Tape l'incrust' je t'en prie — Elijah&Sacha

Vendredi après-midi habituel pour moi. Fier d’avoir achevé une énième semaine sans trop de bâtons dans les roues, me voilà à passer la porte du Croissant de Lune. L’établissement avait un peu perdu de son charme depuis le départ précipité de mon amie mais celle-ci avait dû passer le mot me concernant vu la manière chaleureuse dont tous m’accueillaient à chaque fois. Un vrai VIP. À moins que je ne me fasse des idées et que les employés étaient extrêmement serviables avec l’intégralité de la clientèle ? Quoiqu’il en soi, je mourrais de faim. Un grand gaillard comme moi qui prend encore un goûter. On aura tout vu. Ma gourmandise me perdrait tandis que je choisissais un plat aux diverses viennoiseries françaises. Je pourrais goûter à tout ainsi, même si je connaissais leur saveur respective depuis un bail désormais.

Le lieu était loin d’être déserté bien qu’un brouhaha assourdissant n’était pas de la partie. Je repérais plusieurs étudiants dont le week-end avait déjà dû débuter. Je les saluais d’un signe de tête poli, gratifiant ceux que je connaissais personnellement d’un sourire supplémentaire. Loin de moi l’idée de me la jouer snob. Ce n’était pas mon style. Sans compter que j’avais été à une soirée d’Halloween avec la plupart d’entre eux.

Je cherchais une place quand un garçon m’interpella à plusieurs mètres de là où je me tenais. Identifié comme l’un des amis et membre de l’ancien groupe de Teddy, je m’approchais avant de poser mon plateau sur la table et m’asseoir face à lui en réponse à sa proposition. Nous ne nous étions vu que deux ou trois fois, parfois très brièvement, mais il me paraissait très sympathique. Le genre de type avec qui passer une journée ne me dérangerait pas car j’étais persuadé que je n’avais pas affaire à un hypocrite. D’après ce que j’avais compris, le passé de mon interlocuteur était loin d’être idyllique mais je n’en avais cure. Ce n’était pas ma place de le juger. Il ne m’avait rien fait et mon petit-ami l’adorait. C’était le plus important à mes yeux.

- Merci. Je ne pensais pas que tout Arcadia se serait réfugié ici. C’est plus calme d’habitude !

Bon ok, pas des masses mais là… À croire qu’il y avait une promotion sur les pains au chocolat qui m’était passée sous le nez ?

- Je suis gourmand, lançais-je amusé en guise d’excuse lorsque le regard de Sacha se posa sur ma commande. Ça va. La semaine s’est bien déroulée même s’il a fallu que je remue certains. La fin d’année va vite arriver…

Et oui, plus que deux mois. Dios que le temps passait vite ! Sans même m’en rendre compte, je jouerai au Scrabble avec mon mec dans une maison de retraite tout en sentant la naphtaline.

- Et toi qu’est-ce que tu deviens ? Il faudrait qu’on se programme un truc avec Teddy. Il serait content.

C’était toujours un plaisir de rencontrer des proches de mon petit-ami, d’autant plus lorsque le feeling passait aussi bien (ce qui n’est pas toujours une évidence). J’en connaissais peu sur mon interlocuteur mais c’était suffisant. Ainsi, une fois invité à sa table, nous lancions une discussion en somme assez lambda mais qui nous permettait d’ouvrir l’échange. Première fois que nous nous retrouvions en tête-à-tête. Est-ce que Teddy serait jaloux ou heureux s’il nous surprenait dans cette configuration ? J’ignorais l’orientation sexuelle de Sacha mais je connaissais parfaitement mon copain. Il avait parfois des réactions assez étonnantes et précipitées quand je me trouvais en compagnie masculine. Souvenez-vous de la soirée d’Halloween. Ok, les choses avaient évolué depuis et j’étais sûr que sa confiance en nous s’était décuplée. Mais tout de même je n’allais pas m’amuser à le provoquer. J’aimais jouer à condition qu’il n’y ait aucun risque. Impossible de m’épancher davantage sur le sujet puisque le garçon me faisant face m’interrogea concernant mon métier. Un sourire s’étira légèrement sur mon visage, un regard un peu fuyant se focalisant sur ce qui était à sa portée.

