La kermesse de noël

La grande et merveilleuse Ophelia B. Wan (dont le B. était un secret inconnu même d'elle-même) ne savait pas que son père biologique serait là ce soir. Par conséquent, elle s'en moquait pas mal. Elle avait revêtu un manteau blanc comme neige qui était serré à la taille et faisait un effet rembourré pour la protéger du froid hivernal. Elle revêtait ce soir un pull blanc et un jean moulant gris foncé avec des bottines, espérant ne pas tomber dans la neige. Car elle n'avait pas prévu qu'il neigerait VRAIMENT. Elle vint seule, espérant voir l'homme qu'elle aimait et n'avait pas revu depuis quelques temps, car il était trop occupé. Déprimée par cela, elle était partie cependant pour bien se saouler au vin chaud ce soir, autant que possible. Il fallait trouver Madeleine ou Elijah, n'importe quel adulte d'accord pour effectuer cette mission à ses côtés ! Une fois arrivée, elle vit le principal crevant de froid dehors, ce qui lui arracha un sourire sadique.

« Il doit bien avoir froid au crâne... »

Puis des élèves chantèrent des chants de noël. Ophelia leur adressa un sourire avant de s'éloigner rapidement pour aller au stand de vin chaud où personne n'errait. Elle sortit son porte monnaie et paya un premier verre, le buvant à petites... doses ? Cherchant quelqu'un prêt à finir bourré avec elle. Elle admira alors la décoration, soupirant froidement que peu de gens soient arrivés. Finalement, elle partit faire un petit tour des stands, voyant les cheerleadeuses, sportifs, etc. s'en sortir avec leurs stands. En même temps, personne n'était vraiment arrivé. Ce n'était pas compliqué, mais il faisait cependant froid, et la neige tombait. Elle but de nouveau une gorgée de vin chaud, savourant son doux arôme et scrutant chaque nouvel arrivant.

Pardonnez-moi l’expression mais… Quel froid de canard ! Je sortais de la voiture, les mains au chaud dans leurs gants et le bonnet enfoncé sur le crâne. Idéal pour protéger mes pauvres petites oreilles allemandes ! Je grelottais, jetant un coup d’œil en direction du ciel aveuglant d’où s’échappait une multitude de flocons glacés. La kermesse de Noël de Blackwell était un événement que beaucoup attendaient avec impatience, que ce soit le personnel ou les étudiants, sans oublier les habitants d’Arcadia Bay. Quelques heures féeriques au cours desquelles la magie des fêtes s’emparait du campus. Je m’étais porté volontaire sans affectation précise, comptant me proposer là où l’on avait besoin de moi. J’avais même prêté main-forte à Samuel le matin-même avant de retourner chez moi jusqu’à… maintenant. Sa touche personnelle était indéniable en observant la décoration. J’en eu un sourire aux lèvres puis m’avançait parmi la foule s’étoffant lentement. Il ne manquait plus que le temps décourage tout le monde ! Ce serait regrettable, d’autant plus que j’espérais bien repérer des visages familiers comme celui de l’adorable Kate Marsh. Je ne me faisais aucun souci concernant Teddy. Il m’avait confirmé qu’il serait là pas plus tard qu’en début d’après-midi. Je me demandais s’il était arrivé, en particulier « au volant » de sa célèbre Choupette. Impossible de l’affirmer pour l’instant.

Je me faufilais, plus à la recherche de travail à exécuter qu’en mode touriste. J’attendais d’être en sa compagnie pour flâner. Même si nous ne voulions pas nous afficher de manière flagrante -restait-il quelqu’un qui ne soit pas au courant de notre relation ?- il était également hors de question de manquer des moments agréables à passer en couple. Quoiqu’il en pense… songeais-je en observant discrètement le principal qui menaçait de se changer en iceberg d’une minute à l’autre. Wells n’avait jamais été très bavard nous concernant. Ce qu’il savait exactement ? Je ne saurais vous le dire.

Le stand de bougies était en retard. À en croire les grognements, un souffle d’air mal placé avait renversé une partie de la vitrine (si l’on peut dire ça). Pas d’inquiétude, Super Eli est là pour servir ! Bref, trêve de plaisanterie, je les aidai à trouver un équilibre qui ne soit pas aussi précaire que le précédent. Mine de rien, c’était plus compliqué que ça en avait l’air ! Afin de les aider à se remettre de leurs émotions, je partis chercher des boissons chaudes au duo qui me remercia tout en soupirant de soulagement au contact du gobelet. Je m’étais aussi pris du vin dont la première gorgée fut telle une bénédiction.

