C'était un devoir vraiment cool qui nous attendait Alec et moi ! Tourner un court-métrage de maximum trois minutes. J'enfilais ma veste et mon bonnet et sorti de mon dortoir pour rejoindre mon coréalisateur dans la cour de l'école. Normalement, j'avais loué le matériel adéquat : enregistreur sonore, perche et moumoute, caméscope et j'avais pris des feuilles et des stylos pour que nous puissions préparer le scénario. Je m'étais peut-être emporté en prenant déjà tout le matériel, mais j'avais pensé que tout autour de nous pouvait nous inspirer, donc méritait d'être dans notre film. J'avais bien envie qu'on joue dans le film aussi, si Alec était partant, bien-sûr. Deux âmes perdues dans cette immensité infinie qui s'étendait de la cour au parking, jusqu'aux dortoirs. Enfin, nous pouvions tourner aussi en ville. J'attendis patiemment, notant quelques idées sur une feuille, des idées de plans aussi, de choses que je voyais autour de moi notamment. Puis Alec arriva enfin, et je me levais pour lui faire un check de mains, avec un grand sourire.
- Cool, tu es là ! J'ai pris le matériel audio et vidéo au cas où on aurait des choses à filmer par ci, par là ! J'espère que tu es prêt à passer un super après-midi pleins d'idées foisonnantes !
Je me rassis, avant de regarder les quelques idées que j'avais écrites. Je mis le matériel entre nous deux, pour éviter quelque vol possible... puis je pris ma feuille.
- J'avais pensé éventuellement à filmer la nature et les animaux ; genre faire un film du point de vue des écureuils, tout en macro par exemple. Ou les faire carrément chanter en chipmunk... ou genre l'un de nous a échangé son corps avec celui d'un écureuil ! Et du coup il parlerait en chipmunk...
Que des idées géniales, évidemment.
Ven 12 Avr - 9:24
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ACTION ! Feat Connor Heathcliff
Le cours d’Elijah était plus intriguant qu’il ne l’avait originellement prévu. L’écossais s’était inscrit à l’option en s’imaginant étriper un des professeurs et s’était retrouvé à regretter leur amitié passé. Les découvertes avaient été nombreuses : les raisons pour lesquelles il était parti, le véritable amour du beau blond et… un cours de cinéma plutôt décent. Même carrément convenable ! Entendez par là bien davantage, mais Alec ne l’aurait jamais dit à haute voix, de peur que son meilleur ami ne l’entende ; sa tête était suffisamment grosse comme ça ! Déambulant dans les rues à une vitesse sûre, le jeune homme sortait tout juste de son entretien d’embauche avec deux cafés dans les mains. La patronne s’était sans doute dit qu’il s’essayait à la flatterie pour obtenir le poste, mais Alec voulait simplement apporter sa contribution au devoir qu’ils s’apprêtaient à réaliser, littéralement, avec un ami rencontré dans la salle sombre. Ils devaient se rencontrer dans la cour de l’établissement où tous deux faisaient leurs études. Peut-être était-ce le prénom du jeune homme aux consonances celtiques qui avait rassuré Alec et l’avait poussé à travailler avec lui. Le regard de son partenaire de jeu s’éclaira en le voyant approcher - la magie du café - et Connor l’accueillit avec un grand sourire. Il était, comme à son habitude, très excité. Alec déposa un des deux cafés sur la table de pique-nique et se joignit au check accueillant.
« Salut, mate! Tu gères ! J’ai amené du jus, histoire qu’on reste éveillé tout du long. »
Connor avait sûrement dû sortir la veille. Alec l’imaginait fêtard, intrépide et somnambule.
« Tu as dit ‘foisonnant’, alors je suis clairement prêt ! »
Le lettré prit place en face du rouquin et entama sa boisson longuement convoitée. Elle lui avait fait de l’œil tout le trajet et était encore chaude. Le liquide noir s’échappa dans sa gorge et le fit toussoter. Mais même ce manque d’air ne parvint pas à le faire regretter d’avoir pris une longue gorgée du liquide divin.
« J’adore l’idée de la nature et de la macro. Tu voulais pas travailler sur le silence, l’absence de personnes et la solitude en général ? C’était quoi le sujet du devoir déjà ? Je sais qu’E… M. Holtz aime les trucs un peu perché, mais il va nous tuer si on fait un hors-sujet. »
Il réalisait seulement qu’après le plaisir de faire cette tâche, sa fierté personnelle était en jeu !
