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Each encounter is an opportunity ☆ FEAT Elijah Holtz

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Lun 12 Nov - 20:45
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
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Journal perso
Ardoise (dortoirs):





Each encounter is an opportunity ☆ FEAT Elijah Holtz 3l9c Each encounter is an opportunity ☆ FEAT Elijah Holtz Xl3z




Après avoir vécu de manière sédentaire en Allemagne durant plusieurs années, la communauté à laquelle appartenait Sylvanus vota à la majorité l'exode. Cette démarche leur permettrait de s'ouvrir aux autres, et également de vendre quelques-uns de leurs articles artisanaux. Ainsi de neuf ans à quatorze ans, l'enfant à la chevelure de feu se retrouva sur les routes et chemins d'Europe en compagnie de ses nombreux parents et amis.

Parfois, ils restèrent de nombreux mois au même endroit, comme en Autriche ou en France par exemple. Dans d'autres lieux tels la Suisse, ils ne firent que de brefs arrêts. Le rythme de leur progression était donné par la météo, l'amabilité des gens qu'ils croisaient, ainsi que les décisions du groupe qui étaient toutes mises au vote. Même les enfants avaient le droit d'exprimer leur préférence, pour peu qu'ils soient assez âgés pour comprendre la question.

De manière générale, les enfants semblaient avoir une vie de rêve ainsi sur les routes, jamais enfermés entre quatre murs pour subir des leçons... Non, la communauté estimait que quelques cours de mathématiques, d'écriture et de lecture leur suffisaient. Le reste n'était que l'apprentissage de la vie.

Les adultes confirmés encourageaient toujours les plus jeunes à visiter et questionner les lieux dans lesquels ils se trouvaient. Et c'est ainsi que, sacoche sur l'épaule, Sylvanus faussa compagnie à ses proches durant une de leurs pauses au Luxembourg. Très confiant – probablement trop – il s'éloigna gaiement de la place principale sur laquelle étaient regroupés des commerçants itinérants, et commença à s'enfoncer dans des rues, qui devinrent des ruelles. Cela ne le perturba pas plus que cela, il crapahutait depuis qu'il savait marcher et avait acquis un sens de l'orientation correct. Rien d'inquiétant à se perdre un peu, selon lui.

Candide, le jeune garçon ignorait que le danger pouvait provenir des autres. Lui qui ne craignait pas les serpents, qui fuyaient lorsqu'ils sentaient le sol vibrer à son approche, ignorait tout de ce lieu. L'enfant qui s'aventurait seul dans la forêt, dont il connaissait les secrets, était un étranger parfait dans cette ville. Oui, la jungle urbaine était pire que la nature, pourtant crainte par tant de citadins. Il n'était pas dénué de tout sens pratique, et connaissait un peu de la langue de chaque pays dans lequel il posait les pieds. Mais en savait-il assez pour faire face au groupe qui surveillait l'arrivée d'un mioche sur leur territoire ?

L'évidente réponse était non. La situation allait probablement aller en se corsant si les deux univers venaient à entrer en collision. Fort heureusement, le karma, la chance, le hasard ou peu importe le nom que vous lui donnez décida d'intervenir momentanément et Sylvanus dévia son chemin. Tel l'enfant qu'il était, il décida d'aller courir un peu plus loin en criant de joie alors qu'il s'amusait à sauter de murets en murets, ou de poteaux en poteau comme un acrobate.

Tout à son bonheur, il ne faisait aucun cas des personnes avoisinantes et bien mal lui en pris. Le même groupe que plus tôt fit une apparition soudaine devant lui. Arrêté soudainement dans son jeu, Sylvanus vacilla sur ses jambes et leva des yeux étonnés vers eux. Ils étaient quatre, entre seize et vingt ans, et en parfaite parité. On ne pouvait pas ici accuser les hommes d'être plus pénibles. Ce fut d'ailleurs d'une des femmes qui débuta les réelles hostilités en arrachant la sacoche du môme pour la jeter plus loin comme un déchet. La scène sembla se dérouler au ralenti pour le roux, qui reprit contact avec la réalité en sentant son crâne heurter le mur de crépis. Il remercierait plus tard sa tignasse déjà longue d'avoir absorbé une partie du choc.

Les quatre jeunes, se sentant probablement très puissants à emmerder un môme qui ne pigeait pas un mot de ce qu'ils disaient, prirent un peu trop de confiance et commencèrent à lui faire les poches alors qu'il demeurait tétanisé par cette première expérience de violence.
lumos maxima
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Mar 13 Nov - 17:34
Elijah Holtz
Poulet-Spartiate
Elijah Holtz
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Emploi/loisirs : Professeur de cinéma

Journal perso
Ardoise (dortoirs):
En quittant l’Allemagne, j’avais fait mes adieux à la vie de château. Avec juste de quoi vivre pendant une semaine tout au plus, mes débuts en tant que pièce importée au Luxembourg furent pénibles. Pas que je manquais d’argent à la banque, mais l’utilisation de ma carte bancaire était à éviter si je ne voulais pas avoir ma famille sur le dos en deux ou trois mouvements. Je n’étais pas encore suffisamment solide pour me confronter à eux. Qui sait le sort que mon paternel me réservait pour lui avoir éclaté le pif ? Ainsi, j’avais passé plusieurs à crécher dans la rue ou dans des bâtiments abandonnés sentant la pisse et l’humidité. Les jours de chance, un toit acceptable se dressait au-dessus de ma tête suite à une agréable rencontre féminine. Ne vous méprenez pas, je n’avais jamais vendu mon corps. Mon charme naturel était suffisant ! (Vive la modestie.) Désormais, il m’arrivait d’être embauché pour des jobs à durée ultra-limitée. Ce n’était pas la joie mais ça me permettait de louer un taudis de moins de 20m². Déménageur, serveur dans des bars miteux, vigil, travaux publics… Des tafs bien souvent ennuyant à mourir en somme ou qui s’achevaient par des coups entre ivrognes. Le niveau ne volait pas bien haut vous l’avez compris. Mais comment pouvait-il en être autrement sans avoir suivi les hautes études qui m’avaient toujours été promises ? Adieu la carrière d’avocat que je m’étais efforcé d’éviter durant toute mon existence. Être élevé parmi des bourgeois n’a pas que du bon détrompez-vous. En particulier lorsque vos proches se soucient plus de l’échelle sociale et de la réputation que de vos aspirations. Voilà où ça m’avait amené. Ça et les poings de mon père laissant leur marque dans ma figure. Je ne m’étais pas contenté de riposter physiquement. Bien que j’étais désormais dans la merde, j’étais fier d’avoir su saisir mon indépendance et me dépêtrer de son influence ainsi que de la passivité de ma mère.

Assis sur un muret avec la clope au bec, dos à la rambarde, je profitais d’une pause entre deux services dans le fast-food du coin. C’était tellement chiant que je m’accordais même de longues minutes de rab. Tous ces clients insupportables, tous plus obèses les uns que les autres… Ok, c’est de la caricature. Mais le caractère de certains compensait la graisse des autres. Fuck, qu’ils aillent au Diable. Je tirais sur ma cigarette puis m’amusais à faire des formes avec la fumée que j’expirais. Tout n’était pas à jeter. Quelques collègues étaient sympathiques, plusieurs demoiselles seraient appétissantes dans un autre contexte et… J’avais trouvé cette fantastique idée -bien que peu originale- de mettre des conneries dans les plats des chieurs. S’ils avaient la moindre idée de ce qu’ils mangeaient. Le pire avait été en réponse à un défi lancé par un type bossant avec moi. Se frotter le derrière avec le pain à burger d’un abruti désagréable dont il avait été la victime durant sa scolarité. Nous nous étions bidonnés derrière le comptoir en le regardant dévorer sa bouffe avec appétit. À croire que j’avais bon goût. J’étais une personne solidaire, surtout quand ça m’éclatait.

