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My child, don’t be scared feat Sean Wyatt Scott-Holtz

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Mar 11 Fév - 20:22
Invité
Invité
Anonymous
Après plusieurs heures de galères en train, en bus et largement à pieds, Celeste s'était présentée à l'accueil de ce fameux camp ''Renouveau'' qu'il avait découvert par hasard lorsqu'il furetait parmi des flyers en attendant Sean à Blackwell. Bien que son arrivée n'ait pas été préparée, il fut immédiatement accepté lorsqu'il expliqua la raison de sa venue impromptue. Les choses se déroulèrent ensuite très rapidement, et il se laissa porter par le mouvement en verrouillant sa tête une bonne fois pour toute afin de ne pas faire demi-tour.

Le médecin du camp vint l'examiner, puis il passa un entretien avec Benjamin, qui serait son référent ici. Ensemble ils remplirent les formulaires permettant son intégration au sein du centre. Benjamin l'endormi de belles paroles et finit de le convaincre en lui présentant ses camarades.

- Les jeunes, voici Adam. Il est nouveau ici, je vous fais confiance pour l'aider à s'intégrer.

C'est ainsi qu'Adam enterra Celeste pour devenir ce que son corps disait de lui. Qu'il était un garçon. Et c'est ce qu'il s'appliquait à devenir au fil des jours. Ses journées étaient majoritairement passées en compagnie des autres garçons du centre. Il n'avait jamais croisé une seule fille, et pour cause elles résidaient dans une autre partie des lieux. Les groupes de parole s'enchaînaient et il mit toute sa volonté à s'adapter, à devenir cet homme que l'on attendait qu'il soit. C'était chaque jour un peu plus difficile mais il ne céda pas. Un homme ne pleurait pas, aussi ferma-t-il une nouvelle porte de son cœur qui était maintenant parfaitement isolé et malléable par les responsables du centre. Ceux-ci le convoquèrent après lui avoir laissé quelques semaines d'adaptation.

- Adam, nous tenons à te féliciter pour tes efforts. Tu es sur la bonne voie, cependant il nous semble important que tu passes maintenant une étape difficile mais inévitable pour ta guérison.

- De quoi parlez-vous ? S'inquiéta aussitôt le jeune homme.

- Tes cheveux. Ils sont trop longs, et tant que tu les garderas ainsi tu ne pourras pas affirmer ton identité d'homme.

Cette annonce sonna un long silence dans la pièce. Le jeune pensionnaire ne put s'empêcher d'avoir une brève pensée pour Sylvanus. Mais il se reprit et hocha la tête pour signifier qu'il comprenait.

- Parfait, nous sommes fiers de toi. Tu peux suivre Benjamin, il va s'occuper de ton problème capillaire sans tarder.

Et effectivement, Benjamin trancha le problème de manière on ne peut plus radicale : une coupe militaire. Timidement, Adam passa sa main dans ses cheveux qu'il n'avait jamais connu aussi court. Il ne se reconnut pas dans le miroir. Il faut dire qu'entre ce crâne quasiment rasé à blanc, son uniforme bleu et ses joues creusées par son habituel manque d'appétit qui s'était accentué depuis son arrivée... Il n'était plus le même. Mais il décida que cela serait le début d'une nouvelle vie et sourit à son éducateur pour lui signifier que tout allait bien.

Le lavage de cerveau fonctionnait à merveille sur la jeune personne qui avait donné sa confiance à des inconnus. On accentua le programme pour lui et pensant faire ce qu'il devait, Adam absorbait et régurgitait ses leçons pour devenir un homme digne de ce nom. Pourtant le doute continuait à l'assaillir, car malgré tous ses efforts il ressentait toujours ce doute profond sur son identité. Et immanquablement il s'éveillait tous les matins avec un oreiller trempé de larmes.
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Mar 11 Fév - 20:23
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
Messages : 157

Journal perso
Ardoise (dortoirs):
Cela faisait un mois et demi que Sylvanus se rongeait les sangs. Un mois et demi depuis que son enfant était parti sans laisser le moindre mot. Seul son téléphone abandonné en évidence dans la chambre en bordel avait fini par convaincre le jeune père que Celeste n'avait pas prévu de revenir. Immédiatement il avait contacté Sean pour savoir si le jeune homme en savait plus mais il ne fit que l'inquiéter. Evidemment Elijah et Teddy furent rapidement mis au courant eux aussi, et ils prêtèrent main forte à Sylvanus lorsqu'ils le pouvaient.

La boutique avait été fermée pour une durée indéterminée, qui pourrait en vouloir au gérant de ne pas être capable d'assumer sa charge de travail alors qu'il était sans nouvelle de son précieux enfant. Pour une fois, Sylvanus avait cessé de rayonner et ne cessait de ressasser les mêmes souvenirs pour essayer de comprendre ce qui avait pu pousser Celeste à partir.

Ce n'est qu'après le premier mois qu'il osa retourner dans le sanctuaire de la jeune femme pour fouiller la pièce. Il eut un mal fou à le faire, ayant l'impression de commettre un sacrilège en touchant aux affaires abandonnées. Cependant il fit bien de passer outre sa conscience, car cela lui permit de trouver, caché sous une pile de vêtements, le flyer d'un camp se vantant de pouvoir rééduquer les jeunes homosexuels et non conforme dans le genre. Cette découverte le fit tomber à genoux et il laissa ses larmes couler en réalisant combien il était passé à côté d'un problème majeur dans la vie de son tout petit.

Dès qu'il eut récupéré un peu de sérénité, il appela le numéro indiqué sur le papier et tomba rapidement sur quelqu'un.

- Bonjour, je m'appelle Sylvanus Naumann et je cherche mon enfant... Est-ce que vous avez parmi vous quelqu'un s'appelant Celeste Carmen Naumann ? Interrogea-t-il sans prendre plus de gants.

- Nous n'avons personne répondant à cette identité ici, Monsieur. Merci de ne pas rappeler. Fut la réponse sèche qu'on lui adressa. Mais le père fantasque n'était pas un idiot et le ton ainsi que l'encouragement à ne pas rappeler le convainquirent qu'il était sur la bonne piste. Il lui fallut deux semaines de plus pour planifier parfaitement son plan qui s'intitulait : sauver les fesses de Celeste. Pour cela il avait plongé son nez aquilin dans les lois et fut rassuré de voir que bien que son fils soit majeur en Allemagne il ne l'était pas aux States et qu'il pouvait encore jouer de son statut de père pour sortir la demoiselle en détresse de ce camp qui semblait rassembler tout ce qu'il haissait. Restait à savoir comment convaincre Celeste qu'il agissait pour son bien alors qu'elle avait elle-même choisi de se rendre dans ce lieu cauchemardesque.

Son meilleur atout restait probablement Sean. Le gamin avait été énormément touché par la disparition de Celeste et s'était investi autant qu'il le pouvait dans les recherches. Voilà pourquoi Sylvanus était passé le prendre en voiture tôt le matin même. Ils avaient du chemin à faire, le camp ironiquement nommé ''Renouveau'' se situait à deux heures de route d'Arcadia Bay.

Armé d'une carte, de la compagnie rassurante de Sean et de son bon sens de l'orientation, Sylvanus avait roulé les mains serrées sur le volant au point de faire blanchir ses phalanges. Lorsqu'il s'arrêta enfin et descendit de voiture ce fut pour tomber sur un domaine privé avec un portail – fort heureusement ouvert – surplombé par le nom de l'institution. Un frisson le parcourut et il se tourna pour vérifier que Sean était à ses côtés. Une profonde inspiration plus tard et il se tournait vers son allié.

