this lovely bella note (Ophelia)

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20h. Mon invité n'allait pas tarder à arriver. Le chat endormis dans son panier, une musique jazz en fond sonore, je me dirigeais dans ma petite cuisine afin d'y ouvrir le frigo pour en sortir la bouteille de Chardonnay qui y dormait depuis la veille. Mon four tournait depuis tout à l'heure avec divers amuses-bouches en train de cuir en son sein. Du surgelé bien évidemment, je n'étais pas une très bonne cuisinière. C'est à peine à vrai dire si j'étais capable de faire cuire des pâtes sans qu'elles soient collantes. Dans la petite bourgade dont j'étais originaire, une femme qui ne savait pas faire correctement la cuisine n'était pas bonne à marier. Ma mère -paix à son âme- était une vraie cordon bleue et avait tentée désespérément de m'apprendre à préparer de bons petits plats pour mon futur époux...mais en vain. Résultat, j'approchais de la trentaine, j'étais célibataire et pas plus forte en cuisine que vingt ans auparavant. Je n'arrivais même pas à ressentir une quelconque once de nostalgie fasse à cette pensée. L'enfance n'était pas pour moi le ''bon vieux temps''.

Le bouchon de la bouteille s'échappa difficilement, mais le principal c'était qu'elle était à présent ouverte. M'emparant de deux beaux verres à vin, je commençais à nous servir lorsque la sonnette retentit. Mon cœur tambourina dans ma poitrine sans aucune raison. Sans doute car je réalisais que c'était la première fois que j'invitais quelqu'un chez moi depuis que j'avais emménagé à Arcadia Bay. J'avais presque honte de recevoir Ophelia dans mon taudis. C'était un petit appartement lugubre que j'avais tenté de décorer un minimum afin de lui donner un aspect chaleureux, mais à défaut d'être agréable à vivre, il était accueillant.

J'ouvris la porte sur la belle Ophelia qui, comme toujours, me lança un grand sourire. « Saluuuut ! » lançais-je à mon ancienne collègue en lui tapant la bise avant de la laisser entrer « Laisse moi te débarrasser de tes affaires ! ». En bon hôte que j'étais, je lui accrochais son manteau et posa le reste de ses affaires dans un coin où mon chat ne pourrait pas venir s'y frotter. « Met toi à l'aise, enlève tes chaussures si ça peut te faire plaisir ! » indiquais-je en lui désignant le canapé avant de m'éclipser dans la cuisine pour revenir quelques instants après avec nos verres. Oui, oui, je ne perdais pas de temps, mais je mourrais d'envie de me poser et déguster ce vin qui me chatouillait la rétine depuis que je l'avais acheté dès que j'ouvrais le frigo. « Je suis désolée, j'ai perdue l'habitude de recevoir ! » avouais-je à mon amie en lâchant un léger rire nerveux, bien que je savais que dès que j'aurai un peu d'alcool dans le sang je serai plus détendu. « A nous ? » proposais-je en toast en levant mon verre. Je m'empressais ensuite de boire et laissa ensuite le bouquet capiteux envahir mon esprit et réchauffer mes joues. « Alors... » dis-je ensuite à Ophelia en souriant « Quoi de neuf depuis que tu es partie ? »
 