C’est là que j’aperçus Ophelia, à quatre ou cinq mètres de l’emplacement où je me tenais. Elle était seule. Pas de Peter à l’horizon. Je soupirais. D’après les échos m’étant montés aux oreilles, ça n’allait pas fort amoureusement parlant. Triste durant cette période supposée familiale. Je profitais de sa distraction pour me la jouer espion, me dérobant à son champ de vision si nécessaire, puis m’arrêtais derrière elle en lui plaquant les mains devant les yeux.

- Devine qui c’est ? blaguais-je en forçant sur mon accent allemand pour qu’il n’y ait pas de doute possible.

Evidemment que je n’allais pas rater un événement pareil ! Vous pouvez toujours compter sur Dana Ward pour l’organisation ! Vous l’aurez compris, je m’étais tout de suite portée volontaire pour aider à installer la Kermesse. On peut dire que je faisais partis du staff de la journée. J’avais réussi à embaucher la plupart de mes cheerleader et même des membres du Vortex Club, il y avait de quoi être fière. GO bigfoot ! Haha ! Non, pas aujourd’hui. Enfin, l’équipe de football était bien présente, avec son propre stand, mais il ne s’agissait pas d’un match. C’était Noël voyons ! Oui, je sais, j’étais peut-être un peu trop dans l’esprit des fêtes. Mais ça n’arrivait qu’une fois par an, il fallait me comprendre aussi.

Pour l’occasion, je m’étais habillée en Elfe du père Noël. Oui, oui, petite robe vert avec le chapeau pointue assorti. Les collants rayés blanc et rouge, les chaussures à clochette et même les oreilles pointues. Autant vous dire que je n’avais pas chaud hein ! Mais de toute façon je courais dans tous les sens depuis ce matin, alors j’étais vite réchauffée. Au pire, si je finissais par avoir trop froid, il y aurait bien un gentleman pour me donner sa veste, n’est-ce pas ?

Le problème ne se posait pas pour le moment. Je travaillais avec le stand des boissons chaudes qui faisait un tabac. En même temps, vu les températures, tout le monde avait bien envie d’un bon chocolat chaud fait maison pour se réchauffer les boyaux, donc c’était un peu la folie par ici. J’étais avec mon plateau devant le stand pour aussi faire notre promo parce que… Pourquoi pas hein ? Je m’approchais donc des gens, tout sourire pour leur proposer :

- Un café ? Un Chocolat chaud ? Un thé ? Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?

Je vous jure, j’adorais ce genre d’événements, j’étais totalement dans mon élément. Je crois que ça pouvait se sentir.

La disparition récente de Fynn m'avait pas mal chamboulé. Nous nous entendions bien lui et moi et, pour rien au monde, j'aurais imaginé qu'une chose pareille arriverait un jour. Lorsque j'avais appris la nouvelle sur la chaîne d'information locale d'Arcadia Bay, je n'y avais pas cru. J'étais passé par une phase de déni avant de finalement accepter la situation. J'espérais au fond de moi qu'il avait simplement fugué et qu'un beau jour je le croiserais au détour d'un couloir de Blackwell, mais je sentais au fond de moi que je ne le reverrais plus jamais. C'était dommage dans le fond, car je l'aimais bien et depuis notre petite sortie sur la plage en début d'année, j'étais curieux de voir comment cette nouvelle amitié allait évoluer.

Après le semi-désastre qu'avait été Halloween, Noël était bien vite arrivé, même si je n'avais pas trop le cœur à passer les fêtes comme si de rien était. Pourtant, je savais que m'isoler et broyer du noir ne changerait rien, que je devais me bouger et continuer à vivre malgré tout. L'académie organisait une sorte de kermesse, dont les fonds seraient sans doute versés à une œuvre de charité, bien que je craignais que les recettes aillent dans les poches des Prescott.

Du monde avait fait le déplacement et c'était bien plus animé que je l'aurais souhaité. La diversité des stands m'occupa l'esprit. Vêtu d'un blouson en daim dont la doublure du col était en laine de mouton, j'avançais le long d'une allée, les mains dans les poches, m'arrêtant parfois pour mieux observer ce qui se passait sur tel ou tel stand. J'aperçus un peu plus loin Ophelia en compagnie de Elijah et malgré l'envie d'aller les saluer, je rebroussais chemin, au cas où son petit-ami soit là. Je ne tenais pas à provoquer un nouvel incident. Au même moment, j'aperçus Dana qui tentait désespérément de vendre des chocolats chauds et autres boissons chaudes en interpellant les passants. La détermination qu'elle employait pour parvenir à ses fins me fit sourire. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas parlé ou passé de temps ensembles, cela me manquait parfois quand je nous revoyais sur les balcons de New-York à discuter de tout et rien, une bière à la main. « Je veux bien un chocolat chaud ! » lançais-je à la pom-pom girl en m'approchant tout sourire, content de croiser un visage familier.

