Alice | La bouche qui parle trop vite fait perdre la confiance

« L'autruche est capable de courir très rapidement, avec des pointes avoisinant les 90 km/h, ce qui lui permet de fuir très rapidement sans que ses prédateurs n'aient le temps de réagir. Néanmoins, même sans fuir et malgré de nombreux prédateurs puissants, l'autruche est capable de les tuer avec un coup de patte puissant. Le mâle peut d'ailleurs tuer des lions ou des guépards avec des coup de pattes capables de les éventrer. L'autruche est aussi le seul oiseau, avec le casoar, capable de tuer un homme avec son coup de patte. Il ne faut donc pas se fier à son apparence, c'est un animal dangereux bien que facilement effrayé. Un animal qui vit en groupe, nomade et adaptable, et qui fera tout pour sa survie. »

Je sais, une autruche, ça peut faire sourire. Une autruche, ce n'est pas très élégant, ce n'est pas très glorieux. Pourtant, j'ai toujours été fascinée par les autruches. Pas parce que l'on croit bêtement qu'elle se cache la tête dans le sable pour fuir leurs prédateurs. Sachez que cette idée reçue est fausse. Les autruches mettent leur tête dans le sable soit pour éviter d'être blessées par des tempêtes de sable, soit pour veiller sur leurs œufs. Mais nous ne sommes pas là pour faire un documentaire sur l'autruche. En revanche, je les ai toujours trouvé fascinantes pour leur adaptabilité, leur instinct de survie. Il faut un certain instinct de survie, lorsque l'on est confronté à la négligence parentale. N'allez pas croire que mes parents étaient maltraitants. Ils étaient juste absents. D'une certaine façon, je suppose qu'il s'agit d'une forme de maltraitance, puisque cela créé de la détresse. Mais le terme « maltraitance » me paraît disproportionné. Hors de propos. Je n'ai pas été maltraitée. J'ai été parfois oubliée, peut-être. Parfois délaissée. Laissez-moi vous parler de mes parents. Ce sont des personnes sérieuses, carriéristes, qui n'ont peut-être pas la carrure d'être parents. Si l'on parle de la parentalité comme de la capacité à mettre au monde un enfant, alors ils sont sans doute parents. Si l'on considère la parentalité comme la capacité de répondre aux besoins et aux attentes d'un enfant réel, dans le respect de son individualité, et dans le souci de l'aider à s'épanouir sur les plans psychique et physique, alors non, mes parents n'en sont pas.

Mon père est un homme important, en Thaïlande. À Bangkok, la ville dans laquelle je suis née, difficile de trouver une seule personne qui ne connaissent pas – ne serait-ce que de nom – Dokmai Asawadhep. Et pour cause, mon père est un politicien, un homme du gouvernement, un proche de notre souverain. Si vous ne le saviez pas, la Thaïlande est une monarchie constitutionnelle, qui se rapproche en réalité davantage d'une dictature. Être un homme de confiance, un proche de Rama X est plus qu'un honneur. C'est un privilège réel. Le privilège du pouvoir, de l'argent, de la reconnaissance. C'est aussi un danger, qui se matérialise sous la forme des opposants politiques. Mais nous y reviendrons. Mon père, donc, a toujours été fidèle au gouvernement thaïlandais, avant même que notre souverain actuel n'accède au trône. Sa spécialité étant les relations internationales, et plus spécifiquement, les relations americano-thaïlandaises. Il a prit cela tellement à cœur qu'il a épousé ma mère, Willow Cainworth. Une américaine. Ma mère est moins connue que mon père. Elle aussi est politicienne, travaillant pour le gouvernement américain aux relations internationales. Mais elle n'est pas un porte-parole, une égérie. Elle fait simplement son travail. Quant à moi, je suis Alice. La fille de Dokmai et de Willow, issue de deux cultures, de deux gouvernements, de deux systèmes politiques bien différents.

Mes parents sont des personnes très occupées, si bien que j'ai surtout été élevée par des nourrices. Certes, je ne peux pas me plaindre d'un point de vue matériel. Qu'on se le dise tout de suite, je suis loin d'être pauvre, et je ne le serai probablement jamais. J'ai peut-être manqué de tendresse, d'échanges avec mes parents. Je n'ai pas grand chose en commun avec eux. Moi, je pense. Eux, ils agissent. Et si cela paraît anodin, gardez tout de même en tête que cela peut créer un fossé dans une famille déjà dysfonctionnelle, à la base. J'ai passé mon enfance à Bangkok, bien protégée de la misère, du machisme, de la répression politique. J'ai pu aller à l'école, et dans une école prestigieuse. Et mes parents se sont même offert le luxe de me payer des cours particuliers. J'ai appris très tôt à développer mon intellect, ma curiosité et mon esprit critique. J'ai appris très tôt à observer, à analyser et à remettre en question. Je sais que je peux paraître parfois méprisante, car j'emmagasine du savoir. Je me cache derrière lui, paraissant parfois difficilement saisissable. Que l'on m'aime, ou que l'on me méprise ne fait pas grande différence pour moi, tant que je peux dire les faits avec exactitude et véracité. Mon principal problème, en revanche, c'est la capacité de mon cerveau à divaguer. Regardez par vous-même, je me suis déjà éloignée de mon sujet. Mon enfance, donc, à Bangkok. J'ai très peu vu mes parents durant cette période de ma vie. Ils se souciaient de moi lorsqu'il était question de performance scolaire, ou de mauvais comportements. J'avais très peu de mauvais comportements, m'adaptant à la norme. J'ai toujours été une personne s'adaptant énormément, jouant un rôle prédéfini. Pour être tout à fait honnête, j'en viens même à ignorer qui je suis réellement.

