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Bois bien plus que tu ne dois

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Dim 11 Nov - 22:07
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L'inconnu avait là un point essentiel de la chose : la dépravation en publique n'avait rien de sexy ni de très avenant. Si la pauvre serveuse semblait sensible au sourire charmeur de Charles - sourire qu'il entretenait avec ferveur et qui le sauvait de bien des faux pas alcoolisés, qui l'aidait à se mettre dans la poche les dames de service qui fermaient les yeux sur les bouteilles qu'il entreposait près des poubelles du campus ou des flics joviaux des cellules de dégrisement qui lui offraient des cafés et des sandwiches tant ils l'appréciaient - elle ne voyait pas bien plus loin. Et encore, si le jeune inconnu (bien trop jeune pour traîner dans un bar, c'était certain, ça se voyait) l'avait vu plus tôt dans l'année il l'aurait trouvé bien en forme. L'alcool avait beau ravager ses traits et la fatigue manger ses yeux, il avait perdu l'allure rachitique du temps où il se shootait. La boisson était plus difficile à quitter, étrangement. Drôle que cette saloperie soit légale. Il tangua légèrement sur son tabouret, bravement retenu par sa main tout contre le comptoir. Il ne comptait pas les verres, bien entendu. Il n'y trouvait aucun intérêt. Il n'était là pour briser aucun record.

- En effet, la décence, dit Charles d'une voix aigre, comme si les paroles de l'inconnu débordaient d'un sens faussement profond qu'il mettait pitoyablement en avant par de jolies tournures.

Sûr que cet enculé savait s'exprimer. Il avait dans sa prestance quelque chose de très familier, que Charles n'arrivait pas à indentifier. On aurait dit son vieux "copain" Cloke, vers la fin de l'année. La tremblote liée à la poudre en moins. Une drôle d'assurance, un voix certaine et claire. Charles était bien heureux que ce mec ne soit pas là pour lui offrir sa pitié. Il fuyait ça comme la peste. Si son âme était quelque chose sauf écorchée, elle était terriblement pervertis. Or, son âme et sa conscience se battaient comme des chiens enragés. Voilà ce qui précipitait sa fatigue, sa lassitude et sa douleur.

- C'est certain. Je devrai rêver à quelque chose de plus grand. Un pistolet sur la tempe, un verre de champagne, une jolie terrasse à Rome, qu'est-ce que t'en penses ? dit-il grossièrement.

Au diable la bienséance. Il avait trop d'alcool dans le sang pour jouer dans la dentelle. Et puis il avait pendant trop d'années joué le rôle de l'ange flamant aux côtés de sa soeur pour avoir envie de coller à la même image. Cette vie était derrière lui. Dans celle-ci, il lisait Homère en sirotant son verre dans l'ombre de sa chambre. Plus de dîners aux chandelles, plus de toasts à la vie éternelle avec Julian, tout sourire, à l'aise, brillant, Henry, stoïque et scrutateur, ni même sa soeur dans toute sa beauté, ni même aucun autre. Il s'assit de manière plus digne sur sa chaise, commanda un autre verre alors que l'inconnu n'était même pas arrivé à la moitié du sien.
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Lun 12 Nov - 18:33
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Même à la voix, le plus âgé n’arrivait pas à inspirer à Kyle autre chose qu’une forme morbide de curiosité. Tout comme il est fréquent que le drame n’attirât les vilains moineaux d’une société, que les histoires d’horreur captivassent l’oreille, le jeune homme se retrouvait envoûté par cette déchéance, déchéance qu’il nommait, déchéance qui faisait affront à cette décence que lui renvoyait le buveur. Ce ton dans sa voix, il l’avait déjà perçu quelques années auparavant, là, dans le timbre d’un gamin des rues aussi perdu que lui à cette époque, derrière des barreaux trop larges, et au foie déjà rongé de part en part par le poison qu’il consommait. Et Kyle s’étonnait de s’en rappeler, s’étonnait même de se souvenir d’un quelconque bonhomme qui aurait partagé son espace de vie durant un temps. Il ne se remémorait de rien d’autre. Juste cette voix, vague, aussi pâteuse sans doute que celle qu’aurait bientôt son ami de comptoir s’il ne ralentissait pas sa consommation.

