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Maintenant tu bois, et tu veux bien de moi. [Charles Macaulay]

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Ven 18 Oct - 22:27
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Ces idées de crimes passionnels étaient déjà loin dans son esprit, désormais, et cette distinction floue qu’effaçait Charles devint soudain le cadet de ses soucis. Passion d’âme, passions tout court, qu’en savait-il ? Il n’y avait pas eu de passion, d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Une envie dévorante, mais pouvait-il parler de passion ? Obsession, éventuellement, serait le véritable mot qu’il emploierait pour définir ce qui l’avait poussé à saccager sa vie, celle de sa sœur, de tout son entourage. Le silence était devenu plus pesant encore que celui qu’il affrontait une fois seul, le silence qui rendait tout le monde vide et sans teint, et pourtant son compagnon était juste à côté. Pour combien de temps encore, là était la véritable question. Il avait un rictus figé au visage, un brin sarcastique sans doute, mais surtout passablement fataliste. Charles ne disait rien, et Kyle caressa l’idée que les quelques mots qu’il avait prononcés allaient suffire à lui donner envie de changer de sujet, ou de tout simplement se relever et s’enfuir. Mais Kyle ne s’était pas enfui, lors du récit du pianiste, dans sa chambre sombre et encombrée, et Charles comptait visiblement l’honorer du même traitement. Le plus jeune eut un sursaut, vif, irrépressible, lorsqu’il sentit la main fine de son compagnon venir saisir la sienne, faire cesser le mouvement mécanique qui commençait déjà à faire naître une chaleur dans son bras. C’était si aisé, de simplement continuer jusqu’à l’avoir rouge, et douloureux, et peut-être bien qu’alors il parvenait à reprendre sa contenance. Cette fois-ci, en revanche, il n’y parvenait pas.

L’alcool le rendait déjà plus aisé à ébranler -à supposer que l’on se surnomme Grenouille, bien sûr-, mais ce fut la voix douce, les yeux calmes qui le cueillirent qui manquèrent de le faucher sur place. Il demeura silencieux, tétanisé, un moment, durant lequel il scruta son aîné avec une attention presque chirurgicale. Son visage, son expression, toute son attitude, à croire qu’il y cherchait une quelconque malice ou, pire, la trace d’un prélude de fuite. Il n’y vit rien de tel, serra ses doigts entre les siens comme il se raccrocherait à un phare dans la tempête. Malgré tout, la moue sur son visage n’était ni penaude, ni inquiète, oscillait davantage entre la frustration et l’agacement.

-T’es sûr de toi, quand tu dis ça ? En commun ? Le « sang sur les mains »… Mais lequel ? Je les côtoyais tous les jours, et ma sœur aussi. Je ne les détestais même pas particulièrement. On jouait ensemble, parfois. Le matin même, je leur parlais encore. Et l’instant d’après ils étaient morts,
grogna-t-il plus qu’autre chose, de mauvaise grâce de nouveau, et il détourna de nouveau le visage.

C’était étrange, et déplaisant. Il n’était pas conteur. Ce n’était pas une histoire à conter. Il ne l’avait de toute façon jamais prononcée de vive voix, non de peur de la rendre réelle, mais parce qu’elle lui semblait futile et indigne d’un intérêt si grand. Pas de mythes, de bacchanales, juste une froide réalité.

-C’est… C’est compliqué, alors je vais t’épargner les envolées littéraires. J’ai pris le flingue de mon père, et j’ai buté six gamins quand l’envie m’en a pris. Je crois bien en avoir touché d’autres, hm, mais je t’avouerai que les détails m’échappent. Alors… Non. Ce n’est pas « commun », Charles. Tu as vrillé, avec d’autres personnes, et tu regrettes. Je l’ai fait seul, et je m’en fous. Je m’en fous, tu m’entends ? Je m’en foutais à treize ans, et c’est encore le cas. J’ai flingué des gens, la vie de ma sœur, et celle de tellement de gens qui aimeraient me savoir mort que ça en est pathétique.