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Enfilant après avoir prit une bonne douche, un tregging en jean, des soquettes bordeaux et un long pull bordeaux et chaud, je rajoutais mes quelques bijoux et laissais mes cheveux détachés, bouclant le long de mon dos, et je mis du rouge à lèvre assorti à mon pull et à mes soquettes. Je pris rapidement mon sac à mains, y enfournais mon téléphone après avoir prévenu Peter que je passais la soirée chez Madeleine, ce qui semblait lui avoir fait plaisir. Que je sorte, que je vois quelqu'un. Je n'avais d'ailleurs aucune véritable amie féminine, j'avais toujours eu du mal à en avoir... Pourtant ce n'était pas faute d'avoir tenté d'aller vers elles... mais les filles m'évitaient, ne m'aimaient pas ou ne me correspondaient pas du tout. C'était un fait. Mais du peu que j'avais pu entrevoir durant les deux mois écoulés aujourd'hui, Madeleine avait toujours été gentille avec moi, et on avait partagé quelques bons moments, même s'ils avaient pu s'avérer courts. C'était notre première vraie occasion de nous voir en dehors du campus, et j'étais heureuse de passer du temps avec elle. Entre femmes. Entre filles. Je récupérais un plat que j'avais fait pour le dessert, du brookie, j'avais appris cette recette récemment et c'était un délice... Teddy avait adoré ça. Je n'avais pas eu le temps d'en prendre un peu, d'ailleurs, je crois qu'il avait du partir avec le plat une fois qu'il avait refroidi et que j'étais partie prendre un bain. Mais bon, ça prouvait que la première tentative avait été bonne. Je crois. J'enfilais mon manteau et attrapais une écharpe pour sortir, puis je partis avec le plat et mon sac à mains, en direction de notre voiture. J'étais bien contente de l'avoir... J'avais laissé un post-it sur le frigo pour Teddy, au cas où il s'inquièterait de l'odeur de pâtisseries sans en voir la couleur... Je lui avais indiqué que je lui en avais laissé une petite portion spécialement rien que pour lui, sur le plan de travail. Mais il l'aurait vite vue de toutes façons. Ces animaux-là, ça repère toujours la bouffe. Je partis donc en voiture à l'adresse indiquée, puis j'allais sonner à la porte correspondante à l'appartement de Madeleine. J'eus un immense sourire en la voyant, et je lui fis la bise en la saluant et lui tendant mon manteau et mon écharpe, ainsi que mon sac. Je lui montrais ensuite mon plat.

« Oh et je t'avais promis le dessert, j'ai fais du crookie ! Je ne sais pas si tu connais, c'est un mélange entre le brownie et le cookie... D'après le plat disparu que j'avais fait cuire l'autre jour, et les miettes dans la chambre de Teddy, j'ai estimé que ça devait être bon... On aura l'occasion de voir si j'avais raison ou pas ! »

Je lui tendis le plat, qu'elle alla déposer dans la cuisine. Je retirais ensuite mes chaussures, puis me dirigeais vers son canapé, toute excitée à l'idée d'être ici. On pouvait voir qu'elle ne vivait pas en colocation... C'était plutôt rangé et propre ici.

« Ne t'excuse de rien, c'est parfait comme ça ! Puis pas de pression, on est pas au boulot justement, pas de soucis pour ça ! »

Je me mis à rire avant de prendre le verre qu'elle me tendit. ça sentait si bon... Je la remerciais puis trinquais avec elle.

« A nous et à cette très belle soirée ! »

Je portais le verre à mes lèvres, buvant quelques gorgées de Chardonney, puis je poussais un soupir de soulagement. ça faisait vraiment du bien, un peu d'alcool - et du bon en plus - après cette semaine. Madeleine m'interrogea alors sur ce qu'il y avait eu de nouveau dans ma vie, depuis ma démission. Je pris un moment de réflexion pour essayer de résumer au mieux la situation.

« Disons que j'ai quelques petits contrats de quelques heures parfois, pour être modèle pendant un shooting photo ou tenter des castings pour des spots publicitaires, ou quelques petits rôles au théâtre dans le coin, mais pour l'instant, rien de bien concluant... mais c'est normal, je ne vais pas trouver quelque chose tout de suite ! Mais j'ai éventuellement moyen de travailler comme serveuse ou vendeuse au Croissant de Lune, comme ils viennent d'ouvrir et qu'ils recherchent des gens à temps plein... ça peut être intéressant, je pense que je vais tenter de voir s'ils peuvent me prendre à l'essai, voire si je leur conviens ! »

J'étais contente, Peter et Teddy avaient réussi à me remonter le moral depuis que j'avais décidé de quitter mon travail de psychologue et conseillère d'orientation. Je respirais de nouveau, hors de Blackwell. C'était bizarre de ne plus avoir mes habitudes, de ne plus les voir tous les jours là-bas, mais c'était juste une nouvelle expérience à vivre ! J'étais toujours partante pour du neuf. Je me penchais vers Madeleine.

