You taught me the courage of stars
Elle était simplement assise à son bureau lorsque son téléphone sonna, la tirant de ses pensées vagabondes. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle posa ses yeux clairs sur l'identité qui s'affichait sur l'écran tactile. Ses doigts pâles se saisirent du portable, décrochant rapidement avant de le porter à son oreille droite.
- Hey frangine ! Comment va ?La voix grave de son frère vibra joyeusement, la faisant rire avant qu'elle ne réponde, délaissant ses devoirs qui se faisaient pourtant de plus en plus pressant. Elle n'en avait, pour le moment, que faire. Les appels de sa famille était ce qu'elle attendait le plus chaque fin de semaine. Son sourire se fit inconsciemment plus mélancolique, moins vibrant. Ils lui manquaient horriblement, comme toujours malgré les mois qui s'étaient écoulés depuis son admission à Blackwell, et malgré le fait qu'elle s'épanouissait intellectuellement dans le cursus de lettres.
Elle se sentait seule. Elle aimait la solitude, certes, mais pas à ce point. Pas quand elle avait été habituée à devoir aider et gérer Ank et Gwen dès qu'elle rentrait des cours, à se battre avec sa mère avec des bouteilles d'eau vides en une parodie d'escrime, ou à discuter littérature avec son père. Bien sûr tout n'avait pas été rose. Bien sûr. Entre la mort qui leur avait enlevé deux tantes et un ami cher, ainsi que la santé fragile de son frère et les difficultés scolaires de sa sœur en plus des siennes, des tensions étaient nées et avaient explosé au pire moment. Ils en étaient ressortis plus soudés, et avaient continués, simplement.
La discussion ne tarda pas à se terminer, laissant le silence s'installer de nouveau dans la chambre. Le tic-tac de son vieux réveil se fit entendre. Doucement. Puis de plus en plus fort. Le bruit emplit ses oreilles, compressa sa poitrine un peu plus, appuyant sur le malaise insidieux qui lui labourait les entrailles. Sinniel se mordit la lèvre inférieure, les prunelles humides, avant de prendre de longues inspirations. Quelques secondes plus tard, elle se pencha sur les feuilles volantes qui traînaient sur son bureau, et se saisit du stylo-plume qu'elle avait lâché pour prendre l'appel. Elle devait finir ce devoir pour ce soir. Autrement, elle était bonne pour passer une nouvelle nuit blanche et se ramener en classe avec des cernes plus grandes encore que celles de la dernière fois.
Et elle préférait éviter d'inquiéter encore le personnel sur sa santé. Ou d'attirer leur attention sur elle, de peur qu'il n'essaient de creuser la façade qu'elle s'était construite pour ne pas être blessée de nouveau. Elle avait assez donné dans le harcèlement scolaire. Au moins ici, et jusqu'à maintenant, malgré son accent et ses problèmes avec l'anglais, on lui fichait la paix.
Restait à espérer que ça durerait.