heart made of glass (tyler & noah)

Noah & Ty'

Encore une autre journée banale et plutôt calme à Blackwell. Dans le fond, j'appréciais cette sensation, ce qui changeait fortement de mon lycée à New-York où il ne se passait pas un jour sans qu'il y ait un quelconque drama. Quoique la présence du Vortex Club à l'académie avait un peu trop tendance à mon goût à en apporter, ce qui n'était franchement pas nécessaire. Un club élitiste qui n'accueillait que la crème de la crème, je trouvais cela un peu poussif. Qu'avaient de plus ses membres ? De l'argent ? La popularité ? En tout cas, je m'étais ennuyé à toutes les soirées qu'ils avaient organisées. Hormis boire, se droguer et passer un son bourrin, ils ne savaient pas faire grand chose.

Mes écouteurs aux oreilles en train d'écouter du Chemical Brothers, j'aperçus au loin un attroupement d'élèves et leurs cris attira mon attention. « Pourquoi toutes ces personnes sont autant agitées ? » me demandais-je en m'approchant malgré moi, comme attiré par un aimant. Alors que je retirais mes écouteurs, je tentais de me frayer un chemin parmi la foule afin d'observer de mes propres yeux quelle était l'origine de cette tumulte. Deux gars étaient en train de se bagarrer. « Allons bon, qu'est-ce qui a bien pu se passer pour les faire sortir de leurs gongs ? » me demandais-je en roulant des yeux, prêt à tourner des talons pour passer mon chemin. C'est alors que mon regard fut attiré par quelque chose...ou plutôt quelqu'un. « Noah ?! » m'écriais-je en reconnaissant l'un des deux élèves engagés dans ce combat. Au même moment, des professeurs intervinrent pour mettre un terme à la confrontation. Instinctivement, je me faufilais derrière le jeune homme et l'attira vers moi, le forçant ainsi à me suivre. Relâchant la pression une fois qu'on fut un peu à l'écart, je continuais néanmoins de le tenir fermement par le bras, le tirant jusqu'à une salle de classe vide où on pourrait avoir un moment de répit.

« Que d'émotions... » marmonnais-je en lâchant le brun pour refermer la porte derrière nous. L'agitation que nous avions laissée derrière nous semblait se dissiper, mais il était encore trop tôt pour que nous puissions quitter notre cachette. « Je ne pensais pas avoir à intervenir dans une bagarre aujourd'hui... » pensais-je en me tournant vers Noah qui s'était posé contre une table. Je ne savais pas comment ni pourquoi il s'était retrouvé dans cette situation, mais je ne pus m'empêcher de le dévisager d'un air sévère, prêt à le gronder si ses explications ne me convenaient pas. C'est alors que j'aperçus un peu de sang sur son visage. Il n'était pas ressorti de cette confrontation totalement indemne. Le voir dans cet état me radoucit immédiatement. Oubliant pourquoi j'étais fâché, je soupirais et sortis un paquet de mouchoir de mon sac avant d'en tirer un et m'approcher de mon ami pour le débarbouiller. « Noah Watson... » commençais-je à murmurer en tapotant le mouchoir contre une légère plaie au coin de la bouche « Qu'est-ce que le monde a fait de toi ? ». Où était passé le garçon discret et amusant que j'avais connu ? A présent, je ne voyais que de la braise dans son regard. La colère que dégageait ses yeux me transperçaient.

« Je ne savais même pas que tu étais à Blackwell ! » finis-je par dire pour combler le silence, bien que j'étais concentré en même temps sur ma tâche. Une vraie maman. Bien qu'il n'avait jamais été très épais, Noah me paraissait légèrement plus élancé qu'auparavant. Je l'imaginais mal faire du sport pour ce muscler, mais il faut dire que cela faisait un petit moment que nous ne nous étions pas vu. Pourtant, il habitait le coin donc ce n'était pas si étonnant que ça de le voir inscrit lui aussi à Blackwell. C'était plutôt ma présence ici qui était déconcertante. Après tout, pourquoi avoir choisi un coin paumé comme Arcadia Bay alors que New-York possédait tout un tas de prestigieuses universités ?
Pour me connaître depuis quelques années à présent, mon interlocuteur savait que j'étais quelqu'un d'assez curieux, donc il ne devait pas être très étonné lorsque je finis par lui poser la fameuse question : « Il s'est passé quoi avec l'autre abrutis ? ».