- Prêt à entrer en Enfer, bonhomme ?
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Mer 12 Fév - 20:00
Sean Wyatt Scott-Holtz
Sean Wyatt Scott-Holtz
Messages : 279
Localisation : Arcadia Bay
Emploi/loisirs : Étudiant à Blackwell
Humeur : Legendary

Journal perso
Ardoise (dortoirs):
Le lendemain de notre soirée passée en partie à la plage, je n’eus aucune nouvelle de mon meilleur ami. Pas le moindre texto. Ce fut une sombre journée pour moi qui me persuadais qu’il m’en voulait encore pour l’embrouille de la veille. Je n’avais rien d’autre à faire que de lui accorder du temps pour que son esprit s’apaise. Mon appétit réduit à néant inquiétait mes parents qui étaient bien trop habitués à me voir accourir dans la cuisine à l’approche du midi. Ils ne me poussèrent pas à répondre à leurs questions, adoptant une approche similaire à celle pour laquelle j’avais opté moi-même avec la blonde. Les heures défilèrent et rien ne changea. Impossible d’écrire, j’avais le syndrome de la page blanche. À croire que Celeste était réellement ma muse. Je finis par passer la soirée couché sur mon lit, la musique dans les oreilles pour m’isoler de tous. Discuter ne me branchait pas, que ce soit par écrit ou oralement, et je n’avais pas goût à regarder la télévision.

Je fus réveillé dans la matinée suivante par un texto envoyé par nul autre que Sylvanus. L’homme était inquiet de ne pas avoir croisé le chemin de son fils depuis notre passage express dans la boutique. Mon cœur battait la chamade, saisis par un pressentiment selon lequel un événement terrible venait de se passer. « Non. J’arrive. » furent les deux mots que je lui envoyai tout en bondissant sur mes pieds. Habillé et rafraîchi à la va-vite, je filai comme une flèche, ne prenant même pas la peine de saluer mes géniteurs lorsque je passai devant eux. En chemin, je fis un détour à notre cabane dans l’espoir de l’y trouver. Je courrai tant que j’étais essoufflé et vis même des étoiles danser devant mes yeux lorsque je me penchai légèrement pour y jeter un œil. Malheureusement le lieu était vide. Il n’y avait pas le moindre signe de présence. Ce fut le début de huit semaines juste interminables.

Aucune activité sur les réseaux sociaux. Pas le moindre appel ou message reçu. Avec le rouquin nous passions une éternité à appeler les hôpitaux de la région – avant de brasser plus large – et allions jusqu’à contacter les morgues avec une sensation nauséeuse nous retournant l’estomac. Rien. Nada. La jeune femme avait tout simplement disparu de la surface de la Terre. Je passais mon temps à me ronger les sangs et mes proches ne cessèrent de m’aider à déculpabiliser. Ce que je refusais. C’était mon châtiment pour l’avoir abandonné ce soir-là. Je m’enfermais dans ma chambre, en sortant uniquement pour manger, me laver et aller en cours. Réminiscence de l’époque du collège. Bien sûr, je rendais visite régulièrement au père apeuré. Mais cette fois j’étais toujours incapable de composer le moindre titre. Les uniques instants où je réussissais à me décontracter et à retrouver ma bonne humeur étaient les répétitions et entraînements. Là, je me défoulais pour mieux exorciser les démons qui me rongeaient de l’intérieur.

Vint enfin le jour où le propriétaire de Wicc’Arcadia débarqua chez moi peu après l’aube. Nous allions suivre son instinct en nous rendant dans un camp baptisé « Renouveau » dont il avait trouvé un prospectus dissimulé dans les affaires de son enfant. Je n’avais jamais été plus confus que lorsqu’il m’avait partagé sa découverte. Pourquoi mon frère de cœur se rendrait-il dans un tel institut qui me faisait frissonner rien que par son existence ? Nous organisions alors eu une réunion de crise rassemblant Scott, Holtz et Naumann. Au cours de celle-ci nous abordions une caractéristique peu ordinaire de Celeste : sa non-binarité. Je réalisai alors à quel point j’étais passé à côté d’une donnée critique en n’ayant jamais abordé le sujet avec la principale concernée, indifférent à ce qui la rendait pourtant unique à Arcadia Bay.

C’est vers midi, sous un soleil éclatant, que nous sortions de son véhicule. Le regard posé sur la bâtisse semblant propice à un film d’horreur, ce fut à peine si j’entendis les paroles de Sylvanus. Je hochai la tête puis nous avançâmes vers le bâtiment avant de nous engouffrer à l’intérieur. L’accueil fut des plus glacial tandis que nous cherchions à obtenir un tête-à-tête avec mon partenaire de crime. L’arrivée du directeur ne fit qu’aggraver les choses. Le ton montait entre lui et le rouquin que je n’avais jamais vu dans un état pareil. Il perdait son sang-froid légendaire, menaçant de perdre pied davantage à chaque seconde. Il était hors de question de renoncer et de partir bredouille. Nous nous étions mit d’accord lors du trajet : nous repartirions avec Celeste ou camperions jusqu’à ce qu’ils cèdent. Je profitai que l’attention de tous soit focalisée sur l’adulte pour me diriger discrètement vers l’unique porte ne semblant pas donner sur un placard. Alors que je la franchissais, un des employés me repéra, me pointant du doigt, et tous -y compris mon allié – se lancèrent à ma poursuite. L’adrénaline grimpait à vitesse grand V tandis que je me précipitai dans le corridor interminable. On se serait vraiment cru dans un asile de fous ! Un brouhaha mêlant conversations et vaisselle me fit tourner la tête en direction d’une ouverture à double-battants blanche au-dessus de laquelle se lisait l’inscription « Réfectoire ». Avec l’équipe du camp sur les talons, je ne me fis pas prier pour rentrer, ma présence inattendue attirant des regards curieux.

Je repris ma respiration, à deux doigts de m’évanouir de panique. Je m’étais avancé de quelques pas uniquement quand tous surgirent à ma suite. Tous interrompirent leur repas, un silence uniquement perturbé par des chuchotements s’installa. Il était trop tard désormais pour nous mettre dehors. Bientôt, je sentis la présence de Sylvanus à mes côtés alors que je continuais d’avancer lentement le long de l’allée centrale. Il n’y avait que des hommes, tous habillés de fringues dépersonnalisées et d’une tristesse infinie. Sans nul doute que cette vision me hanterait jusqu’à mon dernier souffle, pourtant je ne reculais pas. Je ne remarquai pas l’arrêt soudain de mon « oncle » et continuai jusqu’à atteindre le self-service. Nada. Celeste n’était pas là. Nous avions eu tort. Dos à la foule, j’essuyai les larmes qui coulaient le long de mes joues. Je ne pouvais plus les retenir après un tel faux espoir. Enfin, je me décidai à me retourner et aperçu le gérant de la boutique ésotérique à plusieurs mètres de là où je me tenais. Il me fixait avec, à ses côtés, un garçon aux cheveux rasés occupé à fixer le sol carrelé. Des secondes défilèrent avant que je ne réussisse à l’identifier. Je tombai des nues et senti mes genoux menaçant de lâcher sous mon poids. Sans la moindre hésitation ni égard envers les spectateurs, je fonçais vers lui pour lui sauter au cou.

- Qu’est-ce que tu… fais là… ? lui demandais-je à l’oreille, la voix étouffée par mes pleurs.