Je sortais de ma torpeur en entendant une exclamation. Ce n’est qu’en relevant la tête que je compris que, contrairement à mes attentes, la voix ne provenait pas de mon ahuri de patron. Pour être exact, il s’agissait de quatre voix entremêlées. D’après les apparences, nous avions le même âge. Il me semblait même les avoir déjà croisés sur mon lieu de travail. Je fronçais les sourcils, ne parvenant pas à voir ce qui se déroulait à plusieurs mètres de là. Finalement, la silhouette d’un gamin tyrannisé par des bullies se grava dans ma vision. J’envoyais valser ma clope à l’aide de mon index et m’avançait vers l’attroupement.

- Sérieusement ?

Mon intervention ne leur plut pas. Après des menaces très subtiles, le « chef de la bande » lança son poing dans ma direction. Non merci, j’ai déjà donné. Je me glissais sur le côté et saisit son bras alors en position horizontale avant de brutalement le retourner. Un craquement sinistre accompagna son hurlement. Qu’il ne compte pas sur moi pour lui présenter mes excuses. Je le poussais en sol, le faisant trébucher en arrière. Je regardais les autres d’un air de défi mais tous se débinèrent. Le second gars s’était tiré -couilles molles- tandis que les deux filles étaient aux petits soins du blessé. Alors qu’ils s’éloignaient, je sifflais bruyamment jusqu’à ce qu’ils se retournent.

- Tu n’oublies pas quelque chose par hasard ? demandais-je à l’une d’elle.

Je pointais du doigt la sacoche du rouquin qui gisait par terre. Après hésitation, elle le ramassa et la tendit à celui à qui elle l’avait précédemment fauché. Je pris soin de la décrire. J’étais persuadé qu’une demoiselle splendide se dissimulait sous ce maquillage outrancier. Je me penchais vers elle puis lui chuchotait d’un ton enjôleur :

- Tu sais où me trouver.

La blonde gloussa discrètement, fit mine de rien et repartit vers ses amis. Double score ! Je savais que j’avais eu raison en ne retournant pas bosser à temps. Le destin jouait enfin en ma faveur. Mon regard resta figé sur elle jusqu’à ce qu’elle disparaisse de mon champ de vision. Ce ne fut qu’à cet instant que je me rappelais que j’avais de la compagnie.

- Pas mal hein ? lui demandais-je à son propos. Bref, ne me remercie pas gamin.

Ceci dit, je commençais à traîner des pieds en direction du fast-food. Étais-je vraiment obligé d’y retourner ? Je soupirais.
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Mar 13 Nov - 18:27
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
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Ardoise (dortoirs):



Quelques minutes de ce traitement violent suffirent à rendre l'adolescent confus, et il ne comprit pas grand chose à l'intervention extérieure qui se déroula sous ses yeux et qui fit prendre la fuite à ses agresseurs. Son cerveau retint uniquement un coup de poing qui partait dans la direction de son sauveur blond, des bruits peu naturels de type douloureux, puis la fuite quasi immédiate des quatre personnes.

Dans un brouillard émotionnel complet, il se saisit de sa précieuse sacoche et alla jusqu'à remercier celle qui l'en avait dépouillé peu de temps auparavant. Son réflexe premier fut d'ouvrir son trésor pour vérifier que son contenu était encore en bon état et que rien ne manquait. Lorsqu'enfin l'inspection fut satisfaisante Sylvanus reprit pieds dans la réalité véritable pour assister à l'étrange manège entre la blonde et le Sauveur. L'expression faciale de celui-ci était fascinante d'ailleurs, tandis qu'il regardait partir la jeune femme. Un mélange entre contentement et...faim ? Enfin, c'est ce qu'il en comprenait du haut de ses quatorze ans. Pas grand chose donc.

Son esprit était pourtant vif, ce qui lui permit de comprendre rapidement que l'accent du Sauveur lui était plus que familier. Il était un comme lui ! Cette conclusion l'emplie d'une joie assez exagérée et le poussa à sortir du mutisme dans lequel il était resté pour le moment. En quelques foulées rapides il le rattrapa et sauta quasiment dans ses jambes pour lui faire un innocent câlin tout en l'abreuvant de phrases dans sa langue maternelle : l'allemand.

- Merci Sauveur, t'es gentil ! Tu t'appelles comment, dis ? Moi c'est Sylvanus mais si tu veux tu peux m'appeler Sylv parce que t'es mon ami et que les amis ils me donnent plein de surnoms !

Tout adolescent aurait théoriquement compris qu'il emmerdait le plus vieux, et n'aurait de toute manière pas sauté ainsi sur lui. Sylvanus lui, faisait l'inverse sans se poser de questions et suivant un instinct qu'il aurait dû faire réparer car celui-ci clochait clairement.

Après une étreinte traînant en longueur, le jeune garçon se mit à sautiller autour de son Sauveur les yeux brillants de bonheur de s'être fait un nouvel ami. Les cheveux dans les yeux et même accrochés à ses lèvres, il gênait inconsciemment la progression du blond mais n'en avait cure.

- Dis tu fais quoi ici toi ? Moi je suis avec ma famille et on vend des trucs au marché ! Oooh. Révélation quasi divine dans le regard adorateur. Comme t'es mon copain, j'vais t'offrir un cadeau. Et c'est moi qui l'ai fabriqué et tout !

Brusque arrêt d'activité, pour que le môme farfouille dans sa besace et en sorte un collier composé de perles en terre cuite peintes à la main avec des couleurs chatoyantes. Ravi d'avoir trouvé ce qu'il cherchait, il lui tendit l'objet dans la paume de sa main en attendant qu'il le prenne.


- En plus y a des couleurs, ça te changera !

Mettez un filtre à cet enfant, par pitié. Oh non pas pour lui, mais pour celles et ceux qui allaient être amenés à le côtoyer.

lumos maxima
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Mar 13 Nov - 20:33
Elijah Holtz
Poulet-Spartiate
Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
Décidément, j’allais me faire taper sur les doigts. Je n’étais pas en avance, mais un obstacle inattendu ralenti ma « course » en direction de la porte de service. Je ne comprenais pas ce qui se passait alors que je sentais une étreinte me serrer au niveau du ventre. Était-ce mes adversaires précédents qui prenaient leur revanche ? Un simple coup d’œil au niveau de la prise me suffit. J’avais fait fausse route puisque c’était bel et bien le mioche que j’avais sorti du pétrin qui me paralysait. Sa prise de paroles me ramena dans mon pays natal. Un allemand ? Le paranoïaque en moi se demanda si je n’avais pas été roulé, victime d’un guet-apens. Cette théorie était ridicule, j’avais honte qu’elle puisse s’être ne serait-ce que frayée un chemin dans mon esprit. Je n’aimais pas cette façon qu’il avait de me toucher à l’improviste. C’était embarrassant. D’habitude, je menais la barque. Personne ne me touchait contre mon souhait. Mes mains pendaient de chaque côté de mon corps sans que je n’ose les poser sur lui. Le dynamisme du garçon me fit perdre le flot de ses paroles. J’ignorais quoi dire, quoi faire. J’étais son ami ? Bon sang, dans quel pétrin je m’étais encore fourré. Ça m’apprendrait à jouer les héros ! Je résistais à l’envie de répliquer que je n’en avais pas besoin. Il paraissait très immature pour l’âge que j’estimais d’après son apparence physique. Il enchaîna. Comment pouvait-il reprendre son souffle ? Par bonheur, il s’écarta. J’étais soulagé. Malheureusement pour moi, il ne semblait pas décidé à me ficher la paix et se mit en tête de m’offrir un cadeau après avoir bondit dans tous les sens. L’exaspération menaçait de me tenailler.

- Non ce n’est pas…, commençais-je.

