Mes larmes ne cessaient de couler dans un flot qui devenait presque torrentiel. J'avais tellement honte. Honte de moi, honte d'infliger ce triste spectacle à Dana... C'est pourquoi je plaçai soudainement les mains sur mon visage inondé. Tout ça était épouvantable.
C'est alors qu'elle m'entoura d'un bras et fit ainsi redescendre mes mains sur mes genoux pour découvrir mon visage. Sur ses joues mates perlaient de petites larmes, sûrement d'émotion devant mon histoire. Je jetai un rapide coup d’œil vers elle, de peur de la mettre mal à l'aise. Mais elle ne l'était aucunement.
Pendant ces quelques secondes, j'avais discerné cette profonde culpabilité dans son regard; ses traits contractés qui témoignaient d'une angoisse ou d'un stress certain; des remords aussi, déchirants. Et surtout ces larmes qui me transpercèrent. En effet, j'étais très attristée de la voir bouleversée ainsi mais d'un autre côté, j'avais l'impression d'avoir partagé un peu de mon fardeau avec elle et que cette discussion avait été si intense qu'un puissant lien d'empathie s'était créé entre nous.
Après la phase la plus difficile des sanglots passée, elle prit la parole. Sa voix était encore quelque peu perturbée par l'émotion mais elle parvint à me parler très distinctement. Elle promit de m'aider, martela que ce n'était pas de ma faute et qu'il ne fallait pas que je m'en veuille. Elle suggéra également que j'aille voir la psychologue scolaire. J'y étais allée, plusieurs fois même. Mais malheureusement, celle-ci a démissionné il y a quelques semaines déjà. Je n'ai jamais su la raison. Bref, ce n'était pas la question.
Dans la lumière tamisée de la chambre de Dana, je me rendis compte que je venais de vivre une expérience incroyable. Nous avions créé un lien profond si vite, en s'ouvrant intégralement, à cœur ouvert, dévoilant ainsi nos chagrins, nos angoisses, notre souffrance. Alors, sans réfléchir, je me jetai dans ses bras pour l'enlacer. Je la serrai fort afin qu'elle ressente mon immense gratitude. J'étais heureuse de m'être livré à elle et de l'avoir rencontré.
Soudain, des rires féminins me parvinrent du couloir. Elles parlaient de la vidéo. Mon cœur rata un battement et mon souffle se faisait court. Toutefois, je ne voulais pas me laisser aller à la peur ou à l'angoisse. Mon corps réagissait mais mon esprit refusait d'aller dans son sens. Je respirai doucement, en prenant de longues inspirations puis expirations. En quelques minutes, j'étais calmé et n'avais plus aucune inquiétude à propos de ces filles qui s'étaient dirigées aux toilettes. Nous étions toujours enlacées, avec Dana. Aussi, je lui murmurai, de l'émotion dans ma voix : "Merci."
Nous avions peut-être l’air ridicule à pleurer comme des madeleine en plein milieu de la nuit. Mais j’appréciais ce moment plus que tout. Parce que tout était calme et ça faisait du bien de pouvoir se livrer l’une à l’autre, de se laisser aller à ses émotions sans avoir peur d’être jugée. Je me sentais tellement coupable pour ce qui était arrivé à Kate. J’aurais pu arrêter tout ça, mais je ne l’avais pas fait et c’était là mon erreur. A présent, je ne pouvais plus qu’essayer d’être là pour elle et l’aider à surmonter tout ça. Même si j’avais bien peur d’arriver très en retard sur l’affaire.
Kate n’eus pas besoin de me répondre quoique ce soit. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me remercie. Je ne le méritais pas. Je faisais juste de mon mieux pour qu’elle s’en sorte, pour qu’elle continue de trouver la force d’avancer malgré tout. Il faut croire que mon discours ne la laissait pas indifférente non plus. La jeune fille se jeta dans mes bras, me serrant contre elle. Je ne pu que lui rendre son étreinte, réalisant à quel point cette soirée signait un tournant décisif dans notre relation. Même si elle ne pouvait pas le voir, j’affichais un sourire. J’étais contente de cette soirée, de cette nouvelle amitié que nous venions de sceller même si c’était dans le désespoir et les larmes. Au moins nous savions toutes deux où trouver une alliée en cas de problème.