« Je ne vais pas te cacher que ne plus être avec des élèves luttant contre leurs rendez-vous et contre moi, ça fait beaucoup de bien aussi... j'imagine qu'être professeur, ça doit être encore bien différent. C'est plus global, tu dois être plus générale avec les élèves... quoi que ça dépend, tu es quand même professeur d'arts plastiques ! Tu leur donnes quoi un peu comme devoirs ? Tous les arts sont agréables à connaître et pratiquer... »

Je me demandais ce qu'avait fait Madeleine avant d'être professeur. Peut-être qu'elle avait été professeur, tout simplement, mais c'était rarement comme ça qu'on le devenait j'avais l'impression. J'en avais deux preuves avec Teddy qui était un musicien et possédait son groupe, et Peter qui était comédien et était maintenant enseignant lui aussi.
 

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« Oh tu es trop mignonne ! » avais-je répondu à Ophelia en découvrant le dessert qu'elle avait apporté et dont l'aspect était totalement alléchante « Il ne fallait pas ! ». Je ne savais pas vraiment ce qu'était un brookie, mais je faisais suffisamment confiance au talent culinaire de mon ancienne collègue pour foncer tête baissée dès que le moment sera venu de faire honneur à son plat. Après avoir rangé soigneusement celui-ci dans le frigo, je partis rejoindre la blonde avec qui je trinquais. Tout en sirotant mon vin, j'écoutais la jeune femme me raconter ce qu'il y avait de nouveaux dans sa vie. Comme la majorité des autres membres du corps enseignant de Blackwell, l'annonce du départ d'Ophelia m'avait prise au dépourvue. J'avais été attristée de la voir partir, car cela mettait un terme à nos repas du midi en salle des profs à pouffer pour tout et rien, parfois accompagné par Teddy et autres. Néanmoins, je savais que nous n'allions pas perdre contacte et cette soirée en était la preuve.

« Modèle photo, rien que ça ! » pouffais-je gentiment, pas vraiment surprise en vue du corps de déesse qu'avait mon amie. Avec sa crinière de lionne, elle avait tous les atouts pour être mannequin. « Ah oui, j'ai entendu parlé de ce nouveau café » rebondis-je ensuite sur un ton neutre, faisant partie des gens dont l'ouverture de cet établissement me faisait ni chaud ni froid, bien que l'annonce avait créée une polémique au sein d'Arcadia Bay, avec d'un côté ceux qui s'offusquaient de son ouverture et ceux qui trouvaient que c'était une bonne chose. « Tu peux toujours tenter. Après, ça reste un café...Donc à moins d'avoir des perspectives d'évolution, cela risque de vite t'ennuyer, non ? » lui dis-je ensuite en connaissance de cause pour avoir enchaîné les petits boulots pourris lorsque je faisais mes études à New-York. Toutefois, j'étais contente de voir qu'Ophelia n'attendait pas sagement sur le banc de touche que quelque chose se passe. Mais déjà à Blackwell c'était une personne plutôt dynamique, donc qu'elle ait d'ores et déjà des projets n'étaient pas si surprenant que cela.

Buvant un nouveau coup, je l'écoutais me révéler son soulagement de ne plus être avec certains élèves, ce qui me fit sourire. « Être psychologue cela ne doit pas être tous les jours évident ! » déclarais-je avant de dire : « C'est ma première expérience en tant qu'enseignant et cela ne fait que trois mois à peine que je suis là, mais je me suis malgré tout attaché aux élèves -certains plus que d'autres-. Certains ont l'air tellement de souffrir...J'aimerais pouvoir les aider, mais c'est compliqué de gagner leur confiance ou de leur faire parler de leurs problèmes... ». Néanmoins, je relativisais en me disant que ce n'était que le début et que, peut-être, tout se débloquerait au fur et à mesure. Ophelia me questionna sur le type de devoir qu'une prof d'arts-plastiques pouvait donner, chose à quoi je répondis : « Franchement cela dépend. Étant spécialisé dans la peinture, je leur en fais faire pas mal. Je leur fais également travailler la perspective, les formes, le vivant...Cela varie en fonction de mes envies ! ».