Il avait monté le ton, légèrement, emporté par l’aveu, par les mots qui s’écoulaient, l’agressivité et cette appréhension qui transparaissait dans sa manière de tenir ses doigts, encore, toujours, sans relâcher. Il ne le regardait plus en face, tout juste en biais. La défiance n’était toujours qu’une façade. Il s’en foutait, c’était un fait. Mais Charles ? Lui, peut-être que non. Peut-être allait-il juste se barrer comme sa sœur l’avait fait avant lui. Et pourtant la vérité déferlait, rendue plus crue, plus cynique encore par la provocation qu’il y mettait, ces mots qui défiaient son compagnon d’oser rester par la suite.
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Ven 18 Oct - 23:08
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La main dans la sienne était tendue, il pouvait facilement le sentir. L’atmosphère était si tendue qu’on aurait pu allumer un feu en agitant une pierre. Il attendait sa réponse avec inquiétude mais se montrait conciliant, car l’affection qu’il ressentait pour Kyle ressemblait enfin de plus en plus à quelque chose de sain et plus à une sorte de blague lugubre, un crime non exprimé. Pourtant, à nouveau ici, Charles ressentait ce qu’il avait ressenti auparavant : le danger d’être dans la même pièce qu’un meurtrier. Et par meurtrier, il entendait quelqu’un qui avait l’âme façonnée pour tuer, non pas un vulgaire amateur comme lui. Les paroles de Kyle le réconfortèrent dans cette pensée. Il aurait pu fuir, pour se protéger, mais la fascination macabre qu’il sentait monter en lui le laissa collé à son assise. Plus Kyle parlait, plus il peignait la scène dans son esprit. Il songeait en silence, happé par la voix hachée et mal à l’aise de son camarade, la tête légèrement penchée sur la droite. Son thé était froid ; il ne fit pas un geste pour l’attraper. Il écouta jusqu’au bout, stoïque comme une pierre, et ne fit pas un commentaire pendant un long moment. Il imaginait un Kyle plus jeune, l’arme au poing, pointer ces misérables gamins, presser la détente. Peu à peu, s’éclairait dans son esprit le pourquoi du comment : pourquoi Kyle voyait une différence dans leurs actes et comment il se détachait de ses responsabilités spirituelles. Néanmoins, il ne voyait pas pourquoi il s’entêtait à pointer leurs différences du doigts de la sorte. Charles avait tué à deux reprises, attenté à une troisième, et aucune ne s’était passée de la même manière. Cependant, aucune non plus ne correspondait avec l’expérience de Kyle. Et quoi, alors ? Le résultat était le même : des tombes creusées par leur faute. Charles ne voyait pas vraiment la différence. Si on a eu le déclic de tuer, on l’aura à nouveau, que ce soit accidentel ou négligé ou réfléchi. Qu’y avait-il de pire ? Une réaction sur le moment, un meurtre spontané, ou une action mûrement tournée dans tous les sens pendant des semaines et des mois ? Il se sentait plus meurtrier que quiconque. Et s’il ressentait des remords, il ne les accordait pas vraiment au meurtre lui-même, en fait. Il regrettait le bon vieux temps, mais il ne regrettait pas Bunny.

« Écoute, Kyle. Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Que je fuis ou que j’approuve tes paroles. »

Sa voix était dure et sans émotion. Il se revoyait à nouveau dans le salon de Henry. « On va vraiment le faire, alors ? » - « C’est le seul moyen. » - « Mais enfin, Henry, comment peux-tu justifier un meurtre de sang-froid ? » - « Je pense plus la chose comme une redistribution de matière. » Et au final, ils l’avaient fait. Ils avaient tué, tous ensemble, dans le secret, et Bunny était mort. Vraiment, il ne voyait aucune différence.

