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Dance of The Wild ☆ FEAT Loup Fitzgerald

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Lun 15 Avr - 9:40
Sylvanus Aspen Naumann
One person can make the difference.
Sylvanus Aspen Naumann
Messages : 156

Journal perso
Ardoise (dortoirs):


Collier de coquillages fait par un enfant devenu grand, poupées de porcelaines d'un autre temps ayant perdu un œil ou bras, couvertures de plages colorées mais usées sur les côtés, pierres semi-précieuses oubliées dans une vieille boîte rouillée, branches noueuses parfaitement adaptées pour la construction de baguettes et autres grigris...

C'est fou les trésors que l'on peut trouver dans une décharge, non ? En tout cas, cela l'était aux yeux de Sylvanus. L'homme avait fermé boutique pour la fin de l'après-midi afin de sautiller gaiement dans ce lieu que les gens se ventant d'être propres sur eux ne voulaient absolument pas visiter de peur d'y retrouver leurs anciennes possessions démodées. Et bien, tant mieux pour les farfouilleurs comme le rouquin, puisque cela lui permettait de mettre gratuitement la main sur de la matière première pour ses créations, qu'il pourrait ensuite revendre à prix cassé aux quelques clients de sa modeste échoppe. Créer un modeste pécule sur le dos des riches, tout en n'arnaquant pas les pauvres... Quelque part, Sylvanus n'était-il pas le Robin des Bois moderne d'Arcadia Bay ? La question avait le mérite d'être intéressante.

Une quarantaine de minutes après son arrivée dans les lieux, l'homme à la chevelure flamboyante posa le sac emmené en prévision sur un pneu afin de se mettre à trier ses trouvailles. Lui qui ne pouvait pas contenir physiquement son excitation improvisa une danse de la joie autour de son nouveau trésor. Visage radieux et corps gracieux semblaient tous deux chercher l'étreinte du vent et lui rendaient chacune de ses attentions par un sourire ou une légère caresse du bout des doigts abîmés par le bricolage. Le fait que la décharge soit probablement déserte lui importait peu à cet instant, il aurait lâché prise peu importe la présence d'un éléphant ou d'une foule grouillante et curieuse. C'était un apprentissage bien ancré dans sa tête et sa vie : laisse le regard de l'autre couler sur toi comme si tu étais l'enfant curieux que les adultes dévisagent afin de comprendre ses jeux et ses joies qu'eux ont depuis longtemps perdu.
lumos maxima

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Lun 15 Avr - 13:56
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Invité
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Loup il a de drôles d'idées, parfois. Quand c'est pas une connerie qui implique la santé d'un autre, c'est sur lui-même que ça se passe. Aujourd'hui c'est jour de soleil, assez tôt le matin, un weekend, pendant un mois de vacances, on sait pas vraiment.

Tout ce qu'on entend, c'est les quatre roues qui crissent contre le tarmac humide, brillant de la bruine matinale. Quatuor d'uréthane qui supporte le bout de planche en bois, Loup glisse entre deux brises de vent, renverse un sac de poubelle puis un chat noir qui saute et saute encore plus loin. Il n'y a pas vraiment d'inquiétude ou de remord sur le visage du responsable : c'est sévère et rigide. Exactement comme son matos de skate.

Pas beaucoup plus loin, près d'une strate de forêt dont les conifères forment une étrange grille de dents irrégulières, Loup fait pression sur la queue de son skate pour freiner tout et se stopper à l'orée d'une décharge qui vomit ses premiers déchets. Le bout de sa pompe tape le cadavre d'une canette qui roule et roule encore vers une pile de détritus.

Il y a quelque chose d'un peu mystique à pénétrer une zone de silence. Y a rien de vraiment humain ici : c'est de la mécanique morte et essoufflée, des affaires déglinguées, capots de voiture à la gueule béante. Parfois c'est plus inattendu, et on retrouve la patte moelleuse d'une peluche de lapin à l’œil décousu. Plus loin, posé sur des poutres boisées en bordel, il y a ce rideau de bouteilles de bières. Quelques-unes ont le bide troué, et tu sais que quelqu'un a visé juste.

