We become the night, where hope survives.
feat. @Legend Leblanc

J'étais là, étalé comme une merde dans mon lit entre les tonnes de coussins, de peluches ridicules et de fringues qui étaient éparpillées dessus, en train de faire un rêve des plus agréables. Rêve qui aurait pu tourner à la catastrophe quand une violente envie de pisser m'a pris. Au début, je pensais que c'était seulement mon rêve, mais ma vessie a fini par me ramener les pieds sur terre en me faisant comprendre qu’avoir avalé une bouteille d'eau avant de dormir n'était probablement pas une bonne idée... Oh non... si je n'y pense pas, ça n'existe pas, aller je remonte un peu ma couette sur moi et tente de me rendormir.

L'opération est un échec. Un échec total, même ! Je sors une main de mon cocon de chaleur et tente d'attraper mon portable à l'aveugle. Là encore ce n'est pas une bonne idée, je l'entends glisser de ma petite table de chevet pour finalement s'éclater par terre... je grogne un peu, ouvre péniblement les yeux et me penche pour le rattraper.

- Eh merde...

Je me laisse de nouveau tomber sur le dos en inspectant les dégâts, bon bah, une jolie fissure traverse l'écran de gauche à droite sur le haut de mon téléphone... comme si j'avais besoin de ça en plus. Pfft j'ai vraiment pas de bol en ce moment. Il est 3 h 24 du matin, ce n'est pas humain de se lever à cette heure-là. J'ai bien trop la flemme de me lever, mais je ne vais vraiment pas avoir le choix.

Je finis par réussir à m'extirper de mon lit, j’enfile un grand hoodie noir assorti à mon pantalon de jogging pour ne pas sortir torse nu, je mets une paire de baskets qui traîne dans l'entrée du bordel sans nom qui me sert de piaule et je me dirige d'un pas traînant vers les toilettes de l'étage, encore un peu dans le cirage.

J’appuie sur la poignée pour y entrer, oh... c'est fermé ? Mais non ? Pourqu... oh ! Je tends un peu l'oreille... à bah y en a qui s'amusent visiblement... ha, mais ils abusent là, ils ont des chambres pour ça merde ! Je tambourine à la porte pour qu'ils ouvrent, visiblement sans succès !

- Putain, mais ouvrez bordel, j'ai envie de pisser moi !

Aucune réponse si c'est une nouvelle salve de gémissements un peu plus forts qu'avant, c'est peine perdue, je vais devoir descendre au rez-de-chausser pour aller aux toilettes de l'entrée. Pfffff, je ne  suis que joie, bonheur et allégresse. Je prends les escaliers et avance d'un pas bien plus rapide, mon envie se faisant de plus en plus pressante.

- Nan, mais c'est une blague ? On se fout de ma gueule, là ?

Un magnifique petit papier est collé sur la porte, on peut lire « Hors Service, maintenance en cours »... Je n'aurai pas le temps d'atteindre les toilettes de filles, alors merde, je sors à l'extérieur, et me dirige vers les buissons qui bordent de tours du campus, c'est parti pour un pipi à la belle étoile. Heureusement il fait relativement bon, je me cache à l'angle d'un arbre, même si ça m’étonnerait que je croise quelqu'un à cette heure-là, mais on sait jamais. Je fais ce que j'ai à faire en soupirant d'aise, putain ça fait du bien !

Une fois ma vessie soulagée, je commence à retourner doucement vers mon dortoir, pas tout à fait certain de réussir à retrouver le sommeil, au pire j'irai embêter Terry, il ne dors pas beaucoup lui non plus, je pourrais tenter. J’allais retrouver le sentier jusqu'au bâtiment, quand j'ai été distrait par un marmonnement qui semble venir des arbres un peu plus loin... je ne crois pourtant pas avoir vu qui que ce soit. Nan mais je débloque, la fatigue sans doute. Je n'y prête pas plus attention que ça et me retourne, mais je sursaute en entendant de nouveau une voix s’élever derrière moi. Nan, là, j'ai clairement entendu quelqu'un parler. Je ne suis pas spécialement froussard d'habitude, mais là je dois bien vous avouer que ce n'est pas des plus rassurants.

Ma curiosité me tuera sans doute un jour, mais je décide d'aller jeter un coup d’œil quand même. J'avance vers ces chuchotements que j'entends de plus en plus forts, signe que je me rapproche bel et bien. Je me cache derrière les arbres et avance doucement, je ne comprends pas un traître mot de ce que le gars, parce que c'est bien une voix masculine, baragouine. J’aperçois de la lumière et du mouvement derrière les derniers buissons, j'allais faire un pas de plus pour essayer de voir qui est le taré dehors à cette heure-là, quand j'ai marché sur une bouteille en plastique qui traînait par terre, créant un bruit qui stoppa net l’inconnu derrière moi. Je me suis rabattu derrière l'arbre à toute vitesse. Ez' t'en loupe pas une t'es pas possible. Le type s'est mis à parler un peu plus fort, et j'ai cru reconnaître la voix de Legend.

Je sors de ma cachette et le regarde d'un air suspicieux. Nan mais j'hallucine, c'est quoi ce bordel ? Y' a des bougies, des vieux bouquins et il semble avoir dessiné des motifs étranges sur un grand drap qu'il a étalé au sol… Et au milieu, Legend, à genoux qui n'a pas bien l'air de comprendre ce que je fous là.

- Mais qu'est-ce que tu fous ? Ça va pas de faire peur aux gens comme ça ? Et puis c'est quoi tout ça.