Je connaissais la réponse mais c’était l’unique chose m’étant venue à l’esprit. Dingue comme on peut attendre des retrouvailles avec impatience mais être incapable de prononcer un discours cohérent une fois arrivées.
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Lun 24 Fév - 18:33
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
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Ardoise (dortoirs):
Hausser le ton face aux personnes de l'accueil n'avait pas été une bonne idée, c'était maintenant certain. Heureusement, Sean trouva un moyen de s'éclipser pendant que Sylvanus et les responsables du camp criaient tels des Banshee. Il n'en fallut pas plus pour que les responsables des lieux décampent afin d'empêcher l'invasion des lieux, le rouquin suivant le mouvement pour ne pas perdre Sean de vue.

C'est un peu essoufflé que tout ce petit monde fit une entrée remarquée dans la cafétéria. Les gérants tiraient une gueule d'enterrement, sachant pertinemment que cette irruption n'était plus en mesure d'être dissimulée. Ils allaient se faire passer un sacré savon par la cheffe et ils le savaient.
Pendant ce temps, Sylvanus avait cessé tout mouvement pour passer la salle au peigne fin. Il était midi, tous les pensionnaires devaient donc être présent. Ne restait plus qu'à repérer Celeste et ... et espérer qu'iel accepte de les suivre. Il n'allait tout de même pas kidnapper son propre enfant !

Heureusement pour le déroulé de cette histoire, l'homme avait des yeux d'elfe et malgré la métamorphose spectaculaire de Celeste, il la repéra rapidement. Putain, mais qu'avaient-ils fait à son enfant chérie ? Elle flottait dans son uniforme, et quelle était donc l'inscription qu'elle portait sur le torse ?

Il ne réalisait pas ce qui sautait pourtant aux yeux de son enfant : il était l'élément perturbateur ici. Il était la palette arc-en-ciel qui débarquait dans un monde que des gens bien pensants s'appliquaient à rendre aussi aseptisé que possible.

Sans plus attendre, le père se précipita aux côtés de sa progéniture, et commença à lui parler à toute vitesse, lui faisant part de son inquiétude, de son incompréhension face à son départ et à sa présence dans ce lieu pour le moins dangereux. Il essaya de se montrer l'adulte responsable et rassurant, mais rien n'y faisait et c'était comme parler à un mur. Cherchant du renfort, il se tourna vers Sean.

Dès que celui-ci les calcula, Sylvanus décida d'aller attendre plus loin. Être ignoré par son enfant... c'était trop difficile à supporter pour lui actuellement.
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Lun 24 Fév - 18:36
Invité
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Adam s'était fait à son environnement et était maintenant bien endoctriné. Il poursuivait de son plein gré la thérapie de conversion qu'il était venu chercher de lui-même. Pourtant petit à petit, les encadrants se faisaient de plus en plus sérieux et l'atmosphère devenait pesante au fur et à mesure des jours. Les jeunes partageaient des ateliers de groupe où on leur demandait de confier leurs plus intimes secrets, et les éducateurs n'hésitaient pas à ressortir ce qu'ils avaient appris afin d'appuyer leur domination sur ceux qu'ils prétendaient aider.

L'irruption de Sean et Sylvanus eut lieu lors d'un jour particulièrement difficile pour Adam. Il n'avait pas pu fermer l’œil de la nuit précédente et se sentait particulièrement abattu. Un système de punition et de récompense avait vu le jour, et l'atmosphère était plus tendue que jamais. Si les meilleurs élèves obtenaient des privilèges tels que des repas améliorés, les moins bons devaient porter par dessus leur uniforme un chasuble sur lequel était inscrit « I'm a freak », ce qui les condamnaient à être isolés des autres. Le narrateur vous laisse aimablement deviner qui était actuellement vêtu de cet odieux artifice. Réponse : Adam. Et ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait ainsi mis au ban, à devoir manger sa maigre pitance assis seul à une table.

Depuis que la thérapie s'était accentuée, des doutes avaient commencé à pointer dans son esprit. Il faut dire que le camp Renouveau utilisait la Bible comme outil phare... Ce qui allait totalement à l'encontre de ce en quoi croyait Adam. Éduqué par un wiccan, il refusait de changer d'opinion et trouvait la Bible mortellement ennuyeuse et manichéenne. Surtout lorsque les éducateurs prenaient chaque mot au pied de la lettre et ne remettaient pas en question le fait que plusieurs siècles étaient passés par là.

Certaines activités lui rappelaient des bribes de ce qu'il avait laissé à Arcadia Bay. Comme les moments chorales, bien qu'évidemment les chansons n'étaient plus du Queen, du Lady Gaga ou des compositions made in la famille Holtz-Scott. Le personnel encadrant avait lui-même écrit les paroles et un œil – même peu averti – pouvait y détecter tous les éléments amenant les jeunes pris en charge à se haïr. Et encore, le mot était faible. Qui pouvait aller mieux en s'entendant qualifier de monstre, d'erreur de la nature, d'avortement raté ?

Certainement pas lui, et il lui arrivait fréquemment de vriller, ne sachant plus qui croire. Ces inconnus en qui il avait choisi de placer sa confiance à l'aveuglette, ou sa famille qui l'avait éduqué en lui apprenant qu'il était important et unique tel qu'il était. Et oui, le doute s'infiltrait progressivement dans l'esprit du pensionnaire. Cependant pas assez pour qu'il songe à prendre ses jambes à son cou pour fuir cet endroit. Mais le hasard fait les choses à sa manière, et parfois les choses tombaient à point.

Perdu dans ses sombres pensées, le jeune homme avait mis plus de temps que les autres à se rendre compte du vacarme et de la présence de deux étrangers. Étrangers ? Pas pour lui. Le barrage qu'il s'était appliqué à maintenir sur son cœur eut un premier soubresaut lorsqu'il réalisa qui se tenait planté là, dans cet endroit qui devait rester son secret, son refuge vers la voie de la normalité.

Son père n'avait visiblement pas hésité une seconde avant de le rejoindre, mais il se retrouva muet, incapable de ne serait-ce que le saluer. Les yeux rivés au sol il écoutait son père parler mais n'entendait que quelques mots au hasard, comme s'il avait eu du coton dans les oreilles. A vrai dire il ne se sentait vraiment pas bien depuis quelque jour. Peut-être aurait-il du demander à voir le médecin du camp... Mais non, décidément il n'aimait pas cette personne et préférait attendre que ça passe seul.

Il ne réalisait pas ce qui sautait pourtant aux yeux de son père : il était profondément malheureux ici. Où était partie l'étincelle qui pétillait autrefois dans ses yeux ? Et combien de poids avait-il perdu, lui qui était déjà fin avant ressemblait maintenant à une asperge que l'on se serait bien appliqué à dessécher.

S'il avait réussi à éviter son père au point de ne pas remarquer le départ de celui-ci, il ne put ignorer la présence de Sean puisque celui-ci vint se coller à lui. Comment savait-il qu'il s'agissait de Sean ? C'était évident, il avait l'odeur de Sean, la douceur des cheveux de Sean et puis qui d'autre aurait pu accompagner son père pour lui sauter dessus ?

« Oh par toutes les déesses, je vais être tellement dans la merde lorsque le duo va repartir. Je suis une erreur, la preuve ils sont venus ici. » fut la première pensée qu'il eut, ce qui prouvait bien qu'il n'était plus lui-même. Seul le fait d'entendre les sanglots dans la voix de son ancien frère lui permit de sortir un bref instant de ces pensées qui avaient été bien implantées dans sa caboche.