« Je ne fuirai pas, en tout cas. Je l’aurai fait bien avant si j’en avais eu envie. Je suppose que tous, une fois dans nos vies, on a marché hors des sentiers. Littéralement, pour ma part. Tu sais, enchaîna-t-il, revigoré par le son de sa voix dans l’espace vide de la pièce, un mort reste un mort. Qu’importe la manière dont il a atterri dans sa tombe. Tu as tué spontanément, j’ai tué de pur sang-froid. J’y pensais tous les jours depuis des semaines, des mois. Le fait que je ne sois pas revenu sur ma décision a propulsé Bunny de l’autre côté. J’ai voulu tuer de colère. Seigneur, j’ai tiré sur Richard. Tu l’as vu. Nous sommes amis. » Il ne pouvait s’arrêter de parler. Nerveusement, il s’alluma une cigarette qu’il ne fuma pas, occupé à essayer de capter le regard fuyant de Kyle. « Alors non, je ne partirai pas. Cela ne veut pas dire en aucun cas que j’approuve tes actes. Je pense que je n’ai aucun droit de jugement dessus. Et puis, après tout, tu as purgé ta peine. C’est toi qui serait en position de me juger. J’ai échappé au châtiment. »

Il reprit sa respiration et soupira. Sa cigarette s’était à moitié consumée. Il attendit.


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Ven 18 Oct - 23:52
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Le manque de réaction était tellement pesant, tellement dur à interpréter que Kyle aurait presque préféré le voir soudain exploser, se mettre à crier peut-être, ou quelque chose qui n’impliquait pas ce silence qui se prolongeait. Encore. Il était encore là, toujours là. C’était le silence qui précédait la tempête, la détonation, tous les évènements qui pouvaient mal tourner commençaient par un silence. Ses paroles jetées à la volée sans réel travail de fond, sans belles enveloppes comme celles qu’il pouvait réaliser habituellement, il regrettait presque d’avoir vendu la mèche, d’avoir avoué, mais les mots de son compagnon le figèrent plus encore que s’il lui avait mis directement une gifle. La voix, cette fois, était très semblable à celle qu’il employait lorsqu’il n’était pas dans un état de pareille excitation, d’agitation un brin malsaine. Froide, inexpressive, mais elle était porteuse de mots qui n’étaient pas réellement la condamnation qu’il attendait. Alors certes, Charles était perdu, en attestait le fait qu’il ne savait visiblement pas comment se confronter à ce problème, mais Kyle jugea que s’il n’avait pas déjà entendu la porte claquer, c’était une très bonne chose. Quelques minutes de plus en sa compagnie peut-être, ou davantage, il l’espérait. Il ne savait pas comment il pourrait vivre le fait de le voir lui filer à jamais entre les doigts. Arcadia Bay perdrait toute sa saveur. C’était à son tour d’écouter, visiblement, alors il écouta, assommé par ce flot de mots, ce flot d’informations, alors qu’il n’était pas tout à fait en l’état pour les saisir avec autant d’aisance que s’il avait été sobre en plein après-midi. « Je ne fuirai pas » étaient bien les seules syllabes qu’il avait entendues et retenues avec une clarté déconcertante. C’était là tout ce qu’il voulait savoir.

Il fit l’effort de la concentration, comme il le pouvait, analysait ce qu’il entendait, ces histoires de sentiers, de morts qui n’étaient plus que des morts, ou qu’en savait-il. Il eut un souffle presque moqueur, l’espace d’un bref instant, mais le laissa continuer, encore, et encore, alors même que le plus jeune avait décroché depuis un instant déjà, et se contentait désormais d’observer ses lèvres qui articulaient chaque mot avec soin, puis les gestes qui allumèrent une cigarette qui mourrait avant d’avoir été fumée. Il ne réalisa que son compagnon cherchait son regard que lorsqu’il croisa ses prunelles grises, involontairement, et il y riva les siennes sans y songer à deux fois, par automatisme. Toujours les yeux de regard, et une nouvelle fois la promesse de ne pas s’enfuir, qui vint le conforter, détendre imperceptiblement ses épaules.