- Hum… Disons que ça dépend avec qui. Certains étudiants sont difficiles notamment lors des travaux de groupe. Enfin je ne peux pas me plaindre, grosso-modo ça se passe très bien. Beaucoup sont passionnés donc ça fait plaisir.

Il n’y a pas si longtemps de cela, un jeune avait fait une crise lors d’un tournage à cause d’une histoire de fringue qui n’était pas à son goût. Ce que j’avais comprit en voyant la tronche du torchon aux différentes nuances de rose. Jouer le gendarme était l’un des aspects les plus désagréables de mon job. Par chance, cela était rare. Je profitais de la fin de mon intervention pour aller picorer l’une des viennoiseries reposant dans mon plateau avant de prendre de ses nouvelles. Sa réponse me déboussola. Je n’avais pas été confronté à ce type de situation depuis les amourettes adolescentes typiques de la période collège/lycée. C’était d’autant plus déstabilisant qu’on se connaissait si peu et que je ne savais pas où se trouvait la limite de l’approprié avec lui. Je cherchais toujours mes mots lorsque Sacha poursuivit en m’affirmant qu’il n’était plus une épave. L’étape difficile de la reconstruction était derrière lui à en croire ses paroles. En espérant que ce soit vrai.

- Je suis désolé pour toi. À croire que certaines personnes sont sans pitié. Même si nous ne sommes pas des amis à proprement parler, je sais que tu es un chic type. Sinon, Teddy ne te parlerait pas.

CQFD. J’étais limite tenté de lui tendre mon croissant comme l’aurait fait un gamin en primaire pour consoler son camarade attristé. Qui sait ? Peut-être que cette méthode préhistorique marcherait encore aujourd’hui ! Non, c’était ridicule. Elijah, tu n’as plus sept ans maintenant. T’es un adulte. Adu… Quoi ? J’affichais une moue reflétant ma compassion puis me penchait un peu en avant pour poser ma main sur son épaule. La version trentenaire pour rassurer quelqu’un ?

- Tu en as discuté avec lui d’ailleurs ? Car je n’ai eu aucun écho. Dans tous les cas, notre porte t’est toujours ouverte donc n’hésite pas un seul instant si tu as besoin de passer une soirée relax avec nous. Je nous ferais un truc sympa à manger.

« Notre porte. » Bon sang, ça sonnait tellement… officiel ! Pourtant, nous ne vivions pas ensemble (sur le papier). Il est vrai que depuis le départ d’Ophelia le musicien avait fait son nid dans mon appartement et que ses affaires dans mes tiroirs s’étaient multipliées. Mais cela c’était fait si naturellement et progressivement que nous n’avions jamais pris la peine de statuer sur sa présence chez moi. Pas besoin d’étiquette pour chaque fait et geste !

Je reposais mon dos contre le dossier puis bu une gorgée de ma boisson chaude. Inutile de prolonger les contacts physiques. C’était d’ailleurs un des éléments qui m’avaient hanté quand j’avais découvert ma « bisexualité ». Ne plus pouvoir toucher un mec sans que ce dernier se monte la tête et ait une réaction disproportionnée. Si je pouvais éviter tout malentendu avec le vendeur cela m’arrangerait. En parlant de ça…

- Tu as raison. Focalise-toi sur les bonnes choses. Tu bosses toujours au magasin de vêtements c’est ça ?

