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[-18] Not over you. feat. Elijah

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Ven 19 Juil - 23:09
Teddy Abolick
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Teddy Abolick
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Ardoise (dortoirs):
Episode 1 - Cours de Musique de film

Autant vous dire que je n’étais pas serein. Aujourd’hui, il était prévu qu’on fasse un cours en commun avec Eli. Vu que la fin de l’année se rapprochait, nos dernières semaines étaient consacré aux finitions de projets, donc des sortes de séances, relax où les groupes nus montraient leur projets et on leur donnait des petits conseils pour améliorer leurs production au montage. Nous avions écrit tout un programme avec Eli, chacun de nos cours était réglé parfaitement et nous n’avions pas pris de retard. Mais aucun de nous n’avait prévu un éventuel problème entre nous.

J’avais bien pensé à sécher ce cours. Mais la veille, Trevor et son groupe m’avaient dit qu’ils auraient besoin de moi. Je ne pouvais pas me défiler. Et ce serait injuste que nos élèves pâtissent de problèmes qui ne les concernaient pas. Puis, merde, ça faisait déjà deux semaines que j’évitais Elijah, je pouvais bien supporter sa présence pendant une heure et demi. Ou plus exactement, il pourrait bien supporter ma présence pendant cette heure et demi.

En vrai, j’appréhendais vraiment cette heure. J’en arrivais à tout faire pour retarder le moment et j’en arrivait même en retard. Ok, c’est pas comme si c’était exceptionnel, j’arrivais quasiment toujours en retard à mes cours. Je pense que tout le monde avait fini par se faire à l’idée. Rien qu’à rentrer dans la salle, je pouvais sentir le regard pesant d’Elijah. Ce fut assez froid entre nous, mais visiblement, l’allemand était décidé aussi à faire en sorte que notre relation n’affecte pas le bon déroulement du cours. De toute façon, après quelques minutes d’explication, nous étions chacun à un bout de la salle à aider les groupes quand ils nous réclamaient.

Le cours arriva à sa fin et tous les élèves commencèrent à quitter la salle. Et là, arrivait le moment que je redoutais le plus. Parce que c’était bien beau d’aider les étudiants, etc. mais maintenant, il fallait bien qu’on mette en commun, qu’on fasse le point pour voir ce qu’on ferait à la prochaine séance pour les aider à avancer et terminer au mieux. Presque tous les élèves avaient quittés la salle lorsque je m’approchais d’Elijah, bon pas trop près non plus hein… Bref, je m’approchais pour lui demander :

- Mmh, je sais pas ce que t’en pense, mais je trouve que tous les groupes ont bien avancés. La semaine prochaine tous les projets seront clos, et il nous restera encore un cours… Pour… je sais pas… On avait dit qu’on fera un truc détente avec tout le monde mais…

Mais vu la situation entre nous, peut-être qu’il vaudrait mieux qu’on ne fasse rien et qu’on se contente d’annuler le cours ? Voilà ce que voulait dire mon “mais…” final. J’espérais qu’Elijah comprendrait. Au pire, ce n’était pas bien grave. Cependant, je faisais déjà de mon mieux pour ne pas fuir la salle pour aller me réfugier ailleurs alors, j’imagine que j’avais le droit de demander à ne pas être le seul à devoir faire des efforts ? Quoique, j’étais prêt à parier qu’Elijah n’était pas forcément fan de rester ici avec moi non plus.

C’était triste d’en être arrivé là. On avait une tellement bonne ambiance et alchimie d’habitude pendant ce cours. C’était devenu même un de mes préférés. Parce que nos étudiants arrivaient toujours avec de nouvelles idées et parce que j’aimais passer du temps avec Elijah. D’ailleurs, j’avais presque oublié un instant nos différends durant ce cours. J’avais failli aller vers Elijah pour l’embêter, genre, l’écouter parler à un groupe et m’incruster pour lancer une vanne nulle… Mais je m’étais rappelé l’événement d’il y a deux semaines et j’avais abandonné mon idée. Cette fin d’année allait vraiment être dure.
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Sam 20 Juil - 0:13
Elijah Holtz
Poulet-Spartiate
Elijah Holtz
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Emploi/loisirs : Professeur de cinéma

Journal perso
Ardoise (dortoirs):
Deux semaines interminables s’étaient déroulées depuis l’altercation avec Vladmir. Affronter chaque jour la douleur qui me tiraillait de toute part n’était pas le plus difficile, ni même devoir faire le tri parmi les décombres qui jonchaient le sol de mon appartement. Non, ce qui était insupportable était tout simplement la solitude. Plus que jamais, je me rendais compte à quel point je m’étais habitué à sentir la présence de Teddy à mes côtés. À quel point elle me rassurait, me remplissait le cœur de joie. Aujourd’hui, cet organe était aussi flétri que l’orange que je retrouvais dans un coin saugrenu après une dizaine de jours. Ses affaires étaient disparues et un silence de mort régnait dans toutes les pièces. Parfois, je tendais l’oreille comme dans l’attente que son ukulélé fasse résonner des notes entraînantes. J’étais sincèrement dans une phase de dépression que je tentais tant bien que mal de dissimuler à Blackwell. Au lieu de m’entourer d’individus, je préférais me barricader chez moi pour broyer du noir, similairement à mon arrivée douloureuse au Luxembourg. Je tournais parfois plusieurs heures sous les couvertures à la recherche du sommeil, mais son absence et les images de sa trahison me hantaient sans relâche durant ces moments où je n’avais rien d’autre à faire que de me perdre dans mes pensées.

Nous n’avions toujours pas eu de face à face. Notre petit jeu consistait à se tenir à distance l’un de l’autre, quitte à tourner les talons en toute indiscrétion pour ne pas avoir à s’approcher à moins d’une poignée de mètres. Je passais les pauses du midi avec mes collègues ou dans ma salle de cours, et me dépêchait de vider les lieux dès la fin de ma journée. Le seul semblant de vie que j’avais ? Mes crochets au Croissant de Lune. Pas évidents non plus puisque je ne tenais pas tant que ça à taper la discussion avec Alec actuellement. Non pas que j’étais gêné de sa révélation, mais car je ne me sentais pas de m’arrêter avec lui sur mes problèmes sentimentaux. Ce serait on ne peut plus malvenu n’est-ce pas ? Cependant, je ne pouvais plus me défiler désormais. Nous devions donner notre avant-dernier cours en commun en fin d’après-midi et il était hors de question de me faire passer pour souffrant. Ne soyons pas puéril à ce point.

Qu’est-ce que je ressentais pour ce mec ? La réponse fut évidente dès la seconde où j’aperçus sa face se pointer (en retard bien sûr). Je l’aimais comme un Diable. Ça n’avait pas changé d’un iota. Malheureusement, la douleur était tout aussi tenace. Comment me débarrasser de ces flashs ? Lui appuyé contre le mur, le russe caressant sa peau nue qu’il couvrait de baisers… Je souffrais mais il n’existait aucun remède miracle à cette trahison. Je ne voulais pas savoir s’ils étaient encore ensemble. Le mal était fait. Impossible de revenir en arrière. J’avais beau désirer traverser la salle pour saisir son visage entre mes mains pour mieux l’embrasser… Nous ne nous appartenions plus désormais. Et merci si c’est pour sentir le goût des lèvres de l’imbécile. Comment pouvais-je haïr autant le musicien pour ses actes et le désirer à ce point parallèlement ? Complètement tordu. Je me forçais enfin à le quitter des yeux après ce qui avait dû être une éternité.

Nos échanges furent pour ainsi dire inexistants durant l’heure et demi qui suivit. Occupé à donner des conseils aux étudiants, je me focalisais sur ma tâche avec acharnement. Aucun temps mort. Sinon, cela serait trop gênant pour le supporter. Il eut bien un court instant où je le sentis passer derrière moi pour se rapprocher du groupe de Trevor. Il fut suffisant pour me faire perdre le fil de mes mots, un frisson se propageant dans mes membres. Je portais toujours une attelle mais ce n’est pas ça qui l’empêcha de me picoter le bout des doigts. Ok, j’exagère peut-être. On s’en fiche.

