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Maintenant tu bois, et tu veux bien de moi. [Charles Macaulay]

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Ven 9 Aoû - 22:36
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Du curry? Du curry. Il lui fallut bien dix secondes pour que l'information remontât jusqu'à son cerveau, une poignée encore pour réfléchir à la question, et ce fut le moment où il réalisa pleinement, non sans une certaine ironie teintée de dépit, qu'il était cuit. Foutu pour foutu, il allait embrasser pleinement le fait qu'il était rendu à un état où il n'était visiblement pas plus vif qu'un vieux chat en fin de vie. Vaguement alerte, vaguement menaçant, mais sans doute bien plus motivé par le fait de paresser jusqu'à en rendre l'âme. De toute manière, Charles avait déjà trouvé son bonheur, tandis que lui battait encore des cils pour tenter de se souvenir par quel hasard de la vie il en était arrivé à acheter des épices. Nul doute qu'il s'était dit, sur un coup de tête, que ça donnerait des couleurs aux étagères. Il n'avait même pas souvenir d'en avoir utilisé dans quoi que ce soit. En revanche, à sentir l'odeur qui se dégageait dans la pièce, ce seraient sûrement bien les meilleures qu'il aurait mangé dans les six dernières années. Non pas qu'il carburait aux pâtes et autres aliments insipides, mais... C'était tout à fait le cas. Parfois, un effort colossal, et il ajoutait de la viande, raison de l'existence de ces brochettes. Nul doute qu'à un rythme pareil, il mourrait carencé avant d'avoir revu sa mère.

-Hrrrm, chacun son truc, il faut croire, mais j'avais déjà un problème avec l'hypocrisie. Peut-être même que je tirais les cheveux des petites cousines, pour ce dont je m'en rappelle... Marmonna-t-il sans conviction, l'esprit flou, et il n'avait de toute façon guère envie de se souvenir de ces visages qui avaient disparus de son quotidien.

S'il suivit Charles avec la docilité d'un petit animal lors du premier aller retour, il termina néanmoins écroulé dans le canapé-lit bien plus rapidement que son compagnon. Non, décidément, il sentait poindre ce qu'on pourrait communément appeler une flemme imbattable. Avec un grognement caricatural, il se força à se redresser pour attraper une assiette, plaqua tout naturellement un baiser sur la tempe de son camarade, ou peut-être était-ce une façon comme une autre d'éveiller de nouveau ce soupçon de tension qui persistait. En belle garce, il ne semblait même pas s'en soucier, avec sa gueule de mauvais ange, et sa façon de goûter prudemment son assiette, avant de décider que c'était visiblement délicieux. Il avait envoyé mourir toute forme de retenue, les jambes croisées en tailleur, l'œil aussi vif que celui d'un gamin en phase de redevenir turbulent.

-J'aimais déjà très peu les cours à l'époque, sans doute qu'à ce stade, c'est encore pire. Si t'es heureux en jouant du piano, ça peut toujours être un bon plan,
lâcha-t-il entre deux bouchées appliquées: Moins hostile? Il se passe quoi, dans ces couloirs, des gens te volent dans les plumes?

Il le contemplait avec prudence, et attention, délaissa un instant la viande qui satisfaisait amplement ses papilles. Hostile. C'était un bien grand mot, celui-là. Ou bien était-ce l'ennui entre ces murs qui devenait accablant et douloureux, pour ce qu'il en savait.
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Dim 11 Aoû - 13:15
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En fait, Charles se plaisait à imaginer de grands repas de famille en campagne, les tables dehors, la nape en papier, les chiens qui courent autour de la table, les fleurs. Il souriait tout seul dans son coin, observant Kyle qui n'était pas loin de se cogner aux murs, ce qui ajoutait encore plus à son amusement. De toute évidence, la boisson n'avait pas bien réussi à Kyle. Charles, lui, s'il était ivre, il n'était pas à un mauvais stade de l'ivresse, seulement à l'hilarité et à la molesse. Il servit l'assiette de Kyle et entreprit de croiser ses jambes sur le lit et, penché en avant comme un vieillard, il prit une bouchée de son assiette. Dans sa tasse vide, il noya le néant avec le reste de boisson qu'il lui restait et le but cul sec, referma la flasque et la rangea consciencieusement dans sa poche.