Nous restâmes un moment dans cette position, sans un mot quand des voix se firent entendre dans le couloir. Des filles qui rentraient sûrement de soirée. Elle parlait de la vidéo de Kate en riant, ce qui me fit grincer des dents. Après cette soirée, je ne pouvais pas rester là. Visiblement, Kate ne voulait pas agir. J’attendis la fin de notre étreinte. Elle me remercia d’une petite voix. J’essuyais mes larmes, d’un revers de manche, me redressait, soudainement, je ne devais plus avoir grand chose de la Dana qui était au fond du trou tout à l’heure.
- Non, ne me remercie pas, attend.
Je me levais immédiatement et allait dans le couloir. Evidemment je ne fus pas étonnée de voir qui les filles qui parlaient étaient. Elles avaient dépassé ma chambre, mais étaient toujours dans le couloir, ce qui me permit de les interpeller. J’avais peut-être encore les yeux gonflés et rougis, mais je crois que mon regard n’en était pas moins noir. Les filles se retournèrent, elles n’étaient pas étonnées de me voir. Visiblement elles ne se doutaient pas de ce qui allait leur tomber dessus. S’en suivit d’un long discour passionné et plein de fureur de ma part quand à cette fameuse vidéo.
- Comment vous pouvez en rire ? Cette vidéo est horrible. Vous ne vous rendez pas compte ? Il n’y a rien de drôle à voir quelqu’un dans un état pareil, encore moins quand on sait que c’est de l’abus de sa personne. Si c’était arrivée à une de vous, je suis presque sûre que vous ne trouveriez pas ça aussi drôle. Et vous savez quoi ? Et bien Kate n’est pas si différente. C’est une personne aussi vous savez ! Pas une sorte de chose inhumaine dont on peut se permettre de rire sans raison. A ce niveau, je crois même que c’est de votre imbécilité qu’on devrait rire. Sincèrement, vous avez quel âge pour vous moquer des autres dans leur dos alors que vous ne les connaissez même pas ? Comment vous pouvez espérer vous faire une place dans la société avec un comportement pareil ?
Dana passion “hurler dans les couloirs en plein milieu de la nuit” vous connaissez ? Oh bah au moins, après ça, s’il y a encore des gens qui osaient parler de cette vidéo... Croyez-moi que je ne serais pas aussi tolérante. Et personne n’as envie de se mettre Dana Ward à dos. Parce que ça, ce n’était qu’un échantillon parce que j’étais fatiguée et pas forcément en état de mieux. Après mon discours, je fis demi-tour vers ma chambre, les filles disparurent du couloir rapidement sans un mot. Je lâchais un soupire et adressais un petit sourire à Kate :
- Ca fait plus de bien que tu ne le crois. Je te raccompagne ?
Sa chambre n’était pas très loin, mais je n’avais pas envie qu’elle fasse de mauvaise rencontre en route. Bref, cette nuit avait été éprouvante tout de même. Mais j’espérais sincèrement qu’elle avait fait autant de bien à Kate qu’à moi et qu’après ça, elle réussirait à trouver le sommeil plus sereinement.
Sam 25 Mai - 17:48
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It's okay to cry sometimes feat. Dana
Quand Dana refusa mon remerciement et alla confronter les deux filles qui venaient de me ricaner au nez, mes lèvres se fendirent en un sourire profondément reconnaissant. Cette soirée n'avait pas été de tout repos mais j'étais heureuse de m'être faite une nouvelle amie qui venait de me prouver qu'elle n'était pas comme les autres. Elle était honnête et tenait sa parole.
"Encore merci... infiniment. Je n'ose pas faire ça mais, rien que le fait de te voir faire m'a fait du bien... C'est gentil mais je vais te laisser te dormir. Tu as déjà fait beaucoup, crois-moi. Bonne nuit Dana..."
Je rentrai dans ma chambre, faisant attention à ne pas trop faire de bruit. Il était déjà tard mais étonnamment, je parvins à m'endormir paisiblement dès que je me mis au lit. De beaux songes m'attendaient...
