Reith ne cessait de s’étonner face au comportement débordant d’enthousiasme du scientifique. Ce sourire semblait être gravé sur son visage. Ce qui était certain, c’est qu’il n’y avait aucune trace de complexes en ce garçon. Conocía su belleza divina, comme dirait l’autre. Reith avait plutôt un penchant vers les brunes, et les bruns. Les blonds - même si celui-ci tirait bien plus vers le blanc - n’attiraient pas forcément son regard. Mais il fallait dire que ce blond là avait le don d’attirer une foule de regard.
Le plus jeune passa une main sur ses joues et sa mâchoire. A croquer, hein ? Ce n’était pas forcément le premier mot qui venait à l’esprit des gens pour le décrire. Il imaginait un hamster, avec ses grosses joues joufflues et poilues quand on utilisait, pour le désigner, ce mot. Il prononça d’une voix assez basse ces quelques mots qui l’aidaient à se persuader du contraire : « Non… C’est faux. »
Ses yeux s’agrandirent lorsque le jeune homme se leva avec hâte, ce qui prouvait la joie qu’il pouvait éprouver à le suivre dans les méandres des dortoirs de Blackwell. Il se détourna alors pour poursuivre sa route vers le bâtiment qui se trouvait tout près de l’université. A vrai dire, encore quelques minutes dans ce froid et il serait mort. Jamais trop supporté les températures basses. Si bien qu’il accélérait sa cadence afin de se mettre au chaud le plus vite possible. L’autre ne devait pas avoir de soucis, avec sa doudoune sur le dos. Quand à Reith… Sa simple veste, non rembourrée, n’allait pas l’aider à ne pas attraper froid. Il regardait d’ailleurs son camarade le devancer. Il l’imagina alors trébucher sur un un bout de bois, ou bien un caillou plus gros que les autres, ou bien une racine ayant déformé l’allée. Vision plutôt amusante qui lui arracha un rire discret. Ça aurait été la meilleures des façons de salir sa précieuse doudoune. Quand à son ardoise… Son ardoise ?
- Je sais même plus ce que j’ai écris dessus, tu vois. Ce que je sais c’est qu’il n’y a ni de fleur, ni de chat, ni une quelconque expression qui se référerait de près ou de loin à un cul. Répondit-il avec un sourire ironique.
Sûrement est-ce un truc nul, qui montrerait son manque d’originalité. Les autres ardoises pouvaient être marrantes. Ou bizarres. La sienne, de son côté, devait être sans importance. En poussant la porte des dortoirs, une idée lui traversa l’esprit, et le fit sourire.
- En bref j’suis pas hyper intéressant comme mec, t’auras qu’à me la customiser tient, au moins les autres croirons que j’ai gagné un point en originalité.
Une fois à l’intérieur, il retira son vieux bonnet, avec soulagement. L’air chaud l’enveloppa d’une façon agréable, tandis qu’il cherchait les clefs de sa piaule dans son sac. Il n’avança pas bien loin dans le couloir, à la recherche de sa modeste chambre. Et il profita de passer à côté d’un panneau d’information pour y accrocher une affiche tout droit sortie de son sac. On y voyait des gens danser, sans pouvoir distinguer directement leurs visages ou tenues. Des couleurs attrayantes de boite de nuit, allant du bleu au violet. Et en grosses lettres le mot bien connu « Soirée » trônait sur la partie supérieure de l’affiche. Ainsi que « Vortex club » et d’autres informations sur la dite soirée qui se déroulerait dans la semaine, organisée en partie par son humble personne. Une fois accrochée au panneau, cachant par la même occasion une affiche du club de natation, ses yeux se posèrent sur son ardoise. Mouais. Il fallait peut-être y remédier. De plus, cette inscription servait vraiment à rien, puisqu'il ne vidait pratiquement jamais sa poubelle. Ce mot avait beau l’attendre tous les soirs quand il rentrait, impossible pour lui de le prendre en compte et de ne pas l’ignorer. Il ne savait même pas si le feutre voudrait bien partir vu le temps que c’était là… Il passa alors un doigt dessus, et il dut frotter assez fort pour que s’efface le « n » de « crétin ».
