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A trip down memory lane feat. Teddy Scott

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Dim 21 Avr - 21:10
Elijah Holtz
Poulet-Spartiate
Elijah Holtz
Messages : 852
Localisation : Arcadia Bay
Emploi/loisirs : Professeur de cinéma

Journal perso
Ardoise (dortoirs):
Nous en avions parlé, nous l’avons fait. Fraîchement débarqués sur le sol allemand, mon petit-ami et moi profitions de notre semaine de vacances sans regarder à la dépense. Inutile d’être économe quand nous en avions les moyens et puis… ce n’était pas tous les jours ! En réalité, c’était même notre premier voyage de cette ampleur que nous faisions ensemble. Le vol avait été interminable, il s’en était fallu de peu pour que Teddy me supplie de lui faire un massage du postérieur (au Diable la décence !), mais nous nous en étions sorti indemnes. À moitié groggy mais sains et saufs. Le décalage horaire nous avait assommé, ainsi, notre première nuit était comparable à un concours de ronflements à en faire trembler les murs. Depuis, nous étions comme des piles électriques rechargées à l’énergie solaire. Le temps était radieux, aucune embûche ne se dressait sur notre chemin (en-dehors de la fois où nous nous étions perdus de vue en plein cœur du marché de Pâques – après ça, nous ne nous lâchions plus d’une semelle, le musicien s’agrippant à moi comme à un gilet de sauvetage si nécessaire) et je gérais plutôt bien le choc de mon retour. Car oui, je n’y étais pas insensible. À vrai dire j’étais même plutôt terrorisé si j’y portais trop d’attention.

Terrifié à l’idée de confronter mes parents, horrifié à l’idée que des forces de l’Ordre sous leur joug m’embarquent sans crier gare et angoissé par tous les souvenirs qui remontaient à la surface. Heureux ou non. Malgré les années, je n’avais jamais réellement fait mon deuil ni tourner la page. Auquel cas ce ne serait pas tant douloureux. Mais je tenais bon. Au risque de paraître mièvre (la blague, je le suis toujours !), être en compagnie de l’artiste me permettait de tenir le coup. Sa seule présence était un soutien sans faille. J’avais conscience qu’il se faisait du souci pour moi dès que mon regard paraissait distant ou que je restais muet un instant. Il ne m’affligeait pas automatiquement d’un pénible « ça va aller ? », non. Il me déposait un bisou sur la joue, me caressait dans le dos ou me prenait par la main. Et c’était suffisant pour me ramener auprès de lui. Comme par magie. Si c’était glamour, je l’aurais comparé à une ancre. Qui plus est… Comment est-ce qu’une ancre pourrait jouer du ukulélé ou se balader en trottinette ? Définitivement pas la bonne métaphore.

Deux jours après notre arrivée, nous avions parcouru Berlin, foulé ses rues et visité ses monuments historiques et nous rapprochions de notre prochaine étape principale : Stuttgart, ma ville natale au sud du pays. Teddy avait été surpris de la découvrir si verte, habitée de vallées, parcs et collines sans jamais paraître s’arrêter. J’en profitais pour lui délivrer des anecdotes qui ne m’avaient pas quittées. De la reconstruction presque intégrale du centre-ville après les bombardements destructeurs de la seconde Guerre mondiale aux détails les plus insignifiants de ma vie comme : « c’est sur ce banc que j’ai embrassé ma première copine ! ». A trip down memory lane. Il m’était difficile de me déclarer « nostalgique » de cette époque vu ce qui se déroulait, dissimulé aux yeux de tous. Et puis… J’étais plus heureux que jamais depuis mon arrivée à Arcadia Bay. Mais je ressentais de l’émotion. Difficile à définir exactement mais elle était bien présente.

Je tentais de recapturer toute la beauté des lieux autant pour adoucir mon souvenir que pour la dévoiler à mon compagnon. Parmi nos visites : le jardin zoologique et biologique Wilhelma dans toute sa splendeur, Schlossplatz et son château, la place Schillerplatz et le quartier des Haricots. Sans parler de notre hôtel thématisé sur le monde de l’automobile ! Il avait été difficile de ne pas rigoler dans notre lit représentant une voiture. Il ne manquait plus qu’une vitre et nous aurions pu reproduire une scène à la Titanic.

Mais aujourd’hui, l’humeur était bien plus glaciale car si nous désirions retrouver la famille de Sylvanus le lendemain nous devions tout d’abord nous confronter à ma famille. Il m’aurait été possible d’éviter cela. Ce n’était pas une obligation. Mais je ne pouvais pas continuer de fuir en permanence et… je souhaitais avoir des réponses à fournir à Alec concernant l’assassinat de ses parents. Par où commencer ?

- Bonjour. Est-ce que Lisabeth et Winfried sont disponibles ?

Par là apparemment. Je me tenais devant la portée d’entrée de la résidence Holtz, face à l’une de leurs employées. C’est ici qu’ils résidaient la majorité de l’année, un appartement de luxe à deux étages tape-à-l’œil aux mètres carrés à n’en plus finir. Ce n’était rien comparé aux quelques maisons de vacances qu’ils possédaient ici et là en Europe. Inutile de trop s’arrêter là-dessus, j’étais déjà embarrassé de devoir affiché leur fortune à mon petit-ami.

- Et qui dois-je annoncer ?

- Leur fils. Elijah, répondis-je après un instant d’hésitation.

À en voir la stupéfaction sur son visage, il ne s’agissait pas d’une arrivée à laquelle elle s’attendait. N’était-ce pas que je n’avais jamais été mentionné ou tout simplement car la femme connaissait une partie de l’histoire (celle qui flatterait ses employés sans nul doute) ? Après nous avoir fait signe d’attendre, elle se retira à l’intérieur en fermant derrière elle. Silence. Mon cœur battait la chamade, menaçant de partir se balader en solo. Je m’apprêtais à prendre mes jambes à mon cou lorsque je sentis les doigts de Teddy se mêler aux miens. Je le regardais, lui adressant un sourire bref mais sincère. Il me prouvait pour la énième fois que je pourrais éternellement compter sur lui pour être près de moi en cas de besoin.

Le visage suivant à s’afficher face à nous fut celui de… ma mère. Plusieurs secondes s’écoulèrent au cours desquelles nos yeux ne se quittaient pas, sans qu’aucune parole ne soit prononcées. Nos visages étaient impassibles, impossible à décrypter comme si nos cerveaux s’étaient tout simplement arrêtés. Tellement de colère nous habitait ! Et… du regret ? Est-ce que cela serait possible ? Ses lèvres tremblèrent tandis qu’elle essayait d’articuler sa pensée. Elle finit par se raviser pour ne jeter qu’un simple « Entrez » tout en se mettant de côté. J’acceptais en hochant la tête, ne lâchant toujours pas le musicien. Cette entrée… Je me revoyais encore y passer en éclair avec un simple bagage sur le dos avant de claquer la porte à ce premier chapitre de ma vie. La décoration était si raffinée qu’elle en paraissait froide et aseptisée. Le portrait nous représentant tous les trois avait été décroché pour une peinture de je ne sais quel peintre sûrement bien trop payé pour son talent. Un peu plus loin, au pied de l’escalier, se tenait mon père, droit comme un « i ». Oui, ça promettait d’être une partie de plaisir. Il se rapprocha lentement de nous, se posta devant moi et me décrivit longuement d’un regard perçant. J’étais sur mes gardes, comme prêt à recevoir un nouveau coup de sa part comme j’avais si longtemps été habitué. L’incompréhension se lu sur mon visage quand il me tendit sa main en guise de salut. Était-ce un piège ? Je m’attendais presque à ce qu’il dissimule dans sa paume un objet qui m’électrocuterait ou je ne sais quelle babiole qui causerait mon trépas. Je finis par lâcher celle de Teddy pour me saisir de la sienne. Rien ne se produisit. J’étais toujours debout en pleine santé. Je commençais à baisser ma garde plus en réponse à ma perplexité qu’à une quelconque confiance lorsqu’il s’intéressa enfin à celui qui m’accompagnait. Je le surveillais, prêt à lui sauter dessus à la moindre indélicatesse de sa part. Mais il n’en fut rien. Un comportement poli sans chichi. Dingue. Enfin, il prit la parole. Entendre sa voix me glaça. Pas que son ton était froid, juste… J’avais l’impression d’être de retour dans la peau de mon moi adolescent.

- Vous êtes… ?

Oui, je n’avais pas eu le droit à ses premiers mots mais c’était difficilement un honneur pour le brun. Sûrement était-il aussi muet me concernant que ma mère. Aucun d’entre nous ne savaient que faire ou dire. C’était embarrassant au possible. Cette dernière sembla subitement se réveiller puisqu’elle nous invita à rejoindre le salon où j’occupais alors le canapé en compagnie de l’américain. J’optais pour une boisson fruitée sans alcool faite maison. Au moins, j’aurai de quoi occuper mes dix doigts. Ce fut à nouveau à son tour de parler, choisissant de me demander où j’en étais aujourd’hui. Oui, les fameuses banalités étaient préférables à un règlement de compte sanglant. Je n’étais ni triste, ni heureux d’être là. Mes émotions étaient toujours en berne si ce n’est une méfiance constante. Et si leur donner trop d’informations me retomberait dessus ? Non. Leur influence ne s’étendait pas jusqu’aux États-Unis. S’il devait m’arriver quelque chose, ce serait dans ce pays.

- Je donne des cours de cinéma dans une Académie privée en Amérique depuis la rentrée dernière. Je n’aurais pas pu imaginer mieux, rajoutais-je comme un coup de poing à l’avenir qu’ils me destinaient depuis mon enfance. Teddy est d’ailleurs l’un de mes collègues.

- Et quelle est votre spécialité ? demanda mon père, résigné semblait-il à ne pas me parler pour l’instant.
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Ven 17 Mai - 23:27
Teddy Abolick
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Emploi/loisirs : Régisseur

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Ardoise (dortoirs):
Je n’avais pas souvent quitté les Etat-Unis, j’étais déjà allé au Canada, mais en Allemagne ? Jamais. Autant vous dire que j’étais stressé. Mais sûrement pas autant que Elijah. Il fallait le comprendre aussi, ça faisait des années qu’il n’avait pas remis les pieds dans son pays natal. Et j’imagine qu’il y avait un mix d’excitation, mais aussi de peur à cause de ses parents. Je n’étais pas forcément doué pour ça, mais je faisais de mon mieux pour le rassurer. Il fallait le comprendre aussi il n’avait pas une famille aussi cool que la mienne - qui n’était pas parfait, hein - mais celle de Eli, du peu que j’en savais… C’était chaud.

Heureusement, les premiers à Berlin se passèrent merveilleusement bien, avec les trajets, les visites, le fait d’être ensemble aussi, c’était facile d’oublier ce qui allait arriver pour juste vivre au jour le jour. Je n’avais de cesse de venir m’accrocher à Eli, de venir le taquiner, un peu comme si j’avais peur qu’il m’oublie. Je savais que ce n’était pas le cas, c’était surtout ma façon de lui rappeler que j’étais là pour le soutenir et pour lui changer les idées quand je commençais à voir qu’il se perdait un peu trop dans ses pensées. Puis avec ma curiosité naturelle, sortir avec moi, c’était comme promener un gosse de cinq ans, qui va poser des questions toutes les trentes secondes.

Toutefois, ce petit jeu ne pouvait pas durer éternellement non plus. La prochaine étape était Stuttgart, Elijah était le guide parfait. Il avait toujours des anecdotes sur tout, c’était adorable. Et le gamin de cinq ans que j’étais, n’en était que comblé. Même si je me serais peut-être passé de quelques histoires sur ses ex… Mais c’était qu’une raison de plus pour le taquiner avec ça. Stuttgart était une ville magnifique. Sérieusement, ça changeait des Etat-Unis, c’est sûr. Je comprenais mieux l’engouement que les gens avaient pour l’Europe à présent. Je sais pas si je pourrais vivre au quotidien ici. Quoique si Eli était à mes côté, je pense qu’on pourrait vivre dans une cabane au milieu d’une forêt que j’en serais tout aussi heureux.