La maîtrise de la conversation légère ou « small talk » est particulièrement utile lorsque vous échangez avec quelqu’un que vous ne connaissez pas suffisamment pour rentrer dans des sujets plus approfondis ou personnels. C’était par ce biais que débutait mon échange avec Sacha au Croissant de Lune. Le travail étant l’angle le plus aisé à développer dans ces conditions. Comment est-ce que ça se passait pour moi à Blackwell ? Très bien. Pas de souci à s’en défaire la mâchoire de stupeur ou à s’en arracher les tripes de consternation. Non, c’était relax malgré des petites mises au point nécessaires çà et là. Le beau temps arrivant, beaucoup rêvassaient de leur soirée presque estivale à venir plutôt qu’à ce qui se déroulait autour d’eux. Difficile de les en blâmer. Il me faudrait improviser un cours à l’extérieur tient. Pourquoi pas un pique-nique dans les derniers jours afin de fêter la fin d’année dans la bonne humeur ? Nul doute que Teddy se joindrait à nous. Dès qu’il s’agissait de nourriture il n’avait pas besoin de se faire prier. D’autant plus si j’étais inclus dans le lot. Pas en tant que dessert je précise ! Juste en présence. (Moi recouvert de chantilly n’était guère approprié en public.)

- Oui. Cinéma. En ce moment, ils sont en train de finir le tournage de leurs courts ou moyens métrages selon les niveaux. Certains sont même déjà à s’occuper du montage et du reste. C’est vraiment impressionnant autant pour eux que pour moi de voir leurs projets prendre vie sous nos yeux. Il n’y a pas que de bonnes surprises, quelques-uns sont parfois déçus, mais ils se débrouillent comme des chefs grosso-modo.

Non mais ne me lancez pas trop sur mon job les gens si vous ne désirez pas un exposé ou une dissertation de quinze pages. C’est un jeu dangereux ! Après un tel témoignage raconté avec une mine éclairée, inutile de répondre directement à sa remarque. Oui, j’étais heureux de ma vie professionnelle aujourd’hui. Je n’aurai jamais pensé cela possible il y a peu. J’avais choisi le cadre parfait pour que tout prenne forme. Bonne pioche. Si je dressais le bilan de cette dernière année, quasiment aucune mauvaise nouvelle ne m’était tombée dessus. Je n’avais jamais été aussi satisfait sur tous les plans. Un homme comblé dites-vous ? Impossible de le nier sans avoir besoin d’être adopté par Gepetto.

La discussion s’arrêta sur un terrain plus dangereux. La relation entre mon petit-ami et mon interlocuteur. Pour être sincère, je n’avais pas tellement d’éléments en main pour le rassurer. Ainsi, je pris deux nouvelles bouchées de mes viennoiseries histoire d’avoir de quoi occuper mon regard et mes mains tandis qu’il exprimait ses craintes. J’avais le don pour me retrouver dans des situations embarrassantes. Ça m’apprendra à être trop sociable ! Quelle idée aussi. Les sauvages n’ont pas ce problème. Je déglutis lentement à l’aide de ma boisson, m’occupant encore une poignée de secondes avant d’ouvrir la bouche.

- Clairement ce n’est pas ce que tu veux entendre mais je préfère être sincère. Non. Il ne me parle pas souvent de toi. Mais ce n’est pas de ta faute, sincèrement. C’est sa personnalité. Je ne sais pas si tu es au courant mais c’est sa mère qui m’a appris qu’il avait un groupe autrefois et ce après plusieurs mois ensemble. Elle m’a même appris que son prénom n’est pas « Teddy » c’est pour dire ! avouais-je à mi-chemin entre amusement et consternation. Il s’ouvre enfin à moi, me révèle des choses qu’il n’était pas prêt à me raconter ou qu’il ne jugeait pas nécessaire jusqu’ici.

Nous avions fait des progrès honorables l’un comme l’autre dans ce département ! Notre manque de confiance s’estompait, alors que notre lien ne faisait que de se solidifier de jour en jour. J’en étais au point où j’avais presque oublié ce à quoi ressemblait la vie sans lui et Dieu sait que je ne voulais pas m’en rappeler !

