La semaine avait été relativement éreintante et j'étais bien content d'entendre la sonnerie retentir pour ouvrir le weekend-end. A vrai dire, je me sentais vide d'énergie mais j’avais besoin de quelque chose pour me revigorer. Je n’avais pas trop d’idée mais je savais pertinemment que je trouverai quelque chose à faire, seul ou accompagné. Je finissais de ranger mes affaires lorsque j’entendis une fille relativement agréable proposer à Tyler d’aller faire un tour à la plage. Je vous avoue que je ne fis même pas attention à la réponse tellement j’étais usé. J’arpentais donc le couloir comme si j’étais dans une bulle, les yeux dans le vide et la démarche quasi mécanique. J’avais en tête de passer par ma chambre pour prendre quelque chose à boire histoire de me réveiller un peu. Après tout y’en a qui tournent au bédo et d’autres aux médocs alors qu’on me laisse tranquille avec mes boissons.
Ce n’est qu’une fois arrivé sur le parking que je fus sorti de mes pensées par la même voix féminine que celle qui avait résonnée quelques minutes auparavant. Elle me demandait si je voulais les joindre pour leur virée à la plage. En soi, j’avais réellement la flemme dans l’immédiat. Mais, je finis par accepter en me disant qu’au moins j’aurai trouvé quelque chose à faire. Tant pis pour la bouteille que je devais aller chercher. Ne me demandez pas pourquoi, la première personne que je vis en levant le nez était Tyler. Peut-être parce qu’il était en face de moi. Toujours est-il qu’il avait détourné le regard assez rapidement sans que je puisse me demander pourquoi.
Alors que Tyler et d’autres mecs sont montés dans son pick-up, je me suis retrouvé avec la majorité des filles. Ça ne me dérangeait pas du tout tant que la conversation ne s’approchait pas trop de maquillages ou de potins people. Durant le chemin, j’avoue m’être à moitié assoupi, bercé par les légers tumultes de la voiture roulant sur le bitume.
Une fois tous là nous nous dirigions vers la plage alors que j’essayais de me sortir de mon état de fatigue en m’étirant. Je fus plutôt mécontent lorsque j’entendis un des gars lancer une phrase qui sous-entendait un jugement extrêmement rude envers Kate. Bien qu’un peu dans les vapes je lui criais quand même un petit « T’es vraiment qu’une raclure de chiottes ! » avant de ralentir le pas. Je détestais qu’on aggrave le cas de Kate. Certes je ne savais pas tout mais quoi qu’il en soit l’acharnement qu’elle subissait était bien trop extrême. Elle méritait qu’on la lâche un peu et qu’on laisse tout ça se décanter en attendant que la vérité surgisse.
Je prenais mon temps avant de rejoindre une partie du groupe qui s’était rassemblée sur le sable. Le vent et l’air frais arrivaient quelques peu à donner une décharge d’énergie à mon corps, ce qui me faisait le plus grand bien. Je décidais ensuite de me poser, non loin de Tyler. En passant devant lui, je souris car je savais qu’il allait me dire quelque chose. Et ça ne manqua pas. J’eus même le droit à de la fumée en pleine face. Je pris alors soin de lui répondre « Yo ! Tu t’attends à des excuses peut-être ? ». J’enchaînais alors « Boy, on est à Arcadia Bay pas à Cancun » en lui faisant un clin d’œil appuyé.
Une fois la balle renvoyée dans le camp adverse je pris place à côté de mon interlocuteur, allongé dans le sable en attendant sa réponse.
Mar 21 Aoû - 20:26
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Mar 21 Aoû - 23:41
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Quand j’y pense, je connais très peu Tyler. Il avait intégré notre groupe de potes mais j’avais jamais pris le temps de parler en détail avec lui. Savoir qu’il était là me rassurait car dans le lot certaines personnes me rendaient indifférent. Pas spécialement d’amitié pour certains quoi. Mais justement autant profiter qu’il soit là pour essayer de rigoler un coup et parler de tout et de rien. Après tout ça commence pas comme ça les flirts ? De tout façon ça a commencé et ça me gêne pas trop de continuer, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre sur lui. J’espère même que cela dure un bon temps, c’est quand même une période sympa. Mais bon on verra. On verra déjà ce qu’il va me répondre.
