer que c'était également son cas, et qu'Alec ne lui était pas sauté dessus pour autant. C'est pas l'envie qui manque...

« C'est parce que toi, tu ne me mérites pas. », avait-il menti pour se défendre.

Elijah resta pensif un instant - peut-être vexé - avant de préciser son interrogation. L’adolescent ne comprenait pas ce qui pouvait l’attirer chez un homme – sauf son respect, bien sûr – et voulait essayer de comprendre, de se mettre à sa place. Ô comme il aurait souhaité qu’il le soit. Me tente pas, j’pourrais bien te faire un cours pratique, s’était-il agacé en silence. Comme souvent. L’aveuglement du grand blond l’impressionnait autant qu’elle lui servait parfois. C’est alors qu’Eli’ mentionna une différence anatomique de taille, tirant à Alec une grimace.
 
« Non mais ça, tu vois, tu ‘comprends pas, bah moi c’est pareil. Je ‘comprends pas ce que tu trouves excitant dans des nichons ! Alors que des pectoraux musclés, là on peut discuter. »
 
Il avait employé le même langage que lui, pour peut-être plus facilement le toucher. Ou simplement pour être accepté. Ou plus simplement encore, parce que lui aussi était adolescent. Et plus jeune de surcroit. Il en avait donc bien le droit.
 
« Ouais, ouais, en attendant, j’te rappelle que je peux te dire la même chose : ‘tu sais pas tant que tu n’as pas essayé’ ! », précisa-t-il lorsque ce dernier lui servit la même et éternelle rengaine.
 
Alec lui envoya un oreiller. Elijah répliqua. Et pendant cinq minutes, l’écossais oublia les rumeurs qui circulaient sur lui.
 
***

C’est avec colère que l’inconscient se décida enfin à ouvrir la bouche. Il ironisa à en faire pâlir le dieu Sarcasme lui-même et fit mouche, droit au cœur. Alec s’immobilisa dans son geste alors qu’il allait enfourner le troisième shot dans sa bouche. Il chercha une insulte appropriée, puis renonça. Il l’observa une seconde supplémentaire avant de lui rendre volontiers son venin.
 
« T’es vraiment un gros c** quand tu veux. », grommela-t-il.

Il n’avait pu se résoudre à le détruire davantage – ce dernier le faisait déjà très bien tout seul.
 
« Peut-être que je cherchais juste à te dire la vérité, histoire que tu saches ce que c’est une fois dans ta vie. »
 
Bon, celle-ci, Elijah ne l’avait pas volée. Le jeune homme était bien conscient du mal qu’il venait de lui faire, mais aurait-il vraiment préféré vivre dans son utopie et croire que ses merveilleux – j’vais vomir, stop – parents allaient lui pardonner d’être différent – un type bien, donc – et l’accueillir à bras ouverts ?
 
« Je ne sais pas. Voilà, t’es content ? Pardon, moi non plus j’ai pas réfléchi jusqu’au bout. », s’exclama-t-il avant d’avaler cul sec un autre verre et de faire un bruit de dégoût tant le liquide lui chauffait la gorge.
 
Il attrapa le dernier avant de s’interrompre. La différence de température lui montait au front. D’un revers de manche, son voisin de comptoir s’essuya la joue. Une nouvelle larme venait de s’y loger, le ramenant froidement sur la terre ferme.
 
« Je te demande pardon. Je ne cherchais pas à te faire du mal… Pas exactement. Enfin, pas avec ça. Je voulais juste que tu saches. Peut-être que tu as fait le bon choix en te barrant sans prévenir. Ils ne méritent pas un fils comme toi. »
 
Sans le regarder, Alec avala le dernier shot et fit ensuite un signe de main au barman pour qu’il en allonge plusieurs autres devant ses yeux. Il ne voulait pas le regarder, réalisant la bêtise qu’il avait faite de venir ici. Alec ressentait le besoin de fuir, lui aussi, et de prendre le premier avion pour le Royaume-Uni. Là-bas, peut-être pourrait-il oublier ? Ils se ressemblaient bien plus qu’ils n’auraient voulu l’admettre ce soir. Elijah lui demanda promptement de le faire rire, de le faire penser à autre chose que cette révélation toxique qui s’insinuait dans chaque souvenir joyeux et qui lui dévorait l’âme de seconde en secondes. Sans réfléchir, Alec demanda :
 
« Tu t’rappelles quand tu m’as demandé ce que je pouvais bien trouver chez les mecs ? Tu sais, quand tu me disais que t’aimais bien trop tripoter des seins ? »
 
Il consentit enfin à le regarder, et le plus sérieusement du monde demanda :
 
« Tu tripotes quoi du coup ? Ça ‘t’manque pas trop ? »

Les deux jeunes hommes laissèrent échapper un rire alcoolisé. Alec rirait peut-être moins lorsque l’inconnu au bout du fil pointerait le bout de son nez.
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Jeu 3 Jan - 0:36
Elijah Holtz
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Oui, je pouvais être un véritable jerk quand je le souhaitais, en particulier avec un verre de trop dans le pif. Il me l’avait déjà signalé par le passé. Pour ma défense je n’étais pas totalement dans le faux non plus. Je dramatisais probablement ses intentions en me montrant si agressif et catégorique mais dans le fond… Disons que c’était partiellement débattable. Il ne s’agissait pas de n’importe quelle vérité qu’Alec venait de me confier après une dispute à en faire trembler les murs et déborder l’océan. Il aurait difficilement pu faire pire. Une partie de moi le détestait pour ça bien que ce sentiment ne fût que temporaire. Je n’avais pas demandé d’endosser une telle responsabilité. Pas plus que lui d’ailleurs. Mais nous devions faire avec puisqu’elle nous avait été imposée. Je levais mon verre à la mention de la notion de vérité qui, selon lui, m’était étrangère. Je n’étais plus à ça près. Mon interlocuteur pouvait me lancer toutes les piques qu’il souhaitait, ma déprime ne pouvait s’aggraver. Qu’il en profite pour se défouler bien que le résultat dût être frustrant. Il enchaînait les shots sans faiblir, me rattrapant aisément et trouvant le courage de s’excuser pour la manière dont il avait géré la situation. Tout était chaotique. Sans doute que la clientèle nous jetait des regards indiscrets, nous jugeant pour des raisons inappropriées. Dieu merci, les étudiants de Blackwell devaient être chez eux au chaud.

- J’ignore ce que je mérite mais ce qui est sûr c’est que tu vas être saoul si tu continues comme ça… répliquais-je tel la poêle qui se moque du chaudron. Je devrais déjà être en train de te ramasser. C’est bien de voir que tu as été productif en mon absence.