Il se tortilla pour se défaire de l'étreinte - dans laquelle il était pourtant si bien – avant que la situation n'empire. Il lui fallait s'expliquer maintenant. Heureusement qu'il avait eu des cours pour savoir exprimer ce qui faisait de lui une tare.


- « Away, get away ! You are such a freak ! » It's what people say to me. (ndla : j'ai pété un plomb à force d'écouter cette musique en boucle, fallait que je case les paroles je suis POSSEDEE tu m'entends, POSSEDEE !) Et ils ont raison, j'ai mis du temps à l'accepter parce que dans leur générosité tes parents et mon père ne m'en ont jamais fait le reproche. Mais je ne pouvais plus vivre comme une bête curieuse, en attendant que tu réalises quel poids je représentais pour toi. Ici on m'apprend à être normal. Tu te rends comptes, si je fais assez d'efforts je pourrai aller à l'école, avoir un métier !

Il avait parlé avec fierté de cet apprentissage, mais soupira en baissant les yeux sur sa blouse. Freak.

- Pour le moment je ne suis pas assez bon. Il faut que je reste encore, pour devenir un homme. Un homme respectable et qui soit capable d'endosser des responsabilités. Je ne dois plus être futile, ce n'est plus de mon âge. C'était une erreur pour vous de venir ici, tu dois partir Sean. Mon père aussi. Je reviendrai... Je reviendrai lorsque je saurai être Adam tous les jours de ma vie. Mentit-il.

Pas un seul instant il ne releva les yeux. Pleutre qu'il était, il savait que toute sa détermination se casserait aussi vite qu'un vegan d'un KFC si jamais il croisait les yeux mouillés de Sean. Une nouvelle fois il lui avait fait du mal.
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Mar 25 Fév - 20:14
Sean Wyatt Scott-Holtz
Sean Wyatt Scott-Holtz
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Localisation : Arcadia Bay
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Humeur : Legendary

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La folle course-poursuite venait de s’achever dans la cafétaria où tous les résidents me fixaient avec perplexité, fourchettes et cuillères figées à mi-chemin entre les assiettes et leurs bouches. Il faut dire que nous leur donnions un sacré spectacle puisque après avoir moi-même franchi le seuil de la pièce en fracas, les employés firent claquer les portes battantes contre le mur les soutenant, dictés par la rage que je sois parvenu à me faufiler jusqu’ici à leurs dépens. Il ne manquait plus qu’une arrestation par les vigiles pour parfaire le tout mais ils n’en firent rien. Sûrement pour qu’il n’y ait aucun témoin de violence, acte pouvant les amener à se rebeller pour ceux à qui le bon sens n’avait pas été complètement anéanti. Tous parurent retenir leur respiration, en attente de ce qui allait se dérouler par la suite. Je m’avançais en jetant un œil à chacun de ses individus dans un état de détresse plus sauvage que ne le laissait paraître le calme résonnant ici, les décrivant tour à tour en plissant les yeux pour mieux apercevoir leurs traits. Comment pouvais-je passer à côté de ma sœur sans même la reconnaître ? Pas la moindre idée. La logique voulait que je ne m’attendais pas à la trouver dans un tel état avancé de rejet identitaire, ce dernier représenté extérieurement par son physique amaigri et un crâne rasé. Jamais je ne l’avais vu autrement qu’avec plusieurs dizaines de centimètres de cheveux, signature que je m’étais toujours plu à tresser et décorer de fleurs durant nos pérégrinations. Je lui avais même recouvert la tignasse de boue une fois, persuadé qu’elle n’en deviendrait que plus merveilleuse. Merveilleusement pénible à nettoyer surtout ! Nous n’avions jamais réitéré l’expérience soyez-en assurés. Mais l’heure n’était pas aux âneries habituelles qui nous valaient des regards levés au ciel de la part des habitants d’Arcadia Bay.

Après avoir parcouru l’intégralité de l’allée centrale, ce n’est qu’en me retournant que je l’aperçu enfin. Celeste se tenait là, debout, le visage baissé. Il ne daignait même pas établir d’eye contact, aussi m’élançai-je dans sa direction pour le serrer contre moi comme nous l’avions fait d’indénombrables fois ces 18 dernières années. Des mots stupides s’échappèrent de ma gorge serrée puis, à le sentir se débattre pour se dégager de ma prise et en écoutant ses paroles robotiques dépourvues d’émotions pures, je regrettai presque de l’avoir retrouvé. C’était comme si je l’avais déjà perdu, que mon frère était absent de cette coquille, de cette enveloppe de chair. À l’intérieur y résidait un adversaire redoutable auquel je ne m’étais jamais frotté auparavant. J’eus alors la terrible impression d’avoir déjà perdu la guerre. Moi qui avais entretenu la flamme de l’espoir deux mois durant, je me retrouvais K.O. en seulement une poignée de phrases. Un vrai coup de poing en pleine face et les dégâts me firent perdre contenance tandis qu’il échappait à mon étreinte. Je pris finalement conscience du terme insultant inscrit sur sa blouse. Mon sang ne fit qu’un tour.

- That’s bullshit! m’écriai-je d’un ton fracassant en réponse à ses « arguments ».

Certains témoins de la scène sursautèrent et des murmures me montèrent aux tympans. J’étais indigné, à deux doigts de taper du poing sur la table. Et vous pouvez être certains que Celeste ne m’avait jamais vu ainsi, moi habituellement si optimiste ou bien sombre dans mes pires périodes. En colère ? Non. Si mon interlocutrice s’attendait à ce que j’en vienne à le supplier de me suivre, elle avait tort sur toute la ligne. Actuellement, j’étais bien trop révolté pour adopter à nouveau la manière douce. Non seulement elle était inefficace mais le blond avait sérieusement besoin d’être secoué pour retrouver la raison !

- C’est sincèrement ce que tu penses ? Que tu es un « freak ? l’interrogeai-je tout en tapant l’inscription du bout de l’index. Et je demande ça à ma sœur, pas à la machine programmée par des incapables même pas fichus d’empêcher un gringalet comme moi de faire un esclandre !

Une infime pincée d’humour se déversait de ma remarque, tel un point d’ancrage pour ramener l’enfant de Sylvanus à la réalité. S’il y avait bien quelque chose ne l’ayant jamais laissé indifférent, c’était ma loufoquerie. Cependant, les chances pour que cela fonctionne étaient proches de 0, de ce fait je ne m’y attardai pas. Je saisi son visage en posant mes mains sur ses joues puis le forçai à me fixer. Dans le cas où ce contact visuel le ferait souffrir, je ne me le reprocherai pas. Bien au contraire. Au moins, cela prouverait que mon meilleur ami était toujours en vie, même si replié dans un coin sombre de son esprit. Il fallait le laisser s’exprimer et dès lors la partie serait plus proche d’être remportée. En effet, revirement de situation. Ce n’était pas dans ma personnalité de me déclarer vaincu bien longtemps, en particulier car Celeste méritait que je me batte.

- Tu as tort si tu penses pouvoir être heureux en étant autrement que toi-même. Je l’admets : je ne sais pas ce que tu traverses exactement. Mais j’ai aussi énormément souffert tu te souviens ? On s’est moqué de moi car je ne corresponds pas entièrement à la norme. Aujourd’hui encore ça m’arrive. Et je me suis longtemps isolé, persuadé que c’était l’unique solution, comme toi aujourd’hui.