Bref, tout ça pour dire que le jour était arrivé. Merde, je crois que je n’avais jamais vu Eli dans un état pareil. J’aurais aimé avoir une meilleure comparaison mais il y a rien d’autre qui me vient alors : il était tendu comme un string. Et sérieusement, je le comprenais, rien que d’arriver devant la maison des Holtz, ça foutait les miquettes. C’était quoi ce bâtiment énorme ? Elijah sonna à l’entrée et ce fut une sorte de majordome au féminin (si ça existe) qui ouvrit la porte et qui demanda qui nous étions. Elle fut étonnée d’apprendre qu’il s’agissait du fils Holtz qui était de retour. En même temps, depuis combien de temps Eli n’avait pas mis les pieds ici ?

Il n’y avait pas grand chose que je puisse faire, si ce n’était attraper la main de Eli et la serrer dans la mienne en guise d’encouragement. Apparemment, ce geste suffit à la convaincre de passer le pas de la porte et d’attendre là où l’employée nous l’avait indiqué. Enfin je crois. Mais Eli connaissait la maison à priorit, il devait savoir. J’en profitais pour me pencher vers lui :

- Ca ressemble à une maison de vilain de dessin animé, t’en a bien conscience ?

Je m’attendais presque à voir l’affreuse belle-mère de Cendrillon débarqué et AAAAH ! J’avais pensé trop fort, mon voeu c’était réalisé ! Bon d’accord, la mère d’Elijah n’était pas si affreuse. Au contraire, elle était belle, mais elle avait l’air tellement stricte et pas heureuse d’être là. Ca allait vraiment être un moment sympa en famille tient ! Nous suivîmes les instruction de belle-maman pour entrer dans une autre pièce où se tenait beau-papa. Je vous jure on se serait cru dans un James Bond avec le méchant qui nous attend pour faire son discours de super vilain… C’était trop flippant. La tension était tellement palpable qu’on aurait pu la manger à la petite cuillère.

En temps normal, j’aurais fait une blague. Sur l’allure de ses parents, sur le tableau de la famille accroché au mur… Mais j’avais rien qui me venait et j’avais surtout peur de m’en prendre une ou une connerie du genre. Elijah lâcha ma main pour serrer celle de son père. Ce dernier brisa le silence. Même pas un salut, juste pour me demander qui j’étais. Et con comme j’étais, je lui répondis en souriant :

- Bonjour, Teddy Scott, heureux de faire votre connaissance Mr et Mrs Holtz.

Je m’étais retourné pour lancer mon sourire à la figure de belle-maman. BIM ! 1à point de dégât ! Hahaha ! Non sérieux, ils étaient juste en train de penser que j’étais débile maintenant. Nous arrivâmes alors dans le salon. Tous installé, avec des verres devant nous, Mr. Holtz interrogea enfin son fils sur ce qu’il devenait. Elijah leur répondit et je sais pas pourquoi, j’étais ultra fier de lui soudainement, encore plus qu’avant, et je m’attendais pas trop à ce qu’on parle à nouveau de moi.

- La musique ! Je suis professeur de musique…

Un peu trop d’enthousiasme mal dosé. En même temps, je n’avais pas l’habitude de se genre de situation, vous êtes marrant. Mrs. Holtz lâcha une sorte de petit soupire/bruit en guise de réaction. Mais je n’arrivais pas à savoir si c’était une bonne chose ou non plus. On me demanda alors quel genre de musique.

- L’objectif, c’est de donner à mes élèves des bases solides en musicologies pour progresser dans leur pratique instrumentale et leur éventuels projets de composition. Donc, on fait un peu de tout, en partant des inévitables classique, du solfèges et après, on évolue et étudions des sujets un peu selon leurs besoins et envies.

Ah oui, je n’étais pas très pédagogue. J’avais pas propre façon de suivre le programme. Mais jusque là, personne ne s’en était jamais plaint. La conversation tourna autour de la musique pendant un moment. Il faut dire qu’une fois que j’étais lancé...
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Sam 18 Mai - 15:14
Elijah Holtz
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Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
Heureusement que j’avais mon propre gamin de cinq ans à mes côtés pour me fournir la dose de courage nécessaire à mon entreprise. Quoique cette métaphore n’est pas super appropriée lorsqu’elle vient de moi. Je veux dire… Vive l’illégalité quoi ! Bref, tout ça pour dire que sans la tendresse et l’humour de Teddy, je n’aurais jamais osé franchir le pas. Me voilà en train de rire à sa réplique, lui murmurant d’attendre de voir les propriétaires des lieux pour avoir le tableau complet. Il ne risquait pas d’être déçu. Une maison de vilains de dessin-animé, habitée par des vilains. On pouvait difficilement faire mieux. Je lui offrais l’inspiration derrière chaque méchant Disney. Enfin… Disons que cela aurait pu être le cas. C’est pour cela que, si l’acte n’avait aucune chance de passer pour de l’indécence, nul doute que je l’aurais porté contre moi tel une peluche, mes bras l’entourant pour l’empêcher de m’être arraché. Rien de tel pour me sentir en sécurité. Le mythe assurant qu’être en compagnie de notre moitié nous rendait indestructible était sur le point d’être testé brutalement maintenant que nous faisions face à mes deux parents. Silence. Gêne. Sentiments conflictuels m’ordonnant de les frapper tout autant que de garder mon calme. Je m’en voulais de faire subir ça au musicien. Il avait tenu à m’accompagner mais peut-être aurais-je dû tenter de l’en décourager davantage. Dans ce scénario, j’étais très loin d’être à mon avantage. Il devait me trouver fragile, ratatiné, à des années-lumière de l’image de « prince charmant » qu’il s’amusait parfois à m’attribuer. Et sans même parler de ça… Tout ce que je recherchais était de le rendre heureux. Pas de faire de lui un témoin et surtout un participant de cette torture. Venais-je de commettre une erreur ? Me le reprocherait-il si nous nous en sortions vivants ?

Aucune référence ne fut faite concernant le lien nous unissant lui et moi. Il faut dire que les interventions étaient minimales et mon père faisait tout pour éviter la confrontation directe. Il voyait Teddy comme un moyen de se montrer hospitalier, de paraître pour un chic type. Il lui faisait la discussion en faisant mine de m’oublier dès lors que nos mains se furent quittées. Lâche et manipulateur. Visiblement, mon vieux n’avait pas changé d’un iota. À l’exception qu’il ne risquait plus de lever la main sur moi. En l’examinant, je cru percevoir une cicatrice très légère là où je l’avais frappé pour la seule et unique fois. Au moins, il en avait un souvenir dès qu’il s’admirait dans la glace. Pas mal. J’appréciais le coup du sort. L’enseignant se présenta avec une bonne humeur dénotant complètement avec l’ambiance qui régnait dans la pièce. Sûrement la forçait-il, mais -bon sang !- qu’est-ce qu’un semblant de joie était apaisant. Cependant, je le connaissais comme ma poche. Il devait mourir d’embarras depuis la seconde suivant son intervention, se qualifiant de « stupide » ou autres balivernes car il ne se sentait pas en accord avec cet univers. Mais je n’étais pas le seul à pouvoir compter sur le soutien de l’autre.

- Teddy est mon… Nous sommes ensemble, conclus-je tout en glissant ma main droite dans son dos après hésitation.

Je voulais prouver que je l’assumais malgré leurs croyances et, si nos adversaires en doutaient encore, maintenant ils étaient fixés. Jamais je n’aurais pu fournir une plus belle preuve d’amour au garçon car, si c’était une étape relativement simple pour certains, la situation ici était très périlleuse. Ma mère étira un faux sourire tandis que la lèvre supérieure de mon père trembla légèrement. Aucun d’eux ne se prononça si ce n’est pour un « Félicitations ! » maternel qui, étrangement, m’amusa. J’espère que je n’envoyais pas le mauvais message. Du genre… une revanche mal placée dont le brun ne serait qu’un pion. J’avais beau être fucked up parfois, cela n’avait jamais été mon intention. Disons que leurs grimaces n’étaient qu’un bonus.

Cela parut être l’élément déclencheur puisque nous fûmes ensuite invités à rejoindre le salon et ses souvenirs. Je déglutis en me retrouvant physiquement plongé dans ce passé sinistre, remarquant les quelques changements opérés depuis. J’avais été invisibilisé. Haine ou regrets ? Les deux peut-être si je me montrais optimiste. Nous en arrivions aux banalités du « Que faites-vous dans la vie ? » qui nous évitaient de nous crêper le chignon pendant un temps. Mon père en profita pour entretenir son intérêt envers mon petit-ami, continuant de s’immiscer dans son existence en récoltant le plus d’informations possibles. Et s’il était sincèrement intéressé ? Difficile pour moi de le percevoir autrement qu’en conspirateur diabolique. Je manquais clairement d’objectivité. J’étais à deux doigts de croire que le couple nous retenait jusqu’à l’arrivée de notre bourreau. Victime d’une paranoïa aiguë, bonjour. En parallèle, la machine Scott était lancée. Il prenait toujours un énorme plaisir à discuter de son travail et, même en cette charmante compagnie, son enthousiasme ne faiblissait pas. Il avait le don de s’extirper de tout malaise avec une telle facilité ! En cet instant, je le trouvais plus merveilleux que jamais.

- J’espère que votre motivation a déteint sur Elijah. Il a toujours été une calamité en musique malgré ses cours, rappela mon père d’un ton qui me laissa dubitatif.

Était-ce de la douce moquerie ou une attaque pure et simple ? J’optais pour mon premier instinct qui me fit répliquer crûment :

- J’étais probablement trop sonné pour intégrer quoique ce soit.

Je laissais apparaître un sourire ironique et cruel, faisant une référence plus qu’évidente à son ancien hobby, puis portais la boisson à mes lèvres comme si de rien n’était. Ok, j’aurai pu l’éviter celle-ci mais j’avais été sa victime bien trop longtemps pour laisser ce rapport de force se réinstaller. Si je ne m’affirmais pas dès maintenant, Winfried se ferait un plaisir de m’écraser. Déjà, il me testait. J’en étais persuadé. L’adulte me fixait tout en tapotant sa tasse de l’index, muré dans son silence. Venais-je de blesser sa fierté ? Heureusement, sa femme profita de ce silence pour se manifester. Réparer les pots cassés était dans ses cordes. Elle avait toujours préféré cela à s’interposer.

- Teddy ! Voulez-vous bien m’accompagner ? J’aimerais vous montrer quelque chose.

Je fronçais les sourcils, suspicieux et me levais à leur suite. Pas question que je le laisse seul. Sans parler du fait que rester en tête-à-tête avec mon géniteur n’était pas l’idée du siècle actuellement. Nous la suivîmes donc, montons à l’étage supérieur. Je profitais qu’elle nous tourne le dos pour passer mon bras derrière son cou et lui poser un baiser sur la joue.

- Ça va ? demandais-je inquiet, dans un murmure.

Question stupide. Comme s’il allait me répondre que c’était la meilleure fête de sa vie ! Nous continuions d’avancer, me rappelant l’immensité des lieux pour un appartement qui n’en avait que le nom. Mon ancienne chambre n’était pas si loin, mais je doutais que la visite guidée s’y arrêterait. Une poignée de secondes plus tard et mes circuits s’étaient reconnectés. Évidemment. Bien joué. Elle savait comment l’appâter. Un instant après et nous nous trouvions dans la salle de musique dans lequel traînait un nouveau -d’aussi loin que je le sache- piano à queue Yamaha resplendissant. Vous savez ? Le genre qu’on ne voit que dans les films si vous n’êtes pas millionnaire ? J’ignorais si mon homme avait un jour eu l’occasion de jouer sur un matériel aussi haut de gamme. Cela ne m’était jamais venu à l’esprit que de lui demander. Un musicien l’aurait fait ? Typiquement le genre de hantise qui me faisait craindre qu’il puisse un jour me reprocher de ne pas m’intéresser suffisamment à lui. Je n’y avais juste jamais pensé… Les murs n’étaient pas décorés d’instruments, de vinyles et autres objets caractéristiques typiques. Nous restions dans le même genre d’atmosphère luxurieuse et un brin stérile que précédemment si ce n’est pour le canapé particulièrement cosy qui trônait non loin de là. Idéal pour composer ou pour admirer. Plusieurs guitares et basses étaient disposées, ainsi qu’une batterie. Toutes bien trop onéreuses pour quelqu’un du talent de mon père. Le tout baignait dans une luminosité extraordinaire due à l’immense ouverture donnant sur la cour extérieure.

