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Dans la brute assoupie, un ange se réveille. [Charles et Kyle]

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Jeu 20 Déc - 19:43
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Le jour où Kyle se décida à lire ce bouquin ne fut pas celui durant lequel il l'avait récupéré. Il s'agissait là d'une relique quelconque, sans valeur autre que celle qu'il pouvait lui accorder. Le coin de la couverture était plié, légèrement, car il avait été malmené de gauche à droite le long d'un comptoir dont la propreté était à discuter. Le Parfum trônait dès lors sur sa table basse, face au canapé, et diffusait un relent vague de whisky, à juste titre. C'était là le seul changement notable qui s'était opéré depuis quelques jours, la seule modification d'atmosphère de son studio, et sa seule compagnie, par ailleurs. Le jeune homme n'avait pas même cherché à retrouver le propriétaire. Du moins si, au départ, l'idée avait été celle-ci: avec le livre en sa possession, nul doute qu'il le reverrait. Les faits étaient bien différents, il n'avait pas eu la bonté d'âme de le rapporter. Et de toute manière, grand bien lui en fasse, Grenouille second du nom avait dit ne pas y tenir. Le temps s'était écoulé sans que le blond n'y prit gare, ainsi avaient défilés quelques jours, quelques pages, et quelques autres événements dans sa vie qui devaient être, sans conteste, plus importants qu'un format de poche égaré.

Il n'était pas retourné perdre sa nuit dans des bars obscurs, n'essayait pas non plus de danser sur des falaises dernièrement, parce qu'il avait eu mieux à faire. Incontestable, cependant, restait le fait que Kyle se devait d'aller travailler, servir et sourire comme le plus beau des hypocrites, à quiconque venait se poser sur les chaises sous sa surveillance. Il devenait plutôt bon à ce petit jeu. Car ce n'était guère plus qu'un jeu, après tout, le jeu des conventions, le jeu du social et du travail. Il commençait à s'y faire sans pour autant l'apprécier. L'ennui était revenu, solide, indéfectible. Il lui collait encore à la peau alors même qu'il arpentait les rues. Il n'avait rien à faire, rien à voir, rien à dire. Il ne savait pas où il allait, ce qui se soldait en général par une découverte impromptue d'un lieu où il n'aurait naturellement pas mis les pieds. Un phare. Un bar. Tout n'était que hasard et dé jetés au gré de ses envies.
Au choix, il avait l'air perdu, ou vaguement étrange. Il regardait, à gauche, à droite, cherchait dans quelle ruelle il allait bien pouvoir tourner pour s'éloigner de chez lui, se sentir l'espace d'une seconde oh combien déphasé avant de retrouver son chemin. Il s'occupait en somme comme il le pouvait, jusqu'à l'instant où il exécuta si parfaitement son petit ballet silencieux qu'il se retrouva effectivement perdu à souhait. Un juron, à peine, lui échappa, mais ses lèvres affichèrent une ombre de sourire. Il l'avait cherché. Le karma, diraient certains. Karma qui se révéla joueur.

Il n'avait pas pour habitude de repérer les gens aisément. Il oubliait, négligeait et ignorait comme un prince, mais son regard fut attiré vers un bâtiment, plus loin. Plus précisément, ses yeux se rivèrent sur une personne. Il ne lui fallut pas quelques secondes pour la reconnaître, ce qui s'inscrivait au moins dans ses efforts notables pour renouer avec l'humain. Une seconde, il dansa d'un pied sur l'autre, hésita, et vint frotter son bras avec détachement. Finalement, il sembla se décider, et ce fut d'un pas trottinant -imaginez donc un fauve pareil trottiner comme un faon, voyez donc la charmante image qu'il était- qu'il amorça l'effacement de la distance qui le séparait de ce coup de pouce du karma nommé plus haut. Cela aurait été un autre homme, Kyle l'aurait contourné avec un soin inimitable.

-Princesse...!