Il eut un rire qui n’en était pas un. Plus soufflé que ri, en réalité, le son n’avait rien de jovial, pas même un brin de malice, plutôt une belle ponctuation de ce tableau d’une mort idyllique que lui servait ce gars qui n’avait, lui aussi, rien de sain ou de droit dans son esprit à l’heure actuelle. Rome, disait-il, et ce choix surprit un instant le blond, qui reporta de nouveau son regard sur le livre qui se faisait de plus en plus magnétique. Comme s’il pouvait renfermer quoi que ce soit. Comme s’il hurlait des réponses qu’il ignorait, inconscient de ses secrets, inculte et profane de la littérature. Mais Rome, Rome, cela lui évoquait sinon des pâtes, au moins quelques tragédies. Rome, Rome… La rengaine avait quelque chose de connu. Et un aspect plutôt noir.

-J’en pense que pour me conter ainsi un décor digne d’une pièce, tu as déjà dû y songer, une fois au moins si ce n’est plusieurs… Mais alors pourquoi es-tu encore en vie ? Si tu voulais mourir, tu serais déjà loin.


Il le contempla alors qu’il buvait, encore et encore, alors que lui-même faisait traîner sa propre consommation. Il fit claquer sa langue contre son palais, d’un geste machinal et qui trahissait un certain agacement peut-être, un vague ennui tout au plus. Il appuya son bras sur le comptoir, entreprit de balancer sa chaise, yeux de glace toujours plantés sur cet homme dont les prunelles métalliques ne savaient guère se poser sur lui davantage que sur son verre.

-Pourquoi Rome ? De toutes les villes du monde, pourquoi Rome, pour tirer ta révérence ?
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Mar 13 Nov - 8:41
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Pour l'instant, c'était la seule chose qu'il n'avait pas perdu : sa voix de jeune homme, presque de petit garçon, ni très grave ni très stridente, très similaire à celle de sa sœur. Un timbre doux et suave qui participait au charme qu'on lui avait attribué, dans le temps. Il se racla la gorge. Ce soir il ne parlait que dans un souffle, comme si l'effort à fournir pour se faire comprendre n'en vallait pas la peine à ses yeux. Il était simplement trop fatigué.

La conversation repartait dans des trips personnels assez indigestes, mais Charles n'avait pas le courage de tenter encore de dévier la conversation. Il se pencha de nouveau contre le comptoir, le dos rond, à la maniere d'un chat sauvage. C'en était peu pour qu'il se mette à se faire les griffes sur le bois. Il ralentissait un peu sur les verres. Dans l'état où il était désormais, il allait devoir attendre de desaouler un peu pour pouvoir atteindre sa chambre du campus ou alors la plaisanterie du porche n'en sera plus une. Il se frotta les yeux, le teint blafard, et haussa à nouveau les épaules, comme si ce geste faisait partie d'un dialecte inconnu et obscure dont la signification exacte échappait à notre personnage.

- J'sais pas. Peut-être bien, ça ne changerait pas grand chose à ta soirée. Tu ne sembles pas être un de ces types qui perdrait le sommeil à savoir que le noyé du bar s'est jeté d'un pont en rentrant chez lui. (il y eut un petit silence) Ou peut-être simplement que j'ai lu beaucoup de tragédies grecques.

Il n'allait pas s'ouvrir aussi facilement. Même pas sûr que c'était ce que cet inconnu cherchait à gagner. Charles avait du mal à lire en-travers de cet étrange personnage, mais il rendait sa beuverie solitaire, si ce n'était moins triste, au moins plus intéressante.