- Peut-être, oui. Mais on se rend compte du bonheur d'avoir une famille qu'au moment où on n'en a plus. Depuis tout jeune, enfin, je veux dire, j'étais orphelin, ma seule famille se résumait à Camilla, Nana, mon oncle et ma grand-mère. On n'a jamais été plus que ça. Heureusement que je n'étais pas un enfant unique, imagine l'ennui. Et encore j'ai de la chance à apprécier la lecture, ça occupe les heures solitaires.

Kyle le faisait rire. Il s'était affalé sur le canapé-lit de tout son long, visiblement épuisé par l'effort de cuire des pâtes. Charles lui aurait bien demandé d'aller chercher le sel, mais il songea qu'il était peu probable qu'il se relève. Tant pis, le curry faisait l'affaire. La viande était délicieuse. Kyle, en plongeant chercher son assiette, l'embrassa sur la tempe et Charles eut un petit rire enfantin et lui donna un gentil coup de coude dans les côtes.

- Laisse-moi manger, tu veux ? Tu aimes ?

Il songea à cette possibilité, jouer au piano bar, abandonner l'école, vivre d'amour et d'eau fraiche, peut-être recontacter ses anciens camarades, envers lesquels il ne ressentait plus aucune colère (ou du moins était-ce temporairement l'effet de l'alcool et de la bonne nourriture) et commencer une vie satisfaisante, peut-être retourner aux Alcooliques Anonymes, envoyer des fleurs à sa soeur. Quand aux couloirs de Balckwell, ce n'était au départ qu'une boutade qui, au fond, était emprunt de vérité.

- Oh, tu sais comment c'est. Ces gangs d'élèves soi disant populaires, des garnements sans foi ni loi qui marchent sur les autres. Enfin, à moi ils ne font rien, je quitte à peine ma chambre, juste pour aller boire au bar. Je ne vais pas aux fêtes étudiantes, ou rarement. Je pense pouvoir dire qu'ils ignorent totalement mon existence. Et crois-moi, c'est bien mieux comme ça.
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Sam 31 Aoû - 0:11
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Dans l’état vaporeux dans lequel se trouvait le plus jeune, il devenait difficile de prendre gare aux détails, à la flasque qui réapparaissait et se vidait près de lui. Si Kyle buvait le quart de ce que son compagnon pouvait ingérer en une fois, nul doute qu’il se roulerait déjà au sol en pleurant. Tout n’était qu’une question d’habitude, et lui ne l’avait définitivement pas. Pour autant, le seul avantage restait qu’il n’avait pas l’alcool dépressif. Il se serait sans doute enterré dans son ego s’il en était venu à pleurer sur l’épaule de Charles pour le reste de la soirée. Au contraire, il était d’humeur trop légère, trop taquine, presque un brin effrayante pour lui tant il lui semblait n’avoir d’emprise sur rien. Non, vraiment, pour un habitué du contrôle, la redescente allait être une douloureuse prise de conscience. Pour l’heure, il se contentait de savourer ce que pouvait être un Grenouille presque heureux, presque en joie, et le fait d’être pour une fois un fichu tout jeune adulte qui n’avait pas à réfléchir. Admirer son camarade, un peu aussi, peut-être, mais cela restait du détail. Néanmoins, il fit la moue, écoutait ce qu’il entendait avec attention malgré son état de carcasse échouée. Il l’avait retenu, que Charles était orphelin, mais pour autant, il semblait bien entouré. La lecture… Sa sœur, Violet, n’avait jamais été seule, mais elle lisait énormément. Avec du recul, ses jeux de bambin turbulent devaient l’ennuyer. Il n’en savait rien.

-J’ai l’impression de ne plus en avoir, de famille, au final. Je n’ai pas revu mes parents depuis un bail, et de toute manière, ils doivent s’en porter très bien. J’crois bien que je vivrais plus l’enfer des repas de famille. Mais à part ton livre, là, Grenouille, la lecture n’est pas mon fort, donc paye ta solitude…
Marmonna-t-il à mi-voix, sans doute avec la soudaine illumination du fait qu’il était pour le moins seul au monde. Tant pis. Il ajouta, par la suite : Tu m’en prêterais d’autres ?