- La pièce est entièrement insonorisée. Si vous voulez nous faire l’honneur…, proposa-t-elle en écartant les bras en direction du piano comme le ferait une présentatrice de Téléshopping un peu zélée.

Devais-je intervenir ? Refuser sa proposition ? Ou bien Teddy se sentait-il suffisamment en confiance pour jouer le jeu ? Peut-être même était-il plus excité qu’angoissé à l’idée d’improviser de la sorte ? Au pire, il avait toujours des feuilles de partitions posées sur l’instrument. En espérant qu’ils ne s’attendaient pas à du Mozart ou du Beethoven. Ce n’était pas vraiment son style musical. Oui, j’étais dans la plus grande des incertitudes actuellement. Au cas où, je tentais de lui offrir une bouée de sauvetage tandis que notre quatuor était à nouveau réuni.

- Ne te sens pas obligé. Pas de pression. Je suis sûr que ma mère se fera un plaisir de nous faire partager ses talents si tu n’es pas d’attaque.

Si ça se trouve, je flippais plus que lui je vous jure. Pour le coup, je doutais que ma génitrice soit mal attentionnée. Cette dernière avait trouvé le moyen d’arranger la situation avant qu’elle ne parte totalement en vrille, tout en intégrant mon compagnon. Bien joué, je devais le lui reconnaître cela. Il ne manquait plus qu’à déterminer la réaction du principal concerné.
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Sam 25 Mai - 1:23
Teddy Abolick
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Teddy Abolick
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L’ambiance était tellement froide. Pourtant c’était le printemps, hein ! Et on avait eu une belle météo jusque là. Mais les paroles échangées, les regards. C’était à croire que les parents d’Elijah n’avait pas la moindre once de joie à l’idée de retrouver leur fils. Mrs. Holtz faisait clairement des efforts. Et si vous voulez mon avis, je crois que si elle était froide, c’était parce que son mari l’était et elle ne voulait pas “sortir du rang”. Mais je crois qu’elle était vraiment bouleversée de revoir son fils et heureuse pour lui ? Mmh, c’était difficile à dire en vrai. En tout cas, ils parlaient super bien anglais tous les deux, c’était cool pour moi.

Bon au moins Elijah avait été clair sur notre relation. Je pense que ses parents n’étaient pas bête, qu’ils se doutait bien que leur fils n’allait pas se pointer à leur pote des années après avec un clochard qu’il venait de rencontrer dans une rue quelques minutes plus tôt. Bon, c’était peut-être pire pour eux que ce mec aux allures de clochard, ressemble à un clochard par choix, déjà d’une. Et de deux, et bien, qu’il partage la vie de leur fils quoi. Mais bon, il n’y eut pas de commentaire à ce sujet, alors j’imagine qu’on pouvait voir ça comme une victoire. Après tout, qui ne dit mot consent, n’est-ce pas ?

Je sais pas trop quel était le plan d’attaque des Holtz, mais beau-papa avait visiblement jeté son dévolu sur moi et enchaînait les questions sur la musique. Tout ça pour en conclure qu’il aurait aimé qu’Elijah soit plus intéressé et doué dans ce domaine. Mr. Holtz avait l’air désespéré en disant ça. Je crois qu’il cherchait vraiment à mettre Eli hors de lui. Personnellement, je préférai ne pas me prendre la tête, enfin, vous me connaissez. Je tournais la tête vers mon blond qui répondit à son père avec une autre réplique cinglante. C’était dur ça… Du coup, je tentais une réponse à ma sauce, pourquoi pas, hein ?

- Mmh, du peu que j’en aie entendu, je crois qu’il fait des progrès. Mais que voulez-vous, il fallait bien qu’il aie un défaut.

Et ouais, je venais de dire à Mr. Holtz que je trouvais son fils parfait. Prend ça dans les dents daddy ! J’en profitais même pour faire un clin d’oeil rapide à Elijah. Et en plus je me permet de flirter devant eux. Enfin, il fallait pas s’emballer, c’était qu’un clin d’oeil, rien de bien méchant. Mais je sais pas, je prenais un malin plaisir à essayer de jouer avec les nerfs de mes interlocuteurs. Puis je me disais que ce genre de petits détails pourraient aider Eli à se détendre un peu.

Sincèrement, je n’aimais pas voir mon petit-ami comme ça. Je sais que c’était pas évident pour lui de se retrouver dans cette position. Mais je n’avais pas l’habitude de le voir aussi amère et tranchant. Dans un autre contexte, j’aurais peut-être pu trouvé ça sexy, mais un peu de tenu quand même.

C’est belle-maman qui brisa le silence qui s’était installé. Apparemment elle voulait me montrer quelque chose ? Je sais pas si je devais être content ou avoir peur. J’adressais un regard à Elijah du genre “help me!” et il dû comprendre ma détresse parce qu’il nous suivit vers la direction mystérieuse que nous indiquait sa mère. Puis je vous avoue, vu les échanges précédent, je n’aurais pas été très serein de laisser Eli tout seul avec son père. C’était un truc à ce qu’on retrouve du sang sur les murs. Et merde, des tapis à ce prix là, ce serait bête de les souillés de la sorte quoi.

L’avantage de cette situation aussi, c’est qu’elle laissa un instant à Eli pour venir m’embrasser sur la joue et me demander si ça allait bien. Je lui répondit par un petit sourire et un hochement de tête, avant de lui murmurer en retour :

- Et toi ?


J’étais pas comme un poisson dans l’eau. Cependant, jusque là, je trouvais qu’on s’en sortait bien. Je crois que les parents Holtz n’avaient pas grand chose contre moi. J’avais l’impression que pour le moment, je leur offrais surtout une raison pour ne pas parler des véritables problèmes de famille. Ce qui me mettait dans une position assez délicate du coup. Cette affaire était une bombe à retardement. Mais tant que la bombe n’explose pas, on va pas se plaindre, si ?

Nous finîmes par nous arrêter devant une porte. Cet endroit était tellement grand, comment ils faisaient pour s’y retrouver ? J’arrivais déjà à me perdre à Blackwell alors que j’y travaillais depuis septembre… Je vous laisse imaginer si je devais vivre dans un manoir pareil. Belle-maman ouvrit la porte et je vous jure, que pendant un instant j’avais arrêter de respirer. Il s’agissait d’une salle de musique. Mon élément. Un refuge, que dis-je un temple ! Je rentrais doucement, en essayant de canaliser mon excitation à la découverte de cette salle. Je vous jure, j’avais l’impression d’être une de ces personnes dans les émissions où on redécore leur maison pendant leur absence et après on filme leur réaction face au résultat.

Cet endroit, c’était Disneyland pour moi. Des instruments de qualité dans tous les coins. Et un piano à queue. On parle de ce piano ? Eli devait être mort de rire intérieurement, il devait trèès bien savoir ce qui se passait dans ma tête à ce moment là. Mrs. Holtz m’invita à leur faire part de mes talents et c’était tout ce que j’attendais. Je m’approchais du piano, effleurant ses touches du bout des doigts et murmurai :

- Il est magnifique…


J’allais sûrement passer pour un psychopathe, mais who cares? Je frissonnais d’avance, rien qu’à l’idée du son magnifique de ses touche. Par Chopin, j’espérais qu’il était accordé. Sinon quelle honte ! Ca mériterai une malédiction sur plusieurs génération ! Quoique, non, c’est pas un bon deal de maudire les parents de Eli sur plusieurs génération. Ce serait un peu comme maudire mon propre avenir du coup. Et je crois que j’avais déjà un karma assez pourris comme ça.

J’écoutais à peine Elijah, j’étais bien trop subjugué par l’instrument sous mes yeux. C’est bon, j’étais parti dans une autre dimension et j’étais loin. Mais j’avais quand même entendu les paroles du blond. Cela pris quelque seconde à mon cerveau pour les comprendre, mais je me levais la tête avec un sourire radieux vers belle-maman, soudainement, elle était devenu ma meilleure amie, tu sais :

- Vous êtes musicienne aussi ? On peut jouer ensemble si vous voulez !

Pourquoi faire l’un après l’autre, quand on pouvait jouer à deux ? Visiblement, mon idée ne plaisait pas trop à Mrs. Holtz. Elle déclina ma proposition en disant qu’elle n’était pas particulièrement habituée aux quatre mains. Surtout que là, ce serait y aller à l’impro. Puis je crois qu’elle avait bien vu à quel point j’étais surexcité à l’idée de jouer sur ce piano magnifique. Je pris donc place en face du clavier. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais jouer. Je n’avais pas prévu grand chose, il faut le dire. Elijah s’attendait peut-être à une de mes compositions. Mais ces dernières était bien trop personnelles. Enfin, je ne me sentais pas de les jouer devant un tel publique. Devant Elijah, ça allait encore, mais je ne connaissais pas du tout sa mère.

Je me permis donc de feuilleter un peu les partitions que j’avais sous le nez. Des grands compositeurs classique. Mmh, je n’avais rien contre ces morceaux, mais c’était des trucs qu’on entendait partout. J’avais envie de varier un peu. Je pris un instant pour réfléchir avant d’afficher un sourire, heureux de mon idée. Summertime de Gershwin un classique aussi. Mmh, ok, classique du jazz, mais classique quand même ! Puis je sais pas, ce morceau avait une ambiance que j’appréciais, c’était un délice à jouer. Rythmé, mélodieux. Je ne me retournais même pas vers mon audience, le dos droit, les épaules détendues, je commençais à jouer. Après quelques accords, j’avais totalement oublié où j’étais avec qui. Je laissais juste la musique m’emporter.

Je pourrais jouer pendant des heures sans jamais m’arrêter, j’aimais tellement cette sensation et arrh ! C’est difficile à décrire, il faut vraiment le vivre pour le comprendre je pense. Après les dernières notes, je laissais échapper un soupire, satisfait. Pour ensuite affronter la réaction de mon audience.

- Je me suis peut-être un peu emporté, désolé. Si vous préférez vraiment rester au classique, je peux aussi vous jouer ça.

Je leur adressais un petit sourire timide. J’étais comme un gosse. Maintenant que j’étais lancé, ça allait être difficile de me faire quitter ma place. Allez, avec un peu de chance, ils auront même peut-être le droit à une de mes compo si c’est demandé gentiment.
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Sam 25 Mai - 17:19
Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
Avant de pénétrer dans l’Antre au Diable, je m’étais fait la promesse de ne pas créer d’esclandre en leur sautant à la gorge. Cependant, je ne m’étais pas interdit de rétorquer en usant de ma langue bien aiguisée à l’occasion. Mon père paya ainsi les frais pour sa provocation gratuite. Je lui prouvais que je ne prendrais pas de gants s’il m’y invitait bien que je préférais que cela reste cordial. Venir ici ne signifiait pas que je venais terminer ce que j’avais commencé en lui tambourinant le côté opposé du visage. Je comptais tourner la page en affrontant mes démons, que ce soit pour ne jamais les revoir ou faire la paix. Est-ce que le drapeau blanc était réellement une option ? Pourrais-je passer au-delà de la violence qui nous avait séparé ? Le bonhomme ne m’aidait pas à y voir plus clair avec son comportement ridicule. J’espérais l’avoir calmé, qu’il se contenterait de banalités innocentes à l’instar de sa femme. Cela valait mieux pour tout le monde, y compris pour Teddy qui se retrouvait dans la ligne de tir malgré lui. Difficile d’être à sa place. Il n’avait pas à devenir un instrument dans la guerre que nous avions engagés dès ma plus tendre enfance. Pourtant, à ma surprise, il décida de s’en mêler alors que rien ne l’y obligeait puisque la discussion semblait close. Moi qui pensais qu’il préférerait faire comme si rien ne s’était passé ! Non, il volait à ma rescousse avec une subtilité qui me fit retrouver ma capacité à sourire en coin. Mes muscles se relâchaient, libérés de cette tension qui les avaient assaillis.

