La journée avait été plutôt banale je dois avouer, relativement calme même. Néanmoins, par une raison qui m'échappe j'avais été particulièrement pressé de pouvoir rejoindre ma chambre. Cela sonnait comme une irrépressible envie de... glander. Ne rien faire et essayer de mettre mon cerveau en veille, c'est tout ce qu'il me fallait durant ces quelques heures qui précéderaient mon sommeil.
Alors, bien décidé à profiter de ce moment, je me munis de mon casque avant de le placer délicatement sur mes oreilles en prenant soin de ne pas trop appuyer dessus. Puis, j’étirais mon bras jusqu’à ma table de nuit pour saisir un livre qui y trainait. Histoire de ne pas passer pour un débile quand j’aurai lu la première ligne du chapitre, je décidais de jeter un coup d’œil à la couverture pour y lire le nom.
Seulement, tout était presque fait mais il manquait un détail ! Je me levais alors pour aller chercher une bouteille à moitié vide dans mon placard. « La potion magique » me suis-je dit en lâchant un petit rire. Vous aurez bien deviné qu’elle ne contient pas uniquement du soda. Je sais très bien que ce que je fais n’est pas vraiment exemplaire. Mais que voulez-vous c’est ma façon à moi de craquer. Que feriez-vous à ma place si un beau jour on vous disait que toute votre vie n’est pas celle qu’elle aurait dû être et qu’une partie d’elle vous a été enlevée ? En vrai, ne répondez pas, je sais très bien que beaucoup de personnes encaisseraient le choc mieux que moi mais bon. Il faut dire que passer d’une famille parfaite à une famille dont les bases plus que fissurées ça a de quoi changer la donne.
Heureusement, Blackwell me permettait de souffler. Je ne dis pas que tout est rose ici, vous le savez autant que moi, mais le fait d’avoir quitté le foyer familial et d’être dans un autre Etat a beaucoup joué en ma faveur et en la faveur de mon moral, bien qu’il vacille de temps en temps. Bref. Une fois bien installé avec le package complet, je commençais à sentir un relatif soulagement. Je me laissais porter par la mélodie tout en voyant les lignes défiler sous mes yeux comme si elles allaient s’animer, sortir du papier et me faire vivre leurs aventures. Et puis, n’oublions pas ma bouteille et son liquide coloré qui me laissait une petite envie de boire une gorgée supplémentaire.
Mais, quelque chose me disait que ce calme n’allait pas durer ce soir. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, Blackwell non plus, quand bien même certains affirment le contraire.
Je sirotais tranquillement mon petit cocktail personnel tout en écoutant de la musique particulièrement agréable et en lisant un livre fort enrichissant. C’est le type de moment dont j’ai besoin dans une journée. Un moment de calme, de répit, seul, durant lequel je profite simplement, sans artifice. J’étais complètement dans mon monde, la musique m’isolant du reste du monde. Tout ce que je pouvais entendre en dehors de la mélodie se résumait à mes pensées et le bruit sourd des gorgées que je prenais dans cette bouteille d’eau sublimée pour y recevoir un breuvage subtil.
Soudain, la porte s’ouvrit. C’est bel et bien le mouvement de la porte qui me fit réagir, non pas le son de son ouverture. Instinctivement j’enlevais mon casque et découvrit le corps de Justin dans l’encadrement de la porte. Avec sa douceur légendaire il sortit une sorte de cri de guerre invoquant une envie furieuse de se déchaîner. J’étais clairement désorienté mais sa présence était agréable. Après tout je suis content de l’avoir rencontré et bien qu’il ne sorte rarement des phrases très élaborées, il fait preuve de beaucoup de qualités. Au final, c’est le style de mec que j’adore : si tu le fais pas chier, y’aura aucun problème. Dans le fond il fonctionne pareil que moi avec les gens. Certes j’ai toujours un avis que je me forge sur les gens plus ou moins bon mais tant que y’a pas de soucis je viendrai pas en créer.