Il remercia son cerveau d'avoir étouffé le "Grenouille" du plus bel effet qui manqua de lui échapper. Mais encore fallait-il conserver une once de dignité en appelant ainsi quelqu'un en pleine rue. Lui n'en avait pas. Ou alors était-elle si grande qu'elle ne souffrait ni du sautillement intempestif, ni de ce simple mot qui brisait tout un mythe.
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Jeu 20 Déc - 20:13
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Charles n'avait presque (presque) pas repensé à son chevalier mystère d'un soir d'égarement parmi d'autres depuis un long moment. Voilà bien plusieurs semaines que les événements s'étaient écoulés et, de toute manière, son escapade alcoolisée n'avait été qu'une au milieu de centaines d'autres. Il avait eu l'occasion, en d'autres termes, de se faire ramasser par d'autres inconnus dans cette ville comme si, oréolé de l'atmosphère sophistiqué de toutes les églises du coin, les gens se prenaient pour les apôtres de Jésus. Il s'était fait sauvé par une prof de la ville, un inconnu au pied d'un arbre, Kyle dans le bar, et comme apparemment ils étaient tous enclin à ne pas le laisser crever sur les devantures d'un magasin lambda, il était toujours de ce monde.

Il sortait d'une réunion. Il en avait une tous les deux ou trois jours, depuis deux semaines. Deux semaines de sobriété qui lui faisaient l'effet d'un pieux enfoncé dans le corps à répétition. On aurait pu croire qu'arreter la bouteille fixerait tous les problèmes, mais il ne s'en sentait que toujours aussi déprimé. En fait, il n'y avait rien qui changeait à part qu'il se réveillait non plus avec une gueule de bois mais avec un grand sursaut dû à des cauchemars qui n'étaient plus endormis par l'alcool.

Ainsi donc, il était sorti de la salle où se déroulaient les réunions des Alcooliques Anonymes et partageait une clope avec d'autres loques (anciennes loques) comme lui quand il a entendu la voix le heller. Il la connaissait, ça c'était sûr, mais mit quelques secondes d'égarement à la reconnaître. Kyle, bien sûr. Il était là-bas, se balançant d'une jambe sur l'autre, un peu plus bas dans la rue.

Charles n'avait aucune envie d'habiter la voix. Aussi, il prit le temps d'amorcer le pas et de le rejoindre avant d'ouvrir la bouche.

- Kyle. Quelle bonne surprise. Que fais-tu de ce côté de la ville ?

Il n'était pas sûr que la question soit très à propos. Après tout, peut être qu'il s'était planté et que Kyle habitait en effet pas loin d'ici.
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Jeu 20 Déc - 20:39
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À simplement le voir approcher, Kyle eut de nouveau cette petite mimique, penchant la tête comme pour analyser de façon plus attentive ce qu'il se tramait devant lui. Pour peu, il en aurait pensé voir quelqu'un d'autre. Il fallait dire que la première fois, il avait eu droit au bas de l'échelle humaine, à la loque plus qu'à l'homme, et que voir son camarade tenir ainsi sur ses jambes était déjà une avancée flagrante. À chaque pas qu'il faisait, le plus jeune se confortait dans l'idée que la sobriété n'était pas si mal, à bien y réfléchir. S'il avait toujours cette allure d'épave, car on ne se refaisait pas en quelques semaines, Charles n'avait au moins plus les yeux vitreux d'un animal sur le point de passer l'arme à gauche. Une esquisse de sourire naquit sur les lèvres du blond alors qu'il constatait non sans satisfaction qu'il n'avait pas été mis à la trappe et totalement oublié avec les verres ingurgités et les possibles autres cuites qui avaient suivi.

-Je t'avais bien dit que je viendrais constater le "mieux". Et... T'as l'air vivant, c'est déjà bon à prendre.


Il leva les yeux au ciel, comme si le fait était évident, qu'il avait fait le tour de la ville, porté par l'illumination divine pour le retrouver. Il enfouit ses mains dans ses poches, contempla son Grenouille avec un intérêt tout neuf. À croire qu'il y trouvait son compte, à chaque fois, à observer les gens sans une simple once de gêne. Ouais. Ouais, décidément, Charles avait moins l'air d'un cadavre, à la lumière du jour. Et le plus jeune fit quelques pas, toujours dans ce légendaire détachement qui rendait chaque geste désintéressé, lassé, quand bien même ses yeux hurlaient le contraire. Sale façade, toujours bien en place. Il finit par ricaner, et daigner répondre enfin à la question de façon plus honnête, car sa réplique précédente n'était rien de plus qu'une pique lancée à qui voudrait bien la saisir.

-J'en ai aucune idée, de ce que je fous dans ce coin. Je suis paumé. Je me suis paumé, en fait. L'odyssée d'une vie, mais en moins palpitant.