Son clin d’œil. Témoignage de notre complicité indestructible même dans un moment où l’apocalypse menaçait de sonner à la porte d’entrée à tout instant. Je le lui rendis, même si mon premier instinct fut l’envie presque irrépressible de l’embrasser. Un peu de pudeur. N’abusons pas ! Si seulement je pouvais lui confier ma gratitude… Malheureusement, c’était impossible en leur présence. Je n’avais plus qu’à espérer qu’il parvenait à la lire dans mon regard. De nous deux, c’est bien lui qui méritait tous les compliments que mon vocabulaire avait à offrir ! En y réfléchissant, probablement n’appréciait-il pas ce qui se déroulait sous ses yeux et encore moins l’animosité avec laquelle j’avais répondu. Il n’y était pas habitué et cela devait le prendre de court. J’étais bien loin du Elijah lui murmurant des mots doux à l’oreille actuellement. Je détestais ce que j’étais devenu en aussi peu de temps tandis que je retrouvais mes vieux réflexes défensifs mais je n’avais pas le choix si je désirais me protéger. Nous protéger ? En réponse à son argument, mon paternel eut un petit rire non-dénoué d’une pointe de sarcasme mais il décida de laisser couler pour instaurer un silence de plomb dans la pièce. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il reconnaîtrait son fils comme étant un type exceptionnel !

Ma mère s’en sortait mieux. Plus en retrait jusque-là, elle parut inspirée par une de ses idées dont elle était décidée à garder le secret. Ce qui était source d’angoisse pour Teddy à en croire l’expression paniquée qu’il me lança dans une tentative discrète. Qu’il se rassure : je me fendrais la poire avec mon vieux d’ici à ce que je le laisse en sa seule compagnie. Là où mon petit-ami irait, j’irai aussi. Quoique c’était négociable pour les toilettes. Je doutais qu’un piège l’y attendrait du genre… Être aspiré par la chasse d’eau ou je ne sais quoi. Ils avaient beau être riches, je doutais qu’ils s’amuseraient à installer ce genre de mécanisme douteux. Puis ça ne valait clairement pas le coup si ce n’était pas un ticket gratuit pour le Ministère de la Magie. Ce fut sur ce scénario saugrenue que je me lançais derrière elle aux côtés du garçon. Je me contentais d’un baiser volé sur la joue alors que la tentation de le saisir par le col et l’entraîner dans une des pièces devant lesquelles nous passions était immense. Je devais toujours le remercier pour son implication je vous rappelle ! À la place d’accomplir ce geste je répondis tout simplement :

- Ça pourrait être pire.


Ce qui n’était pas complètement faux. En-dehors de l’altercation dans le salon, nous nous en sortions avec brio. Aucun coup n’avait été changé, les insultes étaient au placard et je n’avais pas mis le feu à l’appartement aux allures de manoir. Nous pouvions être fiers. Je m’interrogeais sur leurs sentiments exacts auxquels on me refusait l’accès. En particulier ceux de ma mère. C’était une femme diabolique à sa manière mais à la voir se « démener » pour instaurer une ambiance non-glaçante… Sans parler qu’elle accueillait le musicien à bras ouverts comme l’attestait sa surprise. Était-ce possible que de la joie se soit manifestée en elle en me voyant pour la première fois après douze années d’absence ?

Après avoir balayé la pièce des yeux dans un élan nostalgique, mes billes vertes se posèrent sur le musicien qui était comme pétrifié. Est-ce utile que de préciser que s’il y avait bien une maison en Allemagne qui devait abriter le Basilisk ce serait celle-ci ? Ses pas étaient hésitants, démontrant le tumulte qui devait résonner dans son crâne. Il ne s’attendait pas à un tel accueil en débarquant ici et je ne pouvais pas prétendre que je m’étais préparé à cela non plus. Si l’enseignant faisait un AVC de la faute de Lisabeth, nul doute que je déposerais une bombe au rez-de-chaussée. J’imaginais presque la pièce s’obscurcir dans l’esprit de mon homme, un faisceau de lumière surgit de nulle part éclairant le piano à queue étincelant. Tandis qu’il caressait les touches du bout des doigts, j’en arrivais à la conclusion que nous l’avions perdu. Je pouffais intérieurement. J’aimais tellement revoir le type passionné prendre le dessus dès qu’il était à proximité d’une source musicale. D’ailleurs, je ne m’en étais jamais caché, lui rappelant que je le trouvais terriblement sexy dans ces situations. J’allais aussi agoniser, mais pour des raisons différentes des siennes. Seule l’invitation de ma mère me fit sortir de ma rêverie. Je préférais assurer les arrières de l’artiste bien que cela se révéla inutile puisqu’aucun obstacle n’empêcherait sa communion avec son équivalent du Saint Graal.

L’innocence heureuse affichée sur son visage qu’il redressa pour fixer notre hôte était à croquer. Bon ok, j’étais un peu (beaucoup) jaloux que cela ne me soit pas destiné mais… Ce n’était pas comme si j’avais à craindre qu’il m’abandonne pour elle. Enfin… N’est-ce pas ? Imaginez le tableau. Lui, bras-dessus bras-dessous avec ma génitrice, parlant d’adopter un gosse qui serait mon petit-frère. Sans parler qu’il serait désormais mon beau-père ! Non ! Pas sûr que je pourrai m’en remettre si cela se déroulait vraiment. J’avais déjà suffisamment de raisons pour la haïr sans qu’elle me pique mon mec à renfort de piano à queue ! À peine avais-je formulé cette hypothèse dans ma tête que le brun lui demandait de se joindre à lui. Un peu plus et ma mâchoire se serait déroulée jusqu’au plancher comme dans les Looney Tunes. Était-ce un cauchemar ? Comment m’en extirper ? Par bonheur, la bourgeoise refusa poliment, prétextant qu’elle n’avait pas suffisamment d’expérience pour une séance improvisée à quatre mains. Ce qui n’était pas un mensonge. Je ne me souvenais pas l’avoir déjà vu jouer avec quelqu’un d’autre que son professeur en de très rares occasions. Elle raconta brièvement qu’elle jouait depuis son enfance mais plus en tant que passe-temps que passion dans laquelle elle se livrait corps et âme (elle préférait écouter !). Habitude de riches quoi. Oui, ils ne partageaient pas le même amour de la musique. Est-ce que cela lui faisait perdre des points ? Plus important : étais-je sérieusement en train de mener une rivalité mentale avec elle pour mon chéri ? Eli, t’es désespérant.

Bref, le silence se fit de nouveau entendre jusqu’à ce que Teddy se lance dans un morceau tout aussi apaisant que tendrement rythmé. Plus que concentré, il était en totale harmonie avec les notes résonnant autour de lui. Un état second où il était en parfaite harmonie avec la musique. Le morceau me paraissait inédit. Il ne me semblait pas l’avoir déjà entendu et ce n’était clairement pas l’une de ses compositions. Mon père, fraîchement débarqué avec un verre de son poison -du scotch dont il paraissait avoir retrouvé l’emplacement suite à notre départ- s’enfonça dans le canapé pour l’écouter avec attention. Que pouvait-il bien penser ? Sa face était si impénétrable ! J’avais un mauvais pressentiment le concernant maintenant que l’alcool allait circuler dans ses veines. Quant à ma mère, ses paupières étaient closes tandis que ses deux mains étaient posées sur le rebord de l’instrument. Elle paraissait savourer chaque seconde. Le musicien aurait moins de mal à s’intégrer dans ce foyer que moi. Ironie du sort. De mon côté, je me demandais ce que j’avais fait pour mériter un tel artiste. Il avait ce don de toucher l’âme de son auditoire avec tant de facilité. La pudeur de ses paroles n’était rien comparé à l’émotion qu’il transmettait par le biais de ses talents. Et encore, il n’avait pas fait connaître sa voix sur ce titre. Tout chez lui transpirait la pureté et la délicatesse. Devais-je le comparer à une pierre précieuse pendant qu’on y est ?  

Quand il s’interrompit, personne ne bougea ni n’articula le moindre mot avant qu’il ne le fasse lui-même. Soudainement, après avoir été la confiance incarnée, Teddy devenait cet être soumis à une incertitude presque permanente. Son éternelle peur de décevoir d’une façon ou d’une autre.

- À en juger la réaction de ma femme, vous avez bien fait de vous emporter jeune homme, dit mon père en levant son verre à sa santé.

Bordel, il aurait pu passer pour un chic type préférant transmettre ses compliments par le biais de quelqu’un d’autre comme pour s’innocenter. Cela dit, il avait parfaitement raison. Le rire cristallin de ma mère le prouva. J’avais toujours été convaincu qu’elle avait suivi des cours pour rire avec convenance et si tel était le cas, elle excellait en la matière. Son gendre avait le mérite de l’avoir détendue. Une victoire car ce n’était pas évident et un bon témoignage du pouvoir qu’il contenait en lui. Mon père continuait de prendre des gorgées successives comme pour oublier d’avoir eu des paroles trop aimables. Chose qui ne se reproduirait pas vu la vitesse à laquelle il descendait sa boisson. Tourmenté ? Probablement. Mais je savais pertinemment que cela réveillerait le monstre assoupi en lui (même s’il n’en avait pas forcément besoin pour se montrer infâme).

- Je pense que tout le monde dans cette pièce est partant pour te laisser une totale liberté ! concluais-je rayonnant. Tu ne cesses de m’épater.

Habituellement, j’aurai ponctué cette phrase d’un câlin ou autre, mais j’étais en retrait et notre public ne m’inspirait pas suffisamment pour ça. Pas encore. Cela étant dit, ma fierté se ressentait à des kilomètres à la ronde. Qu’il parvienne à charmer ce duo infernal relevait du miracle et me confirmait une fois de plus que j’avais trouvé la perle rare. Comment l’expliquer autrement ? Lorsqu’il enchaîna avec un second morceau, je m’avançais pour me positionner entre lui et ma mère. Je le dévorais du regard, mes oreilles on ne peut plus attentives aux sons qu’il créait. Rien n’échappait à la femme qui me poussa légèrement avec son épaule gauche. À ma plus grande surprise, ce n’était pas un reproche. La fossette sur sa joue pointait vers un amusement qu’elle ne dissimulait pas. Un instant de complicité avec elle ? Vraiment ? Je n’en avais pas eu des masses durant mon enfance et c’est maintenant, après tout ça, qu’elle se réveillait ? À voir combien de temps cela durerait. Oui, je n’arrivais pas à demeurer optimiste concernant mon arbre généalogique. Malgré tout, je me pris au jeu et lui adressais un sourire, timide, avant de me concentrer à nouveau sur Teddy. Cette fois, c’était à moi de me « servir de lui » comme d’une issue de secours pour éviter une situation inconfortable.

***

Les minutes s’étaient rapidement enchaînées alors que le brun s’était arrêté sur différents titres supplémentaires. Aucun de nous n’étaient las cependant mais toute bonne chose avait une fin. Lorsqu’il se redressa avec regret (à tous les coups il demanderait à ramener le piano dans l’avion), je vins déposer mes lèvres sur sa tempe un instant. Le héros du jour. Avec un peu de chance, tout irait mieux à partir de maintenant. Lisabeth s’était abstenue de tout autre contact physique mais je ne pouvais pas l’en blâmer. Elle avait fait un pseudo premier pas. C’était à moi de rendre la pareille et je n’avais pas réussi pour l’instant. C’était trop difficile. J’avais besoin d’un break, d’un moment d’intimité avec mon mec pour faire le point.

- Est-ce que cela vous dérange si je fais une visite-guidée à Teddy ? Je sais que ce n’est plus chez moi mais…

Ma mère m’interrompit d’un geste de la main avant de hocher la tête. Elle n’avait pas consulté son mari avant de me donner ce pass et je n’étais pas persuadé que cela lui plairait des masses. Une femme n’a pas le pouvoir de prendre des décisions vous savez ? La réaction de l’homme attesta mon pressentiment puisqu’il lâcha :

- Tu trouveras tes cochonneries dans ton ancienne chambre. Personnellement j’aurais tout brûlé mais ta mère a tenu à les garder.

