You got me sippin' on something I can't compare to nothing I've ever known, I'm hoping That after this fever I'll survive I know I'm acting a bit crazy Strung out, a little bit hazy Hand over heart, I'm praying That I'm gonna make it out alive Alec &Teddy
The heart wants what it wants and he wants you
Ils se ressemblaient tant et si peu à la fois. Alec était cet étudiant tantôt introverti, tantôt à l’aise lorsqu’il se trouvait en bonne compagnie et qu’il pensait pouvoir accorder sa confiance. Teddy était ce professeur de musique incroyable et pourtant si peu sûr de lui lorsqu’il s’agissait de sa vie romantique. Elijah et des traits de personnalité les liaient plus qu’ils ne semblaient l’avoir pensé jusque-là. Et sans eux, ils ne se seraient sans doute jamais rencontrés. La nappe tirait à présent sur le noir, ici et là, où le café était venu tacher son immaculé blanc. Si le tissu devait être la représentation de quelque chose, cela aurait été celle de son espoir entaché et blessé, le cœur battant.
***
Suspendu dans le vide de l’appréhension et de la peur qui grisaient chaque parcelle de sa peau découverte, Alec attendait la sentence de ses lèvres. Il s’approchait et le sol semblait s’ouvrir sous son corps assis - mais au combien raidi par l’inquiétude. Le destin avait guidé la bouteille et s’amusait à présent de la situation. Les rires et encouragements hilares et saouls de leurs camarades se répandaient dans la pièce et le noyait dans la cacophonie. Il s’approchait et l’écossais cherchait à s’enfuir en dedans. En dehors pourtant, son corps refusait de répondre ; il demeurait parfaitement immobile comme s’il était conscient de ne pouvoir - ou de ne pas vouloir - y échapper. L’homme plongea sur lui et le coup de poignard lui serra le cœur. La violence du choc, puis la douceur plus cruelle encore. Ses lèvres demeurèrent parfaitement immobiles mais lui dévoraient la raison. Le sol termina de s’ouvrir sous leurs corps joints et la Terre les avala tout rond. La chute était sans fin et les deux Alices pénétraient le seuil du Pays des Merveilles. Quelques secondes qui parurent être des heures. Quelques secondes qu’il n’oublierait jamais. Et soudain la lumière trop vive. Le contact était rompu et laissait un goût amer et désagréable : celui de la vérité. Et tandis qu’il demeurait interdit, son ami lui s’amusait de la situation, inconscient de ce qu’il venait de faire.
Ce ne serait jamais réciproque.
***
Le papier s’imprégnait lui aussi du liquide sans réussir à arrêter l'hémorragie. Il n’était simplement pas de taille. La remarque n’en fut que plus drôle. Hic!Et dire qu’il y a quelques mois encore je pensais justement que c’était mes balls qui nous séparaient, Eli’ et moi…
“Si chill c’est avoir envie de - hic - vomir mes tripes et de chialer ma race, ouais. J’suis un bloody taureau à l’heure qu’il - hic - est.”
Il sourit volontiers et reprit son opération ménagère. Teddy s’empara d’une image chevaleresque bien à lui et la décortiqua pour ses oreilles grandes ouvertes.
“J’ai un très bon ami… Enfin j’avais, je crois, un très bon ami qui était passionné par la légende Arthurienne. Et crois-moi sur - hic - parole, il t’aurait dit que c’est pas le cheval qui fait l’homme.”
Alec s’interrompit une fois de plus dans son geste, réalisant le double-sens que cela pouvait avoir.
“Tu m’as compris.”
Teddy déclara alors que leur entente serait sans doute regrettée par leur dénominateur commun. Alec sourit à cette idée. C’était assurément la seule promesse agréable qui serait formulée ce jour.
“J’crois bien ouais… Vous vous êtes rencontrés comment au fait ? J’suis pas sûr d’avoir - hic - suivi. J’étais un peu occupé à vouloir être toi, j’crois.”
J’avais l’impression d’être en chute libre. Je ne savais pas maîtriser ce genre de situations. Je ne savais pas être sérieux quand il le fallait. La pauvre, je n’avais de cesse de dire des blagues débiles, en espérant détourner l’attention, changer de sujet. Là dessus, Eli m’avait vite cerné et il savait que si je blaguais vraiment trop dans une situation sérieuse, c’était simplement parce que je ne savais pas comment la gérer et que j’essayais de m’esquiver. Mais je crois que n’importe qui, qui avait passé un peu de temps avec moi pouvait le comprendre.