-Purgé ma peine ? Tu crois que j’en avais pour cinq ans, Grenouille ? J’aurais dû crever là-bas. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. C’était… Un accident, ou un miracle, je n’en sais rien, mais je n’ai pas plus purgé que toi. Même dans le purgatoire, j’ai réussi à m’écarter du sentir, railla-t-il sans porter la même animosité, mais il s’était remis presque aussitôt à son geste compulsif le long de son bras : Ce n’était pas spontané. Je ne te jugerai pas de ne pas avoir fait demi-tour. Je ne te jugerai pour rien. Ça aussi, je m’en fous, Charles. J’ai juste besoin que tu restes.

C’était là la réalité. Son compagnon aurait pu avoir organisé un véritable génocide à l’époque, il n’aurait pas cillé. Il n’y avait pas d’importance là-dedans. Il était trop mordu, trop impliqué pour se soucier de ce qu’il considérait comme étant des futilités. Il rouvrit la bouche, dans l’optique peut-être de développer, de repartir sur ce sujet épineux qui le rendait si sanguin, au lieu de quoi il lâcha un très poétique « Et puis merde », qu’il souffla à mi-voix. Les remords laissés loin derrière lui, il sembla s’éveiller et, d’un geste vif, attrapa son compagnon par la nuque pour l’embrasser, sur une pulsion sans doute aussi incontrôlable que celles qui régissaient toute sa vie. Parce qu’il en avait besoin, envie plus encore, et qu’il louchait sur cette possibilité depuis de trop longues minutes.
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Sam 19 Oct - 19:16
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Apparemment, il l'avait un peu perdu ; son regard désintéressé errait dans la pièce et peinait à capter le sien. Le plus âgé marqua la pause, goûta le silence, attendit une parole ou une approbation, quelque chose. Allait-il se prendre une droite ou une remarque vicieuse, allait-il devoir quitter l'appartement pour ne jamais revenir ? Il se rendit compte qu'il n'avait pas envie de partir. Quitter Kyle signifiait aussi revenir à l'ancienne routine : celle où il buvait comme un trou sans regarder le temps passer, et plus celle où il regagnait espoir, où il prenait la peine de prendre des douches et d'aller en cours.

Dans son silence parfait, il l'écouta parler. Même le stoïcisme naturel de Kyle n'arrivait pas à la cheville de la froideur de Charles. Ce dernier pensait que la colère allait le prendre et qu'il allait se prendre une claque dans le visage dans quelques minutes. Mais son ton se calma et l'animosité disparut, pour ne laisser à la fin qu'une fragilité touchante qui fit changer l'expression de visage du jeune homme. Son absence de réaction ne survivait pas à des confidences de la sorte. Alors qu'il se préparait pour répliquer, prêt à s'ouvrir et à offrir une partie de ses pensées, Kyle gravit la distance qui les séparait et l'embrassa avec fougue. Les yeux écarquillés, plus que surpris, Charles sentit son cœur s'accélérer indubitablement et faillit partir en arrière, mais réussit à rétablir son équilibre à la dernière seconde. La surprise passée, il se laissa aller et répondit à son baiser, transpercé d'une émotion forte et inexplicable qu'il ne tenta pas d'analyser. Le moment dura agréablement, de longues secondes, quelques minutes, et les mots se bousculaient dans son esprit sans qu'il puisse les laisser sortir, le problème étant que ses lèvres étaient scellées à celle de son camarade. Il allait exploser tant il avait à dire. Doucement, il s'éloigna de quelques centimètres et chuchota d'une voix douce au creux de son oreille.