Il prit sa dernière question avec un sérieux terrible. Rome ? Il n'était jamais allé à Rome. C'était l'endroit où il imaginait que l'âme de Bunny et de Henry se retrouvèrent dans la mort pour manger dans de bons restaurants et visiter de jolies cathédrales, avec Bunny qui râle, les cheveux devant les yeux, de toute la puissance de sa voix stridente, et Henry, sérieux comme un moins bouddhiste, calme et froid, les mains dans le dos.

- Rome est la ville de la tragédie. Pense à tous ces dictateurs romains qui y ont plongé dans la folie, ou qui se sont ruinés ou sont morts seuls, vieux, malheureux, dans leurs luxueux jardins. Caligula avec son cheval, et tout ce sang versé. Ça semble le cadre idéal, non ? "La beauté, c'est la terreur". Est-ce que l'homme n'est pas inexorablement lancé à la quète sanguine de la beauté, jusqu'au trépas ?
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Mar 13 Nov - 19:30
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Aussi embrumé que fût l’esprit de l’inconnu, il marquait au moins un point : Kyle n’irait pas pleurer sa perte s’il en venait à se jeter sur des rails, ou se laissait mourir gelé sur le banc d’une rue miteuse. Mais qui restait encore suffisamment humain pour sangloter face à la mort de quelqu’un dont la seule compagnie fidèle semblait être celle des bouteilles ? Il ne croyait pas en la bonté, ne croyait pas non plus en la compassion dont semblaient s’enorgueillir tant de monde. Tout était à but égoïste à ses yeux. Aider pour alléger sa propre conscience, tendre une main un jour pour cultiver l’espoir qu’un jour quelqu’un tendit la sienne en retour si l’on en venait à s’écrouler. Alors, il ne tendait pas la main. Parfois même, il précipitait les chutes. Pas ce soir, néanmoins. La tragédie saurait venir à point nommé lorsqu’elle serait conviée, mais il ne tenait pas à la vivre. Et l’aîné semblait se rapprocher trop de ces récits empreints de drames pour sa propre santé. A grands yeux clairs et à la peau blanche, non pas par plaisir d’énoncé la pureté de son être, mais justement parce qu’il était bien trop sombre à l’intérieur.

-Rome… Rome ne m’évoque que le feu et la haine, pour une raison que j’ignore. Je t’épargnerai mon inculture historique, ainsi que ma littérature à jeter tout justement au feu. Mais le cadre me paraît des mieux choisis pour s’inscrire dans cette douce tradition que tu évoques. Charmant. A perpétuer, pas certain, en revanche.


La quête sanguine de la beauté, la beauté dans la terreur, ces mots que prononçait l’autre, avec sa voix lâchée dans un souffle qui n’avait de doux que le souvenir, sans doute ; ils avaient un écho qui plaisait au plus jeune. Il plissa les yeux, d’une façon presque paresseuse, laissa rouler la pensée dans sa tête, rouler les mots qui moururent dans sa gorge sans jamais en sortir. Avait-il recherché la beauté, lui aussi, cinq ans auparavant ? La question laissait un goût de non-dit sur sa langue, et un angle de vue qu’il n’avait jamais envisagé. Il appuya sa joue contre sa main, contempla ce camarade de fortune de bas en haut. La courbe que formait son dos, la pâleur de sa peau, et cet air incontournable d’homme alcoolisé plus que de raison.

-Ce serait risible, de mourir pour le beau. La mort, c’est laid, et ça tâche les mains en plus du reste,
et il susurrait plus qu’il ne parlait, le corps relâché, mais les yeux vifs : Mais on peut aussi trouver une certaine beauté dans ce laid, j’imagine. Regarde-toi. Courant vers sa tragédie, et pourtant tu charmes les serveuses et les hommes de passage de plus belle manière qu’un autre ne le pourrait.