Pas que je fus sérieux en disant cela mais au moins ça m’évitait bien des problèmes supplémentaires. Le voir se rouler par terre n’avait jamais rien eu de glorieux et le porter jusqu’à chez lui était à mille lieux d’un acte triomphant. Dieu merci ce n’était arrivé qu’une fois. Peu avant mon départ lors d’une soirée d’intégration. Le lendemain, on ne comptait plus les gueules de bois. Encore une différence rappelant que nous n’étions plus les adolescents d’autrefois.

- Mais merci de le préciser, ajoutais-je finalement en le bousculement aimablement avec mon épaule.

J’avais besoin de rire, de m’amuser. Je ne supportais plus ce climat mortifère et assommant de lourdeur. Si seulement nous pouvions retrouver notre inconscience envolée ne serait-ce que pour le restant de la soirée. Lui à me lancer des commentaires sarcastiques, moi en train de le pousser sur la piste de danse. Encore en fallait-il une ici. Par miracle, le brun saisit parfaitement ma volonté et n’hésita pas à déterrer des propos que j’avais tenu dans une autre vie. Comment pouvait-il s’en rappeler ? Quel cinglé ! J’allais finir par croire qu’il dissimulait un carnet avec toutes mes meilleures répliques inscrites. Une sacrée biographie en devenir croyez-moi. Je m’esclaffais, me tenant soudainement par les côtes. La boisson n’était pas innocente dans cette hilarité ambiante, mais il fallait reconnaître qu’il en avait trouvé une bonne !

- Mon Dieu ! Je sortais de ces conneries. Je devais être exaspérant des fois non ?

Comme si j’avais besoin de ça pour savoir sa réponse. À ce stade c’était purement rhétorique mais je n’allais pas cracher sur un avis aussi développé qu’un type alcoolisé pouvait se permettre. J’avais du mal à retrouver mon sérieux, ces paroles vecteurs de stupidité résonnant dans ma caboche. Une fois de plus : nous avions bien grandi. Et je ne pouvais pas prétendre que Teddy ait une quelconque présence de poitrine. Au contraire, j’en avais plus que lui.

- Dois-je vraiment répondre à ça ? Je ne voudrais pas te mettre mal à l’aise ! pouffais-je. Après tout, tu n’as jamais voué un grand intérêt à ma vie sexuelle.

Quoi ? C’est vrai ! Autant des fois je m’amusais à lui demander des anecdotes croustillantes dont j’usais ensuite à ses dépens pour l’ennuyer (ce qu’il comprit suffisamment vite pour empêcher de réitérer son « erreur »), autant lui avait tendance à trouver cela inapproprié. J’imagine que son aversion pour le corps féminin était la véritable raison derrière tant de chichis. De mon côté, ce n’était pas pareil. Je savais à quoi ressemblait celui d’un mec. Plus facile d’en rire.

- Si tu veux tout savoir, ça ne me manque pas le moins du monde. Je suis plus comblé que je ne l’ai jamais été. Mais…, commençais-je amusé avant de verrouiller ma bouche à l’aide de mon index et du pouce. Je respectais ma vie privée et celle de mon petit-ami et ce, même en dépit de la boisson qui coulait dans mes veines. Et toi ? Toujours puceau ?

J’éclatais de rire. Totalement éméché. Si seulement la bonne humeur n’était pas provisoire…

**

-  Du camping ? Dans la même tente que toi ? Tu veux me convertir c’est ça ?
le questionnais-je d’un air espiègle tout en visant le panier de basket accroché dans son jardin à l’approche de la saison estivale.

Oui, c’était mon drôle d’humour auquel mon meilleur ami était on ne peut plus habitué. Ce n’était pas méchant, juste cru et parfois indélicat. Je ne m’en rendais pas compte, ainsi n’espérais-je jamais que mon interlocuteur ne s’en vexerait pas. Il me connaissait suffisamment pour ne pas prendre mes propos au pied de la lettre. Alec riposta, prétendant qu’il devait me causer une frousse innommable.

- Moi ? Peur de toi ? Dans tes rêves mec. Je te plaque sans le moindre effort. Pas une seule goutte de sueur versée.

Je lui adressais un sourire éclatant avant de lui donner une tape sur l’épaule. Je ne me lasserai jamais de le charrier ! Soudain, sa mine se décomposa. Sérieusement ? Je n’avais pas frappé au point de lui casser le bras non plus ! Je m’éventais en agitant mon maillot, attendant patiemment qu’il se lance. Qu’est-ce qui lui trottait dans la tête encore en cette journée la plus chaude de l’année ?

- Wo, calme-toi. Tu te poses bien trop de questions existentielles « Slender ». La vapeur te monte à la tête.


Mais il ne rigolait pas. L’adolescent s’intéressait vraiment aux raisons de notre amitié. N’avais-je pas peur que mes parents homophobes ne découvrent son secret ? Je n’avais pas besoin de ça pour rentrer dans leurs disgrâces comme il le souligna.

- T’es mon pote car tu es… toi. Content ? J’imagine que non vu ta tronche. Tu fais chier, soupirais-je en envoyant valser le ballon. Je n’en sais rien moi. C’est une question de feeling. T’es super cool, je suis ultra cool… Nous sommes faits pour nous entendre quoi !

Oui, c’était évident dit de la sorte vous en conviendrez.

- Puis mes parents, désolé de te l’apprendre, mais ils se fichent tout autant de toi que de moi. Du moment que je suis leurs ordres. Au pire, que veux-tu que mon père me fasse de plus qu’habituellement ? Comme si j’allais te laisser tomber du jour au lendemain à cause d’eux. Je ne devrais pas autant t’insulter mais t’es trop con si tu penses le contraire.

Je grognais face à son comportement de monsieur « Je-Ne-Suis-Guère-Convaincu » puis levais les yeux au ciel.