Loup assiste à cet étrange spectacle muet du haut de sa planche qui file entre les amas de merdes, l'expression religieuse comme si c'était important. Ses épaules détendues, garçon perce une allée paisible trahie par ses véhicules morts, cimetière de rouille mal graissée. Ses roues font un drôle de bruit sur le sol fardé de mousse, un bruit dégoûtant de matière qui s'enfonce dans la glue humide de la pluie.

Plus loin la dépouille d'une vieille Oldsmobile Vista Cruiser vient accueillir le poids du blond ; d'ici, on surplombe un peu tout American Rust. On se sent un peu grand, un peu roi. Loup il se dit qu'avec un tremplin comme ça, il n'y a qu'une seule chose à faire : glisser. Un peu inconscient et assuré à la fois, il rejette sa planche en avant, perpendiculaire à la Cruiser, avant de s'insinuer sur toute cette construction sophistiquée et filer droit dans ce décor de plomb.

Au début, c'est plutôt bien. Plutôt prenant. L'homme traverse habilement, slalome avec d'adroits mouvements du bassin, puis de son poids qui se répartit intelligemment à droite à gauche de son body pour équilibrer sa course. Ça fait un boucan du tonnerre, on croirait entendre les machines reprendre la vie tellement qu'il tambourine le métal avec ses wheels de skate, Loup. C'est comme ça qu'il bondit de capot en capot, surgit de nulle part pour atterrir encore ailleurs. Il y a un peu de magie à voir tout ça.

Oui, au début, c'est plutôt bien.

Puis là, un truc lui échappe. Un petit élément du décor que Loup n'a pas vu dans sa trajectoire, et qui a accroché les trucks de sa planche à pleine vitesse. Griffe d'une racine ancrée dans le sol, jouet débile qui traînait-là, ou bien terre vicieuse qui a fait déraper tout. On ne sait pas trop, c'était si rapide que Loup, non, il n'a pas vu. Alors il a perdu le contrôle, sa planche est partie s'enliser dans le background sylvestre, et puis son corps à lui a rejoint la couche terrestre en butant au passage une caisse en bois.

Violence, violence, violence. On l'a entendu hurler un coup, sous la surprise d'abord, puis de douleur, sans doute. Aussitôt la félicité des véhicules s'est stoppée net, dès la chute du blond, signe que le jeu est terminé. Et une volée d'oiseaux s'est échappée des branchages, grondant de peur.

Le silence, encore. Dans quelle position il a atterri, Loup ? À plat ventre, le genou qui a percuté la caisse, puis ses fringues couvertes de crasse, d'humus et d'autres trucs sales et noirs. Sa crinière a perdu en blondeur, aussi, la gueule qui a traîné dans la terre sous l'effet de la chute. Il est tout crade, Loup.

Longtemps il reste comme ça, le squelette répandu face contre terre. Il pourrait être mort, personne ferait la différence. C'est seulement quand il réalise que ses membres ont du mal à obéir qu'il se dit que, peut-être, quelque chose est cassé. Pire : il n'est pas sûr d'être entier. Il ne sent pas sa jambe. "Pourquoi ça ne bouge pas ?" C'est l'horreur, une boule de malaise commence à poindre dans son abdomen, et il panique. C'est drôle, parce que sur son visage, toujours, Loup a gardé cette expression neutre et indifférente.

Hey, Loup. Comment on va faire pour se relever, dis ? Il n'y a personne, ici.
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Lun 15 Avr - 21:32
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
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Ardoise (dortoirs):


La danse de la joie spontanée - interprétée par Sylvanus en personne - fut interrompue par le bruit d'une chute. Violente la chute, s'il en croyait le hurlement déchirant qu'il venait d'entendre, s'élevant dans les airs en même temps qu'une nuée d'oiseaux effrayés par le vacarme. Puis tout redevint silencieux, et l'homme se demanda s'il avait rêvé ce soudain épisode. Des songes éveillés il en faisait souvent, notamment grâce à la décoction maison qu'il dégustait chez lui.

