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There is no hate, only joy. [Jumeaux Davis]

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Mar 18 Déc - 19:44
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Cela faisait un moment déjà qu'il réfléchissait à la question. Devait-il tenter de nouveau le contact, ou laisser tomber pour de bon? La réponse demeurait la même, peu importait le sens dans lequel il prenait le problème. Kyle n'avait alors pas d'autre choix qui s'offrait à lui: il devait retrouver sa sœur, de nouveau, forcer le destin pour arriver à échanger deux mots avec elle, tout au plus.

La journée lui parut longue. Elle ne l'était pas davantage que toutes les autres, mais il sentait que sa patience s'effilochait, devenait plus lointaine à chaque heure qui défilait sur le cadran de l'horloge du café. Il n'en pouvait plus de sourire aux mamies de passage, charmer quelques femmes et filles égarées pour un pourboire, et enchaîner les commandes sur le rythme loin d'être effréné en ce début de semaine. Pourtant, cela suffisait à lui prendre la tête avec suffisamment de force pour qu'il ait envie de filer à tire d'ailes, abandonner l'établissement et partir se perdre quelque part dans Arcadia Bay où les choses seraient plus passionnantes. Le motif de son soudain mal-être? Il ne tenait plus. Il avait continué son étrange rituel, d'une solennité presque religieuse. Chaque soir, ou du moins un jour sur deux, il allait errer près de Blackwell, dont il commençait à connaître la façade par coeur. Il n'y parlait à personne, ne se faisait pas voir, ne cherchait pas non plus à lier le contact avec qui que ce fut. Parfois, il balayait les lieux de son regard glacé, dans l'expectative. Parfois, il ne prenait pas même cette peine, et demeurait dans son coin, juché sur un banc, une barrière, n'importe quoi, anonyme et vite envolé. Ses visites s'étaient néanmoins espacées, dernièrement, après la soirée qu'il qualifiait de catastrophique. Elle avait fui, après tout. Elle avait fui, et lui n'avait pas trouvé la force de la suivre.

En ce jour, cependant, il avait attendu assez pour rebâtir un semblant de volonté. Poursuivre, réessayer. Il n'était pas de ceux qui abandonnaient aisément. Pensée émue à Charles, songea-t-il plusieurs fois dans la journée, pensée émue au fait qu'il n'avait plus l'espoir, alors que lui le couvait encore avec soin. Alors Kyle s'effaça de son poste de serveur avant l'heure, à grands renforts de sourires et de, on pourrait dire, suppliques. En arrivant plus tôt, nul doute qu'il maximiserait ses chances. Elle ne pourrait pas simplement lui échapper en filant avant son arrivée. Et cette fois-ci... Cette fois-ci, il ne se contenterait pas de profiter de l'air frais, de l'ambiance étrange de ces écoles qu'il n'avait pas fréquentées depuis longtemps, et ne fréquenterait sans doute plus jamais.
Par la force des choses, le jeune homme se retrouvait donc devant Blackwell, à attendre, comme de nombreux soirs, et pourtant de façon tout à fait différente. Debout, une main calée au fond d'une poche, et son poids appuyé sur une jambe, il illustrait la nonchalance de la plus belle des manières, mais ses yeux clairs se relevaient à intervalle régulier vers la sortie. Dans son autre main, il ne cessait de triturer son porte-clef, le fameux chien qui l'accompagnait partout, peluche qui commençait à avoir bien du vécu depuis son arrivée dans cette ville. Il aurait aimé dire qu'il était serein. C'était une façade qu'il entretenait avec soin. Mais il était nerveux. La seule tension qui demeurait dans ses épaules était significative: il n'angoissait pas, mais c'était tout juste si ce n'était pas le cas.