- T’es la pire drama queen que je n’ai jamais rencontré. Ok, c’est parti pour la grande déclaration, introduisis-je avant d’adopter une voix théâtrale. Ô Dieu que je vous admire pour votre spiritualité, votre ardeur et votre… euh… Candeur c’est un mot hein ? Bref, ma princesse, puissiez-vous apprécier le contact de mes lèvres sur votre douce joue, confession de l’amour que je vous porte ! »

Je lui fis alors un bisou à mi-chemin entre le suçon puis déposais mon bras gauche autour de ses épaules en lui demandant :

- Satisfait ?
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Jeu 3 Jan - 10:43
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Il faisait chaud, le soleil frappait le bitume amélioré du terrain de basket et Alec était en sueur. Il appréciait suffisamment le sport pour accepter de s’amuser, mais pas assez pour continuer à souffrir sans broncher. L’adolescent ne se souvenait même plus de son dernier verre d’eau. Comme il le regrettait à présent ! Lorsqu’il fermait les yeux, l’écossais pouvait imaginer les petites chutes d’eau de son pays natale. Cette eau si pure et mystique qui courrait le long des collines, si claire, et si désaltérante. Ainsi, quand il proposa à Elijah de l’accompagner faire du camping avec ses parents, sa réaction juvénile le fit rire jaune. Il était habitué aux remarques de son meilleur ami et ne s’en formalisait plus. Plus dangereusement, il se permettait parfois d’imaginer que ces réflexions trahissaient un désir enfoui profondément. Le grand brun essuya son front qui perlait de sueur et lui lança un regard qui en disait long. T’es épuisant, tu le sais ça ?

 
« C’est dingue que ça t’obsède autant ! T’as peur que je te force ? Ou t’as peur d’aimer ça ? Ça doit te faire flipper de fou ! », rétorqua-t-il en attrapant le ballon qu’Elijah n’était pas parvenu à mettre au panier.
 
Le grand blond dont la musculature s’élargissait à chaque session sportive le dévisagea et répondit, prévisible. Il lui donna une tape virile et amicale sur l’épaule, pour lui témoigner son affection. Sans aucun doute. Alors pourquoi ces questions tournaient-elles dans sa tête ? Ne pouvaient-elles pas le laisser jouer tranquillement ? Alec tentait de les faire disparaître depuis plusieurs heures. Mais elles proliféraient, prenant de plus en plus de place, jusqu’à occuper son esprit tout entier. Ralentissant la cadence, Alec se pencha en avant pour reposer son corps et retrouver un semblant de souffle. L’ombre résistante de ses doutes devaient avoir élu domicile sur les traits de son visage, car déjà Elijah le poussait à lui faire connaître le fond de sa pensée.
 
« Pourquoi t’es mon ami ? », demanda-t-il sans réfléchir davantage.
 
C’était la question la plus bruyante, et celle qui résumait le mieux ses consœurs. L’adolescent avait beau tourner et retourner cette interrogation dans son esprit, aucune réponse satisfaisante ne venait le rassurer. C’était simplement incompréhension qu’un mec comme lui puisse apprécier autant un garçon comme Alec. L’un était beau, grand, sportif, coureur et populaire. L’autre était studieux, plus introverti, et ne faisait pas l’unanimité dans l’académie où ils étudiaient. Était-ce parce que ses parents se montraient gentils avec lui, et qu’il cherchait une famille ? Alec n’y comprenait rien.
 
« J’suis sérieux Eli’. Ça n’a aucun sens quand t’y réfléchis. Et puis, si tes parents savaient pour moi, tu ‘crois pas que… Tu vois ce que je veux dire. »
 
Il confirma ses doutes avant de rejoindre les limites du terrain où les deux garçons avaient laissé traîner leurs affaires. Se saisissant de sa gourde, il avala une lampée du liquide pour affaiblir les braises, puis s’humidifia le visage. Du haut de ses quatorze ans, Alec tentait de faire bonne figure, mais il buvait autant chacun de ses mots que s’ils avaient été sa seule chance de survie en plein désert. J’suis cool ? Cette idée le fit rire. Le grand blond s’approcha tout en le rassurant sur l’absence de ses parents. Elijah le rassura en lui rappelant qu’il serait toujours là, et qu’imaginer l’inverse serait se méprendre. C’est toi qui est con ! s’amusa-t-il.
« Oh ! Peut-être que c’est moi qui vais te laisser tomber ! », avait-il déclaré pour cacher son émotion naissante.
 
Mais Elijah sembla reconnaître son air dubitatif derrière cette façade et leva les yeux au ciel avant de se lancer dans une litanie aussi ridicule que touchante. Alec rit. Peut-être était-il la drama queen dont il faisait mention. Nouveau rire.
 
« N’me touche pas ! Bouge ! », refusait-il sans grand effort.
 
Malgré tous ses – maigres – efforts, Elijah parvint à atteindre sa joue et y déposa quelque chose qui ressemblait plus à un suçon qu’à un doux baiser sur sa belle. Plus insupportable encore, il demanda si le garçon était satisfait.
 
« T’es insupportable, tu le sais ça ? J’sais pas pourquoi JE suis TON ami ! », il plaisanta avant de le pousser gentiment. « Bon, du coup, tu penses que tu peux venir ? »
 
Elijah avait visé juste, chaque fois. C’était incroyable comme il parvenait à faire mouche en étant si aveugle à la fois. Rassuré, Alec partit chercher la balle et l’a lui envoya pour une revanche – qu’il perdrait, évidemment. Il ne le laisserait jamais tombé.
 

***

« Merci, Captain Obvious », lança-t-il accompagné d’un regard aussi amusé qu’alcoolisé. « Fallait bien occuper mes soirées sans toi. Mais j’t’avoue que j’n’ai jamais trouvé mieux. »
 
Il faisait naturellement référence à sa résistance aux effets de l’alcool. Ou peut-être pas. L’alcool aidant, Alec réalisait qu’il avait longtemps et véritablement cherché son visage dans celui d’inconnus, assis aux bars qu’il avait pu fréquenter. Il s’était fait de nouveaux amis en licence. Mais personne ne l’avait jamais égalé. Elijah était unique. Pour le meilleur et pour le pire, d’ailleurs. Des années auparavant, il aurait été inconcevable pour l’universitaire de s’asseoir devant un comptoir aux côtés d’Elijah. Aujourd’hui, la chance semblait leur sourire derrière des nuages opaques. Le blondinet le bouscula amicalement pour joindre le geste à sa reconnaissance.
 
« Anytime », lui promit-il.
 
Le serveur ne tarda pas à apporter les verres qu’il avait commandés. Le regard du jeune homme s’illumina et il sembla oublier une seconde ce qui les avait amenés à boire dans un bar plongé en pleine tempête. C’est alors qu’Eli’ lui avait demandé de le faire rire. Sans réfléchir, Alec avait pensé à la première conversation qui lui venait en tête, provoquant leur hilarité commune. Les gens se retournaient sur eux, curieux, ou peut-être jaloux de leur conversation. La leur semblait si vide, songea-t-il, déjà saoul.
 