Ca ne tarda pas vraiment. Il sortit une phrase assez prévisible je dois dire avant de sortir sa langue et esquisser un sourire. Il n’en fallait pas plus pour me relancer ! « Tu parles, si je me pousse un peu trop loin tu vas être déçu ». Je ne manquais pas de lui sourire de façon provocatrice. Il avait à présent finit sa clope. Il changea ensuite de position pour lancer une remarque implicite qui devint explicite grâce à son regard. Je lâchais alors un court rire, entre approbation et moquerie. Le sujet s’embarqua sur quelque chose de plus classique. « Bah écoute rien de bien fou, un peu fatigué je t’avoue. La semaine a été longue mais bon on m’achève pas comme ça ! Et toi donc ? ». D’ailleurs, loin d’être achevé bien qu’un peu amoché mentalement j’avais une certaine envie d’avoir un musicien à mes côtés pour chanter un bon coup.
Puis, Tyler eut l’idée que nous allions nous dégourdir les jambes. A peine j’hochais la tête qu’il était déjà debout. Je faisais signe au filles avant de partir en sa compagnie. Nous sommes allés nous poser près de l’eau, un lieu plus calme, relaxant, serein et inspirant. Tyler lâcha alors un petit dossier d’enfance qui ne manqua pas de me faire rigoler. Pour le taquiner je lui mis un coup d’épaule par la même occasion. « Remarque ça partait d’une bonne intention ! C’est ce qui compte non ? ».
Ensuite relevé, nous avons marché un peu le long de l’eau. Cette situation me rendait bizarre. Peut-être est-ce à cause de mon état du moment ? Mes questions ou même mes certitudes. Puis Tyler aborda le sujet de l’enfance. Je me passais alors la main dans la nuque en baissant la tête avant de me relever. J’avais généralement du mal à parler de tout ça mais j’avais l’impression qu’avec Tyler l’équité serait respectée, que personne ne devrait se dévoiler plus que l’autre. C’est ce qui me poussa à lui répondre avec honnêteté. « L’enfance ? C’est un âge cool. Innocent, inconscient. Je peux pas dire que j’ai été malheureux pendant mon enfance. C’est le tout début de l’adolescence qui a été moins sympa. Tu vois, l’adolescence c’est censé être une période où tu te développes, où tu as besoin de repères. Hors dans mon cas, j’ai perdu tous les miens. C’est comme si on donnait un coup de pied dans un château de cartes. Du coup, il te reste plus qu’une base fragile que tu dois consolider au mieux par toi-même. Heureusement, j’y arrive plutôt bien mais je suis loin d’être irréprochable. » Une fois ma tirade finie je pris le temps de regarder Tyler dans les yeux, ce que je n’avais pas eu le courage de faire pendant que je parlais. Puis, pour détendre l’atmosphère je le poussais légèrement pour le faire dévier de sa trajectoire. « Alors, et toi, R.A.S ou dossier bien rempli ? ». Je marquais alors une pause pour profiter du vent marin glissant le long de mon corps. Je fermais les yeux quelques instants avant de les rouvrir et regarder Tyler.
Mer 22 Aoû - 11:27
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Mer 22 Aoû - 12:06
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Alors que j’avais part à Tyler de mon humeur sur sa question assez basique, il répondit plus ou moins la même chose. Vint ensuite ma tirade précédée de quelques rires étouffés causés par la remémoration du souvenir de Tyler. J’avais été relativement implicite dans ce que j’ai raconté. J’ai vraiment voulu être assez superficiel. Comme si je délivrais uniquement la première couche de mon épiderme. C’est vrai, je suis pas un grand fan de confidences, du moins ça dépend avec qui. Avec Trevor et Justin je sais pas pourquoi ça a probablement été les seuls mecs avec qui j’ai été aussi proche en amitié. Ils ont un côté mecs attentionnés qui change des mecs qui veulent paraître viriles à longueur de journée. C’est d’ailleurs quelque chose qui m’a toujours interpellé. Pourquoi un homme a-t-il besoin de prouver sa virilité et en faire le caractère numéro un ? Parce que sans être mauvaise langue ça aide pas forcément dans une amitié et ça peut même en briser. Le fait de ne pas avoir de moments complices, où l’un s’ouvre à l’autre c’est comme avoir une amitié de surface, en aucun cas profonde et unie.