Une pause, mes prunelles toujours posées sur lui.

- Pourtant, je vais mieux maintenant. Grâce à toi ! Tu m’as appris à retrouver confiance, à considérer ce que je pensais être des faiblesses comme étant des dons du ciel. Personne n’avait réussi avant toi. Être « normal » ne va pas t’épanouir. Ça ne fera qu’étouffer la personne formidable que tu es. Tu n’as jamais été un monstre ou un poids à mes yeux et ne le sera jamais. N’écoute pas ceux qui t’abaissent, ils ne valent même pas un quart de ce que tu vaux. Tu es extraordinaire, eux ne sont… qu’ordinaires.

Et je disais cela avec un level de mépris à en renverser la gravité.

- Tu arriveras à obtenir ce que tu souhaites si tu t’en laisses la chance. Ne change pas pour faire plaisir aux goules sales. Ils ne le méritent pas. Je ne t’aime pas car tu sors du lot, et je ne t’aimerai pas davantage car tu seras une copie carbone du « type parfait selon la société ». Je t’aime toi. Et c’est pour ça que nous rentrerons ensemble à la maison ou que je ne rentrerai pas du tout.

La blonde ne bougeait pas. Alors, je haussai les épaules puis tirai la chaise faisant face à la sienne et m’y assis. Je ne bougerai pas tant qu’il n’aurait pas sa valise à la main. Sylvanus et moi avions tout notre temps, nous étions venus le chercher et ne décamperons pas les mains vides. Ce discours interminable m’avait affaibli, ce pourquoi je ne me fis pas prier pour piquer de l’eau dans son verre. Par contre, la vue de son plat me fit grimacer. Hors de question que je touche à cette immondice !

- Et puis… Si tu nous suis, mon père fêtera ça dignement avec une choucroute. Tu sais à quel point il aime la préparer. Tu ne peux pas lui refuser ça, lui confiais-je avec un doux sourire amusé.

Je croisais les doigts pour qu'il me dise à quel point j'étais bête.
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Ven 13 Mar - 10:42
Invité
Invité
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- That’s bullshit ! Entendit Adam, et il se surprit à prendre en pleine figure ce mot et à se retrouver sans plus d'argument. Comme si soudainement la voix de la raison s'était incarnée en Sean... Cela aurait pu être comique si la situation n'avait pas été aussi dramatique. Il avait détruit le côté taquin de son meilleur ami et frangin de cœur. Quel type de monstre était-il donc pour ainsi faire souffrir systématiquement tous ceux qu'il aimait ?

Pourtant ce n'était pas ce que semblait lui reprocher Sean – sans parler de son père qui avait déserté – et il était complètement à côté de la plaque. Il fut étonné devant les coups de doigts plantés dans son torse qui dénonçaient l'inscription qu'il portait. Le rouge lui monta aux joues et il se souvint alors de la raison pour laquelle il était isolé. Il ne rentrait pas dans le moule, pas même celui de cette institution dans laquelle il était venu chercher de l'aide.

Les mots durs de Sean tournaient en boucle dans sa tête.Qui était-il ? Il ou elle d'ailleurs ? Adam, Celeste... Il n'en avait plus aucune idée maintenant que son frère s'enflammait dans un discours fougueux.

- Je ne sais pas Sean. Je … Je ne sais plus qui je suis. Lâcha-t-il doucement, si doucement qu'on aurait pu ne pas l'entendre. Mais la cafétéria était mortellement silencieuse, et si les éducateurs avaient tenté de faire sortir les jeunes pensionnaires avant que la situation ne dégénère ils avaient échoué. Maintenant le duo était le point de mire de toute la population rassemblée en ce lieu, et chacun semblait attendre de voir le dénouement de cette scène de théâtre improvisée.

Un frisson parcourus les responsables du lieu lorsque l'invité surprise posa ses mains sur les joues de leur Adam. Oh non, la situation dégénérait à toute vitesse... Mais aucun ne se risquait à intervenir, chacun lançant des coups d'oeil à son voisin pour pousser celui-ci à prendre une décision que lui-même ne pouvait assumer.

C'est donc dans une pseudo indifférence générale que Celeste ne put échapper au regard franc et pourtant si aimant de Sean. Les yeux bleus ternes rencontrèrent ceux de son ami et sa gorge de serra. Oh par toutes les Déesses, que … Quel était ce torrent de sensations qui déferlaient en lui ? Serait-ce toutes les émotions qu'il avait mis de côté pendant deux mois ? (ndla : no shit Sherlock ?)  Mais pourquoi maintenant...

Il voulait se montrer fort pour prouver à ses proches qu'il était digne d'être aimé !
Seulement Sean lui rappelait que l'on n'avait jamais attendu de lui autre chose que d'être présent auprès d'eux, peu importe sous quel genre ou avec quelles frusques dénichée dans une des malles de son père.

- Oui, je me souviens... Mais... Je n'ai jamais pu avoir une scolarité normale. Je t'aime Sean mais... A part nos familles je n'ai personnes. Je suis tellement heureux de te voir tous les jours, mais je pense que je suis un peu jaloux de toi, ou plutôt de ces gens qui te côtoient et avec qui tu es ami. J'aimerais pouvoir moi aussi te présenter des gens de ma classe, mais je n'ai pas d'école. Je ne suis rien ! Je ne comprends pas comment je peux être extraordinaire alors que j'ai l'impression d'être Harry Potter dans son placard, qui fait semblant de ne pas exister aux yeux du monde.

Ce n'était pas un argument valable mais mieux valait que cela soit dit maintenant. Et petit à petit Celeste reprenait le dessus si l'on en croyait la référence à ce film racontant l'histoire d'un petit garçon devenu le vainqueur de Sans-Nez.

Visiblement la menace de ne pas rentrer du tout s'il ne venait pas était on ne peut plus sérieuse puisque Sean prit place sur une des inconfortables chaises du réfectoire... Et tire la tronche face au plateau repas désormais froid du pensionnaire. Celui-ci s'attendait à voir le sermon se poursuivre, mais il n'en fut rien. Sean semblait décidé à le dérider et cela fonctionna en partie puisque Celeste eut une moue amusée à l'évocation de la fameuse choucroute d'Elijah.

- Idiote crevette... Tu ne crois pas quand même ps m’appâter avec les talents culinaires de ton père ? Avec le karma que j'ai, je risque plus de mourir étouffé après deux bouchées. Jamais vu quelqu'un qui cuisine aussi gras... Lâcha-t-il rêveusement, ses yeux se perdant loin au delà de l'instant présent.

Et il eut soudain comme une vision, celle de leur grande famille réunie autour de la fameuse choucroute, en train d'écouter les derniers potins d'Arcadia Bay et surtout ceux de Blackwell. Peut-être pourrait-il retrouver sa place ? Son père lui avait déjà proposé à demi-mot de reprendre des études à distance, ou même à Blackwell s'il y trouvait sa voie. Les choses y seraient différentes, il aurait Sean... Et puis deux de ses oncles comme professeurs. Oui, les nuages allaient se dissiper. Le soleil brillerait demain.

La vision s'interrompit brusquement et elle baissa les yeux sur son chasuble avant de les relever sur Sean, un très léger sourire en coin venant creuser ses joues amaigries.

- Hm... ça te dirait de voir ma chambre ? Il semblerait que je ne puisse pas sortir d'ici avec ça. Lâcha-t-elle avec un rictus dégoûté, réalisant le cauchemar dans lequel elle s'était plongée depuis huit longues semaines.