« Oh, t’as pas idée ! », se remémorait-il. « Pas la moindre ! Complètement aveugle en plus. »
 
Merde. L’alcool avait dépassé sa pensée ; les mots aussi. Agissant comme si rien ne s’était passé, Alec attrapa un shot, trinqua avec un verre invisible, et fit un énième cul sec. Il râla puis sourit. Non, merci. Il n’était pas sûr de vouloir imaginer Elijah coucher avec un autre homme. Très peu pour lui. Il avalait un autre shot de vodka quand Elijah prétendu qu’Alec n’avait jamais porté un grand intérêt à sa vie amoureuse. Le jeune homme n’eut pas d’autre choix que de s’étouffer, tant la bêtise était grande. Putain d’aveugle, ouais !
 
« … Mais… t’es… débile », avança-t-il en toussant. « Y‘avait pas plus investi que moi, tu déconnes ? » Puis, réalisant sa bêtise, Alec précisa : « T’as oublié toutes ces conversations ? Ces numéros que je t’ai trouvés ? Tu crois vraiment que je pensais que vous alliez cueillir des pâquerettes ? »
 
Il avait terminé sa phrase en se penchant en avant, pour le regarder de côté, à moitié avachi sur le bar. Sa position était aussi absurde que la dernière phrase du grand blond. Elle avait au moins le mérite de les tirer vers des sentiers moins graves que ceux sur lesquels ils s’étaient aventurés plus tôt dans la soirée.
 
« Too much information », grimaça-t-il. « J’imagine très bien que t’es comblé, merci, pas la peine de me faire un dessin finalement. J’vais rendre ma vodka. »
 
Ce n’était pas tant qu’il ne voulait pas l’imaginer nu, mais pas avec un autre. Non, vraiment. Sans façon. Pas la peine d’insister. Il en oublia que la question était la sienne, et manqua de s’étouffer une deuxième fois. Il ne put retenir son rire et dut attendre de retrouver un semblant de calme pour répondre, faussement vexé.
 
« Non, mais en fait c’est toi qui t’en foutais on dirait ! C’est dingue ça ! J’suis absolument pas puceau. Comment t’as pu oublier ? On aurait dit que ça t’obsédait ! J’ai couché et BAM ! Tu ne me laissais plus rien passer. T’avais toujours peur que je te saute dessus. Vue comment les choses ont tourné, c’est à se demander si tu n’l’aurais pas voulu. », dit-il d’une voix plus haute qu’il ne l’avait anticipée.
 
L’alcool déliait les langues. Mais les foutait dans un bordel monstre. Il n’aurait pas fallu inverser les rôles.
 
« T’inquiète, ma vie sexuelle va très bien. Elle est très épanouie. »
 
« Était » aurait été un temps plus approprié. Mais lui aussi avait le droit d’enjoliver un peu les faits.
 
« Il s’appelle comment l’heureux élu qui me plairait tant ? »
 
Faire diversion. Oui, voilà. Bonne idée.


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Jeu 3 Jan - 14:19
Elijah Holtz
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Dix heures, mi-juillet. Malgré l’heure matinale, je fondais déjà, allongé sur la chaise longue installée face à la piscine. Pire qu’une glace au soleil. Terrible. Mon corps entier, à la peau désormais halée, perlait d’une fine couche de transpiration. Cette dernière m’aurait rafraîchi au contact de l’air si celui-ci n’avait pas fugué directement du désert du Sahara. Étouffant. Parfois, je jetais quelques regards discrets en direction des vacanciers aux horizons. Je n’étais pas en quête d’Alec qui n’avait pas encore pointé le bout de son nez, détrompez-vous. Juste que la vue était parfois agréable comme l’attestait mon salut de la main à une demoiselle peu vêtue qui me jetait des coups d’œil intéressés. La dernière fois que j’avais vu le brun, il était encore en train de tremper son oreiller sous la tente. Tant qu’il ne ronflait pas après tout… Il s’en était fallu de peu pour que je le réveille d’une tape aux fesses. Mais il me fallait innover. Le pauvre s’était réveillé en sursaut plus d’une fois cette semaine à cause de cette pratique. Plus il grognait, plus je m’esclaffais. J’étais le pire « colocataire » possible et inimaginable. Une nuit, alors que je ne parvenais pas à trouver le sommeil, j’avais glissé mon pied sous son nez avant de prendre une photographie. Bien sûr, le flash lui avait vendu la supercherie et s’en était suivi une bataille d’oreillers qui était parvenue à vider mes batteries. Ne me diabolisez pas s’il vous plaît. L’adolescent était loin d’être une victime et savait parfaitement obtenir sa revanche. Car oui, se balader nu pour retourner à ma tente ne faisait pas partie de mes passions. Heureusement qu’il faisait sombre et que j’avais réussi à trouver des objets au passage me permettant de cacher davantage que mes mains. Morale de l’histoire : ne jamais prendre ses vêtements ni sa serviette pour acquis lorsque vous prenez une douche dans un camping. C’était hier. La vengeance est un plat qui se mange froid.

Une musique dynamique me monta aux tympans tandis que le groupe d’aquagym s’échauffait. J’avais abandonné depuis longtemps l’espoir que cette activité soit une gourmandise visuelle. Par contre, j’avais le pressentiment que mon binôme avait un crush sur le moniteur. La vingtaine, teint bronzé, bien fichu. Quand nous nous baignions tous les deux et que l’étranger était dans les parages, il semblait fébrile. Évidemment, je profitais de la situation. Dès qu’il débarquait, je me rapprochais du brun pour lui murmurer à l’oreille : « Y a ton chéri tout près. Souplesse time ! ». En parlant du loup, on en voit la queue. Hum. Un Alec récemment habillé s’avançait vers moi quoi. À en croire sa mine radieuse, celui-ci était encore triomphant du soir précédent et avait repéré monsieur « Une-Deux ! Une-Deux ! ». Rira bien qui rira le dernier. Il n’eut pas le temps d’interrompre sa marche que je bondissais sur mes pieds, le saisit au vol, et nous jetait à l’eau dans un torrent d’éclaboussures. Le garçon avait dû voir sa vie défiler devant ses yeux. Une fois remontés à la surface, je me pliais en deux, secoué par un rire indomptable. Ses fringues étaient inévitablement trempées et le moulaient de partout. Ce qui n’était pas super agréable d’après mon expérience.

Je n’étais pas le seul à m’amuser de ma bêtise, certains spectateurs gloussant comme des poules. Tout en hoquetant, je vins le serrer dans mes bras afin de le « consoler ». Qu’il ne rêve pas. Je n’avais pas terminé. Je profitais de cette étreinte pour le diriger vers son prétendu coup de cœur, me positionnant de sorte à lui boucher le champ de vision.