Alors certes, il ne s’agissait pas vraiment d’un emprunt, mais Charles n’avait jamais semblé s’en offusquer. Excité comme il l’était par l’alcool, tout en paradoxe avec son attitude qui hurlait qu’il ne quitterait plus jamais le confort des coussins, Kyle était déjà passé à autre chose, tourna des yeux brillants de malice vers son camarade. Un sourire en coin discret, plutôt fier, étirait ses lèvres. C’était bien, de l’entendre rire. Plaisant à l’oreille. Aussi, tout absorbé qu’il était, le coup dans les côtes le surprit assez pour qu’il fasse les gros yeux.

-C’est bien plus amusant de te mettre des bâtons dans les roues, mais soit. Et c’est délicieux.


Et, logiquement, puisque c’était préparé par un autre, c’était encore meilleur. C’était la loi des choses. Tout en continuant de grignoter, puisque finalement la situation de Charles dans cette école ne semblait rien impliquer de terrible, il fronça légèrement les sourcils, conserva un silence poli d’une poignée de secondes durant lesquelles il s’appliqua à savourer la viande. Finalement, il lâcha un soupir fataliste, avec un geste de main désinvolte.

-Non, je n’en sais rien. Plus ou moins. Mais je veux bien croire qu’il vaut mieux qu’ils t’oublient. C’était mieux de faire profil bas aussi là où j’étais. Surtout au début, les gars plus âgés, c’était la plaie.
(Il coula un regard ironique vers son aîné) Mais visiblement, tu échappes à cette règle, mon vieux.

Il délaissa son assiette un instant pour se laisser retomber en arrière, observa le plafond avant de juger qu’il y avait plus intéressant près de lui. Il ressentait l’envie de courir un marathon, et à la fois celle de se rouler en boule sans plus bouger. Il tendit la main, effleura le dos de son camarade du bout des doigts.

-T’as quand même dû croiser des gens intéressants, hm… Des gens cultivés,
lâcha-t-il, et sa voix se teinta d’une pointe de jalousie mal dissimulée, pour une fois : Sans doute bien plus que moi.
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Jeu 5 Sep - 19:10
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Plus la soirée avançait, plus Kyle ressemblait à un petit enfant, emprunt de douceur et d’impétuosité, choses déjà présentes dans son tempérament mais dissimulées par une couche épaisse de self-control presque militaire, que malgré tout Charles avait, d’une manière ou d’une autre, réussi à percer. La bouteille enfin vide, les assiettes raclées bruyamment par les fourchettes des deux jeunes hommes, la nuit avança brusquement et tout d’un coup, il fut minuit. Dehors, retentit le gong grave de l’église de la ville, son rassurant qui creva le silence de la nuit aussi facilement qu’une aiguille contre une bulle de savon. Charles n’avait pas vu le temps passer, et il faillit s’étouffer avec sa fourchette de pâtes en se retournant sur le lit pour jeter un oeil à la fenêtre.

- Merde, il est tard. On a mis autant de temps à cuire les pâtes ? demanda-t-il en riant.

Enfantin en réponse à Kyle, joueur, tout au plus, il s’appliqua à piquer un bout de viande dans l’assiette de son ami.

- Mais oui, je t’en prêterai des tas, si tu le veux. Ça fait jamais de mal, de lire des livres.

Il fit semblant de ne pas entendre les compliments et ce furent deux paires d’yeux amusés qui se croisèrent par-dessus une table basse et deux assiettes de pâtes au beurre. Quelque chose - un ange ? - passa, un instant de silence, une drôle de pulsation sourde et presque inaudible, du style que l’on peut seulement ressentir sur l’instant ; bref, il se passa une chose unique et spéciale, à minuit pile, cette nuit-là. Charles eut un moment de flottement, ses yeux gris dans les pupilles de Kyle, et il délaissa son assiette pour aller l’embrasser. Pas un baiser volé, cette fois-ci, mais un accord tacite et réciproque qui n’avait pas besoin d’être traduit à l’oral.