Alors qu'elle se levait - armée d'une détermination ravivée par le sauvetage dont elle était la principale intéressée - son éducateur Benjamin sembla reprendre vie et s'interposa entre les deux jeunes adultes et la porte.

- Adam, tu ne vas pas abandonner si près du but... Tu as tellement travaillé à devenir un homme respectable ! " Ne laisse personne te détourner de ton but ", tu te souviens de cette étape ?

Face à cette interruption, la demoiselle presque libérée délivrée jeta un coup d'oeil à la dérobée à son frangin et fixa ses pieds. Partir oui, mais c'était quand même vachement plus simple si personne ne s'en mêlait !
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Sam 14 Mar - 18:03
Sean Wyatt Scott-Holtz
Sean Wyatt Scott-Holtz
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La quête identitaire n’est pas aisée pour tous. Elle se révélait parfois même cruelle au point d’en perdre la raison. C’était le cas de mon frère de cœur que je venais de retrouver dans un taudis me donnant la nausée tout autant que la bouffe qui y était servie. Il me fallait le tirer de là mais, hélas, dans notre histoire il n’était pas question de dragon à achever ou d’un simple baiser à poser sur des lèvres endormies (on en parle du consentement ?). Si la situation semblait désespérée, ma rage si peu caractéristique à mon personnage eut un effet drastique sur mon interlocutrice qui sortit brusquement de sa transe. Elle m’avait entendu hurler avec l’ardeur maximale que mes poumons et cordes vocales pouvaient me fournir, mais jamais cela n’avait été autre chose que du pur amusement ou de la comédie. Là, je ne rigolai pas. Seul mon bon sens me retenait de secouer Celeste comme un prunier en le saisissant par les épaules. Je tentais la manière forte, mais non celle qui consistait à utiliser de la violence pour le ramener parmi nous. Un discours comme je n’en avais nullement prononcé auparavant s’échappait de mes lèvres sans même que je sache où je puisais mes idées. En deux mois, je n’avais pas été capable une seule fois de formuler quoique ce soit par crainte de ne jamais avoir à l’utiliser. Mieux vaut-il se préparer au pire d’emblée plutôt que de se porter la poisse en mettant en scène des retrouvailles presque inespérées !

J’étais soulagé de l’entendre briser le silence qui avait régné entre nous bien trop longtemps. Non, je ne parle pas uniquement de ces dernières minutes durant lesquelles j’avais débarqué en furie dans la cantine, mais bel et bien de ces mois, probablement années, où la blonde s’était refusée toute confession. Quelle était la raison l’ayant poussé à se taire ? Je pouvais comprendre qu’en discuter avec Sylvanus puisse être embarrassant mais à moi ? Après tout ce que nous avions traversé ensemble ? Seulement, le moment pour s’y arrêter n’était pas venu et ma mission principale était simple, bien que complexe : la ramener de son plein gré à Arcadia Bay. La partie ne paraissait pas gagnée tandis qu’elle s’étalait sur son parcours inexistant et dévoilait la jalousie qui la rongeait. Au moins, j’étais maintenant en mesure d’expliquer son comportement flirtant avec l’impolitesse lors de notre dernière soirée passée ensemble avant sa disparation. Mes camarades s’étaient tût concernant « l’incident », sûrement aussi car la nouvelle du départ de mon meilleur ami avait fait le tour de la ville en une fraction de seconde. Ils m’avaient apporté leur soutien durant cette période difficile, supportant mes sautes d’humeur et mon manque flagrant de motivation durant plus d’une répétition.

- Tu m’as toujours présenté cela comme un choix, répliquais-je, les sourcils légèrement froncés. « Je m’en fiche de suivre le mouvement, je veux être libre sans avoir à tartiner des pages de niaiseries. » Et j’en passe ! J’ai conscience désormais que ça t’effraie de te retrouver dans la fosse aux lions car tu crains qu’un million de regards se posent sur toi et… Tu as raison. Il y a plus d’un abruti fini sur cette Terre. Mais beaucoup de personnes te surprendront si tu leur accordes le bénéfice du doute. La bande de l’autre fois par exemple, ils étaient ravis de faire ta connaissance et ne t’ont pas jugé un instant à cause de ce que tu penses être « une anomalie » chez toi. On ne peut pas plaire à tout le monde, certes, mais ceux-là on les emmerde.

Sur ces belles paroles, je m’assis à sa table pour vider en partie son verre d’eau. La bouffe serait moisie d’ici à ce que je me décide à y goûter par contre. À la place, je préférai visualiser l’un des plats de mon père – celui qui ne faisait pas tourner du beurre en voulant le faire fondre – et à en faire partager le gosse du rouquin. Je sentis la tension quitter mes muscles quand celui-ci retrouva un semblant de la personnalité qu’il avait tenté d’enterrer à l’aide des « professionnels » qui fixaient la scène un peu plus loin.

- On peut aussi commander japonais ou une pizza mais tu as sérieusement besoin de bouffe allemande. Je pense même qu’on pourrait se permettre une raclette demain pour poursuivre sur notre lancée. Surtout qu’on n’a toujours pas célébré l’anniversaire de mon autre vieux.

Comment aurions-nous pu fêter un tel événement alors que nous suspections Celeste d’être étendu, sans vie, dans un caniveau ? La voir me sourire raviva mon espoir que nous (le propriétaire de Wicc’Arcadia et moi) sortirions vainqueurs de cette expédition. Je bondis sur mes pieds à l’instant-même où l’invitation fut prononcée et je sautais dans ses bras sans la moindre retenue. Nous n’étions plus à ça près niveau démonstrations affectives. Je pris soudain conscience que certains résidents commençaient à se désintéresser de notre spectacle, reprenant à manger, tandis que d’autres paraissaient eux-mêmes en proie au doute. Avions-nous entamé une réaction en chaîne à venir ? Rien ne me rendrait plus fier puisque j’étais malade à l’idée que tant d’autres individus se haïssent et se maltraitent de la sorte. Si seulement nous pouvions aider tous ces gamins (enfin, la plupart avaient mon âge ou étaient plus vieux) à se tirer de là ! Actuellement, ma concentration devait se porter sur mon interlocuteur bien que tous seraient les bienvenus à nous rejoindre dans la voiture (qui ne serait jamais suffisamment grande pour accueillir ne serait-ce qu’un quart des pensionnaires).

- Franchement, tu devrais le brûler. Et le bâtiment avec, lui murmurais-je avec un rictus.

Dans le cas où notre folie aurait été néfaste, les lieux ne seraient déjà plus que des cendres. Tout dans cet endroit puait l’horreur, la haine et la tristesse. Je n’osais songer à ces individus qui s’étaient sûrement donnés la mort entre ces murs. Je ne voulais pas finir en état dépressif vous comprenez ? Ainsi, choisi-je de mettre tout ça de côté – pour le moment car cela reviendrait me hanter ultérieurement – pour me diriger vers la double porte battante après avoir glissé mes doigts entre ceux de ma sœur. J’avais surestimé les employés en pensant qu’ils sauraient ce qui était le mieux – réellement – pour leurs « patients ». Un homme nous barra le chemin et je me retins de lui cracher à la tronche en écoutant ses propos. Mon visage reflétait le dégoût viscéral que je ressentais à son égard. Écœurant.

- Commencez donc à travailler sur ça vous-même. Car, bordel, vous avez du travail. Vous devriez penser à consulter, ajoutais-je avec un clin d’œil ironique.