Seulement aujourd'hui, tout était bien trop vrai, bien trop net. Il était donc peu probable que le hippie ait rêvé en plein jour, au milieu de cette décharge qu'il avait cru déserte à son arrivée. Un être vivant était donc arrivé ici, et il se devait de le trouver afin de vérifier les conséquences de la chute. Ainsi était Sylvanus, animal ou humain quelle différence, il se faisait un devoir de protéger tous ceux qui étaient dans le besoin ou l'urgence. Qu'importe ce que cela lui coûtait à lui, son cœur n'était jamais à sec lorsque il s'agissait d'aider autrui.

Restait maintenant à identifier la source du bruit. D'après ses oreilles, il lui fallait remonter vers l'opposé des lieux. Ceci expliquerait que les deux occupants ne se soient pas croisés dans cet endroit pourtant loin d'être immense. D'un pas lent et les sens en alerte, l'homme flamboyant remonta une allée, cherchant des indices d'une présence récente.

Ce fut la sensation de démangeaison – prémices d'un éternuement - dans son nez qui le prévint en premier lieu. Ce léger détail le fit froncer les yeux, et tout devint clair. Ou plutôt flou, s'il en croyait la poussière terreuse qui finissait de retomber sur quelques mètres. Et au milieu de cette zone, se détachait très nettement la trace de la fameuse chute, ainsi qu'une caisse en bois qui n'étaient certainement pas là lors de son passage quelques dizaines de minutes plus tôt. Comment pouvait-il le savoir ? Il les auraient bien évidemment récupérées.

La présence d'un corps allongé non loin de ce désordre lui suffit à reprendre contenance et il s'approcha plus rapidement, sans toutefois toucher la personne. Non pas par peur de la crasse - il n'était pas le dernier à aller traîner dans la terre – mais par crainte d'empirer la situation. Et pour cause, l'individu allongé ne bronchait pas et s'il n'avait pas vu sa cage thoracique se soulever légèrement, Sylvanus aurait probablement sauté la case urgence pour passer directement à la morgue. Fort heureusement, ce qui semblait être un jeune homme en devenir n'avait pas passé l'arme à gauche et il l'en remercie silencieusement avant de briser le silence, mettant un genou à terre tout en se mettant face à lui pour qu'il puisse au moins voir qui lui parlait.

- Euh... salut ? T'as fais une sacrée chute... Enfin je sais même pas mais tout porte à le croire ... Eh, tu m'entends gamin ?

A la vue de son visage inexpressif, une boule d'angoisse acheva de pointer le bout de son nez dans la gorge du roux. Par toutes les Déesses, qu'il détestait voir les autres souffrir. Surtout les petits. Et celui-ci n'était pas épargné, du peu qu'il arrivait à discerner. Heureusement il avait le nécessaire pour les premiers soins dans son sac. Il allait lui falloir de l'aide, du rafistolage maison. Et beaucoup de douceur. Personne de son âge n'aurait dû pouvoir maintenir un tel masque dans cette situation.

lumos maxima
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Mar 16 Avr - 2:19
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Les paupières de Loup venaient de se fermer. Ainsi tout devenait noir, et il lui semblait que plus rien d'autre que la sensation du sang traversant ses tympans ne pouvait l'interrompre dans son mutisme. Troublant, d'ailleurs. C'était comme un picotement tout doux, sincère et apaisant. Une diversion qui cherchait à ignorer les pulsations d'un bas de corps en souffrance.

Là tout au sud, autour du genou et vers le tibia ; les boursouflures. Sous le noir tissu de son vieux jean, il y a les estafilades de sa chute, et sans doute une coulée de jus de myrtille au goût de métal qui vient coller le textile au derme. Si c'était que ça, Loup. La douleur, qui avait l'air morte, fit bond en avant. Lorsqu'une tierce personne fait son apparition pour venir se pencher au-dessus de tout ça, l'ouïe du Loup s'affûte. "Eh, tu m'entends gamin ?"

Gamin.