Était-ce une forme d’insulte, ou au contraire l’exact opposé, c’était à décider sur le moment. Et Kyle n’avait pas changé d’expression, ombre de sourire aux lèvres, et le regard vide à en pleurer. Mais captivé. Captivé à la première minute, gardé en haleine par les paroles d’un pauvre alcoolique qui maniait les mots de façon habile. Par un gars qui ne fuyait pas ses pensées déplacées, et sa présence parfois pesante. Qui ne fuyait pas comme sa propre sœur se plaisait à le faire.
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Mer 14 Nov - 0:30
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[Pardon pour le temps d'attente mais j'avais écrit un pavé symapthique qui s'est effacé à mon plus grand désarois, du coup j'ai du recommencer ; sens la rage de ces mots]

S'il y avait bien une chose que Charles autait approuvé s'il pouvait entendre les paroles de son nouveau compagnon de galère, s'il pouvait être nommé ainsi, c'était l'absence totale d'empathie de l'espèce humain. L'homme n'est au fond qu'une machine programmée pour fonctionner d'elle-même et pour elle-même. Du moins était-ce ce qu'il pensait. Il avait passé la moitié de sa vie à se fabriquer une simili sensibilité, dans la joie perverse de renforcer le mythe des jumeaux connectés avec sa soeur. Elle aussi jouait la comédie - certainement même plus que lui. Il avait du mal à accorder son empathie, tout comme chaque homme a un mal fou à faire passer un tiers avant lui. C'était mathématique, vérifié. Il n'y a pas de contre exemples dans la temps de Juliette et de son Roméo ; tout cela n'était que poésie, que pacotille, que brillant à lèvre pour faire oublier les carries.

Finalement, il commanda un Rhum, suivant les courbes de son humeur capricieuse. La grosse serveuse laissa encore ses seins trainer sur le comptoir et le servit avec un grand sourire et un regard un peu réprobateur à l'inconnu installé à côté de ce qu'elle croyait être sa conquète du soir.

- Les histoires sanglantes de l'antiquité ne peuvent pas être reproduites aujourd'hui. Qu'importe la passion ou l'énergie que tu mettras à l'intérieur, qu'importe le feu intérieur qui t'habite ou les quatre cent livres que t'as dévoré avant, les planètes ne sont plus dans le bon agencement depuis des siècles. Ca capotera à coup sûr. Je parle en connaissance de cause.

Il laissa sa tirade en suspend. Peu de gens savent ce en quoi consiste une bacchanale. Charles supposait que l'inconnu faisait parti des autres, ceux qui ne savent pas et ceux qui vivent très bien sans savoir. Laissons l'Antiquité aux temps antiques, je te pries.

Il resta sourd au simili compliment bancale que lui envoya l'autre, figé sur la phrase qu'il avait prononcé. "La mort, c’est laid, et ça tâche les mains en plus du reste." Charles eut soudain la révélation - tardivement, il en blâmait l'alcool - que ce type savait de quoi il parlait. La plupart des gens ne connaissent pas le syndrôme terrible du sang sur les mains. Il eut la profonde et solide certitude que l'inconnu et lui avaient plus en commun que ce qu'il pensait. Maintenant qu'il y faisait gaffe, il pouvait sentir le sang sur les mains de l'autre. Ou alors était-ce encore son cerveau qui déraillait. Cela lui arrivait de plus en plus souvent, ces temps-ci. Parfois, il entendait des voix, et cela ne le terrifiait étrangement pas plus que ça.