- Excusez-moi. Je lui ai fait une farce. Il a besoin de se remettre de ses émotions. Vous seriez OK pour vous occuper de lui aujourd’hui ? De l’exercice lui ferait le plus grand bien pour se vider… l’esprit !

Le moniteur accepta à mon plus grand plaisir, s’inquiétant pour Alec dont il toucha l’épaule.

- Et sois gentil ! criais-je au brun avant de m’éloigner. N’oublie pas de te déshabiller pour des mouvements plus amples !

Dès que j’eus le dos tourné, mon masque d’inquiétude se volatilisa et je dus me mordre le poing pour contrôler mon hilarité. Direction la jolie blonde. Rien de mieux pour savourer une victoire !

**

En même temps, personne ne savait amuser autant la galerie que moi ! Pas étonnant qu’il n’ait « jamais trouvé mieux ». Quoique Ophelia devait être une sacrée rivale en la matière. Reine du dancefloor, vivant d’idées saugrenues et ne craignant l’opinion de quiconque. L’ambiance effectua un virage titanesque, nous réduisant à deux types alcoolisés menaçant de tomber de leurs tabourets à cause de bêtises sortant d’un placard poussiéreux. Alec ne me contredit pas. J’étais définitivement idiot à l’époque apparemment ! Je ne m’en vexais pas, c’était purement la vérité. Disons que je compensais à ma manière les horreurs qui se déroulaient chez moi. « Complètement aveugle » ? Ok, j’avais loupé plusieurs opportunités mais je n’étais pas à plaindre non plus ! Je me souvenais encore de l’année de terminale où une dénommée Chloé, adolescente sage mais incroyablement mignonne, me faisait du gringue sans relâche. Vous savez ? Des petites choses innocentes comme partager ses biscuits après que je me sois plains d’avoir la dalle et redresser le col de ma chemise qui avait pour habitude de se rebeller. Désolé de ne pas avoir su lire les signes ! Pour moi, elle était « la petite Chlo » comme je la surnommais. Nous nous connaissions depuis la maternelle ! Je me demandais ce qu’elle était devenue elle aussi. Mariée probablement.

Je tapotais le dos de l’étudiant qui semblait mourir sur place. « Étouffé par de la vodka. » Sacrée épitaphe. Je n’eus pas le temps de m’éterniser sur sa tombe que mon interlocuteur défendait sa participation avec conviction. Pendant qu’il déblatérait, je m’enfilais un sixième ou septième shot. Mon partenaire de beuverie m’avait devancé depuis un bail. Alcoolique…

- Il fallait bien que quelqu’un te forme je te signale. Tu n’étais pas super doué. C’est surtout pour toi que je faisais ça, interprétais-je avec amusement et mauvaise foi. Concernant les pâquerettes, je te conseille de t’en méfier. Elles ont tendance à se glisser où il ne faut pas.

Je pouffais, me souvenant de mes péripéties avec une rouquine me faisant visiter la ferme de ses grands-parents. Était-ce l’effet provoqué par cette révélation qui le rendait étrange ? Incrédule, je le fixais changer de posture puis lâchais un « T’es bizarre » de perplexité. La boisson lui montait à la tête ! Ou plutôt à la bouche vu son témoignage suivant. Ainsi, m’imaginer avec un mec le dérangeait tant que ça ? Compréhensible. Je ne l’avais jamais visualisé nu non plus. L’inceste ? Pas mon dada. J’en étais d’autant plus outré qu’il clame que ma « peur » passée à l’idée qu’il me saute dessus ne soit en fait qu’un désir caché.

- Boire te fait dire des bêtises. Si j’avais voulu te toucher, crois-moi que je l’aurai fait. Les opportunités ne manquaient pas. Comme la semaine passée au camping tu te rappelles ? me remémorais-je. De toute façon, ça ne m’est jamais venu à l’esprit. Tu es trop… toi. Tu sais ?

Oh tient, un vieux raccourci ressuscité. On pouvait lire la concentration sur mon visage, mon cerveau tournant à vive allure. Nos commandes faisaient un peu trop bien effet. J’avais comme oublié les drames qui nous avaient réunis.

- Et puis tu m’aurais envoyé chier, comme à chaque fois que je te touchais si ce n’avait pas été le cas. Tu aurais au moins pu faire semblant même si je te dégoûtais. Mais peu importe, ça ne m’a jamais blessé. C’était drôle. C’est un des trucs que j’aime le plus chez toi.

Est-ce que ça avait du sens ce que je déblatérais ? J’étouffais un « Catin. » en imitant une toux, réponse à sa vie sexuelle « très épanouie ». Lorsqu’il m’interrogea à propos de mon petit-ami, un sourire attendrit étira mes lèvres alors que je croisais mes bras sur le bar et y posais ma tête.

- Teddy. C’est un collègue. Et musicien ! Le mec le plus parfait du monde. Dès que je le vois j’ai envie de le prendre contre moi et de l’embrasser. Tu verrais sa bouille...

Quinze ans le retour, bonjour.

- Et toi, tu as un chéri ? À moins que tu te sois décidé à tripoter des nichons ? Chacun son tour.
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Jeu 3 Jan - 22:12
Teddy Abolick
We rise by lifting others.
Teddy Abolick
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Journal perso
Ardoise (dortoirs):
Ce n’était pas du genre d’Elijah d’envoyer des messages pareils. Enfin aussi concis, avec peu d’émotion ou quoi. Ouais, je me comprend. Il y avait une couille dans le pâté. Alors soit, il essayait de se la jouer mystérieux pour m’attirer dans un traquenard, soit il y a quelque chose qui n’allait pas. J’avais beau me repasser toutes les dates en tête, il me semblait qu’il n’y avait aucune événement particulier alors, je penchais plus pour la seconde solution et pour le coup, je m’en voulais d’avoir vu son message aussi tard. Oh bah, heureusement qu’il n’y avait pas de concours du meilleur petit-ami, parce que clairement, je serait même pas dans les finalistes avec ça.

Après avoir répondu, je lâchais ce que j’étais en train de faire pour enfiler mon sweat à capuche squelette (encore lui, je sais, j’ai pas trente mille sweat désolé. Quoique si, j’ai plein de vêtements, mais j’aime mettre toujours les mêmes et j’vous emmerdes.), une paire de chaussure et roule ma poule ! Choupette dans une main, j’allais sortir et hésitai soudainement. Je pris mon portable pour renvoyer un message à Elijah. Puis vu qu’il ne me répondit pas dans la seconde, j’en envoyai un autre attrapait la batte de baseball qu’on gardait près de la porte d’entrée (juste au cas où) et quittai l’appartement. Allez pas une seconde à perdre, je traversais le couloir en trottinette pour aller jusqu’à l’ascenseur.