Je fus interrompu par son air triomphant alors qu’il sortait un collier coloré de sa besace. Impossible de savourer le plaisir de m’exprimer dans ma langue de naissance. Déstabilisé par sa main tendue vers moi, la confusion devait se lire sur mon visage. Devais-je accepter ou profiter de cet instant pour me réfugier à l’intérieur ? À coup sûr, je le retrouverai assis sur le comptoir à m’attendre. Comme pris au piège, je bredouillais avant d’arriver à articuler :

- Garde-le. Je te remercie mais, comme tu l’as souligné, je n’ai pas le look pour.

C’était à mi-chemin entre reproche et un remerciement pour me fournir une excuse. J’imaginais déjà mes collègues me demander d’où je sortais ce bijou. « D’un gosse rencontré dans la rue. » Pas du tout étrange. Comment me sortir de ce bordel ? Mon prénom résonna soudainement autour de nous. Je me retournais. Mon boss, visiblement agacé, me rappelait à l’ordre. Dieu merci ! Je n’avais jamais été aussi content d’apercevoir son crâne dégarnie et sa sale tronche. La mauvaise nouvelle était que le jeune étranger connaissait mon identité désormais.

- Faut que je me tire. File, gamin.

L’appeler « Sylvanus » ou « Sylv » serait bien trop personnel, comme une promesse de nouer un lien avec lui. Je n’étais pas intéressé. À l’aide de grandes enjambées, je me précipitais vers le bâtiment. Jetant un regard en arrière, je fus soulagé de voir que la boule d’énergie avait disparue. ENFIN ! J’étais libéré, délivré même ! Quand j’entendis une petite voix à côté de moi me demander où j’allais, je fermais les paupières. Ma main serrait la poignée, crispée.

- J’ai mieux à faire. FICHE-MOI LA PAIX !

Je claquais la porte, enragé. Ne pouvait-il pas la boucler et me laisser tranquille ? Par mesure de précaution, je fermais à clé. Le rouquin n’avait visiblement aucune limite. Qu’avais-je fait pour mériter de me le coltiner ? Il ne me restait plus qu’à prier pour qu’il soit déjà loin à la fin de la journée. Avais-je mal agi ? Probablement. Mais ce n’était pas de ma faute s’il était énervant au possible ! Après avoir enfilé ma tenue dans les vestiaires (j’étais splendide avec ma casquette ressemblant à une poule), je m’élançais vers le grill. Cette odeur… À en vomir. À peine eu-je le temps de mettre en place que…

- Elijah ! Quelqu’un te demande à la caisse !

Quoi encore ? Mon cœur fit un bond. Et si c’était la fille de toute à l’heure ? Un sourire amusé étendit mes lèvres alors que je m’avançais à l’opposé de la pièce. À coup sûr, celle-ci avait refourgué le blessé en vitesse pour me rejoindre. Optimiste, je plissais les yeux à la recherche de mon rendez-vous. Je désenchantais en voyant… le fils de marchands. Je serrais les dents, carrant ma mâchoire et jetais mon chapeau dans un coin avant de contourner le comptoir. Plié à sa hauteur, j’explosais en tentant de ne pas élever la voix.

- C’est quoi ton problème au juste ?! Tu ne vois pas que je travaille ? Je n’ai ni le temps ni l’envie de jouer à la nounou ! Dehors !

Je m’exorcisais d’un long grognement, m’arrachant les cheveux avec mes mains posées sur le crâne, alors qu’il ne bougeait pas d’un pouce et se contentait de me fixer avec son air d’ahuri. Plusieurs regards interrogateurs se tournèrent vers nous. Au temps pour la discrétion. Il me fallait contourner le problème si je ne voulais pas finir en camisole de force.

- Ok. Très bien. Zen. Je vais te préparer un truc. Va t’asseoir.

Mes neurones menaçaient de griller. En cuisine, je lui préparais un burger, des frites, et lui mis de côté un McFlurry. Le tout posé sur un plateau, j’allais à sa table pour le lui offrir.

- Tu sais que tu es pénible, gamin ? Bref, cadeau de la maison. Maintenant débrouille-toi. Je te mets mon pied au cul si je suis viré par ta faute.

Mon service durerait plusieurs heures. Période suffisamment conséquente pour qu’il ait décidé de rentrer chez lui non ? L’équipe s’amusait à me provoquer sur le sujet, rigolant de voir un tel témoignage d’amour de ma part. « Tu es le frère parfait ! » La vanne ironique par excellence qui allait me suivre jusqu’au lendemain si ce n’est plus. J’allais tuer ce môme.
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Mar 13 Nov - 23:13
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
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Encore secoué par ses nouveaux exploits acrobatiques, le rouquin prit le temps de se poser pour observer le blond qui le dépassait de loin. Le Sauveur faisait une drôle de tête devant son présent. Sa réponse – pourtant très claire – fut mal interprétée par Sylvanus, et celui-ci ne prit pas la mouche et rangea son collier sans plus discuter. Méfiance.

- C'pas grave, je trouverai autre chose pour toi ! Affirma-t-il, ce qui pouvait sonner comme une menace vu l'insistance dont il faisait preuve.

Un sourire étincelant prit ses aises sur le visage de l'adolescent lorsqu'il apprit l'identité de son Sauveur. Elijaoltzeuh. Ou peut-être était-ce Elija Holtz ? Ou encore... Peu importe, c'était très beau dans tous les cas, de son point de vue. Par contre, il n'était pas très joueur. Voire même colérque. C'était probablement parce que l'autre homme venait de l'appeler. Peut-être un membre de sa famille un peu trop sévère ? Oui, c'était probablement quelque chose dans ce style, et foi de Sylv' il allait l'aider ! Mais pour cela il lui fallait déjà réussir à le retrouver puisque la porte par laquelle il était passée était maintenant verrouillée.

Pas si idiot ou illogique qu'il le paraissait, le jeune garçon contourna le bâtiment et trouva une seconde entrée portant la même police d'écriture que celle par laquelle son nouvel ami venait de s'évaporer. Après avoir inspiré un bon coup, il pénétra alors dans le restaurant le nez en l'air pour espérer le repérer au milieu des divers tables et personnes visiblement en train d'attendre quelque chose. De la nourriture s'il en croyait ce qu'il voyait. L'idée de poireauter ainsi pour un simple repas le fit pouffer de rire. S'ils voulaient manger pourquoi n'allaient-ils pas plutôt cueillir des champignons dans la forêt ? Ou sur un marché si vraiment ils avaient la flemme.

Tout à ses élucubrations, il percuta une nouvelle personne. Celle-ci s'intéressa à lui, avant de regarder aux alentours si ce machin en tunique poussiéreuse était accompagné.Visiblement non, aucun autre roux en vue, et personne hurlant à la mort car son précieux chiard avait disparu. Il s'apprêtait à ramener le gamin à la porte lorsque celui-ci lui fit son plus beau sourire et prononça le nom fatidique.

- Elijah ?

Le responsable sut aussitôt comment se débarrasser de l'intrus, et disparu après avoir exaucé sans le savoir le vœu de Sylvanus et le cauchemar grandissant de son employé. D'ailleurs celui-ci prit le temps de lui faire connaître son point de vue les yeux dans les yeux. Pour la première fois, le rouquin sembla comprendre qu'il était une plaie pour lui et afficha un comportement gêné sans le quitter du regard avec un air désolé mais aucune intention de fuite. Il n'allait tout de même pas laisser son nouvel ami ici, ça avait l'air particulièrement ennuyeux !

D'ailleurs, il voyait bien qu'Elijah pensait la même chose et même qu'il était content d'avoir un allié dans la place. Pour preuve, il lui proposa même de rester et lui offrit de quoi manger. L'intention fut très appréciée, d'autant plus que son dernier repas datait de plusieurs heures. Persuadé que ses menaces étaient une sorte de jeu, Sylvanus répondit à celles-ci par un clin d’œil dans sa direction pour lui montrer qu'il était son complice.