Je fis signe à son père de nous suivre, puis nous contournèrent l’idiot de service avant de nous laisser guider jusqu’à la chambre. Durant le trajet, Sylvanus passa ses bras sur nos épaules, nous permettant une étreinte affective tout en poursuivant notre avancée. J’avais encore du mal à réaliser que tout cela était réel. Et dire que seulement dix minutes auparavant je pensais que l’échec était inévitable ! Arrivés à destination, je décrivais les lieux du regard. Tout aussi déprimant que le réfectoire. Deux lits à étage rouillés et des murs complètement nus à l’exception d’une fenêtre. La clarté provenant de l’extérieur était étouffée par des stores baissés.

- Vous n’avez même pas de Playstation… Je suis déçu, dis-je en soupirant. Bon ! Tu te changes et nous on emballe tes affaires ! Le plus tôt nous serons dehors, le mieux ce sera !

Avait-il au moins des vêtements dignes de ce nom à portée ? Aussi, j'attendis qu'il me pointe le casier dans lequel son bazar était caché.
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Sam 28 Mar - 11:17
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La pilule était difficile à avaler. Depuis quand Sean lui faisait-il la morale avec des mots si sérieux, lui qui était le premier à lui présenter une nouvelle sottise à réaliser en duo ? Décidément, elle avait bel et bien cassé la matrice et un nouveau monde s'ouvrait sous ses pieds. Allait-elle croiser un lapin blanc courant après le temps et une chenille adepte du narguilé ?

- Ok Sean... Ok. Tu as raison... J'suis... désolé. C'est clairement pas suffisant pour que vous me pardonniez avant des siècles et je suis sûre que mon père a déjà maudit mes descendants mais... Je ferai de mon mieux pour vous prouver que j'ai changé, et dans un sens ce lieu m'a aidé à y voir plus clair... même si ce fut douloureux. Je me suis menti, je vous ai tous menti et c'était pas une excellente idée. Mais pitié arrête on dirait ton père.

Elle n'avait pas besoin de préciser lequel, seul Elijah serait capable de tenir un discours aussi sérieux pendant autant de temps. Quoique Teddy avait quelques exploits à son compte aussi, en matière de remontage de bretelles.

- Allez, je t'accorde tous les menus que tu veux, je te dois bien ça. Puis... J'imagine qu'on pourrait faire le gâteau ensemble pour l'anniversaire de ton père ?

Le sourire en coin qui revenait progressivement envahir son visage émacié était bien la preuve – s'il en fallait une – qu'il prévoyait de reprendre son service de bout-en-train dès que possible. Comme quoi une bonne leçon de morale par son frangin pouvait venir à bout de toutes les situations.

Le câlin improvisé ne fut pas refusé cette fois-ci, mais accueilli comme on accueille un messie attendu depuis des années. Celeste allait finir par lui péter les côtes à ce rythme, tant elle était occupée à profiter de la chaleur de son corps qui réchauffait chaque particule de son être devenu glacial au fil du temps.

La réflexion sur l'uniforme la fit hoqueter et elle hocha la tête pour confirmer qu'un bûcher ferait largement l'affaire pour se débarrasser de ce problème vestimentaire. Leur sortie remarquée de la cafétéria fut stoppée par Benjamin mais il ne fallut pas plus de trois phrases à Sean le Saint Patron des Âmes Perdues pour le remettre à sa place et ils purent continuer leur chemin, pressant tout de même le pas.

L'étreinte platonique dans laquelle se retrouva Celeste lui donna le courage de ne pas faire demi-tour en criant à Benjamin qu'elle était désolé. Désolé de le décevoir. Désolé de finalement avoir compris tardivement qu'elle n'avait pas sa place ici. D'ailleurs, en sentant l'odeur de ses personnes préférées au monde, elle réalisa qu'elle n'était pas du tout désolée.

Encore moins lorsqu'elle entra dans la chambre qu'elle partageait avec ses camarades. La vision lui parut plus morne qu'elle ne l'avait jamais été, et elle eut une pensée émue pour ce qui avait été son antre dans le petit appartement de son Pap'. Des tentures colorées, des guirlandes fabriquées à la main avec son paternel et Sean durant des après-midi pluvieuses, et tout un tas de trésor qui s'accumulaient sur les étagères, voire même sur le sol.

La référence de Sean au manque cruel de décoration, délicatement placée sous la plainte de l'absence de jeux vidéos ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde et Celeste soupira un très léger instant avant de répondre.

- Jeux de cartes et jeux de rôle au programme. J'ai tenté d'incarner un sorcier mais je crois qu'ils ne jouent pas avec les mêmes règles que nous. Ironisa-t-elle avant de se pencher pour attraper un carton glissé sous ce qui devait être son lit. Elle en extirpa ses fripes d'antan et posa le reste sur le lit pour que ses sauveurs puissent les récupérer. Le reste est dans le deuxième casier au fond... Mais il n'y a pas grand chose. les prévint-elle, afin qu'ils ne soient pas surpris par le peu de possessions qu'elle avait emmené ici.

Un peu pudiquement, elle se retourna pour enfiler une de ses jupes longues cousues à la main et composée d'étoffes toutes plus flamboyantes les unes que les autres. Par dessus, un croc-top à l'effigie d'un pokemon de type feu, et la voilà prête pour rejoindre la réalité véritable loin de ce camp de dégénérés (et pas ceux que l'on pensait à première vue).

Alors que tous les trois s'acheminaient vers l'extérieur pour rejoindre la voiture et se carapater en vitesse, Celeste leur demanda d'attendre quelques instants. Une seconde plus tard elle avait disparu et les deux autres n'eurent d'autres choix que de monter dans le véhicule pour l'attendre dans un silence que Sylvanus fit éclater par son rire, à la fois nerveux et soulagé.

- Et bah bonhomme, si on m'avait dit que tu avais des talents de négociateur pareil. T'es sûr de pas vouloir bosser chez les poulets ?

Des bruits de pas puis de manipulation du coffre furent les signes d'alerte pour le retour de Celeste, et pour preuve celle-ci bondit sur le siège arrière avec un grand – peut-être trop grand – sourire. Faisant comme si la situation était tout à fait normale, elle s'étala de tout son long sur la banquette et lança un bref.

- Bah alors, on attend que la bombe explose le bâtiment pour assister à mes exploits pyrotechniques ou on se casse d'ici en vitesse ?

Le tout suivi d'un immense éclat de rire alors qu'elle devinait le visage médusé de ses sauveurs grâce au rétroviseur.
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Sam 28 Mar - 18:00
Sean Wyatt Scott-Holtz
Sean Wyatt Scott-Holtz
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Un rayon de soleil, l’espoir d’un sauvetage réussi s’épanouissant peu à peu. La situation désespérée il y a peu tandis que j’étais confronté à un frère muet comme une tombe et à l’apparence squelettique. Sa peau grisâtre reflétait une dépression profonde. Rien à voir avec la personnalité pétillante autour de laquelle j’avais toujours gravité. Sylvanus se tenait toujours en retrait, un regard pudique alternant entre nous, le sol et les murs ternes. J’ignorais pourquoi il n’avait pas insisté davantage, me laissant seulement le temps de me retourner pour se retirer. Pensait-il n’avoir aucune chance de raisonner son propre gamin ? La culpabilité de ne pas avoir identifié le problème avant qu’il ne soit trop tard lui avait peut-être ôté toute confiance en lui. Si cette théorie se vérifiait, alors pourquoi pensait-il que MOI j’en avais le pouvoir ? J’avais tout autant été à côté de la plaque que lui ! Ok, l’enchaînement des choses semblait lui prêter raison mais il avait risqué gros en misant uniquement sur son instinct. Sans compter que je n’avais jamais affiché une force de persuasion importante en-dehors de la contamination des individus à mon enthousiasme à commettre des âneries. Il me faudrait le confronter à ma confusion à la prochaine occasion. Je méritais bien de savoir ce qui pouvait se déchaîner dans son crâne aux multiples pensées abracadabrantes !