Puis cette impression étrange se dissipa, sans pour autant vraiment disparaître. Elle se nicha entre les deux garçons, se lova sur elle-même comme un matou paresseux, et réchauffa la pièce de son ronronnement régulier. Charles avait posé son assiette sur la table basse et s’était installé sur le dos, la tête sur les jambes de Kyle, sans gène et le sourire aux lèvres. Que disait le plus jeune ? Etait-ce un peu de jalousie ? Charles ne pouvait laisser passer l’occasion de se payer sa tête, et pourtant il répondit avec sérieux, sans y penser.

- Je ne pense pas que l’intelligence fasse grand cas de la culture, tu sais.
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Mer 11 Sep - 21:14
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C'était incroyable, tout de même, comme il se sentait mieux avec le ventre plein. Il s'agissait presque d'une douce torpeur, d'une chaleur latente qui demeurait en lui, se diffusait et détendait son corps de la plus agréable des façons. Était-ce le fait d'être repu, ou simplement la présence de Charles qui lui communiquait une sérénité pareille, son esprit embrumé n'aurait su le dire. Mais il l'observait, encore, toujours, le regard plus lumineux, le visage empreint d'un calme qui n'avait rien de feint, et la commissure des lèvres légèrement relevé, à croire qu'il ne pouvait que se parer d'un fin sourire. Le son soudain le fit tressaillir, relever les yeux avec une mine un brin farouche, étonné, quand bien même ce son fut connu depuis des semaines. Il frappait toujours à la même heure, et pourtant Kyle s'était laissé surprendre. Il pencha la tête, lâcha un rire bon enfant, qui répondit à celui de son compagnon sans qu'il n'y réfléchisse à deux fois.

-Hmhm, il faut croire. Je pense que je n'ai pas été d'une grande aide. Eh, je peux te voler, mais pas l'inverse, c'est tellement plus drôle
, couina-t-il avec le petit ton d'un enfant turbulent qui voudrait établir toutes les règles.

Et il souriait, un peu plus, plus franc, plus flagrant encore, à la promesse de son Grenouille. Alors certes, il n'était pas grand lecteur, et un livre unique le tiendrait en haleine un long moment, mais... Charles était enclin à partager avec lui, et c'était une pensée qui lui plaisait. Ils auraient d'autres choses à raconter, d'autres personnages à analyser, qui s'ajouteraient aux quelques autres qui traînaient là par hasard. Il n'y répondit rien, se contenta d'afficher le visage de la plus parfaite satisfaction, ses yeux dans ceux gris. Un silence, la chaleur de la pièce, et un ressenti semblable à une décharge douce qui parcourait sa peau. Il n'eut pas besoin d'y penser, pas besoin même de prêter attention, et il sut ce qu'il allait advenir à l'instant où Charles quitta son assiette. C'était plus agréable encore que tout le reste. Son ventre qui se tordait, sa main qui retrouvait sa nuque, et ses lèvres contre celles de son compagnon, le temps d'un souffle, d'un instant perdu au milieu de la nuit. Alors certes, il était ivre, mais c'était différent des fois dernières. C'était conscient, et voulu, et cela n'en était que meilleur.

Kyle lâcha un soupir d'aise, nonchalamment vautré à demi assis contre une pile de coussins, dans cette ambiance qui lui plaisait, soyeuse, calme, et le poids de Charles contre ses jambes. Il ne se dégagea pas, ne broncha pas le moins du monde, et sa main glissa naturellement dans les mèches claires de son compagnon, effleurait parfois son visage, tandis qu'il scrutait le plafond. Son bras libre ramena à lui une peluche qui traînait, contre laquelle il cala sa joue, et il se dit avec amusement que son aîné en était une des plus acceptables. Peut être même meilleure que les autres.

-Tu peux bien être intelligent, sans culture personne ne t'écoute... Il suffit de se planter sur une seule référence, un seul événement, et tu deviens le dernier des imbéciles.
(Il continuait ses gestes, caresser ses cheveux, et porta son regard sur lui avec une légère moue.) Les gens intelligents préfèrent les gens cultivés. Et les gens bêtes aussi, de toute manière, mis à part si tu commences à leur faire comprendre qu'ils sont idiots.