Ce n'est pas le "salut" qui dérange. C'est pas non plus le "sacrée chute". Non, c'est Gamin. (Gamin ? Tu crois que j'ai quel âge, bouffon ?) Et le timbre de voix inquiet qui pleut dans ses oreilles, ça fait un bourdonnement sourd et désagréable. Une aiguille sans pointe qui perce sa bulle.

Loup ne dit rien. Gamin ne répond pas. Ses yeux ont juste perçu cette cascade de cheveux fous et rouges : ça a suffi à ses pupilles pour se dilater d'un coup comme les bêtes qui surprennent le canon du chasseur entre les buissons.

Ses coudes se tendent comme les cordes d'un arc. Il émet un bref hoquet de douleur, mais c'est si bref qu'on croirait entendre le rien. Sa figure se tord de quelque chose qui appelle à la souffrance ; le masque rigide s'effrite, et enfin on voit le mal. Loup se redresse - du moins, il redresse son torse. Le reste ne suit pas, c'est bloqué, planté au sol, cloué comme ça, comme si ça faisait partie de la terre depuis le début. Un peu de crasse minérale dégouline de ses pommettes, de ses crins de cheveux châtains. Des bouts du sol fondent dans les renfoncements de son col de pull, ça le chatouille un peu mais la sensation disparaît aussitôt. Un sentiment plus puissant vient abattre sa cohue émotionnelle : en face de lui, un inconnu.

Loup se fait observation. On peut voir ses lèvres trembler. S'entrouvrir, même. Peut-être qu'il a dit quelque chose. Il est un peu étourdi, Loup. Ses yeux se plissent, sa vue effectue la mise au point, passant du champ de vision vertical à horizontal. La cascade folle et rousse le perturbe, il ne voit que ça. Ses muscles canins se soulèvent un peu, puis retombent, et comme il peut, Loup se traîne, se hisse, rampe comme les soldats dans une dernière tentative de se replacer droit. Ses avants-bras font mal, ça crie entre les jointures, peut-être que tout va retomber d'un coup comme du sable.

Ses efforts pour tenter de garder contenance sont louables, hélas n'importe qui d'un peu sensé comprendrait qu'il ne peut tout simplement pas se relever entièrement tout seul. C'est un Loup éclopé à la fourrure salopée.

D'ailleurs, sa voix paraît remplie de rocaille lorsqu'il s'agit d'articuler un semblant de réponse.

- Oui.

Oui. Puis il a battu des paupières par deux fois, le tronc fébrile et la poitrine erratique. Griffes plantées dans la vase, son mauvais jeu d'acteur cherche à convaincre que tout va bien. À aucun moment ses yeux ne croisent réellement ceux de leur interlocuteur, mais quand ça arrive, c'est une expression mauvaise et malvenue qui vient repeindre son faciès léché de fange. C'est une fille ? Un garçon ? C'est des cheveux trop longs.

- Oui ça va.

Qu'il répète, sur un ton de voix cassé. Et si on pouvait voir au-delà des chairs, on le verrait en train de s'arracher la peau des joues intérieures. Des canines folles qui s'agitent dans tous les sens pour attraper une portion de carne à mâcher. Il est stressé, ça se sent, ça se voit. Et de savoir qu'on le regarde dans cet état de faiblesse le rend nerveux et irritable, il n'aime pas. Il déteste, même. Il a envie d'insulter, tout à coup. Ses veines gonflent et il déglutit avec âpreté.

Il aimerait pouvoir tirer son bas de pantalon pour découvrir l'étendue des dégâts. Mais il ne peut pas faire ça ici, Loup. Parce que quelqu'un d'autre est là. Et il n'a pas envie, l'animal, qu'on le surprenne dans son bain de sang. Il n'a pas envie qu'on fasse la moue pour lui, qu'on le prenne en pitié. C'est terrible ça, la pitié. Alors Loup il préfère se bâtir un visage fort et solide, c'est ce qu'il sait faire de mieux.

- T'inquiète. J'ai rien, tu vois. J'ai rien du tout.