L’essentiel est que le moment fatidique arriva. Celui où nous devions échanger sur la séance que nous venions de diriger. Si cela était habituellement un plaisir (aussi parce que cela incluait bien trop de baisers pour rester purement professionnel), maintenant ce n’était qu’angoisse et appréhension. Que faire ? Que dire ? Je n’en étais plus au stade où je voulais l’envoyer sur les roses comme à l’hôpital lorsque je n’avais pas encore les idées tout à fait claires. Les plaies intérieures ne s’étaient pas autant dissipées que celles que l’on pouvait toujours décrire à l’extérieur, pourtant je me refusais à me la jouer venimeux. Je le laissais m’adresser la parole en premier, appréciant l’effort que cela lui demandait. Il avait beau être en tort, je savais à quel point il lui fallait rassembler tout son courage pour m’affronter. Et clairement, il attendait de moi que je lui révèle mon positionnement concernant notre collaboration. Pouvions-nous nous comporter tels des adultes au travail ? Masquer nos différents pour le bien des adolescents ? Je souhaitais me montrer digne de leur confiance. Les laisser tomber maintenant serait injuste de ma part.

- Oui, plusieurs projets sont vraiment excellents, avouais-je sans être certain de vouloir approfondir. Mes yeux fuyaient les siens. Je préférais donc me concentrer sur le rangement de mes affaires, comme si cela était d’une importance capitale. C’est pour ça qu’ils méritent tous qu’on tienne parole. Je pensais demander une autorisation pour déplacer le cours en-dehors des heures standards pour projeter leurs métrages dans un drive-in. Pourquoi pas fêter tout ça après.

Malheureusement, j’étais à court d’affaires à refourguer dans mon sac. Je le fermais puis rajoutais, toujours en regardant ailleurs :

- Si t’as besoin de réfléchir… Tu me feras passer le mot. Sinon… je m’occupe de ça.

Sur ce, je me dirigeais vers la porte de la classe avant de m’arrêter net. Je me retournais dans sa direction et me poussais à enfin établir un contact visuel avec lui. Un silence pesant s’installa, lourd en non-dits, en remords, culpabilité et tristesse.

- Tu veux ajouter quelque chose ou c’est terminé ?

Une personne perspicace y verrait là une interrogation allant au-delà du simple cadre du cours. Pour la première fois depuis les faits, je lui offrais l’occasion de s’expliquer. Pourquoi ? Avais-je vraiment envie de l’entendre revenir sur sa relation avec Vlad alors que je luttais encore pour réussir à le regarder ? Teddy, c’est probablement maintenant ou jamais de te lancer !
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Sam 20 Juil - 11:17
Teddy Abolick
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Teddy Abolick
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Ardoise (dortoirs):
Je restais silencieux pendant qu’Elijah parlait, sans chercher à l’interrompre, le regardant ranger ses affaires, comme s’il s’agissait de l’activité le plus intéressante du monde. Oui, je pouvais pas prétexter ranger les miennes, c’était déjà fait. En même temps, il faut dire que j’étais beaucoup moins consciencieux qu’Elijah là dessus. Ma technique de rangement consistait à tout fourrer dans mon sac et après râler que je ne retrouvais jamais rien. Je devrais peut-être faire des efforts là dessus pour l’année prochaine.

L’allemand répondit à ma question le plus sérieusement du monde. Pas une seule tentative d’humour, pas un petit sourire. Il parlait travail, tout simplement. Nous étions retombés au rang de collègues qui ne discutent ensemble que de pédagogie et de cours, sans la moindre pointe d’autre chose. Mais je savais à quoi m’attendre non ? Ce n’était pas comme si j’avais voulu lui donner quoique ce soit de plus de mon côté.

- Ah ouais, j’avais oublié ça, désolé. Et nan, il n’y a pas de problème, on reste là dessus. Je pense pas que Wells soit contre. Par contre il faudrait se renseigner auprès du Drive In pour voir quel soir on peut faire ça. J’y passerai dans la semaine si tu veux.

Je n’allais jamais au Drive In, pour la simple et bonne raison, que je n’avais pas de voiture. Enfin, je n’y allais jamais seul, parce qu’il nous était arrivé d’y aller ensemble avec Elijah. Mais bon pour ça, je pourrais demander à Ophé de m’y emmener. Quoique, si je ne venais pas voir de film, je pouvais bien venir à pied, tout le monde s’en foutait.

Sur ces belles paroles, Elijah estima que la conversation n’avait pas à s’étendre. Tout du moins c’est ce qu’il me semblait, vu sa détermination pour quitter la salle. Je le laissais passer devant, de toute façon, j’avais les clefs aussi pour refermer derrière. Mais il se stoppa juste avant de passer la porte pour se retourner et me demander si j’avais quelque chose à rajouter. Je ne m’attendais pas à ça, totalement pris au dépourvu, mon cerveau s’était vidé de toutes pensées.

- Je… Euh… Non, j’ai rien qui me vient à l’esprit pour le moment…


Et c’est après qu’Elijah soit parti que je me maudit. Bordel, Teddy ! Tu avais l’occasion de t’expliquer ! C’était ton moment et tu l’avais raté en beauté. Je soupirais en songeant à mon imbécilité et quittait la salle.

Episode 2 - La salle de musique

Mon cours venait de se terminer, mes étudiants avaient tous quittés la salle. La fin de l’année se rapprochait et se faisait sentir aussi. Quelques jours encore et je n’aurais plus à mettre les pieds ici avant un moment. Ca me faisait bizarre. Je m’étais habitué à ce train de vie. Mais j’allais faire quoi pendant deux mois ? Assis à mon bureau j’avais commencé mes correction de copies d’examen. Cependant mon regard se perdit ailleurs. La porte de la salle était ouverte, j’avais vue sur le couloir et… Et notamment sur Elijah qui se tenait là, à discuter avec un étudiant.

Je croisais mes bras sur mon bureau et posais mon menton dessus, observant la scène, songeur. Je n’avais pas reparlé à Elijah depuis notre derniers cours. Enfin si, je lui avais envoyé un message pour lui donner les date où le Drive In pourrait nous laisser faire nos projections. Mais ça n’avait pas été plus loin. Des messages très bref et concis. Comment on avait pu en arriver là ? Je ne sais pas comment il faisait, il avait tellement naturel quand il parlait, comme si la vie avait repris son cours, comme s’il ne s’était rien passé. Même si, de temps à autre, son regard perdait cet éclat, mais il se reprenait toujours rapidement.

Est-ce que j’étais en train de mater mon ex ? Oui, clairement c’était le cas. Mon ex… Bordel, même ça c’était étrange à dire. Ca ferais bientôt un mois que nous n’étions plus ensemble. C’était fou ça. Et non, je n’avais pas l’impression que le temps passait vite. J’étais crevé. Déjà que je ne dormais pas beaucoup en temps habituel, mais là, avec le déménagement qui commençait à s’organiser, je vous laisse imaginer. Soudainement, Elijah tourna la tête en ma direction, tout du moins, me semblait-il. Par réflexe, je lui adressais un petit sourire avant de me rappeler que merde ! Non, on est plus ensemble. Paniqué, je détournais le regard en me sentant rougir. Débile Teddy. Si j’avais eu une lampe de chevet à proximité, je me serait sûrement frappé avec en guise de punition.

Mais en même temps, Elijah m’avait laissé l’occasion de m’expliquer l’autre jour. Peut-être que je devrais… Ok, Teddy, il est temps d'appliquer ce que les Wan t’ont appris. “Comme un soit homme, soit plus ardent que le feu des volcans”... Ouais, je devrais peut-être ralentir ma consommation de plats chinois. Pour ne pas apporté le déshonneur sur ma vache, je me levais et allait rattraper Elijah qui s’éloignait dans le couloir.

- Hey Eli ! Je peux te parler un instant ?

Allez, c’était un bon début mon Teddy ! Continue comme ça, tu vas le faire ! Et en vrai je voulais pas perdre mon bon feeling, alors j’enchaînais :

- Humm… pour… Tu sais ce qu’il s’est passé chez toi l’autre jour quand… Enfin tu vois… Je voulais te dire que… Euhm… Je voulais te remercier en fait parce que…


Parce que si tu n’étais pas intervenue et que tu n’avais pas cassé la gueule de ce psycho, j’aurais mal fini. Allez, ce n’était pas compliqué à dire. Mais les éléments étaient contre moi. Une main se posa soudainement sur mon épaule. Ce qui me fit sursauter violemment, et même lâcher un petit cri de terreur. Par réflexe, je m’échapais du contact pour allé me plaquer dos au mur le plus proche et je vis qu’il ne s’agissait que du prof de biologie.