Toujours est-il que Justin représente beaucoup pour moi et avoir le sentiment de le connaitre comme peu de personnes le connaissent est assez gratifiant car c’est ce qui permet de l’apprécier à sa juste valeur. Bon après qu’il me dérange c’est assez chiant on va pas se mentir mais bon j’espère au moins que sa venue sera rentable ! Le temps c’est de l’argent ! Sa drogue aussi d’ailleurs… Certes, mon alcool aussi…
Ceci étant dit, je ne manquais pas l’occasion pour rétorquer. « Si tu pensais que j’allais t’attendre pour boire bébé c'est mal me connaitre ! Et puis oublie pas que je t’aime bien mais frappe avant d’entrer si tu veux pas que je fasse la même dans ta piaule. Après si tu aimes que je rentre dans ta piaule sans prévenir pour te surprendre, chacun son délire ! » Je pris le temps de me lever pour aller faire un check accompagné d'une tape sur l'epaule avant de me réinstaller sur mon lit en face duquel se trouve un petit sofa. Je ne pouvais pas m’empêcher de lui demander la raison de sa venue, surtout quand on sait que je n’ai reçu aucun texto de sa part avant qu’il arrive, chose qu’il fait d’habitude. « Alors, que me vaut l’honneur de ta venue ? ».
Sam 4 Aoû - 21:25
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A little bit of Justin in my lifeJ'entrais complètement avant de refermer la porte avec fracas, faisant à peine attention à ce que disais mon ami. Je m'affalais sur le sol, presque instantanément, puis pris un longue inspiration. Il était vrai qu'il n'avait pas besoin de moi pour boire. Néanmoins, j'espérais pouvoir avoir le privilège qu'un jour, il m'attendrait les verres à la main, le sourire aux lèvres, avec un clin d'oeil bien placé en mode : hé bébé, on trinque ?!
Une fois rentré et installé, pour une raison que j’ignorais, Justin avait l’air surpris de me surprendre la bouteille contre moi comme un artefact précieux à protéger. D’ailleurs, je ne compris pas pourquoi étant donné qu’il devait commencer à avoir l’habitude de me voir avec une bouteille remplie de cocktail fait maison. Ceci dit, peut être qu’il ne s’attendait pas à ce que je boive seul, sans la présence de quelqu’un. Toujours est-il qu’il ne fit pas prier pour goûter ma préparation, lâchant un petit rire avant de saisir la bouteille.
Puis, il invoqua un argument dont je me fichais complètement. Ceci dit, la scène qu’il décrivit me fit décrocher un rire vif. Comment dire qu’imaginer Avery avec un bonnet de lutin en train de déployer une opération commando s’avérait être extrêmement drôle. Cependant, je répondis tout de même à son argument bien qu’il soit d’un poids relativement faible. «Tout le monde le fait ? Pourtant tu sais très bien que je ne suis pas tout le monde alors la prochaine fois fais moi l’honneur de prendre trois secondes supplémentaires pour toquer ». Afin de mieux faire passer l’ordre sous forme de requête je lui fis un petit clin d’œil espiègle. Puis je repris pour finir de contrer son faux argument. «Franchement ce qu’il se passe chez toi j’ai tendance à dire que je m’en fous et que c’est pas une raison pour refaire la même ailleurs. Mais bon, vu que t’as l’air si content de me voir, on va pas épiloguer.» Intentionnellement, j’avais appuyé ma phrase sur le passage où j’évoquais le plaisir qu’il a de venir dans ma chambre.
La discussion s’engagea ensuite sur le pourquoi du comment il s’était pointé là. Justin prit un court instant avant de me dire ce dont je devais me douter mais que j’avais totalement oublié. En gros, une embrouille de plus avec sa copine, l’engueulade de la semaine quoi. Avant de continuer, je lui demandais de se rapprocher car mon lit étant assez large à cause de quelques nuits agités, il restait encore largement la place pour qu’il puisse s’installer et qu’on ne soit pas obligés de parler trop fort pour discuter. Une fois cela fait, je mis dans mon rôle de thérapeute. Je lui souris avant de lui dire innocemment «Va falloir que je fasse payer les consultations moi un jour ! L’affaire serait rentable tu penses pas ? ». Une fois le petit moment de rire passé j’essayais de ré-entrer dans le sujet pour répondre au mieux à la situation. Du coup, il fallait que l’on commence quelque part, ce qui m’amena à questionner Justin sur les événements. « Alors c’est parti d’où cette fois-ci ? Histoire que je puisse resituer un peu le contexte tu vois. »
Ma question posée, je pris le temps de prendre quelques gorgées dans la bouteille posée à côté de moi en attendant sa réponse, les yeux plissés pour me forcer à me concentrer. Pour être plus à l’aise, je déplaçais à nouveau le coussin dans me dos pour le réajuster.