Alors que j’avais bousculé légèrement Tyler, il réagit d’un air théâtral. Je ne pus m’empêcher de sourire. De son côté il lâcha un rire. Il aborda ensuite un point pouvant être à l’origine de beaucoup de débats. Mais quoiqu’il en soit j’acquiesçais d’un signe de tête. En y repensant, c’est un point de vue largement défendable ! L’adolescence est une période de grands changements, de bouleversements, de rébellion. Ceci dit je suppose qu’avec suffisamment de recul on peut apprécier cette période en la trouvant formatrice et nécessaire pour se forger une certaine résistance. Ce que Tyler a vécu de son côté était certes plus commun mais pas pour autant facile. C’est un phénomène qui arrive plus qu’on ne le croit. Du coup, on le banalise parce qu’on le voit à grande ampleur à travers des statistiques, témoignages ou autres alors qu’à une ampleur beaucoup plus petite la secousse est largement marquée. Je pris alors la parole. « Tout ne peut pas être rose c’est vrai. Les choses changent et on a pas d’emprise dessus. Dis toi que c’est pas que du négatif ! En vrai, ça se trouve t’aurais jamais foutu les pieds dans cette ville non ? » Je marquais une pause avant de regarder de nouveau l’horizon, lâchant Tyler du regard « Remarque si tout était si beau, si parfait j’aurais jamais foutu les pieds dans cette ville non plus ».
Ensuite, il m’apprit qu’il venait de New-York, ce qui me fit sourire car peu de personnes à Arcadia Bay on déjà été de ce côté de l’Amérique. « J’ai habité sur la côte est du côté de Philadelphie jusqu’à mes 10 ans et ensuite j’ai déménagé sur la côte ouest avant d’arriver ici à Arcadia ». Je repris : « Ca fait du bien de voir quelqu’un qui a vécu sur les bords de l’Atlantique ». Je pris alors un moment pour placer mes bras autour de mes genoux. « Alors New-York c’était comment ? J’y suis allé quelques fois mais uniquement en tant que touriste, pas résident. J’imagine que ça doit être une putain de fourmilière ! Déjà que Phila je trouvais que ça bougeait bien alors New-York j’imagine pas ». Enfin, je décidais de lui parler un peu de son tatouage que j’avais repéré déjà depuis un bon bout de temps. « C’était en quel honneur ça ? » dis-je en montrant de la tête son poignet très légèrement découvert. « Vraie signification ou coup de tête ? »
Mer 22 Aoû - 15:52
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Mer 22 Aoû - 16:15
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Tyler souleva un point important. Le fait qu’une décision puisse changer tout un tas de choses. Le pire dans tout ça c’est que la vie c’est pas un jeu vidéo dans lequel on peut savoir la suite. Dans la vie on fait des choix, ou non d’ailleurs, et ça emmène sur des routes inconnues. C’est donc pour ceci que je lui répondis logiquement : « C’est flippant aussi. Mais rassurant. On a rarement envie d’être spoilé ».
Puis, Tyler aborda son expérience new-yorkaise. Je comprenais tout de suite à quoi il faisait allusion. Lorsque je suis allé à New York la première fois c’est comme si le temps défilait à toute allure. Ceci dit il ne faut pas oublier le nombre de richesses culturelles dont regorge la Grande Pomme. Le mieux serait alors d’habiter en banlieue new-yorkaise pour éviter de vivre dans le centre qui parait complètement surréaliste et où l’on se sent bien plus que ridicule. « Je sais pas comment t’as fait. J’aurais été paumé. Comme si j’étais hors tempo. Après l’avantage c’est que tu peux pas t’ennuyer tellement y’a de choses à faire ».
Puis, Tyler répondit à mon interrogation sur son tatouage en riant, probablement de malaise, je n’en étais pas sûr. Il m’expliqua les circonstances qui ont menées à avoir le signe peace and love gravé dans la peau. Ce n’était pas très glorieux à vrai dire. Ce qu’il l’était en revanche plus était de lui donner un sens. C’est un bon rattrapage. « Je vais pas te mentir, c’était pas un coup de génie mais au moins t’as réussi à minimiser la connerie ! ». Il me demanda ensuite si j’avais un tatouage ou même un piercing sur le corps. Il adressa un regard sur mon corps qui me mit à la fois mal à l’aise et enjoué. La petite anecdote qui suivait était cependant accessoire à mes yeux. C’était relativement répugnant et douloureux rien qu’à imaginer. « J’ai ni tatouage ni piercing mais je trouve ça super beau. Les tatouages surtout. Les piercings c’est moins mon truc et encore moins dans des endroits où il devrait pas trop y en avoir. » Je mis alors du temps avant de continuer « Sinon tu fumes depuis quand ? Parce que t’as l’air d’être un habitué maintenant ». J’avais pris un air angélique et innocent pour amplifier le contraste.