- Pourquoi ne suis-je même pas étonné ? soupirais-je à son adresse.

Ses barrières s’affaiblissaient sous l’effet de son scotch. Parfait. Je préférais saisir le musicien par la taille et m’enfuir rapidement avec lui en direction de mon vieux refuge. Comment allais-je le retrouver ? Avec trois kilomètres de poussière ? Ce serait étonnant vu le nombre de femmes de ménage qui passaient des heures ici.

- Tu as été bluffant, dis-je en chemin. Amadouer mes parents… Quand je dis que tu es un séducteur irrésistible !

Je pouffais, une lueur malicieuse dans le regard, puis le poussait contre le mur avant de l’embrasser sans vergogne. La délivrance quoi ! Je caressais ses joues rondes à l’aide de mes deux pouces, savourant d’être enfin libre de le toucher à ma guise. Retrouver cette sensation si familière était un encouragement sans nom. Je reprenais des forces à chaque contact. Ensuite, je le serai dans mes bras un instant avant d’ouvrir la porte. La pièce était impeccable bien qu’elle me parût avoir rétrécie. Elle n’avait pas changé si ce n’est pour les cartons empilés abritant toutes mes affaires dans un coin. Le lit était totalement découvert si ce n’est pour le matelas recouvert d’une protection plastique. Pourquoi ne pas avoir tout jeté ? Surprenant. Mais peu importe. C’était à mon tour de perdre le contrôle de mon corps qui restait planté comme un « i ». Un nouveau torrent de souvenir menaçait de me faire flancher les genoux tandis que je voyais mon fantôme adolescent discuter avec Alec de mes dernières péripéties, ou mon moi-jeune plié de terreur après avoir reçu des coups ayant manqué de peu de m’assommer.

Les encouragements de Teddy réussirent à me sortir de cette obscurité. Sa main dans la mienne, je me dirigeais vers les contenants pour inspecter ce qui s’y trouvait. Le premier contenait les fringues de mon école privée et autres habits de tous les jours.

- Yep j’étais terriblement sexy au lycée avec mon uniforme…, prononçais-je avec un humour destiné à cacher mon émotion.

J’enfilais la veste avec bien du mal pour lui donner un aperçu concret. Un gramme de plus et elle aurait certainement explosée. Un papier chiffonné de couleur jaune vif tomba au sol. Je le ramassais avec curiosité pour y voir écrit le numéro d’une ancienne conquête. Sérieusement, j’avais vraiment que ça à faire à cette époque ? Je refermais le tout après y avoir remis l’habit sans oser toucher au reste. Trop peur d’en être trop chamboulé. J’avais déjà suffisamment à gérer. Et puis… Qu’avais-je à y gagner si ce n’est pour retrouver d’autres coordonnées de personnes à qui je n’avais pas adressé la parole depuis une décennie, des photographies et des objets qui me rappellerait la pire période de mon existence ? Je m’allongeais sur le lit, faisait signe à mon interlocuteur de me rejoindre. Ce n’était pas ultra confortable mais je m’en contenterai.

- Merci d’avoir pris ma défense tout à l’heure. Il sait appuyer là où ça fait mal avec ses réflexions à la con. Je ne comprends pas qu’ils ne nous aient pas mis dehors depuis le temps. Surtout qu’ils n’ont jamais été ouverts d’esprit.

Là, je faisais référence à notre couple évidemment.

- Si tu veux, on peut abréger. On se glisse par la fenêtre au risque de se casser une jambe et... Disons que je comprendrais que tu en as marre d’être ici surtout que mon père nous prépare un mauvais coup. Mais je suis vraiment heureux que ma mère soit si accueillante. Elle a même tenté une approche quand tu jouais. Je n’ai pas vraiment su y répondre mais…

Je ne m’étais pas rendu compte qu’un sourire s’était affiché sur mon visage en lui dévoilant ce qui s’était discrètement passé avec elle. La joie d’un fils qui ressent enfin l’amour qu’il n’a jamais reçu ? Un vague espoir d’améliorer notre relation ?
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Lun 10 Juin - 15:28
Teddy Abolick
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Teddy Abolick
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Je n’avais même pas entendu Mr. Holt entrer dans la pièce. Pour vous dire à quel point j’étais pris dans ma musique. Du coup, c’était un peu bizarre de le voir là. Mon cerveau eu un bug, se demandant s’il ne s’était pas téléporter là. Malheureusement, j’ai bien peur de devoir admettre que la technologie actuelle ne nous permet pas encore la téléportation. Mais il ne faut pas cesser d’y croire, un jour, peut-être, les scientifiques y arriveront. Evidemment qu’il ne faudrait pas compter sur moi, vous m’avez bien regardé ? Bref, j’avais encore le coeur battant mais content de constater sur ma prestation avait plu. J’avais cette tendance à ne pas aimer partager ma musique, parce que c’était MA musique justement. Mais c’était pareil pour tous les domaine artistique. A quoi bon bosser des heures et être fier de nos efforts si ce n’est pour jamais montrer le résultat à qui que ce soit ?

Je ne savais pas trop quoi répondre à Mr. Holtz. Dans le doute, je lui lançais juste un sourire. Sa femme, par contre, elle semblait vraiment avoir apprécié ce que je venais de jouer et… Ca me rassurait. Comme quoi, la musique avait vraiment quelque chose de magique. Et je doute que Elijah dise le contraire. Je savais quel effet ça avait sur lui. J’en avais été témoin que trop de fois. Et j’en avais abusé ? Mh. Peut-être un peu. Mais est-ce qu’il s’en était déjà plains hein ? Non ? Et bien voilà.

Encouragé par mon petit-ami, je lui adressais un sourire rayonnant avant de me remettre au clavier. Cette fois-ci, je ne m’embarrassai pas à faire des pauses pour demander l’avis de mon public. J’enchaînai les morceaux. Alternant entre des morceaux comme Chopin, Schubert (qui étaient dans les partitions que j’avais sous les yeux), puis quelques thèmes de films qu’on avait regardé récemment, juste pour faire un petit clin d’oeil à Elijah. Et tout ça pour conclure avec une de mes chansons. Je savais qu’Elijah aimait les entendre. Puis, à avoir joué avant, j’étais plus à l’aise, j’avais un peu oublié que j’avais une audience à vrai dire.

***

Mon petit concert improvisé terminé, je n’étais pas sûr que mes futurs-beaux-parents étaient totalement convaincus, mais ils n’avaient pas l’air trop déçu non plus. C’était difficile de déterminer ce qu’ils en pensaient. D’ailleurs, j’étais très silencieux depuis notre arrivé ici. Je faisais de mon mieux pour répondre quand on s’adressait à moi. Mais sinon, je ne disais rien, un peu comme à chaque fois qu’il y avait plein de monde autour et que je ne me sentais pas trop à ma place. Donc sans même en avoir conscience, j’avais tendance à m’effacer de peur de déranger. Heureusement, Elijah trouva une excuse de nous défaire de la présence oppressante de ses parents.

J’avais étrangement hâte de découvrir le reste de cette demeure énorme. Je n’avais vu que très peu de photo de Elijah quand il était enfant. Et même si j’en parlais peu, j’étais content d’en apprendre encore un peu plus sur lui. Si la mère d’Elijah nous autorisa à prendre congé sans discuter, il fallut que Mr. Holtz rajoute une réplique cinglante. En même temps, avec ce qu’il buvait, ça n’allait pas aller en s’arrangeant. Enfin, au moins, cette escapade nous offrait un peu de répit. Puis ça laisserait l’occasion aux parents de se faire une sorte de réunion à notre sujet.

Maintenant que nous étions plus que tous les deux, j’étais bien plus à l’aise et Elijah aussi je crois. Je lâchais un rire à sa réplique.

- Personne ne me résiste, que veux-tu, c’est ça le talent.

Je me mis à rire. Elijah me connaissait assez bien pour savoir que je ne pensais pas un seul de ces mots. Moi ? Du talent ? Huh. Irrésistible ? Huh. Laissez-moi rire. Mais je pouvais bien rire un peu avec mon petit-ami. Nous en avions tous les deux besoin me semblait-il. D’ailleurs la conversation n’alla pas plus loin. En effet, le blond profita de cette liberté retrouvée pour me plaquer contre le mur le plus proche et m’embrasser. Je crois, que ça aussi, on l’avait bien mérité. Je savourais l’instant, passant mes bras autour d’Eli. Je ne sais pas combien de temps nous restâmes dans cette positions, mais nous fîmes clairement notre possible pour faire durer le moment.

Cependant, nous n’allions pas passer la journée dans le couloir non plus. J’eus le droit à un ultime câlin avant qu’Elijah n’ouvre la porte de ce que je devinais être sa chambre. L’Allemand se figea presque immédiatement. Je ne pouvais pas lire dans ses pensées, mais quelque chose me disait qu’il était nostalgique et qu’il n’y avait pas forcément que du bon. A défaut de trouver mieux, je serrai sa main dans la mienne et vint lui glisser quelques mots encourageant. J’avais aucune idée si ce serait utile. J’étais nul pour ce genre de chose. Mais Elijah sembla redescendre sur terre et trouver la force d’avancer pour fouiller dans ses cartons.

- Et dire que j’ai raté ça… L’âge d’Or d’Elijah…

Je lâchais un soupire avant de sourire et même me mettre à rire face au blond qui tentait d’enfiler son ancien uniforme. Il manqua à le craquer, ce qui me fit rire. Il avait clairement gagné en carrure depuis le lycée. Un papier tomba de la poche, Elijah le consulta avant de le remettre à sa place. Il devait s’agir d’une note, s’il ne disait rien c’est que ce n’était pas important. Même si j’étais curieux, je ne fis pas de commentaire à ce propos. De toute façon, je voyais bien qu’Elijah n’était pas si enjoué à l’idée de retourner en arrière. A la place, il me remercia pour ce qui s’était passé un peu plus tôt. J’allais répondre que c’était normal que je pensais ce que j’avais dit. Mais Elijah enchaîna et je n’osais pas l’interrompre.

- Nous connaissant, si on tente de s’échapper, il y a de fortes chance qu’au moins un de nous finisse à l’hôpital.

Et j’étais prêt à parier que ce serait moi. Bref, je m’appuyai contre l'encadrement de la porte pour réfléchir un peu et reprendre plus sérieusement.

- Je veux pas me faire l’avocat du diable mais… Je pense pas que tu sois le seul à avoir changé pendant toutes ces années. Je veux dire, bon ok, ton père est con. Je pense qu’il est surtout jaloux en fait. De te voir revenir comme ça et de lui balancer à la gueule que ta réussi ta vie sans lui, sans suivre ses traces. Je pense que ça le fait bien chier, il s’attendait sûrement à ce que tu reviennes en pleurant à ses pieds et non… Donc il y a des chances pour qu’il continue à vouloir t’en faire baver.

Ca, personne ne pourrait jamais rien y faire malheureusement. Mais j’osais espérer qu’une fois sorti d’ici Mr. Holtz oublierai à nouveau qu’il avait un fils.

- Ta mère par contre… Je crois qu’elle regrette. Enfin, je crois qu’elle a toujours dit amen à tout ce que disait son mari. Et le jour où t’es parti en claquant la porte, elle a réalisé que c’était une connerie et qu’elle aurait dû agir. Elle a peut-être du mal à le montrer, mais je pense que ta mère t’aime vraiment et tient à toi. Elle a juste peur de ton père ne fait. Et ouais, du coup, aujourd’hui, le fait que tu reviennes lui a redonné un peu d’espoir et elle s’est possiblement dit que c’était sa chance pour tenter de réparer en partie son manque d’action avant…

Je vous jure, vivre avec un psychologue ça laisse des séquelles. Je me demandais ce que faisait Ophélia en ce moment d’ailleurs… Je me perdis quelques secondes dans mes pensées, réfléchit à ce que je venais de dire et ajoutai :

- Ouais nan, oublie, je vais trop loin, je raconte n’imp’. Tu veux toujours qu’on s’enfuit par la fenêtre ?