Il effleura ses lèvres du pouce, pensif, fronça un peu le nez, et il se dit que cette soirée était décidément la plus cordiale, la plus agréable qu'ils aient pu passer. Pas de cris, pas de larmes, juste des rires et des baisers. Ça changeait. C'était étrange à vivre. Mais il se sentait si bien, si guilleret et léger qu'il aurait pu lui parler de tout et n'importe quoi pourvu qu'il continue d'entendre sa voix familière. Il pencha la tête, en un geste presque imperceptible, lâcha un rire bref, presque surpris.

-J'ai encore envie de t'embrasser. Tu vas finir par porter plainte, à force.
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Jeu 12 Sep - 13:51
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Certes, l'horaire tardif était amusant (ils n'avaient pas vu le temps passer, occupés à discuter, se chamailler comme des enfants, à cuisiner plutôt inefficacement) mais il était encore plus drôle d'embêter Kyle en piquant dans son assiette.

- Y'a aucune raison pour que t'aies le droit de me voler et pas moi. Ma viande est à tomber par terre, ajouta-t-il en en prenant un autre bout, tout sourire, moins affamé qu'amusé.

L'idée de partager un peu plus de lectures était une opportunité intéressante, autant pour Kyle que pour Charles. Là tout de suite, le plus âgé avait l'esprit vide et aurait bien été incapable de conseiller le moindre bouquin au plus jeune. Mais c'était un vide agréable, légèrement grisant, synonyme de l'attirance qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Dans une autre vie, Charles aurait bien détesté cet attrait indomptable, identifiant cela comme une faille, une défaillance, même, mais cette nuit et avec ce garçon, la question ne se posait pas. Charles était heureux d'être là, il n'avait pas besoin d'être ivre mort et il pouvait apprécier le moment avec une clarté nouvelle, un repos posé et un calme relatif. Toujours relatif, car était là sa personnalité et son histoire, mais toujours plus reposé qu'il ne s'était senti depuis longtemps, seul dans sa chambre lugubre, à la bibliothèque avec une gueule de bois ou à jouer au piano bar. Tranquille, il observait lui aussi le plafond et appréciait le mouvement des mains de Kyle dans ses cheveux.

- Ce que tu dis n'est pas forcément faux, admit-il sans grande conviction. Mais je suis persuadé que l'intelligence n'a pas besoin de culture. Rien qu'avec l'expérience, le ressenti et l'instinct, tu peux soutenir une conversation éclairée. Pas besoin de sortir les dates de naissance et de mot de Molière pour appuyer tes propos. Une réflection brillante le reste même sans références.

Il réfléchissait encore aux propos de Kyle lorsque ce dernier avança ses paroles, son rire bref et vif, et Charles se retourna à moitié pour que le visage du plus jeune entre dans son champ de vision.

- En effet, c'est honteux. Tu vas retourner directement en prison, tu le sais, ça ?
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Mar 17 Sep - 21:09
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Vraiment, si Kyle avait encore eu la force et la patience de réfléchir pour plus de dix secondes consécutives, nul doute qu'il aurait trouvé quelque réplique à prononcer pour justifier le fait que, non, le vol ne pouvait aller que dans un sens. Comme il l'avait initié, c'était à lui que revenait ce droit inébranlable qui consistait à emmerder son prochain sans lui permettre de le faire en retour. Il se contenta de marmonner quelque chose de vaguement inintelligible, ponctué d'un rire bref, et observa avec attention le sourire qu'il avait soutiré à Charles. Pour une raison ou pour une autre, il était heureux, ce soir, plus qu'à n'importe quel autre moment où Kyle avait pu le fréquenter, et c'était un ravissement que de pouvoir en profiter. Oh, il l'appréciait aussi lorsqu'il criait, se perdait dans des paroles floues et obscures, pleurait parfois, et manquait de lui en mettre une, mais cette version de son Grenouille était cependant bien plus agréable à fréquenter. Surtout lorsqu'il était aussi cuit qu'il pouvait l'être. La question ne se posait pas, il était vrai. Ils se sentaient bien, c'était l'essentiel, et si cela passait par le fait de toujours conserver une distance minimale entre eux, de toucher, rire et boire, alors soit, ce serait ainsi. Il continuait d'enrouler des mèches autour de ses doigts, de les caresser d'un geste machinal et affectueux, et décidément ce plafond était soudain captivant. Moins que Charles, mais juste assez pour que le plus jeune ait une immense raison de ne pas avoir envie de se bouger.

