Tell me the worst thing you've heard about me?
Bonjour, vous tous ! Allez ne soyez pas timide, approchez ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Vous voulez que je vous parle de moi ? Oula... vous être sûr de ça ? Bon bah asseyez-vous et prenez un café, y' en a pour un moment.
Alors, on va commencer par le commencement. Je m’appelle Blakely, Kelly pour les amis, et je suis né... y' a bien trop longtemps à mon goût, à Portland. J'étais une enfant très calme, timide, renfermée... ce n'est pas très compliqué on ne me remarquait jamais ! Mon père en était très fier, j’étais sage comme une image, un vrai petit ange... regardez bien la tronche de l'ange maintenant, vous ne serez pas déçu du voyage. Si on oublie le décès de ma mère quand j'étais toute petite, j'ai eu une enfance tout à fait banale. Oh non, ne soyez pas triste pour moi, j’étais vraiment petite et je n'en ai pas beaucoup de souvenirs... pas assez pour regretter cette période finalement. Elle avait un cancer, c'est déjà un miracle que j'ai pu voir le jour, alors je lui suis reconnaissante de ce cadeau.
C'est peut-être pour ça que je voulais absolument devenir médecin, pour pouvoir soigner les gens et quelque part rendre au monde ce que ma mère m'a donné. Enfin bref, c'était mon père et moi face au monde entier ! J'ai eu une enfance heureuse, je faisais ce que je voulais tant que je me tenais à carreaux et que j'avais de bon résultat. Mon père est à la tête d'une grosse entreprise pharmaceutique, et il était hors de question que je fasse honte à notre famille. Il était ravi quand après le lycée, j'ai exprimé mon envie d'aller en faculté de médecine.
J'avais beaucoup d'amis à cette époque, enfin si on peut appeler ça des amis, plus des gens qui me léchaient les bottes pour espérer obtenir des cadeaux cool à leur anniversaire, ou se faire inviter chez moi pour profiter de la piscine couverte. D'une année à l'autre je n'étais pas entouré des mêmes personnes et, de toute façon aucun d'entre eux ne me connaissait réellement. Je n'en avais un peu rien à faire dans le fond. Le seul que je pourrais mentionner c'est Ventura di Batista, nos pères se sont rencontrés pendant des enchères d’œuvres d'art... mon père est collectionneur et celui de Venty gère une grosse agence de commissaire-priseur. De fils en aiguilles ils sont devenus amis, et nous aussi. On a passé pas mal d'après midi ensemble quand on était gosses, et on est restés assez proches avec le temps. Mon père n'aimait pas trop qu'on passe du temps ensemble, parce que Venty faisait "mauvais genre", mais il suffisait que je lui fasse des petits yeux tout tristes et il ne disait plus rien.
Arrivée à la fac, j'ai rencontré ce mec, Scott et bon sang qu'il était canon ! On était dans le même amphi tous les lundis et mercredis matins en première année... on s'est vite rapprochés, et son assurance m'a immédiatement séduite. Moi qui n'osais jamais rien seule. On s'est rapidement mis ensemble, j’étais raide dingue de lui. Bon sang, ce que j'ai pu être naïve. Avec le recul aujourd'hui, il n'était vraiment pas fait pour moi, je n'étais qu'un petit toutou qui disais amen à tout et se confondait en excuse à la moindre contrariété de sa part. Cette relation était tout bonnement toxique pour moi, et j'ai mis des années à comprendre que quand un homme nous gifle parce qu'on a participé à un travail de groupe avec d'autres garçons, c'est qu'il y a un problème. A côté de ça, il s'entendait très bien avec mon père, qui nous a donné sa bénédiction pour nous marier. On attendait simplement d'avoir fini nos études tous les deux. Scott venait d'une bonne famille, un bon parti et semblait absolument adorable au premier abord. Si mon père avait su l'enfer qu'il me faisait vivre cette époque, il l'aurait fait disparaître de la surface du globe.
J'ai commencé à fumer des joints pendant ma 4ᵉ année de médecine pour me détendre, je me rappelle encore la tête de Venty quand je lui ai confisqué le joint qui venait de s'allumer, me préparant mentalement à l'engueuler, pour finalement tirer dessus et me mettre à tousser comme une tarée. Quoi ? Il avait 14 ans, j’allais pas le laisser faire sans rien dire si ? Fin bref, il ne s'y attendait pas vraiment et moi non plus à vrai dire... mais on m'a toujours dit de ne pas gâcher. Ne lui répétez pas, mais il avait raison, pour alléger la pression des études et de mon copain, je n'ai pas trouvé mieux, alors oui on peut dire qu'il m'a plus ou moins appris à fumer.
Malgré tout je n'en pouvais plus. Alors j'ai laissé tomber la médecine lors de ma 6ᵉ année, ça devenait bien trop, trop tout. Je ne vous raconte pas la déception pour ma famille... j'en ai bavé suite à ça, mais je ne regrette pas. J'avais la sensation d'étouffer, de ne plus être moi... j'ai donc passé un diplôme d'infirmière en 3 ans et ai trouvé du travail dans un hôpital, celui ou Scott faisait son internat en chirurgie ! Je voyais ça comme une chance, je n’ai jamais été aussi loin dans le déni de ma vie. En plus d'être son larbin à la maison, je l'étais maintenant au travail aussi.