- Woh ! Désolé Teddy, je ne voulais pas te faire peur comme ça, ça va ? Je voulais juste vous demandez, vous venez la semaine prochaine ? Toute l’équipe va boire un verre pour fêter le fin de l’année ! On peut compter sur vous hein ?

Je lâchais un soupire. Il m’avait fait tellement peur. En temps normal, je n’aurais pas réagit de la sorte. Je le savais. D’habitude, je m’en foutais qu’on arrive derrière moi comme ça et qu’on pose juste une main sur mon épaule. J’étais chill comme gars d’habitude, pas parano !

- Euh.. ouais, oui bien sûr, je serais là.

J’avais répondu en forçant un sourire dans réfléchir. J’allais encore le regretter. Mais j’étais incapable de dire ‘non’ et ça ne datait pas d’hier. Et après j’allais me sentir obligé d’y aller… Bref, mon regard se dirigea vers Elijah pour attendre sa réponse. Mais je voyais bien qu’on pourrait pas dire autre chose que ‘oui’ au prof de bio.
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Sam 20 Juil - 13:30
Elijah Holtz
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Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
Parler boulot. Tout ce que nous étions capables de faire actuellement. Même à notre rencontre nous étions moins réservés c’est pour dire. Je me revoyais encore particulièrement stressé en sa compagnie, gêne explicable par l’attraction inattendue que j’avais ressenti pour lui dès notre premier échange. Là aussi j’évitais son regard. Mais c’était par crainte de laisser paraître mon attirance malgré moi. Aujourd’hui… Les enjeux n’étaient pas les mêmes. Je ne savais plus où j’en étais, déchiré par des sentiments contraires que je tentais désespérément de faire taire. L’esprit n’est malheureusement pas aussi maniable que ça et je devais être torturé jusqu’à ce que le temps fasse son œuvre. Il n’empêche que notre relation demeurait l’une des plus grandes déceptions de ma vie tant j’en avais attendu. Sûrement aurais-je dû intervenir davantage avant qu’il ne soit trop tard mais à quoi bon jouer au blâme ? Il était impossible de retourner en arrière. Je devais me faire une raison. Ainsi, je lui rappelais mon projet tout en faisant mine d’être fortement inspiré par mes gestes. Ce n’était qu’une demi-fuite. Mieux valait cela que de prendre mes jambes à mon cou non ? Teddy validait mon idée, proposant même de faire le déplacement pour réserver la soirée. Au moins, il était prêt à s’y investir. Nos étudiants avant le reste. Nous étions d’accord sur ce point semblait-il.

- Ça marche. Merci, dis-je d’un ton faussement distrait comme pour diluer ce terme trop positif à mon goût. Tu me tiendras au courant. Je vais passer voir Wells avant de rentrer.

Et c’était tout. Du moins l’était-ce avant que je ne me retourne vers lui, la porte derrière moi. La salle était désormais vide si ce n’est pour nous. Je n’avais pu réfréner cet élan qui dépassait le simple échange professionnel dans le fond, bien que la forme puisse prêter à confusion. Je ne l’implorais pas de se justifier -il n’en était pas obligé- mais manquer cette opportunité pour mettre les choses à plat… Je m’en serais sûrement voulu. J’étais contrarié de constater qu’une partie de moi ressentait toujours ce besoin de lui trouver une excuse, d’avoir une source de motivation pour prétendre que rien ne s’était passé. Quand la victime souhaite pardonner son bourreau… Était-ce sain ou devais-je consulter ? Jamais auparavant je ne m’étais retrouvé dans une telle situation. Il faut dire que le musicien était le seul type dont j’avais réellement été amoureux et avec qui j’étais parvenu à me projeter. Pour dire à quel point je tenais à lui. Mais cela n’était clairement pas réciproque. Le brun ne souhaitait pas aborder le sujet. Probablement estimait-il que cela n’avait pas la moindre importance. Pourquoi se prendre la tête à réparer les pots cassés quand on n’en a rien à faire ? Si je comptais sincèrement pour lui, les choses auraient été différentes.

- Ok. Parfait alors.

J’étais déçu mais tentais de ne pas le laisser paraître. Un signe de tête, et me voilà en train de me diriger vers le bureau du directeur en serrant les dents. Je pris une large bouffée d’air, me secoua un peu les membres comme pour me redonner de l’énergie, puis frappais à sa porte. C’est parti pour une nouvelle performance. Sourire, dynamisme et bonne humeur. Vivement que je sois chez moi.

**

Deux semaines étaient passées depuis lors. La soirée au drive-in était réservée pour jeudi prochain et j’arrivais à bout du processus de notation. Enfin débarrassé de mon attelle, je ne portais presque plus aucun signe de la confrontation ayant eu lieu si ce n’est pour quelques rares zones encore légèrement foncées sur le torse. J’étais pour ainsi dire comme neuf, débarrassé des douleurs qui m’avait poussé à accentuer mes visites à la piscine pour me soulager les muscles. Je m’apprêtais à quitter le campus lorsqu’un étudiant m’interrompit dans mon avancée. Le doux hasard voulu que nous nous trouvions face à la salle de cours de Teddy dont la porte était, comme toujours, béante. Le garçon s’était donné pour responsabilité d’assurer une fête hors du commun suite à la projection de leurs courts-métrages. J’insistais plusieurs fois sur la quantité d’alcool autorisée, sachant pertinemment qu’ils trouveraient un moyen d’y déroger en dépit de ça. Tout en l’écoutant blablater, je m’autorisais un rapide coup d’œil vers l’enseignant. J’avais résisté jusque-là, laissez-moi en paix ! Ce que j’espérais être discret se révéla être un pur flop puisque nos regards se croisèrent instantanément. Il esquissa un sourire tandis que je m’empressais à faire comme si de rien n’était. Allez, prétendons que j’avais juste suivi une mouche qui volait dans le couloir… Pourquoi venais-je soudainement de rebrousser chemin dans mes efforts ? Cela ne m’aurait rien coûté que de lui rendre son expression ! J’étais incorrigible.

La discussion achevée, je souhaitais une bonne soirée à mon interlocuteur puis reparti sur les chapeaux de roues. Cependant, il semblait que je n’étais pas destiné à retrouver mon appartement dans la seconde puisqu’une seconde voix m’intercepta à nouveau. Cette fois-ci, mon cœur fit un bon dans ma poitrine. Que me voulait-il ? J’en étais presque à espérer être victime d’une hallucination. Je me retournais lentement, précautionneusement, puis vit sa silhouette se dessiner dans mon champ de vision. Mon ex petit-ami était bel et bien réel. Pas besoin de le toucher pour en être sûr. Suspicieux et un brin paniqué, je ne pus que soupirer un « Hey. » avant de hocher la tête. Teddy semblait alterner entre agitation et confusion, me confirmant que ce qui allait suivre n’aurait rien à voir avec Blackwell. Il n’en fallait pas plus pour augmenter ma tension. Ne sachant comment me tenir, je glissais mes mains dans mes poches. Comme si cela suffirait pour paraître décontracté ! S’il peinait à trouver ses mots -je fronçais les sourcils au terme « remercier »- c’était sans compter sur l’arrivée inopinée du professeur de biologie qui mit un terme à ce début périlleux de confession.

Se déroula alors un événement qui attira l’attention sur nous. Le musicien poussa un cri avant de se plaquer contre un mur, visiblement pris de court par la surprise. Si j’étais sur les nerfs, les siens étaient victimes d’une explosion nucléaire. Trouvez un sens à cette métaphore. J’étais muet face à cette réaction, ayant malgré tout avancé ma jambe pour me précipiter vers lui avant de me contenir. Réflexe. Fort heureusement, le nouvel arrivant enchaîna pour détendre l’atmosphère. De mon côté, je ne réussissais pas à me défaire de mon inquiétude, ne prêtant que peu attention à ses paroles. Une fois mon tour arrivé, j’acceptais l’invitation sans trop savoir dans quoi je m’engageais. Pour rappel : mon attention avait été absorbée par Teddy. Finalement, il se décida à repartir aussi vite qu’il était arrivé, indiquant qu’il nous ferait parvenir la date et l’emplacement. Génial. Quoiqu’un peu de sociabilité ne me ferait pas de mal. J’attendis qu’il ait disparu avant de fixer le brun.