-Hrrm... J'imagine, oui, puisque j'ai réussi à t'embrouiller assez avec mes jolies phrases pour que tu continues de me parler, susurra-t-il avec malice, avec ses tirades du bar, le premier soir, vaguement en tête : L'instinct. Ça doit être ça. Je sentais que je ne devais pas te laisser filer.

Il l'observa tandis que leurs regards se croisaient de nouveau, glissa sa main contre sa mâchoire. Il demeura avachi, un moment, afficha une moue légère tandis qu'il retraçait sa pommette du pouce avec une attention toute particulière. Ne pas le laisser filer, c'était ça. Il lui avait mis le grappin dessus pour ne plus jamais le lâcher. D'abord sur ce secret qui attisait sa curiosité, puis sur la voix, et enfin sur son être tout entier. Si, au départ, seule la distraction l'intéressait, désormais il s'y rattachait pour ce que Charles représentait. Un mystère à peine résolu, et un ballet complet de sensations oubliées ou inconnues.

-Tellement honteux... Merde, je devrais me rendre sur le champ, sans doute, c'est inacceptable. T'infliger ça, franchement, c'est cruel de ma part.

Il leva les yeux au ciel, la voix basse, grave. Nul besoin de hausser le ton lorsqu'ils étaient si proches. Tout prenait une allure plus calme, plus posée, plus intimiste. Il se redressa, tranquillement, tira son compagnon par le col pour l'inciter à en faire un tant soit peu de même -non, il n'était pas souple à ce point, ou bien plus suffisamment sobre pour se risquer à pencher ainsi-, effleura ses lèvres des siennes comme s'il hésitait.

-Très, très cruel, sans doute. Retourner en taule pour ça, ça en vaut la peine, en revanche... Bien plus que tout ce qui pourrait m'y expédier. Tout à fait objectivement, bien sûr.
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Jeu 19 Sep - 10:25
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Si Charles était heureux ? Il se sentait épanoui, il se sentait délicieusement joyeux grâce au Bourbon, il se sentait calme et reposé. Pourtant, cela fait un bon bout de temps qu'il n'a pas dormi. Mais qu'importe. La proximité de Kyle, ou du moins cette fausse proximité, ce retrait de la caresse affectueuse, cette peur sous-jacente farouche de l'autre, cette crainte muette, le comblait pour le moment. Il ne demandait rien de plus que d'avoir le ventre plein, de passer la nuit sur les genoux de Kyle, d'observer le plafond si haut et si captivant. Pourquoi tant d'attention dans les gestes entre eux ? Certainement que leur histoire parle pour eux. Peut-être que pour Kyle, on avait trop vu de mouvements déplacés, de coups de brosse à dent affublée d'une lame de rasoir dans le dos, ce genre de chose. Pour Charles, c'est le peur de l'inconnu, et un peu la pudeur. Bon, d'accord, il avait bien couché quelques fois avec Francis au cours de ses années à Hampden, mais ici c'était différent. Ici, même s'il ne voulait pas l'admettre, commençaient a poindre des... Sentiments ? Voilà ce qui l'effrayait le plus. Et voilà que les phrases de Kyle sentent l'ambiguïté à plein nez. Qu'avait-il vu ce soir-là au bar pour ne pas avoir envie de le laisser filer ? Un type décousu, détruit, noyant verre après verre sa conscience, un meurtrier, un menteur. Mais après tout, Kyle n'était-il pas similaire ?

- Je ne me souviens pas, fit remarquer Charles, brusquement de mauvaise humeur, qui fut remplacée instantanément par un sourire charmeur. Imagine, j'aurai pu finir dans les jupes d'une fille de l'école. Avec ta sœur, ajouta-t-il en pouffant de rire rien qu'à cette idée.

Parce qu'au fond, qu'est-ce qui les liait ? Charles en était à l'heure où on se pose des questions compliquées qui pouvaient facilement lui donner de l'anxiété. Qu'est-ce qui les liait ? Le sang, celui du meurtre. L'amour des mots et des jolies tournures. L'amour des brochettes de veau, à l'instant, visiblement. Mais pas grand chose d'autre. L'attrait qu'ils ressentaient était quelque chose d'inexplicable, car ils étaient avant tout très différents. Kyle tant dans le contrôle, Charles erratique et désordonné qui laissait parler ses sentiments, pire, qui les laissait hurler sous les toits. Deux jeunes hommes si différents, et qui pourtant... C'était une analyse intéressante à faire.