Lun 3 Sep - 11:36
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A little bit of Justin in my life"T'es pas tout le monde mais tu fais quand même parti du monde ! Mais ouais ok, je frapperais à ta porte comme jamais personne ne l'a jamais frappé !" Le garçon entama alors la conversation avec la rémunération de ses consultations factices, ce qui, me décrocha un sourire amusé. Devenir riche ? Fynn ? Je riais déjà. "Eh beh tu vas pas aller loin avec moi. Parce que, au cas où tu saurais pas, j'ai pas un rond. Tout ça parce que je dois acheter des cadeaux à Margot." Je soufflais. Il était vrai qu'entre l'achat de ma beuh et mes trucks, je n'avais plus grand chose pour tout le reste. A part pour Margot, après tout, il fallait bien l'entretenir un minimum. Comme un hamster. Il était important d'entretenir un peu le hamster, histoire qu'il survive.
Justin comme à son habitude cherchait la petite bête. Certains pourraient trouver ça agaçant mais moi j’y avais limite pris goût. « Frappe pas trop fort non plus, ce serait con de te faire mal mon chou ! ». Bien sûr il y’avait un fort ton sarcastique pour accompagner mes propos. Après tout c’était comme un jeu. Lui allait à l’extrême, moi j’utilisais le sarcasme. Chacun sa méthode.
Alors que je me proposais comme psy contre quelques honoraires, Justin me fit comprendre qu’il n’avait pas de quoi se le permettre. Comme quoi, il avait de la chance de m’avoir ! « Paye en nature au pire si y’a que ça ! ». Je rigolais pour montrer l’ironie de la chose. « Non plus sérieusement si Margot a besoin de cadeaux c’est qu’il y’a un truc qui tourne pas rond ! ». Après il est vrai que Margot peut voir des cadeaux comme une preuve d’attention qu’il ne lui porte pas physiquement. Mais bon je saurais pas vraiment dire alors même si je prendrai toujours la défense de mes potes, il fait pas vraiment le nécessaire pour elle.
Bien installé, Justin me révéla la cause de la énième dispute. J’écoutais attentivement. Tantôt j’acquiesçais pour lui faire voir que je suivais puis inclinais la tête en signe de désapprobation tantôt je montais les yeux vers le ciel pour montrer qu’il y’avait quelques trucs pas tellement normaux dans tout ça. Une fois son discours fini, je lui posais une question simple. « Mais dans tout ça, si t’arrives à l’oublier aussi facilement, tu l’aimes vraiment ou pas ? ». Je marquais une courte pause. « Parce qu’entre les oublis et les coups de blues après vos disputes c’est un peu les deux extrêmes. T’es paumé dans ta relation quoi. Enfin c’est ce que je pense ». Je reprenais un air comique « En tant que psy je te fais réaliser le problème mais je ne peux pas te donner la solution ! Comme explique Jean Paul Sartre, si tu me demandais de te donner un conseil pour résoudre ça, ce serait comme dire que la solution est déjà prise par le fait que tu m’aies consulté ! ». J’avoue que c’était un des seuls passages que j’avais lu d’un ouvrage que j’avais du lire au lycée. Pour ma défense, le livre était hyper dur à comprendre ! Alors vu que j’avais aimé ce passage et que je l’avais bien intégré, j’étais fier de moi !
J’essayais alors de tourner la conversation vers autre chose pour ne pas le faire trop mariner à chaud. « Du coup, j’ai vu que tu t’étais inscrit au cours de musique de cinéma ? Tu sais ce que ça veut dire ? ». Je lui agrippais les épaules. « On aura enfin un cours en commun ! Avoue le que t’es excité petit coquin ! ».
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