Il c’était passé bien trop d’événements ses derniers mois dans ma vie pour que je réussisse à savoir sur quoi me concentrer. A croire que depuis Halloween, j’étais maudit. Je savais qu’on aurait du mettre une citrouille devant la porte de l’appartement, ça repousse les mauvais esprits. Non mais quand même, entre ma rupture avec Elijah et maintenant la disparition de Fynn ? Il y avait de quoi ne plus savoir où donner de la tête. Heureusement, je pouvais toujours me plonger dans la musique pour tout oublier.

Ok, j’exagère un peu parce que ça allait mieux avec Eli. En ce moment, je paniquais surtout à l’idée du repas de famille de Noël à venir, mais bon, chaque chose en son temps. Par contre pour Fynn, ça me bouffait vraiment de pas savoir ce qui lui était arrivé. C’est un gosse plein de talent. Il pouvait pas disparaître comme ça. D’après les infos, on l’avait vu pour la dernière fois à la soirée d’Halloween chez Tyler Wood et… Ca me bouffait d’autant plus de savoir que j’avais été là mais que je n’avais rien vu. Bien plus préoccupé par mes propres drama.

Bref, pas de drama aujourd’hui ! Juste le marché de Noël ! Et je m’étais engagé auprès de Wells pour bosser. Enfin, j’avais réussi à trouver quelques volontaire de mon cours pour qu’ils animent la journée. Et évidemment, je n’allais pas les laisser se démerder tout seul dans un froid pareil. Donc, équipé de mon gros manteau et de mon fidèle bonnet, je bravais les éléments avec mes étudiants pour installer tout le matériel dont ils avaient besoin. Oui, je m’improvisai technicien aujourd’hui. Ca arrive, on passe tous un jour pas là dans notre carrière. Et sincèrement, ça ne me dérangeait pas, j’aimais bien cet aspect de mon travail aussi. Mais j’espérais aussi avoir du temps pour profiter de la kermesse aussi.

Je savais qu’Elijah devait venir. Il traînait sûrement quelque part dans le coin. Enfin je crois qu’il m’avait dit qu’il allait arriver vers cette heure. Tout en bossant, je jetais de temps à autre des coups d’oeil autour de moi. Mon regard croisa celui de Wells qui me fit un clin d’oeil. Non, je préfère pas essayer de l’interpréter. Depuis que je bossais ici, j’avais l’impression que le directeur m’aimait bien. Enfin, j’avais l’impression d’être un peu le chouchou vous savez. Et j’avais jamais trop compris pourquoi. Peut-être que c’était lié au fait que Wells aimait bien mon ancien groupe de musique, je sais pas…

Je circulais à travers les stands avec ma belle robe blanche que j'avais enfilée pour l'occasion. Noël évoquait pour moi les millions de flocons qui tombaient du ciel, venant former un beau manteau blanc sur notre morne quotidien et c'était à eux que je voulais rendre hommage ce soir. « Reposez en paix mes amis ! » pensais-je le nez rouge dégoulinant de morve et mes yeux humides à cause du froid. Pour ne pas arranger les choses, mes pas se faisaient solennelles et je tenais une bougie rouge que j'avais achetée sur un stand un peu plus loin. Parents, élèves et habitants d'Arcadia Bay s'écartaient sur mon chemin, une vieille fit même le signe de croix en pensant avoir affaire à une version rousse de Bloody Mary.

L'académie avait improvisé ce petit marché de Noël du jour au lendemain, ce qui me faisait me demander si ce n'était pas une ruse de Wells pour faire oublier un peu la disparition d'un autre étudiant. « C'est bien louche cette histoire... » me dis-je lorsque je tombais nez-à-nez sur Ophelia -que je n'avais pas revu depuis notre petit dîner entre filles chez moi- et Elijah. La commissures de mes lèvres s'étirèrent, formant un sourire ravis : « Oh ! Vous z'êtes là ! » leur lançais-je tout en reniflant « Vous z'allez bien *snif* ?! ».