« Je vais pas m'en aller. Depuis que je t'ai rencontré, je remonte la pente. Avant, je n'avais rien à quoi me raccrocher. Je sombrais. Je passais mes journées à boire et à me morfondre. Maintenant... » Il sentit une brûlure sur son doigt et lâcha brusquement la cigarette qu'il tenait avec un sursaut. Il prit le temps de se baisser pour ramasser le mégot avant de revenir à sa place, un sourire fatigué sur le visage. « Maintenant je vais mieux. Je sors à nouveau, je sors de mon trou. Grâce à toi. Kyle. » Il l'embrassa tendrement du bout des lèvres.
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Dim 20 Oct - 20:45
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Cela pouvait durer quelques secondes, ou des heures durant, à cet instant Kyle ne considérait plus ces détails. L’essentiel était là, entre ses mains, contre ses lèvres. La porte n’avait pas claqué, la gifle n’était pas partie, les mots amers et venimeux s’étaient fait cloisonner entre de larges murs. Peut-être que s’il avait lâché ces confessions plus tôt, au détour d’une rue, au détour de quelques mots, son aîné se serait vraiment enfui. Mais il y avait quelque chose, un lien tenace et discret, qui se renforçait, grandissait, et était devenu suffisamment solide pour le retenir auprès de lui. Il ne se sentait pas plus léger, pas plus serein, maintenant que les aveux étaient jetés. La parole ne changeait rien à l’acte, mais le fait était qu’en un sens, il s’en sentait mieux. Charles savait. Charles savait, et cela rendait les possibilités de son départ plus restreintes. Il ne l’apprendrait pas, dans un détour, après de longs mois. Le choix se faisait maintenant, et la douceur dont il faisait preuve suffisait. Il rassurait, par sa présence, et c’était suffisant. Aussi, le plus jeune manqua de grogner de dépit lorsqu’il le sentit reculer, lui échapper quelque peu, mais son souffle le fit frémir, lui fit réaliser qu’en s’écartant une énième fois du sentier, il avait peut-être débouché sur, enfin, quelque chose qui vaudrait la peine de faire quelques maigres efforts. Car fréquenter son Grenouille n’était jamais un gros effort. Il eut un rire, inexplicable, inexpliqué, rauque, à ses mots sans doute, mais aussi en le voyant se brûler. Cela pouvait être considéré comme mesquin, mais il ne s’agissait pas de ça. La pression redescendait.

Et les mots qu’il entendait étaient plaisant. Ils étaient bons, et ils sonnaient délicieusement bien à l’oreille. Grâce à lui ? Quelque chose de bon arrivait grâce à lui ? Il n’était pas un bon samaritain, pas une personne charitable non plus, mais il avait ramené Charles à bon port le premier soir. C’était suffisant. Il ne pensait pas lui faire remonter la pente. Il n’était pas naïf, bercé d’illusions romanesques dans lesquelles son compagnon deviendrait un modèle de vie et de réussite. Mais cela lui suffisait, à lui, de l’entendre dire, de lui donner quelque chose à quoi se raccrocher. C’était satisfaisant, et plus encore. Il sentait une chaleur suspecte dans sa poitrine. Il ne prit pas la peine de lui répondre, pas tout de suite, l’entraîna à la place dans un baiser plus tendre, moins agressif que le premier, avant que ses lèvres ne retrouvent sa joue, douces, et qu’il ne caresse sa mâchoire du bout des doigts.

-Tu m’en vois ravi… Tant que tu restes, tout ira bien. J’ai oublié comment vivre, Charles. J’ai quitté la taule en me sentant seul au monde. J’ai débarqué ici comme une épave pour retrouver une sœur qui a fuit en me voyant. T’es la première personne qui était là, et qui est restée. J’ai détesté le monde que j’ai trouvé ici. Ennuyeux, banal, solitaire, et silencieux, et toi… Tu es là. Et ça change. Je ressens des choses. Je veux juste que ça continue.


Il ne s’était pas reculé, laissait les mots s’échouer sur la peau de son compagnon. C’était plus aisé ainsi. Parler sans le regarder, parler sans avoir ses yeux d’acier dans les siens. Et ce parfum de savon allait finir par l’achever.
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Lun 21 Oct - 21:20
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Il était bien connu que la morale de Charles était plutôt bancale. S’il avait été le possesseur d’un soupçon de bon sens, il s’en serait allé ; mais ce n’était pas le cas. C’était bien connu, et Kyle aurait dû s’y attendre. Mais l’inquiétude qu’il ressentait avait une cause et une explication. Certainement était-ce dans les mêmes conditions que sa soeur était partie sans se retourner. Au moins, Charles avait la chance d’avoir tué avec Camilla, et elle n’avait pas fui en apprenant que son frère était un meurtrier, car elle aussi était dans la situation jusqu’au cou. En revanche, elle était partie quand il avait essayé de la tuer dans une de ses phases délirantes d’alcoolique endurci. C’était compréhensible. Cela étant, les deux garçons se retrouvaient orphelins et fils uniques.

