J'peux pas j'ai piscine ! (feat. Teddy)

Au final, c’est pas ouf d’être en vacances. Je pensais pas me faire autant chier. Alors ouais, je peux passer du temps avec mon mec, mes colocs, mes potes, c’est cool. Je peux bosser sur ma musique aussi. Mais on a vite fait le tour quoi. A croire que j’avais commencé à bien m’accrocher à mon quotidien. Puis, vu que je sortais assez peu en ce moment, il m’arrivait rien d’extraordinaire non plus. Et Gandalf sait que d’habitude, il suffisait que je mette un pied dehors pour que tous les événements les plus improbables de la terre se produisent.

Alors ouais, j’étais chez moi, je foutais rien. Si quelqu’un me demandait, je disais que je me “reposais” mais comme si j’avais besoin de ça, je passais presque mes journées à pioncer récemment. La preuve, regardez moi ça ! L’après-midi commençait à toucher à sa fin et j’étais là, sur ma bouée canard, vêtu de mon maillot de bain à motifs ‘Hot Dog’ à attendre que le temps passe. Ce n’était pas désagréable, mais je me faisais chier quoi. J’en venais même à me dire que j’avais hâte que la rentrée arrive, pour vous dire.

J’étais en train de somnoler et carrément de m’endormir. A tel point que j’en basculai de ma boué et me retrouvait à l’eau. Et c’est précisément à cet instant que quelqu’un en profita pour plonger et nous rentrâme en collision. On pouvait applaudir la précision n’empêche. Il y avait combien de pourcent de chance pour qu’une personne qui saute dans la piscine, arrive pile à sauter à l’endroit où je me tenais ? Le bassin n’était pas si petit.

Je ressorti de l’eau paniqué. Ma vision était floue à cause de l’eau chlorée et j’avais mal au crâne, j’avais dû me cogner contre la plongeuse. D’ailleurs, une fois qu emes yeux eurent finis de faire la mise au point, je fronçais les sourcils.

- Mais, tu sors d’où toi ?

Une jeunette aux cheveux bleu pétant. Si je l’avais croisée, je m’en serais souvenu tout de même. C’était une pote d’un ou d’une de mes coloc ? Ophelia n’était pas du genre à ramener du monde à la maison sans prévenir. Donc une amie de Charlie ou de Brendon ? Vu le style de la demoiselle, j’aurais plus misé sur ce dernier.

- Bordel, tu m’as défoncé le crâne…

Je frottais ma tête là où l’impact avait eu lieu. Oui, pour un mec qui tombe sur une inconnue au milieu de sa piscine, j’étais plutôt détente, hein. Mais vu que je pensais que c’était une amie de Brendon, je ne paniquais pas. Puis bon, elle n’avait pas fait grand chose de mal, si ce n’était me sauter dessus comme une sauvage.

C’était vraiment ma veine ça. Pas possible de dormir tranquilou dans sa piscine sans se faire sauter dessus par un être sorti de nulle part. Moi qui pensait que j’avais un meilleur karma en ce moment, il faut croire que j’avais hurlé victoire, trop vite. Promis, on m’y reprendra plus. A ce niveau, j’étais presque sûr que tous les grigri porte bonheur d ela boutique de Sylvanus ne pouvaient plus rien pour moi.

Je regardais l’étrangère en essayant de fouiller dans ma mémoire si je la connaissais ou pas. Mais j’avais beau réfléchir, tout me hurlait “inconnue au bataillon”. Mais d’un autre côté, le même de tête n’aidait pas à faire fonctionner les neurones correctement non plus. Donc je préférait demander directement à qui j’avais à faire. Mais la petite s’excusa avant tout. Au moins, elle était bien élevé.

- Hmm ça va, on a connu pire et toi ?

Je me frottais la tête, comme si ça allait changer grand chose. Mais j’avais l’impression que oui, alors laissez-moi y croire un peu. Puis c’est qu’elle répondait toujours pas à mes question la bougre ! Et elle m’en posait d’autre, ce qui était définitivement une bonne technique pour détourner mon attention.

