Your brain get smarts but your head gets dumb
Parce que toute histoire commence par quelque chose. La mienne, c'est avec ce canapé. Un vieux bout de tissus et quelques coussins à peine confortables. Mais rien qui n'empêche de passer sa journée entière dessus à ne rien faire. A vrai dire, ça pourrait se finir là. Trois lignes. C'est pas mal pour une histoire non ? Je vous l'accorde, si il n'y avait que ça, je ne me ferais pas chier à écrire. Ou tout du moins à essayer de vous raconter quelque chose de potable. Tout ne commence pas par ce canapé… C'est juste que je l'aime beaucoup et je crois qu'il m'en aurait voulu si je ne parlais pas de lui à un moment. Susceptible le vieux Bébert, je vous jure. Parce que oui, à force de passer du temps ensemble, ce canapé a eu le droit à un nom : Robert. C'est fou tout de même que vous ayez lu jusque là n'empêche. Vous aussi vous vous faites chier heh ?
J'ai peut-être été conçu sur un canapé comme un Robert, j'en sais rien, j'ai jamais demandé de détails. Je pense que comme tout le monde imaginer mes parents s'emboîter ça n'a jamais été un de mes plus grand délire. En parlant de mes parents, je vais encore devoir vous décevoir sur ce point là. Rien d'exceptionnel chez eux non plus. Des humains comme les autres, j'ai une petite-sœur aussi, une adorable petite chose qui cri dès qu'on lui tire un peu les cheveux, et à qui je peux même pas faire croire qu’elle a été adoptée, parce que c’est vrai en plus... Ce qui n’était pas mon cas. Clairement, si mes parents avaient pu choisir, je suis sûr qu'ils ne m'auraient pas choisit moi. J'étais d'un chiant comme gamin… Vous savez celui qui hurle tout le temps pour un rien ? C'est exactement moi. Je pense que mes parents ont prit cette décision pour ma soeur en voyant ma gueule… Ils ont dû se faire “Ah ouais non, on peut pas en avoir un deuxième comme ça”. Mais au final je m'en tire pas trop mal. A croire que j'ai commencé ma vie par faire toutes mes crises. Maintenant je suis juste… Calme et passif… Et peut-être un peu trop passif au goûts de certains d'ailleurs.
J'ai vécût jusqu'à mes vingt-et-trois ans chez mes parents (futur Tanguy in the place, ladies), dans un quartier un peu pourri dont tout le monde s'en fout. Pendant ses première années ? Non il ne s'est rien passé… Pas de « Tu es sorcier Harry ! » le jour de mes onze ans… Ni de chauve qui débarque pour m'emmener dans son Institut. Pas même un hobbit de passage. Puis un jour, je sais pas trop pourquoi, ma mère et ma sœur ont soudainement décidé que je devais faire quelque chose de ma vie. A croire que passer sa journée entre le frigo, mon lit, la salle d'arcade… C'était pas assez pour elles. D'un sens elles n'avaient pas tort, depuis la fin du lycée, c'était un peu devenu le néant. J'avais tenté des études, mais je n'étais déjà pas un très bon élève avant, alors je vous fais pas un dessin. J'avais tenté de trouver un job aussi. Mais une fois que je l'avais encore fallait-il réussir à le garder plus de quelques semaines. On peut le dire, je suis un peu un déchet vivant, mais je le vis plutôt bien.
C'est comme ça qu'un beau jour, je me suis retrouvé à Ikea. Un vrai labyrinthe ce truc. Ma mère et ma sœur avaient réussi à m'embrigader et je m'étais inscrit à la Blackwell Academy. Je sais pas pourquoi je m'étais laissé faire, pourquoi j'avais signé pour cet appart, alors que je savais parfaitement comment ça allait finir. Que voulez-vous, on fait des truc cons quand on pense avoir un avenir potable. Donc Ikea. Ouais, trois heures pour sortir de ce putain de truc pour avoir acheté une peluche dinosaure (baptisé Vladimir par la suite), une étagère et deux chaises. Le reste de mes meubles ayant finalement été acheté d'occasion sur internet ou donné par la famille. Robert faisait partis du lot. Un vieux canapé trouvé par une petite annonce d'un gars qui se débarrassait de tous ses meubles. Bref, rien d'exceptionnel. Bon ok, j'ai compris, me regardez pas comme ça. Je sais que vous voulez la version sentimentale.
Fébrile, je m'arrête de taper. Après de longues heures éprouvantes de recherche. Il est là. Juste devant moi. Ma main tremble légèrement alors que je le clique sur l'annonce, le cœur battant. Ma respiration est courte. Un tel prix, une telle allure, ce tissus et… Le coup de foudre. Il me regarde avec ses coussins bien alignés. J'essaye de parler, mais je suis incapable d'aligner deux mots, sous le choc. Nous étions fait pour nous rencontrer. Au fond de moi, je le sais depuis toujours. C'était Lui. Et aucun autre. Fermant un instant les yeux, j'essaye de me reprendre en main. Calme-toi gros. Ca va aller. Reste calme. Je respire profondément et sur un excès de folie, je clique sur « contacter le propriétaire ». Je reste poli dans paroles et j'envoie l'e-mail. Deux jours s'écoulent sans la moindre nouvelle. Je ne rêve que de lui, il ne se passe pas une seconde sans que je repense à notre première rencontre. Il faut que je le vois. Puis une réponse, un e-mail, simple, mais l'essentiel est là. Mon coeur bat. Je vais pouvoir le rencontrer en vrai. Encore une longue journée d'attente et il est à moi. C'est ainsi que cette belle romance a commencé. Ô mon doux Robert… T'en rappelles-tu ?