- Je pense vraiment, avec conviction, que ce que tu appelles le laid, et que j'appelle la terreur, attire le regard des Hommes. Un exemple des plus banals. La plupart des gens, quand ils roulent près d'un accident ou d'un carambolage, ressentent la pulsion étrange et indomptable de chercher des yeux le sang, la douleur ou le drame. C'est quelque chose de terriblement banal chez l'être humain. C'est psychologique. J'ai oublié le terme exacte.
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Mer 14 Nov - 19:42
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Le rhum succéda aux derniers litres qu’avait descendu le joyeux alcoolique du soir, et Kyle ne put s’empêcher de laisser flâner un regard cynique, empreint de malice mauvaise, sur la femme qui exhibait le monde à son balcon avec si peu d’élégance. Il ignorait si elle parviendrait à quoi que ce soit par de tels gestes qu’il qualifierait bien de puéril, mais lui trouvait cela particulièrement agaçant que d’avoir un tel spectacle sous les yeux. Il ne la trouva pas belle, tout simplement, avec ses manières, cette jalousie qu’elle couvait alors même qu’ils étaient tous trois de purs étrangers les uns pour les autres. Ridicule. Et les gens ridicules, le blond les oubliait, pour ne pas se fatiguer à les mépriser. Il eut toutefois un claquement de langue sec, qui ponctua la fin des paroles du conteur qui citait les mœurs de ces lointains ancêtres, et posait ainsi une réalité bien morne : à jamais inimitables, les tragédies grecques demeureraient en Grèce, et ce n’était sans doute pas à Arcadia Bay qu’il aurait le plaisir de participer à une quelconque histoire sanglante. Il avait de toute manière la sienne, silencieuse, imprégnée dans une ville toute autre. Une tragédie, certes, mais pas la sienne. Au fond, il en avait été spectateur autant qu’acteur…

Il ne releva pas. Il n’avait rien à redire à ces vérités qu’énonçait l’homme aux yeux d’acier. Car il était de ceux qui parlaient bien, et qui aimaient bien parler, et que ses lacunes le frappaient à cet instant, faisaient grimper son irritation. Il n’avait pas de réplique, pas de remarque. Qu’y connaissait-il, à l’antiquité, à Rome et aux grecs, si ce n’étaient de vagues souvenirs scolaires, une culture vague qui lui permettait de sauver les meubles ? Alors il se tut, se contenta d’analyser la posture, le visage changeant de l’autre jeune. Il avait néanmoins touché un point, quelque part, car l’attitude avait vaguement changé. Et Kyle se mordit la lèvre, masquant sa satisfaction, focalisé sur cette modification trahie par l’alcool qui remplaçait le sang dans ces veines qu’il devinait pulsantes dans son cou.

-Ca pour attirer l’Homme… Souffla-t-il avec un rire dans la voix, tout en se souvenant du jour où il avait lui-même attiré foule, des gens, encore et toujours, morbides personnes avides de drames et de souffrance; journalistes bornés lancés sur la première occasion venue : Guère mieux que des vautours juchés sur une carcasse, si tu veux mon avis. Un goût pour ce laid, cette terreur, plus chez certains que chez d’autres. J'ignore quel mot tu cherches, mais ça ressemble à une bien morbide addiction.

Une fraction de seconde, il contempla ses mains, l’air vaguement pensif, et il continua de frotter son pouce et son index l’un contre l’autre alors qu’il réfléchissait. Certains plus que d’autres. Lui, plus que d’autres, et pourtant il n’avait jamais montré d’antécédents. Et n’avait jamais refait quoi que ce fut.

-Regarder les accidents de route, lire des tragédies en sachant pertinemment que la fin sera mauvaise… Tout revient au même. Et on cherche toujours un peu plus. Preuve en est que tu écris ton propre drame, simplement en venant ici, tout comme j'ai écris le mien, et tant d'autres avant nous.


Nouveau regard agacé en direction de la serveuse, qui essuyait son verre pour la douzième fois, car la conversation semblait au moins l’intriguer, si ce n’était l’intéresser. Mais il doutait de ce dernier point. Elle ne voulait que consommer, paradoxalement, à son tour, et le jeune homme était un bien lyrique rempart contre ses plus bas instincts. Violence et chair, les plus grandes bassesses de l’Homme.
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Mer 14 Nov - 23:47
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Cette femme était terriblement agaçante, Charles était bien d'accord. Les restes de son humanité, de l'homme qu'il était avant la mort de Bunny, refaisaient surface sous le forme de sourire éclatant qu'il servait à celle dont c'était le job. Il n'accordait pas un regard à ses seins blancs et veineux, qui le rebutaient plus qu'ils ne l'attiraient, et se concentra sur le contenu de son verre intacte, occupé à faire semblant d'oublier l'attention toute particulière qu'il prêtait à ses paumes moites.