La nuance était en elle même un concept. Il n'était pas perdu, il s'était perdu. C'était aussi volontaire que le fait d'apostropher un gars qu'il avait récupéré de façon arbitraire quelques semaines avant, en pleine rue, devant d'autres personnes qu'il ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam.
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Jeu 20 Déc - 21:12
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Il ne considérait pas sa pique comme une agression quelconque. Chose magnifique, le Charles sobre, le nouveau Charles tout fringant, ne s'énervait pas pour un oui ou pour un non et, plus encore, ne se battait pas dans la rue avec des étrangers quand, ivre, on lui demandait une cigarette. Le Charles sobre était un jeune homme calme, tempéré et cultivé, agréable, bien que parfois toujours un peu silencieux. Les gens l'appréciaient, lui gardaient les portes ouvertes, lui offraient du café.

Alors il n'aborda qu'un grand sourire jovial à Kyle, alors que tous deux étaient plantés au milieu de la rue, Charles sa clope au bec et son fidèle manteau en tweed flottant autour de lui. Si c'était même possible, il avait encore perdu un peu de poids. La dure réalité de la sobriété lui coupait totalement l'appétit. Les denrées périssaient dans son frigo sans qu'il n'y fasse rien. Néanmoins, il était n'avait plus l'air à moitié égaré de la personne que Kyle avait rencontré au bar. Il semblait savoir où il allait, même s'il ne se séparait pas de son air sombre et triste, légèrement misérable, et de ses cernes noirs. On ne retrouvait pas le sommeil comme ça.

- Vivant, c'est le mot. Je suis un homme neuf, pour tout avouer.

Ce n'était qu'à moitié vrai. Il se contenta d'un regard appuyé, concentré sur l'oeillade calculatrice de Kyle, et capta son sous-entendu avec tact.

- Tu t'es perdu, répéta-t-il comme s'il cherchait un sens caché à ses mots, ce qu'effectivement il faisait. Ça t'arrive souvent ? Trous de mémoire ?

À son tour d'être sarcastique, désormais. Il n'avait pas habitué Kyle à cela, mais ça l'amusait plus qu'il n'osait l'avouer. Il gardait dans sa prestance une allure courbée d'un homme plus âgé, d'un vieux flic veuf au bout du rouleau, mais sans sentir de Gin tonic à trois heures de l'après midi.
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Sam 22 Déc - 20:19
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Il était vraiment étrange de se retrouver face à la sobriété lorsque tout ce que l’on avait connu était l’excès. L’alcool marquait ce visage jeune plus sûrement que ne l’aurait fait l’âge, mais Kyle trouvait un éclat singulier dans ces prunelles acier, et pour peu qu’il eût été capable de timidité, il aurait été penaud devant l’allure nouvelle de son camarade. Son sourire était plus grand, aussi celui du plus jeune eut-il envie de se pointer, mais ne sut que faire frémir la commissure de ses lèvres. Le même Grenouille, un Grenouille pourtant différent. La découverte n’achevait pas de le fasciner. Était-ce un mieux avant une rechute, un éclat de lumière avant l’ouragan, c’était une toute autre question. Il se demanda néanmoins ce qui avait pu motiver ces avancées. La question resterait en suspens ; le moment était mal choisi. Ils n’en étaient pas rendus au point qu’ils avaient atteint la fois dernière lorsque, sur les coups de trois heures du matin, les barricades s’étaient effondrées.

-Un homme neuf, je vois bien ça. Je n’aurais donc pas besoin de t’aider à porter la misère du peuple sur des marches sordides.


Un sourire en coin, tout au plus, prit place sur son visage. Il n’avait pas de mal à se souvenir de tout cela, de cette ascension pénible de la cage d’escalier. C’était clair dans sa mémoire, ça et tant d’autres choses, alors même que d’autres pans plus importants de sa vie étaient masqués d’un brouillard qu’il ne cherchait plus à dissiper. Le sarcasme soudain de son compagnon lui fit relever légèrement le menton, dans un geste qui avait tout d’impérial, et aurait semblé hautain à quiconque n’aurait pas connu son habilité à ériger ce masque d’arrogance, masquant la douceur latente qui parfois obstruait le passage à la violence. Un rire rauque, bas, à peine un souffle dans l’air froid. Il sonna juste, malgré son ton, malgré le manque d’habitude qui se lisait dans son simple timbre.

-Il me semble parfois que ma vie entière n’est qu’un grand trou de mémoire mais, hélas, je crains ne pas en être arrivé au point où j’oublie d’où je viens.