C'est pas grave à quel point ça fait mal en vérité.
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Mar 16 Avr - 13:40
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
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Ardoise (dortoirs):


S'il est une chose que Sylvanus n'aime pas – outre les moqueries concernant ses croyances – c'est bien le mensonge. Il en a soupé, comme disent les gens qui n'ont pas son âge. Chaque pore de sa peau qu'aucun soleil n'a réussi à tanner semble réagir au parfum du mensonge, peu importe que celui-ci soit délicat comme la rosée du matin ou lourd tel la chute de la biche abattue d'un coup de feu. La tromperie ne fait pas partie du mode de vie qu'il a choisi, et contredit tout ce en quoi l'homme croit, ou tente de croire dans ses jours les plus sombres.

Aussi, lorsque le gamin – affectueusement nommé ainsi par manque de prénom – osa lui dira qu'il allait bien, son premier réflexe fut de jouer au plus idiot et de partir. Ce n'est pas toi ça, Sissi. Lui souffla une voix qu'il cru reconnaître comme étant celle d'un de ses nombreux pères. A l'instant, il n'aurait pu dire lequel mais reconnaissait parfaitement le ton doux et pourtant sévère qui le rappelait à l'ordre.

Aussi, il resta. L'expression revêche et les inutiles mouvements pour reprendre une contenance lui assurèrent qu'il avait bien fait, mais ancrèrent plus de questions encore dans son crâne. De même que l'affirmation ridicule du bien allé de l'humain, qui venait de se tordre et démener pour trouver le moyen de redresser son corps malmené assailli par la crasse. Le visage qui lui est offert est loin d'être aimable, mais qu'importe puisqu'il bouge. Les cordes vocales semblent subir les conséquences du choc précédent, mais elles fonctionnent. Tout ira bien, se répète l'adulte en boucle, se rassurant lui-même quant à la suite des événements. Tout ira bien.

- T'as rien du tout ? Très bien, on va vérifier ça de suite alors. Sourit l'adulte de toutes ses dents savamment non alignées. T'as de la chance j'ai tout ce qu'il faut pour débarbouiller ton minois dans mon sac. Après tu pourras me montrer comment tu gambades et je te laisserai tranquille. C'est promis ! Rit-il comme pour le rassurer sur ses intentions. Somme toute, la promesse qu'il n'allait pas se débarrasser de lui de si tôt, et preuve supplémentaire qu'il n'était pas dupe une seconde malgré les réels talents de comédien du plus jeune.

Tournant les talons avant que le blessé n'ait le temps de protester plus que nécessaire, Sylvanus retourna auprès de son sac, s'empara de son précieux bagage et prit le temps d'expirer l'air qu'il avait l'impression de contenir dans ses poumons depuis de trop longues secondes. Il lui fallait garder bonne figure face à l'inconnu mais la réalité l'inquiétait réellement. Saurait-il aider celui qui ne désirait point qu'on lui tende la main ?

Cette question en tête il alla retrouver celui qui, il l'espérait, accepterait le secours qu'il s'offrait de lui donner. Rien n'était attendu en échange, pas même la politesse d'un merci. Seule l'idée de voir le gamin crapahuter seul poussait l'homme à agir ainsi, tel qu'il l'aurait fait avec le moindre être ayant encore la chance d'être réparable, au moins physiquement parlant.

Versant de l'eau sur un bout de tissu, il approcha son bras suffisamment proche du sien pour qu'il puisse se saisir de leur nécessaire de nettoyage de fortune. Cependant, il ne le toucha pas et n'eut pas la prétention de tenter de le faire. Habitué aux animaux les plus craintifs, Sylvanus s'émerveillait de trouver chez cet humain la même capacité à l'émouvoir, et à lui donner patience et dévouement.
lumos maxima

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Mar 16 Avr - 16:23
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La familiarité avec laquelle on lui répond retranche Loup dans un mutisme tout à fait incertain. Sa mâchoire se resserre, un peu comme si le geste de pression pouvait dissuader l'inconnu de s'approcher de lui.