Heureux ? C'était la version sentimentale. Après un déménagement particulièrement chiant où tout mes potes étaient venus… Une fois qu'on ai tout rangé, c'est-à-dire, pour l'apéro… Une nouvelle vie pouvait débuter. Les premiers jours, j'étais des plus déterminé à aller en cours, manger équilibré à des heures fixe. Puis, ça a commencé à dégénérer petit-à-petit. En même temps, c'est à cette époque que je me suis retrouvé devant mes premiers vrai choix cornélien. Allez en cours ? Être un bon élève et suivre ses résolution ? Ou allez au bar ? Être le bon pote fun qui n'est jamais contre un verre ou une bonne bouffe ? Affreux, je vous jure. Happy hours vs. Boring hours. Au final le choix était toujours le même. Si il pour une bière achetée, une offerte… On ne peut pas rater une telle occasion quand même. Puis l'année s'est fini comme ça. Par une sorte de miracle que personne n'a jamais compris, j'ai eu mes examens. Et de nouveau plein d'espoir, j'ai donc décidé de continuer mes études, me projetant même dans le futur.
Mon bonnet vissé sur la tête, c'est d'un pas mou et pas du tout conquérant que je m'élançai à la recherche de… Je sais pas… pas du rêve américain, parce que je n'étais même pas sûr de savoir ce que c'était. Dans mon esprit, l'américain de base, c'était le mec qui écoutait du Lynyrd Skynyrd dans son pick-up, son fusil sur le siège passager, un ours mort à l'arrière et un sapin-sent-bon accroché au rétroviseur. Autant vous dire qu'avec ma trottinette et mon ukulélé, je n'allais pas aller bien loin. Mais que voulez-vous, comme je vous le disais tout à l'heure, chaque histoire à un début. Et ça… Ben c'est plus ou moins la mienne. Je vous avais dit que ça ne serait pas passionnant. On peut pas tout avoir dans la vie les enfants, il va falloir vous y faire.
Quoique je dis ça, en essayant de paraître le type cool et blasé. Mais j’avais bien un rêve en tête. Mon plus grand amour, ça a toujours été la musique. Et à Blackwell, j’ai eu la chance de rencontrer d’autre fana comme moi. C’est presque naturellement qu’on a commencé à parler de ce projet et finalement, ouais ! On a formé un groupe, tous ensemble. Au début c’était qu’une sorte de club de musique, mais on se débrouillait bien alors, on a fait quelques petites scène, d’abord pour animer les soirées de l’Académie, puis en ville, et dans le petites villes alentours… Et quand nous fûmes diplômés… Notre carrière a littéralement explosée. On a enchaîné les concerts, enregistré et sortis au moins trois album. Ok, on était pas niveau David Bowie non plus hein ! Mais on avait notre petite renommée dans le monde de la musique et c’était top.
Jusqu’au jour où mon karma de merde m’a rattrapé. Ca faisait quelques années qu’on vivait le rêve total. Et il a fallu que ce couillon, notre lead guitar, se prenne pour une rockstar et nous fasse une gentille petite overdose. On savait tous qu’il était en train de partir en couilles, on lui avait tous dit de faire gaffe et tout… Et en plus… C’est sûr scène qu’il s’est effondré. Le scandale, je vous jure. Il a été sauvé de justesse, l’avantage d’un concert, c’est que les secours sont déjà sur place. Mais à cause de ça, on a grave perdu en popularité, passant pour un groupe de junkie. Ca a créer des tensions entre nous et a fini par signer la fin.
Donc rebelote ! On retourne à la case départ du Teddy sans logement, sans boulot et sans ambitions ! A défaut d’avoir mieux à faire, je suis revenu à Arcadia Bay. Pourquoi pas après tout. Surtout que ma petite soeur allait faire sa rentrée à la Blackwell Academy, je ne pouvais pas rater ça. Ralalah, cette petite grosse tête allait rentrer en science en plus… Alors que je lui avais dit que le cursus Art, il était top. De toute façon, personne m’écoute jamais dans cette famille. Ils sont tous bien trop têtu. Bref, j’aime bien la rue, mais y dormir, pas trop pour moi. Alors j’ai chercher un truc… Pas trop cher, c’est pas que je manque d’argent avec la carrière que j’ai fait, au contraire. Mais je sais pas, une question d’habitude. C’est comme ça que je suis tombé sur une annonce, une recherche de coloc. Ok, la meuf était un peu chelou avec ses cochons d’indes, mais par flemme de chercher plus longtemps, je pris ça.
Maintenant venait la question de ce que j’allais faire de mes journées. Et clairement, j’avais pas envie de devenir la babysitter de Romeo et Juliet, alors il fallait que je trouve une excuse pour pas passer toutes mes journées à l’appart’. Et encore une fois, c’est le cerveau, bien plus fonctionnel que le mien, de ma petite-soeur qui m’a poussé à postuler à Blackwell comme professeur de musique. Ce qui était une bonne idée. Après tout, j’avais été diplômé là-bas, j’avais pas mal d’expérience dans le domaine grâce à mon groupe, il ne resterai qu’à se taper quelques livres de pédagogie pendant les vacances et… Ca ferait le coup. Tout du moins c’est ce que je me suis dit, puis j’ai été embauché, alors c’est trop tard pour faire marche arrière.
La suite est loin d'être mieux, enfin, le connaissant, je suis presque sûre qu’elle sera loin d’être mieux alors… Il n’en revient qu’à vous de la suivre ou non. Mais si vous avez autre chose de mieux à faire, allez-y. Vous pourrez reprendre votre lecture quand vous vous ferez chier. Ouais, littéralement, vous pouvez lire ça aux toilettes, je serais pas vexé, vous inquiétez pas.