- Ça va ? Tu viens de nous faire une sacrée crise. C’était… flippant, dis-je avant de me racler la gorge pour masquer que je n’étais pas indifférent à son état. Hum… Tu voulais me dire quelque chose non ?

Allez. Lance-toi une bonne fois pour toute. Je regardais autour de moi, apercevant une salle vide. Je la pointais du doigt, l’invitant à nous y rendre s’il souhaitait reprendre le fil de la discussion. Au moins, nous serions tranquilles. Peut-être avait-il besoin de boire ou de grignoter pour se remettre de ses émotions ? À moins qu’il n’ait qu’une envie : se défiler maintenant qu’on lui en donnait l’opportunité. J’espérais que non.
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Mer 31 Juil - 0:38
Teddy Abolick
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Teddy Abolick
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Ardoise (dortoirs):
Ca n’allait vraiment pas en s’arrangeant mon affaire. Est-ce que j’arriverai à être crédible un jour ? Quoique, je m’en fichais de ma crédibilité, tant que j’accomplissais quelque chose. Je n’en demandais pas beaucoup hein, au moins réussir à faire une phrase construite et complète, qui avait plus de trois syllabes. Mais pour changer les astres s’étaient ligués contre moi. Je vous jure, j’en peux plus. Même tous les sortilèges de Sylvanus ne pouvaient plus rien contre autant de poisse.

Il fallait qu’au moment où j’allais réussir à parler à Eli qu’un collègue débarque et me fasse totalement perdre mes moyens. Tout ça pour nous demander si on venait à la soirée des prof quoi. Comme si j’avais que ça à faire. Je vous jure, si j’avais dit oui, c’était vraiment par réflexe plus que par réelle envie d’y aller. Puis pour se débarrasser au plus vite de l’intru. Mais j’ai bien peur que le mal soit déjà fait. Eli avait tout vu, évidemment, je ne pouvais pas faire comme s’il ne s’était rien passé quoi.

Je lâchais un soupire en détournant le regard. Je n’avais pas envie de parler de ça. J’avais honte moi-même de réagir de la sorte à chaque fois que quelqu’un m’approchait de trop près sans prévenir. Et même s’il prévenait en fait…

- Hm, ça va.

Je hochais la tête plusieurs fois, comme si ça allait me rendre plus convaincant plus je lui assurait que ça allait. J’ai comme l’impression que ça avait l’effet inverse, mais bon. Elijah tenta de relancer notre précédente conversation. Mais je n’avais plus du tout envie de parler. J’avais envie de courir loin, de m’enfermer quelque part et de ne plus parler à qui que ce soit avant demain. Mais je ne pouvais pas planter Elijah là non plus. Je regardais la salle qui m’indiquait.

- Attend, viens…

Je fis signe à Elijah de me suivre. Je n’allai pas à la salle qu’il m’avait désigné, mais dans celle de musique. La mienne quoi. Elle était vide aussi remarque, vu que mon dernier cours s’était fini un peu plus tôt. Sans un mot, je commençais à fouiller dans mes affaires. L’ambiance était pesante. Mais c’était un mal pour un bien, aller. Après avoir retourné la moitié de mon bureau je trouvais enfin ce que je cherchais : une clef USB. Je tendis cette dernière à Eli avec juste un :

- Je suis désolé, je n’y arrive vraiment pas. Je… J’ai juste besoin d’un peu de temps encore, ok ? Je… Tu peux écouter ça, c’est… Ce que j’ai de mieux pour le moment.

Elijah savait que j’étais plus doué pour m’exprimer à travers ma musique plutôt qu’avec de long discours. Sur la clef en question, il n’y avait qu’une seule chanson. Une piste que j’avais écrit et enregistré ses dernières semaines. A vrai dire, j’avais passé beaucoup de temps dessus. Ouais, autant de temps pour une chanson. Mais c’était tout ce que j’avais réussi à sortir. Si Alec ne m’avait pas dit n’importe quoi, alors je savais que je pouvais faire confiance à Elijah et qu’il écouterai ce que je venais. Je l’espérais vraiment, parce que, c’était tout ce que je pouvais lui offrir pour le moment.

Episode 3 - Le bar

Pourquoi j’avais dit que je viendrais à cette fichue soirée ? J’aurais dû me défiler, prétexter que j’avais un truc important à faire ou que j’étais malade, n’importe quoi pour ne pas me retrouver ici. Arcadia Bay était une petite ville, il n’y avait pas beaucoup de bar. Tout du moins, il n’y en avait pas beaucoup que les professeurs aimaient fréquenter. D’un sens je les comprenait, l’ambiance de ce pub était sympa. J’avais de bon souvenirs ici, mais plus récemment, des mauvais aussi. Mais merde, j’allais pas passer ma vie à me morfondre là dessus non plus.

Bref, j’avais réussi à passer les porte de ce fichu bar. Et le barman semblait content de me revoir. J’avais pris le temps pour discuter un peu avec lui. Plus la soirée avançait, plus le bar se remplissait de professeurs, heureux de fêter la fin d’année. Certes, les cours étaient finis depuis un moment maintenant. Mais pour nous, l’année ne se finissait que lorsque nous avions fini de corriger toutes nos copies. Et j’étais plutôt content, mes élèves avaient eu de bon résultats, pour la plupart.

Pour le moment, j’arrivais à supporter l’ambiance. J’avais même osé prendre une bière. En bouteille, parce qu’il me semblait que ce serait plus difficile pour qui que ce soit de glisser quelque chose dedans. Ouais, j’en étais vraiment là. J’avais peur que plus la salle se remplisse, moins je me sente à ma place. Bon, pas comme si je me sentais à ma place de base. Mais pour le moment, c’était encore respirable quoi. Je ne pouvais pas m’empêcher de guetter les alentours non plus. Je me demandais si Elijah allait venir. Peut-être pas. Il savait que je viendrais… Il avait peut-être écouté ma chanson et ne voulait plus m’adresser la parole. Je comprendrais à vrai dire.

Cependant, quelques minutes plus tard, j’aperçu le blond. J’avais aucune idée depuis combien de temps il était là. J’étais en train de discuter avec la prof de danse, je ne l’avais pas vu arriver. Putain, j’aurais aimé que Bibou soit là aussi. Instinctivement, je m’étais rapproché d’Elijah. Je mourrais d’envie de lui demander s’il avait écouter ce qu’il y avait sur la clef USB. Mais j’avais aucune idée de comment lui demander sans manquer totalement de tact. Alors j’étais là, comme un imbécile, à tenter de me faire repérer par l’allemand pour qu’il vienne me parler et non l’inverse.
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Mer 31 Juil - 11:57
Elijah Holtz
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Elijah Holtz
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La crédibilité de Teddy atteignait des sommets tandis qu’il s’en tenait à sa version des faits selon laquelle tout allait bien. Ce n’était pas le son de sa voix toujours affolée ni ses hochements de tête destinés à le convaincre lui-même qui allait m’en convaincre. Mais que pouvais-je y faire ? Lui mettre un couteau sous la gorge jusqu’à ce qu’il se confie à moi ? Il pouvait me maintenir dans l’ignorance la plus complète. Nous n’étions plus ensemble et la communication assortie au concept d’un couple était par conséquent invalidée. Malheureusement, la situation n’allait pas en s’arrangeant puisque le passage éclair de notre collègue avait anéanti sa motivation à lancer la discussion. Je me laissais traîner jusqu’à sa salle de classe vide puis le regardais farfouiller dans ses affaires pendant un long moment. Sa recherche mystérieuse se fit dans le silence. L’un comme l’autre ignorait ce que nous pouvions bien nous raconter à l’heure actuelle, ce qui relevait de l’indiscret ou non. Et surtout, de mon côté je ne tenais pas à avoir la confirmation qu’il menait une vie heureuse en mon absence. Trop douloureux.