C'est ce qu'il se passe pendant un bref instant. Le temps qu'il faut à la cascade rouge pour aller trifouiller dans sa besace on ne sait trop quoi. Loup ne sait pas, il ne veut pas vraiment le savoir (en tout cas, il n'est pas sûr). Il y a juste ce réflexe maladroit qui lui fait naïvement dire : "Hé, c'est l'occasion de filer à l'anglaise...!" En se traînant dans la terre moite.

Il ressemble vraiment à un gamin, en fin de compte. Avec sa face toute sale, son nez retroussé et puis ses yeux joliment bridés qui se plissent dès que l'inconnu revient à la charge avec un morceau de tissu humide. Qu'est-ce que c'est ? C'est quoi, ça ? La truffe de Loup remue, aussi perplexe que curieuse.

- Pourquoi tu fais ça ? Tu me connais pas.

Ça peut paraître hostile, lâché comme ça. C'est juste que la façon de le dire est un peu brusque, mais quand on n'a pas la possibilité de réellement se défendre sur le plan physique, il ne reste que les mots-couteaux et puis un semblant de robustesse de l'esprit. C'est du moins ce qui le pousse à vouloir maquiller autant les sensations de douleur qui lui rongent le bas du corps. C'est comme si ça brûlait et que Loup n'avait pas le droit de hurler. Et dans ces moments-là, on ne sait pas vraiment si le plus dur est d'endurer la souffrance, ou de la retenir.

- M'approche pas.

Sa voix dégringole un peu, brisée par les relents de souffrance qui remontent jusqu'à sa gorge nouée. C'est difficile, d'être fier, hein, Loup. C'est encore plus difficile de voir que tu ne peux pas te hisser hors de cette décharge sans devoir subir le regard compatissant d'un type.

Aussi, l'animal s'ébroue, puis s'écroule tout de suite après. Une faible motte de terre qui fond dans le sol, neutralisée par un mal qui irradie partout. Son souffle grossit, il serre encore plus fort des dents, si fort que ça fait mal là aussi, et puis son corps se roule en boule, amassant la crasse en son sein. Est-ce qu'il pleure déjà, Loup ? Il ne saurait pas dire, ça fait trop mal pour sentir autre chose.

On l'entend jurer, pester contre les dieux, sa planche de skate, la caisse en bois, ce type aux cheveux infinis. C'est un pantin tout cassé, Loup, et il s'en veut de ne pas avoir la force, cette fois. De sous les coutures de son jean, on voit le jus de myrtille qui s'échappe, imbibe la matière et puis semble fleurir comme un formidable bouquet de sang.
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Mar 16 Avr - 20:06
Sylvanus Aspen Naumann
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Sylvanus Aspen Naumann
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Le comportement tout entier du jeune homme rappela soudainement à Sylvanus cette fois où il avait tenté de sauver un renardeau, dont une patte avait été prise dans un piège bâtard. La rencontre l'avait marqué plus que nécessaire. Peut-être de par ces yeux craintifs qui peu à peu avaient laissé place à une forme de confiance lorsque l'humain l'avait bercé tandis que les Déesses récupéraient son âme. Ne restait plus qu'à espérer que ce petit d'humain ne connaîtrait pas le même sort. L'homme flamboyant ferait tout son possible pour ne plus revivre cet instant déchirant, peu importe l'animal concerné.

Somme toute oui, le hippie ne considérait pas les humains comme supérieurs aux autres espèces animales. Certains auraient dit de lui qu'il était anti-spéciste, lui se qualifiait naturellement comme doté d'un esprit logique. Et ce fut cette même logique qui l'avertit de ne pas brusquer le blessé, qui présentait de nombreux signes de stress voire d'angoisse dès lors qu'il s'adressait à lui ou faisait mine d'approcher. La preuve étant, lorsque Sylvanus revint de sa minuscule pause, l'autre être humain présent semblait avoir tenté de ramper plus loin. Désolé gamin, c'est un échec [ITALIQUE] songea le commerçant avec un léger pincement de cœur. Puis il reprit à voix haute, s'asseyant en tailleur à environ soixante centimètres de lui avec dans les mains son bout de tissu humide qui n'avait pour le moment pas eu le succès escompté.