Heureusement, ce détail ne semblait pas perturber Alec. Tout du moins, il arrivait à rebondir sur mes paroles. Par contre, je devais clairement avoir une cervelle de moineau. J’avais du mal à faire le lien entre “être chill”, “avoir envie de pleurer sa race” et le taureau. Est-ce qu’il était en train de me parler de son signe astrologique ? Mais on était pas taureau, capricorne ou bélier selon l’heure qu’il était. Quoique, je n’étais pas un expert en la matière non plus. Dans le doute, je restais silencieux. Parfois il valait mieux ne rien dire plutôt que de parler et raconter n’importe quoi.
Je grimaçais à la réponse d’Alec sur cette histoire de personnage chevalresque. Et je ne voulais pas le contredire, je voyais ce qu’il voulait dire, mais je ne pu m’empêcher de répondre sur un ton boudeur :
- Fallait pas mettre “cheval” dans le nom alors…
De toute façon, il n’était pas question que qui que ce soit ici n’aille rejoindre Arthur à la table ronde. Enfin, heureusement, le ton de la conversation se fit plus joyeux. Tout du moins, Alec semblait pas contre l’idée qu’on tente de bien s’entendre, ne serait-ce que pour Elijah. Et je trouvait que c’était déjà un bon début qu’on soit d’accord là dessus. Je ne demandais rien de mieux. Alors le brun se permit d’entamer la conversation sur un sujet plus banal. Je balayais d’un geste de la main ses derniers regrets à propos d’hier soir :
- T’inquiète, t’es bien le premier à trouver une raison de m’en vouloir, je trouve que c’est un bel exploit.
Autant le prendre à la rigolade maintenant que l’affaire était close. Je pu boire tranquillement mon café.
- Et bien, c’est pas si exceptionnel. On s’est rencontré en début d’année à Blackwell. Il est venu me parler à la réunion de la pré-rentrée pour me proposer de bosser sur un projet de cours d’option ensemble liant la musique et le cinéma. Et vu que son idée me plaisait, on a commencé à se voir régulièrement pour travailler ensemble et… C’est tout, je crois…
Evidemment, si Alec voulait tout l’histoire de “comment nous avions fini en couple” c’était plus long que ça. Mais vu la situation, je n’osais pas trop épiloguer sur le sujet non plus.
- Et toi, comment t’as rencontré Eli ?
Autant continuer la conversation. Je savais que les deux se connaissaient depuis longtemps, Elijah m’avait raconté quelques anecdotes, mais pas leur rencontre précisément. Puis maintenant qu’on était lancés.
Jeu 25 Juil - 15:45
Invité
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You got me sippin' on something I can't compare to nothing I've ever known, I'm hoping That after this fever I'll survive I know I'm acting a bit crazy Strung out, a little bit hazy Hand over heart, I'm praying That I'm gonna make it out alive Alec &Teddy
The heart wants what it wants and he wants you
La tache de café avait cessé de ruisseler le long de la table, prisonnière fragmentée d’une poignée de serviettes en papier. Dans sa poitrine, le sang s’écoulait anormalement vite, accélérant son cœur fatigué par les dernières années. Même en son absence, il entendait le ton réprobateur du psychologue. Evitez les émotions fortes, lui avait on dit. Il les pourchassait pourtant sans relâche, au moins autant qu’elles le poursuivaient en retour, pauvre marionnette.
“Je crois que les gens - hic - étaient déjà obsédés par les étalons…”, voulut-il rire à son tour.
Tous sauf Teddy semblaient croire que le choix été fait. Ne pouvait-il pas simplement se réjouir d’être l’heureux gagnant ? L’homme choisi entre tous, parmi les mortels pour exalter la vie du bel éphèbe blond. Et lui ne pouvait-il pas l’accepter sans détour ? Il en paraissait incapable malgré les sourires et les rires qu’il s’épuisait à éveiller. La tension se relachait et ils se laissaient envelopper par l’atmosphère sucrée et quasi doucereuse du petit café à la française. Dans le regard du beau brun, des étincelles de malice éclairaient tous ceux qui acceptaient de s’y perdre. Alec comprenait l’engouement d’Elijah et l’urgence avec laquelle il lui avait parlé de lui. Bien des Hommes avaient dû se perdre dans ses bras et dans les plis de son visage aux traits enfantins.