Sa voix s’était faite doucereuse, de miel, mais en suintait un cynisme encore tout neuf, dont il maniait les ficelles avec une joie enfantine. D’où il venait ? Il le savait. Au sens propre comme au figuré, c’était là des choses qu’il n’oubliait pas. Du moins… Pas souvent. Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres, car la réalité avait pris le pas sur le figuré : il avait bel et bien oublié. C’était peut-être à gauche. Peut-être que non. Il prenait sa désorientation avec une sérénité terrible. Il fit quelques pas, un instant, tourna de nouveau son visage chérubin vers son Grenouille.

-Si je te croise à chaque trou de mémoire, ça pourrait bien m’arriver plus souvent, hm.

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Sam 22 Déc - 21:14
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C'est sûr qu'il y avait amélioration. Lui qui, dans un élan de désespoir et de solitude, n'était pas resté sobre plus de deux jours d'affilée pendant des mois, tenait son seizième jour de sobriété. Chaque fois qu'il passait devant un bar, devant une supérette de nuit, son estomac se retournait d'envie. Aux AA, entre les scandeurs semi-mystiques de slogans et les embrassades sensées aider à la sobriété, ils disaient bien que les premiers mois étaient ceux du danger. On peut retomber dans la bouteille à tout moment. Et c'est douloureux. Ça lui demandait toute sa volonté, déjà plutôt menue. Cependant, il n'abandonnait pas son sourire.

- Non, pas besoin. Deux semaines de sobriété.

Une autre règle des AA était la totale honnêteté. Bien sûr, celle-ci il ne l'appliquait pas à la lettre, mais personne ne pouvait le savoir. Lui se souvenait à peine de l'ascension difficile des escaliers, et il s'en fichait pas mal. Une bonne partie de cette dernière année était perdue dans les méandres de sa mémoir brisée. Il essuya l'impérialisme amusant de son compagnon et son sourire à lui s'élargit encore plus. Il était plus facile de rester jovial quand l'alcool ne brouillait pas ses sens au point où il ne savait plus mettre un pied devant l'autre.

- Tant mieux. C'est toujours utile pour retrouver son chemin. Éviter de dormir sous les porches. Tes peluches vont bien ?

Il n'y avait aucune ironie dans sa voix. C'était un des détails dont il se souvenait le plus clairement de toute la soirée : les animaux en peluche aux quatre coins de la pièce. Celui que Kyle avait gardé près de lui sur le canapé, lui donnant l'allure d'un enfant bien plus jeune, sur le point de s'endormir. Malgré la sûreté qu'on lisait sur son visage, aujourd'hui, Charles captait quelque chose d'autre, de sous-jacent, comme une gêne ou un sentiment de désorientation mais il ne le releva pas.

- Eh bien, j'espère bien que tu n'auras plus à me porter nul part, désormais.
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Sam 22 Déc - 21:48
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Deux semaines. Cela pouvait sembler n’être rien, mais Kyle avait eu la joie d’en voir certains qui hurlaient face au manque qu’ils ressentaient, enfermés comme ils l’étaient dans leurs vices et retirés du monde. C’était une belle avancée considérant le fait qu’il avait souvenir que Charles avait descendu bien des verres. En toute honnêteté, le quart de sa consommation ce soir là aurait suffit à envoyer le plus jeune à terre de façon irrémédiable. Définitive, peut-être même. Alors il laissa tomber son rictus pour afficher un sourire plus franc, plus doux, et tellement plus en accord avec son âge. Personne ne devrait pouvoir esquisser pareille expression si jeune. Il ne fit pas de commentaire, ce n’était pas son genre. Les encouragements, les vœux de bonheurs et autres futilités, il trouvait cela… Tout justement futile et d’une condescendance irritante. Il ne se permit que ce sourire, et un léger geste de tête qui pouvait s’apparenter à un acquiescement. Il ne ressentait pas de joie particulière, car ils n’étaient guère assez proche, mais savait reconnaître l’effort lorsqu’il le voyait. Il n’aurait pas à ramasser son cadavre dans les temps à venir.