Peu importe. Un jour, j'ai eu dix ans. Et ce jour-là, on m'a dit que je devais déménager. Je n'ai pas eu mon mot à dire, et à vrai dire, je ne suis pas sûre que j'aurais protester si j'en avais eu l'occasion. Il était question d'une affectation de mon père sur le sol américain. L'occasion de s'installer en famille sur la Terre natale de ma mère. Je n'ai pas ressenti grand chose à l'idée de quitter la Thaïlande. Seulement un pincement plus ou moins fort, et fortement refoulé, lorsqu'il a fallu dire au-revoir à mes nourrices. Et j'ai déménagé à New York. Une autre grande ville, une culture singulièrement différente. Encore une fois, j'ai dû m'adapter. J'ai été scolarisée dans une école privée, hors de prix, où il a fallu que je m'intègre. Avec mes traits asiatiques, et ma maîtrise approximative de la langue de Shakespeare, j'ai vécu quelques mois difficiles. Des mois où j'avais la sensation d'être au zoo, mais de l'autre côté de la barrière. L’Éléphant enfermé derrière de grandes vitres, c'était moi, enfermée de l'autre côté de mon pupitre. Ou l'Autruche. Je n'ai jamais tant été une Autruche que lors de mes premières années à New York. S'adapter, toujours. S'approprier une culture qui n'est qu'à moitié la sienne, comprendre les us et coutumes du pays d'accueil. J'étais une immigrée dans un pays nationaliste. Fort heureusement, faire valoir le fait que j'étais à moitié américaine a été une force. Et, finalement, j'ai réussi à m'intégrer. À être comme les autres jeunes filles de mon âge, même si j'étais différente. Le cul coincé entre deux chaises, entre les filles populaires et les filles mises de côté. J'ai choisi la survie. Le milieu scolaire est comme un jungle. Les années ont passées, et je m'adaptais. Je m'adaptais aux soirées. Je m'adaptais aux premiers flirts. Est-ce que j'ai conscience de mon attirance romantique et sexuelle ? J'aimerais pouvoir dire que non, mais ce serait mentir. J'ai conscience que j'ai toujours plus regardé les femmes que les hommes. Et que les relations avec les hommes m'ont toujours mis mal à l'aise.

Mais s'intégrer, c'est parfois accepter de nier ce que l'on est. Et nier, c'est parfois plus facile. Alors j'ai nié. Et je continue à nier. J'ai eu des petits-amis, j'ai eu des amitiés de façade. Rien qui ne soit épanouissant. Si je devais faire le bilan de mon existence, celui-ci ne serait pas très glorieux. Et pourtant, je suis. J'existe. Et je continue d'exister. L'adolescence n'a été qu'une succession d'adaptation. Les soirées, les amitiés qui ne durent que quelques mois, les amours qui se résument à des coucheries sans plaisir. Il y avait mes lectures, mon obsession pour la philosophie. Un pansement sur une hémorragie, la philosophie. Une discipline qui m'a toujours donné l'illusion d'un sens à cette succession d'années qui forment une existence. La littérature, elle, est un refuge. Des plumes, des auteurs qui mettent en mots les tourments de ma propre existence. Lorsque fut arrivé le temps de choisir de quoi allait être fait mon avenir, j'ai saisi ma chance. Ma chance de m'éloigner de New York et de mes parents. La chance de m'éloigner du mensonge soigneusement tissé durant mon existence toute entière. J'ai choisi Arcadia Bay et sa prestigieuse université. Aucune difficulté à y entrer, mon niveau intellectuel et le porte-feuille de mes parents ont su être convaincants. Cette année est ma deuxième dans cette université. Et si je pensais que cela serait une solution à mon mal-être, le temps écoulé m'a donné tord. Rien n'a vraiment changé.

Les disparitions sont une simple distraction. Je sais que cela peut paraître particulièrement cruel de penser et de dire cela, mais c'est la réalité. Le monde ne cesse pas de tourner, mon esprit ne cesse pas de penser. Et qui sait ce que l'avenir me réserve ? Peut-être ai-je tord. Peut-être que ces disparitions seront le remède à mon spleen. La goutte qui redonnera vie à l'arbre de mon existence.

Bienvenue et félicitation pour ta validation tu peux désormais aller flooder comme il se doit, voter aux topsites (et passer faire un tour quand tu le voudras sur PRD et Bazzart poster un petit message gentillet sur le forum, si tu trouves quelque chose de bien choupinou ou non à dire ) Voici les liens que tu devrais consulter pour mieux t'intégrer dans la communauté d'Arcadia Bay et partout sur le forum

Tu peux donc te créer des réseaux sociaux en cliquant par ici, te faire un cercle d'amis, demander des liens et te faire quelques ennemis aussi en cliquant par là et en effectuant quelques demandes particulières pour ton personnage !

Tu devras passer par ici pour répertorier ton pseudo ainsi que ton avatar, et tu pourras même t'inscrire (ou même créer) à un club ou une association en allant par là !
Nous t'invitons également à venir répertorier ton métier ici ou bien, si tu es étudiant, vient donc nous dire quel est ton cursus et ta spécialisation juste là !

Pour finir, si tu veux créer ton scénario ou un ou plusieurs pré-liens, il te suffira d'y accéder en allant ici si tu es perdu, n'hésite pas à contacter l'un des admins qui se fera un plaisir de t'aider ! Amuse toi bien parmi nous !