Soudain, je sentis des mains couvrir mon regard. Souriant aussitôt, je fis mine de rélféchir. « Ne serait-ce pas un mystérieux beau blond qui sait danser et chanter ? » Puis je me retournai et vis Elijah, et le pris dans mes bras quelques instants. J'en avais bien besoin tiens, il faisait du bien à voir ce petit. Enfin, ce petit... Nous avions du être des frère et soeur dans un autre espace-temps, sans doutes. « Je suis contente de te voir ! Tu as vu Teddy ou pas encore ? Peter ne viendra pas lui, il doit faire des préparatifs... on va bientôt partir en Ecosse. J'imagine que ce sera pour quelques mois, peut-être plus, c'est un peu nouveau tout ça... enfin, pour moi. On a du mal à vivre un peu séparés, ça devrait arranger les choses. » Je lâchais tout comme ça, parce que j'avais besoin d'en parler et de le dire à Elijah aussi. Au moins lui, même si Teddy serait bientôt au courant... et Madeleine aussi, qui venait d'apparaître, le nez et la bougie dans ses mains, rouges. J'eus un petit sourire en coin, elle était adorable.

« Maddie ! ça va bien, et toi alors ? La neige a eu raison de toi ? »

Je riais un peu avant de lui faire un petit câlin express, faisant attention à sa bougie surtout. Puis je me tournais vers Elijah. « Je ne vais pas tarder à rejoindre Peter d'ailleurs, je pense qu'il doit avoir besoin d'aide. » Je restais quelques minutes avec eux deux, puis dit à Madeleine la même chose que j'avais dite à Elijah. Puis je reçus un coup de téléphone de Peter et y répondis. « J'arrive, je t'aime ! » Je raccrochais alors, et me tournai vers mes interlocuteurs. « Il faut que j'y aille... à bientôt, on se reverra sûrement avant mon départ ! Et je veux toutes vos adresses postales d'ailleurs. Amusez vous bien ! » Puis je partis en direction du parking.

C’était ma tenue qui les faisaient fuir ou ma joie de vivre peut-être ? Je sais qu’il faisait froid, mais allez, les gars ! C’est Noël, soyez heureux ! Profitez ! Même les professeurs avaient l’air d’être content de se retrouver ! J’avais hésité à les rejoindre, parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas pu discuter avec Ophelia, mais elle semblait pressée de partir aussi, puis je ne pouvais pas lâcher le stand de boissons comme ça.

Je me concentrai donc sur ma tâche. Heureusement, je n’étais pas du genre à baisser les bras facilement. Je continuais d’aller voir les gens, quitte à leur crier après pour leur proposer une boisson chaude. Je ne reculerai devant rien pour parvenir à mes fins. J’entendis alors une voix me demander un chocolat chaud, je me retournais tout sourire pour découvrir Tyler Wood. Ce bon vieux Tyler ! Jamais là où on l’attendait !

- Tyler ! Avec plaisir ! C’est moi qui te l’offre !

Le brun se retrouva rapidement avec sa boisson entre les mains sans même avoir eu le temps de dire un mot de plus.

- Alors ? Le marché te plait ? Ca a un peu été organisé à la dernière minute, mais je trouve qu’on s’en sort bien. Bon, c’est sûr ça n’a rien à voir avec nos soirées New Yorkaises !

Je me mis à rire, les deux n’étaient vraiment pas comparable.

- J’ai entendu ce qu’il s’était passé à Halloween, tu sais… Fynn… Ca va, tu tiens le coup ?

Je n’avais aucune idée si Tyler et Fynn étaient proche. Mais je me doutais que le pauvre Wood devait en prendre plein la figure depuis. Vu que Fynn avait été vu pour la dernière fois à sa soirée, ça faisait évidemment de lui le premier coupable alors que bon… On savait tous qu’il ne s’agissait là d’une soirée étudiante. C’était impossible pour l’hôte de surveiller tous ses invités.

Mode espièglerie allumé. Mes mains bouchant la vue d’Ophelia, j’attendais que celle-ci parvienne à résoudre le mystère de mon identité. Entre mon accent allemand renforcé et ma malice caractéristique elle risquait d’avoir ÉNORMÉMENT de mal à trouver. Ironie quand tu nous tiens ! Je passais mes bras autour d’elle pour mieux accueillir son salut débordant d’affection. La blonde était toujours extrêmement démonstrative avec moi alors que je ne me souvenais pas l’avoir vu enlacer Teddy. Ma mémoire me faisait peut-être défaut. Je comprendrais si des spectateurs nous pensent amants ou issus de la même famille (encore que le souci de nationalité se posait). Bientôt, des rumeurs allaient courir que je me tapais tous les employés de Blackwell, les anciens inclus. Tant que Wells ne me courrait pas après…

- Danser et chanter je ne suis pas convaincu, mais je ne peux qu’acquiescer à « beau blond », dis-je hilare.