Les premiers étudiants commencèrent à sortir, à gauche, à droite, mais ils auraient tout aussi bien pu être des fantômes inconsistants, sans matière ni âme, tant ses prunelles les transperçaient sans les voir. Il rangea ses clefs, préféra venir machinalement frotter son bras, et d'un point de vue extérieur il pouvait tout autant avoir froid et chercher à se réchauffer. La vérité était autre. L'échéance approchait, et montait avec elle une pression plus forte encore. Pas lui. Pas elle. Les secondes s'écoulaient, et il voyait chacune d'elle défiler devant lui. Sa jambe tressautait, impatiente. Non, il ne la voyait toujours pas. Penchant légèrement la tête, sceptique, et tout en commençant à croire que le monde se liguait contre lui, il en vint à se demander s'il ne l'avait pas ratée. Pourtant, mût par un instinct obscur, ou par la chance elle même qui guidait son chemin, il reporta son regard plus loin. Et, là, longeant le mur, il vit celle qu'il ne cessait de chercher.

-Violet!

Un cri du coeur, qui n'était pas parvenu à sortir auparavant et trouvait désormais sa voie. La garce, rajouta son esprit avec une pointe de contrariété alors qu'il constatait qu'elle semblait délibérément s'éloigner. Elle avait failli y arriver, qui plus est. Manque de chance pour elle, grand coup de bol pour lui, il l'avait pincée juste au bon moment. Sa voix, rauque, était teintée de consternation, et un trémolo léger laissait supposer que, bon sang, l'émotion était là, quelque part, au fond.
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Jeu 7 Mar - 3:18
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C'était une très longue journée pour Violet. Ses cours lui avaient paru tellement plus longs que d'habitude, et elle était incapable de se concentrer. Elle se sentait tendue, passait son temps à fixer la pendule des différentes salles de classes, priant pour que la grande aiguille fasse son tour plus vite, mais non, elle était presque immobile, peut importe le nombre de coups d'oeil que la jeune fille y jetait. Non, cette journée était définitivement une mauvaise journée. Le temps s'était un peu calmé, mais le ciel restait d'un gris terne, le vent de plus en plus glacial semblait passer dans la salle sans se soucier de l'isolation des fenêtres. Elle frissonna, et serra son pull plus près de sa peau. C'était de ces temps qui donnent l'impression qu'on a toujours froid, peu importe le radiateur contre lequel on est adossé, peu importe le nombre de couches de vêtements qu'on a sur le dos, on a froid, on est mal à l'aise. Elle était réellement impatiente de rentrer. Pourquoi ? Bonne question. Pour quitter les murs blancs de l'école, pour retrouver rapidement sa chambre, son nid, ses bouquins. Et pour éviter ses camarades. Dit comme ça, ça a l'air affectueux, mais ça ne l'est pas. Elle n'avait jamais été vraiment populaire, mais elle n'avait cependant pas été confrontée au harcèlement des autres, pas avant la soirée de Tyler. Elle serra les dents à cette pensée. Cette soirée, elle l'avait mal vécue. Se donner autant en spectacle, jamais elle ne l'avait fait, et surtout pas devant la moitié de l'école, dont les célèbres membres du Vortex Club, qui semblaient ne pas vouloir la laisser oublier ce moment embarrassant. Le pire, c'est que tous les souvenirs étaient clairs comme de l'eau de roche, ce qu'elle avait dit a Trevor, sa petite bagarre avec la rousse de son cours de théâtre, le regard que Dana lui avait jeté en partant. