don't think about the splash i will create ;pv.loup

Du point de vue de Maxine, rien n'a vraiment changé, ici. Elle est arrivée ce matin en ville, et pourtant la voilà déjà foulant la route du phare. Elle a demandé à ses parents de l'arrêter ici, pendant qu'ils iraient dire bonsoir à quelques uns de leurs anciens voisins. Maxine a une heure à tuer, et il était couru d'avance qu'elle allait venir voir le coucher de soleil sur la mer, depuis la falaise du phare.

Comme ce chemin lui a manqué... Elle se rappelle encore de la danse à faire pour monter sans se prendre les pieds par inadvertance dans un petit rocher. De l'odeur des sapins, mêlée à celle des embruns. Et les mouettes, loin, au-dessus... Maxine sourit, sans même s'en rendre compte. Elle est chez elle.

La douce lumière de la fin de journée lui tend les bras, au fur et à mesure qu'elle progresse vers le phare. Désireuse de ne rien oublier de cet instant, elle dégage lentement son appareil polaroid de sa besace, et le garde en main, prête à saisir le moment où le soleil entamera sa baignade dans la mer. Max a encore cinq bonnes minutes de marche avant de parvenir au bout du chemin. Les seuls bruits qui l'entourent sont ceux de la nature, et du ressac, en bas de la falaise, dont le son lui parvient en écho. Aucun endroit ne l'a jamais autant rendue heureuse. Sauf peut-être la chambre de Chloe, à l'époque, Max espère que son espace au dortoir Blackwell lui apportera la même plénitude...

Max aperçoit le banc au bord de la falaise, juste sous le phare, et accélère quelque peu le pas. Elle n'est même pas essoufflée, malgré le rythme rapide qu'elle a gardé depuis le début du chemin. Encore quelques mètres, et Maxine s'arrête. Elle tient à conserver cette image, et ce sentiment. Face à elle, l'océan. Le soleil qui décline. Le phare, magistral, surplombant la falaise. Et ce banc, sur lequel elle aimait à venir s'asseoir avec Chloe. Plus de doute possible : elle est réellement revenue chez elle.

Ni une ni deux, elle s'assied sur le banc, et souffle longuement. Quelques secondes de vide. Pour elle, pour apprécier. Se souvenir aussi. Le soleil est au bord de l'horizon. Maxine dégaine son appareil photo, et capture tour à tour l'étendue d'eau, puis le phare dont les nuages indigo commencent à embrasser le sommet. Elle n'a pas cessé de sourire, depuis qu'elle a commencé sa montée. Une larme vient creuser un sillon salé sur sa joue. Elle ne s'est même pas aperçue qu'elle les avait au bord des yeux...

Un craquement se fait entendre derrière elle. Maxine sursaute, malgré elle, et se retourne tellement brusquement que son cou se met à lui faire mal.

- Aouïlle ! s'exclame-t-elle en même temps, sous le coup de la douleur, amenant sa main à sa nuque. "Bonsoir...?" ajoute-t-elle à l'attention de l'illustre inconnu qui se trouve désormais au bout du chemin, à quelques mètres derrière elle.

Visiblement, Maxine ne semble pas être la seule à ne pas du tout s'attendre à voir quelqu'un débarquer ici. L'illustre inconnu qui vient de débarquer sursaute tout autant qu'elle, laissant échapper une... pastèque ? Maxine ouvre grand ses yeux, la surprise remplaçant tout à fait la sensation de douleur qui l'a faite gémir une seconde plus tôt.

- Votre quoi ? demande-t-elle, pour être sûre, essayant de ne pas rire devant l'air du jeune homme, qui a l'air encore plus désappointé qu'elle.

Alliant le geste à la parole, elle se penche un peu, et voit effectivement une moitié de pastèque près du pied du banc sur lequel elle est assise. Son regard va tantôt du jeune homme au bout du chemin à la pastèque, et elle décide de se baisser pour la ramasser. Elle est toute couverte de terre, et de quelques brins d'herbe secs.

- Oh... elle est immangeable, maintenant... en conclut Maxine en regardant le jeune homme d'un air désolé.

La brunette lui tend sa pastèque d'un geste décidé une fois qu'il est arrivé à sa hauteur près du banc.

- Je vous aurais bien proposé de vous la passer sous l'eau pour qu'elle soit toute propre, mais je ne crois pas qu'il y ait de point d'eau ici, à part la mer, en bas... réfléchit Maxine. "Je suis désolée. C'est ma faute, non ? Je crois que je vous ai fait peur autant que vous m'avez effrayée..." s'excuse-t-elle ensuite, en baissant les yeux.

Quel événement étrange, pour son retour... Un jeune homme, sûrement un étudiant, qui débarque au phare une pastèque dans les bras. Vraiment peu commun. Et il fallait que ça tombe sur Maxine... C'est comme si Arcadia Bay lui souhaitait la bienvenue chez elle. Elle se demande si l'inconnu va lui en vouloir, de l'avoir fait sursauter. Si ça se trouve, il va lui demander de lui repayer sa pastèque. Ce serait bien singulier...

Maxine est surprise de tant de méfiance, elle n'est pas habituée à un tel comportement de la part d'un habitant de sa ville natale. Ou peut-être qu'il n'est pas d'ici et qu'il s'agit de l'un des bandits qui vivent près de la décharge dans une caravane ? Cette perspective enchante peu Maxine, qui ne veut pas avoir affaire aux gens de cette trempe, par peur d'en sortir avec une ou plusieurs cicatrices.

Alors que l'inconnu lui demande qui elle est, Max entend de petits piaillements qu'elle identifie comme venant du sol. Elle baisse les yeux après avoir ramassé la pastèque, et s'en trouve toute attendrie. Derrière le jeune blond au jean troué se trouvent des canetons. Que font-ils là ? Maxine sait que ces bestioles sont plutôt craintives et sauvages... Et elle ne se souvient pas d'un point d'eau existant sur le chemin qu'elle a déjà parcouru des centaines de fois pour monter jusqu'ici, au phare.

- Pourquoi des canetons te suivent ? demande-t-elle en le tutoyant et sans cesser de les fixer, oubliant complètement de répondre à la question du garçon.

Ce dernier semble ne pas se préoccuper de ce que lui dit Maxine, qui voulait gentiment lui laver la pastèque tombée par sa faute. Déjà, qui se balade avec une moitié de pastèque dans la rue, et pis encore, en pleine nature ? Peut-être comptait-il faire un pique-nique en solitaire... Maxine hausse à nouveau son sourcil.

- Oui, tiens, je ne compte pas la garder, rappelle-t-elle en lui tendant, du bout des bras. "Je m'appelle Maxine, je viens de revenir en ville. Et toi, tu es qui ?" fait la brunette en se souvenant de la question posée quelques instants plus tôt. "Tu as l'air vraiment méfiant, mais il n'y a aucune raison avec moi, enfin... J'ai l'air si menaçante que ça ?" questionne Maxine d'une voix douce bien qu'étonnée.