| Invité Invité  | Ce n'était pas parce que Mrs Grant leur avait formellement interdit l'accès à la section scientifique de la bibliothèque, dans l'espoir de les refréner un peu et d'empêcher un autre désastre de se produire. Après tout, si on devait être honnête, ça n'avait pas été un désastre complet : ils avaient appris de leurs erreurs. Même s'ils ne savaient pas vraiment ce qu'elles avaient été, exactement. Ce n'était pas non plus parce qu'ils s'ennuyaient et que l'attrait de la bibliothèque s'était renforcé maintenant que son entrée leur était barrée (Mrs Grant avait affirmé avoir prévenu Ms Stewart qu'ils ne devaient en aucun cas poser un doigt de pied dans la pièce, même s'ils prétendaient vouloir emprunter un ouvrage qui n'avait aucun rapport avec les sciences). Et ce n'était absolument pas parce qu'ils venaient de se refaire pour la énième fois l'entièreté des films Harry Potter.
Non, vraiment, aucune de ces raisons n'était valable.
Pourtant, cet après-midi là, c'est avec un grand sourire aux lèvres et le regard pétillant de malice que Warren retrouva Brooke dans une classe vide non loin de la bibliothèque. Il avait, pour l'occasion et après concertation avec sa meilleure amie, enfilé son uniforme de Poudlard (acheté en ligne dans des boutiques anglaises à l'occasion d'une convention) : un pantalon noir, une chemise blanche recouverte d'un pull gris, des chaussures noires, sa cravate aux couleurs de Poufsouffle (il se considérait comme choixpeauflou Serdaigle et avait choisi la maison des Blaireaux pour sa salle commune, située non loin des cuisines) et sa cape noire, le tout complété par une baguette (hélas fausse). « T'as pensé à la cape ? » glissa-t-il à l'intention de la brunette, à peine s'était-elle introduite dans la pièce. Comme elle lui montrait le sac qui pendait à son flanc, son sourire s'agrandit. « Bien, il va falloir qu'on fasse diversion pour pouvoir entrer, commença-t-il, les sourcils froncés par la concentration. Du coup, j'ai pensé qu'on pourrait hacker l'ordinateur de Stewart pour qu'elle aille demander de l'aide aux informaticiens... T'en penses quoi ? Ça devrait l'éloigner assez longtemps pour nous laisser le temps d'entrer et de trouver un moyen de bloquer les portes, non ? A moins que t'aies une meilleure idée ? »
Ils n'essayaient pas du tout de s'introduire dans ce qui était devenu la Réserve, cette zone de la bibliothèque de l'école magique où les étudiants n'avaient pas le droit d'entrer sans l'autorisation écrite d'un professeur.
Pas du tout. |
| Invité Invité | On n’est pas des mauvais élèves. On n’enfreint pas le règlement par pulsion adolescente puérile pour « ressentir quelque chose » ou combler le vide de nos cerveaux par de l’adrénaline. Là, c’est pour la science. C’est donc un mal nécessaire. Les règles ne sont pas faites pour être brisées, mais elles sont surtout faites pour le peuple ignare qui ne sait même pas pourquoi il fait n'importe quoi. Nous, on a un but réel concret. Notre expérience en dépend. Ce n’est pas juste un projet de science, c’est une démarche personnelle vitale pour notre développement initiatique dans les sciences. En tout cas, c’est ce que j’ai dit pour convaincre Mme Grant de nous laisser accéder à la zone restreinte de la bibliothèque. Les accidents récents en laboratoire causés par Warren et moi-même n’ont malheureusement pas joué en notre faveur.
Donc naturellement, nous nous retrouvons dans une salle de classe pour échafauder un plan. Pour l’occasion, parce que ce n’est pas tous les jours qu’on va voler un livre dans la Réserve, nous sommes déguisés – non, habillés – aux couleurs de nos maisons respectives. J’y tiens, à ma cravate verte. Je pense que j'aurais pu être Serdaigle, mais j'aime beaucoup trop arriver à mes fins. J’ai même apporté la cape d’invisibilité (superbe réplique de celle du film, pas l’écran vert hein, celle qu’on voit quand Harry reçoit son cadeau de Noël. J’ai un écran vert, mais je ne l’ai pas amené.) J’ai aussi une baguette, la baguette de sureau pour les connaisseurs, autant prendre la plus puissante. Et des petites bouteilles d’eau, parce qu’il faut s’hydrater.
« Bonne idée. J’avais pensé à simplement débrancher sa multiprise, mais si on hacke l’ordinateur ça retardera un peu plus les informaticiens… Attends. »
Je redresse mon sac et je me dirige vers l’ordinateur de la salle de classe. Le système informatique de l’école est connecté à un même réseau, comme dans la plupart des écoles d’ailleurs. Hum… Il ne faut pas que je bousille tout le réseau. Seulement la session de Stewart. Je m’installe sur la chaise du bureau et farfouille dans mon sac pour trouver mon disque dur. J’en ai deux en fait, celui-là a une tête de mort dessus. J’ai plein de choses dedans, mais là ce que je cherche, c’est un petit programme pour un petit bug, une sorte de virus local, que je pourrais implanter chez la bibliothécaire. Enfin, son pc hein. Pas que je l’avais déjà utilisé à Blackwell, ce programme. Je l’ai utilisé sur mon frère Teddy pour tout dire. Rien de bien méchant, promis.
« C’est bon. Maintenant il faudrait qu’on aille à la bibliothèque, et faire comme si on comptait réellement aller dans la section principale. On observe Stewart et quand elle ouvrira son ordinateur, ça déclenchera le programme que j’ai mis, elle ne pourra plus l'utiliser ensuite. »
Nous quittons la pièce pour nous rendre sur les lieux du crime. Je fais signe à Warren pour lui montrer d’un mouvement de tête une table pas très loin de la Réserve, où nous nous installons. Je jette un œil vers Ms Stewart : elle lit un livre. Bien, il faut juste qu’elle décide d’aller sur son ordinateur. En espérant qu’elle en ait besoin, sinon on aura l’air fin. |