Lui qui n’avait eu droit qu’à des changements d’humeur incessants et à des sourires ternes et fugaces, il fut surpris de voir combien celui que lui offrait son Grenouille pouvait être grand. Il aurait bien qualifié cela de lumineux, ou de divin, mais cela ne collait pas au personnage. Alors son esprit se contenta de le juger grand, et cela lui fit un instant battre des cils, comme s’il n’était pas certains que pareille expression pût jamais s’adresser à sa personne. Déstabilisé, il le fut, et cela n’aurait jamais été remarquable si l’évocation de ses peluches n’avait pas achevé de l’ébranler. Il avait de drôles de priorités, le Charles, pour s’en souvenir ainsi. Et Kyle se sentit rougir, malgré lui, comme si ce détail seul déclenchait sa pudeur plus que quoi que ce soit d’autre. Il fallait dire que personne n’avait jamais vu cela.

-J’aime autant éviter de tenter les porches, en effet… J’ai réussi jusque-là, autant continuer.
(Il marqua une pause, piqua étonnement du nez sur le sol avant de relever des yeux luisants sur son camarade.) Elles vont bien. C’est… Je n’aurais jamais pensé que tu te souviendrais de ça parmi tout le reste.

Ses yeux arpentèrent la rue, ne se fixèrent sur rien, car il n’y avait là rien de plus intéressant que son camarade ; aussi son regard retrouva bien vite celui gris qui semblait tellement plus vivant. Il ignorait pour le moment quel Charles il préférait. Le morbide, agressif et en chute libre émotionnelle, miroir de ses propres états d’âme, ou celui-ci, chaleureux et souriant, qui lui apparaissait presque normal. Puis il se dit qu’il devait tout de même préférer le sobre. Il avait le mérite de pouvoir tenir debout.

-A ce rythme, c’est toi qui vas finir par me porter hors de cette rue. J’ai aucune sainte idée de l’endroit où on est, et j’y serais encore cette nuit, si ça se trouve,
ricana-t-il en haussant les épaules, et il pencha la tête avec curiosité : A moins que tu ne m’abandonnes ici, comme les chiots au bord des autoroutes.
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Sam 22 Déc - 22:10
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Il était bien sage d'éviter les porches. Charles, qui y avait goûté pendant presque une année, troquant parfois les rues sordides avec le repère de sans abri lugubre en centre ville, ne pouvait qu'approuver cette démarche. La rue, c'était quelque chose de terrible, de dur, de glacial et de solitaire. Il en portait encore les marques.

- C'est bien sage de ta part. Cette rue est sale comme une poubelle, autant dormir dans son lit.

Il s'étonna de le voir rougir et son étonnement se laissa lire avec candeur sur son visage. Kyle n'était pas le genre de personne qu'on imaginait se parer d'une couleur rosée sur un commentaire à propos de ses peluches. Sujet sensible ? Peut-être. Charles n'était pas devin, et s'il lisait bien les gens, il ne pouvait deviner ça. Son sourire qui, auparavant, gardait quelque part une lueur légèrement ironique, prit une teinte honnête, comme pour s'excuser de son faux-pas.

- Eh bien, oui. Je ne sais pas pourquoi, j'ai trouvé ça... (il allait dire touchant, se reprit imperceptiblement) notable.

Son visage adorable gardait quelque chose de profondément énigmatique. Il était d'humeur sombre, comme chaque fois qu'il sortait d'une réunion, mais étrangement apaisé. Il n' y avait pas de mots pour décrire l'état d'esprit dans lequel le plongeaient ces réunions. Il en ressortait toujours changé, un peu morose mais prompt à garder la face devant n'importe qui, comme si une heure et demi d'un semblant de jovialité et de sociabilité renforçait ses capacités à masquer sa tristesse. Car il l'était, bien plus qu'il ne se l'avouait, mais planquait ça derrière son sourire. Celui-ci s'était naturellement terni, ses zygomatiques peu habitués à autant de sollicitation.

- Tu ne m'as pas laissé crever à côté de ce bar, alors il n'y a aucune raison que je t'abandonne ici. On est pas loin de la rivière. Je sors de ma réunion. Tu veux prendre un café ? Il y a un bar sympa là-bas, plus bas dans la rue. J'invite.

