this ain't a song for the broken-hearted
Né à Portland, Lucas y a toujours vécu jusqu'à récemment. Il est le deuxième-né de la famille Clarke, venu au monde quelques années après son frère aîné. Il a toujours été un enfant calme qui ne pleurait pas beaucoup, qui n'était pas exigeant et qui se contentait du minimum pour être content. Il n'avait pas besoin d'avoir une tonne de jouets, il s'amusait tout aussi bien avec un carton qu'avec une petite voiture ou tout autre jouet. Son imagination était déjà très développé dès son plus jeune âge et il inventait souvent des histoires dans sa tête.
En grandissant, il se rendit assez vite compte qu'il ne semblait pas avoir tout à fait les mêmes centres d'intérêt que les autres garçons de son âge. En effet, il était fasciné par la danse et dès qu'il voyait un numéro à la télé, il restait planté devant, des étoiles dans les yeux. Très vite, il tenta d'imiter les danseurs qu'il voyait et il ne se débrouillait pas trop mal. Alors que ses camarades voulaient tous jouer au foot ou au basket, Lucas, lui, voulait faire de la danse. Ses parents furent réticents, surtout son père qui piqua même une colère lorsque Lucas lui demanda s'il pouvait prendre des cours de danse. Il était totalement contre, estimant que ce n'était pas un sport virile, alors qu'il y avait pourtant de nombreux danseurs hommes très doués. Ce fut sa mère qui l'inscrivit en cachette, mentant à son mari en disant qu'elle emmenait Lucas au foot. Trop occupé par son travail, il n'a jamais vraiment fait attention au fait que Lucas ne lui avait jamais demandé de venir assister à un match. Du moins, au début.
La danse ne fut pas sa seule passion car il se découvrit un intérêt encore plus fort pour le théâtre. Là encore, il était très jeune et sa classe montait une pièce pour le spectacle de fin d'année. Lucas n'y avait qu'un petit rôle, mais il s'était amusé comme un fou. Il devait avoir à peine huit ans lorsqu'il décida de devenir comédien. Et jusqu'à ce jour, il n'en démord pas. Il sera comédien un jour. En plus d'être danseur. Pourquoi ne pas jouer dans une comédie musicale à l'avenir ? Il ne savait pas réellement chanter, mais les comédies musicales avaient aussi besoin de danseurs. Oui, c'était un peu son rêve.
Hélas, à cause de ses passions pas "assez viriles", il fut rapidement victime de moqueries de la part de ses camarades. Lorsqu'il était enfant, il n'y faisait pas réellement attention, mais en grandissant, il comprit qu'ils ne tenaient pas tous ces propos parfois vraiment méchants pour rire. Et puis, qui avait décrété qu'un garçon devait absolument jouer au foot ou faire un autre sport "masculin" ? Aux yeux de beaucoup, la danse, et même le théâtre, c'était pour les filles. Il fut traité de tous les noms, surtout au lycée où les choses étaient vraiment difficiles pour lui. Mais Lucas n'était pas du genre à se laisser démonter. Il continua comme il l'avait toujours fait, tentant de ne pas y prêter attention, tentant de cacher le fait qu'il se faisait harceler tous les jours. Verbalement, mais aussi physiquement. Pourtant, il ne se plaignait jamais. Il se disait juste qu'un jour, il montrerait à tous ces idiots ignorants qu'il allait réussir dans la vie. Et une fois qu'il serait une star, ils feraient moins les malins ! Mais avait-il réellement envie de devenir un star ? Vu sa nature discrète et réservée, le feu des projecteurs n'était sans doute pas fait pour lui. Tant qu'il pouvait exercer ses passions de façon professionnelle plus tard, il serait heureux.
Ce fut aussi au lycée que Lucas découvrit qu'il était attiré par les garçons. Et par les filles. Il n'a jamais eu de relation, n'a jamais été en couple, il n'a même jamais embrassé qui que ce soit, mais il sait qui il est. Bien entendu, au vu de ses passions, il fut souvent victime de propos homophobes par des crétins ignorants. Ces propos-là lui firent bien plus mal que toute autre insulte ou même un coup porté. Comment a-t-il su qu'il était bisexuel ? Il était tout simplement tombé amoureux d'une fille, puis d'un garçon. A chaque fois, les personnes les plus populaires, évidemment. Des personnes qu'il n'aurait jamais la chance de vraiment fréquenter. Alors, il se contenta d'imaginer comment seraient les choses s'ils étaient ensemble.
Pendant quelques mois, il tenta d'imiter son grand frère, de faire tout ce qu'il faisait parce qu'il n'en pouvait plus des remarques et insultes qu'on lui balançait. Son frère était considéré comme "virile", alors pourquoi ne pas faire comme lui ? Sauf que ce fut un véritable échec et son frère n'avait pas réellement apprécié. Les deux garçons étaient vraiment l'opposé l'un de l'autre, mais ça ne les empêchait pas de s'aimer.
Lucas finit par obtenir son diplôme de fin d'études secondaires et il allait devoir choisir une université et un cursus. Dans sa tête, c'était clair. Il allait intégrer une école d'art. Mais son père ne l'entendait pas de la même oreille. Alors, Lucas se lança dans des études de droit, à l'université de Portland. Pour faire plaisir à son père. Il n'avait aucune envie de devenir avocat et ça se voyait. Il avait du mal à se concentrer en cours et à comprendre ce qui s'y disait. Il devint rapidement le bouc-émissaire de ses camarades. Le schéma du lycée semblait se reproduire. Alors, il commença à sécher les cours pour aller danser ou pour aller assister à des pièces de théâtre. Evidemment, il n'eut pas sa première année et une dispute assez violente avec son père éclata. Ce fut sa mère qui parvint à calmer les choses. Lucas n'était clairement pas heureux et même si son père n'était pas d'accord avec ses choix, il accepta de le laisser aller à Blackwell, prestigieuse académie d'art. Il se disait que ce n'était qu'une phase et que ça lui passerait. Il se trompait lourdement, évidemment.
Ses parents acceptèrent donc de le laisser partir, mais à condition que son grand frère l'accompagne. Après tout, Lucas était leur bébé, le petit dernier qu'il fallait protéger. Les deux frères se sont donc installés à Arcadia Bay, pour le meilleur et peut-être le pire. Pour l'instant, Lucas se fait discret, mais les cours lui plaisent beaucoup. Les profs sont intéressants et il a l'impression de pouvoir apprendre beaucoup d'eux. Et pour l'heure, cela se passe assez bien avec ses camarades. Si on ne compte pas cet idiot qui semble adorer le bousculer dès qu'il le croise, tout en lui balançant une insulte ou deux. C'est lourd, mais Lucas se dit qu'il a vécu bien pire avant. Il ne veut pas se laisser abattre à cause de ça, il ne veut pas perdre ses objectifs et ses rêves de vue à cause d'un idiot ou deux. Advienne que pourra.