C’était sûrement la meilleure option avant que je ne continue mes discours de philosophie à propos de la famille d’Elijah. Et encore, je n’avais rencontré que ses parents. Est-ce que Elijah avait des cousins.es ? Mhh… Sûrement. Mais il ne m’en avait jamais parlé. Peut-être que lui-même ne les connaissais pas.
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Mer 12 Juin - 20:29
Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
L’intermède musical m’avait fait un bien fou. Une pause dans ces retrouvailles de dingue où je ne savais sur quel pied danser. L’étrange rapprochement physique de celle m’ayant donné la vie ne m’aidant en rien à retrouver une stabilité. Dès que je tentais de me convaincre qu’il n’y avait aucun plan machiavélique là-dessous, ma paranoïa prenait le dessus. Il faut dire que, frapper par le souvenir des doutes d’Alec concernant l’assassinat de ses parents, envisager les miens comme étant devenus des anges était compliqué. Comment arriverais-je à éclaircir cette affaire maintenant ? Pas en posant la question de front à mon père pour sûr. Des deux, ma mère était celle la plus susceptible de flancher. Je gardais cette piste en tête. Le moment de vérifier cette théorie n’était pas encore arrivé. Loin de là même. Actuellement, mes yeux et mes oreilles étaient exclusivement réservés à mon petit-ami qui achevait son dernier morceau de la journée. Nous avions eu le droit à une variété extraordinaire à la mesure de ses talents. Je me doutais que Teddy aurait pu continuer à caresser les touches pendant des heures durant mais sûrement avait-il la sensation que cela serait abuser de l’hospitalité des Holtz. Ces reprises de titres classiques étaient parfaites, non-dépourvues de sa « patte artistique » et les adaptations de thèmes de films avaient encore davantage étendues mon sourire. Il ne manquait pas une opportunité de me séduire le garnement hein ? Je n’avais aucunement conscience que le musicien s’était amusé à les travailler dans mon dos ! Peut-être allais-je un peu loin, que cela relevait purement et simplement du délire mais, pour moi, c’était une preuve d’amour que j’étais l’unique à pouvoir décrypter. Un « je t’aime » incognito par des enchaînements de notes. Pas étonnant que je ne pourrais empêcher un rapidement baiser sur le front d’ici une poignée de secondes.

Cependant, la surprise ne s’était pas arrêtée là puisque, pour la première fois, le brun avait joué en live l’une des chansons présentes sur le disque qu’il m’avait offert à la Saint-Valentin. Je l’avais reconnu en l’espace d’un instant tant le CD avait déjà tourné en boucle dans mes tympans. Lui habituellement si pudique quant à ses textes retirait son armure devant une telle audience en traitant de sujets qui lui étaient extrêmement personnels. L’interprète refusait toujours de s’étendre sur le sens exact des paroles issues de sa plume. Taxi Cab n’échappait pas à la règle. Impossible de savoir quelle interprétation était la bonne ou même si plusieurs étaient pour ainsi dire « officielles ». Devais-je y percevoir des références religieuses notamment avec son « three men » pouvant renvoyer à la Trinité tirée du christianisme ? Ou était-ce bien plus terre-à-terre, psychologique ? Ce n’était pas inhabituel que l’enseignant parle d’états de détresse, de suicide, etc. Mais il ne s’était jamais livré au point de me confier s’il avait déjà fait des tentatives. Même si nous étions ensemble, soudés, je n’avais aucun droit de le brusquer pour aborder un sujet de la sorte. Un jour sûrement le ferait-il par lui-même. Le principal étant qu’il soit le plus heureux possible désormais. Je faisais tout pour en tous les cas et priais pour que cela soit suffisant.

Enfin seuls. Et oui… personne ne pouvait lui résister et certainement pas moi ! Guère surprenant donc qu’à la première occasion je me jetais sur lui pour capturer ses lèvres. Après tout, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. Son concert improvisé d’une demi-heure ou plus (j’avais perdu la notion du temps) m’avait fait l’effet d’un striptease à rallonge (sans jeu de mots) ! Déjà que je n’avais jamais besoin d’excuse pour avoir envie de le cajoler… Pure provocation ! Rares étaient les filles pouvant se vanter que je les avais bécotés dans la demeure familiale. Y en avait-il eu ne serait-ce qu’une seule d’ailleurs ? Peu importe, je n’allais pas accorder une seconde à mes ex alors que j’étais enfin en paix avec la personne qui comptait le plus. Je m’éloignais à contrecœur, plus par peur de nous faire surprendre que par envie, mais continuais de plonger mon regard dans le sien avant de l’enlacer une dernière fois. Maintenant… direction la chambre ! Non, pas pour rajouter une punaise sur notre carte du monde. Tout de suite…

Après un moment où l’angoisse ressurgit brusquement, je me décidais à m’avancer vers le premier carton qui me tombait sous la main. Il contenait principalement des babioles peu utiles ainsi que des fringues en bataille. Mon uniforme du lycée aurait bien besoin d’être ajusté, pour ne pas dire sérieusement étiré. Notre tandem se prit un semi fou-rire tandis que je loupais de peu de le craquer.

- C’est de ta faute. Tu cuisines gras.

Je lui tirai la langue puis lui pinçai la joue pour l’embêter. Si Teddy se mettait aux fourneaux, nous risquerions davantage de manger du cramé ! Le vêtement retiré, je me laissais tomber lourdement sur le lit avant d’établir un bilan de ces dernières heures. Le garçon balaya l’idée de nous échapper par la fenêtre, prétendant – à juste titre – que cela finirait en catastrophe à cause de notre karma. En particulier du sien d’ailleurs, mais cela ne nécessitait plus d’être précisé depuis un bail. Je grognais en guise de réponse pour mieux confirmer ses dires. Nous étions fichus, il nous faudrait les retrouver d’ici peu. J’ignore pourquoi mais je fus surpris du discours qu’il tenu par la suite. Pas que je pensais autrement mais il dégageait tellement de confiance en lui à cet instant que j’en étais bouche-bée. Quand il s’agissait de mon bien, il savait toujours comment agir, quoi dire. Ainsi, sa franchise avait pour unique but que de me protéger, d’éviter de me faire des illusions mais également ne pas me laisser passer à côté d’une possible réconciliation avec ma génitrice.

À sa blague finale, je ne bronchai pas. Mon visage était complètement impassible. Puis, d’une voix froide, je répliquais :

- Tu sais que malgré les crasses qu’il m’a faites je trouve ça totalement irrespectueux de ta part que de l’insulter ?

Les mouches volèrent pendant une poignée de secondes avant que, n’y pouvant plus, je me mette à éclater de rire, me roulant en boule sur le matelas. La tête qu’il avait faite était tellement épique ! Comme sourd à ses protestations, j’essuyais les larmes sur mes joues puis me redressais pour saisir sa main de force, le blottissant contre moi une fois allongés. Je passais mon bras derrière sa nuque puis vint caresser machinalement la partie haute de son torse.

- J’aime te torturer. Tu devais bien te douter que je n’étais pas sérieux hein ? demandais-je tout en essayant de contenir mon rire. T’es tellement canon quand tu es perplexe comme ça je ne pouvais pas résister ! Ça me donne envie de…

Je vins brusquement glisser ma bouche dans son cou pour faire mine de commencer à le dévorer, passant par son oreille et sa joue droite à l’occasion. Avec ses plaintes et ses gestes désespérés pour se libérer de mon emprise, nous devions faire un sacré boucan. Heureusement que l’appartement était gigantesque et bien insonorisé ! Je renonçais uniquement quand je fus à bout de souffle.

- Je suis trop vieux pour ça…, soupirais-je amusé en posant ma main libre sur mon cœur comme pour en mesurer les battements. Prétendre cela dans ma chambre d’enfant ne faisait qu’en renforcer l’ironie.

Mon visage tourné vers le sien, je compensais ma folie passagère par l’un des baisers les plus tendres que je ne lui avais jamais déposé. Je me doutais qu’il ne m’en voulait pas pour ma farce (ni pour l’agression) puisque ce genre de jeu était récurrent. J’en avais été la victime plus d’une fois ces huit derniers mois ! Je me retrouvais dans un état de relaxation terriblement savoureux. Si cela avait été envisageable, sûrement aurais-je décidé de dormir à ses côtés dès maintenant dans cet état de grâce tellement surprenant au vu de notre localisation.

- Plus sérieusement, je suis content d’avoir ton avis, repris-je après avoir rompu le contact. Et ne doute pas de ce que tu penses car je te rejoins sur toute la ligne même si j’ai toujours du mal à percevoir ma mère comme un martyr. Cette façade glaciale pourrait n’être qu’un leurre pour se protéger j’imagine… Mais ça n’excuse pas sa lâcheté.

Qu’on ne s’attende pas à ce que je lui pardonne son absence de réaction tandis que son fils se faisait tabasser par son vieux ! La crainte des coups, la peur des répercussions en cas de fuite… Je connaissais tout ça. Cela ne m’avait pas empêcher d’agir pourtant. Pourquoi s’être tenue immobile de la sorte ?

- Le pire c’est que… Admettons que j’aurai réglé définitivement le problème à l’époque, commençais-je en contournant le terme exact, je ne suis même pas sûr qu’elle aurait été heureuse d’être délivrée de ce type. En fait, je me rends compte que je ne la connais pas. Et j’ignore si je souhaite que cela change.

L’impasse de ma vie. Jamais je n’aurai les idées claires concernant mes parents c’était un fait auquel je m’étais habitué depuis longtemps. Et il y avait toujours cette interrogation permanente concernant les McArchty. Cependant, je ne voulais pas replomber l’ambiance maintenant que nous étions si bien. La solution pour remonter en flèche me paraissait donc évidente.

- Mais assez parlé de ça ! Ça te dit de fouiller les cartons ? Tu y trouveras peut-être de quoi soulager ta frustration concernant mon passé tellement mystérieux !

J’avais l’art de vendre mes idées hein ?

**


Redescendus au salon, une éternité ne nous fut pas nécessaire pour constater que l’état de mon père avait empiré sous l’effet de l’alcool. Je retrouvais le regard à la fois vague et haineux du type qui appréciait tant user de ses poings sur plus faible que lui. Mon dégoût se décuplait à la seconde. Ce n’était pas faute d’essayer de l’éloigner de ses bouteilles ! Ma mère s’y acharnait encore sans le moindre succès. Bientôt, la conversation fut court-circuitée sans interruption par ses beuglements d’ivrogne. Nous nous échangions tous des coups d’œil inquiets jusqu’à ce que je me remette sur mes jambes. Il était grand temps de prendre nos jambes à notre cou. Cette précipitation la pris de court, la poussant à m’imiter, affolée.

- Vous ne voulez pas rester dîner ? Vous venez tout juste d’arriver !

Ce qui n’était pas très réaliste mais soit. Proportionnellement à mon absence, ce retour était très succinct en effet.

- Ce serait une mauvaise idée, avouais-je plus froidement qu’anticipé. Désolé.

Sa face se tordit légèrement, trahissant son désarroi. Elle n’était pas la cause de ma décision et son soupir dès les premiers mots prononcés par son mari confirma qu’elle en avait parfaitement conscience. J’eus un pincement au cœur pour elle, pour nous à vrai dire. Nous étions destinés à ne jamais nous trouver réellement, un fossé nous séparant sans cesse. Du moins… Tant que celui-ci n’aurait pas trépassé à mon plus grand bonheur.

- À quoi tu t’attendais avec ce bon à rien ? Qu’il allait te pardonner pour mieux venir te téter le sein ? se moqua-t-il tout en se relevant avec peine. Tu m’étonneras toujours par ta bêtise !

La mâchoire serrée, je restais dressé comme un piquet, rassemblant tout mon sang froid. J’avais oublié à quel degré mes poings étaient toujours attirés par sa gueule, fantasmant de l’y cogner au point de le défigurer. Au plus grand regret de tous les témoins, ce dernier avait remarqué l’accélération de ma respiration et la tension qui se développait dans mes membres.