- Tu serais du genre à te faire prendre pour crime passionnel, toi ?

Charles se redressa sur les coudes, les cheveux dans les yeux, soudain sérieux. "D'ailleurs, tu ne m'as jamais dit ce qui s'était véritablement passé pour que tu te retrouves derrière les barreaux."
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Sam 21 Sep - 23:33
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A ce stade, Kyle était au choix trop ivre ou trop fatigué pour remarquer l’élan d’humeur de Charles, qui ne dura de toute façon que quelques brefs instants qu’il n’eut l’occasion de saisir. Non, vraiment, c’était la première fois qu’il se retrouvait aussi peu maître de ce qu’il pouvait se tramer dans ses gestes et sa tête. Il n’en était pas effrayé, pas autant qu’il aurait pu penser l’être, tout bonnement parce qu’il était avec ce compagnon tout en particulier. Avec un autre, il se serait retranché comme un animal traqué. Il aurait perdu patience, peut-être, frappé sans aucun doute pour retrouver un soupçon de maîtrise le temps de décuver tout ça. Pour l’heure, il se contenta de grogner légèrement, agacé par la seule idée de sa sœur au bras de son Grenouille. Il l’avait trouvé en premier, merde, il le garderait. Tout jumeau qu’il était, le partage avait ses limites. Il ne pensait pas ressentir cela de façon si vive, tourna les yeux sur son aîné avec une mine un brin ennuyée, une moue au visage.

-Si tu le permets, je ne vais rien imaginer du tout, et ma sœur va gentiment basculer dans la catégorie des sujets inabordables…
Souffla-t-il avec cette once de jalousie, de nouveau présente malgré lui, alors qu’il observait le sourire de Charles avec intérêt.

Qu’est-ce qui pouvait les lier, c’était une belle question. Le hasard. Pas grand-chose en apparence, juste leurs chemins qui s’étaient croisés par accident pour ensuite emprunter la même direction. Ils n’avaient pas d’immenses centres d’intérêt communs, n’avaient pas vécu de la même manière quoi que quiconque puisse en penser, et semblaient danser sur deux points opposés d’un même spectre. Pourtant, cela fonctionnait. Quoi que cela soit, cela fonctionnait. Un attrait physique, sans doute, mais pas uniquement. Il y avait là un lien plus fort, par les histoires et les échos qu’elles renfermaient dans les souvenirs de l’un et de l’autre. Et cela marchait, c’était l’essentiel. Mais Kyle n’avait pas la foi de réfléchir davantage que ce qu’il le devait à une heure aussi avancée, aussi arqua-t-il un sourcil en un geste empreint d’amusement.

-Ca se pourrait que je m’y risque, qui sait. Un crime passionnel, ça sonne plutôt bien à l’oreille. Très tragique, très romanesque, tout à fait intéressant.

Il n’avait pas souvenir d’avoir connu quelqu’un aillant plongé pour ces raisons, mais il n’avait pas dû prêter grande attention aux fléaux de ses camarades de cellule. Brutalement tiré de ses pensées par la question de son compagnon, son visage perdit de sa douceur, en partie, mais il se sentait embrumé, et se retrouva incapable de s’emmurer derrière son indifférence avec autant d’efficacité qu’à l’accoutumée. Il lâcha un claquement de langue agacé, sa main vint retrouver son bras pour le frotter avec son geste habituel, nerveux, mécanique. Il observa son aîné avec une certaine accusation dans les yeux, retint à grande peine le réflexe qui l’aurait poussé à trouver une excuse pour se barricader dans la salle de bain et ne plus lui adresser la parole. Alors il demeura silencieux, un moment, puis un autre, continua de le fixer avec cette mine d’animal farouche et vaguement sur le bord de l’agressivité. Il la craignait, cette question, et bon sang qu’il la haïssait, et voilà que Charles la faisait ressurgir au moment où il se sentait le plus vulnérable. Le silence lui redevenait pesant, et il lui semblait entendre le sang battre dans ses veines. Sa patience céda, et il railla avec une certaine amertume :

-J’ai buté des gens, voilà ce que j’ai fait. Content ? Tu devais t’en douter.