« On pourrait peut-être comparer la vie de l’écureuil solitaire à celle de l’un d’entre nous ? L’incapacité de l’humain à s’élever au dessus de sa condition animale ? J’pars trop loin, nan ? On peut les faire chanter si tu y tiens ! »
Alec était un mec en or, il avait ramené du café pour nous deux ! En plus il carburait déjà et je sentais qu'il était prêt comme jamais. J'aimais bien ce petit gars, même s'il était plus âgé que moi et en lettres, ça le rendait tout foufou à mes yeux ! C'était sans doutes comme ça qu'il était remarquez... Les lettreux étaient tous fous. Mais de bons et gentils fous ! Il me dit approuver l'idée de la macro et de la nature, ce qui me rendit assez fier de moi et de mes idées. J'étais d'ailleurs surpris qu'il se souvienne de ce que je voulais travailler, je lui adressais un sourire.
- Si je voulais faire ça ! Hm... le sujet c'était...
Bonne question, tiens. Je fouillais dans mon sac à la recherche de mon agenda avec les notes prises sur le sujet en question. Une fois tombé sur la bonne page, je repris, à voix haute.
- "Comment représenter ce qui ne se se dit pas avec les mots ?"
C'était assez perché et vague, comme venait de le dire Alec - pour le perché - donc je comprenais bien le professeur. Je le remerciais pour le café et en pris quelques gorgées. ça faisait toujours du bien de boire quelque chose de chaud, surtout en cette période de l'année... et quand on devait travailler sur un devoir, il fallait bien le reconnaître.
- Non j'aime bien ton idée ! On a qu'à faire ça, comparer l'écureuil à la solitude que l'on peut ressentir dans le monde des hommes, et comparer ça avec quelqu'un qui est entouré peut-être ? On peut dire que l'un de nous deux est le solitaire et l'autre l'extraverti, comme quand les écureuils sont ensemble face à ceux qui sont seuls ?
Quoi que ça risquait d'être difficile de trouver des groupes d'écureuil et un écureuil seul... je regardais autour de moi et tentais de visualiser des écureuils. Je n'en vis aucun à première vue. Il faudrait qu'on arpente tout le campus pour bien trouver un bon sujet. Un sujet coopératif, surtout. Je regardais Alec.
- Remarque, ça risque d'être difficile... on a qu'à rester sur la solitude de l'écureuil, ou bien sur la comparaison entre nous et les écureuils ! Comme pour montrer que nous ne sommes pas si différents et que nous agissons de la même manière. Puis oui on peut les faire chanter tant qu'on y est !
Mer 8 Mai - 12:09
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ACTION ! Feat Connor Heathcliff
Lorsque son corps avait heurté le sol, et que sa tête avait rebondi sur le macadam dans un craquement effroyable, Alec avait gagné quelques petites séquelles. Il s’était réveillé plus tard, dans un lit d’hôpital blanc qui sentait le désinfectant, et n’avait pas su tout de suite ce qui lui était arrivé. Cette perte momentanée de la mémoire lui avait sans doute offert un peu de répit avant l’effroyable vérité. Le lettré avait par la suite eu du mal à se rappeler des choses à court terme ; un véritable calvaire quand on voulait reprendre des études comme lui. Il avait été obligé de suivre une rééducation chez un speech therapist pour retrouver le plein usage de ses capacités mentales, et pour pouvoir un jour se rappeler des idées d’un prénommé Connor.
« Comment représenter ce qui ne se dit pas avec les mots… », répéta-t-il pour lui-même.
Faire tourbilloner l’idée dans sa tête l’aidait à déconstruire la phrase, à s’attarder sur chaque mot, en jauger l’importance, et y trouver du sens. L’étudiant porta sa boisson à ses lèvres et remplit davantage le réservoir. L’amour, le vrai, par exemple ? Alec, ou plutôt Lary, se demandait si la solitude faisait partie de ces émotions fortes et pourtant si silencieuses. Cela ne faisait aucun doute.
« C’est pas bête ça ! Laisser l’image parler du véritable sujet, et montrer que les mots ne sont utilisés que pour meubler. J’imagine bien des plans comme ça, où on serait ensemble, entourés d’amis, et des scènes viendraient s’inclure dans le montage, de façon super rapide, tu sais, en coupes nettes, où on verrait le solitaire seul, se sentir mal à l’aise, un truc comme ça. »
Alec avait tendance à partir loin dans les explications, sans pour autant parvenir à transmettre les idées de façon optimale.
« Mais carrément ! Ou alors on fait appel à un dompteur - en fait non, j’aime pas les dompteurs. On trouve un écureuil curieux, et on l’appâte pour qu’il s’approche du solitaire, assis contre un arbre genre, et hop, deux gros plans : la rencontre de la solitude animalisée et du solitaire ? Un truc du genre ? Et bam vous vous mettez à chanter ensemble ? »
FRIMELDA &