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi anxieuse d'aller en cours, presque depuis... Elle secoua la tête. Non, on n'allait pas penser a Kyle, pas maintenant. On ne va pas en rajouter une couche. Elle soupira, et mordilla son crayon de papier, tentant de se concentrer sur ce que disait le professeur. Elle fut presque surprise par la sonnerie retentissante qui annonçait sa liberté. Elle rangea ses affaires, et en un rien de temps elle marchait dans le couloir, écouteurs vissés dans les oreilles et regard braqué sur ses chaussures. Malgré le soulagement qu'elle ressentait à l'idée d'aller se réfugier dans sa chambre, le souvenir de son frère tournait dans sa tête. Est ce que c'était vraiment lui à la fameuse soirée ? Elle le croyait mort, ou au moins disparu pour de bon. Elle l'avait presque sorti de ses pensées, et son double quasi exact l'avait suivie. Elle se raisonna, il y a peu de chances qu'il soit en liberté, l'alcool avait du distordre sa vision, et elle avait sûrement confondu un des sportifs de Blackwell avec Kyle. Cependant, une petite voix dans sa tête lui soufflait que c'était bien lui, après tout, il restait son frère jumeau, qui se tromperait sur l'apparence physique de son propre jumeau, personne, en tout cas pas elle. Elle déglutit difficilement. Vivement la maison.
Passant les grilles de l'école, elle eut un pincement au coeur. Trev ne l'avait pas attendue. Ils rentraient ensemble depuis le lycée, c'était une de leurs traditions qu'elle pensait garder jusqu'à l'obtention de leurs diplômes. Il n'osait plus l'attendre, peut être par peur des représailles de Dana. En même temps, elle ne cherchait pas spécialement à le croiser.
Malgré les douces basses de Teen Pregnancy par Blank Banshee qui pulsaient dans ses oreilles, sa rumination fut dérangée par un bruit, ou plutôt un cri, presque animal. Elle le ressentit plutôt que de l'entendre, et un sale sentiment la prit à la gorge. Ne me dis pas que... Elle connaissait ce sentiment. Ainsi, elle se retourna à peine, juste de quoi voir par dessus son épaule. Elle sentit comme une bouffée d'air glacé l'emplir, suivie d'une sensation brûlant qui la frappa en plein visage pour ensuite atteindre le reste de son corps. C'était comme si tous les poils de son corps, même le microscopique duvet qui recouvrait ses joues s'étaient redressés d'un coup. Ses jambes manquèrent de lui échapper, et un reflèxe aussi inutile que soudain la fit courir, le plus vite qu'elle le pouvait. Kyle. C'était Kyle. Aucun doute la dessus. Ses pensées tournoyaient dans sa tête, panique, colère, tristesse, un peu de soulagement ? Tous ces souvenirs enfouis loin dans son esprit par le travail acharné de sa psy refesaient surface. Le sang, ses amis, la thérapie, le harcèlement, le déménagement, la fuite. Cependant, son cerveau bloqua sur un souvenir en particulier. Alors qu'elle courait à toutes jambes, elle se rappela de leurs courses emplies de rires dans la forêt. Il la rattrapait à chaque fois, et ils tombaient l'un sur l'autre pour rouler, boule de bras, de jambes, de cheveux blonds presque transparents, rigolant a ne plus pouvoir bouger. Pourquoi elle s'était mise à courir ? Il la rattraperait. Pourquoi l'avait elle suivie ? Et une question lui fit quitter ce petit noeud de souvenirs qui remontaient à la surface. Qu'est ce qu'il lui fera quand il la rattrapera ? Elle n'osait pas se retourner, elle serait incapable de supporter son regard. Et s'il avait le même regard que celui qu'il avait à l'école ? Ce jour la ? Elle sentait ses poumons s'enflammer, bientôt elle n'allait plus pouvoir courir, bientôt elle allait tomber et il arriverait sur elle.