Charles qui prenait des initiatives, Kyle ne devait pas être habitué à cela.
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Sam 22 Déc - 22:28
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De nouveau, un hochement de tête ponctua les faits évoqués. Sale comme une poubelle, il n’en savait rien. Il coula un regard curieux aux alentours, ne trouva rien de dramatique, mais se contenta de croire son aîné sur parole. Il devait, malheureusement pour lui, en savoir bien plus sur le sujet que Kyle n’en saurait jamais. Et il ne tenait pas à le savoir non plus, par ailleurs. Savoir en revanche comment son camarade en était arrivé à sourire ainsi, cela était une question à laquelle il consentait à vouloir une réponse. Que les peluches soient notables ou non, le détail remarqué changeait tout. C’était ridicule, anecdotique. D’autres auraient retenu le rangement aux aspects compulsifs, le manque de chaleur du studio, ou même ce manque chez le propriétaire, et voilà que Charles retenait cela. C’était comme une confidence qu’il n’aurait jamais faite par lui-même. Tant pis. Il pouvait bien s’y faire, après tout.

-J’imagine qu’on note ce qu’il nous chante. Les peluches seront ravies d’être connues d’un public.


Il leva les yeux au ciel un instant pour dissiper sa propre gêne, et cela fonctionna plutôt bien. En parler sans sérieux, avec légèreté, c’était conjurer le sort et rendre de nouveau le sujet aussi banal que tous les autres qu’ils pouvaient aborder. Il dansa d’une jambe à l’autre, de nouveau pris au dépourvu, mais cette fois-ci la surprise ne se lut pas sur son visage, et il se contenta de sourire un peu plus, l’air malicieux revenant au grand galop sur son visage :

-Je t’invite chez moi, tu m’offres un café, le mariage approche décidément à grands pas.


Sur ces belles paroles, il entama la marche, et tout en enfouissant ses mains au fond de ses poches, il jeta un coup d’œil à son Grenouille. Pas loin de la rivière, il avait dit. Il n’avait aucune idée de l’endroit où cela pouvait être. Il se dit alors qu’il devrait vraiment faire l’effort de visiter cette ville de fond en comble un jour où l’autre avant que la nécessité ne le rattrapât. Il tourna une seconde sur lui-même, afin de regarder un peu plus ce nouveau Charles qu’il appréciait découvrir autant que l’ancien. L’éternel manteau, les cernes, la mine sombre, seul ce sourire étranger le changeait du tout au tout. A cet instant, le plus jeune le trouva beau. Pas comme la serveuse avait pu le faire, pas non plus comme il l’avait constaté la fois dernière. Beau parce qu’il était vivant, de façon plus candide, plus détachée qu’il n’avait pu le faire jusqu’à présent.
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Sam 22 Déc - 22:49
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La rue en plein jour une journée sèche n'avait rien de dramatiquement sale, mais retournez-y un jeudi soir, vers deux heures du matin, dans le froid glacial de la nuit, pour peu qu'il ai plu un peu dans la journée, et la boue du canal remontait en vagues légères et polluait l'allure propre de la chaussée. S'il tournait la tête à quatre-vingt-dix degrés sur la gauche, il pouvait voir la petite arrière-cour où il avait passé plusieurs nuits, complètement défoncé, l'année auparavant. Quand aux peluches, s'il les avait remarqué et qu'elles avaient autant marqué son esprit, il ne parvenait plus à se souvenir pourquoi. Ce sont des choses qui arrivent quand on boit autant. Il haussa les épaules poliment. Il notait bien la gêne de l'autre, désormais, il en était sûr. Il préféra passer sur un autre sujet pour ne pas le mettre plus mal à l'aise, profitant qu'il lève les yeux au ciel pour l'observer plus en détail : son visage chérubin, son regard direct et dirigé, son teint lisse et son expression sérieuse. Mais très vite, celle-ci se changea en malice qui lui sciait à merveille.

Il parla de mariage. Charles se souvenait de manière très vague qu'il s'agissait d'une plaisanterie recyclée mais il était incapable de s'en souvenir, se contentant de sourire à nouveau, d'une manière un peu plus terne, rendue flou par l'incompréhension. Bon Dieu, si seulement sa mémoire n'était pas aussi trouée qu'un gruyère...

- Ça ne me dérange pas, mais je te préviens tout de suite, je n'aime pas les pièces montées.

C'était la seule chose qu'il songea à dire, et même si cela pouvait sembler un peu stupide, son sourire effaçait les conneries qu'il pouvait sortir. Tel un miroir, il enfouit ses propres mains dans ses poches et emboita le pas de Kyle. Il surprit le regard de ce dernier et, de nouveau, lui offrit un sourire. À son tour d'être un peu gêné. Il se sentait comme une boule d'émotions contradictoires. Le café était un peu plus bas dans la rue et en quelques secondes il y accédèrent.

- C'est là, dit-il en lui tenant la porte ouverte.
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