- Euuh… Je sais pas si c’était habité avant mais on a déménagé là, ça fait genre… Un mois, j’crois ?

Je plissais les yeux, signe que j’étais en plein réflexion. On était à présent en Août, on avait déménagé fin juin/début juillet, ouais à peu près un mois. Si elle savait que cette maison n’était pas habité avant, la petite devait être du coin. Elle n’était définitivement pas étudiante à Blackwell. Un tignasse pareille, je l’aurais reconnu. Mais elle me semblait quand même familière. On s’était peut-être déjà croisé. Puis elle avait un sacré culot de me demander si elle pouvait rester. Je l’aimais déjà.

- C’est pas comme si j’avais besoin de tout cet espace, alors maintenant que t’es là, fais-toi plais’.

Je haussais les épaules, il me semblait que mon mal de tête allait mieux. J’allais avoir une belle bosse tien, j’avais presque l’impression de la sentir poussée. Heureusement que c’était les vacances, sinon mes élèves allaient finir par croire que je faisais parti d’un fight club.

- Mais ça me dit toujours pas d’où tu sors, t’es rentrée comment ?

J’étais trop loin de la porte d’entrée pour l’entendre. Mais vu où elle avait atterrit, je doutais qu’elle venait de l’intérieur de la maison. C’était comme si elle avait sauté du ciel ou une connerie comme ça. Je lui aurais bien demandé si c’était le cas, mais j’avais peur de passer pour un type relou qui tente de draguer avec la fameuse “Est-ce que ça t’as fait mal, quand tu es tombé du ciel, angel ?” ou une connerie du genre.

Je n’avais aucune fichue idée comment j’en étais arrivé à autorisé à une fille sortie de nulle part à squatter ma piscine, mais pourquoi pas. Après tout, ce n’était pas que “ma” piscine, je la partageais déjà avec mes colocs, alors une personne de plus ou de moins dans cette eau, qu’est-ce que ça pouvait bien changer. Puis j’étais presque sûr de connaître cette fille à présent. Ou si ce n’était pas moi, peut-être qu’un de mes coloc savait qui elle était. Mais j’avais beau réfléchir, je n’arrivais pas à trouver son nom. Heureusement, je n’eus même pas à le demander qu’elle se présenta d’elle même.

- Teddy Scott, enchanté. Attend. Mais j’ai entendu parlé de toi, nan ? T’as pas été à Blackwell ?

Il me semblait qu’une vague histoire à propos d’une fille aux cheveux bleu qui s’était faite virée de l’école et proche de la fameuse Rachel Amber… C’était assez flou dans mon esprit. Je ne connaissais pas cette dernière, elle avait disparu avant que je ne commence à enseigner à Blackwell. Mais j’avais assez vu d’affiche partout pour connaître son visage et les rumeurs circulent aussi en salle des profs, vous savez.

Mais le plus gros mystère du moment était de savoir comment cette Chloé Price avait réussi à atterrir dans ma piscine. Certes, je n’avais pas été très attentif aux mouvements autour de moi, mais là, vraiment, j’avais l’impression qu’elle était tombée du ciel quoi.

- Attend il y a un transat dans la haie mais… Comment…

J’avais oublié le mot clef “pété”... Un transat cassé dans la haie. Je jetais un coup d’oeil au jardin, il y avait bien un transat et ce genre de truc ça s’achetait par deux. J’eus un court flashback, revoyant notre déménagement, la piscine, les transats, le tout installé par Ophélia.

- Oh putain… C’est qui le con qui l’a cassé ? Ophelia va nous défoncer si elle sait ça… Hey, s’il te plait, si tu croise une jolie blonde dans le coin, lui dit rien à propos du transat, hein ? C’est une question de survie. Tu pourras venir squatter la piscine quand tu veux !

Est-ce que c’était une mauvaise idée de passer ce genre de deal avec une fille sortie de nulle part ? Sûrement, mais vous pensez vraiment que j’étais assez intelligent pour y songer avant de parler ? Puis sincèrement, Chloé ne m’avait pas l’air si dangereuse, pas autant qu’une Ophelia en colère.