Kyle était très proche. En fait, il était presque couché sur lui, ce qui mettait Charles dans une position très défavorable mais peu angoissante. Ce dernier ne souriait plus, sérieux comme un Pape et concentré sur la conversation qu’ils avaient. La peur diffuse qu’il avait ressenti plus tôt s’était évaporée et il n’était plus que calme et attention. Il se laissait faire : les caresses de Kyle lui donnaient envie de fermer les yeux et de s’y abandonner, ce qu’éventuellement il fit. Ses mains allèrent trouver la nuque du plus jeune et se saisirent de ses cheveux, sans violence. Les paroles de Kyle lui faisaient un drôle d’effet. En un sens, elles lui brisaient le coeur, et en même temps l’emplissaient d’une joie muette. Sa voix était basse et proche. Il cala la sienne sur ce tempo rassurant.

« Je ne veux pas m’en aller. Je veux rester ici pour toujours. »

Il réalisa ce qu’il avait dit après que les mots eurent franchis ses lèvres et il ouvrit les yeux à moitié avec un air d’excuse sur le visage.


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Ven 15 Nov - 23:34
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Il s’agissait d’une très étrange forme de sérénité. Le calme qui suivait une catastrophe, le moment où les tensions redescendaient. Il se sentait soudain paresseux, et fatigué, peut-être même qu’exprimer toute cette sordide affaire l’avait véritablement fatigué. L’alcool ne devait pas être anodin quant à son effusion verbale, et influençait sans doute son état d’esprit qui le poussait à vouloir se rouler en boule, non pas dans un coin, mais dans l’affection qu’on lui proposait. Lequel était le plus atteint des deux, la question pouvait se poser, mais elle n’avait plus d’importance. Les histoires étaient contées, les choses mises au clair, il n’y avait guère plus de secrets aussi morbides que ceux-ci à conserver au chaud de peur de faire fuir l’autre. Mince, de toutes les villes du monde, sa sœur avait choisi celle-ci pour se réfugier, et il s’avérait qu’elle avait de fait ouvert la porte des possibilités à ce frère qu’elle avait voulu enfouir dans sa mémoire. La vie était empreinte d’ironie et de sarcasme, c’était définitif.

Il ne faisait pas mine de vouloir se redresser, ni s’écarter, et il eut un souffle surpris en sentait les mains de son compagnon contre sa nuque, douces mais étonnamment assurées. Parce que Charles se laissait mener par le calme, le plus jeune en fit de même, aussi docile qu’un animal apprivoisé. Il l’écoutait parler, ses mots qui possédaient le même timbre que le sien, qui réconfortait, caressant, et promettaient tout ce qu’il voulait entendre. Nouveau rire de sa part, plus discret, et sa main remonta contre la mâchoire de son Grenouille, qu’il observait encore avec toute l’attention du monde, derrière le voile d’ébriété qui rendait tout bien plus difficile à saisir. Était-il donc si vulnérable aux effets, ou bien Charles était-il devenu un surhomme pour survivre constamment à ces effets, la question flotta un instant dans son esprit sans jamais être formulée. Il n’était même pas pleinement ivre. C’était lamentable de faiblesse.

-Alors reste. C’est tout ce qu’il nous faut. Le reste peut attendre,
souffla-t-il tranquillement, et il appuya un instant son front contre le sien sans s’offusquer de cette mine désolée que lui offrait Charles. S’excuser de quoi ? D’avoir trouvé les parfaites paroles, de lui faire miroiter ce qu’il désirait ? Kyle n’y prêtait pas attention. Pour l’heure, la promesse importait, et c’était l’essentiel.
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