Après quelques secondes de contemplation de son plateau repas, il se décida à goûter. A la manière Sylvanus, qui n'avait jamais mis un orteil dans un tel endroit ou approché une nourriture de ce type. Le burger fut ouvert, inspecté puis mangé sans trop de problèmes. Les frites suivirent le même chemin, après tout il avait déjà mangé des pommes de terres frites avant. Les choses se gâtèrent arrivé à la glace. Lorsque l'on habite dans un roulotte et que la neige est ce qui se rapproche le plus d'un McFlurry glacé il y a de quoi être étonné. Comment ces gens arrivaient-ils à obtenir de la neige ainsi alors qu'il n'y en avait pas dehors ? Et par toutes les Déesses, pourquoi les autres personnes la mangeaient ? Ils ne savaient pas que cela pouvait les rendre malades ? Pris de curiosité, l'adolescent se risqua malgré tout à plonger son doigt dans le dessert et à le lécher. Un glapissement lui échappa et il recula vivement sur sa chaise, manquant de basculer. Il y avait là quelque sorcellerie ! M'enfin, il voulait bien prendre le risque d'un mauvais enchantement, pour ce délice sucré. Cette pause magique achevée, il balança ses jambes dans le vide un moment avant d'avoir la Grande Illumination.

Alors que de nombreuses personnes le guettaient du coin de l’œil, le sacripant réussit pourtant le petit miracle de sauter de sa chaise et disparaître de la vue de tous en quelques secondes. Quelques personnes commentèrent, et le responsable alla en toucher un mot à son employé chez qui cela provoqua tout au plus un profond soulagement. Qu'il en profite tant que l'espoir subsistait. Sylvanus avait cette fabuleuse – ou terrible – capacité à s'incruster dans vos vies, et souvent dans votre cœur. Avant d'en repartir sans prévenir.

L'adolescent ne revint pas le voir dans le restaurant. Il l'attendait, assis tranquillement non loin de ce qu'il avait identifié comme la porte de service des employés. Dès que le blond fut identifiable dans la lumière, il sauta sur ses pieds pour le rejoindre. Un gilet jaune qui jurait avec ses cheveux témoignait du fait qu'il avait effectué un détour par son « chez lui ». Mais pire que cela, il lui offrit son plus grand sourire en même temps qu'une main de nouveau tendue.

- Tiens, j'ai trouvé un collier qui sera mieux pour toi !

Il avait bien entendu qu'il n'avait pas le « look pour » l'ancien, et avait donc remplacé le précédent collier par un autre, plus discret, dans les tons gris et cuivrés. Sans attendre plus, après tout ils avaient déjà perdu beaucoup de temps selon ses habitudes, il enchaîna en farfouillant dans sa poche de sa main libre. Où étaient donc ses foutues graines ?

- Merci pour le repas, 'lijah ! La neige était bizarre mais c'était bon. J'ai été chercher un repas pour toi aussi du coup, pour te remercier.
lumos maxima
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Mer 14 Nov - 15:34
Elijah Holtz
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Elijah Holtz
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Rien ne semblait décourager le petit monstre qui me faisait face. Refusez son cadeau, il vous en fera un autre. Envoyez-le à une table pour vous en débarrassez et il croit que vous l’invitez de bon cœur. Peu importe les astuces qui me venaient à l’esprit, j’étais voué à échouer lamentablement. L’unique instant où il semblait avoir saisi que je ne voulais pas de lui dans mes pattes, il s’était contenté de me fixer raide comme un piquet plutôt que de s’échapper. Ainsi, il était même parvenu à me faire ressentir une pointe de culpabilité. Quel manipulateur ! En proie au désespoir, j’étais retourné à mon poste après lui avoir offert de quoi se nourrir. Il n’y avait plus qu’à espérer que cette diversion était suffisante pour qu’il oublie jusqu’à mon existence. Un estomac plein a plus de chance de provoquer des miracles j’en étais persuadé. De temps à autre, je jetais un coup d’œil discret dans la salle pour m’assurer que tout se passait bien. Il ne manquait plus qu’il mette la zizanie dans le fast-food ! Je le surpris à sursauter en goûtant sa glace. Ok, les normes d’hygiène n’étaient pas non plus dignes d’un quatre étoiles, mais je doutais qu’une souris ait parvenu à se glisser dans le contenant ! Je fronçais les sourcils puis me décontracta en le voyant se calmer et poursuivre sa dégustation. Quand je dis qu’il allait avoir ma mort !

Les heures s’enchaînèrent alors que la routine reprenait son cours. Je me surprenais même à avoir oublié Sylvanus. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque l’on m’apprit que ce dernier avait disparu. Il ne me semblait pas avoir déjà connu un tel soulagement. Finalement, ma tactique s’était révélée efficace. Je prendrais à verre à cette pensée en sortant du travail. N’étant pas de corvée ménage ce soir, je saluais mes derniers collègues à l’épuisement dégoulinant et fut ravi de prendre un bon bol d’air frais. L’odeur des cuisines était à la longue intenable. Je n’avais qu’une hâte : prendre une bonne douche pour me dépêtrer de celle-ci. En sortant de là, l’impression d’être un nugget humanoïde me poursuivait sans cesse. Je regrettais déjà mon ancien poste de barman. Perdu dans ces réflexions, je sursautais tandis qu’une silhouette jaune phosphorescente apparue dans mon champ de vision sans crier gare. Mon cœur battait la chamade et ma respiration était saccadée. Qui était assez crétin pour me causer une telle frayeur dans cette rue mal éclairée ? En possession de la réponse, je penchais légèrement ma tête en arrière en l’appuyant contre la porte de service. Ça ne pouvait pas être un voleur ? Un mec armé ? Non ? Pourquoi LUI ?!

Le sourire jusqu’aux oreilles, le gosse me tendit un second collier supposément plus en concordance avec mon style vestimentaire. Je n’aurai jamais la paix c’est ça ? Je m’attendais presque à me réveiller demain matin et à le voir à mon chevet occupé à m’admirer en train de dormir. Quel psychopathe !

- Tu ne serais pas un peu stalker sur les bords hein ? demandais-je d’un ton plus désemparé qu’agressif.

Âgé de quelques années supplémentaires, je l’aurai déjà assommé et abandonné dans un coin. Mais impossible de me convaincre qu’il s’agissait de la démarche à suivre actuellement. Frapper les mineurs ? Très peu pour moi. Si ce n’est en cas de légitime défense. Est-ce que le harcèlement en faisait partie ? J’en arrivais même à me demander si mon interlocuteur le faisait exprès pour me tourmenter ou s’il était aussi innocent qu’il le paraissait. Dans le premier cas, il serait un excellent acteur. Je soupirais puis me saisis de son cadeau empoisonné. Je l’examinais avec attention. Qui sait, peut-être que ce truc pouvait mordre. En toute franchise, ce n’était pas si mal que ça. Je m’imaginais difficilement le porter mais peut-être s’agissait-il de la solution pour qu’il aille voir ailleurs si j’y étais.

Visiblement, le rouquin pensant toujours avoir une dette envers moi. Je l’arrêtais en lui saisissant le bras, plus fermement qu’anticipé. Il me courait tellement sur le système !

- Je te remercie pour ça mais j’ai déjà mangé avant de partir. Estime que nous sommes quittes. Tu n’as pas quelque part où aller ? Tes parents doivent être à ta recherche à l’heure qu’il est.

Ok, c’était un mensonge gros comme le monde mais hors de question que je goûte à ce qu’il m’avait préparé. Je tentais de contrôler ma voix pour ne pas me remettre à lui hurler dessus. Cette approche avait précédemment été un fiasco. En quoi cela serait-il différent maintenant ? Le faire culpabiliser en mentionnant sa famille serait, je l’espérais, suffisant pour le faire déguerpir. Machiavélique sur les bords Elijah ? Je fourrais son présent dans la poche de ma veste en cuir et passa à côté de lui en faisant mine de le quitter. Si seulement il comprenait le message et m’imitait ! J’enrageais tellement que je ne pensais pas à une seconde au danger que représentait la traversée de la ville une fois le soleil couché. Surtout pour un enfant. Adolescent ?