Nous mettions fin à cette étreinte spontanée puis fut assailli d’informations que je ne savais pas par quel bout prendre. Partir ? Écosse ? Quelques mois ? Incrédule, je restais bouche-bée durant plusieurs secondes. Mon cerveau était comme gelé mais la neige n’y était pour rien pour l’affaire.

- Non je ne l’ai pas encore… Mais… Depuis quand… Enfin…

Allez, ressaisie-toi ! Je secouais la tête pour remettre de l’ordre dans tout ça. Mon interlocutrice m’avait révélé ça avec tellement de désinvolture… Je n’étais pas prêt ! Plus que jamais je remarquais à quel point je m’étais attaché à elle qui avait été présente pour me soutenir le mois dernier. Absente, toute cette période aurait été encore plus déprimante. Et maintenant, elle m’annonçait que je ne pourrais plus compter sur elle ni sur sa bonne humeur contagieuse. Et mon petit-ami aussi. Comment allait-il vivre ça ? Je ne voulais pas qu’il se sente abandonné mais Ophelia devait vivre pour elle en premier lieu. Nous n’avions pas le droit de la retenir tandis qu’elle comptait aller en avant. Mes yeux s’embuèrent mais je tentais de contrôler le léger tremblement dans ma voix en priant pour qu’il soit inaudible.

- Je suis ravi pour toi. Si c’est ce qui te fait vraiment plaisir. Tu nous manqueras terriblement bien sûr mais je suis heureux si tu l’es, annonçais-je avant de lui faire un bisou sur la joue. Par contre, ça veut dire que je ne serais plus aussi bien accueilli au Croissant ?

Petite note comique que je sortais presque en toutes situations dramatiques pour me redonner de la contenance et du courage. Une sorte de repos que je m’imposais pour mieux gérer mes sentiments. Nous fûmes interrompus par l’arrivée de Madeleine. Je lui adressais un remerciement muet pour la remercier de m’accorder un break supplémentaire. À la vue de sa bougie, un sourire s’étira sur mon visage. Elle devait être passé au stand juste après mon départ. La conversation avait à peine commencé à s’installer que ce fut au tour de Peter de nous casser dans notre élan, provoquant le départ de la starlette sur les chapeaux de roues. Je la saluais d’un geste de main morose puis reportait mon attention sur l’enseignante d’arts plastiques.

- Elle a vraiment l’air décidé avec cette histoire de départ… Tu soupçonnais quelque chose ? Je n‘ai absolument rien remarqué de louche avant qu’elle ne m’en parle.

Est-ce que cela faisait de moi un mauvais ami que de n’avoir pas tilté ? Je soupirais puis repris ma route accompagné de la femme. Mon moral n’était plus vraiment à la fête, alors je détournais mon regard des stands pour le garder au sol. J’avais besoin d’un petit brun pour me booster là ! Ce dernier n’avait pas l’air au courant des projets de sa colocataire. Sinon, j’en aurai eu des échos. La tâche de lui annoncer ne me revenait pas, ainsi il me faudrait lui « mentir » pour éviter de faire une bourde. Génial… Une pointe de rancœur dirigé vers la serveuse naissait alors. Le fait qu’elle nous prive de sa personne n’arrangeait rien. On ne peut pas être parfait ok ? L’égoïsme n’est pas toujours aisé à contourner.

- Et sinon, qu’est-ce que tu as prévu pour les fêtes ? demandais-je afin de me changer les idées.

Une poignée de minutes plus tard, j’arrivais près de la plateforme attendant un concert dirigé par les étudiants du musicien. Dingue comme j’étais partagé entre l’éviter et me réfugier contre lui en quête de réconfort. Il fallait bien que je fasse un choix pourtant. L’apercevoir un peu plus loin, concentré sur l’installation sonore qu’il peaufinait, je devais me rendre à l’évidence : tenir ma langue serait plus évident que de me tenir à distance. Je proposais à Madeleine de me suivre. J’ignorais ce qu’elle savait exactement nous concernant puisque je ne m’étendais jamais sur le sujet au sein de l’Académie. Dans le doute, je me comportais comme un collègue/ami typique. Et puis, les murs ayant des oreilles ici sans parler du principal qui rôdait dans le coin…

- Salut ! Besoin d’aide ?

Je n’y connaissais rien à tout ça mais c’était le meilleur alibi pour lui adresser la parole que j’avais été en mesure d’improviser. Sans réfléchir, je remis son bonnet correctement alors que celui-ci avait légèrement glissé sur le côté.