Maxine Caulfield + celestial being.

Ce sont les mots que je me répète inlassablement depuis que je suis revenue à Arcadia Bay. « Bon retour chez toi, Max. Youpie, tu es à la maison! » Mais qui est là pour m'accueillir? Personne. Les gens que je semblais connaître ne me reconnaissent plus, quant aux gens qui comptaient pour moi : je les ai abandonné il y a cinq ans. Qui voudrait de moi dans son entourage, hin? Quand on abandonne les gens on doit en souffrir les conséquences. Et c'est l'histoire de ma vie.

Les gens ne réalisent pas dans l'immédiat l'ampleur des conséquences de leurs actes. On dit si facilement à quelqu'un qu'il est envahissant, énervant, nul, bête et on en rigole avec les autres ou alors on laisse passer la chose comme si de rien n'était. Pourtant chaque mot, chaque intention a des répercutions à la suite. Je n'ose imaginer avoir ma part à jouer dans l'expulsion de Chloé de l'école... A l'époque nous étions si proches... Et quand je suis partie je l'ai laissé aussi seule que je ne l'étais en arrivant là-bas. Et que je le suis à présent. Moi la nerd du fond de la classe en salle de cour de photographie. Moi la weirdo qui se promène avec un pola' alors que tout le monde use de réflexes, d'hybrides, de numériques. J'ai toujours été en décalage avec le reste du monde, c'est ce qui a plu à mes amies de l'époque. C'est ce qui fascinait Chloé. Alors qu'en réalité, c'est moi qu'elle fascinait le plus. Elle était si forte, si grande, si courageuse, si investie, si belle... Et moi je n'avais que la chance d'être dans son cercle d'amis.

Aujourd'hui je ne suis qu'une jeune femme au corps adolescent isolée, seule et sans personne sur qui compter. Alors je me lance corps et âme dans "mon art" que j'exerce de façon intensive : la photo. J'aime figer un instant. J'adore immortaliser ce dixième de seconde lors duquel le temps reste fixe. Qu'il soit heureux, qu'il soit beau, qu'il soit profond ou superflus, les expressions des gens, un oiseau qui nourrit son petit dans un nid, un enfant qui lâche son ballon et qui s'en amuse... Bref, chaque instant a de la valeur. Le temps qui passe, chaque grain de sable qui tombe dans le fond du sablier qu'elle la vie est précieux. J'aime à dire que je suis la gardienne du quotidien des gens. Mais n'y voyez pas le côté pervers de la photo. Si certaines personnes s'amusent et jouissent d'un vice, je ne fais ça que pour la beauté du moment, clairement pas pour mon amusement personnel.

Heureusement en classe de photo je peux compter sur Monsieur Jefferson. S'il y a bien une personne qui compte à mes yeux, c'est bien lui. Son art, sa vision est une véritable source d'inspiration pour moi. Lorsque je doute, lorsque je suis perdue, il semble toujours avoir les mots justes pour m'aider, me réconforter, m'assurer que je suis sur le bon chemin. C'est un peu un père pour moi. Le mien étant loin, j'ai le sentiment que je peux me reposer sur Monsieur Jefferson comme s'il était un membre de ma famille. Je ne sais pas si ça se sent en cour, j'espère ne pas trop montrer ma fangirl attitude de façon trop extravertie. Bien qu'il me semble difficile de faire pire que Victoria là dessus. Parce que s'il y a bien une chose que je déteste c'est ce comportement outrancier qu'elle peut avoir avec notre professeur.

Bref, that's life...