this ain't a song for the broken-hearted
"Why'd you have to wait ? Where were you, where were you ?"
Premièrement, c'était un accident. Un terrible accident. Ils se sont faits renverser par une voiture circulant trop vite un soir d'été. Foutu été. Foutue voiture. Foutu accident. Deuxièmement, je croyais en Dieu. Ils m'avaient toujours apprit à glorifier Dieu, à aimer Dieu, à le prier. J'ai prié comme un fou, et rien ne s'est passé. Pas le moindre foutu miracle. Seulement la mort. Pas de Paradis, pas selon moi et mes yeux d'enfant. Je n'y croyais plus, il m'avait lâché, abandonné, sauvagement et cruellement. Troisièmement, il m'a volé mes parents. Alors tu sais où tu peux te les mettre mes prières Dieu ? Voilà. On s'est compris.
"It's my life, it's now or never."
Vivant chez mes grands-parents, j'ai grandis à Detroit. J'ai aimé cette ville car je m'y sentais chez moi, je n'ai pas trop eu le choix d'ailleurs. J'avais un groupe d'amis avec qui je trainais dans les rues, les soirs, les week-end. Je ne me sentais pas seul, et c'était déjà pas mal. Un jour, j'ai croisé un type, un SDF jouer de la guitare sur un trottoir. J'ai adoré ce qu'il jouait. Lorsque je pouvais après ça, j'ai été à des concerts. Juste pour les guitaristes, pour les voir appliquer leur art, pour vivre à travers leur musique, leurs solos. Puis un jour, l'un d'eux m'a signé un autographe et a prit une photo avec moi. Une photo en argentique, un vrai chef d'oeuvre. J'ai toujours la photo dans un carton aujourd'hui. Oui, un carton. Mais ça, vous comprendrez bientôt pourquoi.
"Wake me up inside (I can't wake up) call my name and save me from the dark."
On a déménagé. On est partis de Detroit, ville surpeuplée, pour camper à Arcadia Bay. C'était pourtant déjà trop tard. J'y avais goûté, à la drogue. J'étais un fier adolescent qui fumait, buvait, se droguait, et à qui il ne manquait que le sexe. Mais à ça, je n'y avais pas encore goûté, je n'y avais pas même trempé les lèvres. J'ignorais ce que ça faisait d'aimer, ce que ça faisait d'embrasser quelqu'un. J'ignorais même que j'aimais les garçons autant que les dames. Mais me voilà débarqué ici, dans cette petite baie, peu polluée, avec l'air marin et le poisson frais. Mais surtout, je l'avais elle. La drogue. Je la fumais, je la sniffais aussi. Je devais juste trouver où m'en procurer. Mais par chance, j'ai rapidement trouvé. Ce qui me força à trouver un job dès que je pus en avoir un. Je devins alors caissier au drive-in de la ville, vendant mille confiseries, voyant pas mal de films. Ça me permettait de me réapprovisionner, et aussi d'économiser de l'argent. J'avais l'héritage de mes parents cependant, et avec celui-ci, mes grands-parents m'avaient déjà réservé un aller simple pour Blackwell. La belle Blackwell.
"And now it's time to build from the bottom of the pit right to the top."
La rencontre. La belle rencontre. Arrivé avec un an d'avance à Blackwell, ayant sauté une classe et arrivé tout droit en cursus de sciences - pour faire plaisir à mes grands-parents - je rejoignis vite le club de musique, et pris ce cours comme option. C'est là que je pus améliorer encore davantage mes skills en guitare. Ah oui, j'avais commencé la guitare durant mon adolescence ! Depuis ça ne m'a jamais quitté. Jamais. Et c'est là que j'ai rencontré la team ; dont Teddy. On se connaissait déjà, en fait. Lorsque sa petite soeur était au collège, je lui donnais des cours particuliers de maths ! Même qu'elle apprenait tellement vite qu'elle finissait par mieux connaître les exercices que je lui filais que je ne les connaissais moi-même... ce qui nous faisait bien rire avec Teddy ! Quant à notre petit groupe, on était trois garçons et une fille, de tous âges confondus. On a rapidement eu envie de monter un groupe, et nos places au coeur de celui-ci se sont faites tout naturellement. C'est en deuxième année que nous avons véritablement travaillé sur nos propres sons, nos propres textes. Et d'un coup, ce fut l'apothéose : le premier album arriva au cours de notre troisième année. On aurait pas pu rêver mieux à ce moment-là. C'était magique.
"I'm exactly where you'd like me, you know."
J'ai enfin pu savoir ce que ça faisait. Le sexe. L'amour. L'envie. Il aura fallu que je sois à Blackwell pour découvrir les plaisirs de la chair, l'amour aussi, puisque j'y eus deux relations. Une de deux ans avec une fille, que j'aimais comme un fou, et une de quelques mois avec un garçon, qui m'aima plus que je ne l'aimais. Il m'aimait même sous l'emprise de la drogue, contrairement à elle. La drogue nous a séparés cependant, lui et moi, tout comme elle auparavant. Je n'ai jamais pu choisir l'être humain face à la substance chimique.
"Don't threaten me with a good time."
Le succès coulait à flot, tout comme le champagne. La bière ? Très peu pour moi, je ne buvais que ce qu'il y avait de mieux, fumait que ce qui se faisait de mieux. Et je consommais uniquement ce qui valait un certain prix, c'était "de la bonne" comme disaient les petits cons de mon âge. J'allais aux meilleures soirées, jouais comme un fou lors de nos concerts, et je consommais. De l'amour, de l'alcool, de la drogue. J'aimais ça, cette vie, tout. J'avais quitté mes grands-parents qui étaient retournés vivre à Detroit, loin de ma vie de débauche. Ils ne me reconnaissaient plus et ne voulaient plus me voir. Ils avaient honte de ce que j'étais devenu, m'avaient dit que Dieu me voyait en disgrâce. Sauf que lui, je n'en avais plus rien à foutre de ce qu'il pouvait bien penser. Je ne croyais plus en lui depuis bien trop longtemps.
"We are the jack-o-lanterns in July, setting fire to the sky."
La chute. La douloureuse. La drogue m'avait eu. J'avais trop eu la danse au corps, la frénésie m'avait trop longtemps habité, et là elle venait de m'attaquer en plein coeur. L'overdose. La destruction du groupe. La cure de désintox. J'y suis resté pendant si longtemps... environ un an. Un an et demi à peu près. Un peu moins. J'ai porté ce bracelet autour de mon poignet si longtemps, cette blouse blanche également, que j'en ai perdu tout style vestimentaire de rock star que j'avais été. En sortant, j'ai eu droit à la tenue que j'avais eu en arrivant, mais ça ne me correspondait plus. J'ai fais les boutiques, j'ai jeté tous mes anciens vêtements - je les ai revendus sur internet - et j'ai refais ma garde-robe. Des pull, gilets, tee-shirts, pantalons, boxers, baskets. Les basics. J'ai coupé mes cheveux trop longs, ce mulet que j'arborais depuis si longtemps. J'ai arrêté - par nécessité et pour ma santé - la drogue et l'alcool, mais j'ai continué la cigarette. L'électronique plus précisément. Elle comporte pas mal de senteurs et de parfums différents. Je cartonne avec le caramel en ce moment. Depuis que je suis sorti de rehab, j'ai vu sur qui je pouvais compter... Teddy. Entre autres. Il m'a permit de venir squatter son canapé. Je n'ai pas de chambre, la deuxième qu'il ait étant habitée par un de ses élèves, mais je me contente de mon canapé. Tout se passe plutôt bien pour le moment.