- Attention ! Le grand Elijah serait-il en train de perdre patience ? Aurait-il envie de frapper son vieux père ? Encore, clama-t-il en mimant avoir peur de manière exagérée. Non, il n’oserait pas. Pas devant sa putain.

Mon sang ne fit qu’un tour. Sans même le remarquer, je lui fondis dessus tout en faisant basculer son siège au passage. Le saisissant par le cou, je lui cognais la tête contre le mur en le maintenant debout. Je serrais suffisamment pour l’empêcher de s’exprimer. Mon visage tremblait de rage alors que je me retenais d’aller jusqu’au bout de mon entreprise. L’achever serait si simple. Ce Diable ne méritait que ça. Ma mère serait libérée de son emprise et je nous aurais vengé. Il me suffisait juste d’utiliser un peu plus de force. Juste un tout petit peu…
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Ven 14 Juin - 16:58
Teddy Abolick
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J’aurais pu vite regretter de ne plus être derrière le piano, si nous n’avions pas réussi aussi rapidement à nous défaire de la présence des parents d’Elijah. Ils me mettaient une pression de fou, vous ne pouvez pas imaginer. Et je crois que c’était pareil pour mon blond, ce qui rendait les choses pire encore. Heureusement, nous retrouver tous les deux nous permis de souffler, de rire un peu. Je ronchonnai lorsque Elijah vint me pincer les joues. D’où je cuisinais gras ? S’il y avait une personne qui pouvait se plaindre de ça ici, c’était moi ! C’était lui qui cuisinait pour nous deux et pas l’inverse. Toute personne saine d’esprit savait qu’il valait mieux me tenir à l’écart des fourneaux.

Notre conversation dériva sur les parents de Eli et je lui donnais honnêtement mon point de vue sur la situation. Je ne sais pas à quoi je m’attendais. Mais certainement pas à un Elijah aussi stoïque et même froid qui me disait qu’il n’aimait pas qu’on parle de la sorte de son père. Je vous avoue qu’il y eu un instant de panique dans ma tête avant que le blond ne se mette à rire et avoue qu’il s’agissait d’une blague.

- Noon ! Je te déteste ! Fils de démon va ! Tu sais que ça marche trop bien avec moi ce genre de chose ! C’est mal d’abuser de mes faiblesses !


Je fis mine de me débattre alors qu’Elijah m’embêtait à glisser ses lèvres sur moi en faisant mine de me dévorer. Enfant du démon je vous disais… Et pourtant, je n’étais pas capable de râler trop longtemps. Je fini par rire jusqu’à ce qu’il abandonne l’affaire.

- Ralalah… Trente ans et ça se trouve déjà trop vieux. Non mais où va le monde.


J’acceptais volontiers les baisers du blond qui suivirent. S’il ne les avait pas initiés, je l’aurais fait de toute façon. Autant profiter un maximum de ce moment tous les deux. Elijah avoua alors qu’il était content d’avoir eu mon avis, ce qui me rassura. Oui, parce que c’était bien beau de se taquiner, mais du coup, je n’avais pas eu de réponse à mes discours.

- Je pourrais pas te dire. Ca se trouve ta mère aurait retrouvé quelqu’un et ça aurait été le même genre de connard que ton père. J’ai entendu dire que certaines personnes étaient attirées malgré elles par les personnes avec un tempérament violent. Et il n’y a rien qu’on puisse faire. Ou alors elle aurait fini par retrouver ton père… Enfin, bref, ça sert à rien de se prendre la tête avec ça, on ne saura jamais de toute façon.


Je haussai les épaules, indifférent. On retrouvait le Teddy Je-m’en-foutiste. C’était un peu ma façon de ne pas trop me prendre la tête avec des événements qui auront jamais lieu. Parce que oui, c’est peut-être bête, mais c’est facile de s’imaginer des choses et de regretter ce qu’il s’est réellement passé. Bref, je sais, c’est pas très compréhensible mon affaire, mais je me comprend, c’est le principal.

- Tellement mystérieux ? Voyons chéri, comme si j’avais besoin de ça pour te connaître par coeur. Par contre, trouver des dossier en guise de vengeance, ça oui, ça me plait bien.

Je me levais en souriant et retournai plonger ma tête dans les cartons avec Elijah. C’est fou tout ce que lui et ses parents avaient gardés. Au final, il y avait quand même assez peu de photo comparer à la dizaine d’album que ma mère avait. Mais personne ne peut battre ma mère là dessus, je vous jure, c’est un monstre. Nous trouvâmes tout de même quelques perles et je réussi à glisser quelques clichés dans ma poche lorsqu’Eli avait le dos tourné. Je lui avait dit que je me vengerai.

***


Nous n’allions pas non plus rester dans la chambre de Elijah éternellement. Et en effet, quelques temps plus tard nous étions de nouveau en compagnie de Mrs&Mr. Holtz dans le salon, à discuter. Si on ignorait beau-papa qui avait bien trop bu à présent, on aurait pu dire que la conversation était plus détendu et agréable qu’avant. Apparemment il y avait quelques chose qui s’était débloqué avec Mrs. Holtz. Et lorsque son mari se ressurgit des ténèbre, elle proposa même à ce qu’on reste dîner ici. Cependant, Elijah préférai fuir, plutôt que d’affronter encore son père, ce que je pouvais parfaitement comprendre.

J’étais un peu triste pour Mrs. Holtz. Il n’y aurait eu qu’elle, j’aurais volontiers accepté, ou tout du moins fait les yeux doux à Eli pour qu’on reste manger. Peut-être aussi parce qu’il y avait l’idée de “manger” qui me tentait bien… Arhem… J’adressais un sourire désolé à belle-maman. Je crois qu’elle comprenait pourquoi on ne pouvait pas rester. Et malheureusement, Mr. Holtz saisit cette occasion pour lancer son venin. Si je sentais Elijah se tendre à côté de moi, je ne pensais pas que ça irai aussi loin. Je n’eus pas le temps de faire quoique ce soit que mon blond était déjà attrapé son père pour le frapper violemment.

J’échangeai un regard choqué avec Mrs. Holtz sans comprendre pourquoi il réagissait de la sorte. Certes son père était un connard, il était nul en imitation, mais jusque là Eli avait réussi à faire le sourde oreille alors. Oh attendez, je crois que j’ai compris. C’est moi la putain ? C’est marrant, je n’aurais jamais utiliser ce nom pour me décrire. Non mais parce que même sur un plan technique hein. On est d’accord, une putain, c’est une putes et les putes, on les payes. Or Elijah n’a jamais payé pour ma compagnie.

Bon, ce n’était peut-être pas le temps de se lancer sur un tel débat, hein. Mr. Holtz allait vivre ses dernières heures si personnes n’intervenait. Ouais, je sais, je devrais peut-être paniquer, genre, je sais, peut-être crier des trucs en allemands comme Mrs. Holtz. Mais c’est pas trop mon genre. Certes, j’avais été choqué par l’action, mais j’ai une bonne maîtrise de ce genre d’émotions. Bref, je fini par intervenir pour attraper Elijah et le forcer à s’éloigner de son père. Une fois que je réussi à le faire reculer de quelques pas, je restais contre lui et attrapai sa mâchoire à une main pour le forcer à me regarder.

- Du calme Rocky, je crois qu’il a eu son compte. Respire, un bon coup, on s’en va de toute façon.

De l’autre côté, je crois que Mrs. Holtz s’occupait de son mari qui avait été sonné par les coups de son fils. Elijah était terrifiant quand il se battait. Ouais, ce n’était que la deuxième fois que je le voyais dans un état pareil. Et encore, la première fois était moins flippante que celle-ci je crois. Mais pas question que je cède à la panique. C’est bien pour ça que je forçais Elijah à me regarder moi et pas ailleurs. Tant qu’il y aurait ce regard, je ne le lâcherai pas. Mais dans un premier temps, j’attendais aussi qu’il reprenne une respiration et un rythme cardiaque plus posé. Parce que vous pensez que c’est la première fois que je met fin à une bagarre ? Vraiment ?

Bon et il s’agissait d’Elijah, alors un moyen radical de lui changer les pensées, c’était de l’embrasser. Ce que je fini par faire, sans me préoccuper des autres personnes dans la pièce. D’autres personnes étaient arrivées pour s’occuper de soulever et emmener Mr. Holtz quelque part pour le soigner, j’imagine. Il avait vraiment une sale gueule. Je fini par entraîner Elijah dehors et nous avions à peine passé la porte d’entrée que Mrs. Holtz nous rattrapa.

- Teddy, je pourrais vous parler un instant ?


J’échangeai un regard avec Elijah. Evidemment, il n’était pas rassuré de me laisser seul avec elle. Mais d’un petit hochement de tête, je lui indiquais que ça se passerait bien. De toute façon, il avait mit son père hors d’état de nuire. Je laissais donc mon blond seul un moment pour aller discuter avec sa mère à l’intérieur. Nous ne quittâmes pas le vestibule d’ailleurs. Il n’était plus question de conversation banale autour d’un thé et de petit gâteau. Je fus tout de même de retour auprès d’Elijah quelques minutes plus tard.

- Fiou, quelle journée ! J’espère que t’as pas prévu quelque chose de trop sportif pour la suite.

Je lui adressais un sourire pour venir me blottir immédiatement contre lui. J’avais aucune idée si je devais parler de ce qui venait de se passer ou pas. Peut-être, mais je ne savais pas comment aborder ça, si je devais en vouloir à Eli pour s’être montré violent ou si je devais le remercier pour avoir pris ma défense. Ou alors peut-être lui demander s’il allait bien ? Clairement, je crois que je connaissais déjà la réponse.
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Ven 14 Juin - 21:48
Elijah Holtz
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Mes parents pourraient faire l’objet d’éternels débats sans que nous ne parvenions jamais à vraiment les saisir. Teddy donnait sa langue au chat. Nous ne pouvions qu’élaborer des conjectures ce qui ne nous avancerait à rien. Est-ce que ma mère était destinée à ne connaître qu’un pourri dans sa vie sentimentale ? Avait-elle déjà manqué une occasion de trouver un homme qui saurait la combler à cause de mon père ? Je m’imaginais très mal la questionner à ce sujet. Je vous laisse devenir pourquoi. Le mieux qu’il nous restait à faire était de rebondir pour ne pas nous noyer sous des théories inutiles. Les cartons posés à côté de nous constituait le parfait argument ! L’idée de les fouiller ne déplut pas au musicien qui y vit même l’opportunité de prendre sa revanche. Qui sait ? Trouverait-il des clichés et autres babioles qui lui permettraient de me faire chanter ? Réflexion faite, c’était probablement un mauvais plan ! Mais trop tard, mon sort était déjà scellé puisqu’il fouillait déjà le premier à sa portée. En-dehors de photographies et de fringues, nous y trouvâmes des disques, des accessoires de cours, une vieille console portable déposée près de jeux compatibles, des bricoles de mon enfance comme des peluches, etc. Bref, presque rien méritant d’avoir été conservé si longtemps. Cependant, cela me permit de délivrer quelques anecdotes supplémentaires à qui voulait l’entendre et de raviver de vieux souvenirs enfouis mais non pas moins positifs. La majorité concernait Alec ou mes petites amies de l’époque. Tout n’était pas si sombre aujourd’hui.

