Spooky Scary Alexston
Je suis né un beau matin de printemps 1995 à Columbus, dans l'Ohio. Columbus, c'est une grande ville où il se passe pas grand-chose et où mes parents se sont rencontrés. Ce sont des gens étranges, mes parents, ils ont eu mon frère très jeune et ont décidé
des années après son émancipation de m'avoir moi. J'ai longtemps cru que j'étais un accident, mais ma mère m'a un jour avoué avoir harcelé mon père pour m'avoir. Je suis son petit prince, sa plus belle réussite, et c'est compréhensible quand on voit la tronche de David, héhéhé.
Mon père est d'un naturel plutôt relax, je crois ne l'avoir jamais vu en colère. C'est à se demander d'où mon big bro' tient son caractère, mais bon. Il est guitariste, mon vieux. Il était donc normal que je me tourne vers la musique à l'aube de ma vie. Ce qui l'était moins, par contre, c'était ma précocité à la batterie : à 5 ans, j'avais un sens du rythme qui faisait
halluciner les amis de mes parents et paniquer les profs de musique de mon école.
J'ai vite compris que j'étais du genre autodidacte, autrement dit très peu friand des cours et de tout le systéme scolaire en règle général. Rester assis sur mon cul 8 heures par jour à écouter ce qu'on me dit de faire, c'est pas mon trip.
Donc, j'étais un agitateur. Je me suis fait virer je-ne-sais combien de fois de cours, mais j'arrivais à arracher un sourire à n'importe quel enseignant avant de quitter la salle. C'était ma petite victoire. Ma mère le vivait assez mal, et mon père se sentait obligé de me gronder même si ma répartie ne manquait jamais de le faire hocher de la tête avec fierté.
Faire le guignole m'a sorti de beaucoup de situations pénibles, il est vrai. Mais cela m'a également condamné socialement : puisque je fais tout le temps le mariole, les gens pensent que tout va bien. En réalité, je souffre d'anxiété et j'angoisse régulièrement pour des trucs qui vous paraîtraient risibles. Je m'en suis aperçu à mon entrée au collège.
Ni populaire, ni rejeté, j'étais constamment le clown de service, le petit malin de la classe, celui qu'on ne cherche pas à connaître en dehors des cours, quoi.
J'aime la compagnie des gens créatifs, ce sont les plus ouverts d'esprits et les plus intéressants à fréquenter selon moi. J'avais une meilleure amie, à Columbus. Mais depuis qu'elle s'est mise avec cet abruti de Washington, on dirait qu'elle m'a oublié. Plus de nouvelles, bonnes nouvelles ?
J'ai eu mon dîplome de lettres avec une moyenne honorable, mais à vrai dire j'ignore encore ce que je veux faire de ma vie. Vivre de ma musique ? Faire partie d'un groupe ? J'en sais trop rien, et y penser me fait paniquer plus qu'autre chose.
J'appréhende un peu ce taff d'agent de sécurité pour deux raisons : la première c'est que je ne sais pas si j'arriverais à me faire respecter de ces gosses. Une chose est sûre : je ferais en sorte qu'aucun bully ne s'en tire facilement et je serais là pour ceux qui en ont besoin.
La seconde, c'est la présence de mon frère. Jusque-là nous ne nous voyions qu'une fois de temps en temps aux repas de famille. Maintenant qu'il a la sienne, c'est compréhensible, mais j'ignore si nous arriverons à nous supporter de manière plus régulière.
Heureusement, mes parents m'ont aidé à prendre mon propre appartement à Arcadia Bay, malgré la proposition de David qui voulait m’héberger en échange d'une petite pension.
Il est pas méchant, David, mais il est juste un peu borné. Il ignore tout de mes amours et de mes emmerdes d’adolescents et à vrai dire, ce n'est pas plus mal. Je ne connais pas son point de vue sur l'homosexualité, et je n'ai encore jamais eu de copain ( ni même de copine ) pour le titiller sur le sujet. Il lève déjà les yeux au ciel chaque fois qu'il voit mes nouvelles teintures, alors je préfère en rester là.
Une nouvelle ville, un job, mon propre appartement... J'espère rencontrer des gens intéressants et passer beaucoup de bon temps ici.