Je tournais à l’angle de la rue quand je vis son ombre arriver à mon niveau. Comment pouvait-on être aussi pot de colle et ne pas comprendre lorsque l’on est indésiré ? Avait-il des problèmes mentaux ? Quasiment une certitude à ce stade. Je me stoppais net et me retournais vers lui en serrant les dents de dépit.

- Si tu comptes me hanter durant le reste de mon existence sois franc, gamin. Que j’appelle un putain d’exorciste.

Une passante se dirigeant dans le sens opposé paru outrée par mon vocabulaire et m’envoya un « Quel irresponsable ! » sifflant. Impossible de contenir plus longtemps la rage que je recelais. Sa remarque était la goutte d’eau faisant déborder le vase. Ou plutôt la pression sur la gâchette du flingue.

- T’es pas contente ? Adopte-le et fais pas chier !

Outrée, elle s’en alla en hâte. Je l’entendis pester alors même que mes yeux ne parvenaient plus à la placer dans le décor. Quelle connasse, de quoi elle se mêle ? Ils se reportèrent ensuite sur le gamin qui me dévisageait, perplexe. Bordel mais c’était le fils d’un marchand ou d’un curé ? Je n’avais pas été aussi vulgaire que ça ! Je restais silencieux durant un long moment, me prêtant à son jeu. Enfin, un détail me revint en tête.

- Tu as quoi ? 12 ? 13 ans ? Et tu prends encore des McFlurry pour de la neige ? Tu dois venir d’un coin de l’Allemagne franchement naze. Tu devrais y retourner et leur apprendre la modernité.

Sous-entendu : plus il y aurait de distance entre nous, plus je serais heureux. Depuis que j’avais fait sa rencontre, j’avais été la cible de moqueries et d’insultes. Pas que j’y étais habituellement étranger, mais ça allait bien trop loin. Surtout à cause de ce marmot apparemment sortit de l’ère de l’homme de Cro-Magnon. Les mains sur les hanches, je lançais :

- Je te propose un marché. Je t’accompagne chez toi pour être clean avec ma conscience et en échange… Tu te tiens à distance. Si j’ai envie de te voir je saurais où aller. Ok ?

Comme si ça risquait d’arriver.
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Mer 14 Nov - 23:06
Sylvanus Aspen Naumann
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Le hippie est un type de créature peu connu, de type flippant avec comme caractéristique la persévérance. Cette information aurait pu renseigner grandement Elijah. Mais pour cela, encore aurait-il fallu qu'il ait connaissance de l'appartenance de Sylvanus à cette communauté. Etant donné que cela n'était pour le moment pas le cas, le jeune blond risquait de frôler avec la démence encore quelques fois. Et cela sous peu, d'ailleurs. A la question pourtant simple du blond, le jeune garçon répondit par d'autres interrogations.




- C'est quoi un stalker Elijah ? C'est comme ça qu'on dit ami ici ? Ou c'est un mot que t'as inventé ? Moi aussi j'invente des mots parfois, parce qu'il n'y en a pas assez !
Toujours planté face à lui et le dévisageant sans se départir de son sourire, le gamin fut plus que ravi de voir son cadeau être récupéré et visiblement mieux apprécié que le précédent. Il savait que ces couleurs là allaient mieux lui plaire ! Par contre qu'est-ce que son nouvel ami était gentil et honnête. Vraiment, ne pas vouloir profiter d'autrui et s'inquiéter pour lui en prime. Quelle personne admirable ! Heureusement qu'il avait de quoi le rassurer.


- T'en fais pas pour ma famille, j'ai le droit de me promener tant que je veux ! Je dois juste rentrer pour manger le repas du matin avec eux. J'ai le temps tu vois ! S'exclama le petit diable incarné dans cette figure de candeur.
Stupeur probable dans la salle de réunion interne au crâne d'Elijah. Mais cela l'adolescent n'en avait aucune idée, pour lui c'était bien la moindre des choses. Jusqu'à ses dix ans il avait été limité aux premières lueurs de la nuit, et il avait maintenant obtenu le droit de passer celle-ci dehors. Évidemment les parents avaient donné maints conseils pour ne pas dormir n'importe où... Mais lâchaient clairement leur gosse dans la nature. Enfin, dans la ville dans ce cas précis. Et contrairement à de nombreux enfants - probablement plus au courant que lui des dangers encourus – la perspective de traîner seul dans une zone inconnue ne perturbait pas la crevette. Cette citée était un terrain de jeu et d'apprentissage extraordinaire.
Cette journée était d'ailleurs excellente, et grandement grâce à sa rencontre avec Elijah. Celui-ci était très drôle, comme le prouvait sa plaisanterie sur l'exorcisme.


- Tu sais bien qu'on fais pas d'exorcisme à ce moment du mois ! Pouffa le gamin, toujours perché loin, très loin au dessus des idées du XXIème siècle.
La scène se déroulant ensuite entre l'étrangère et le blond sembla couler sur l'adolescent comme sur les plumes d'un canard. Le vocabulaire de son ami l'avait secoué et il jugea franchement celui-ci droit dans les yeux, en conservant un silence qui voulait beaucoup dire. Cela avait vraisemblablement fonctionné puisque le sujet changea soudainement.
- J'ai 14 ans, et je viens pas d'un coin naze d'abord. Je vis partout moi, et j'aime bien vivre comme ça ! J'me fais plein d'amis, et je connais plein d'endroit. Comme toi, la preuve toi aussi t'es né en Allemagne et puis t'es ici maintenant. Donc toi aussi y a plein de choses que tu connais pas, c'est pas sympa de te moquer parce que je connaissais pas le McFluffy !
Fort de sa logique implacable, il créait involontairement un bouclier de protection anti sous-entendus désagréables made in Elijah. Et cela fonctionnait à la perfection, plus l'adulte insistait et plus l'adolescent se confortait dans son idée d'amitié éclatante et parfaite. Seule la dernière phrase du blond réussit son tour et provoqua un enchantement sans précédent. Ravi de la proposition, Sylvanus accepta en sautillant de joie.
- D'accord on fait ça. Tu verras c'est pas très loin, et comme ça tu pourras rencontrer toute ma famille !
C'est ainsi qu'il le guida à travers la ville pendant près de quarante minutes, tout en lui parlant de tout et de rien, de ce qui faisait son quotidien. Les voyages, les grandes réunions de famille, l'importance des cérémonies. Ces questions information pouvaient semer le douter sur son milieu social, et laisser penser qu'il venait d'un milieu relativement conservateur. Pourtant tout son comportement le démentait.
Enfin alors que la nuit commençait à tomber ils arrivèrent en périphérie du centre ville, dans une zone moins urbaine où quelques parcelles de champs subsistaient. Dans l'une d'elles, des roulottes et des tentes étaient installées, leurs couleurs semblant irréelles à la lueur des quelques feux de bois déjà allumés. Dès qu'ils furent à une centaine de mètres, Sylvanus s'agita plus qu'auparavant et se contint pour ne pas courir dans leur direction.
C'est donc en marchant qu'ils pénétrèrent dans le campement, où une quarantaine de personnes semblait vivre. Le démon miniature s'empara d'un pan du t-shirt de l'adulte pour le guider à travers les gens, tout en saluant sa famille et en les lui présentant. L'ambiance était particulière, les plus âgés discutaient en petit groupe tout en prenant soin d'éviter d'être percutés par les plus jeunes qui courraient entre eux. Autour d'un feu, quelques personnes chantaient tandis que d'autres effectuaient des danses désarticulées. Sur une clôture non loin, séchaient des tissus fraîchement teints.
C'est au milieu de toute cette agitation qu'Elijah fut présenté à la quinzaine de papas et mamans de Sylvanus, et découvrit que le gamin était loin d'être fils unique puisque qu'il possédait plus de vingt frères et sœurs, de tout âge. Le moment de la fuite stratégique était dépassé depuis longtemps, lorsqu'un homme aux longs cheveux noirs tressés de perles colorées s'approcha d'eux pour s'enquérir de la journée de Sylvanus. Celui-ci la lui résuma avec une joie toujours très enfantine qui sembla rassurer l'adulte et le poussa à se tourner vers l'inconnu.
- Je m'appelle Celian. L'informa-t-il d'une voix grave et pourtant douce. Les amis de nos enfants sont les bienvenus ici. Nous préparions le repas, tu es invité à te joindre à nous. Notre clan serait heureux de partager ses ressources avec toi.
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Ven 16 Nov - 15:14
Elijah Holtz
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Décidément, le vocabulaire de mon interlocuteur était limité. Ce que je pouvais comprendre étant donné son jeune âge. Si au moins il comprenait l’idée qui s’en dégageait malgré tout… Non, à la place il interprétait ça tel un compliment. « Ami. » Je n’en avais pas depuis que j’avais quitté l’Allemagne et mon cercle de proches par la même occasion. J’avais des « connaissances » tout au plus. Dans un tel contexte, cela ne paraîtrait-il pas désespéré de ma part que de me lier à un gosse qui n’avait même pas atteint la puberté ? Sans parler qu’il était insupportable. Dire que seulement une poignée de printemps nous séparait l’un de l’autre. Difficile à croire n’est-ce pas ? Devais-je le secouer tel un prunier pour lui reconnecter les neurones ? Je n’avais pas le cœur à répliquer sèchement. Ainsi, je me murais dans le silence avant de lâcher :