Spoiler:
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Lun 18 Mar - 18:31
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Alors qu’il approchait, la voir de plus près lui fit un choc au moins aussi grand que celui que vécu sa sœur, même s’il était d’une toute autre sorte. Le fait de pouvoir la regarder, en chair et en os, d’aussi près, était déjà une avancée. Dans sa mémoire, elle était restée telle qu’elle l’avait été à l’époque, une petite fille au visage très semblable au sien, aux mimiques qu’ils partageaient, et qui portait toujours sous le bras un livre ou un goûter à partager. Il la voyait comme cette enfant douce et calme, qui supportait son frère parfois turbulent, même s’il s’efforçait de la visualiser comme une adulte, une jeune femme dont il n’avait plus connaissance. C’était dur. C’était encore plus dur désormais qu’il l’avait sous les yeux, et que les deux visions qu’il avait d’elles se superposaient sans jamais vraiment concorder. Elle n’était plus la Violet d’avant, pas plus qu’il n’était le même Kyle, mais ils allaient devoir coexister dans un monde où les règles de leurs jeux avaient changé. Tellement changés, par ailleurs, qu’il vit l’horreur se peindre sur son visage douloureusement familier et pourtant si différent, tandis qu’elle l’apercevait par-dessus son épaule. Mais certaines choses ne changeaient jamais, et il sentit plus qu’il ne comprit qu’elle allait se mettre à courir. Dans son maintien, dans ses yeux, dans la façon qu’avait son corps de se mouvoir. C’était peu être pour ça qu’il gagnait à chaque fois, pendant leurs terribles épopées dans les bois. Il se mettait à courir à la seconde où elle le faisait. L’écart de carrure et de vivacité faisait tout le reste.