- Ça ? Tu veux dire t'aider ?... Et bien, je le fais car j'en ai la possibilité, l'envie et je pense... les capacités. Enfin ça c'était pas si sûr mon coco, tu vas encore devoir faire tes preuves. La réponse était-elle suffisante ? Il préféra s'en assurer et ajouter quelques précisions, histoire de débuter sur une nouvelle base.

- Tu en penses quoi toi, j'ai plutôt raison pour cette fois non ? Et tu as raison, on ne se connaît pas encore. Moi c'est Sylvanus, j'ai vint six ans. Pour le moment je doute que tu ais envie d'en savoir plus, non ? Tenta-t-il de le faire parler, lui laissant le choix de se présenter à son tour si l'envie l'en prenait. Il n'allait pas l'y pousser, ne désirant pas risquer de le brusquer et de le voir se renfermer à nouveau comme un fruit de mer bien connu.

D'après la réflexion suivante, lui ordonnant de ne pas tenter d'avancer plus près, il avait bien fait de maintenir ses distances. Lentement, l'homme posa ses mains à plat sur ses propres genoux et demeura ainsi, rien ne bougeait chez lui hormis ses cheveux pris dans la légère brise, et sa fine bouche lorsqu'il reprit la parole d'un ton neutre et bas, presque chuchotant.

- Je ne t'approcherai pas si tu ne me le demandes pas. Là je me fais juste du soucis... Tu n'as pas l'air très en …

Forme, allait-il prononcer. Mais soudain le corps du plus jeune se crispa et ne devint qu'une boule de souffrance. Sans être doué de pouvoirs tels ceux dont sont dotés les héros de comics, Sylvanus pouvait se vanter d'être empathique et il pouvait aisément lire et ressentir de manière amoindrie la douleur diffuse qui venait du blessé dont il ignorait tout. Les jurons étouffés étaient perceptibles à son oreille habituée à écouter le chant du silence, et l'homme aurait pu sourire en étant mis dans le même tas que tout ce qui semblait avoir mené à cette situation. Il aurait pu mais ne le fit pas, car l'évidence était que sa présence n'arrangeait rien. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à partir. Appeler les urgences ? Il n'en était pas question, ces abrutis ne feraient rien qui améliorerait l'état moral du gamin, à part en lui injectant une dose de calmants qui ne le laisserait que plus apathique et mal en point.

Sous ses grands yeux verts fascinés, un liquide poisseux venait se mêler progressivement à la poussière après avoir créé de sublimes dégradés sur le tissu que portait le jeune. Par Gaia, il lui fallait trouver quelque chose d'intelligent ou d'utile à dire maintenant. Mieux, à faire. Tiens, et pourquoi pas... une approche moins physique mais honnête ?

- Écoutes, toi... Je peux pas te laisser ici. Je ferais jamais ça, peu importe qu'on se connaisse pas. Moi ce que je sais c'est que t'es mal en point, que ton sang est en train de faire un début de flaque ici et qu'il est hors de question que je te regarde y passer. Il inspira profondément avant de reprendre.Alors on va faire un truc : je t'approche pas, mais je t'indique quoi faire. Et tu le fais, pendant que moi je te sors une tasse de thé. Vu tout ce que tu perds comme force de vie, il te faut du sucre.

C'était bien encore une idée à la Sylvanus... Mais malheureusement il n'avait que celle-là. Alors s'il fallait que les Déesses lui accorde un vœu, que cela soit celui de réussir à se faire écouter ici et maintenant.

lumos maxima
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Mer 17 Avr - 0:00
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La possibilité, l'envie et les capacités.

Loup se sentit déglutir en entendant cette succession de dons qu'il enviait en ce moment même. Triste constat qui mêla un arrière-goût d'amertume à sa salive : l'animal à la patte sanguinolente ne peut rien. L'homme, le chasseur, la cascade rousse, garçon aux cheveux trop longs. Ces quatre-là pourraient tirer une balle de n'importe quoi et achever Loup tout de suite, ce serait si simple. La terre se chargerait d'étouffer la mort dans un doux bruit de mousse qui s'écarte sous le poids d'une carcasse.