- Il était temps que j’efface ce truc… T’as une idée toi ? Lui demanda-t-il en tournant ses yeux clairs vers lui.
(c) Miss Pie
PS : Peut-être devrions nous nous téléporter, très chère, vers les dortoirs ?
Mer 20 Fév - 18:23
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Whenchanceis flower
Il l’entendit à peine marmonner son désaccord à voix basse, et quand bien même il l’aurait perçu, il n’y aurait porté qu’une attention très limitée. Foi de scientifique, Reith avait un visage qui, loin du hamster, avait pourtant un potentiel adorable très élevé. Mallory aurait toutes les occasions du monde de persévérer dans cette idée s’ils en venaient à demeurer plus de temps ensemble, ce qu’ils étaient en train d’amorcer. Il trottinait dans l’allée avec une gaité qui n’était plus à refaire, tout sourire, les yeux ronds, et il lui semblait reconnaître chaque gravillon, chaque brin d’herbe, et objectivement il n’avait pas quitté l’établissement depuis si longtemps. Tout en continuant de progresser à reculons, mains dans les poches de sa doudoune qui lui tenait en effet bien plus chaud qu’on ne pourrait le croire, il arqua un sourcil élégant à l’intention de son camarade qui riait avec une discrétion toute relative. Il le regardait, bon sang, comment l’aîné aurait-il pu louper ça ? Pourtant, il n’esquissa qu’un large et beau sourire, fossettes en prime, et secoua la tête comme un jeune chiot heureux pour chasser de ses yeux une mèche trop longue qui se faisait la malle. Aux mots de son camarade, son sourire se fana à en faire pleurer les anges, et il le contempla avec une mine désabusée à souhait :
-A quoi sert d’avoir une ardoise si c’est pour la laisser insipide ? La mienne avait vu passer tous les marqueurs du monde dessus ! Couina-t-il avec un outrage surjoué, et déjà ses lèvres se relevaient : Oh ouais ! Ouais, je vais carrément te la personnaliser, elle va être démente !
Sa voix avait pris une toute autre tonalité, d’une joie puérile et emplie d’excitation douce. Il était aux anges, pour si peu, et il s’engouffra dans les couloirs à la suite de l’artiste à l’ardoise vide avec une enthousiasme qui ne cessait de croître. L’ambiance lui était si familière, et il contempla les lieux avec nostalgie et engouement, tandis que la chaleur soudaine du lieu donnait une belle teinte à ses joues. Tout sautillant qu’il était, il manqua de dépasser Reith, dû calmer son pas pour reculer et jeter un œil à ce qu’il faisait. Le panneau, qu’il dévora des yeux en quelques secondes, lui montra diverses affiches colorées plus ou moins drôles auxquelles s’ajouta celle du plus jeune. Le scientifique pencha la tête avec curiosité, détailla la police, les silhouettes, avec intérêt. Une soirée du Vortex, ça c’était intéressant. Tout en innocence qu’il était, il retint les informations qui s’y trouvaient, avec dans l’idée d’en profiter si l’envie lui en venait. L’avantage d’avoir une mémoire prodigieuse. Il tourna sa gueule d’angelot vers le plus jeune, battit des cils tout en candeur : -T’es dans ce club, alors ? Sympa, tu dois être un populaire, s’amusa-t-il, alors que l’autre tentait d’effacer l’ardoise avec un peu de peine : « Crétin » ? T’oublies si souvent que ça ?
Il ne répondit pas à sa question, au lieu de quoi il sortit un mouchoir des poches sans fond qu’il avait, entreprit d’effacer plus efficacement cette merveilleuse phrase faisant ode à la sortie des poubelles. Bien sûr qu’il avait une idée. Il avait toujours, oh combien toujours des idées étranges. Il tira la langue avec application, attesta du fait que la coloration du bonbon n’était toujours pas partie -que de chimique, que de bonheur-, et releva vers son camarade des yeux brillants. -Je suis sans doute aucun une créature merveilleuse et surdouée, mais je ne peux pas encore écrire et dessiner avec mes doigts nus… Tu m’apportes un feutre ? Ou deux ? Ou douze ? Piailla-t-il avec un rire dans la voix, et il dansait d’une jambe à l’autre comme s’il ne tenait plus en place.