Il n’eut pas à réfléchir, et ne s’en laissa pas le temps, pas alors qu’elle filait ainsi comme s’il avait été un quelconque grand fauve en chasse. Il ne réalisa qu’il la poursuivait qu’en constatant que quelques regards les suivaient, déconfits, mais ils étaient le cadet de ses soucis. Quelle image renvoyaient-ils, après tout ? Deux jeunes dégénérés qui couraient dans la rue comme s’ils avaient le Diable aux trousses, tout au plus, même si le blond ne devait pas inspirer une confiance immense à première vue. Il ne s’agissait pas d’une course amicale, ou d’une blague jetée à la volée qui terminait dans un petit sprint bienvenu, et cela se voyait. Elle courait comme pour sauver sa peau, et cela lui laissa un goût amer sur la langue. Allons bon, il lui faisait si peur que ça ? C’était elle, qui n’était pas venu le voir. Il avait vécu cela comme un abandon lâche, mais n’avait que son manque d’empathie pour lui expliquer le comportement de sa jumelle. Jumelle qu’il voyait se rapprocher à chaque seconde, comme elle devait le prévoir. Pourquoi s’était-elle mise à courir ? Elle perdait à chaque fois, et elle le savait ! Et pourtant, elle courait. Chaque fois, elle courait, et il l’attrapait au vol avant qu’ils ne terminent au bas d’une pente, à ne plus en savoir quelles étaient leurs propres jambes.

Il voyait peu à peu la distance s’amenuiser, ressentit face à cela une joie puérile qui lui hurlait qu’il avait encore gagné cette manche. Elle lui avait échappé pendant cinq ans, et voilà que ces cinq années prenaient fin, prendraient fin dans la poignée de secondes qui le séparait d’elle. Alors, il se posa enfin la question, et s’en trouva bien décontenancé. Qu’allait-il lui dire ? Allait-elle seulement lui parler ? Deux fois qu’elle fuyait en le voyant. Qui disait qu’elle allait même daigner lui adresser la parole ? Il n’avait rien à raconter, du moins rien qui lui fit plaisir. Il n’avait que des souvenirs et des espoirs diffus, et elle, elle ne semblait avoir que de la crainte. Il la trouvait injustifiée. Il ne lui avait pas fait de mal, à elle ! Jamais, au grand jamais, même s’il leur arrivait comme à tous frères et sœurs de chahuter un peu vivement. Il ne s’attarda pas sur les interrogations sans réponse, car déjà il la rattrapait. Ils n’avaient pas même dû changer de rue dans leur course folle. Peut-être que si.

Il eut l’espace d’une seconde la panique qu’elle ne profitât d’une faiblesse de sa part pour filer entre ses mains, s’évaporer telle de la fumée comme elle savait si bien le faire depuis leur séparation. Alors il ne fit à son grand damne pas dans la dentelle, et il la percuta sans vraiment ralentir. Néanmoins, il n’y eut pas de chute, mais il referma avec vivacité ses bras autour d’elle, la ceintura avec une efficacité redoutable, et bien qu’il chancelât un instant sous l’impact, il demeura debout, et droit.

-Tu croyais aller où, comme ça, au juste, Violet ? J’y crois pas que tu m’aies fait courir à ce point…
Siffla-t-il à mi-voix, le souffle un peu court, dû à ce sprint impromptu, à la panique et à l’émotion.