J’espérai que personne ne m’avait vu, parce que j’étais pas sûr que ce soit bien autorisé de faire un truc pareil. Mais ouais, il faut que j’arrête d’espérer, une de mes voisines était dans l’ascenseur et me vit arriver en trottinette. Elle ne dit rien, mais il me semblait l’avoir entendu soupirer. J’appuyais sur le bouton du rez-de-chaussé. La porte ne semblait pas vouloir se refermer. Bordel ! Je suis en retard les gars ! J’ai un homme à aller sauver ! Je sortis de l’ascenseur et pile au même moment le porte se referma… Et avec ma chance habituel, vous savez, elle se referma en coinçant ma capuche au passage. Je vous jure. La panique. Heureusement, la voisine eu le réflexe d’appuyer sur le bouton pour rouvrir la porte.

Ok, j’avais compris la leçon. Honteux, je retournais dans l’ascenseur, remerciant la voisine avec mon air de victime, ce qui la fit bien rire. Bon au moins, j’avais fait sa journée. Pour le coup, nous discutâmes un peu le temps d’arriver au rez-de-chaussé, elle était plutôt sympa. Une petite blondinette, de mon âge à peu près. Au moins, j’étais rassuré, elle n’allait pas se plaindre à qui que ce soit qu’un connard faisait de la trottinette dans les couloirs. Elle m’avoua avoir été surtout surprise et comprenait l’urgence de la situation. Décidément, on devrait avoir plus de voisin aussi adorable. Bref, lorsque la porte s’ouvrir sur le rez-de-chaussé, je fonçais vers la sortie.

D’un geste magistrale (comprenez par là : ridicule), je dépliai ma trottinette, sautai dessus et me cassai la gueule, la tête la première sans même avoir fait un mètre. Putain de tempête. Avec le verglas, la neige et tout le bordel, c’était impossible de patiner. Enfin pas avec une trottinette. Bon, je n’avais pas le temps de remonter mettre Choupette au chaud. Je la laissais dans le hall d’entrée en priant pour que personne n’y touche et repartir, en courant cette fois. Bordel ce qu’il faisait froid. J’aurais dû prendre mon bonnet. A défaut d’avoir mieux, j’avais mis ma capuche sur ma tête. Puis courir, ça réchauffe ! Quoique, j’avais plus l’impression que l’intérieur de mon corps allait mourir à cause de cette activité sportive soudaine et l’extérieur allait mourir de froid d’une seconde à l’autre. Il faut savoir prendre des risque parfois !

J’étais sûr et certain qu’il fallait que je rejoigne Elijah. Mais il faut croire que les éléments ne voulaient pas que ce soit le cas. La preuve, j’étais plus près de l’arrivée que du point de départ (oui, je savais de quel bar Eli parlait, on allait tout le temps dans le même de tout façon), et je sais pas trop ce que c’était mais soudainement, mon pied se retrouva coincé dans un trou. Heureusement que j’étais prudent en courant parce que j’aurais pu me casser une cheville ! C’était ultra dangereux ce truc ! Je crois que c’était des travaux qui avaient été stoppé à cause du sale temps. Mmh, j’aurais peut-être dû faire plus attention aux panneaux aussi. Bref, je me sentais con, je n’arrivais pas sortir mon pied de là. J’avais beau forcer. Je commençais à m’imaginer ma vie ici. Si je ne mourrais pas de froid avant. Eli serait sans doute heureux de se marier sur un trottoir.

Allez, arrête de penser à n’importe quoi Teddy, trouve une solution ! Oh ! Dans un élan de génie, j’enlevais ma chaussure. Génie débile ouais. J’étais à nouveau libre de mes mouvement, mais il me manquait une godasse quoi. Je tentais donc de la dégager et miracle ! Enfin un peu de chance ! Je réussi à la récupérer. Et à ce même moment, il y eu une bourrasque de vent énorme, et je me pris une branche d’arbre, sorti de nulle part en pleine gueule. Sur le coup, je lâchais ma chaussure libérée qui se laissa porter par le vent vers de jours meilleurs. Putain de karma ! J’espère qu’Eli n’était pas en situation de vie ou de mort, parce qu’il aurait eu le temps de décéder au moins quatre fois là.

De la merde, il fallait que je continue. De toute façon, ça ne servait à rien que je cours après une chaussure perdu. Puis le bar était au bout de la rue, on allait pas faire demi tour maintenant. Je continuai donc et arrivai au bar sans plus d’encombre. Et heureusement, parce que je sais pas trop ce que je pourrais subir de plus là. Me faire enlever par des Alien peut-être ? Ouais non, autant pas provoquer le karma. En entrant, je commençais par saluer de loin le barman. A force de venir ici, seul, avec Eli ou d’autre collègue, on se connaissait bien. Cela ne l’empêcha pas de me m’observer de haut en bas, d’un regard intrigué, avant de me saluer et de m’indiquer où était Eli d’un signe de tête.

Je le remerciais avec un petit sourire. Ouais, je sais, je devrais pas trop envoyer du lourd là, avec ma seule chaussure, ma chaussette trempée, ma batte de baseball toujours à la main (oui oui, je l’ai pas oublié celle là), puis j’avais aucune idée de la gueule que m’avait taillé la branche qui avait tenté de me rouler violemment une pelle, tout à l’heure. Enfin, ce n’était pas comme si j’étais venu pour draguer non plus. Celui que je venais voir était déjà le mien et à ce qu’il parait, amoureux transi. On verra bien si c’était vraiment le cas. Je m’approchais du blond en remarquant qu’il était dans une discussion animée avec un petit brun qui me disait quelque chose. Ouais, c’était un de nos élèves ça. Mais pourquoi il m’avait envoyé un message de détresse ? Il avait l’air de bien s’amuser.

Suspect, je m’approchai quand même. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je glissai une main sur le bras d’Elijah jusqu’à sa main qui tenait un shot d’alcool. Vu le nombre de verre devant eux, je constatais que j’étais vraiment pas en avance.

- Woh, easy cow-boy…


J’attrapai le verre qu’Elijah tenait et le bu d’un coup. Vu tout ce qu’il avait déjà bu, il ne m’en voudrait pas pour ça. Surtout que… Ouais, Elijah ? Boire autant ? C’était étrange. Tout du moins, je ne l’avais jamais vu s’enfiler autant de shot de suite sans raison. Ou peut-être que c’est parce qu’en général, j’essayais de le suivre, mais qu’au bout de quelques verres, j’étais déjà mort et donc je ne pouvais jamais voir ou me souvenir combien de verre lui, avait bu durant la soirée. Mais en général, c’était un gars plutôt raisonnable, il me semblait. Je reposai le verre, puis la batte sur le comptoir.