- Un véritable poète en herbe.


Les artistes étaient souvent des individus haut-perchés. Il fallait reconnaître que Sylvanus en avait les caractéristiques. À voir s’il saurait tirer partie de sa créativité pour autre chose que des paroles abracadabrantes. Pour le coup, j’en doutais davantage. Une nouvelle tentative de « sauve qui peut ! » plus tard, et je connaissais les habitudes originales que sa famille lui avait inculquées. Quel genre de parents laissaient leur progéniture se balader à leur bon vouloir en pleine nuit ? Mon éducation était ce qu’elle était, mais j’avais des valeurs on ne peut plus strictes concernant ce type de situation. Il avait déjà été en danger aujourd’hui. Sans mon intervention, il n’aurait jamais riposté et l’agression aurait pu très mal tourner. Alors, en pleine nuit, avec les junkies, alcooliques et autres créatures gouvernant les rues… Ridicule.

- Génial. J’en ai de la chance ! dis-je d’un ton ironique qui passerait lui aussi à la trappe à ses oreilles.

Cinq minutes après, j’avais enfin réussi à lui faire prendre la mouche en l’attisant à propos de ses origines. Victoire ! Un point pour Elijah parmi 9 999 défaites. Quelle fierté. J’avais franchi un nouveau seuil de médiocrité. C’est à cet instant que je me décidais à le ramener chez lui. Je n’étais pas près de m’affaler sur mon lit bancal pour roupiller mais vu le pot de glue qui ne me lâchait pas d’une semelle, cette pensée était idyllique de toute façon. Ma proposition le remplit de joie -très étonnant…-. Analysant sa réaction, j’eus l’impression d’être devant un anime où les yeux emplis d’étoiles sont gros comme des soucoupes. J’avais même remporté le jackpot puisque j’allais rencontrer ceux qui avaient accouché de ce diable miniature. Joie divine. Était-il trop tard pour me la jouer sorcier et transplaner à l’autre bout du monde ? De préférence dans une petite commune américaine au bord de la plage. Relax, à admirer l’océan. En vérité, j’accepterais même de me retrouver dans une caravane décrépie perdue dans la cambrousse si ça me permettait d’échapper à mon destin ce soir.

Comme pour me fournir le courage dont j’avais grandement besoin, je sortis de la poche intérieure de mon blouson un briquet accompagné d’une cigarette que j’allumais après l’avoir porté à mes lèvres. Dire que j’avais été prêt à donner des leçons d’éducation peu auparavant… Remarquant son air intrigué, je rigolais.

- Hors de question. C’est du poison. Tu pourrais en mourir.

Une ampoule invisible s’alluma au-dessus de ma tête.

- À y réfléchir…

J’hésitais une seconde avant de pouffer. Je suis con… Non, je n’étais pas aussi mauvais que ça. Je posais ma main en haut de son dos alors que je commençais à marcher, le poussant dans la même direction que celle que j’empruntais. Bien sûr, c’était à lui de me guider. Je ne pouvais pas devenir où nous nous rendions. Disons que c’était un geste amical non-réfléchi que je regrettais dès lors que je me rendis compte de sa réalisation. Après réflexion, je n’y mis pas fin puisque cela semblait apaiser le garçon. S’il appréciait ce geste, sûrement tiendrait-il en place pour ne pas l’interrompre. Ça m’éviterait de le voir gesticuler dans tous les sens.

- Tu sais, je ne suis pas sûr que rencontrer ta famille soit une bonne idée. Si elle est comme toi, on peut dire sans se mouiller que nous sommes incompatibles.

Je souhaitais me défiler mais ça n’en était pas moins vrai. J’ignorais où je m’apprêtais à mettre les pieds et ce n’était guère rassurant. Je risquais de faire tâche parmi eux -ce qui serait le cas comme je le saurai moins d’une heure plus tard-. Nous n’étions pas compatibles. Tout en abordant ce sujet, nous traversions l’une des rues principales de la ville, encore bondée de piétons et de véhicules. Je les sentais nous observer. Difficile de passer inaperçu avec son gilet jaune… Faire la conversation était l’unique possibilité pour moi de me divertir suffisamment pour oublier mon malaise. À moins que je cédais à ma curiosité ? Entre excuse bidon et intérêt organique il n’y a qu’un pas.

- Par rapport à ce que tu disais tout à l’heure… Tu as raison. Il y a plein de choses que j’ignore. À commencer par : à quel moment du mois sommes-nous censés faire des exorcismes et, plus important encore, comment TOI tu peux le savoir ?

Manquait plus que je tombe dans un culte satanique. Pêche aux informations avant qu’il ne soit trop tard pour mes petites miches. Quelqu’un d’observateur pourrait aussi interpréter cela comme des excuses déguisées pour m’être moquer de lui. Peut-être était-ce le cas. Mais ça ne changeait rien. Je ne comptais pas retrouver le chemin de chez l’adolescent une fois que je lui tournerais enfin le dos.

Quarante minutes plus tard, j’assistais à un spectacle comme je n’en avais jamais vu. Oui, ces derniers mois je m’étais retrouvé dans des lieux peu recommandables mais la majorité de mon existence s’était déroulée dans le luxe. Le luxe froid, aux meubles sans âme coûtant une fortune et à la propreté chirurgicale. Ici, c’était un festival de couleurs et des manifestations de bonheur à n’en plus finir auxquelles s’alliaient des chants venant de toute part. Je ne savais plus où regarder, comme une bulle hors du temps et de l’espace. Dans mon accoutrement standard, j’étais l’alien sur je ne sais combien de mètres à la ronde. Faire partie d’une minorité quand tu as un physique d’aryen signifie beaucoup. Sentiment que je n’avais jamais ressenti jusqu’alors. J’étais à deux doigts d’afficher la tronche de Harry Potter lors de sa découverte du Chemin de Traverse où stupéfaction et enchantement faisaient de bons époux. Je revins sur terre lors des présentations qui n’en finirent pas. Mais… Qui étaient ses parents biologiques ? Je ne comprenais pas. Orgie à quinze ou pas, il était impossible qu’il soit réellement leur fils à tous. J’essayais de déterminer en me basant sur la ressemblance physique mais ce ne fut pas concluant. Je les saluais, avec une part de timidité inhabituelle chez moi. Si je rougissais, je pouvais remercier le reflet orangé des flammes de venir me lécher le visage. Je restais debout, muet, ne sachant que faire de ma peau tandis que Sylvanus contait sa journée à un homme aux longs cheveux noirs tressés. Perplexe, j’écoutais son récit transpirant de naïveté. Il était incroyable de comparer sa version à la mienne -que je gardais pour moi évidemment-. Avions-nous vécu les mêmes choses ?