Malgré cela, sa voix demeurait fidèle à sa nature, d’une neutralité durement gagnée. C’était très étrange, pour lui, mais sans doute aussi pour elle. Peut-être même encore plus pour elle, finalement, car si Kyle comptait la revoir, ce n’était pas le cas de sa sœur. Mais ce corps qu’il serrait contre son torse, ce n’était plus celui qu’il connaissait. Ce n’était plus la petite carrure enfantine, mais une silhouette de jeune femme qui manqua, l’espace d’un instant, de le mettre mal à l’aise. Mais c’était Violet. C’était Violet, et c’était tout ce qui comptait, même s’il ne voyait pas encore son visage, même si elle s’était enfuie comme une voleuse. Il s’en sentit trembler, brièvement, et son front retomba sur l’épaule de sa jumelle. C’était peut-être plus simple ainsi. Elle, de dos, lui qui ne la regardait plus. En fermant les yeux, il pouvait revoir le visage qu’il connaissait. Il resta lourdement silencieux, un instant, fébrile, desserra sa prise juste assez pour qu’elle puisse se retourner, mais décidément pas fuir. Et sa voix, cette fois-ci, était plus plaintive :

-Tu m’as tellement manqué, soeurette.

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Mer 18 Sep - 22:20
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Il arriva, ce moment tant redouté. Il arriva, ce moment où Violet se sentie soulever de la terre ferme, percutée de plein fouet. A l'instant de l'impact, elle ferma les yeux, le souffle coupé, le corps tétanisé, elle attendait la chute. Qui, bizarrement, n'arriva jamais. Étourdie, elle regarda autour d'elle. Les passants la dévisageant, le béton, les pavés envahis d'herbe folle qui reprenait ses droits. Elle baissa les yeux, et se raidit instantanément en voyant des bras qui l'entravait. Petit a petit, le choc se dissipant, elle sentit la pression sur sa taille, contre son dos, la respiration légèrement haletante de son frère, essoufflé par leur course, dans sa nuque. Sans surprise, il l'avait rattrapée. Elle ne tenta même pas de se débattre, elle le devinait bien plus fort qu'elle. Elle se laissa aller, bras ballants, yeux larmoyants, alors qu'il jubilait, comme quand ils étaient petits, de sa victoire. Sa voix lui fit l'effet d'une violente gifle. Elle était froide, a l'image d'un iceberg dont on ne connaît pas les dimensions réelles. Elle était tellement plus vide qu'à l'époque, c'était comme entendre un inconnu parler. Elle n'avait pas besoin de le voir pour se rendre compte qu'il était complètement différent. Pourtant, a travers la terreur qui la prenait aux tripes, elle sentait une chaleur prendre place dans sa poitrine. Il lui avait... manqué ? Elle n'eut pas le temps de refouler cette émotion si nouvelle qu'elle sentit le poids du visage de Kyle sur son épaule. Elle sursauta, tétanisée. Un silence plus épais qu'une purée de poix s'étendit entre eux. C'était comme si les voitures avaient arrêté leur course, que les passants s'étaient tus, a l'image des oiseaux. Elle sentit a peine les bras du blond détendre leur prise sur sa taille alors que l'odeur si différente mais pourtant si familière du garçon caressait ses narines. Une grosse larme roula le long de sa joue, et elle oublia le traumatisme, elle oublia la peur, tout ce qu'elle avait en tête c'était leurs jeux silencieux au milieu des bois, les goûters pris a la table familiale, les sourires recouverts de chocolats à la chandeleur, les batailles d'eau l'été, les bonhommes de neige l'hiver, les virées en vélo à travers la ville, et sa main se colla automatiquement à celle du garçon. Il avait perdu son masque à cet instant précis, et c'était sa voix qui l'avait trahi. Violet sourit à travers les larmes qui floutaient maintenant sa vision. Elle ne pouvait pas prononcer un mot tant sa gorge était nouée, les larmes étaient devenues amères. Il avait tout gâché, tout, en craquant ce jour la. Il avait ruiné l'adolescence de sa soeur, il avait pris des vies, il avait terrorisé tellement de ses camarades ce jour la, et leur relation s'était désintégrée. Les mots qui sortirent difficilement de sa gorge étaient à peine audibles. "Pourquoi ?"
La vie avait repris son cours autour d'eux, c'était comme si le monde avait repris ses couleurs normales.
La blonde se défit doucement de l'étreinte de Kyle, il aurait sûrement compris qu'elle ne fuirait pas. Elle hésita un long moment avant de se retourner. Elle avait peur. De quoi ? La jeune fille n'avait pas vraiment de réponse à cette question. Il était resté tellement longtemps derrière les barreaux qu'elle avait peur de ne pas le reconnaître. Une cicatrice ? Des tatouages partout sur le visage, une larme gravée à l'encre sous son oeil ? Des dents en moins ? Ou un visage tellement froid et inexpressif, comme la dernière fois qu'elle avait posé ses yeux sur les traits de son frère ? Elle essuya brutalement le flot de pleurs avec la manche de son pull, prit une grande inspiration, ferma les yeux et fit volte face. Elle avait tellement de questions. Comment l'avait il retrouvé ? Pourquoi il était sorti plus tôt ? Pourquoi l'avait il cherché ? Pourquoi ? Pourquoi. Elle ouvrit lentement les yeux. Il était réellement la, devant elle. Trop bien coiffé pour la course poursuite qu'ils venaient d'entreprendre. Ses yeux étaient froids, et elle contint un mouvement de recul. Son visage n'était pas aussi terrifiant à l'époque, que dans ses souvenirs. "Salut, Kyle."dit elle avec une voix un peu tremblotante,
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Mer 16 Oct - 18:58
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Il ne comprenait pas. C’était-là l’essentiel de ce qu’il entendait se réverbérer dans son esprit tandis qu’il sentait sa sœur se tendre, se crisper à un point qui était, sinon offensant, vexant à souhait. Il ne comprenait pas la peur, la rage et la haine, la colère et ce dégoût qui l’avaient effacé de la vie de la jeune femme. Les regards des passants auraient aussi bien pu être ceux de fantômes dont il ne discernait ni forme, ni couleur. Il était focalisé sur elle, uniquement sur elle, sur cette part de son monde qui lui avait échappé et avec laquelle il avait décidé de renouer aussitôt sorti de l’enfer.