- Quoi ? Il faut bien que tu ralentisse un peu, tu sais que je pourrais pas te porter pour le retour. Encore moins vous porter tout les deux !

Je savais toujours pas ce que cet étudiant faisait là. Et non, je n’avais pas plus confiance. Elijah se laissait aller comme ça avec lui ? D’ailleurs j’envoyais un regard suspect au brun. Je voyais bien qu’il regardait ma batte alors j’enlevais cette dernière du comptoir pour la poser au sol. Bon, apparemment, pas de baston ce soir. J’étais presque déçu au final.

- Mmh… Lary c’est ça ?

J’avais mit un moment à me souvenir de son nom. Il faut pas m’en vouloir, j’étais encore dans le rush là. J’aurais aimé pouvoir être un gars qui en impose, un peu comme Eli quoi. Mais bon, je faisais à peine plus d’un mètre soixante-dix, j’étais tout frêle, j’avais qu’une chaussure, j’étais trempé. D’ailleurs j’enlevais ma capuche, ouais, je viens de me souvenir qu’elle était toujours sur ma tête. Je voulais trouver un truc cool et classe à dire. Genre tu sais, marquer mon territoire, ou poser mes couilles sur la table (au sens figuré bien sûr hein, quoique au sens propre, serait plus simple pour moi du coup… non, restons décent), mais tu ce que je réussi à sortir c’est :

- Ca va ?

Quel con, je vous jure. Je me réintéressais alors à Eli. Les deux me semblait bien parti là. Mais il me semblait que mon blond avait les yeux rouges encore plus gonflé que d’habitude. J’avais raté quoi, putain ? Je glissai une main agréablement froide sur sa nuque.

- Hey babe, qu’est-ce qu’il se passe ?


Bien sûr que je me faisais du soucis ! Cette situation ne faisait aucun sens pour moi ! Mon mec, qui m’envoie un message désespéré, mais qui est en traind e se pinter la gueule avec un élève… Pourtant il l’air d’avoir été désespéré… Est-ce qu’il s’était passé quelque chose avec Lary ? Ou alors il s’était passé quelque avant et Lary s’était trouvé être là, au bar et était venu lui tenir compagnie ? Dans tous les cas, je n’aimais pas ça.
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Ven 4 Jan - 9:24
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Shadows settle on the place, that you left.

MLa chaleur était étouffante et Alec devait s’être tourné et retourné des milliers de fois cette nuit-là. Bien sûr, cela était peut-être également dû à l’appréhension qu’il pouvait avoir de se réveiller avec le pied de son meilleur ami dans la figure. Plus adolescents que jamais, les deux garçons étaient partis faire du camping avec les parents de l’écossais et ne manquaient pas une occasion pour se taquiner dans cette nouvelle aire de jeu. Le soleil finirait par le cuir vivant dans sa tente – fort heureusement, Elijah avait eu la gentillesse de laisser la porte en toile ouverte et un fin coulis d’air circulait – et Alec finit par ouvrir les yeux. Sortant en grommelant de leur pavillon de toiles imperméables, le grand brun s’étendit pour faire craquer ses articulations. Il observa en bayant les environs. Ses parents devaient être partis faire quelques courses – la voiture n’était plus là – et de par l’absence de sa serviette de plage, Alec décida qu’Elijah avait opté pour la piscine. Un sourire s’étendit sur ses lèvres tandis qu’il enfilait un pantalon pour ensuite gagner les sanitaires et faire un brin de toilettes. Le blondinet l’avait vu moins présentable, mais cela ne l’empêchait pas de vouloir faire quelques efforts supplémentaires. Ayant regagné le terrain qu’ils avaient loué, le fils McArchty s’était adonné à quelques exercices physiques en espérant bomber légèrement sa musculature naissante – quoiqu’inexistante – et était reparti très vite après avoir enfilé son maillot de bain sous son short dans la tente.

Alec aurait sûrement dû se méfier lorsqu’il avait vu Elijah bondir sur ses pieds. Mais il était trop occupé à prétendre ne pas regarder sa musculature déjà plus développée que la sienne. Son teint hâlé lui allait à ravir et ne rougissait aucunement, contrairement à sa propre peau qui trahissait ses origines sans aucun remord. « Hey, bien dor…  Eli’ ! », essaya-t-il de demander avant d’être balayé par la tornade Holtz. En moins de temps qu’il n’en fallait pour dire « salop », les deux garçons s’étaient retrouvés sous l’eau. Alec avait serré plus fort Elijah sous la surprise, puis au contraire, réalisant qu’il avait été piégé, l’avait repoussé avant de gagner la surface. Le brun était trempé et ses vêtements collaient à sa peau, soulignant chaque détail de son anatomie – ou presque. Les gens riaient autour d’eux. Content d’amuser la galerie… J’vais t’tuer ! Il s’apprêtait à le noyer mais Elijah fut plus rapide et l’étreignit « de force ». Quel mauvais coup préparait-il maintenant ? Alec le découvrit aussitôt tandis que ce dernier demandait de l’aide au moniteur pour prendre soin de lui. Le jeune homme rougit. La situation était des plus indécentes ! Elijah avait décidé que le moniteur était le type rêvé pour – ou par – Alec. Mais il était davantage troublé par la peau nue de son meilleur ami – c’est ton meilleur ami Alec !, se répétait-il pour ne pas céder – contre son corps que par la belle gueule du sauveteur en herbe. Celui-ci accepta. Alec se laissa porter et tirer dans l’eau par le moniteur mais prit grand soin de fusiller Elijah du regard et d’articuler en silence qu’il allait le tuer. Pas le moins du monde effrayé, son meilleur ami en rajouta une couche en lui conseillant de se déshabiller. Alec était maintenant partagé entre l’envie pressante de serrer ses doigts autour de son cou et celle de céder au fou-rire. Il choisit la deuxième option, se promettant de se venger plus tard.
Dans tout son aveuglement, Elijah avait parfois le regard aiguisé. Il s’était peut-être trompé en pensant qu’Alec rêvait du beau moniteur, mais avait peut-être perçu quelque chose de son côté. L’écossais observait le moniteur l’ausculter – que diable pensait-il trouver ? – tout en échafaudant un plan pour se venger. Ce dernier reprit les mots de son meilleur ami, déjà parti draguer, et lui conseilla de retirer son tee-shirt et son short pour qu’il puisse vérifier qu’il allait bien. Les yeux du jeune homme s’arrondirent. Il était peut-être naïf, mais cette tentative d’approche était aussi subtile que le Mont Everest.