La sonnerie qu'émit le four me coupa. Je refermais alors la bouche, puis posa mon verre sur la table basse avant de me lever, tirant légèrement sur le bas de ma robe pour ne pas dévoiler mes sous-vêtements, bien qu'en soit nous étions entre fille. « Je reviens, je vais chercher les petits fours ! » lançais-je à Ophelia avant de m'éclipser dans la cuisine pour revenir deux minutes après avec un plat remplis de différentes choses : des toasts, des chips, des tomates cerises...Bref, une variété de produit où Ophelia devrait normalement trouver son bonheur. Posant le plat sur la table, je repris ma place et mon verre, dont je bus une grosse gorgée comme si je venais de descendre et remonter tout l'immeuble. « Tu faisais quoi avant d'être à Blackwell ? » finis-je par lui demander après avoir réalisé qu'au final, je ne savais que très peu de choses sur elle en dehors du fait qu'elle vivait avec des asiatiques possédant le seul restaurant chinois de la ville.
 

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this lovely bella note & Madeleine avait raison, ça restait un café, un simple café. C'était bien ce dont j'avais besoin, quelque part. Je ne ressentais pas vraiment de stress ou de pression sur mon lieu de travail - malgré le petit vieux qui des fois se mettait nu en dansant comme un poulpe devant la vitrine du café... - mais nous nous relayions afin de l'éloigner à coup de balais ou de spray avec de l'eau pour nettoyer les vitres. J'avais déjà du nettoyer un matin, la trace de ses fesses sur la porte d'entrée... Brrr. Malgré tout, c'était plus calme et reposant, psychologiquement, que d'être psychologue. Puis qui sait, je reprendrais peut-être ce travail plus tard, sans doutes ailleurs même. Quelque part où les gens "voudraient" de l'aide, et ne se sentiraient pas obligés de venir me voir. Pour le moment j'étais bien, j'allais bien, et c'était là tout ce qui importait. La rouquine m'avoua ensuite qu'être professeur n'était pas non plus facile, ou en tous cas c'est ce que je comprenais à travers ses mots. Vouloir aider les autres était une belle qualité, et j'avais déjà remarqué qu'elle l'avait en elle. Je lui adressais un sourire triste, comprenant ce qu'elle voulait dire.

« Les étudiants en arts ont choisi ce cursus pour des raisons bien particulières. Je sais que certains sont spécialisés dans ta matière, à mon avis ils n'hésiteront pas à venir te poser des questions ou t'envoyer plusieurs mails en dehors des cours. Tu seras rapidement un modèle pour eux je pense. »

J'aurai bien voulu me glisser dans l'un de ses cours pour pouvoir la voir enseigner, elle devait être pleine de vie et passionnante à écouter. Puis si elle leur donnait surtout des devoirs ou travaux à faire avec de la peinture, ce devait être assez agréable, surtout qu'elle semblait être spécialiste dans ce domaine. Enfin, elle le disait justement. Les arts, c'était tellement intéressant... J'étais contente de savoir que Peter enseignait le théâtre et avait déjà fait carrière dans les arts du spectacle aussi. ça me mettait du baume au coeur de l'avoir déjà vu en cours d'ailleurs. Le four se mit alors à sonner, et Madeleine parla de petits fours... je perdis alors tout sourire, laissant seulement paraître sur mon visage une tête de prédateur assoiffé de petits fours, attendant de distinguer ses futures proies. Tel un félin, je dévisageai avec appétit et attention la rouquine sortir les petits fours du four et les apporter sur la table. Je les fixais avec peut-être un peu trop d'envie, et je devais avoir l'air d'une bête affamée, aussi je tentais de reprendre mes esprits pour retrouver un semblant de civilisation...

