Sean Wyatt Scott-Holtz ♪ Rhythm Inside

Stimulé dès le berceau par deux papas passionnés par le chant, la musique et les tournages, je me suis mis à l’écriture dès que je fus en mesure de limiter les catastrophes orthographiques. Mes textes et pseudos-scénarios évoluant avec moi au fil du temps au grand soulagement de tous. Bien sûr, je pouvais compter sur l’aide de mes géniteurs (l’un rêvant déjà de lancer son groupe de rock en famille) qui furent d’un soutien sans faille même lorsque je m’étalais sur les qualités d’un éléphant volant sur des arcs-en-ciel. Je vous rassure, je n’avais pas encore 10 ans à l’époque. Ma plume s’affinait toujours tandis que j’entamais la terrible phase de la puberté. Je ne l’avais pas vu venir celle-là et pourtant je m’en souviendrai éternellement. Être un mec avec une voix plus aigue que d’ordinaire laisse ses traces. En particulier lorsque vous devenez le sujet principal des moqueries par les intolérants. J’eus le droit à bien des surnoms, peu étant glorifiant comme vous vous en doutez. Se réfugier dans le silence pour ne plus avoir à l’entendre, s’exilant de tous y compris de ma famille et de mon meilleur ami. Je ne saurais dire combien de temps cela a duré exactement. L’avantage étant que je n’étais pas un adolescent rebelle ou dégénéré.

Je ne cessais de tartiner des pages, vidant stylos après stylos y compris lors des cours. Unique échappatoire pour ne pas perdre pieds complètement, aboutissant à des lignes morbidement sombres. Jusqu’au jour où, réuni avec Celeste, nous nous lancions dans une séance karaoké imprévue avec son père. Tous deux durent user de patience pour que j’accepte de me lancer dans cet exercice. J’étais simplement pétrifié à l’idée de devoir me mettre à nu de la sorte, user de ce qui me complexait tant alors que j’étais sous les projecteurs. Ok, il n’y avait que nous, mais cela n’y changeait pas grand-chose. La frousse sortait les griffes et était sacrément tenace ! Je finis par rendre les armes et baisser ma garde, d’abord avec embarras, puis m’abandonnais au rythme du titre et laissais s’échapper les paroles. J’ignore ce qui se passait à cet instant mais j’étais plus heureux que je ne l’avais jamais été depuis l’enfance.

Aujourd’hui, plus d’un an après, je suis étudiant à Blackwell et, croyez-le ou non, mon professeur principal n’est autre que mon père. Ce n’est pas toujours évident et certains protestent sûrement que cela doit m’avantager mais ce n’est pas le cas. J’ai toujours été clair avec lui : je refuse tout traitement de faveur, même si ça fait mal. Je touche peu à la musique pour mieux me concentrer sur le chant. Actuellement, je n’ai toujours pas participé à une représentation en public et crains le jour où cela arrivera. Mais si je suis arrivé jusque-là, à peu près indemne, pourquoi en faire tout un plat ? Je ne compte pas suivre les traces de mes parents. Uniquement mon propre chemin, même si nos centres d’intérêts sont similaires voire identiques pour la plupart.