- Cela étant dit, je le connais et j’ai tout de même eu des échos. Il n’est pas du genre rancunier et je ne crois pas qu’il t’en ait réellement voulu de quoique ce soit. Vous vous êtes perdus de vue mais c’est rattrapable. J’en suis persuadé. Je pense qu’il te considère un peu comme un petit frère, un protégé ou quelque chose dans ce genre. Il t’apprécie énormément. Mais si tu en veux la preuve… Je peux tenter de vous réunir comme je te l’ai proposé et tu le constateras par toi-même.

Oui car qui étais-je pour me mêler de leurs affaires ? Je ne voulais pas parler au nom de Teddy de façon trop certaine car cela aggraverait les choses. Ce n’était pas ma place et j’en avais déjà suffisamment dit. J’étais malgré tout surpris des peurs du garçon. Lorsque nous étions tombés sur lui tous les deux, je n’avais pas perçu de froideur de la part du musicien à son égard. Ok, ça avait été bref mais nous faisions nos courses. Pas le meilleur endroit pour déballer sa vie pendant des heures. Je tentais une tactique de diversion qui, heureusement, fonctionna à merveilles.

- Je suis ravi que ça se passe si bien là-bas alors ! Il faut vraiment que j’y mette les pieds un de ces quatre. Qui sait ? Tu aurais peut-être des vêtements à me proposer ? Je ne suis pas trop has been j’espère ?

Je ne m’habillais pas comme un sac, mais j’aimais avoir une allure décontractée sans trop me prendre la tête. Pas que cela m’empêchait de me mettre sur mon 31 si nécessaire. La libido new-yorkaise de Teddy s’en souvient encore. Avant d’avoir réfléchi aux possibles conséquences de ma question, je laissais échapper :

- Tu fais toujours de la musique ?

La conversation s’était déportée sur Teddy Scott, la vedette d’Arcadia Bay et accessoirement mon lascar. Je ris à la remarque concernant son surnom. Je n’étais pas du tout étonné en assimilant cette information. Il était tellement chill, décalé à sa propre manière, que « Théodore » paraissait presque trop brut pour lui. Son choix semblait ainsi bien plus approprié tant il reflétait sa personnalité. Bon, peut-être n’étais-je pas des plus objectifs puisque je m’y étais habitué dès notre rencontre. Je n’étais aucunement à l’abri d’une erreur de jugement mais au pire des cas serait-ce grave ? Qu’il soit Théo, Henry ou Johnny, ce n’était pas motif de rupture. Ce serait d’une tristesse autrement vous remarquerez ! En attendant, avec « Ted » je le voyais déjà se changer en peluche obsédée à la pleine lune. Devais-je avoir peur de ses prochains méfaits ? Quelle idée d’avoir regardé ces films !

- C’est marrant de vous imaginer formant un duo d’enfer alors que vous étiez encore des gosses. D’après Alice, c’était un gamin adorable bien qu’un peu dans son monde parfois. Je me dis qu’il n’a pas tellement changé, avouais-je en pouffant.

Le brun était adorable en toutes occasions, même quand il faisait l’objet d’un simple commentaire basé sur les souvenirs d’une autre personne. Je n’avais jamais été aussi gaga de quelqu’un. Plutôt bon signe non ? C’était un excellent encouragement à passer au cap supérieur un jour quand nous serions prêts. L’engagement m’avait longtemps terrifié à cause de mon passé trouble mais il me donnait toujours le courage d’aller de l’avant et de repousser mes limites. Je ne me serais pas aventuré aussi loin pour n’importe qui. J’espérais lui répéter suffisamment pour qu’il en ait conscience lui qui avait aussi tendance à paniquer comme s’il s’attendait à ce que je l’abandonne du jour au lendemain. Qui fait ça franchement ?