Une invitation. Pitié, arrêtez le massacre ! Ce n’était pas à cet instant qu’un miracle était censé se produire pour me sortir de ce pétrin ? Fuck marraine la bonne fée, je savais que ce n’était que des conneries !

- Je… Vous ne me devez rien et puis j’ai déjà…, commençais-je avant de soupirer. D’accord.

Je m’en mordais déjà les doigts.
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Ven 16 Nov - 23:26
Sylvanus Aspen Naumann
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Voir la cigarette entre les lèvres du jeune homme ne surprit pas Sylvanus plus que cela, mais l'odeur lui fit froncer le nez... Et l'idée que cela soit du poison n'arrangea pas sa grimace.

- Chez moi aussi ils font ça, ils disent que ça aide à mieux comprendre les Invisibles autour de nous...Mais par contre chez ma famille ça sent meilleur. Et pourquoi t'en prends si c'est du poison ? Tu vas pas bien, tu aimes pas la vie ?

L'idée incroyable que quelqu'un puisse ne pas apprécier chaque jour, chaque brise du vent ou moment passé avec les siens était encore un concept trop éloigné pour lui. Il avait encore largement le temps de comprendre, cela dit. Et la main de son compagnon de route posée dans son dos le rassura. Quelqu'un qui faisait ce genre de chose ne pouvait pas être négatif voyons ! Et s'il l'était, sa mission principale serait dorénavant de le faire sourire !

Aussi il s'empressa de le rassurer quant à la rencontre imminente, en pépiant et en gambadant à sa hauteur pour être certain de ne pas le perdre. Eh bah quoi, dans sa tête de moineau, il veillait sur Elijah et non pas l'inverse.


- Bien sûr que si vous allez vous entendre ! Déjà parce que ma famille elle aime tout le monde, et en plus parce que toi aussi t'aimes les voyages donc ils vont t'adorer ! Après un coup d’œil sur le ciel, il ajouta d'une voix qui se voulait rassurante. En plus on va arriver à l'heure où ils préparent le grand repas des anciens, ils seront contents que tu sois là tu verras.

Indifférent aux regards qui s'attardaient sur eux, l'adolescent vagabondait entre les passants tout en écoutant son acolyte et en lui offrant des réponses à ses questions. Dans sa tête de piaf, il s'agissait là d'un moyen pour l'adulte de se faire pardonner sa grossièreté de tantôt, et il comptait bien lui montrer qu'il ne lui en tenait pas rigueur.

- C'est normal, on ne peut pas tout savoir. C'est à ça que ça sert de vieillir, à apprendre toujours plus. Et quand on commence à se lasser bah on meurt. Étrange manière de voir les choses, mais soit. Et euh... je plaisantais pour l'exorcisme. Avoua-t-il d'une petite voix gênée. On en fait pas dans ma famille, c'est trop barbare. On préfère utiliser des incantations protectrices, ou faire des jeûnes.

Après quelques instants de réflexion il reprit son monologue sans se soucier de passer pour un fou.

- Et je sais comment on les fait parce que je l'ai appris. Quand on fait des veillées, on parle souvent de l'époque des Anciens, ce sont eux les derniers à avoir assisté à un véritable cas de possession. En tout cas, dans ma communauté. Peut-être qu'il y en a eu dans d'autres mais ils ont pas fait appel à nous, alors c'est que ça devait aller.

Et ainsi allait la vie, dans un monde pas si éloigné de cela puisqu'il se trouvait à quelques pâtés de maisons finalement.

Dès que Celian eut proposé à Elijah de rester, le rouquin lui coula un regard du type je te l'avais bien dit, avant de battre des mains lorsque celui-ci abandonna ses excuses pour finalement accepter.



- Tu verras, tu vas adorer, ce soir c'était mes papas qui faisaient le repas ! On a encore un peu de temps du coup, j'vais aller me préparer pour la fête qui aura lieu après le repas. Viens, j'te passerai des vêtements pour que tu sois à l'aise si tu veux !

S'il avait remarqué son soudain manque d'aise, l'adolescent avait mis cela sur le compte de leurs différences d'habillement. Comme lui-même avait hâte de porter ses vêtements habituels, il voulu en profiter pour faire d'une pierre deux coups. Se ruant dans une tente assez large pour contenir quatre à cinq personnes, Sylvanus ne prêta plus attention à son invité pendant qu'il récupérait un tas de vêtements colorés. Sans pudeur aucune il se deshabilla – en gardant son sous-vêtement pour le soulagement évident de l'adulte – avant d'enfiler un pantalon vert sapin légèrement bouffant aux chevilles et maintenu à sa taille par une écharpe noire, puis une veste manches courtes blanche ouverte sur son torse imberbe. Des mitaines longues bicolores vertes semblant faîtes en laine furent enfilées jusqu'au dessus de ses coudes,  et enfin sa tenue de fête fut achevée par deux colliers faits de plumes, de perles peintes et d'une pierre orangée.


- Lààà, fini pour moi ! A ton tour maintenant. J'vais voir si j'peux prendre les vêtements de Papa Jörgen... il fait à peu près ta taille.

Sans lui laisser le temps d'avancer le moindre argument, il disparut dans la nature. Décidément c'était une seconde nature. Peut-être que LUI avait le don de transplanner, qui sait hein ? Une voix plus grave revint vers leur abri, accompagnée de celle encore enfantine de Sylvanus. Un nouvel homme fit son entrée d'un pas tranquille et se présenta à Elijah avant de demander à l'adolescent d'aller voir si les autres avaient besoin d'aide. L'invité eut tout le loisir de détailler le nouvel arrivant, et d'en tirer des conclusions. Cheveux longs – décidément quelle manie insupportable –  et roux. Yeux noisettes. Taille moyenne.

Dès qu'ils furent seuls, l'ambiance changea et Jörgen sembla juger l'invité. Son visage mince ne démontrait aucune animosité, mais bien plus de méfiance que celui de Celian précédemment. Il était certain que s'il faisait partie intégrante de cette troupe d'allumés du bulbe, il en demeurait logique et peut-être plus prudent.


- Je présume que la manière dont fonctionne notre communauté te surprend. Pour autant, tu ferais mieux de mettre préjugés et généreuses idées de côté. Ne serait-ce que par respect pour Sylvanus. Il y a des choses qu'il n'a pas besoin de savoir.

Comme si la menace sous-entendue n'avait jamais été prononcée, l'homme se mit ensuite à l'ouvrage et déposa quelques affaires sur un coffre en bois ouvragé, lui expliquant dans quel ordre mettre les nombreuses pièces qui composait le costume hors du commun. L'ensemble était moins exotique que celui des autres adultes du clan, mais il demeurait un invité et n'était donc pas initié.
En parallèle des aventures vestimentaires d'Elijah, l'adolescent était allé prêté main forte à un groupe de femmes, composé de ses sœurs et mères. Lui qui avait un certain sens artistique s'occupait de leur tresser les cheveux ou de maquiller leurs visages avec des signes propres à leurs croyances ou leurs affinités aux éléments. Plus loin, les adultes peignaient leurs corps quasiment nus, en prévision des danses et des jeux prévus durant la nuit.

NB:

lumos maxima
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Sam 17 Nov - 16:59
Elijah Holtz
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Voilà qui m’apprendrait à donner des conseils. Il me fallait désormais justifier mes propres actions à un adolescent atypique. Je ne cherchais même pas à comprendre cette histoire des Invisibles. Mieux valait-il que je reste à dix lieux de toutes ces superstitions sorties de je ne sais quel cerveau trop imaginatif. Je me contentais d’avancer, marquant un silence suite à son interrogation. J’expirais la fumée -malodorante d’après la tronche qu’il tirait- puis retrouvait l’usage de la parole comme par enchantement.