« Je vais très bien vous savez… », expliqua-t-il.

Le moniteur était en effet très beau. Son corps, sûrement durement sculpté à la salle de gym, était mis en valeur par un faciès sans défaut. Mais voilà, il n’était pas lui. Et cet été-là, Alec n’imaginait embrasser personne d’autre.

« C’est mon abruti de meilleur ami. Il voulait juste me ‘rendre service’. Désolé… », s’excusa-t-il avant de se lever et de lui dire qu’ils se verraient sûrement plus tard.

Un autre soir, après avoir vu Elijah en embrasser une autre – bien sûr, abruti, tu t’attendais à quoi ? T’es vraiment le dernier des cons ! – Alec avait subitement changé d’avis et s’était directement rendu au terrain du moniteur pour l’embrasser à en perdre la raison.
Calmé, le lendemain, Alec échafauda un plan pour se venger de la façon la plus puérile possible. Alors qu’Elijah roucoulait avec sa blonde plantureuse, le jeune homme fonça sur lui, gel douche et serviette. Paré de son air le plus faussement réprobateur, le grand brun jeta le gel douche sur Elijah qui l’attrapa au vol.

« Bon, ça suffit maintenant. Mes parents veulent que tu prennes une douche ! Sérieux ! Ça va faire une semaine. T’es plus un gosse Eli’, grandis un peu ! Oh, pardon. Salut ! », fit-il mine de voir la blonde.

Il s’éloigna à son tour, se mordant la lèvre pour ne pas pleurer de rire. Sa tête bordel ! Sa tête !
 

***
 
« Sale dépravé ! », grogna-t-il en faisant mine de ne pas vouloir savoir où les pâquerettes avaient bien pu venir se loger. S’il s’agissait d’ailleurs bien de pâquerettes. Rien n’était moins sûr avec lui. Il décida d’ignorer les taquineries du jeune homme et de les balayer d’un mouvement de tête.
 
« Tu le découvres seulement maintenant ? Et beh, en douze ans, t’as vraiment eu le temps de travailler ta perspicacité dis-moi ! », ironisa-t-il en l’entendant le qualifier de « bizarre ».
 
Ce n’était en effet pas la première nouvelle. Boisson ou pas, le sang d’Alec ne fit qu’un tour en l’entendant s’exclamer qu’il l’aurait touché sans aucun problème lorsqu’ils étaient ados. Encore fallait-il qu’il en eût envie. Le grand brun termina deux shots rapidement lorsqu’Elijah conclut maladroitement son analyse. Non, je ne sais pas, non. Amer, il commanda une nouvelle tournée. Le barman consentit à la lui fournir, mais non sans le juger d’abord, l’amusement le trahissant malgré tout par son regard. De mal en pis : Elijah prétendait maintenant qu’Alec ne lui avait pas laissé d’autres choix. Et si c’était moi qui l’avait repoussé tout ce temps ? Et si… Peut-être que son meilleur ami l’aurait envisagé autrement s’il n’avait pas été aussi doué pour cacher ses sentiments. Peut-être aurait-il fini par le voir justement pour ce qu’il était s’il n’avait pas mis un point d’honneur à le dire indigne de lui. Peut-être qu’il s’était fait ça tout seul. Alec le fixait sans rien dire, réalisant tout cela à sa vitesse, l’alcool ralentissant certainement le processus douloureux. Un des trucs que tu aimais le plus chez moi… Les mots résonnaient dans sa tête embuée par la boisson.
 
« Arrête de dire des conneries. Tu sais très bien que tu n’me dégoûtais pas. J’te faisais marcher. »
 
Il voulut maladroitement rétablir la vérité, mais s’interrompit dans la manœuvre, réalisant qu’il arrivait trop tard. À quoi bon ? Et puis, il était un peu vexé. Pourquoi ? L’écossais l’avait pourtant oublié ! Il avait connu d’autres histoires, d’autres déceptions. Pourquoi son ventre se tordait-il délicieusement lorsqu’il posait son regard sur ses lèvres, ses yeux ? Oui, voilà, Teddy. D’accord.
 
« Hannnnnnw », se moqua-t-il volontiers en se penchant vers lui.
 
Mais il le détestait déjà. C’était décidé. Une batte de baseball se posa devant eux, sur le bar, tandis que le shot d’Elijah était attrapé par une main masculine. Alec suivit celle-ci vers son propriétaire et découvrit un jeune homme plus petit qu’eux, brun, fin. Il lui disait vaguement quelque chose, mais son cerveau peinait à aligner deux mots. Les effets de l’alcool s’installaient péniblement. Non, l’écossais était toujours bloqué sur deux images : « Elijah » et « Cow-boy ». Celles-ci provoquèrent son hilarité et ce ne fut que lorsqu’il entendit l’inconnu s’adresser à lui par son deuxième prénom d’emprunt qu’il s’efforça d’arrêter de rire.
 
« Hey mec ! Oui, c’est ça ! »
 
Il avait voulu l’appeler par son prénom, mais rien ne vint. Puis, deux plus deux s’additionnèrent et il comprit.
 
« Euh ouais ça va ouais… », essaya-t-il d’articuler pour cacher sa sobriété très publique.
 
Son regard voyagea de la tête blonde à celle de son petit ami plusieurs fois.
 
« Oh merde ! C’est lui le mec qui me plairait ? Enchanté de faire ta connaissance mec. T’as tiré le gros lot. C’est marrant, je t’imaginais blond. Elijah a toujours eu un truc pour les blondes quand il était jeune. »
 
C’était partiellement faux. Mais Alec l’avait décidé, il le détestait déjà avec sa bouille mignonne, sa tentative ridiculement touchante de s’imposer, son désir de protéger Elijah et sa gentillesse. Il était jaloux. Pourtant, dans toute sa frugalité, Alec opta pour le passif agressif, souriant comme s’il ne pensait pas à mal. Elijah ne s’en rendrait pas compte, fait comme il était.
 
« Tu peux m’appeler Alec. Lary c’est pour les cours. »
 
Il avança sa main vers lui pour la serrer fermement. S’il s’était vu, Alec se serait trouvé ridicule.
 
« Du coup, t’avais l’intention de buter un bonhomme de neige en chemin ? Il… t’avait volé ta chaussure ? »
 
Le jugeait-t-il du regard, hilare. Teddy pouvait le détester. Il était subtilement détestable !


(c) crackle bones

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