Ressurgir des abysses pour y entraîner sa jumelle. Il peinait à y croire. Il peinait à réaliser. C’était comme si le constat, l’image, tout le heurtait avec une force suffisante pour lui couper le souffle. S’il était dans cette ville, c’était pour elle. Il ne savait même pas qu’Arcadia Bay existait dans ce bas monde avant d’avoir pour but de retrouver Violet. S’il avait encore un objectif, c’était elle. C’était toujours elle. De quoi avaient-ils l’air ? D’épaves, c’était certain. Alors les regards s’égaraient sur eux, caressaient l’échine du jeune homme et de sa sœur, mais aucun n’osait intervenir. Manque de courage, ou de certitudes ? Le monde était de toute manière pourri jusqu’aux racines. Il n’était même pas certain que, si elle laissait libre cour aux larmes et aux cris, quelqu’un élèverait la voix. Ce n’était pas son intention. Aussi perturbé qu’elle, il n’en était pas moins inexpressif. Les habitudes avaient la vie dure, et si ce n’était pour ses bras qui l’enlaçaient, l’affection aurait déserté toute parcelle de son âme.

Elle ne fuyait pas. Du moins, elle ne fuyait plus, mais pour autant il ne s’en sentit pas satisfait. Il n’appréciait pas la rigidité de sa silhouette entre ses bras, cette respiration rapide qu’il entendait et qui masquait les larmes. Son parfum lui montait au nez, et, tout comme ces hanches plus rondes, ce corps plus grand, étranger, cela manqua de l’effaroucher. C’était elle, sans l’être, encore, toujours. Elle sentait bon, mais les vestiges de souvenirs qu’il avait ne concordaient pas à cela. Qu’était-ce, à l’époque ? Le caramel, ou les fleurs ? Il se souvint simplement qu’il aimait lui voler le flacon pour l’entendre venir se plaindre à sa porte. Il la narguait un peu, puis le lui rendait après moultes suppliques, et c’était toujours un divertissement enfantin, puéril, qui l’enchantait. Le silence se prolongeait, tandis qu’il avait à demi clos les yeux afin de conserver l’image de la petite fille qui l’avait poussé à venir jusqu’ici, sans moyens, sans repères, pour essayer de s’ancrer à nouveau dans la réalité. Il se demanda à quoi elle pensait. Avait-il changé, lui aussi ? Il n’en avait pas conscience. Il n’avait guère vu de photos durant sa détention. Il ne savait plus à quoi il pouvait bien ressembler à l’époque. A elle, sans doute, beaucoup. Il ne s’était pas vu grandir. Un sursaut vif lui échappa lorsqu’il sentit la main fine de sa sœur rejoindre la sienne, et il n’eut pas à réfléchir pour s’en saisir, la presser dans la sienne, plus grande, une main d’adulte qui remplaçait celle d’un petit garçon. Il s’étonna de la finesse de ses doigts, des siens, et de reconnaître son contact avec tant d’aisance. La question le prit au dépourvu, lui qui s’était perdu dans les vagues de sa mémoire, dans le trouble qu’engendrait cette dernière en ne concordant plus avec ce à quoi il se confrontait. Il releva le visage, les yeux, mais la laissa se retourner avant de reprendre parole.

Ses yeux étaient rougis. Il ne sembla pas y réagir outre mesure, se contenta d’incliner légèrement la tête de côté, et il enfonça ses mains dans ses poches une fois qu’il fut convaincu qu’elle n’allait pas se remettre à courir. Ses lèvres étaient pincées, son regard aussi froid qu’à l’accoutumée, mais il y avait un brin d’incertitude dans sa posture, dans cette façon qu’il avait de la détailler des pieds à la tête. Elle était belle. Il n’en attendait pas moins d’elle. Mais elle avait toujours été belle, à ses yeux, et meilleure que le reste de l’univers. Plus douce, plus importante, simplement plus. Son visage d’archange ne s’anima qu’une fois qu’il se décida à laisser entendre sa voix.

-Tu n’es jamais venue me voir, tu m’as manqué. C’est si difficile à comprendre ? C’était long. Tu as grandi, lâcha-t-il, monocorde, non sans une once de reproche et de lassitude : Tu es jolie.

C’était futile. C’était stupide. Lui qui aimait tant parler se retrouvait désormais à cours de mots, ne savait pas quoi lui dire. Ses mains avaient aussitôt quitté ses poches pour ponctuer ses paroles, avec plus de vivacité qu’il ne l’aurait voulu. La gêne. Il se sentait mal à l’aise, guère à sa place, alors qu’il quêtait justement cette dernière auprès de sa sœur. Il la cherchait, cette place, à ses côtés, comme autrefois. Ses yeux caressèrent son visage, à plusieurs reprises, comme pour se familiariser avec ces traits nouveaux, plus fins, et il se questionna quant au fait de savoir s’ils se ressemblaient toujours autant. Etaient-ils encore jumeaux, ou étrangers ? Il passa une main contre sa nuque, eut un claquement de langue agacé tandis qu’il détournait le visage. Que dire, que faire ? Allait-elle se remettre à courir s’il parlait davantage, s’il évoquait quoi que ce soit du passé ?

-Cesse donc de trembler ainsi, à croire que je lèverai la main sur ma propre sœur. Je voulais juste te voir. Te parler. Je te regardais, parfois, de loin, je ne pouvais plus le supporter. Violet…


Un soupir échappa à ses lèvres, ennuyé, et s’il leva effectivement la main, ce fut pour essuyer une trace de larme sur la joue de la jeune femme, d’un geste d’une douceur relative, maladroite, comme s’il n’était encore qu’un gamin qui ne savait guère s’exprimer.
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