Jeu 23 Aoû - 12:48
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Jeu 23 Aoû - 23:07
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Alors que nous parlions de la Grosse Pomme j’adhérais aux propos de Tyler bien que je ne sois pas du tout aussi calé que lui à ce sujet : « New York c’est vraiment une ville qui dort jamais, c’est pas qu’un mythe. Y’en a pour tout le monde ! Donc ouais comme tu dis, faut vraiment le vouloir ! ». Par la suite, le tatouage était un sujet assez sympathique car artistique. J’entendais alors Tyler expliquer qu’il voudrait réitérer l’exploit mais sans une goutte d’alcool cette fois-ci, ce qui était infiniment plus raisonnable. Il est vrai que j’aime m’éclater aussi mais un tatouage, c’est pas comme un autocollant que l’on peut enlever en frottant. On le garde à vie. Du coup, pour aller en son sens, je lui fis part de mon avis « Prends le temps d’économiser comme ça tu auras le temps d’être sûr de ce que tu veux ! ». Je lui fis un petit clin d’œil d’approbation pour accompagner le tout.
Tyler prit ensuite le temps de répondre à ma question d’une façon claire qui ne laissait pas de place à l’hésitation ou l’incompréhension. Je me suis quand même mis en tête de pousser un peu la question pour savoir ce que je voulais vraiment savoir. « 16 ans ? Ca va remarque c’est dans la moyenne j’imagine. Et puis si les cigarettes étaient faciles à dégoter ça accélère le processus ! ». N’étant pas tout à fait sûr de l’argument, je penchais la tête vers la droite. « Et sinon les cigarettes ‘bio’ ? Ca fait combien de temps ? ». Je ne pus m’empêcher de rigoler en pensant à la périphrase utilisée. J’espérais seulement qu’il ne soit pas aussi accro que Justin. Pourquoi ? Parce que lui je l’ai connu comme ça, j’ai du mal à le voir clean 24h consécutives. Tyler non. Il faut dire que je n’étais pas non plus un exemple. A défaut de fumer de l’herbe je buvais. Certes c’est moins choquant mais au final j’ai mes torts. L’avantage c’est que c’est quand même plus discret que les joints.
La discussion rebascula alors sur les tatouages, ce qui ne me déplaisait pas. Quand j’y pense, j’admire énormément les tatoueurs, ces artistes dont la toile est vivante, avec son lot d’émotions et de sentiments aussi divers soient-ils. J’éclatais alors de rire lorsque j’imaginais mon corps rempli de tatouage comme Tyler me le suggérait. « En fait tu m’imagines en rockstar ? C’est flattant dans un sens merci ! ». Je lui ébouriffais alors les cheveux. « Je pense pas que le tatouage soit la meilleure option pour un rendez-vous galant ». Je tirais la langue avant d’ajouter : « Mais bravo pour l’audace ! ». Je me mis alors à imiter un juge d’émission télévisée se lever, brandir une pancarte et s’exclamer : « 9 pour l’artistique ! 7 pour la technique ! », avant de me rassoir en faisant une grimace relativement mignonne. Alors que je me rasseyais, Tyler, sans aucune raison apparente mis un coup dans l’eau, ce qui eut comme effet de m’éclabousser allègrement. Je lui jetais un regard noir : « Wood, un petit soutien psychiatrique peut être ? ». Puis, pour me venger je pris de l’eau dans le creux de ma main que je pris le temps de verser sur la tête de Tyler, le regardant d’un air satisfait. Avant que tout cela ne dégénère, je me levais en utilisant mes chaussures comme bouclier. J’ajoutais en pure prévention « Ecoute moi bien Wood, soit tu t’arrêtes là en disant que tu veux pas que j’attrape la crève ou des maux de gorge à m’en niquer la voix, soit je riposte. ». Je levais les bras : « A toi de voir ! ». J’attendais donc qu’il fasse son choix.