« Hm. ça a l'air vraiment bon, et ça sent divinement bon en tous cas ! Tu les as faits toi même ? »

Je humais le doux parfum de la nourriture avant d'attendre que Madeleine se serve. Elle ne le fit pas. Je pris sur moi puis répondis à sa question en tentant de me calmer un peu. Mes yeux, malgré moi, firent des allers-retours rapides entre elle et la bouffe. Je devais avoir l'air folle, mais je n'étais plus à ça près.

« J'ai étudié la psychologie, et j'ai rejoins les forces de l'ordre ici, à Arcadia Bay. J'ai hésité, et hésite encore un peu à rejoindre de nouveau la police, mais je crois que j'ai besoin d'être plus tranquille quelques temps. Le café permet de se reposer un peu, de ne pas trop réfléchir ou intervenir sur de grosses situations, etc. ça fait du bien. Et toi ? Tu étais peintre du coup ou a étudié la peinture non ? »

Puis finalement, sans même m'en rendre compte, je me retrouvais à manger une tomate cerise suivie d'un toast, sortis de nulle part. Les avais-je interceptés durant la conversation ? Je n'y compris rien, mais j'en profitais quand même.

« C'est divinement bon, tu es un grand chef ! »

Bon dieu que c'était bon. J'avais l'impression d'être affamée, alors que tout allait bien en arrivant. Je me maîtrisais un maximum cependant pour éviter de me jeter sur tout et de tout engloutir comme une sauvageonne. Je pris alors quelques gorgées de vin, qui lui aussi était délicieux, et j'adressais un grand sourire à Madeleine.

« Merci de m'avoir invitée d'ailleurs. Je suis vraiment contente de pouvoir passer du temps avec une autre femme, et une amie, si je puis me permettre... j'ai l'impression d'être toujours entourée des garçons, et même si je les adore, c'est apaisant d'être entre filles ! »

 

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« Un modèle je ne sais pas » répondis-je en souriant tout en glissant une de mes mèches rousses derrière mon oreille « Mais j'espère qu'ils seront suffisamment à l'aise avec moi pour me parler s'ils en ont besoin ! ». J'étais consciente qu'étant débutante, j'avais des idées bien arrêtées sur le métier d'enseignant, mais j'espérais ne pas être déçue. Ophelia me complimenta à l'odeur des petits-fours. « Oh ! Tu penses que c'est moi qui les ai faits ! Tu es mignonne ! » pouffais-je en poussant légèrement le plat dans sa direction « Non, je les ai achetées déjà préparé, bien que j'aurais aimée être capable de les cuisiner moi-même...Mais on ne peut pas vraiment dire de moi que je suis un cordon bleu... ». Je me mis à rire en me revoyant mentalement brûler tous les plats que je tentais désespérément de préparer, en vain. J'avais fini avec le temps par abandonner.

Tout en écoutant Ophelia me raconter ce qu'elle avait fait comme parcours avant d'atterrir à Blackwell, je remarquais que ses yeux ne cessaient de jongler entre moi et les toasts. Rien que pour l'embêter, je ne fis aucun mouvement en direction du plat, attendant patiemment qu'elle cède et se jette dessus. « Les forces de l'Ordre ? Impressionnant ! » soufflais-je en sirotant mon verre de vin tout en essayant de rester impassible pour ne pas trahir l'amusement que me provoquait la retenue de mon amie face à l'apéritif. C'est alors que sa main piocha machinalement dans le plat et qu'elle me félicita à nouveau en sachant parfaitement que je n'avais pas préparée ce qu'elle venait d'avaler.

« Ne me remercie pas voyons ! » répondis-je gênée, mes joues s'empourprant légèrement « Cela me fait plaisir de te recevoir chez moi, cela faisait longtemps que je n'avais pas fait une soirée comme ça avec une amie ! ». Je réalisais ensuite que je n'avais pas répondu à sa question sur mon propre parcours professionnel. Finissant d'avaler le petit-four que je venais de prendre, je lui lançais ensuite : « J'ai fait un cursus Arts dans une université de New-York. Mais c'était assez général, on avait pas mal d'histoires de l'art et divers cours différents, c'est moi par la suite qui me suis spécialisée dans la peinture, car j'adorais ça. Ma carrière était bien partie, mais ça n'a pas fonctionné pour diverses raisons...Bref. ». Non pas que je ne tenais pas à discuter de tout cela, mais je ne tenais pas à passer la soirée à lui raconter mes échecs passées alors que l'on était ici pour prendre du bon temps.