- Disons qu’elle n’a rien de bon à m’apporter.

Ton défaitiste. Je ne voyais pas d’issue à ma situation actuelle. Comment pourrais-je me tirer du merdier dans lequel je m’étais embourbé en quittant l’Allemagne ? Il était aussi difficile de me blâmer pour avoir fugué cependant. Quelle vie aurais-je eu en restant là-bas ? Une carrière que j’aurai haïs et un peu plus de temps passé sous les coups de mon père. Non merci. Entre deux maux j’avais choisi le moindre. Et aujourd’hui me voilà, à traverser une ville en direction de je ne sais quel endroit à ne pas fréquenter en compagnie d’un gosse sacrément fêlé. Quelle reconversion exemplaire ! Clairement, ce n’était pas un sujet que je désirais approfondir. Avec lui en particulier.

- Laisse tomber. Tu ne comprendrais pas. J’imagine que pour toi tout est beau, tout est rose, les éléphants volent grâce à leurs oreilles et les souris font de la couture pour venir en aide aux princesses à la recherche de leur prince charmant.

Je lui jetais un coup d’œil. Il n’avait strictement aucune idée de ce à quoi je faisais référence. Je soupirais tandis que mes épaules s’affaissaient.

- J’oubliais. Peu importe.

Ce marmot n’avait strictement aucune culture. Bien que je trouvais ça assez triste, ce n’était pas un mal en soi au contraire. J’étais époustouflé par sa joie de vivre et son dynamisme. Il était bien plus heureux comme ça, en marge de la société de consommation. Grand bien lui fasse. Si seulement sa naïveté n’était pas un frein à sa sécurité. Il n’avait aucune notion du danger ni les moyens de se défendre en cas de besoin. N’était-ce pas là le plus important finalement ? Mais ce n’était pas ma place que de lui enseigner ça. Sans mentionner le fait que je n’en avais aucune envie. Il ne manquerait plus que je me crée des ennuis avec son arbre généalogique ! En outre, devais-je lui briser son délire de « tu aimes voyager » avant qu’il ne s’en persuade pour de bon ? Ok, j’avais envie de parcourir le monde. Néanmoins, ma présence dans ce pays n’avait rien de touristique. Sa curiosité étant ce qu’elle était, je m’abstenais. Pas envie de conter mes soucis au premier venu. Sûrement ne le ferais-je jamais d’ailleurs. Je n’étais pas le genre de type à se confier à quiconque.

Je perçus un brin de maturité inattendu, mais je souriais lorsqu’il prétendit que la mort était le résultat de la lassitude. Poétique. Faussé… mais poétique. Comment pouvait-il en savoir si peu à quatorze ans ? Pour lui, la médecine devait se résumer à des incantations, des pommades faites à partir de plantes trouvées dans les fossés et autres rites d’un temps longtemps oublié. À coup sûr, il dansait autour du feu à chaque pleine lune. Heureusement pour moi, c’était un croissant qui illuminait le ciel. Aucun risque d’être confronté à des loups garous. Je nageais en plein fantastique et ses commentaires sur l’exorcisme n’arrangea rien. N’était-ce pas là le signal m’indiquant que je devais prendre mes jambes à mon cou ?

- Oh il y a eu de nombreux cas à travers le monde. Les images sont terrifiantes. Pour ma part, j’ai toujours interprété les cas de possessions comme des canulars ou juste des personnes souffrant de troubles mentaux. Mais si tu y crois qui suis-je pour te contredire ?


De plus, se convaincre que cela était impossible m’assurait de pouvoir dormir le soir venu. Bref, drôle de sujet de conversation même si elle avait délié ma langue. Un peu plus et je l’aurais invité à louer un DVD de L’Exorciste. De toute manière je n’avais pas de lecteur. Je devais me contenter des sorties dans les salles obscures dès que j’avais quelques pièces à dépenser. Quitte à choisir, le cinéma l’emportait largement sur la clope ! Quel faux rebelle étais-je.

Arrivé chez lui, je contemplais la vue qui s’offrait à moi. Le décor était si riche qu’aucun être humain ne pouvait être en mesure de tout décrire. À moins d’y passer des heures avec un acharnement non-modéré. Encore fallait-il savoir par où commencer. Mon attention fut détournée par une invitation à rester le temps du repas. Alors que je comptais refuser, les mots contraires sortirent de ma bouche. Sérieusement ? Avais-je peur de recevoir un cruel châtiment si je m’en tenais à mes envies ? À moins, bien entendu, que j’étais attiré par cet univers étrange me sortant de mon ordinaire nauséabond. Devais-je profiter de cet accès pour découvrir un nouveau mode de vie même si je n’y adhérais pas ? Peu importait la réponse, c’était trop tard. Je ne tardais pas à regretter pour de bon lorsque j’appris que je devais me défaire de mes fringues. Douche froide ! Porter les habits d’inconnus n’était pas ma tasse de thé mais je ne pouvais y échapper. Sacré pétrin.

- Est-ce que j’ai vraiment le choix ? murmurais-je plus à moi-même qu’à l’adresse de Sylvanus.

Je n’osais penser à ce que j’allais devoir ingurgiter d’ici une poignée de minutes. Pour sûr, ce ne serait pas des pâtes à la bolognaise. Je suivis l’adolescent dans une tente puis détournais les yeux en le voyant se déshabiller. Visiblement, la pudeur ne faisait pas plus partie de leur quotidien que la technologie. Je poireautais, me demandant s’il m’avait oublié. Lorsqu’il me signala qu’il en avait terminé, j’examinais son look. Devais-je vraiment ressembler à ça moi aussi ? Certes, ça lui allait bien. SUR LUI. Moi, je serais juste ridicule. Une fois disparu de mon champ de vision, je m’asseyais en l’attendant, me tournant les pouces.

Comme foudroyé sur place, je me redressais vivement en le voyant revenir accompagné d’un adulte. L’inconnu usait clairement d’une excuse pour se retrouver seul en ma compagnie. Il me jaugeait. Durant une éternité, il semblait me passer aux rayons X. Je devais lui paraître aussi incongru qu’il ne l’état pour moi. Je soutenais son regard dès lors qu’il chercha le mien. Guère rassuré, je me préparais à accueillir une quelconque menace. Je n’étais pas si loin du compte.

- Rassurez-vous, je ne suis pas là pour déstabiliser le gamin, dis-je avant de regretter l’emploi de ce terme. Je l’ai juste sorti du pétrin et depuis il…

Fais gaffe à tes prochains mots Elijah… Bon, je ne parlais pas à des terroristes non plus ! Pourquoi tant de précautions ? L'instinct.

- Oh vous le connaissez mieux que moi.

Ok, détour très large pour ne pas risquer de le froisser. Je n’allais tout de même pas lâcher que je n’arrivais pas à me débarrasser de lui ! Pas sûr que cela serait bien perçu autrement. Je me raclais la gorge dans un « Anyway… » tout autant gêné que muet et me dirigeais vers les tissus posés sur un coffre en bois.

- Qui plus est, je ne suis pas un grand bavard.

J’attendis que Jörgen se retire. Sauf qu’il ne bougea pas d’un pouce. Sérieusement ? Non seulement je devais me fondre dans la foule mais en plus j’avais un témoin ? Génial. Parfait. La joie. Et il n’y avait même pas de quoi me défenestrer. Je retirais ma veste, suivi de mon t-shirt et de mon pantalon que je pliais avant de déposer à côté des vêtements dont je me saisis. Une fois « paré à l’attaque », je revins à l’air libre aux côtés de l’homme. Où était bien passé Sylvanus ? Je ne lui en voudrais pas d’éclater de rire en m’apercevant. J’avais moi-même tout fait pour éviter tout contact visuel avec le miroir qui trônait dans l’habitation. Sur ce coup-là, j'étais content de leur philosophie de vie. Ça m'évitait que ma dégaine soit immortalisée sur une photographie.
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