Le suspens s’acheva sur une clef USB qui me fut tendue. Ce n’était pas l’une de celles que j’aurai pu égarer sans m’en rendre compte et le discours du musicien me le confirma. Suite à ses paroles, j’en concluais que l’outil contenait un de ses titres, probablement fraîchement composé, qui ferait la lumière sur ses sentiments. Tant qu’il n’y confiait pas son désir d’un ménage à trois ! Mais je m’interrogeais. Du temps pour quoi ? Pour dire « désolé de t’avoir trompé » ? Ce n’était pas un traumatisme pour lui. Soit, je saisis le support de stockage que je glissais dans ma poche pour m’assurer de ne pas le perdre dans la minute. La musique était son élément, bien plus que de longs discours. J’étais curieux de ce qui pourrait ressortir à travers ses lyrics.

- Je l’écouterai, lui promis-je. En attendant, fais-moi plaisir…

Une partie de moi luttait pour ne pas prononcer les mots suivants, comme s’ils étaient le témoignage de ma faiblesse. Pourquoi n’arrivais-je pas à remballer cette fierté une bonne fois pour toute ? Ça n’avait aucun sens. Je détestais ce côté macho complètement stupide ! Mon interlocuteur devait sûrement craindre le pire alors que ma langue peinait à se dénouer. Allais-je lui commander de se tenir à distance ? Ce n’était clairement pas une invitation coquine malgré la tournure. Mes yeux trouvèrent le sol très attrayant lorsque, enfin, je parvins à me lancer.

- Prends soin de toi.


J’osais lui adresser un léger sourire en coin puis fis demi-tour. Impossible de cacher mon tracas le concernant. Il m’avait énormément blessé, certes, mais on ne pouvait s’attendre à ce que j’arrête de me préoccuper de son état psychologique du jour au lendemain. Il restait Teddy. Ce type maladroit et charmeur que j’avais rencontré lors d’une réunion de pré-rentrée près d’un an plus tôt. Celui qui renversait ses nouilles sur lui à plusieurs reprises et faisait de l’apnée lorsque je lui défaisais les boutons de sa chemise chez les Wan. Ou même… à chaque fois que j’entreprenais ce geste d’ailleurs. Pourquoi tout avait si mal tourné ?

**

« Don't forget about me. » Depuis que je les avais entendu quelques jours plus tôt, ces paroles ne cessaient de me hanter. Le titre offert par Teddy m’avait empli de mélancolie et de regret. Pas seulement car il ne vivait plus de son talent mais parce que tout cet épisode de tromperie et de rupture était stupide. Comptait-il faire amende honorable la prochaine fois que nos chemins se croiseraient ? L’artiste peinait à aligner deux mots en ma présence. Par conséquent, j’en doutais. Cependant, son remord ne pouvait purement découler de mon imagination comme en attestait ce passage parmi d’autres : « scared of my own immaturity. Le brun nourrissait l’envie de faire marche-arrière et d’éviter de recommettre la même erreur. Tel un enfant commettant une faute, s’abandonnant à la tentation, et se maudissant après avoir été puni.

Aujourd’hui était la date convenue pour la soirée de fin d’année des enseignants de Blackwell. N’ayant rien d’autre à faire, mes copies étaient intégralement corrigées depuis déjà quelques jours et j’étais bien décidé à mettre à profit cette réunion pour aller de l’avant. Si possible, en ayant la confrontation tant redoutée avec mon ex petit-ami, peu importe l’aboutissement. Nous devions mettre les choses au clair une bonne fois pour toute avant de disparaître chacun de notre côté jusqu’à la rentrée. Je ne supportais plus ce malaise constant. Plusieurs mois supplémentaires ? Hors de question. À l’intérieur du bar, je saluais mes collègues déjà présents dont certains étaient déjà bien alcoolisés. Il faut dire que j’étais un peu à la bourre. Pourquoi ? Car il m’avait fallu plus de temps qu’anticipé pour dresser convenablement ma tignasse que j’avais laissé pousser plus que de coutume. À en croire Michelle Grant, cette coiffure me donnait un air « positivement désinvolte ». Mon attention s’arrêta brièvement sur le coin où j’avais eu mon premier rendez-vous avec Teddy. D’abord platonique, celui-ci m’avait convaincu que mes espoirs n’étaient peut-être pas vains. Je fus tiré de ces réminiscences par le professeur de sport qui força une chope de bière autour de mes doigts sans même que je ne puisse réagir. J’aperçus le musicien dans la salle. Il était bien venu. Moi qui craignais une déception sur ce plan…

Je bus une gorgée de ma boisson gratuite pour me donner du courage puis m’avançais vers lui. Son interlocutrice me vit et décida sûrement que nous laisser en tête à tête serait préférable. Je lui fis un signe de tête autant pour la saluer que la remercier puis m’arrêta devant lui. Eli… Tu aurais au moins pu préparer une technique d’approche ne consistant pas à rester silencieux comme un imbécile… « Fear might be the death of [us]. » L’impatience montait en moi et s’apprêtait à faire des ravages. Utiliser la métaphore de la tempête au Croissant de Lune aurait été une parfaite illustration. N’y tenant plus, je lâchais :

- Ok. Alors voilà. J’ai écouté ta chanson et… Clairement aucun de nous n’est à l’aise avec la situation. Il faut absolument qu’on crève l’abcès car ça nous torture autant l’un que l’autre. Je suis au clair avec mes sentiments. Mais la question est : et toi ? Qu’est-ce que tu veux ?

Confronté frontalement à la question, j’espérais qu’il se sentirait suffisamment stimulé pour ne pas se défiler. Je ne pourrais supporter un « je n’en sais rien » déchirant. Pitié, faites qu’il soit certain de son choix et prêt à aller au-delà des paroles d’une chanson. Je déposais ma bière sur la table voisine et vint chercher sa main gauche que je glissais entre les miennes, tel un étau chaleureux et rassurant. Mon but était qu’il se sente suffisamment en sécurité pour se prononcer, peu importe son verdict. C’était également le premier contact physique que nous avions depuis plus d’un mois. Mon Dieu… Rien que ce simple geste m’avait manqué. Face à son silence de mort, je repris.

- Tu me demandes de ne pas t’oublier. C’est ce que je fais déjà. Mais il faut absolument que tu t’ouvres à moi, que je comprenne ce qui se passe dans ta petite tête. Tu m’aimes ? Tu… nous aimes tous les deux ?
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Ven 2 Aoû - 1:34
Teddy Abolick
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A regarder Elijah, de loin, je repensais aux dernières paroles qu’on avait échangé. J’avais l’impression que ça lui avait coûté tellement d’essayer d’être gentil en me disant de prendre soin de moi. Conseil que je n’avais pas franchement suivi d’ailleurs. J’avais l’impression que ces mots lui avaient presque écorché la gorge, mais en même temps, je n’avais pas oublié ce qu’il avait dit à Alec le jour de la tempête non plus. Même après tout ça, il m’aimait encore ? Bordel, c’était rien compliqué tout ça.

J’allais presque encore renoncer à parler à Eli, peut-être que ça ne servait à rien que je m’acharne. Mais il faut croire que j’avais pensé trop fort. En effet, le blond débarqua alors que je parlais avec un collègue, ce qui ne manqua pas de me faire sursauter. La collègue en question s’éclipsa presque immédiatement. Est-ce qu’il y avait une personne dans cette école qui n’était pas au courant de ce qu’il se passait entre Eli et moi en ce moment ? Bon en même temps, vu nos changement d’attitude radicale, c’était pas très compliqué à deviner non plus.

Elijah ne passa pas par quatre chemin, visiblement il savait ce qu’il voulait et me demandait mon avis ? Je n’étais pas sûr de tout comprendre. Perplexe, je le fixais du regard. Il dû comprendre que je ne savais pas quoi lui répondre et qu’il avait été un peu brutal. Ou pas en fait, parce qu’il enchaîna, attrapant ma main gauche pour la caler entre les siennes et me demander qui j’aimais. Attendez, c’est moi ou il était en train de me demander si j’aimais Vlad ? Je crois que mon air dégoûté en disant long. J’avais du mal à garder ma respiration régulière. Depuis qu’il m’avait attrapé la main, je ne regardais rien d’autre. Comme si j’avais besoin de surveiller ce contact que je n’arrivais pas à déterminer s’il me faisait encore plus paniquer ou s’il me rassurait.