Eux n'avait attiré personne. Pour Bunny, son corps sans vie est resté enseveli dix jours sur la neige avant qu'on ne le retrouve. Quand au fermier, ce fut différent. Ils l'avaient laissé dans le champs et avaient fuit comme des animaux, terrifiés par ce qu'ils venaient de faire, les mains et le visage pleins de sang, hallucinés, affamés. Une drôle de soirée. Ici, à ce moment précis, la beauté de la terreur avait disparut, certainement parce que le type n'avait plus de visage reconnaissable et avait désormais seulement l'air d'un bout de chaire sanguinolant. Charles se massa les temps.

- Une morbide addiction, oui, je pense que c'est le terme approprié. Une addiction naturelle, un penchant de la nature humaine elle-même. POuvons-nous s'en séparer ? Il est certainement possible de garder ses yeux fixés sur la route en passant à côté d'un accident, mais qui n'aurait pas cette petite voix qui nous dit "Je suis sûr qu'il y a plein de sang, des policiers, des gens qui pleurent, terrorisés. J'aimerai bien le voir." ?

Il pencha son verre comme s'il cherchait quelque chose à l'intérieur.

- Je n'aime pas le drame que j'écris, alors. J'aurai aimé quelque chose de plus flamboyant. Je suis seuelment ici à cause des caprices de mon esprit. Et de mon corps.

Un addiction bien physique, bien douloureuse, qui maintient éveillé la nuit, soir après soir, tant qu'on a pas descendu un montant décent de bières.
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Jeu 15 Nov - 20:55
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Se séparer de ses penchants, de ses addictions et de tous ses vices... Il doutait que cela fut possible pour quiconque s'y essaierait. Alors Kyle pencha la tête, une mine teintée d'un ennui vague placardée au visage, et il fit craquer un instant ses doigts avec une application feinte. Il n'avait jamais vu d'accident de la route, étonnement, mais comprenait plutôt bien cette envie qu'on pouvait avoir de regarder. Regarder le drame, regarder la misère des autres, et se sentir mieux ensuite. Il médita ces paroles, silencieux durant un temps, et il mordillait sa lèvre pendant que défilaient de nouveau les mots de son camarade dans son esprit. Il finit par lâcher un sourire, s'appuyer plus lourdement encore sur le comptoir, jusqu'à caler sa joue sur le bras qui y reposait. Il perdait bien en superbe et en agressivité ainsi, mais la posture ne laissait que supposer une sérénité en décalage avec leurs propos.

-Certains ne le ressentent pas, je pense. Des saints et des naïfs, qui pensent que détourner les yeux efface la réalité, marmonna-t-il, et il fit pour sa part rouler les siens, le ton étrangement amer sur ces quelques mots sans valeur: Fixer la route n'annule pas l'accident. L'ignorer ne mène à rien.

Il eut bien des peines à retenir un grognement lorsque la femme qui guettait leur échange fit tinter des verres, mais ne daigna en revanche pas se détourner pour lui accorder une once d'attention. Alors qu'ils en étaient à bien des phrases échangées, et loin d'être des banalités, vint la question qui était supposée arriver en premier lieu. Quel nom pouvait bien avoir ce mystérieux tragédien, poète, littéraire alcoolique qui jouait de ses charmes sur les serveuses. Pourtant, Kyle ne demanda pas. Il demeura dans sa contemplation, pensif. Comme si mettre un mot, un prénom sur ce visage briserait un mythe. Il craignait d'être déçu. Déçu pour un nom, tout à fait. S'il en venait à avoir un sobriquet qui n'allait pas au personnage, quel affront. À cette idée, il ne put que sourire en coin, et regarda là rhum qui stagnait dans le verre. Mais pour combien de temps encore? Il s'amusait à compter les minutes, grâce à l'horloge qui siégeait au mur, qui séparaient un verre plein d'un cadavre vide. Une minute de moins avant le coma éthylique, ricanait son côté le moins glorieux.