« Aucun rapport ! » dis-je soudain en me levant d'un coup du canapé « Mais j'ai achetée une robe et j'aurai besoin de ton avis...Voir si je la garde ou si je la ramène au magasin ! ». Je partis en trottinant vers ma chambre, puis revint quelques instants plus tard avec une robe bleue qui descendait jusqu'à mes genoux. Je scrutais dans un premier temps la réaction d'Ophelia avant de marmonner : « Tu en penses quoi ? ». Jusqu'à présent, la musique de fond jouait des notes de jazz, mais visiblement, spotify avait décidé de sauter sur une playlist un peu plus pop. La chanson Wannabe Be des Spice Girls commença à résonner à travers l'appartement. Je me figeais, me demandant comment Ophelia allait accueillir cette chanson, mais la jeune femme se mise à danser et je l'imitais en chantant les paroles tout en tournant sur moi-même, souriant en me disant que nous n'étions même pas encore bourrés.
 

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J'étais persuadée qu'elle ferait un merveilleux modèle pour ses élèves, quoi qu'elle en dise. Elle m'avoua également que ses petits fours étaient surgelés, mais l'envie ne manquait pas - jamais - de les dévorer et de tout engloutir. Oh non. Madeleine sembla étonnée que je fus dans la police, ce qui me fit sourire, mais je remarquais surtout qu'elle ne mangeait rien. Par politesse, j'attendis donc. Longuement. Longtemps. Interminablement. Indéfiniment. Eternellement ! Puis soudain elle me parla de son parcours.

« Oh ça devait être intéressant ! Mais je suis sûre que tu vas refaire de grandes choses, tous les artistes passent par des moments de "pause" je pense ! »

Je ne savais pas le terme exact, mais je pensais ça aussi pour Peter ou même pour moi. Mais la rouquine changea rapidement de sujet et me parla d'une robe. Toute ravie, je sautillais sur place en attendant qu'elle vienne avec. Evidemment... Une dizaine de petits fours eurent l'occasion de disparaître entre temps. Oui, en quelques secondes ou minutes. J'avais faim pardi ! Espérant que Madeleine n'y ait vu que du feu, je me levais et me disposais devant les petits fours que j'avais dispachés sur l'assiette pour faire comme s'il n'y avait aucun "trou" dû à mon engloutissement. J'ouvris grand la bouche avec un air étonné en voyant la robe. Madeleine était particulièrement belle en général, mais cette robe la mettait énormément en valeur !

« Elle est magnifique ! Tu es vraiment très belle, garde-là et met là pour sortir la prochaine fois qu'on se fait une soirée ! »

Puis soudain, les Spice Girls résonnèrent dans la pièce. Je fixais la rouquine un instant avant de me mettre à chanter et danser en allant dans sa direction pour improviser une chorégraphie. Heureusement, Madeleine suivit le mouvement, ce qui me fit plus que plaisir, et nous nous mîmes à danser de façon endiablée et surtout, très girly - ça restait Wannabe tout de même - et nous chantâmes chacune à notre tour selon les moments de la chanson à se partager comme un duo.

« Soooo, tell me what you want, what you really really want ? »

Puis nous continuâmes, en faisant attention de ne pas renverser la nourriture près de nous, ou de finir par terre - car malgré tout, quand on danse, on ne contrôle pas toujours tout ce qu'on fait - et je me demandais à quoi la soirée allait bien ressembler quand nous aurions bu. Ce serait sûrement magique ! Puis la chanson se termina, et je finissais celle-ci avec un bras autour du dos de Madeleine, en déposant un baiser sur sa joue, en bonne camaraderie.

« Ta voix ! Tes pas ! Tu m'avais cachée que tu chantais et dansais aussi bien ! C'est naturel ou tu as pris des cours ? »
 

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