Visiblement, mon interlocuteur était terrifié à l’idée de lui forcer la main dans des retrouvailles potentiellement non-désirée. Dingue qu’il soit aussi effrayé. D’aussi loin que je m’en souvienne, le musicien n’était ni cannibale ni enfoiré. Mais je n’avais pas toutes les cartes en main et ne pouvais donc pas juger. J’avançais presque aveuglément dans cette discussion, angoissé à l’idée de commettre des impairs. Ce qui était sûr par contre, c’était que si aucun d’eux ne faisaient le premier pas, rien n’évoluerait et le surplace serait définitif. L’un d’eux devait se faire violence pour régler le problème, au sacrifice que je devienne le messager. « Emploi » pas forcément réjouissant. Malgré tout, j’étais étonné que Teddy n’essaye pas de réparer les choses par lui-même. Étonnant non ? Lui pourtant très pacifiste.

- Je n’y manquerai pas. Ce n’est pas vraiment mon rôle de m’immiscer dans votre relation mais si ça peut vous aider autant l’un que l’autre à faire le point… Vous ne pouvez pas rester éternellement dans le vague. Rien dans notre vie doit être en suspens. Ce n’est pas bon. Ça peut faire devenir barge.

J’en savais quelque chose moi qui m’étais décidé à retourner en Allemagne pour me confronter à mes parents après quinze ans de silence. Le mieux maintenant était de détourner le fil de la discussion. J’étais déjà bien trop impliqué, je ne voulais pas qu’on me reproche d’avoir dépassé la limite de l’approprié. Ce n’était pas le genre de mon homme mais je préférais avoir la conscience sereine. J’avais déjà de quoi m’occuper à moi tout seul. Quoi de mieux donc que de lui proposer d’user de ses goûts vestimentaires pour m’habiller dès que je mettrais les pieds dans sa boutique ? Clairement, cela le réjouissait à en constater par son taux joyeux et le sourire qui perçait son visage.

- « Me mettre en valeur » ? Restons soft si on ne veut pas que Teddy perde totalement la tête, blaguais-je en pouffant. Mais ce sera avec plaisir. Je passerais demain si tu y es.

Bah oui, si je débarquais en mode sexy, le pauvre filou deviendrait incontrôlable. Croyez-moi, je parle d’expérience. Quoiqu’à en croire ses propres termes, je serais toujours « hot » en enfilant un sac poubelle en guise de robe improvisée. Cela étant dit, les costumes lors de notre séjour à New York avaient fait leur effet. Pas qu’un peu. Limite, cela avait été une torture de ne pas être en mesure de les déchirer en lambeaux dès les premiers instants. Nous avions dû surmonter toute une soirée d’attente ! Ah ah. Plus sérieusement, j’avais hâte de repartir à ses côtés, explorer mon pays natal cette fois-ci. Plus de routine, juste de la découverte et des confessions. Il méritait que je lève davantage le voile sur mes dix-huit premières années. Quoi de mieux pour ça qu’une immersion en y mettant presque littéralement les pieds ?

En parlant de pieds dans le plat, je ne m’étais pas loupé en parlant musique. Sacha semblait avoir perdu tout amour envers cet art, qui ne symbolisait pour lui que de la déception et du chagrin. Malheureux de se priver de la sorte à cause d’une expérience traumatique. Compréhensible, mais déchirant. J’aurai pu lui dire que son ancien meilleur ami était toujours plongé dedans avec passion mais il ne semblait pas apte à l’entendre. Je me contentais de hocher la tête et de boire une gorgée de ma boisson à mon tour. Pour éviter de me noyer je devais sortir les rames désormais.

- Tu étais étonné en apprenant que Teddy sortait avec moi ? Ou son attirance vers les mecs a toujours été de notoriété publique entre vous ?

J’improvisais comme je pouvais désolé ! Encore une fois, je m'approchais d'une zone qui pourrait être dangereuse mais comment pouvais-je le voir venir cette fois-ci ?