-Peut-être es-tu fait pour écrire un drame que d'autres que toi se plairont à voir... (Une œillade vers la serveuse, et un sourire si faux qu'il lui en dit mal.) Ou alors les romances et les comédies ne sont-elles réservées qu'à certaines personnes qui, oh malheur, sont bien différentes.

Il s'était remis à parler avec les mains. Avec sa main libre, du moins, vu sa position, et c'était plus fort que lui. Ponctuer un mot, une phrase, d'un geste spontané et presque inconscient.

-Détruis-toi, si ça te fait sentir plus flamboyant l'espace de deux minutes. Mais j'aimerais pas connaître la sensation de tes rechutes brûlantes dans l'enfer de la sobriété. Au fond, écrire des romances paraîtrait bien plus simple que survivre à ça.
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Sam 17 Nov - 15:11
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Il y eut une minute de silence après sa réplique. La conversation se dessinait avec la précision d'une pièce de théâtre, et malheureusement, Charles était trop saoûl pour apprécier la totalité de l'échange. Il avait toujours aimé manier la réthorique. Ses camarades de grec ancien lui manquent aussi pour ça. Ils étaient tous de grands parleurs, et le repas du lundi soir chez les jumeaux se transformait très vite en débat animé au bout de quelques verres de vin. Henry était un excellent parleur dans le fond, mais avait une voix empreinte d'un ennui mortel qui ne disparaissait que lorsqu'il se mettait à converser en grec avec Julian. Francis était toujours très ouvert à la conversation, avait un avis sur chaque sujet, parlait beaucoup avec les mains. Sa soeur était la force tranquille, la voix de la raison et les yeux observateurs du groupe. Richard était peut-être le plus silencieux des cinq. Charles appréciait beaucoup cette propension chez lui : celle de se taire quand le besoin s'en fait ressentir. Richard était un bon gars. Un excellent ami, peut-être le meilleur.

- Ouais, comme on dit "On aura beau couper les fleurs, ça n'arrête pas le printemps".

Il n'avait aucune idée d'où il sortait cette phrase mais il l'aimait bien. Il leva la tête vers la télévision accrochée au mur ; le match était bientôt fini et personne n'en avait vraiment cure. Charles but un peu de son verre et se surprit à observer l'inconnu avec un intérêt tout particulier. Il s'était avachi sur le comptoir et avait l'air étonnemment vulnérable et terriblement jeune. Il était très beau, aussi. Un visage aux traits sophistiqués et des yeux étonnants, scrutateurs et précis. Alors que ses pensées commençaient à dévaguer et son regard se perdre de nouveau dans le gris flou de l'alcoolémie et le tristesse, ses paroles le ramenèrent sur Terre. Le filtre entre ce qu'il pensait et ce qu'il disait venait de se briser.

- Seigneur, qui aurait envie de voir la déchéance d'un homme sur grand écran pendant deux ans et demi ? Personne n'est assez accroché pour survivre à cela, alors ne parlons même pas d'apprécier. Même ma soeur n'a pas tenu. Elle n'a pas supporté.

Il écouta le reste de sa tirade avec attention. Il termina son Rhum d'une traite et prit quelques secondes pour reprendre contenance, la tête entre les mains.