**

Ne parlons pas si vite car la situation allait rapidement s’envenimer. Posés dans le salon en compagnie de mes deux géniteurs, la scène aurait pu passer comme plutôt conviviale si ce n’était pour les commentaires tranchants de Winfried. L’agacement gonflait peu à peu tel un soufflé, m’obligeant à faire appel à toute ma volonté pour me taire. Pourquoi prenait-il tant de plaisir à tout gâcher ? Par jalousie comme le soupçonnait mon petit-ami ? Peu importe ses motifs, cela ne l’excusait en rien. Il était toujours le même enfoiré que durant mon enfance. Moi qui avais eu un vent d’espoir le concernant. Quel naïf j’étais. Mieux valait-il que nous mettions les voiles avant que cela ne s’aggrave. Oui, mon refus de dîner avec eux partait d’une bonne attention. Je n’avais pas prévu que tout déraperait aussi brusquement. À vrai dire, la tête de mon père était déjà collée au mur lorsque je me rendis compte de ce qui s’était produit. Attrapé par la gorge, ce dernier n’était même plus en capacité de prononcer la moindre syllabe. Des grognements au mieux. Je n’en pouvais plus de ce type. J’avais vécu un enfer pendant vingt-cinq ans par sa faute. Je ne pouvais concevoir à combien d’années se chiffrait le malheur de celle qui m’avait donné la vie. Il avait que trop bousillé d’existences. Hors de question que sa prochaine cible soit Teddy. Une voix lointaine et féminine me criait dans ma langue natale de lâcher prise. Celle-ci était tellement vague qu’elle m’atteignait à peine, mon attention entièrement portée sur ma « victime ». Si je serrai ne serait-ce qu’un peu plus, un peu plus longtemps, tout nos problèmes s’envoleraient. Je n’étais clairement pas en état de penser aux répercussions que mon geste aurait.

Je sentis un bras s’enrouler autour de mon torse, faisant pression pour me forcer à reculer. Les doigts de ma mère tentant de délier les miens en parallèle. Ma vision s’étendit violemment. Enfin, je ne voyais plus que le visage de mon père. Se dessinèrent les deux autres individus de la pièce et des domestiques qui accouraient, alertés par le boucan. Du coin de l’œil, j’aperçus l’enseignant qui essayait toujours d’instaurer de la distance entre l’homme et moi. Serrant les dents à m’en briser la mâchoire, je finis par obtempérer. Je venais de louper ce qui serait probablement ma seule et unique chance de condamner l’autre au cercueil. Était-ce réellement un mal ? Question qui me hanterait pendant quelques temps. Là, mon regard se plongea dans celui de l’artiste qui souhaitait désespérément me faire atterrir. Si le mien fut d’abord fuyant, je le laissais se noyer dans le sien tandis que je peinais à retrouver une respiration normale. J’ignorais ce qui se déroulait autour de nous, n’ayant plus que l’audition pour me faire une idée. Très vite, je réalisais que j’étais à bout de souffle. Mon énervement couplé à la poussée d’adrénaline m’avait vidé. J’eus l’impression de réapprendre à utiliser l’air environnant pour survivre, retrouvant peu à peu un rythme cardiaque normal. Teddy y vit probablement l’occasion d’apporter le coup de grâce à ma rage puisqu’il vint m’embrasser tout en gardant nos corps serrés l’un contre l’autre. Le baiser d’amour véritable brise toutes les malédictions n’est-ce pas ? Je l’avais appris en regardant les Disney. Peu importe qu’il y ait des témoins. Il s’en fichait. De mon côté, je n’y pensais même pas. Une réflexion à la fois s’il vous plaît.

À partir de cet instant, tout devint flou pendant quelques secondes. Je me retrouvais dehors, à regarder mon petit-ami se diriger vers Lisabeth après lui avoir adressé une expression inquiète. Maintenant à l’extérieur, j’allais me poser sur les marches du perron, le front posé dans la main. Je prenais enfin conscience de ce qui s’était déroulé dans le salon. J’avais complètement perdu les pédales au terme « putain ». Dans un sens c’était ridicule mais… Ma colère ne datait pas d’hier et celle-ci avait bouillonné des heures durant rien que depuis notre arrivée. Combien de minutes s’étaient écoulées à son retour ? Impossible de le savoir. Je ne songeais même pas à regarder ma montre, fixant un point invisible sur les pierres de l’allée.

Le brun s’appuya contre moi, nos doigts s’entremêlant alors que le reste de mon être ne bougea pas d’un pouce. Maintenant que j’étais de nouveau de ce monde, je culpabilisais plus que jamais pour avoir été aussi faible. Mais un autre élément entrait en compte.

- Je suis vraiment désolé… Je ne pensais pas qu’il avait encore cette emprise sur moi. Quand il t’a traité de… J’ai juste disjoncté, confiais-je les larmes aux yeux. Je ne suis pas sûr de valoir mieux que lui. Ce n’est pas normal que je sois comme ça. Si… violent. C’est comme si nous avions échangé les rôles. Je ne veux pas devenir mon père. Et je veux encore moins te blesser…

Imaginez ! Et si j’étais programmé pour devenir un monstre à mon tour ? Teddy serait en première ligne de mire comme l’était ma mère du côté de mon géniteur. Assez d’idées noires Elijah ! Mon interlocuteur avait déjà suffisamment lourd à digérer sans que tu lui rajoutes un poids de plus ! Quelle idée j’avais eus en débarquant dans l’Antre du Diable. Je me passais la main sur la face comme pour m’aider à me reprendre, puis vins poser délicatement mon crâne sur son épaule. Je m’éclaircis la gorge afin d’étouffer mes sanglots avant d’ajouter :

- Qu’est-ce qu’elle te voulait ?


Avec tous ces rebondissements, j’étais passé à côté de la chance de la questionner concernant la famille d’Alec. Je ne pouvais pas y retourner. L’endroit m’était définitivement interdit désormais. Je trouverai un autre moyen. Je le devais bien à mon ami d’enfance. Sans compter que ce mystère était bien trop important pour ne pas être dissipé d’une façon ou d’une autre. Malgré tout, j’étais curieux de savoir ce qu’ils avaient pu se raconter en mon absence. Probablement avaient-ils débattu de la meilleure manière de me glisser dans une camisole de force ? Ce n’était plus qu’une question de minutes avant que nos ventres affamés protestent.

- Ça te dirait de passer à l’hôtel nous rafraîchir ? On pourrait se trouver un endroit sympathique pour décompresser. Et manger ! On en a sacrément besoin. Et puis… Je ne veux pas gâcher le peu de temps qu’il nous reste dans le pays. Si tu veux encore de moi, je mettrai tout en œuvre pour me rattraper. Juré.

Enfin, j’arrivais à étendre un sourire. C’était très difficile, bien plus que ça ne le devrait mais… J’y parvenais. Il me fallait juste m’échauffer encore un peu… Ce fut à mon tour de capturer son menton pour le ramener vers moi.

- Je t’aime Babe. Encore une fois : pardonne-moi.
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Mar 25 Juin - 19:07
Teddy Abolick
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Je crois que j’avais eu ma dose en émotions forte pour un moment là. Certes, je n’étais pas le plus à plaindre dans la situation. Ce n’était pas moi qui avait eu une montée de rage et d’adrénaline soudaine, au point de sauter sur mon père pour lui en coller une. Mais croyez-moi, de mon côté aussi mes émotions ont fait yoyo. Tout du moins, à mon échelle, vous savez, celle du type toujours chill, et bien c’était beaucoup d’émotions. Et j’espérais qu’on aurait pas à revivre ça avant un moment.

Ainsi je profitais de ce moment de calme avec Eli. Pas la peine de parler beaucoup, je ne pensais pas qu’il y avait grand chose à dire. Je savais pourquoi il avait fait ça. Et je n’allais pas lui en vouloir ou quoique ce soit. Je voulais juste qu’il se détende et redevienne le Eli que je connaissais. Je n’aimais pas le voir se mettre dans des états pareils. Mais je n’allais pas lui reprocher non plus. D’un sens, ça serait flippant s’il ne ressentait jamais rien et restait toujours calme.

Mais apparemment, Eli n’était pas si confiant sur ce qui venait de se passer. Il brisa le silence pour s’excuser, et il pensait ce qu’il disait. Il s’était fait aussi peur à lui même. Je laissai tomber ma tête sur son épaule en l’écoutant parler. Autant le laisser sortir tout ce qu’il avait sur le coeur.

- T’inquiète, j’aurais eu la même réaction si on t’avais insulté comme ça. Bon, ça aurait été moins classe parce qu’en deux-deux je me serais retrouver au sol mais…

Je relevais ma tête pour la pencher et essayer de faire face à Eli qui s’obstinait à regarder devant lui :

- Merci. Tu sais, personne ne s’est jamais battu pour me défendre comme tu l’as fait. Et tu n’es pas ton père. Tu vaux mieux que lui. Crois-moi. Il m’a fallu, genre… Quelques heures à peine pour être fou de toi. Et tu vois, ton père, il m’a pas fait le même effet du tout. Même plutôt l’inverse. Si c’est pas une preuve que tu n’es pas lui…

C’était sûrement l’argument le plus nul du monde, mais c’était tout ce que j’avais trouvé sur le coup.

- Sérieusement, tu n’es pas ton père. C’est pas si grave d’être violent. Enfin, perso je m’en fou, je t’aime comme tu es. Tant que tu te bats pour les bonnes choses. Là, tu t’es battu pour moi, pour nous. Alors que ton père, il s’est toujours battu que pour lui-même. Et puis, ton père ne m’a pas moi. Et je te le promet Eli, je te laisserai pas devenir comme lui.


J’adressais un sourire à mon blond avant de l’embrasser sur la joue. Je crois que c’était la meilleure promesse que je pouvais lui faire, non ? Dans ma tête, tout du moins, ça sonnait bien. Et avec tout ça, j’en avais presque oublié l’entrevue que je venais d’avoir avec Lisabeth. Cette fois, ce fut à Eli de poser sa tête sur mon épaule pour me demander ce qu’on s’était raconté avec sa mère.

- Oh ! Pas grand chose. Elle s’est excusée pour le “grabuge”. Et elle m’a remercié d’être venue. Elle a avoué qu’elle avait des à priori en nous voyant arriver, mais au final, elle a plus ou moins dit qu’elle était contente que je sois là pour toi et de ce que tu es devenu aussi. Je lui aie proposé de venir te le dire directement, et je lui aie dit qu’elle pouvait se joindre à nous pour le dîner ce soir, qu’on pourrait aller dans un resto sympa pendant que ton père se repose. Mais elle a refusé, elle a dit qu’elle devait rester ici auprès de son mari et qu’elle ne voulait pas t’infliger plus de… tout ça…

C’était difficile de tout retranscrire exactement, parce qu’il fallait lire entre les lignes avec belle-maman. Quoique, là, elle avait été plus directe que précédemment. Mais vous savez que je suis nul pour ce genre de chose, vous savez, les explications.

- Je crois que j’ai un ticket avec elle, j’ai réussi à choper son zéro-six.

J’adressais un sourire accompagné d’un clin d’oeil fier à Eli. Genre, le mec content d’avoir un éventuel coup, vous savez. Mais non, je comptais pas vraiment me faire ma belle-mère ! Voyons donc ! Un peu de tenue ! Je voulais juste blaguer et faire rire un peu Elijah. C’était sûrement maladroit, mais il était habitué à force, non ? Bref, je gardais pour moi, les quelques recommandation que m’avait fait Lisabeth, si je voulais pas qu’on finisse “comme eux”. Mais comme si une telle chose était possible. Si vous voulez mon avis, c’était plus des conseil des parents qui s’inquiétait du bonheur de leur enfants, mais des trucs basique et sans énormément d’intérêt. J’avais pas besoin qu’on me dise comment gérer ma relation et être heureux avec Elijah.

- Haaa ouiii faisons ça ! J’ai teeeeellement faiiim !! Mon estomac va commencer à manger mes autres organes si on le remplit pas rapidement !

Je me levais et attrapais la main d’Elijah en souriant alors qu’il me disait encore qu’il m’aimait :

- Je t’aime aussi. Et je te pardonnerait volontiers si tu avais commis la moindre faute. Allez, viens, j’ai faim, et bien sûr que je veux encore de toi. Je ne pourrais jamais trouver mieux.


Je tirais Elijah jusqu’à ce qu’il se lève aussi et me mit sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser. Et on aurait pu profiter de ce moment tranquillement si mon estomac n’avait pas émis un grognement à en faire trembler le sol. Je grimaçai :

- Je crois que c’est un ultimatum…

Oui, je parle bien de mon estomac, qui me pose un ultimatum avant d’aller dévorer ses organes voisins. Pas moi qui mettait un ultimatum à Elijah, voyons donc.
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