- Je… Comment tu peux dire ça… S’il te plait, non… Dit pas ce genre de chose.

Je relevais les yeux, non sans mal, vers Elijah avant de jeter un regard aux alentours. Non, pas ici, il y avait trop de monde.

- On peut sortir ?


Je ne lui laissais pas trop le choix. Je ne dégageai pas ma main des siennes, mais je me dirigeais vers la sortie du bar. Il faisait presque nuit, l’air était frais mais chaud quand même. Après tout, c’était l’été. Je tirais Elijah un peu à l’écart, histoire qu’on ne se retrouve pas au milieu des fumeurs. Allez Teddy, tu l’as fait une fois avec Brendon, tu peux le refaire avec Eli. Au final, je n’arrivais pas à le lâche. Ma main se serra autour d’une des siennes, presque comme si je voulais le garder ici ou lui exploser toutes les articulations, au choix.

- Tu veux savoir ce que je ressens, en ce moment ?

Je ne pouvais pas répondre à ses questions. Même si je connaissais les réponses et qu’elles m’étaient logiques. Elles l’étaient tellement, que je voulais qu’Elijah les comprennent par lui-même, qu’il me fasse à nouveau confiance. Qu’il prenne conscience que je n’étais pas le genre de personne à être capable, ne serait-ce que d’envisager de la tromper.

- J’ai peur. J’ai tellement peur Eli.

Je serais un peu plus sa main, et ma mâchoire aussi était tendue. J’avais l’impression de devoir faire des efforts monstre pour continuer sur ma lancée.

- J’ai peur de ce qu’il s’est passé. J’ai peur qu’il revienne. J’ai peur qu’il recommence. J’ai peur de ma propre imbécillité. J’ai peur de ma propre naïveté. J’ai peur que quelqu’un d’autre en profite. J’ai peur qu’on se foute de moi pour ce qu’il s’est passé. J’ai peur de ressentir encore ça. J’ai peur rien que de penser à son nom, à cette soirée. Je… J’ai peur Eli, parce que ce soir là, si tu n’étais pas intervenu, ça aurait mal fini. J’ai essayé pourtant de le repousser, mais j’en étais incapable. C’était comme si plus aucun muscle ne me répondait, j’arrivais même pas à parler. J’étais tellement soulagé quand t’es arrivé, puis j’ai eu tellement peur en vous voyant vous battre. J’ai eu peur de te perdre et de rien pouvoir faire pour te sauver et c’était horrible. J’avais peur en appelant les secours qu’ils ne viennent jamais…

Ca semblait presque sortir comme un texte répéter. Mais c’était un peu le cas. Après tout, c’était comme ça que commençait la chanson que j’avais fait écouter à Elijah. Je n’avais pas inventé ça et sorti tout de nulle part. D’ailleurs, je n’avais pas fini. J’utilisais ma main droit pour essuyer mes larmes qui avaient commencé à rouler sur mes joues durant mon monologue.

- Il m’a drogué Elijah. Et… Et j’ai rien vu. Je l’ai laissé faire. Je lui ai fait bêtement confiance quand il m’a proposé de me racompagné parce que je ne tenais plus debout. Je pensais que c’était l’alcool mais ça n’a fait que s’empirer et… Et ça fait un mois que j’en dors plus. C’est insupportable. J’en deviens totalement parano, je flippe à chaque fois quelqu’un m’approche. Mais c’est pas le plus insupportable. Le pire.. C’est toi. Parce que j’ai merdé. Je le sais, c’est horrible, ça me colle à la peau. C’est entièrement ma faute. J’aurais du comprendre plutôt ce qu’il était en train de faire, j’aurais dû t’écouter, j’aurais dû me méfier et j’suis tombé droit dans le panneau.

J’allais finir par mourir d’agonie si je ne respirais pas un peu entre mes phrases. Mais je ne voulais pas perdre mon flot de paroles. Puis je vous avoue que là, je sortais tout comme ça me venait. Pauvre Eli, il allait devoir tout démêler tout seul.

- Et ouais, le pire c’est toi. Parce que de savoir que je t’ai fait du mal, ça m’est insupportable. Je peux pas voir ton visage blessé. Et j’ai tellement peur que tu ne me crois pas. Que tu pense que j’ai inventé toute cette histoire pour que tu me pardonnes mais… J’aimerai tellement que ce soit faux. J’ai peur de te perdre, mais en même temps, j’ai rien fait pour te garder. J’ai peur que tu m’oublies, mais peut-être que je devrais arrêter d’être égoïste. Je suis le pire de tous. J’en ai vraiment marre de tout foutre en l’air sans cesse. Si tu savais à quel point je me hais et… Et...


Ok, ça, ça veut dire qu’on arrive à la fin. Je pleurais trop, je sanglotais trop pour pouvoir continuer à parler. Le reste de mes paroles allaient ressembler à un “Aveuzgeuuuh Heuuue Eliiiiii” et bref, pas très utile quoi.
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Sam 3 Aoû - 16:05
Elijah Holtz
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Ardoise (dortoirs):
Aujourd’hui marquerait la fin officielle de mon couple ou son renouvellement. Si la seconde solution s’avérait bien plus attrayante, nous avions énormément d’éléments à mettre au clair pour y arriver. Mais c’était nécessaire. Ainsi, je prenais mon courage à deux mains puis m’avançais en direction du musicien dont l’interlocutrice se faufila parmi nos collègues. Pas besoin de lui demander de prendre congé, la nécessité de le faire était flagrante par elle-même. Debout face à lui, j’enchaînais les paroles l’invitant à se confier. Mes mains enveloppant l’une des siennes, je tentais de lui rappeler qu’il n’avait pas à avoir de tabou avec moi. Que je serai là pour l’écouter désormais. Après plusieurs semaines de mépris, j’étais prêt. Pour le meilleur comme pour le pire. J’ignorais si mon air suppliant était bien trop difficile à supporter puisque son regard se focalisait sur notre contact. Avais-je perdu le droit de le toucher également ? Ce dont j’étais persuadé, c’était que la situation ne le laissait pas indifférent. Sa respiration était irrégulière et il paraissait tout aussi tendu que confus. Je me sentais misérable pour lui. Pour nous à vrai dire. Nous avions chuté de si haut.

Je fus perplexe quant à sa réaction à la mention silencieuse de Vladmir. Pourquoi grimaçait-il de dégoût ? Leur histoire était déjà achevée ? Ça valait bien le coup de tout sacrifier… Quand Teddy reprit la parole, ce fut pour me demander d’arrêter mes conneries. Bon, ok, il ne l’avait pas formulé de la sorte mais dans l’idée ! À peine cela fut digéré que nous nous retrouvions à l’extérieur du bar bruyant, à l’abri de la civilisation. Le soleil couchant était l’unique source de lumière nous permettant de nous décrire l’un et l’autre. Le garçon n’avait pas lâché ma main. Au contraire, son étreinte s’était renforcée sur la mienne. Bon signe ? Je décidais donc de ne pas la retirer. Si c’était ce dont il avait besoin afin de faire preuve de bravoure, je concluais une affaire en or.

Enfin, l’enseignant se jeta à l’eau. Non pas sans douleur à en croire les signes : mâchoire serrée, timbre de voix honteux… J’écoutais ses paroles avec attention bien que j’eu l’impression grandissement de chuter dans un puit sans fond. Il enchaînait les rebondissements, m’anéantissant un peu plus à chaque coup de massue supplémentaire. J’étais figé, muet, comme si mon corps ne répondait plus de rien. Une vérité à laquelle je n’avais jamais songé m’était exposée et me faisait reconsidérer l’intégralité de ce dernier mois. Rien n’était comme je l’avais imaginé. Teddy était une victime. Avec des fautes certes, mais si infimes comparées à celles de l’étranger. Comment avait-il osé abuser de sa confiance et faire preuve d’une telle cruauté ? À quoi cela rimait-il ? Quel était son but ? Coucher avec lui uniquement ? Devoir en arriver là pour arriver à ses fins avait un quelque chose de rassurant pour moi, preuve que la fidélité de mon « ancien » petit-ami était à toute épreuve. Mais actuellement ce n’était pas le plus important. Là, tout de suite, c’était de lui dont je devais me soucier.

