le membre rajouté des Hauptmann
Marcus aime les images. Elles sont aussi silencieuses que bruyantes d’informations, vibrantes de couleurs. Les appareils pour coucher la profondeur sur le plan du papier était un luxe auquel il avait eu accès que sur le tard, avec son premier salaire d’apprenti. Pourtant, avant même de recevoir le précieux engin entre ses mains, il avait prit bien des clichés. Avec ses mains, ses yeux et ses doigts formant un carré ou un rectangle, il avait immortalisé dans sa rétine, gravé dans sa mémoire, développé en souvenir.
Marcus avait touché à tout. Le scolaire n’avait jamais été son truc, alors les professeurs l’avaient quelques peu orienté si ce n’était chassé vers des filières où l’on utilisait plus ses mains que les mots. Où la tête réfléchissait et dirigeait dans le concret. Il appréciait cette sensation d’accomplissement. De travail bien fait. Tangible.
Orienté vers une filière qui prônait le stage sur le terrain comme on disait, il avait eu l’occasion de pratiquer une multitude de métiers. Ses mains avaient appréciées milles et un mouvements différents. De la mécanique qui ronronne, à l’informatique binaire, à la pâtisserie délicate, au chantier de poussière, aux croissants enfournés que les travailleurs de l’usine d’à côté venaient chercher avant même le levé du soleil, à l’odeur piquante et appréciable de la javelle sur des toilettes et des lavabos blancs cassés, à l’appel des clients pressés sous le regard noir d’un patron renfrogné.
En fin de course, il avait alors réussi à intégrer une filière professionnelle en design et graphisme. De cette formation il avait retenu beaucoup de mots : Publicités, lignes complexes, couleurs assurées, typographies recherchées, slogans percutants. Mais surtout, image. L’image couchée sur le papier glacé. C’était la passion de la photographie qui l’avait embrassé, et non l’inverse.
Cette passion entrée dans la vie de Marcus avait fait le bonheur de sa famille. Sa famille de coeur et non de sang. Car Marcus avait fait les pouponnières, les familles d’accueils, les foyers et puis, un jour d’heureux hasard, une famille lui avait ouvert sa porte pour ne plus jamais le laisser sortir de leur vie. Leur vie qui se situait dans la petite ville Arcadia Bay dans l’Oregon. Il avait grandi toujours entouré, avec bonheur ou regret, ce qui a donné l’étonnante contradiction de lui faire aimer le silence et fuir la solitude. Car à sept dans une maison, il y avait de quoi aimer l’évasion et le calme -tant il était rare. Ses cinq frères et soeurs lui donnaient parfois l’impression de vivre dans une cours de récréation perpétuelle, sans compter les deux adultes qui passaient un temps considérable à rouspéter après les bêtises de l’un ou tentaient de faire réciter une leçon à une autre.
Si pour Marcus le fait d’être une famille nombreuse se trouvait souvent être un désavantage certain, être reconnue comme étant une famille nombreuse aux yeux de la loi, et donc des services sociaux de manière général, avait ces avantages. Comme celui de permettre à chacun des trois des enfants les plus âgés d’obtenir des bourses leur donnant accès ainsi à des études supérieurs. Marcus n’avait pas échappé à la règle et avait largement profité de bourses pour entrer et poursuivre ses études dans la prestigieuse académie de Blackwell, croisant le cursus des arts plastiques et appliqués, y incorporant sa passion pour le septièmes art.