La nature réunie les âmes semblables

Il se met à neiger.

Le membre 'Tobanga' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

---

'Le temps' :

Alors qu’elle tentait de démêler le vrai du faux de mes propositions, je scrutais le visage de Sarah. Le front plissé, on pouvait presque voir se matérialiser l’arbre mental des hypothèses qu’elle émettait dans son esprit. Après quelques minutes de réflexion, elle me délivra ses réponses.

« Ah… c’était presque un sans faute jusque-là. Mais malheureusement, je suis incapable de jouer de la harpe. Qu’est-ce que j’aimerais pourtant… » lui dis-je en souriant malicieusement.

Puis ce fut à son tour d’énoncer ses trois propositions, deux vraies et une fausse. Mon hésitation portait sur « je suis thé » que je n’avais pas vraiment compris et le fait qu’elle n’avait jamais lu Roméo et Juliette. Après tout c’est un classique, mais elle suivait un cursus de Lettres modernes. Tandis que je réfléchissais intensément à quelle proposition j’allais déclarer fausse, elle poursuivit :

« Et je ne sais pas comment l’interpréter… Peut-être que le Tobanga a ressenti des mauvaises ondes de je-ne-sais-quoi et a voulu nous prévenir d’un danger ? C’est pas très positif mais vu comment il s’est énervé c’est tout ce que je vois. Ce serait quoi ton hypothèse ? Ou tes ? »

Son hypothèse sur l’étrange phénomène dont nous venions d’être témoins était intéressante. En effet, la réaction du totem avait été tout sauf paisible ou rassurante. Un présage d’un danger imminent ? Peut-être… On ne pouvait être sûrs de rien ces temps-ci. Soudain, au moment même où je m’apprêtai à lui répondre, il se mit à neiger.

Un flocon de neige tombé sur le bout de mon nez m’en fit prendre conscience. Oubliant l’invraisemblance évidente de ce qui était en train d’arriver, je contemplais la beauté de la scène. C’était un spectacle magnifique et édifiant. Ce qui captiva le plus mon attention étaient les petits détails peu discernables. Tous ces délicats petits flocons de neige qui entamaient leur inexorable chute de l’empyrée jusqu’au sol, qui en quelques minutes se trouva vêtu d’un doux gilet immaculé.

Presque simultanément, une brise légère s’était levée. Était-ce bien réel ? Ce véritable tableau semblait sortir tout droit d’un songe. Et pourtant, la neige à l’apparence onirique était bel et bien réelle. On pouvait la toucher, la sentir et frissonner par le froid qu’elle apportait.
Mon regard se détourna du paysage et se concentra sur la jeune aux cheveux d’ébène.

« Oulah , je crois que j’ai été légèrement déconcentrée par ce qui vient de se passer… Du coup, je dirais que tu n’as effectivement pas lu Roméo et Juliette. Et pour revenir au Tobanga, je crois, comme toi, qu’il voulait nous avertir d’un danger potentiel mais est-ce que ce serait la neige ? J’ai du mal à le croire… Peut-être que la neige est un autre signe avant-coureur. Tu te rends compte ! Il neige alors qu’on est si proches de l’été. C’est vraiment très étrange mais… excitant aussi ! Comme si on devait résoudre un mystère, tu ne crois pas ? »

Mon ton était passé d’hébété à enthousiaste en quelques secondes. Je devenais aussi absurde que cette situation. La neige continuait à tomber et, étant habillée en vêtement de début d’été, je commençai à frissonner. J’étais en train de vivre le jour le plus singulier de toute ma vie.