nothing to see; pv.nathan

S'il y avait bien une chose que je détestais, c'était les clients qui ne payaient pas, pote ou pas pote. J'avais fait une fleur à Zack en lui laissant une semaine pour réunir les fonds nécessaires, mais le délais était passé. Et voilà qu'il venait plus en cours, cherchant clairement à m'éviter. Pourtant, je reçus un sms pour me dire qu'il avait été aperçu près des dortoirs. Il était vraiment idiot pour chercher à se déplacer discrètement dans Blackwell en pensant que je ne l'apprendrais pas. J'avais des pions partout dans l'académie. Dès la fin de mon cours, je passais devant tout le monde, ignorant Victoria au passage, puis fonça en direction des dortoirs où je le trouvais. Dos à moi, je lui agrippais vivement l'épaule et l'entraîna un peu à l'écart. "Dis-moi que tu as mon fric, sinon je te bute !" le menaçais-je. Il sembla hésiter, je crus même un instant qu'il allait ce foutre à chialer, mais finalement, il sortit une liasse de billet de sa veste.

Prenant mon temps pour compter afin de vérifier qu'il y avait bel et bien le total, je l'entendais se morfondre d'excuses, osant même me dire qu'il ne comprenait pas pourquoi j'étais aussi pressé de récupérer ce fric sachant que cela ne devait pas représenter grand chose pour moi en vue de la fortune de ma famille. Ses paroles furent les dernières inepties qu'il prononça devant moi. Mon poing fendit sur sa mâchoire et il tomba comme une larve à mes pieds. "Ferme-la, sale con ! Je n'ai pas de compte à te rendre !" criais-je un peu trop fort, ce qui attira l'attention de cette fille : Max Caulfield.

Tout ce que je savais d'elle, c'était qu'elle était en cours de photographie avec moi. Le genre de nana transparente et inintéressante au possible. Clairement pas le genre de fille sur qui je portais mon attention, bien que Victoria semblait avoir trouvé en elle une tête de turc. On ne s'était jamais adressé la parole, ni même un regard. Je m'en fichais complètement d'elle à vrai dire. Pourtant en cet instant, je ne pus m'empêcher de ressentir un vigoureux sentiment de rage en la voyant nous observer avec ses yeux de merlan frie. "Un problème Caulfied ?!" hurlais-je en oubliant Zack par terre. C'est alors que j'aperçus dans les mains de l'étudiante son fameux polaroid qu'elle traînait partout avec elle. Ne me dites pas qu'elle nous a pris en photo! songeais-je en me décidant subitement à m'approcher.

Ne sachant pas trop pourquoi, je me sentais avancé vers cette fille tout en fixant sans cligner des yeux son polaroid que je mourrais d'envie d'arracher et de jeter par terre afin de l'écraser du pied, ou bien alors de le propulser contre un mur. C'était bien mon intention, jusqu'à ce que le pauvre animal en face de moi me dise qu'elle n'avait pris aucune photo. "Pourquoi te ferais-je confiance ?!" grognais-je en poursuivant ma route dans sa direction. Lorsque j'étais énervé, ce qui était le cas en cet instant, je n'arrivais pas à me calmer tant que je ne m'étais pas suffisamment défoulé. Je poussais des colères que rien ni personne ne pouvait contrôler, même pas moi. Frapper l'abrutis un peu plus loin derrière ne m'avait pas totalement apaisé, il m'en fallait plus et jeter mon dévolu sur Maxine et son stupide appareil photo était bien tentant. Traversant la distance qui nous séparait, je tendis la main en direction du polaroid.

"Donne moi gentiment ton machin sinon je l'arrache de ton sale petit cou bl...."

Obnubilé par mon objectif, je n'avais pas fait attention à où je m'étais les pieds et c'est ainsi que le gauche se prit dans une irrégularité du sol et je tombais comme une crêpe en avant. La chute ne fut pas spécialement brutale, mais je n'eus pas le temps de me protéger totalement le visage, bien que mes bras étaient venus par réflexe se placer devant moi, mais je sentis mon nez cogner le sol. "Aïe..." m'entendis-je murmuser en restant avachit quelques instants sur le béton avant de me redresser sur les coudes et sentir un liquide chaud couler le long de mes narines. Je restais quelques secondes à quatre pattes, observant sans rien dire les gouttes de sang venir s'écraser sur le sol.

Zack en avait bien sûr profité pour filer, mais à ma grande surprise, Caulfield était toujours là et me regarder soit parce qu'elle prenait un malin plaisir à me voir blesser, soit elle ne savait pas comment réagir. De toute manière, je n'avais pas besoin de son aide. Je n'avais besoin de personne.