Ce boulot m'a fait un bien de fou, il m'a permis de m'affirmer petit à petit, d'oser dire ce que je pensais et ressentais, d'enfin ouvrir ma gueule quand je n'étais pas d'accord, et de croire bien plus en moi que je ne l'ai jamais fait. Autant vous dire que ce n'était pas au goût de Scotty-chéri
~ J'ai pris conscience qu'il y avait un gros problème quand il a enfin terminé son internat et qu'il a été titularisé comme chirurgien, toujours dans le même hôpital. Un collègue avait surpris une de nos conversations quelque peu... animée... il est venu m'en parler et a voulu m'aider à me sortir de tout ça. C'était adorable de sa part, je ne me sentais pas prête à affronter Scott à l'époque. Sauf que mon cher et tendre a bien vu notre petit rapprochement, il s'est alors mis en tête que je le trompais et est devenu bien plus violent qu'avant. Alors, j'ai quitté mon travail d'infirmière pour ne pas créer plus d'ennuis aux gens qui étaient devenus mes amis.
Pour Scott, j’arrêtais pour m'occuper de notre mariage, sauf que j'avais trop besoin de me sentir utile, alors j'ai commencé à travailler bénévolement la journée avec des associations qui aident les sans abris, j'ai découvert un tout autre mode de vie, ce qu'était la vraie vie finalement. J'y ai rencontré gens géniaux, et j'ai même commencé à sortir avec eux le soir, aller boire un verre, danser, chanter toutes ces choses que je m'étais toujours interdit avant. J'ai entraîné Ventura plusieurs fois avec moi, appréciant de plus en plus cette forme de liberté. Et bien-sûr, le tout dans le dos de Scott. Je prétendais avoir des rendez-vous pour des retouches sur ma robe, avec mes cousines qui étaient mes demoiselles d'honneur, ou encore des courses de dernière minute... Si en plus il avait appris que je traînais avec Venty dans son dos, il m'aurait tué, tous les deux n'ont jamais pu se voir en peinture, et je me dis que j'aurais dû écouter mon ami il y a bien longtemps... mais plus les jours passaient, moins j’étais sûr de vouloir garder ma vie comme elle était.
Le jour de notre mariage... ça m'a fait l'effet d'une bombe. Le voir m'attendre devant l’hôtel m'a fait réaliser que j'avais peur de lui, que je ne voulais plus l'approcher. J'ai pu trouver un peu de soutien dans quelques amis présents au fond de la salle, ceux qui connaissaient la vraie Kelly, pas cette fausse nana calme et studieuse. Alors au moment de l'échange des vœux... j'ai tout balancé, ces actes de violence, ces mots de travers, ces jugements... et j'ai tourné les talons et me suis enfui, sous le regard lourd de jugements de mon père. Je crois que je ne me remettrai jamais de mon fou-rire quand Venty s'est levé du dernier rang pour insulter Scott en Italien avant de m’escorter jusqu'à la porte.
J'ai tout plaqué du jour au lendemain, tout quitté et suis parti m'installer à Arcadia bay, Ventura a été un amour, comme toujours, et m'a proposé de m'héberger chez lui le temps que je me retourne. On a donc vécu quelque temps en colocation, ça coûtait bien moins cher en loyer. Ça a été mon nouveau départ, le coup de pied au cul dont j'avais besoin, une grande bouffée d'oxygène pour moi. Je m'en veux aujourd'hui d'avoir attendu autant de temps avant de réellement devenir moi-même. J'ai enchaîné les histoires d'un soir, les amourettes sans avenir, les sorties avec des amis rencontrés le jour même dans un bar, les folies et les débordements. Je me sentais enfin en vie.
J'ai mis quelque temps avant de réussir à retourner travailler en tant qu'infirmière, alors pendant cinq ans, j'ai fait plusieurs petits boulots, j'ai été caissière, serveuse, et même barmaid. Mais à chaque fois, je finissais par tourner en rond, tout me gonflait et je n'ai pas réussi à faire plus d'un an dans un même job. Alors j'ai postulé à L'académie Backwell, dont la dernière infirmière partait en retraite. Je pensais que ça m'aiderait à remettre le pied à l'étrier pour éviter de sauter dans le grand bain d'un coup. Mais voilà cette année ça fera sept ans que je travaille là bas, si on m'avait dit que j'aimerais ce boulot je ne l'aurais pas cru... mais vous savez, ils sont assez cool les mioches dans le fond. Disons qu'ils m'inventent de nouvelles conneries tous les jours et que je n'ai pas le temps de m'ennuyer avec eux.
Aujourd'hui je suis heureuse, pleinement. J'ai mon travail, ma petite maison, mes collègues au boulot, ceux qui ont rejoins les amis avec le temps. Aujourd'hui, Venty est revenu à Arcadia bay et il est même venu vivre chez moi, c'est lui qui a eu besoin de moi cette fois ci, c'est un juste retour d’ascenseur. Et vous savez quoi ? J'ai même repris contact avec mon père qui s'en veut de m'avoir abandonné et qui fait tout pour se rattraper.
Alors voilà, c'est tout ce qu'il vous fallait ? Ok... bon bah bonne journée alors… nan mais vraiment il faut dégager là, je n'ai pas votre temps. Y' a du monde qui attend pour des consultations, on a une épidémie de grippe en ce moment, il ne faut pas déconner avec ça.