C'est ainsi que l'on apprend que l'inconnu s'appelle Sylvanus.

C'est un patronyme suffisamment étrange pour surprendre l'intéressé dont les pupilles se redressent vers leur interlocuteur. Sylvanus ? Sylvanus est un prénom drôlement long, pensa Loup. Long comme la cascade qui pleut autour de son visage. Sylvanus est sans doute un prénom qui vient d'Ailleurs - le Ailleurs avec un grand A. L'Ailleurs au-delà des flaques immenses et salées, le Ailleurs qui échappe à la crête des collines et va plus loin.

Sylvanus.

Sylvanus a vingt-six ans.

Vingt-six ans, c'est beaucoup. Mais quand il y pense, Loup sait qu'il n'en est pas si loin que ça. Lui, il a vingt-et-un ans. Et quand on lui pose la question, Loup met souvent trop de temps à répondre. Parce qu'il a oublié, ou bien parce qu'il n'est plus vraiment sûr.

Sylvanus dit qu'il ne s'approchera pas de Loup, si Loup ne le veut pas. Il lui promet aussi du thé. (C'est quoi le thé ? J'en ai jamais goûté.) Comme il est rare de croiser un chasseur aussi poli envers sa proie, Loup prend le temps de considérer cette proposition. Pendant que son mal lui ronge la patte arrière, il passe sa langue sur ses lèvres d'un geste nerveux, et puis ses phalanges s'enfoncent un peu plus dans la vase. De là, il peut sentir ses articulations faire rouler les minéraux entre elles, retourner la matière noirâtre et surprendre ainsi la douceur d'une terre presque meuble. Sa réponse se trouve peut-être sous cet amas sale et duveteux.

- ... D'accord.

Il avait déjà hoché un peu du menton, mais Sylvanus (vingt-six ans) l'a probablement manqué. Toujours recroquevillé sur lui-même comme un embryon en gestation, Loup défait sa position fœtale peu à peu, et puis ses iris noisette viennent darder le carré humide logé entre les doigts de la cascade. Chasseur poli au crin de feu bien brossé, dont les mèches s'écartent sous l'influence du zéphyr. C'est vrai, il y a quelque chose de beau à contempler ce spectacle silencieux.

Dans les yeux de Loup, une phrase demeure cependant : "Je suis d'accord, mais ça ne veut pas dire que je te fais confiance. N'essaye pas de m'avoir !" Aussi leva-t-il son avant-bras pour recueillir le bien de Sylvanus. Pendant cette fraction de secondes, tout geste est minutieusement calculé de la part de l'éclopé pour qu'aucun contact entre les peaux ne se produise.

Il se redresse une nouvelle fois, soldat, sentant la douleur être momentanément bâillonnée. Comptant profiter de l'occasion pour agir, ses membres tremblent et parviennent à se hisser jusqu'à remonter le bas de son pantalon, dévoilant les bavures d'une plaie rouge. C'est un rouge encore plus violent que le rouge de Sylvanus. Un rouge qui mord et fait mal, qui pique et s'étale. Une lourde grimace tire ses commissures à Loup : voir la blessure a un effet psychologique autrement plus puissant que de simplement savoir l'écorchure être là.

Tout de suite, son premier geste est de vouloir apposer le sparadrap de fortune contre la lésion. Ce que Loup fait, en commençant par rattraper les fuites carmines qui débordent du cœur de la contusion, là où ça ne peut pas faire mal quand on passe de l'eau dessus. Il nettoie en tamponnant timidement, faisant maladroitement le tour de son genou. Son éponge rapidement souillée, Loup se dit qu'il fait peut-être ça mal, et que ça ne se lave pas comme ça, une blessure pleine de sang. Si ça se trouve, il va même encore plus faire saigner tout, et il perdra sa jambe pour de bon.

Cette seule pensée suffit à le pétrifier et à l'interrompre dans son processus de nettoyage. Sa main s'écarte de l'ecchymose, et Loup affiche alors l'expression la plus désolée qu'il ait montrée jusqu'à présent. Un silence s'égrène, et il jure encore.
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