- Putain (il avait le juron facile au bout de quelques verres) des rechutes de l'Enfer, ouais. C'est sans doûte pour ça que je n'ai pas été sobre plus de deux jours d'affilé ces huit derniers mois.
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Sam 17 Nov - 17:14
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Visiblement, le poète avait toujours le proverbe qui convenait à la situation qu’ils énonçaient avec tant de détachement. Kyle appréciait la chose, l’enviait peut-être un peu également. Il n’avait pas de citation, pas de rengaine à sortir de façon si naturelle, uniquement des ressentis et des impressions qui n’étaient vérité qu’à ses propres yeux. Couper les fleurs pour arrêter le printemps, disait l’alcoolique, et ces simples mots étaient suffisamment ironiques en vue du sujet pour que le jeune homme glousse de manière imperceptible. En dehors de ses épaules qui remontèrent un peu, et du son quasiment inexistant qui franchit ses lèvres dans un souffle, il était dur de définir qu’il était vraiment en train de rire. Couper des fleurs… Et elles étaient bien belles, ces fleurs, les fleurs de l’humanité, qui se faisaient faucher sans jamais stopper la machine infernale qu’étaient la vie et la cruauté humaine. Oh, il ne fit pas de commentaire quant au choix de l’expression, mais ses yeux laissaient transparaître un amusement enfantin, mal placé en quelques sortes, alors qu’il se mordait la lèvre pour ne pas trahir davantage ses ressentis. Mais en vue de l’état d’ébriété de son camarade, il pouvait tout autant se laisser aller, il y avait peu de chances qu’il s’en souvint ou ne le remarquât dans son état d’égarement.

Il n’expérimenta pas une parcelle de gêne lorsque le regard de son compagnon de bar se fit étrangement plus insistant, plus lucide sous certains aspects, mais fut suffisamment intrigué pour arquer un sourcil élégant, en une question silencieuse qui ne trouverait sans doute pas de réponse. Il resta avachi, en revanche, et s’il avait pu ronronner d’aise, nul doute qu’il en aurait profité. Trois minutes ? Quatre, éventuellement. Il avait eu un instant d’absence face aux prunelles d’acier, voilées par l’alcool, et n’avait pas surveillé l’horloge d’aussi près qu’il le voulait. Déjà, le verre se retrouvait vide, et lui-même venait de terminer le sien.

-On serait surpris de voir combien de personnes se plaisent à contempler des drames fumeux sur un grand écran durant des heures… En noir et blanc, parfois, pour ajouter une touche encore plus gaie à la chose. Puis les hommes torturés, ça plait aux spectateurs, d’autant plus s’ils ont une si belle gueule.


Ainsi donc, cet étrange homme avait une sœur. Cela fit écho à sa propre situation, l’assomma une petite seconde en réalité, et cette fois-ci il ne parvint plus à retenir un rire. Un tueur n’aurait jamais dû pouvoir posséder un rire si limpide, mais il manquait de joie. Il manquait de tout, de fond et d’émotion. Un son creux, presque machinal. Il glissa une main contre sa nuque, le visage de sa Violet naviguant un instant dans son esprit avant de s’effacer lorsqu’il se focalisa de nouveau sur la personne qui, elle, était bien présente.

-Ouais. Les histoires ont toujours l’air attirantes, mais une fois vécues elles laissent un goût amer. Apparemment, personne n’est fait pour le supporter. Ça doit être un truc de sœur. Tenir un moment, et tout lâcher ensuite.


Par ailleurs, il avait l’impression que la sienne n’avait pas même cherché à tenir, et il ne comprenait pas cela. Il ne comprenait pas l’envergure de ses erreurs, et les réactions des autres. Il ne voyait qu’un abandon lâche et brutal. De fait, alors qu’il grognait ces mots, sa jolie main sournoise s’était rapprochée du livre, qu’il ramena d’une glissade vers lui pour en contempler la couverture de plus près. Aucune vergogne, aucune notion pure de politesse, mais au moins était-il soigneux.

-Chacun sa technique. T’évites l’enfer en étant bourré comme un âne. J’évite le mien en y vivant jour après jour les yeux grands ouverts. C’est pas plus mal, de maîtriser l’enfer, hm,
lança-t-il d’une voix distraite, feuilletant quelques pages sans y accorder grande attention : C’est quoi, ce bouquin ?
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