Le musicien était dans un état de détresse psychologique que je n’avais pas soupçonné. Oui, j’avais remarqué qu’il n’était plus exactement le même depuis cette fameuse nuit mais… J’étais sous le choc d’en prendre la mesure exacte. Des insomnies, la peur du rapprochement physique, la culpabilité qui le rongeait… C’était bien trop pour un seul homme. Et un fléau qu’il n’avait jamais mérité.

- Je suis désolé…, parvins-je à souffler après qu’il eut achevé sa prise de parole. J’étais persuadé que…

… qu’il m’avait trompé. Le tableau auquel j’avais assisté m’avait paru tellement clair alors !

- Quand je vous ai vu… Toi presque nu et… J’ai… J’aurai dû te laisser une chance de t’expliquer.

Tout s’était déroulé si vite. J’avais pris le silence de Teddy pour des aveux puis nous avions tous fini à l’hôpital dans un sale état. Déjà, je n’étais plus apte à l’écouter. Sa visite avait tourné au désastre tandis que je faisais la sourde oreille et perdais de l’énergie à le haïr de toutes mes forces. Cela faisait de moi quelqu’un de pathétique n’est-ce pas ? Mais le blâme ultime ne nous revenait pas. Le Russe était à pointer du doigt. Cependant, j’étais bien trop ému pour être poussé par l’envie de lui régler son compte pour de bon. Qu’il finisse derrière les barreaux serait une joie même s’il méritait un traitement bien plus définitif.

Je ne supportais plus de voir celui que j’aimais en pleurs. Sa tristesse était contagieuse, ainsi je me retrouvais avec des larmes se déversant en abondance sur mes joues. J’hésitai, puis me rapprochai de lui pour passer mon bras libre derrière son dos. Je le serrais puissamment contre moi, fermant mes paupières pour mieux savourer notre étreinte.

- Arrête de culpabiliser Teddy. Tu t’es retrouvé coincé dans une situation ingérable. Et c’est autant de sa faute que de la mienne. Je te demande pardon. Et ça vaut également pour t’avoir causé une frayeur alors que tu ne pouvais réagir… Hey…

Je vins positionner mon visage face au sien, poussant son menton de sorte à capter son regard. Avec un effort, je fis apparaître un sourire réconfortant.

- Ça va aller d’accord ? Je suis heureux que tu me l’ais dit et je suis persuadé que ça doit aussi te soulager. Maintenant, la prochaine étape est de reconstruire car peu importe ce qui s’est passé, c’est avec toi que je veux aller de l’avant. C’est cul-cul mais tu me connais alors je me le permets : ensemble, il n’y a rien que l’on ne puisse surmonter. Je t’aiderai à te sentir mieux, juré.

Ma présence ne pouvait que lui être bénéfique non ? Après toutes ces épreuves, mes sentiments n’avaient jamais entièrement disparu. Et maintenant que je connaissais la vérité, il n’y avait aucun moyen que je m’obstine dans cette querelle que je m’étais juré d’achever lors de cette réunion.

- Et puis, si par malheur il revenait… Je lui ai déjà flanqué sa raclée une fois, je suis rodé ! dis-je dans une tentative d’humour alors que mon unique envie était de le cajoler. Mais il ne le fera pas. J’en suis persuadé.

Mieux valait-il pour lui. Des bruits de discussion remontaient vers nous tandis qu'un groupe de collègues passait près de là.

- Hum… Tu veux y retourner ou… On rentre à la maison ?

S’il considérait toujours mon appartement comme étant le sien et qu’il ne redoute pas mon unique compagnie. Quelle était la conduite appropriée à avoir ? En faisais-je trop ? Pas assez ? Aurais-je déjà dû conclure ces retrouvailles par un baiser en espérant que celui-ci suffirait à nous faire oublier ces trente derniers jours ? Ne pas le brusquer. C’était le plus important. Et pour se faire, mieux valait-il que je le laisse venir vers moi de son propre chef.
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Dim 4 Aoû - 14:01
Teddy Abolick
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J’étais vide de toute énergie. J’avais tout balancé, tout dit sans le moindre détour, j’avais littéralement étaler tout ce qui me venait à l’esprit, tout ce que j’avais ressasser pendant des jours et nuits. Maintenant que c’était fait, ça semblait tellement facile. Quoique, le plus dur était encore à venir. Elijah ne m’avais pas interrompu. Et je l’en remerciais pour ça. Après nos dernières rencontres, il savait que si lui ou quelqu’un d’autre m’interrompais, je finirai par abandonner et fuir. Puis même avant tout ça en fait. Elijah savait que j’avais déjà du mal à me mettre à parler, alors si on m’arrêtait en plein milieu, on ne s’en sortirai jamais.

Je me sentais tellement misérable, si vous saviez. A pleurer et sangloter comme une gosse à serrer la main d’Elijah comme si ma vie en dépendait. Je ne faisais vraiment pas ça pour l’attendrir ou quoique ce soit. J’étais vraiment au bout de ma vie. Et l’allemand devait s’en douter. Tout le monde savait que j’étais un acteur terrible. Je n’avais pas été conçu pour mentir, pour me faire passer pour un mec que je n’étais pas, c’est aussi simple que ça. Mais je ne pouvais m’empêcher de douter. Peut-être qu’Elijah allait avoir des doutes aussi. Peut-être qu’il allait me trouver ridicule ou… je sais pas.

Je m’attendais à m’en prendre plein la figure encore. Au lieu de ça, Elijah s’excusa, d’une petite voix. Il avait mal interprété la scène. Et il y avait de quoi. Apparemment je n’étais pas le seul à vivre avec mes regrets. C’est vrai que s’il m’avait laissé lui expliquer… mais en même temps, le soir même, je n’étais pas du tout en état de parler. Je n’aurais pas pu lui expliquer grand chose. Quoique, il aurait pu tout savoir à l’hôpital mais… Mais je n’avais pas eu le courage de l’affronter. Je n’étais pas ce genre de gars qui était capable de gueuler plus fort que les autres pour se faire entendre.

Elijah m’attira alors contre lui, passant un bras dans mon dos pour me serrer. Je le laissais faire. La panique commença à monter. Je fermais les yeux pour mieux me maîtriser et me concentrait sur le son de sa voix. C’est Elijah, t’as pas à paniquer Ted, c’est ton mec, le seul, l’unique. Evidemment que je le pardonnais. Il pouvait me faire n’importe quoi que je finirais toujours par le pardonner. J’aimais bien trop ce mec pour réussir à lui en vouloir trop longtemps. Je ne pouvais pas lui promettre que j’allais arrêter de culpabiliser par contre. Cette histoire allait sans doute me hanter pour le restant de mes jours.

Nous finîmes par nour retrouver face à face. J’aurais bien tenté de fuir son regard, mais c’était impossible. Eli se mit à sourire et à me dire que tout allait bien se passer, qu’on était ensemble maintenant. Et… Et je me remis à pleurer de plus belle. Mais cette fois, c’était plus l’émotion du moment, plus que de la détresse. Je sentais mon coeur battre comme un fou, mais ce n’était pas la panique qui l’animait. Le blond fini par me promettre que si Vlad revenait - même s’il en doutait très fortement - , il serait là pour lui régler son compte encore une fois.

Je hochais la tête pour montrer que j’avais compris. J’avais la gorge trop nouée pour parler. A la place je passais mes bras dans le dos d’Elijah, m’accrochant à son tee-shirt. Je me blottis contre lui pour finir de pleurer tout ce que j’avais. Pour la première fois depuis plus d’un mois, je me sentais en sécurité. Je n’avais plus envie de lâcher Eli. J’avais toujours peur, mais qui si le blond s’éloignait.

