don't make me mad
Je me souviens d'elle. Ses sublimes yeux verts hazel, son sourire angélique, sa personnalité mystérieuse... Comme toute personne qui avait par malheur croisé son chemin, je ne fus épargné par son charme ravageur. Si je vous parle d'elle aujourd'hui, c'est que sa disparition précipita ma descente en enfer. Une descente violente et et interminable, une chute à laquelle, je serai sans doute, éternellement impuissant. Né deuxième enfant de la famille la plus influente d'Arcadia, je vis le jour avec d'ores et déjà de nombreuses responsabilités sur les épaules et d'insatiables attentes de la part de mes ancêtres. Natif de Floride et ayant passé une grande partie de mon enfance là-bas, je fus contraint de venir vivre à Arcadia après la mort de mon grand-père pour poursuivre l'héritage familial, laissant derrière moi les amis avec lesquels j'eus grandi et une vie bien plus que placide.
La vie à Arcadia fut en effet bien plus difficile que je ne pouvais l'espérer. Elle nous changea définitivement. Cette ville maudite fit ressortir le pire au plus profond de notre âme en l'espace de quelques années. L'emprise de mon père, Sean Prescott, se fit de plus en plus forte. Il en attendait plus, toujours plus alors que je n'étais encore qu'un jeune garçon. Ma sœur aînée, Kristine, quitta le nid familial pour s'éloigner de notre père qu'elle ne supportait plus, me laissant seul face à ses ambitions et à ses colères. Kristine était la seule personne sur laquelle je pouvais compter à l'époque. Elle m'avait habitué à cet amour et à cette protection fraternelle depuis le jour où je fus né. Une épaule sur laquelle se reposer et une oreille attentive, telle fut ma grande sœur. À ce jour, je peux dire qu'elle demeura à jamais la seule personne en l'état de me comprendre.
Son départ pour le Brésil, où elle intégra Le Corps de la Paix, me déchira intérieurement. Nous continuâmes à communiquer par téléphone tous les jours après son déménagement, malgré cela, nous finîmes par perdre contact au fil du temps.
Fuseaux horaires, disponibilités... Le temps jouait contre moi-même. Les jours, les mois, les années défilèrent et je me sentais de plus en plus seul face à mes obligations et aux intérêts de mon père.
Chez-moi, si je peux toujours appeler ça un
chez-soi, devint une source de conflits.
Lorsque je rejoignis Blackwell à ses débuts, un vent frais souffla sur ma vie. Devoir loger aux dortoirs m'épargna les dîners de famille que je n'eus à supporter que pendant les weekends. Sans la pression constante que mon père avait pour habitude d'exercer sur moi, je pus me focaliser sur mes études et mon bien être. Mais les choses ne tardèrent pas à prendre un nouveau tournant. L'argent des Prescott finit évidemment par envahir les lieux comme la peste, assez que pour les élèves et les adultes de l'académie changent leurs regards sur ma personne.
Débuta alors l'harcèlement scolaire, la haine de la part des individus méprisant l'influence ma famille sur la ville toute entière, l'hypocrisie de certains adultes souhaitant gagner des faveurs. Mon père avait réduit mon existence à l'héritage Prescott, et seulement
l'héritage. Entre temps, ma santé mentale chuta et je fus contrains de consulter un spécialiste. Lorsque mon père l'apprit, il devint fou de rage et m'interdit de me faire suivre par un médecin dans l'intérêt de protéger sa réputation, me faisant prescrire à la place des médicaments pour la schizophrénie et les troubles bipolaires.
Ma vie devint un véritable enfer:
Spasmes musculaires, anxiété... Je finis éventuellement par réduire l'usage des médicaments qui m'eurent été prescris puis je les remplacèrent par des drogues en tout genre dans l'espoir d'échapper à la réalité. Je pris la décision d'utiliser cette argent familial qui m'avait apporté par le passé tant de malheur et sans attendre, je fis savoir à tout Arcadia que Blackwell me revenait de droit.
La proie devint le chasseur et pour la première fois de ma vie, j'eus le sentiment d'être libre de prendre mes propres décisions. Pourtant, ce ne fut qu'une question de temps avant que ne débute la désillusion. Effectivement, loin de me douter, ma vie allait prendre second tournant, bien plus destructeur que le précédent. Le jour où
le Diable en personne pénétra dans l'enceinte de Blackwell, le roi perdit son trône et sa couronne d'or.
À la fois
un mentor,
une figure paternelle et
un bourreau, l'heure du jugement dernier venait de sonner.