“Yay me!”
Se trouvant dans l’impossibilité de cacher son malaise dans un café - comme il le faisait d’accoutumé - Alec observait Teddy tandis que celui-ci racontait leur histoire. Il l’avait fait avec des pincettes aussi grandes que ses mains de musicien, omettant les détails sulfureux et les promesses d’une rencontre charnelle. L’étudiant l’en remercia silencieusement, un sourire s’étirant sur ses lèvres. Ils garderaient tous deux le secret que c’était loin d’être “tout”.
“Wow! Longue his - hic - histoire. Nous venions de quitter l’Ecosse pour l’Allemagne, je connaissais personne et papa, maman ont pensé que je serais mieux dans cette Académie. Hic! J’l’ai très vite rencontré et ça a cliqué. J’étais un peu impressionné. Il était plus vieux et les autres étaient pas toujours très cools avec - hic - moi. C’était assez étonnant, mais j’sais pas, c’était… simple entre nous.”
Et puis il a disparu. Ils sont morts. L’hôpital. Puis Londres. Puis ici. Alec cligna plusieurs fois des yeux, comme s’il cherchait à habituer ses rétines à une lumière trop vive.
“J’crois que les autres le respectaient assez pour moins m’emmerder. C’était un peu le tombeur de l’académie, même - hic - s’il t’a sûrement dit que non. C’était… De bonnes années.”
Ses yeux se posèrent sur sa main pâle posée sur la table.
“J’aurais pensé qu’il t’avait vu jouer dans un concert, un open-mic quelque chose du genre, et qu’il aurait fait la groupie. J’suis presque déçu là. Je m’attendais à du croustillant !”
Cette conversation était tout de même allé bien loin avec nos histoires de chevaliers et tout ça. C’était fou. Au final, ça ne s’était pas si mal passé. Vu le comportement d’Alec hier soir, j’avais de quoi m’inquiéter. Mais il faut croire qu’il était bien plus raisonnable et mature une fois sobre. Je m’en voulais un peu d’ailleurs de l’embêter aussi tôt alors qu’il avait sans doute besoin de repos avant tout. En plus depuis le début de la conversation, il avait le hoquet, le pauvre. Je n’avais pas osé faire de commentaire dessus, mais ça devait être agaçant.
J’étais content de parler d’Elijah. Même si c’était avec son ami d’enfant qui avait des sentiments pour lui. J’avoue que j’oubliais facilement ce genre de détail quand je parlais u blond. Quoique, je lui passais les détails trop personnels et visiblement, Alec ne s’en portait pas moins bien. Au contraire, il se mit à sourire et commença, à son tour le récit de ses aventures avec Elijah. Ils s’étaient donc rencontré à l’école. Je me sentais désolé pour Alec que personne ne l’appréciait énormément. Je comprenais ce sentiment. J’étais passé par là aussi.
Il avait eu de la chance de tomber sur Eli et de partager tout ça avec lui. J’aurais pu être jaloux, c’est vrai, peut-être que je l’étais un peu. Mais quelque part, j’étais bien content de ma relation actuelle avec Elijah et je ne la changerais pour rien au monde. Ok, elle n’était pas parfaite, mais elle était parfaite dans son imperfection, si je puis dire. La conversation se poursuivit autour du sujet qui nous liait, ou plus précisément de cette personne entre nous qu’étais Elijah. C’était amusant de voir comment l’allemand avait évoluer.
J’en appris pas mal sur le blond durant ses quelques heures passées avec Alec. Et vous pouvez être sûr que je n’allais pas le laisser tranquille avec ça. Il n’empêche, j’étais content de réussir à m’entendre avec l’Ecossais. J’étais sûr que cela ferait plaisir à Elijah aussi, qu’il n’aie pas à choisir entre nous deux. J’osais pas imaginer ce que de se retrouver face à un tel dilemme. La vie est pas une tragédie grecque, merde.
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