Ce dernier m’interrogea sur ce que je voulais faire. Rentrer ? Retourner au bar ? Je ne sais pas si j’avais la force de retourner avec nos collègues. Est-ce que je pourrais profiter de la soirée après tout ça ? J’étais rincé, je devais avoir une gueule terrible. Je ne répondis pas tout de suite à Eli. Pour le moment j’avais juste envie de rester contre lui. J’étais bien là. Mais nous n’allions pas passer la soirée dehors non plus. Je fini par lever ma tête qui s’était caché dans le creux de son cou pour prendre enfin la parole :

- Ca te dérange si on va chez moi ?


Je savais que quand Eli disait “la maison” il parlait de son appartement. C’est vrai qu’on y vivait ensemble avant et c’était devenu la maison. Mais non, je ne me sentais pas d’y remettre les pieds. Pas aujourd’hui. Puis il me semblait qu’Elijah n’avait jamais mit les pieds dans notre nouvelle maison, ça serait l’occasion de lui faire visiter les lieux.
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Dim 4 Aoû - 16:59
Elijah Holtz
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Absorbé par le discours de Teddy, je n’avais pas bronché mot jusqu’à ce que ses paroles se noient dans ses larmes. Il avait réussi à s’exorciser des maux qui le tourmentaient depuis bien trop longtemps. Les tentatives précédentes s’étaient révélées vaines, avortées par des éléments extérieurs et sa frayeur à poser des termes sur son traumatisme. La vérité était si différente de celle que je m’étais construite que je ne pouvais que me flageller intérieurement pour y avoir cru ne serait-ce qu’une seconde. Sans me chercher d’excuse, la période ayant suivi leurs retrouvailles n’avait pas été simple pour moi tandis que sa compagnie se faisait de plus en plus rare. Je le pensais lassé, intrigué par ce mec qui faisait à nouveau irruption dans sa vie. Tout ce prologue avait suffi à nourrir le pire scénario que j’étais en mesure de m’imaginer. Il ne restait plus qu’à prier que cette énième épreuve parviendrait en fin de compte à nous rapprocher et à solidifier notre couple. Du moins, j’étais prêt à nous redonner une chance maintenant que j’avais toutes les cartes en main. Durant ce dernier mois, j’avais longuement médité sur notre duo, mesurant l’importance de ma rancœur et de mon dégoût injustifié. Mais aussi des sentiments que je ne pouvais étouffer en dépit de ce que je pensais être un coup de poignard dans le dos. Aujourd’hui, tout était évident. Tellement plus simple. Nous avions été séparés bien trop longtemps pour des bêtises et je comptais bien rattraper le temps perdu.

Je le pris dans mes bras, tentant de le rassurer et d’instaurer un climat de confiance qui nous avait été étranger depuis l’épisode avec Vladmir. Sa simple présence, en dépit de l’humeur mélodramatique du moment, suffisait à me procurer cette sensation de chaleur que j’avais fini par attribuer à l’amour que je lui portais. Tout rentrait dans l’ordre. Oui, les débuts seraient probablement périlleux, un équilibre devrait être retrouvé, mais je savais parfaitement où était ma place désormais. Plus de doute. J’étais prêt à braver ce qui serait sûrement des instants gênants où il reculerait en réponse à mon contact, où il se perdrait dans ses pensées à force de ressasser cette terrible soirée. Même moi je ne pouvais garantir que je serais entièrement comme auparavant durant un temps. Quoique, je n’avais rien de terrible auquel me raccrocher si ce n’est ma fraîche culpabilité. Si seulement nous pouvions effacer ce chapitre d’un simple claquement de doigt. Mon espoir reposait sur la célèbre devise selon laquelle « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ».

Ainsi, je lui présentais mon premier sourire depuis des lustres. Ma satisfaction ne fut pas atteinte puisque le musicien ne parvint pas à y répondre. Au contraire, il se mit à sangloter de plus belle. Ma main trouva refuge dans sa chevelure que je caressais tendrement. Mon homme. Je priais pour qu’un de ses rires me soit prochainement destiné. Revoir sa bouille éclairée par sa bonne humeur, ressentir sa joie à plusieurs kilomètres à la ronde, l’admirer armé de son ukulélé tout en étant plongé dans son univers presque impénétrable. Oui, je ne demandais qu’à le voir heureux. Je n’avais jamais réellement su ce qui s’était déroulé durant son adolescence ou durant son entrée à l’âge adulte, mais mon petit doigt m’indiquait que Teddy avait suffisamment souffert pour toute une vie. Lui qui semblait de mieux en mieux dans ses baskets depuis notre rencontre…

Ma joue se posa sur le sommet de son crâne lorsque je sentis ses bras s’enrouler autour de moi. Je fermais les yeux et le laissait vider son sac patiemment, l’imitant sans même qu’il s’en rende compte. Du moins, d’après moi. Si ça se trouve, je lui inondais le cuir chevelu au point de le noyer. Nous restions ainsi un long moment, seulement perturbés par le bruit de diverses conversations plus ou moins à proximité. Je ne souhaitais que son unique compagnie mais, par souci de ne rien lui imposer, je lui proposais de retourner parmi nos collègues. Un cadre plus intimiste me plairait davantage et, à mon plus grand soulagement, le sentiment était partagé. « Chez lui. » Je ressentis un léger pincement au cœur du fait que cette formulation m’excluait totalement de son cocon mais c’était compréhensible. Je n’y avais jamais mis les pieds, nous nous remettions à peine de nos péripéties et cela éviterait la confusion entre nos deux logements.

- Tout ce que tu voudras, dis-je telle une caresse tout en essuyant sa joue à l’aide de mon pouce.

Je me perdis dans son regard, jusqu’à ce qu’un second sourire s’étende sur mon visage. Il était si beau. Même avec les yeux rougis par l’émotion et les traits tirés. Teddy ne s’était jamais entièrement démuni de son air innocent. N’importe qui aurait pu lui donner le bon Dieu sans confession, ce dont je n’étais pas persuadé uniquement car j’étais raide dingue de ce type ! Non, non, non ! C’était purement objectif. Pas vrai ? Comment avais-je pu penser qu’un chou pareil puisse commettre les actions que je lui avais attribué ? Regardez-le ! Bref, je déposais un bisou sur son nez puis lui tournais le dos avant de plier mes genoux.

- Allez, monte. Tu as bien mérité une virée gratuite ! m’exclamais-je.

Lui rendre le sourire en reprenant de bonnes vieilles habitudes. Celle-ci en particulier remontait à notre rendez-vous galant ayant vu naître notre premier baiser. Ce dernier n’avait pas été simple à gagner d’ailleurs ! Je ne l’avais jamais oublié en grand romantique que j’étais. J’espérais que ce souvenir lui réchaufferait le cœur tout autant que le mien. En outre, l’enseignant aurait ainsi l’occasion de se reposer, mais aussi de profiter d’une étreinte que je ne lui imposais pas. Lui contre moi et non l’inverse.

- Oh mais… Quel idiot ! M'accorderiez-vous la faveur d'être mon guide, vous, charmant musicien ? demandais-je en réalisant que je n’avais pas la moindre idée de l’adresse de sa nouvelle demeure alors que son poids reposait désormais sur mon dos.

Je pouffais puis commençais à avancer. Nous passions devant le professeur de sport et d’autres qui se perdaient dans des volutes de fumée de cigarettes. Certains sifflaient, mais je ne pouvais dire si cela devait s’interpréter comme des félicitations ou comme des sous-entendus un tantinet mal-placés. Je n’en avais rien à faire. À vrai dire, je les saluais d’un signe de main comme si de rien n’était. Nous leur donnions de quoi alimenter les ragots pour le restant de la soirée !

- Alors… Comment c’est chez toi ? Tu es toujours en colocation ? lui demandais-je intrigué.

Parler de sujets lambdas était essentiel pour ne pas resombrer dans les larmes, d’où cette brusque rupture d’ambiance. Le moment n’était pas idéal pour lui mentionner à quel point son départ de l’appartement m’avait pesé et me pesait encore. J’ignorais si je tiendrais tout le trajet ou si cette chevauchée fantastique devrait être raccourcie d’ici le point d’arrivée. Mais, pour le moment, j’avais envie d’entendre la voix de Teddy près de mon oreille, de sentir ses bras autour de moi et de tout savoir sur sa « nouvelle vie ».
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