- Mais je t’avoue, on doit s’être croisé, ta tête me dis quelque chose aussi. Je sors pas mal. Je sais pas… Je bosse à Blackwell aussi ? Enfin pas depuis des siècles, mais si t’es du campus, on s’est peut-être déjà croisé.

Sur le coup, je n’avais évidemment pas songé qu’on pourrait être tous les deux des clients de ce bon vieux Frank. En même temps, on était à Arcadia Bay, il n’y avait pas mille dealer chez qui s’approvisionner. Je n’étais pas forcément un gros consommateur, mais ça m’étais arrivé quelques fois… Puis bon, maintenant que je vivais avec un ex-junkie, je faisais attention à ce que je ramenais à la maison quand même.

- J’aime bien tes cheveux.

Ca sortait de nulle part. J’avais même lâcher ça comme si je disais “il fait beau aujourd’hui.”. Je sais pas, je crois qu’il fallait que je le dise, c’est tout.

Cette gosse sortait de nulle part, elle semblait avoir aucun complexe à squatter ma piscine et même à revenir faire de même dans les jours à venir. Elle avait du culot, je trouvais ça génial. Elle eu le mérite de me faire bien rire avant de lui répondre :

- Pff, fais comme tu veux, c’est limite un moulin ici à force. Et naan Ophélia c’est ma coloc, meilleure amie ouais, mais pas copine. C’est un démon cette femme, il faut être un surhomme pour oser l’approcher et encore plus pour filter avec elle. Mais elle est géniale.

Je sais qu’on dirait pas quand j’en parlais comme ça. Mais j’adorai Ophelia, c’était ma partner in crime par excellence. Je sais pas comment une telle chose était possible. Mais en quelques mois de coloc à peine, on s’était retrouvés dans tellement de situations rocambolesques qu’on avait pu que nouer des liens forts. On passait notre temps à se crier dessus, mais au final, je voyais Ophelia comme une grand-soeur. On pouvait parfois se disputer H24 et à d’autre moment être totalement sur la même longueur d’ondes.

- Wah, parce qu’ils virent des gens à Blackwell ? Je pensais pas que c’était possible. Mais ouais, j’y suis prof. J’ai commencé cette année donc c’est sûr qu’on s’est pas croisé. Tu vas t’inscrire dans quel cursus ?

Ce serait assez amusant que je la retrouve dans ma classe. Je vous laisse imaginer la tête des cours. Mais bon, je crois qu’à force tout le monde s’était habitué au fait que je n’étais pas l’enseignant le plus protocolaire de tous.

- Nan, vas-y fais-toi plaisir.

Chloé ne se fit pas prier pour commencer à se rouler un joint. Elle prenait vite ses aises partout où elle allait, c’était cool. J’avais un peu tendance à faire pareil. Puis visiblement, elle avait l’intention de partager alors, raison de plus pour ne pas la foutre à la porte. Je pris une première taffe en même temps que Chloé eu une illumination. Elle cria tellement fort, qu’en plus de me faire perdre un tympan, elle me surprit, ce qui me fit sursauter et manquer de m’étouffer avec la fumée que je venais d’inhaler. Je toussais un moment en lui rendant son joint avant de lui répondre :

- Wah, ça t’arrive souvent de comme ça ? T’as failli me tuer, gamine.

Mon cerveau se mit alors à analyser l’information qu’elle venait de me donner.

- Oooh ouaiis ! Ce bon vieux Frank ! Maintenant que t’en parle, je me souviens ! T’es la pote de la meuf qui a disparu nan ? C’est quoi son nom déjà…

J’étais loin de me douter du lien qui les unissait toutes les deux. J’avais juste entendu Frank en parler avec elle (oui ça me revenait à l’esprit maintenant), donc je me permettais d’évoquer le sujet légèrement sans me prendre la tête alors que c’était bien plus grave que ça.