Il ne développait pas. Même dans la confession, il fallait courir après les réponses, les lui arracher une à une. Il aurait pu mentir. Il aurait dû mentir, fidèle à sa nature, mais pas à lui, et pas dans ces conditions. Aucun contexte, aucune raison, et ce visage qui reflétait une terrible ironie tandis qu’il s’efforçait de rebâtir son sarcasme pour ne pas risquer de souffrir dans la foulée.
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Sam 12 Oct - 20:12
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Anonymous
Il sentait que Kyle le regardait, regardait sa bouche, ses lèvres, mais il ne fit pas un geste pour se tourner vers lui. Après s'être essuyé les lèvres du revers de la main, il soupesa la flasque vide et soupira d'un air abattu. Plus rien à boire. Le jeune homme reporta son attention sur le mur d'en face et glissa sa main dans celle de Kyle, et ne dit rien pendant un long moment. Brusquement, une sorte de mélancolie étrange étreignait ses organes : c'était quelque chose de très physique, sans explication, qui chassa ce calme qu'il ressentait jusqu'à présent, mais il ne le laissa pas paraître. Pourquoi n'était-il pas capable d'aimer le moment présent, apprécier les instants de bonheur qui lui étaient offerts, comme dirait tout bon psychologue ? Il n'était pas bon à ce jeu. Il avait perdu le fil de la conversation, se souvenait à peine de quoi ils parlaient précédemment et émit un "Humnpf..." vague et détaché. Est-ce que Kyle pressait sa main dans la sienne ? Il la pressa en retour. Le mur d'en face, muet, anonyme, les fixait de ses yeux durs et sans humour.

L'idée du crime passionnel le plongea dans une longue réflexion silencieuse, et lorsqu'il daigna enfin répondre, il plongea son regard dans celui de son camarade. L'atmosphère s'était tendue, et chaque mot semblait vif et coupant, comme une lame de rasoir. Les yeux de Kyle en disaient plus qu'à l'ordinaire, mais lui ne parlait pas. Il avait laissé son trait d'humour mourir dans l'air chaud du salon. Si Charles ne se sentait pas forcément déprimé, pas encore en phase de se jeter d'une fenêtre, il se sentait atteint de cette mélancolie romantique et romanesque qu'on trouve dans les livres du dix-huitième siècle : la jeune fille enfermée dans le cloître, le silence des religieuses, la pluie. Il haussa les épaules sans rompre le contact visuel.

- Très tragique, oui. J'aime l'idée, en vérité. (Un autre silence. Il pensait à Bunny. Ne fut-ce pas un crime passionnel, au final ? La forêt de chênes, le ravin, les fougères ; Henry et ses yeux aveugles, qui prend le pouls du corps sans vie, Camilla et les cheveux sur le visage à ses côtés.) Mais partir du principe que ce qui pousse au crime est une passion de l'âme, c'est classer tous les crimes dans la case des passionnels.

Cela n'avait plus autant de sens lorsqu'il l'exprimait avec des mots. Il poussa un soupir : il avait soif. Avait-il le courage de demander à Kyle de descendre dans la rue trouver une épicerie de nuit ? Ou était-il préférable qu'il aille au lit. Il se frotta le visage de ses mains et ses doigts ne retrouvèrent pas ceux de Kyle. Il resta là, sans mouvement, vaguement nauséeux, fixant la joue gauche de son ami. Ce fut là que les choses devinrent encore plus tendues. Le silence dura, dura, dura, et finalement Kyle parla. Charles ne dit rien pendant un petit moment mais sa main vint prendre tendrement celle de son camarade dans la sienne pour l'empêcher d'agresser son avant-bras qui n'avait rien demandé. Fallait-il répondre à cela ? Ou avaient-ils besoin d'un peu plus de temps, peut-être un peu plus de boisson. Finalement, Charles considéra que les mots, pour l'instant, suffisaient. Sa voix était douce et son regard brûlant d'une passion tranquille.

- Alors on a cela en commun. Tu me racontes ? Si tu t'en sens capable. Ce n'est pas moi qui vais juger, tu le sais bien.
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