J’arrivai à court d’arguments lorsque Celeste rendit définitivement les armes. Il capitulait, mettant au tapis toutes les convictions l’ayant poussé à se réfugier dans le Manoir de l’Horreur plus d’un mois auparavant. Je n’osai pas dévisager l’homme à la chevelure de feu mais je pouvais deviner qu’un sourire à s’en décrocher la mâchoire s’était étiré sur sa frimousse ayant conservé une large portion d’innocence enfantine. Déjà, mon interlocuteur se sentait destiné à des corrections tant un avenir positif lui paraissait improbable, qu’il reste ici ou qu’il nous accompagne. J’allais répliquer qu’il n’avait pas de souci à se faire quand il hurla ma ressemblance avec le Père Holtz – oui même sans précision je me doutais qu’il ne parlait pas du musicien, ce dernier étant bien plus doué pour s’exprimer en chanson que via des discours interminables.

- Moi ? Lui ressembler ? demandais-je comme si j’étais offusqué, puis je repris avec une voix efféminée totalement inadaptée pour le blond. BBEAARRRR ! T’es où que je te cajole dans mes bras viriiiilllssss !

Mine du gars passionné à la limite de l’exaspérant. Je m’apprêtais à serrer le patient qui était à ma portée mais me retins, conscient que ce ne serait pas l’idée du siècle. Comme quoi même ma folie avait ses limites. Ce qui ne m’empêcha pas de ricaner comme un petit dément. Charrier mes vieux était une passion de longue date, qu’ils soient témoins de la scène ou non. Je jurai même apercevoir le propriétaire de Wicc’Arcadia en train d’étouffer un rire moqueur. Le bon vieux Sean était de retour. J’avais épuisé mon stock de sérieux pour le restant de mes jours en seulement une dizaine de minutes top chrono. Bien sûr, ça ne m’empêcha pas d’ajouter, une fois que je fus en mesure d’aligner deux mots :

- Et ne t’en fais pas. Tu ne vas pas être maltraité à cause de ce qui s’est passé. On aurait aimé que tu nous en parles mais on comprend. Enfin je dis ça pour te rassurer car en vérité tu m’es redevable en vie. Je me tâte encore entre massages ou sucreries à volonté. Mais, officiellement, tu seras au courant de ta peine qu’une fois que nous serons à la maison.

Insupportable. C’est ce qui me valait ma popularité (ou plutôt mon manque de). En attendant, j’étais ravi à l’idée de concocter le gâteau d’anniversaire pour Teddy en sa compagnie. Ce dernier le serait sûrement moins quand il apprenait qui avait été en charge de le cuisiner. Compréhensible puisqu’il n’y a pas si longtemps que ça, j’avais oublié de retirer la coquille d’un œuf car j’étais bien trop occupé à danser et chanter, le fouet en guise de micro. Mon acolyte avait sauvé la mise à la dernière minute. Difficile à croire mais la jeune fille avait souvent davantage la tête sur les épaules que moi qui vrillait dans un autre monde. Bref, en guise de réponse à sa proposition, je lui adressai un signe de tête dynamique, une lueur de malice brillant déjà dans mes soucoupes vertes. Bientôt, nous nous étreignions à nous en réduire les côtes en poudre avant de nous tenir dans le taudis lui servant de dortoir. Le décor était dépersonnalisé, d’une tristesse à en pleurer. Même les locaux des centres-aérés semblaient tirés d’un manoir prestigieux à côté.

- Preuve que nous n’avons jamais été dans le moule, répondis-je avec un sous-entendu évident mais chaleureux en référence aux règles différentes que nous adoptions.

Alors que Celeste retrouvait des couleurs, Sylvanus et moi nous chargions de glisser ses quelques affaires sous nos bras. Nous lui fournissions ainsi une bulle d’intimité pour qu’elle soit en mesure de se changer sans trop de gêne. En soi, que nous décidions de le faire – et qu’il semble en avoir besoin – était surprenant car la nudité n’avait jamais été un tabou entre nous. Mais soit. Les prochaines semaines seraient celles de l’adaptation pour tous, du tri entre vieilles et futures habitudes. Un bon nettoyage du système en somme ! Quand mon partner in crime se retourna dans notre direction après s’être changé, son changement capillaire fut comme gommé. Un sentiment de chaleur s’infiltra en chacun des êtres présents qui accueillaient avec un bonheur indescriptible un semblant de retour à la normale.

- C’est que tu serais PRESQUE canon en fait ! m’exclamais-je en guise de taquinerie, lui jetant un oreiller dans la figure.

Le rouquin dû ressentir la menace d’une bataille de polochon puisqu’il nous fit signe de sortir presque immédiatement. Je pouffais en jetant un coup d’œil complice à sa progéniture et nous partîmes jusqu’à la voiture où je m’assis sur le siège du passager. Cela avait toujours été le cas au cours de nos virées en trio. Je ne réfléchis même pas au fait que père et fils puissent désirer se retrouver l’un à côté de l’autre en cette occasion. Personne ne me reprocha quoique ce soit. Il faut dire que mon frère de cœur s’était éclipsé. Ce fut stupide mais l’espace d’un instant je paniquais à l’idée qu’il ne revienne pas et que tout cela n’avait été qu’une ruse pour nous faire quitter le bâtiment. Ce scénario catastrophe ne sembla pas ne serait-ce qu’effleurer son père puisqu’il éclata de rire, m’attribuant des talents que je doutais mériter vraiment.

- Être flic ? Dieu non ! Je serais vite à bout d’excuses pour ne pas avoir à embarquer l’un de vous deux.

Je me laissai aller à la joie, n’imaginant pas comme je pourrais répondre de leurs actes peu ordinaires, puis ajoutai :

- Pourquoi m’as-tu laissé seul ?

Il n’y avait pas l’ombre d’un reproche dans ma voix. Je cherchais juste à comprendre comme je me l’étais promis plus tôt dans le réfectoire. Celeste refit son apparition, se couchant sur la banquette arrière comme si nous revenions d’un de nos séjours camping des plus réussi. Je soufflais un grand coup, mes craintes s’envolant instantanément. Ce n’avait pas été une ruse. Ou si c’en était une, ce n’était pas pour les raisons que je m’étais imaginé puisque je fronçai les sourcils en réaction à son discours et à l’espièglerie de son regard. Qu’est-ce qu’elle avait préparé comme sale coup encore ? Sans plus attendre, je criai au conducteur :

- Appuie sur le champignon ça va péter !

J’avais conscience que le garçon n’avait pas véritablement installé de bombe – ne serait-ce que pour la sécurité des pauvres individus qui s’y trouvaient – mais autant jouer le jeu jusqu’au bout non ? Les pneus crissèrent sur le sol tandis que je mettais la musique à fond et que nous commencions tous à gesticuler sans le moindre sens du rythme. Une vraie célébration ! Je mourrai d’envie de savoir la vérité sur la ruse de ma Ticky Tocky !
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